Déterminants de la performance de remboursement à long

terme dans la massification de l'offre de microcrédit des

pays en développement : le cas du Sénégal
Ndiouma Ndour
Dans La Revue des Sciences de Gestion 2011/3 (n°249-250), pages 133 à 138
Éditions Direction et Gestion
ISSN 1160-7742
ISBN 9782916490298
DOI 10.3917/rsg.249.0133
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 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 249-250 – Finance
Déterminants de la performance
de remboursement à long terme
dans la massification de l’offre de microcrédit
des pays en développement : le cas du Sénégal
par Ndiouma Ndour
Ndiouma NDOUR
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Assistant à l’Université de Ziguinchor au Sénégal,
Département des Sciences Économiques
et de Gestion,
Membre du Laboratoire FOCS de l’Université
Cheikh Anta Diop de Dakar/Sénégal.
Membre du laboratoire d’économie et de
Gestion de l’Université de Perpignan/France.
Sénégal/France
mai-août 2011
133
Ce que fait et propose l’autre finance – III
L
es institutions de la microfinance (IMF) sont spécialisées
dans la collecte de l’épargne et de l’offre de microcrédit
à une partie de la clientèle, ne pouvant pas accéder à
un crédit bancaire classique pour défaut de garanties pouvant
couvrir le risque lié au non remboursement de leur prêt. De ce
fait, on assiste à une massification croissante de l’offre de
microcrédit dans les pays en développement dont le revenu des
ménages reste modeste. En d’autres termes, l’accès au micro-
crédit, des ménages pauvres1, devient de plus en plus élargi
d’où la hausse de l’encours de microcrédit de la part des IMF, (I.
Guérin, 2000). La massification de l’offre de fonds prêtables ou
la hausse de l’encours de crédit est une résultante de la hausse
des remboursements (baisse du risque de non remboursement)
constatée au niveau des IMF. Cette situation permet, d’une part,
le renouvellement des fonds prêtables et d’autre part, une viabilité
financière et institutionnelle des IMF. Toutefois, la question de
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la massification de l’offre de microcrédit par rapport au niveau
de développement d’une économie reste une question ouverte.
La problématique de la massification de l’offre de microcrédit
imputable aux performances de remboursement (rapport entre les
impayés sur l’encours des crédits) suscite des questionnements
d’ordre financier et institutionnel dans les économies en dévelop-
pement. Parmi ces questions, nous pouvons noter les suivantes :
La massification de l’offre de microcrédit est-elle imputable aux
meilleures performances de remboursement des IMF ? Si tel est
le cas, quels sont les facteurs de dimension financière, sociale
et de partenariat qui déterminent cette performance de rembour-
sement sur une longue période ?
Pour répondre à ces questions, notre recherche tentera de
montrer la relation entre la performance de remboursement sur
le long terme et la massification de l’offre de microcrédit à travers
l’approche théorique institutionnaliste fondée sur la viabilité finan-
cière et institutionnelle des IMF. Nous analyserons également les
facteurs déterminants de cette performance de remboursement
à long terme suivant une dimension financière, sociale et de
partenariat. Pour mettre en évidence les deux points précédents
un modèle de régression linéaire sera utilisé. Ce modèle nous
1. Selon J. Guérin (2000), les ménages pauvres bénéficient d’un microcrédit
dont le montant ne dépasse pas 40 à 50 % du PNB par habitant.
Dossier
 134 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 249-250 – Finance
permettra d’apporter des conclusions sur le comportement des
variables explicatives par rapport à celles expliquées sur le long
terme. Une étude de cas sur les vingt dernières années d’acti-
vité du secteur de la microfinance au Sénégal, pays membre de
l’UEMOA2, nous permettra de justifier nos résultats. Le papier
Ce que fait et propose l’autre finance – III
est structuré de la manière suivante : la section 1, présente une
approche théorique de la massification de l’offre de microcrédit.
La section 2, analyse les déterminants de la performance de
remboursement à long terme des IMF. La section 3 présente la
méthodologie de la recherche et les résultats obtenus.
1. L’approche théorique institution-
naliste et la performance de
remboursement dans la massifi-
cation de l’offre de microcrédit
L’approche institutionnaliste est basée sur l’idée d’une indépen-
dance financière à travers laquelle, la massification de l’offre de
microcrédit, permet une viabilité financière et institutionnelle qui
assurerait l’attraction des capitaux étrangers par l’intégration du
secteur de la microfinance dans les marchés financiers (P. Hugon,
1996). Dans cette section, nous étudierons premièrement, dans
la massification des microcrédits, la performance de rembour-
sement comme objectif de viabilité financière et deuxièmement,
la performance de remboursement comme objectif de viabilité
institutionnelle fondée sur le partenariat stratégique entre le
secteur financier informel des IMF et le secteur financier formel
des banques commerciales.
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1.1. Objectif de viabilité financière
L’aspect théorique de la problématique des IMF en matière de
remboursement est dû à un consensus croissant sur les besoins
de la libéralisation du secteur financier dans les pays en dévelop-
pement (A. N. Honlonkou et al, 2006). Le remboursement du
microcrédit permet de renouveler l’encours des fonds prêtables
en garantissant une sécurité financière. De ce fait, la régularité
des remboursements des microcrédits de la part des emprun-
teurs, sans risque d’impayé, est un indicateur de performance en
matière de remboursement de la part de l’institution créditrice (A.
N. Honlonkou, 2002). Cet indicateur (rapport entre montant des
remboursements sur l’encours de crédit) est multidimensionnel
dans le cas ou elle permet d’atteindre les objectifs financiers
et sociaux qui peuvent influencer la massification de l’offre de
microcrédit par le canal du renouvellement perpétuel des fonds
prêtables (accès élargis du microcrédit et du coup de l’encours
des crédits). Selon V. De Briey (2005), la viabilité financière est
l’objectif premier de la pérennisation des activités d’épargne et de
2. Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine comptant 8 pays membres
à savoir : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger,
Sénégal et Togo.
mai-août 2011
Dossier
microcrédit des IMF qui, à son tour dépend dans une large mesure
des performances financières de l’institution créditrice. Dans ce
postulat, la performance de remboursement à long terme qui peut
influencer la massification de l’offre de microcrédit, est fondée
sur l’accroissement de l’encours des prêts et de l’utilisation de
la caution solidaire. L’accroissement de l’encours des prêts est le
fait d’une institution en croissance. L’activité principale des IMF
étant le microcrédit, la constitution de fonds prêtables basée sur
la collecte de l’épargne est gage d’autonomie financière sur le long
terme. Très souvent les subventions entraînent une dépendance
financière vis-à-vis des bailleurs de fonds. Ce qui risque de réduire
sur le long terme les perspectives de croissance des activités.
Selon J. Morduch (2000), suivant une approche qualifiée de « bien-
être3 », ces subventions avaient pour rôle d’augmenter l’offre de
microcrédit au sein d’une clientèle pauvre afin d’améliorer leur
niveau de vie. Cependant, cette approche du microcrédit a vite
montré ses limites en raison des faibles taux de remboursement
observés au niveau des emprunteurs et des coûts de fonctionne-
ment très élevés supportés par les prêteurs. Dans une nouvelle
approche théorique de la microfinance qualifiée d’institutionnaliste
et basée sur la rentabilité financière, l’amélioration des taux de
remboursement entraîne un accès plus élargi du microcrédit d’où
la massification de l’offre des fonds prêtables. Toujours sur le
même objectif de viabilité financière, B. Armendariz de Aghion
et J. Morduch (2000) ont montré que l’utilisation de la caution
solidaire4 (supervision mutuelle), comme garantie immatérielle, au
sein d’un groupe bénéficiant d’un microcrédit, peut résoudre les
problèmes liés à l’asymétrie de l’information et ainsi diminuer le
risque lié au non remboursement du crédit. Le non remboursement
par un membre du groupe peut bloquer l’accès à tout nouveau
crédit pour le restant du groupe. Ainsi la supervision mutuelle et
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l’incitation permanente au remboursement au sein des membres
du groupe bénéficiant d’un prêt, est un moyen de pression pour
atténuer les risques liés au non remboursement des prêts. Cet
aspect de la gestion du microcrédit par la supervision mutuelle
des emprunteurs est une innovation des IMF par rapport aux
banques commerciales. Il a l’avantage de résoudre le problème
lié l’asymétrie d’information. La supervision mutuelle a permis
d’atteindre des taux de recouvrement qui avoisinent les 100 %.
L’expérience de la Grameen Bank avec Mohamed Yunus, basée
sur le modèle du crédit solidaire, fut pionnière en la matière avec
des taux de recouvrement du crédit dépensant les 90 %.
1.2. Objectif de viabilité institutionnelle
axé sur un partenariat financier
Le cadre conceptuel de la viabilité institutionnelle des IMF peut
être axé sur les facteurs de complémentarité entre le secteur
3. L’approche du bien-être ou « welfarist approch » est une École de pensée
dont les objectifs par rapport à la microfinance, sont fondés, sur l’amélioration
du niveau de vie et la lutte contre la pauvreté.
4. Chaque membre du groupe reçoit un prêt en acceptant sa responsabilité
dans le remboursement des prêts.
 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 249-250 – Finance
financier informel de la microfinance et le secteur financier formel
des banques dans les pays en développement. La coexistence de
ces deux systèmes financiers (banques commerciales et IMF) fait
apparaître des relations de partenariat ou de complémentarité
dans l’intermédiation financière au sein de la population pauvre
(B. Wampfer, 2003). Ce partenariat contribue au renforcement
des capacités techniques, financières et institutionnelles des
IMF dans l’augmentation de l’offre de microcrédit. De ce fait,
il en découle la pérennité de ces institutions. Le partenariat
financier qui est le cas nous intéressant dans cette étude, peut
s’expliquer d’une part, par le placement des excédents d’épargne
et de trésorerie des IMF auprès des banques commerciales qui
en garantissent la sécurisation et éventuellement la rémuné-
ration et d’autre part, le refinancement des IMF auprès des
banques leur assure une source de liquidités permanente pour
faire face aux activités de microcrédit en augmentant l’offre
des fonds prêtables. Cependant, le partenariat financier peut
être renforcé par un partenariat technique fondé sur les presta-
tions de services des banques pour les IMF. Cette prestation
de service peut porter sur la formation des cadres aux métiers
de la gestion de portefeuille et l’intermédiation financière par
exemple, en utilisant les nouvelles technologies de l’information
et de la communication. Ce qui permet de réduire les coûts de
transaction et, en conséquence, améliore la performance de
remboursement de l’institution. Enfin, un partenariat juridique
peut exister pour le renforcement des normes de gestion. Dans
ce type de partenariat, la banque peut participer à la définition du
type d’institution à mettre en place et au cadre contractuel liant
les différents partenaires ainsi qu’au choix éventuel du marché
ou du segment de client à servir. Ainsi, les banques résolvent les
problèmes de gouvernance ; ce qui fait suite à un renforcement
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de la crédibilité institutionnelle de l’IMF auprès des bailleurs
de fonds (FMI et Banque Mondiale). Ces formes de partenariat
garantissent la sécurité des banques dans la mesure où elles
souhaiteraient diversifier leur portefeuille de crédit et s’ouvrir au
marché de la microfinance. Par conséquent, les IMF pourraient
satisfaire la demande de microcrédit qui ne cesse d’augmenter.
2. Les déterminants de la perfor-
mance de remboursement à long
terme des IMF dans la massifi-
cation de l’offre de microcrédit
Dans le cadre du Programme d’Appui à la Règlementation des
Mutuelles d’Epargne et de Crédit (loi PARMEC) de 1995 de la
Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la
qualité du portefeuille des crédits des IMF est exprimée par le
rapport entre les impayés et l’encours des crédits, lequel doit
être inférieur ou égal à 5 %. De cette directive, nous exprime-
rons la performance de remboursement à long terme comme
étant le rapport annuel entre le total des impayés et l’encours
total des crédits. Cette performance de remboursement à long
mai-août 2011
135
terme est fonction des variables financières, sociales et des
partenariats financiers.
2.1. La dimension financière et sociale
Ce que fait et propose l’autre finance – III
Selon C. Gauzente (2000), devant une diversité d’indicateurs de
performance, il est souhaitable de se rattacher à une définition
de la performance pour ensuite choisir ses variables de mesure.
De ce fait, nous définissons la performance de remboursement
à long terme comme étant un objectif financier à atteindre pour
la viabilité financière et institutionnelle des IMF. L’estimation
de cette performance est faite avec les variables de mesures
financières et sociales. La mesure financière de la performance
de remboursement à long terme des IMF, s’exprime d’une part,
par le montant des fonds propres, des encours d’épargne et de
microcrédit dont dispose l’institution créditrice. En effet, leur
accroissement annuel, à travers les intérêts générés permet le
renouvellement des fonds prêtables. D’autre part, la mesure finan-
cière permet de déterminer la baisse des crédits en souffrance ou
impayés résultant d’une baisse du risque de non remboursement.
La mesure de cette variable permet d’estimer une augmentation
des remboursements du microcrédit et proportionnellement à
l’encours du microcrédit. Nous nous attendons à une influence
significative de cette variable sur la performance de rembour-
sement à long terme.
Les variables sociales déterminent la performance de rembour-
sement à long terme à travers la population active, le genre, le
nombre de clients, le nombre de sociétariats, le PIB par habitant
et le nombre de points de services (ou proximité géographique).
Les IMF servent une clientèle5 spécifiquement pauvre et la
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poursuite des objectifs financiers ne doit pas altérer les objec-
tifs sociaux, dans le cas contraire il sert une clientèle riche (T.
Montalieu, 2002). Ainsi, nous nous attendons à une influence
moins significative de ces variables par rapport aux variables
financières sur la performance de remboursement.
2.2. La dimension d’un partenariat financier
La dimension du partenariat financier dans la performance de
remboursement relève des stratégies de collaboration entre
les IMF et les banques commerciales. Ce partenariat se déter-
minera à travers les variables telles que le refinancement, le
placement des fonds et les subventions. Le refinancement des
IMF auprès des banques commerciales par les lignes de crédit
permet l’accroissement de l’offre de fonds prêtables à des
coûts moins élevés (baisse des taux d’intérêt) ce qui contribue
à diminuer le risque de non remboursement. Cela entraîne une
augmentation des remboursements des IMF. Le placement des
excédents financiers des IMF dans les banques commerciales
5. Selon T. Montalieu, le seuil de pauvreté déterminé par le rapport solde
moyen des prêts sur le PIB par habitant, doit être inférieur à 20 % pour les
pauvres et supérieur à 150 % pour les riches.
Dossier
 136
et les subventions reçues, moyennant une rémunération avec
un taux créditeur assez élevé, permettent aux IMF de disposer
d’un surplus de liquidités pour faire face à leurs activités de
microcrédit à moindre coût. Il en découle une augmentation de
la performance de remboursement sur le long terme.
Ce que fait et propose l’autre finance – III
3. Méthodologie de la recherche
et analyse des résultats
Avant la présentation du modèle, nous discuterons d’abord de
la collecte des données et de l’échantillonnage. Ensuite, nous
expliquerons la mesure des variables retenues. Enfin, les résul-
tats du modèle seront analysés.
3.1. Échantillonnage, collecte des données
et mesure des variables retenues
3.1.1. Échantillonnage et collecte des données
L’échantillon regroupe l’ensemble des structures composant le
système financier décentralisé global du Sénégal entre 1990 et
2009. Ces structures comprennent les coopératives d’épargne
et de crédit, les groupements d’épargne et de crédit ainsi que
les mutuelles d’épargne et de crédit agréés. Ces structures sont
autorisées par les institutions monétaires comme la BCEAO et
le ministère de l’économie et des finances.
Au Sénégal, ces structures sont passées de 30 points de services
en 1990 avec un encours de 352 millions, à 1715 points de
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services en 2010 avec un encours de crédit de plus de 170
milliards de franc CFA. L’ensemble des données collectées sont
des données secondaires quantitatives, disponibles dans les
Tableau n° 1 : Performance de remboursement à long terme et choix des déterminants
Définition de la Performance Dimensions de la Performance
de Remboursement à long terme de Remboursement à long terme
Objectif Économique et Financières
Financier à atteindre pour la
viabilité financière et institution-
nelle des IMF
Sociales
Partenariats financiers
Source : auteur.
Dossier
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 249-250 – Finance
bases de données au niveau de la direction de la microfinance
de la BCEAO et de la cellule de la règlementation des Système
Financiers Décentralisés du Sénégal et du ministère de l’éco-
nomie et des finances.
Ces données concernent en majorité les états financiers annuels
et les agrégats macroéconomiques annuels de la période d’étude
retenue.
3.1.2. Mesure des variables retenues et hypothèses
Les phénomènes économiques sont caractérisés par l’interdépen-
dance entre de nombreuses variables. Cela explique le fait que
les variables explicatives susceptibles d’exercer une influence sur
une variable expliquée, quelconque, sont nombreuses. Suivant
les développements théoriques précédents, nous retenons
quatorze variables explicatives des IMF, comme déterminant de
la performance de remboursement à long terme, qu’elles soient
de dimension financière, sociale et de partenariat financier avec
les banques commerciales.
Ces variables permettront de répondre à la question relative à la
relation existante entre le remboursement des microcrédits et la
massification de l’offre de microcrédits (encours de microcrédit) et
à la question relative aux déterminants de cette performance de
remboursement sur le long terme (voir Tableau n° 1 en dessous).
Pour mettre en évidence ces deux hypothèses, nous utilisons
des méthodes économétriques permettant l’estimation des
variables comme la régression linéaire générale.
3.2. Modèle empirique, résultats et analyses
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Dans ce paragraphe, nous présentons le modèle économétrique.
Ensuite, nous énoncerons les résultats du modèle. Enfin, ces
résultats feront l’objet d’une analyse.
Variables Explicatives de la Performance de Remboursement
Abréviations
à long terme
- Fonds propres, = FRP
- Encours d’épargne, = EEP
- Encours de crédit, = ECR
- Crédit en souffrance ou impayés. = CSF
- Population homme, =PHM
- Population femme, = PFE
- Population totale active, = PACT
- PIB par habitant annuel, = PIBH
- Nombre de sociétariats, = NSO
- Nombre bénéficiaires de crédit, = NBE
- Nombre de caisses ou points de services. = NCA
- Refinancement auprès des banques commerciales, = FBC
- Placement de fonds des IMF dans les banques = PBC
commerciales,
- Subvention ou aide financière reçue à travers les = SBV
banques commerciales.
mai-août 2011
 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 249-250 – Finance 137

3.2.1. Présentation du modèle d’étude Dependent Variable : LOG(PR)

Method : Least Squares
de la performance de remboursement Date : 07/26/10 Time : 17:01
à long terme des IMF Sample : 1990-2010
Le modèle de régression multiple ou général permet d’étudier Included observations : 21 Test de significativité au seuil de 5 %

Ce que fait et propose l’autre finance – III

des phénomènes économiques, financiers et sociaux de la Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
forme : Yt = a1X1t+a2X2t+…+akXkt+εt. Avec εt, la variable LOG(NBE) -0.003872 0.003166 -1.222967 0.2672
aléatoire centrée de variance (δ2ε) indépendante des (k) variables LOG(NCA) -0.003306 0.001229 -2.689496 0.0361
explicatives que sont X1, X2,…, Xk ; les a1, a2,…, ak sont les LOG(RFB) 0.000532 0.000413 1.287486 0.2454
coefficients réels inconnus à estimer et (t) exprime le temps LOG(PBC) -0.011804 0.003039 -3.883518 0.0081
mesuré en années, en mois, etc. Suivant ce principe, notre LOG(SBV) 0.002194 0.004385 0.500339 0.6347
modèle de régression multiple à estimer suivant les variables R-squared 1.000000 Mean dependent var 9.971359
financières, sociales et de partenariat dans les IMF se présente Adjusted 1.000000 S.D. dependent var 1.570429
comme suit : PRLT = C + a1(FPR) + a2(EEP) + a3(ECR) + a4(CSF) R-squared
+ a5(PHM) + a6(PFE) + a7(PACT) + a8(PIBH) + a9(NSO) + a10(NBE) S.E. of regres- 0.000488 Akaike info criterion -12.23527
+ a11(NCA) + a12(FBC) + a13(PBC) + a14(SBV) + ε. Les coeffi- sion
cients a1, a2, a3 et a4 donnent respectivement les estimations Sum squared 1.43E-06 Schwarz criterion -11.48918
resid
des variables financières ; les coefficients a5, a6, a7, a8, a9,
Log likelihood 143.4703 F-statistic 14773214
a10 et a11 donnent les estimations respectives des variables
Durbin- 2.811292 Prob (F-statistic) 0.000000
sociales et les coefficients a12, a13 et a14 donnent les estima- Watson stat
tions respectives des variables de partenariats financiers des
Source : résultats eviews-4
IMF avec les banques commerciales ; (C) est la constante ; (ε) est
le terme d’erreur et PRLT est la variable expliquée qui représente Tableau n° 3 : Spécification du modèle linéaire
La performance remboursement à long terme. Nous utiliserons Ramsey RESET Test au seuil de 5 %
le logiciel de gestion économétrique Eviews4 pour estimer les F-statistic 0.004645 Probability 0.948307
coefficients (régression linéaire) et déterminer la significativité Log likelihood ratio 0.019498 Probability 0.888948
globale du modèle (test de Student). Ce logiciel permettra de
Source : Résultats Eviews-4
mettre en évidence les variables explicatives (test de Fischer)
et la spécification du modèle (test de Ramsey).

3.2.2. Présentation des résultats et analyses

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Les données de la période 1990-2010, donnent les tableaux et
graphiques suivants :
Tableau n° 2 : Test de Significativité des variables explicatives et global du
modèle Graphique 1 : Évolution de l’offre de microcrédit et du risque de non rembour-
sement. Source : Direction de la Règlementation et de la Supervision des SFD
Dependent Variable : LOG(PR) du Sénégal, 2008.
Method : Least Squares
Date : 07/26/10 Time : 17:01
Sample : 1990-2010
Included observations : 21 Test de significativité au seuil de 5 %
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C -0.169963 0.073892 -2.300144 0.0611
LOG(FPR) -0.004034 0.003207 -1.257832 0.2552
LOG(EEP) 0.011177 0.003859 2.896095 0.0275
LOG(ECR) 1.048485 0.002985 351.2701 0.0000
Graphique 2 : Évolution du seuil de pauvreté par rapport au risque de non
remboursement. Source : Direction de la Règlementation et de la Supervision
LOG(CSF) -0.040692 0.001933 -21.04838 0.0000
des SFD du Sénégal, 2008.
LOG(PHM) 2.481142 2.025261 1.225098 0.2664
LOG(PFE) -2.411066 2.006955 -1.201355 0.2749
LOG(PACT)
LOG(PIBH)
-0.045081
-0.028088
0.020683
0.007415
-2.179587
-3.787908
0.0721
0.0091
3.2.3. Analyse des résultats et conclusions
LOG(NSO) 0.001683 0.003088 0.545064 0.6054 L’ensemble des résultats est résumé dans le tableau de synthèse
ci-dessous.

mai-août 2011
Dossier
 138 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 249-250 – Finance

Tableau n° 4 : Synthèse des résultats du modèle de détermination des variables

banques commerciales détermine et influence négativement la
explicatives de la performance de remboursement à long terme
performance de remboursement des IMF dans le long terme.
Abréviation influence sur modèle significative au seuil de 5 % Donc les variables financières ont une influence plus significative
Variables
dans Eveiws4 Positive négative significative non significative sur la performance de remboursement à long terme des IMF que
Fonds Propres FPR **** non les variables sociales. Ce qui confirme notre deuxième hypothèse
Ce que fait et propose l’autre finance – III

Encours EEP Positive oui qui montre les objectifs de viabilité financière et institutionnelle
épargne
que peuvent poursuivre les IMF sur une longue période dans les
Encours crédit ECR Positive oui
Crédits en CSF négative oui
économies en développement. Au total, partant du modèle initial
souffrance on en arrive à un modèle final de : PRlt = C + a1EEP + a2ECR
population PHM ** non + a3CFS + a4PIBH + a5NCA + a6PBC, où la performance de
homme remboursement à long terme (PRlt) est uniquement déterminée
Population PFE **** non
Femme
et influencée par les variables financières comme l’encours des
Population PACT **** non
crédits, l’encours d’épargne et les crédits en souffrance (EEP, ECR
active et CSF) ; par les variables sociales comme le produit intérieur par
PIB par PIBH négative oui habitant et le nombre de points de services (PIBH et NCA) et par
Habitant
la variable de partenariat financier comme le placement des fonds
Nombre de SNO ** non
sociétariats dans les banques commerciales (PBC). Cette étude permettra aux
Nombre NBE **** non acteurs du secteur de la microfinance de mieux appréhender, dans
Bénéficiaires la massification de l’offre de microcrédit, les variables déterminant
Nombres de NCA négative oui de la performance de remboursement dans l’objectif d’une viabilité
caisses
financière et institutionnelle sur une longue période. Plus particuliè-
Emprunts FBC ** non
dans les rement, dans les pays en développement où l’offre de microcrédit
Banques destinée aux ménages exclus du système bancaire classique ne
Placement PBC négative oui cesse d’augmenter, avec des risques de non remboursement de
dans les
banques plus en plus élevés mais aussi avec une concurrence bancaire de
Subventions SBV ** non plus en plus importante marquée par la multiplication des agences
Source : Auteur. (**) Influence positive mais non significative pour le modèle bancaires. Cependant, il faut noter que cette recherche n’est pas
(****) Influence négative mais non significative pour le modèle sans prolongement possible, surtout sur les variables de mesure
La relation existante entre la performance de remboursement à et la période considérée. Ainsi sans constituer une exclusivité,
long terme et la massification de l’offre de microcrédit s’explique cette étude permet de déterminer les variables pouvant influencer
à travers le graphique n° 1. Cette dernière est déterminée suivant la performance de remboursement sur une longue période d’un
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les crédits impayés. Plus les crédits impayés diminuent, plus le
remboursement des crédits augmente. Ceci implique une augmen-
tation de l’offre de microcrédit. Donc le taux de remboursement
augmente ou diminue de manière inversement proportionnelle au
risque de non remboursement. Le remboursement traduit bien ici
la massification de l’offre de microcrédit, ce qui confirme notre
première hypothèse. Aussi, les IMF ont tendance à servir une
clientèle de plus en plus aisée, afin de diminuer les risques liés
au non remboursement, dans la poursuite des objectifs de viabilité
financière (graphique n° 2). D’autre part, le Tableau n° 2 montre que
le modèle est globalement significatif au seuil de 1 %, la probabi-
lité de Fischer est inférieure à 1 % (Prob de F-statistic < 1 %). Le
test de Ramsey Reset indique que le modèle est bien spécifié car
les deux probabilités sont supérieures à 5 % (F-statistic et Log
Likelihood ratio > 5 %), Tableau n° 3. Le Tableau n° 4 montre que
les variables financières comme, l’encours d’épargne et l’encours
de crédit déterminent et influencent positivement la performance
de remboursement à long terme, contrairement aux crédits en
souffrance qui le déterminent mais l’influencent négativement.
Les variables sociales telles que le PIB par habitant et le nombre
de points de services déterminent et influencent négativement
la performance de remboursement à long terme. La variable de
partenariat financier comme le placement des fonds dans les
système global de microcrédit dans le cas où les données écono-
miques, financières et sociales restent accessibles.
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mai-août 2011
Dossier