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Résumé
De par la situation économique durant la période 2009-2013,
© Management Prospective Editions | Téléchargé le 17/11/2023 sur www.cairn.info (IP: 77.135.193.18)
Abstract
Given the uncertain and difficult economic environment
over the 2009-2013 period, the french companies of SBF
120 had to record, for the all, significant impairments of
their goodwill. Nevertheless, the companies which depreciate
regularly communicate better about their goodwill than
the companies which account impairment of their goodwill
suddenly in only one year or two.
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L’objectif de cette recherche est donc d’étudier dans un premier temps la qualité
des divulgations des entreprises sur le test de dépréciation de leur goodwill.
Puis dans un deuxième temps, cette étude vise à examiner les pratiques de
dépréciation du goodwill menée par les entreprises en temps de crise et à
apprécier leurs impacts sur la qualité de l’information communiquée. Constate-
t-on un enregistrement régulier de dépréciations des goodwill de la part des
entreprises du SBF 120 durant la crise ou à l’inverse l’enregistrement d’une
dépréciation conséquente sur un seul exercice ? De plus, est-ce qu’une entre-
prise qui déprécie régulièrement son goodwill adopte la même communication
qu’une entreprise qui ne déprécie jamais ou à l’inverse qu’une entreprise qui
enregistre sur une année une dépréciation importante ?
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Enjeux et pratiques de l’IFRS 3 et IAS 36 - Etude de la
communication financière du goodwill des sociétés françaises : impact
des politiques de dépréciation
Notre étude se concentre sur les goodwill acquis (et non ceux générés en in-
terne) et donc reconnus en tant qu’actifs. Pour ces actifs particuliers, se pose
la question de leur suivi à l’inventaire. L’IFRS 3 et l’IAS 36 exigent que les
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Il convient donc que les utilisateurs des états financiers puissent disposer
d’informations permettant d’apprécier le bien-fondé de la valeur du goodwill
publiée au bilan suite au test de dépréciation. Plus précisément, les notes doivent
informer les utilisateurs de l’information financière sur :
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Enjeux et pratiques de l’IFRS 3 et IAS 36 - Etude de la
communication financière du goodwill des sociétés françaises : impact
des politiques de dépréciation
L’AMF rappelle pour sa part (recommandation 2015) que « les sociétés doivent
présenter en annexes les jugements exercés et les hypothèses clés utilisées, ainsi
que les analyses de sensibilité, lorsque leurs effets sur les comptes sont significa-
tifs sur la période (par exemple, des dépréciations d’actifs…) ». En outre, selon
l’AMF, les entreprises doivent donner des informations plus détaillées lorsque
les conclusions des tests de dépréciation effectués présentent une faible marge
de sécurité ou si l’entreprise a récemment comptabilisé des dépréciations du
goodwill. Elles doivent communiquer des éléments sur les jugements clés en
publiant une note suffisamment spécifique et détaillée les expliquant. Knauer
et Wöhrmann (2016), en examinant dans le contexte américain les réactions
du marché aux annonces de perte de valeur du goodwill, montrent que ces
réactions dépendent de la qualité des explications que fournissent les sociétés
sur les raisons justifiant ces dépréciations. Les résultats de Baboukardos et
Rimmel (2014) suggèrent que les informations relatives aux dépréciations du
goodwill sont jugées d’autant plus pertinentes que les entreprises fournissent
dans les notes des éléments conformes aux exigences de l’IAS 36. De même,
Paugam et Ramond (2015) montrent que les entreprises divulguant davantage
d’informations sur leurs tests de dépréciation bénéficient d’une plus grande
confiance de leurs investisseurs. Ceci se traduit par un coût du capital plus
faible. Or, il semblerait que globalement la communication de la plupart des
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Nous proposons dans cet article, d’une part, d’examiner les pratiques comptables
des sociétés du SBF 120 en matière de goodwill et, d’autre part, de vérifier dans
quelle mesure ces pratiques influencent leur communication financière. Pour
cela, nous considérons des informations détaillées, collectées dans les notes
sur le goodwill des documents de référence de 89 sociétés du SBF 120. Ces
informations, sur la façon dont ces sociétés explicitent leur méthode d’éva-
luation du goodwill, sont collectées sur une période de 5 années s’étendant de
2009 à 2013, soit au cœur de la crise économique. L’avantage de bénéficier
d’informations sur une période relativement longue est que nous pouvons ca-
ractériser différentes pratiques de dépréciation des goodwill. Nous distinguons
notamment la communication financière des sociétés qui, confrontées à une
problématique de surévaluation de leur goodwill, le déprécient avec régularité,
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3 Ont été considérés l’IAS 36, IAS 1, IFRS 3, les recommandations AMF : arrêtés
des comptes de 2006 à 2016, l’ESMA Report- European enforcers review of impairment of good-
will - and other intangible assets in the IFRS financial statements, January 2013| ESMA/2013/2
et l’étude de l’Organismo Italiano di Contabilità (Italian Standard Setter – OIC), Accounting
Standard Board of Japan (ASBJ), European Financial Reporting Advisory Group (EFRAG), Juil-
let 2014 – Should goodwill still not be amortised ? Accounting and disclosure for goodwill.
4 Pour une présentation plus détaillée de la construction de l’indice, voir Disle et
Janin (2015).
5 Les informations nécessaires à l’analyse des 18 items ont été collectées dans les
notes des documents de référence par deux chercheurs différents, leurs résultats ont ensuite
été rapprochés. Les divergences éventuelles ont de nouveau été étudiées par le binôme de
chercheurs (Krippendorff, 2013).
6 Le rapport goodwill net sur capitaux propres peut descendre en-dessous de 5 %
l’année d’une forte dépréciation, puis augmenter à nouveau suite par exemple à de nouvelles
acquisitions génératrices de nouveaux goodwill.
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Enjeux et pratiques de l’IFRS 3 et IAS 36 - Etude de la
communication financière du goodwill des sociétés françaises : impact
des politiques de dépréciation
Sur les cinq années de l’étude, 9 des 18 items relatifs à l’effort de communication
des sociétés sur la valeur de leurs goodwill apparaissent peu discriminants dans
la mesure où près ou plus de 80 % des sociétés ont fourni l’information attendue
(Tableau 2). Entre 2009 et 2013, par exemple, 96,7 % à 100 % (84,3 % à 94,4 %)
des sociétés ont communiqué sur le taux d’actualisation (taux de croissance
à l’infini), mais seulement 59,6 % à 76,4 % (40,5 % à 53,9 %) ont fourni une
information différenciée par UGT. Nous pouvons aussi noter que quasiment tous
les items présentent des pourcentages stables ou à la hausse d’une année sur
l’autre, plus particulièrement en ce qui concerne l’information sur le chiffrage
des hypothèses clés (item N° 6, +10,11% entre 2009 et 2013), l’information sur
les taux d’actualisation différenciée par UGT (item N°8, +16,85 % entre 2009
et 2013), l’information sur le chiffrage des tests pour les taux de croissance
et pour les hypothèses clés (item N° 17, +25,84 % entre 2009 et 2013 ; item
N°18, +38,83 %). En résumé, à l’instar d’études précédentes (Camodeca et al.,
2013 ; Guthrie et Pang, 2013 ; ESMA, 2013), ces résultats témoignent d’une
amélioration significative du reporting sur le goodwill de 2009 à 2013, avec
des pourcentages très élevés pour de nombreuses informations requises (sou-
vent supérieurs à 80 %). Nous constatons cependant que les items demeurent
discriminants dès lors que l’information demandée doit être différenciée par
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UGT ou qu’un chiffrage est souhaité (hypothèses clés, primes de risque pour
les taux d’actualisation).
Pour mesurer l’effort global de communication, nous n’avons donc retenu que
les 9 items réellement discriminants, dans la mesure où ils présentent sur la
période d’étude des fréquences inférieures à 80 % (lignes en gras dans le
Tableau 2). Pour chaque item, une information est codée 1 si elle a été fournie
par la société, 0 sinon7. Le score maximal de l’indice est donc de 9. Avec une
moyenne et une médiane, certes en progression mais demeurant inférieures à
4,5 sur les cinq années, le niveau de l’indice suggère bien les lacunes de com-
munication des sociétés du SBF 120 dès lors qu’il s’agit de gagner en précision
chiffrée ou en information détaillée par UGT. Avec une moyenne de 2,79 en
2009 et de 4,49 en 2013, on constate cependant une amélioration significative
sur la période (Tableau 3).
7 Pour réduire le degré de subjectivité dans le calcul de l’indice, chaque item se voit
affecter le même poids (Tsalavoutas, Evans et Smith, 2010).
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% % % % %
N° Items Source
2009 2010 2011 2012 2013
L’entreprise communique de
10 l’information chiffrée sur les IFRS 13,48 % 14,61 % 15,73 % 15,73 % 16,85 %
primes de risque
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Alors même que le nombre de dépréciations diminue chaque année entre 2009
et 2013, le montant cumulé de dépréciation augmente très significativement à
partir de 2011 et atteint plus de 10 milliards d’euros en 2012 et 2013 (Tableau
4). Lorsque ces montants de dépréciations cumulés sont exprimés en pourcen-
tage du cumul de goodwill N-1, l’année 2011, avec un pourcentage supérieur à
2 % puis en forte hausse continue, apparaît bien marquer une rupture dans la
pratique de dépréciations du goodwill des sociétés. Avec un pourcentage près de
1,5 % puis ensuite en forte hausse continue, la même tendance est observée sur
la base du cumul des capitaux propres N-1. Cependant, ces chiffres s’expliquent
par quelques sociétés ayant enregistré des dépréciations particulièrement
importantes : en 2011, la dépréciation de goodwill enregistrée par Carrefour
représente près de 35 % du cumul annuel, en 2012 celle comptabilisée par
Arcelor Mittal représente près de 43 % du cumul annuel, en 2013 celle inscrite
par GDF Suez représente plus de 44 % du cumul annuel. Plus globalement à
partir de 2011, 10 % des entreprises de notre échantillon génèrent à elles
seules plus de 90 % du cumul annuel des dépréciations de goodwill.
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Dépréciations
cumulées en 5 3,48%2 5,14% 8,75% 3,276*** 1,528* -1,748**
ans1
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Pour les vingt-neuf sociétés présentant les cumuls de dépréciations les plus
importants en pourcentage de leurs capitaux propres moyens (tranche D7-
D10), la moyenne de ce cumul est de 14,17 %. La majorité d’entre-elles (18
sur 29) comptabilise ces pertes de valeur en 4 ou 5 dépréciations. Ces dix-huit
sociétés ont un indice 9 moyen supérieur chaque année à celui des 55 autres
sociétés composant l’échantillon et qui augmente chaque année. Ces écarts sont
tous statistiquement significatifs au seuil minimum de 1 % à partir de 2010,
contre 5 % en 2009 (voir la note b du Tableau 7). Les sociétés qui ont beaucoup
déprécié leur goodwill et de façon régulière sur la période soignent donc plus
particulièrement leur communication financière en matière de goodwill. Parmi
les vingt-neuf sociétés ayant fortement déprécié leur goodwill (tranche D7-
D10), six le font de façon plutôt brutale (1 ou 2 dépréciations sur la période),
ce qui pour le moins nécessite des explications en annexe des comptes pour
légitimer leurs décisions. Or, vu le faible nombre de sociétés concernées, il ne
nous est pas possible de réaliser un test statistique pour apprécier la qualité
de leur communication en la matière. Aussi proposons-nous de les caractériser
en détails dans le Tableau 8 en fonction de leurs indices 9 et des montants de
dépréciations qu’elles ont enregistrés sur la période 2009-2013.
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période de la première dépréciation. Pour la société 5, seule la dépréciation 2013 a été prise en compte
et le goodwill retenu est celui de fin 2012.
Conclusion
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ont le plus soigné leur communication financière. Autrement dit, les sociétés
qui in fine ont étalé l’impact dans leurs capitaux propres de la valeur perdue
par leur goodwill fournissent une information plus riche sur leurs méthodes
d’évaluation du goodwill, qui plus est lorsque les montants enregistrés sont
conséquents. Nous avons également mis en évidence que quelques sociétés
ayant brutalement déprécié leur goodwill pour des montants conséquents
n’ont pas pour autant soigné leur communication. Pour le moins, et même
si généralement les marchés ne sanctionnent pas les entreprises constatant
des dépréciations du goodwill car cette perte de valeur est déjà anticipée, il
conviendrait de percer à jour les motivations intrinsèques des sociétés qui,
malgré l’importance des montants enregistrées et la radicalité de leur pratique
comptable, ne prennent pas la peine de correctement communiquer sur leur
méthode d’évaluation.
Bibliographie
ACCOUNTING STANDARDS BOARD OF JAPAN (ASBJ) (2016), “Quantitative
Study on Goodwill and Impairment”, Research Paper No. 2, September 201.
ALCIATORE M., DEE C.-C., EASTON P. & SPEAR N. (1998), “Asset Write-
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