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La fidélisation
Banque-Entreprise sur la prime de risque
exigée des entreprises tunisiennes
par Abdelwahed Omri et Meryem Bellouma
L
e crédit bancaire est la source de financement par emprunt
la plus utilisée par les entreprises, dans la plupart des pays
industrialisés, mais aussi au niveau des pays émergents,
comme la Tunisie. En effet, le montant des crédits servis par le
système bancaire, tel que recensé par la centrale des risques,
a atteint plus de 16 millions de dinars en 2004, en progression
de près d’un point et demi de pourcentage par rapport à celui
enregistré l’année précédente1.
Par ailleurs, l’univers bancaire à l’échelle nationale se caractérise
par les multiples dimensions de risque qui affectent sa viabilité
Abdelwahed Omri et sa persistance suite aux phénomènes de désintermédiation
Maître de conférences en Finances et de déréglementation. De ce fait, ces mutations adverses, de
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de la prime de risque à exiger. En d’autres termes, si les relations (H. Leland et D. Pyle, 1977, T. Campbell et W. Kracaw, 1980 et
sont fréquentes et satisfaisantes, la banque est à même de D. Diamond, 1991). Pour les banquiers, la décision d’octroi de
mieux comprendre l’environnement opérationnel de la clientèle crédit demeure tributaire de la qualité des informations qu’ils
et de connaître ses perspectives. collectent auprès des entreprises solliciteuses de fonds (A. Omri
Cette étude est motivée par l’absence d’un consensus quant au et M. Bellouma, 2004). De ce fait, le rationnement de crédit dont
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rôle que revêt la relation Banque – Entreprise, lors de la fixation souffrent plusieurs emprunteurs n’est que la conséquence directe
de la prime de risque à exiger. Elle cherche également, à pallier du contexte informationnel opaque qui les caractérise (M.R. Binks
l’insuffisance des études empiriques antérieures élaborées et C.T. Ennew, 1992).
principalement sur les marchés bancaires des pays industrialisés Récemment, E. Lehmann et D. Neuberger (2002) ont avancé
(M. Petersen et R. Rajan, 1994 ; R. Cole, 1998 ; E. Bodt et al., que ces problèmes, altérant le processus de crédit, peuvent
2005). En effet, à notre connaissance, peu de contributions ont être sensiblement réduits par l’entretien d’une intense relation
été focalisées sur des marchés émergents et aucune étude n’a Banque-Entreprise et de l’existence d’un climat de confiance entre
encore été élaborée concernant le marché tunisien. la banque et l’entreprise. Dans le même sillon d’idées, M.R. Binks
Cette orientation peut être expliquée par le fait que l’impact de et C.T. Ennew (1997) ont avancé que cette relation participative
la relation bancaire sur la prime de risque est différent entre un est bénéfique autant pour la firme, grâce à de meilleurs termes
marché émergent et un marché développé. Plus explicitement, et conditions de financement, que pour la banque, via les flux
pour les marchés développés, les entreprises accèdent plus aux informationnels qui présentent un avantage concurrentiel par
sources de financement direct qui sont tributaires d’instruments rapport à ses rivaux (A. Omri et M. Bellouma, 2004).
d’évaluation à validité générale, tandis que les entreprises établies En effet, l’intensité de la relation Banque-Entreprise permet une
sur les marchés émergents recourent aux intermédiaires bancaires meilleure appréhension des perspectives de l’entreprise, sa
qui privilégient la compréhension personnelle. Par ailleurs, dans capacité de remboursement, ses opportunités d’investissement,
beaucoup de pays émergents, chaque dossier représente quasi- sa position financière…
ment un cas unique et il est impossible de lui attribuer une Cet état de fait, suppose implicitement une diminution des coûts
probabilité de faillite en se référant à des éléments objectifs. de surveillance supportés par la banque, qui se traduit par une
Plus précisément, la question centrale autour de laquelle se amélioration des termes des contrats du crédit, notamment une
focalise cette étude est la suivante : « Quel est l’impact de la baisse de la prime de risque exigée. Du point de vue empirique,
qualité de la relation Banque – Entreprise sur la prime de risque C. D’Auria et al. (1999) ont mis en exergue, sur la base d’un
exigée des entreprises tunisiennes ? ». échantillon de 2000 entreprises italiennes non cotées, que les
Pour ce faire, nous étudierons en premier lieu, l’importance de la relations de crédit permettent aux banques de continuer à financer,
qualité de la relation Banque-Entreprise, tout en se penchant sur la dans les périodes difficiles, les entreprises ayant, auparavant,
notion de la capture informationnelle que peut exercer la banque au démontré leur solvabilité. Ils ont décelé que l’étroitesse de la
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composé de 1 200 petites et moyennes entreprises non cotées, lui retirer les facilités accordées. Ce scénario est envisageable si
que les relations sociales qui sont des indicateurs du degré de la banque dispose d’une force de marché qui lui permet d’ajuster
confiance entre le banquier et l’entrepreneur, ont des effets convenablement les termes de ses contrats et qui représente un
significatifs sur les conditions de crédit ainsi que sur le niveau avantage difficile à imiter de la part de ses rivaux. Plus explicite-
de risque qu’assume le banquier. ment, E.L. Von Thadden (2004) a stipulé que l’entreprise peut
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Plus particulièrement, D.W. Blackwell et D.B. Winters (1997) être sujette à l’émission d’un signal négatif à son égard si elle
ont trouvé, sur un échantillon constitué de 174 lignes de crédits change de banque.
accordées à des entreprises américaines cotées, une relation Par conséquent, elle pourrait accepter un taux d’intérêt, même
positive entre les efforts de surveillance de la banque et les taux prohibitif, dans le but d’éviter cette situation entravant sa réputa-
d’intérêt, et une relation négative entre l’intensité des relations tion. D’où le problème de la capture informationnelle qui émerge
bancaires et les taux d’intérêt. suite à l’intensification de la relation Banque-Entreprise et qui
Ces résultats s’alignent avec les présomptions de D. Diamond est susceptible de donner lieu à des pratiques monopolistiques
(1984, 1991) et J. Boyd et E. Prescott (1986), qui suggèrent que de la part de la banque, se traduisant principalement, par une
les banques bénéficient d’économies d’échelle dans la collecte et augmentation du taux d’intérêt exigé.
le traitement des informations et sont donc, plus efficaces que les R. Fisman et T. Khanna (1999) abondent dans le même sens
prêteurs directs pour évaluer, surveiller et contrôler les emprun- et notent que les individus moins confiants investissent dans
teurs. Pour Y. Chan et al. (1986), les informations recueillies sur l’obtention de l’information et sentent le besoin de surveiller afin
un emprunteur lors des opérations de prêt précédentes peuvent de réduire l’opportunisme. Ainsi, l’information et la confiance
être réutilisées par la banque pour évaluer les nouvelles demandes (élaborée suite à l’entretien d’une relation Banque-Entreprise
de crédit de ce dernier. Par ailleurs, le fait de traiter avec un grand intense) pourraient être négativement corrélées.
nombre d’emprunteurs permet à la banque de tirer des enseigne- Concernant les entreprises entachées d’opacité informationnelle,
ments pour l’évaluation des nouveaux clients. De même, le coût il est évident qu’elles sont amenées à divulguer assez d’informa-
de collecte d’information peut accuser une baisse dans le cas tions sur leur perspective pour réduire l’incertitude de la banque
où la relation se réitère dans le temps (A. Omri et M. Bellouma, vis-à-vis de leur qualité (E. Elyasiani et G.L. Goldberg, 2004 et
2004). Comme le suggère Meyer (1998), l’information privilégiée A. Omri et M. Bellouma, 2004). Ainsi, ceci implique que les effets
obtenue par la banque garantit la pérennité de la relation et fortifie de propagation des informations à leur détriment pourront être
sa capacité à extraire les informations pertinentes. sévères en terme de conditions de crédit.
A. Berger et G.F. Udell (1995) ont examiné l’influence des relations
Banque-Entreprise sur les termes des lignes de crédit bancaires Plus précisément, le degré de la captivité informationnelle est
d’un échantillon composé de 3 400 entreprises américaines assigné à la croissance du degré d’opacité de l’emprunteur, qui
cotées. Ils ont trouvé que les emprunteurs ayant de plus longues implique sa forte dépendance vis-à-vis du crédit bancaire. J. Child
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dans le contexte tunisien : auprès de sa banque (A. Omri et M. Bellouma, 2004). D’un point
de vue acquisition d’information générée par la relation Banque –
une étude empirique Entreprise, son ancienneté peut impliquer le succès de la banque
dans la compréhension du comportement de l’emprunteur. De
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Nous proposons de cerner l’impact de la relation Banque-Entreprise même, ce proxy indirect de la qualité de la relation renseigne sur
sur le taux d’intérêt débiteur exigé des entreprises tunisiennes. la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements continuel-
Pour ce faire, nous essayerons de présenter les éléments métho- lement et sa non exposition au risque de rupture de la relation,
dologiques qui vont guider la suite de cette étude avec, dans suite à une défaillance éventuelle. Ainsi, nous nous attendons que
un premier temps, la description de l’échantillon d’entreprises cette variable ait un impact négatif sur le taux d’intérêt débiteur
considérées. Dans une seconde perspective, nous présenterons exigé de l’entreprise.
les variables retenues. Finalement, nous exposerons la méthode cnf : La confiance est une variable dummy à deux modalités
d’estimation et les résultats trouvés. traduisant la réponse à une question posée à chaque chargé
d’affaires responsable de l’entreprise étudiée : Quelle est la
pondération que vous attribuez à l’existence de confiance entre
2.1. Présentation de l’échantillon de l’étude vous et le dirigeant de l’entreprise ?2
La modalité CNF = 1 si la confiance mutuelle entre le chargé
La réalisation de cette étude fut appuyée par la collaboration d’affaires et l’entreprise est élevée (le chargé d’affaires assigne
d’une banque commerciale tunisienne qui mit à notre dispo- un poids supérieur à 50 %) et 0 ailleurs. La confiance mutuelle
sition une série d’informations concernant son portefeuille de peut être considérée comme un mécanisme approximant l’impres-
crédit. L’échantillon de l’analyse est composé de 74 entreprises sion du chargé d’affaires quant à la stabilité de la relation et des
tunisiennes non cotées en Bourse, sur une période s’étalant de flux informationnels, et donc sa qualité (D. Harhoff et T. Körting,
1998 à 2002. 1998 et E. Lehmann et D. Neuberger, 2002). Si la confiance
Le panel est majoritairement composé de sociétés à responsabi- mutuelle est associée à une intense production d’information,
lité limitée (en moyenne, durant la période de l’étude, 63 % des et donc à une amélioration de la compréhension de l’intention
entreprises incluses dans l’échantillon). Les sociétés anonymes du client, alors, nous escomptons une corrélation négative entre
sont minoritaires dans l’échantillon retenu (en moyenne 37 %). cet indicateur et la variable endogène.
Nous observons également, que les entreprises sont concentrées tAi : La taille de l’entreprise est mesurée en prenant le logarithme
sur des activités qui requièrent moins de capital investi dans népérien du total des actifs. Elle est présumée renseigner sur
les actifs. En effet, 95 % de notre échantillon correspond à des la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements et sur le
entreprises appartenant au secteur des services. degré d’efficacité de son assise financière. Par ailleurs, une grande
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l’ensemble des risques. Nous escomptons que le taux d’intérêt informations privées détenues par les dirigeants, leur incitation
et le niveau du levier financier soient positivement corrélés. et leur capacité à déplacer le risque vers la banque (R. Elsas
lqr : Le ratio de liquidité relative est mesuré par le montant des et Krahnen, 1998). D’une manière générale, les entreprises
créances et de liquidité (actifs courants – stocks) par rapport tunisiennes adoptant la forme juridique SARL sont de taille plus
aux dettes à court terme. Il détermine, d’une façon étroite, la petite que celles qui adoptent la forme juridique SA. Ainsi, le
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capacité de remboursement de l’entreprise, à court terme. Son risque de l’entreprise ayant une forme juridique SARL est enclin
niveau dépend de la nature d’activité et de la vitesse de rotation à enregistrer une hausse par rapport à celui d’une entreprise
du stock (A. Berger et G.F. Udell, 1995). Nous escomptons que SA. D’où, nous nous attendons à ce que l’augmentation du taux
le ratio de liquidité relative soit négativement corrélé avec le d’intérêt soit sensiblement plus élevée pour les SARL.
taux d’intérêt.
grn : L’existence de garanties est une variable « dummy » = 1 si
l’entreprise met à la disposition de sa banque plusieurs garan- 2.3. Méthode d’estimation et résultats
ties et 0 ailleurs. Dans l’approche des contrats séparants, les
emprunteurs acceptent d’offrir un niveau de garanties d’autant A ce niveau, nous tentons de comprendre l’impact de la qualité
plus élevé (en contrepartie d’un taux d’intérêt d’autant plus de la relation Banque – Entreprise sur le niveau du taux d’intérêt
faible) que leur risque de défaillance est faible (E. Lehmann et débiteur exigé des entreprises tunisiennes. Pour ce faire, nous
D. Neuberger, 2002). Ainsi, nous escomptons que les banques optons pour les techniques économétriques d’estimation sur des
classifient les entreprises selon les garanties fournies. Si l’entre- données de panel incomplet.
prise fournit plusieurs garanties, nous nous attendons qu’elle soit Ce choix est appuyé par le fait que les spécificités sectorielles des
perçue comme moins risquée, et que le taux d’intérêt exigé par firmes, leur forme juridique… sont des éléments qui confirment
la banque à son égard soit faible. leur hétérogénéité. Ainsi, l’estimation du modèle par la méthode
Age : l’âge de l’entreprise est mesuré par la différence entre des moindres carrés conduit à des estimateurs non efficaces.
l’année de l’étude et l’année de la création de la firme. Cet indica- Pour pallier ce problème, nous recourrons à l’économétrie de
teur fournit une approximation du risque de crédit, ainsi qu’une Panel qui permet de contrôler l’hétérogénéité des observations
mesure de l’ampleur de la réputation de l’entreprise. En effet, dans leurs dimensions individuelles par la prise en compte d’un
les anciennes entreprises sont moins risquées que les nouvelles effet spécifique supposé être fixe ou aléatoire.
entreprises. Les termes du contrat, notamment, le taux d’intérêt, Formellement, il s’agit de régresser le taux d’intérêt débiteur exigé
peuvent être plus favorables aux firmes les plus âgées qui sont [TXI] sur l’ensemble des variables afférentes à la qualité de la
plus connues des prêteurs, ont des relations plus longues, et relation Banque – Entreprise [QRL], à savoir, l’ancienneté de la
sont ainsi, plus faciles à évaluer par ces derniers (E. Bodt et al., relation et le degré de confiance, sur l’ensemble des indicateurs
2005). Ainsi, nous nous attendons à une corrélation négative financiers [IND], à savoir le levier financier, le produit net de la
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– Le niveau moyen du taux d’intérêt débiteur exigé des entreprises typiquement confidentielles, en plus des informations figurant
est de l’ordre de 8,83 E-02. Son écart type permet de remarquer au sein des documents comptables.
que sa fixation est variable. Ainsi, la banque définit le taux Ainsi, le chargé d’affaires, étant en contact étroit avec la clientèle,
débiteur exigé des entreprises selon leur spécificité. relativement à ses chefs hiérarchiques, est à même d’extraire des
– Le ratio de la liquidité relative représente en moyenne la valeur informations pertinentes susceptibles de créer une atmosphère
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de 0,653. Cet indicateur reflète la capacité de remboursement de confiance. En contrepartie de cette révélation d’informations,
de l’entreprise, dans un dispositif de court terme. Le niveau l’entreprise tunisienne bénéficie d’une baisse du taux d’intérêt
de la volatilité qui atteint 1,183, peut être expliqué par le fait débiteur exigé.
que la nature de l’activité et la rotation du stock diffèrent d’une Par conséquent, le résultat obtenu diverge avec la notion de
entreprise à une autre. monopole de la banque ou encore le phénomène de cambriolage qui
– La taille moyenne des entreprises composant l’échantillon de s’opère au détriment du client dont la qualité de relation Banque-
l’étude est de 6,61. Toutefois, nous remarquons que la volati- Entreprise est importante. En effet, la corrélation négative entre
lité de cet indicateur est élevée (2,264). Ainsi, les entreprises, le taux d’intérêt et la qualité de relation Banque-Entreprise que
disposant d’un niveau d’actifs plus élevé, peuvent être perçues nous dévoile notre régression, implique le rejet de la présomption
comme étant moins risquées, et peuvent, par conséquent, de R. Rajan (1992) et S.A. Sharpe (1990). Ces deux auteurs ont
bénéficier d’une baisse du taux d’intérêt. avancé que, suite à la relation Banque-Entreprise, la banque
Les résultats de l’estimation, à partir des données de panel dispose d’un pouvoir de marché sur l’entreprise lui octroyant la
incomplet, indiquent que la prise en compte de la spécificité possibilité de s’approprier une rente à travers l’exigence d’un
individuelle des entreprises sous forme d’un effet aléatoire taux d’intérêt élevé.
µi présente de meilleurs résultats sur le plan de signification Le signe négatif du coefficient attaché à la variable afférente à
statistique en comparaison à un modèle à effet individuel fixe, l’ancienneté de la relation Banque – Entreprise est cohérent avec
et ce d’après le test d’Hausman (1978). En effet, le non rejet de celui attendu. Plus précisément, le taux d’intérêt débiteur exigé
l’hypothèse nulle de ce test implique que le modèle retenu est à est relativement plus faible pour une ancienne relation Banque-
effet individuel aléatoire (chi 2 = 12,125). Entreprise que pour une nouvelle.
Ce résultat souligne les bénéfices associés à la qualité de la
Tableau 2 : Modèle à effet individuel aléatoire relation Banque-Entreprise et émergeant, principalement, de la
Variable dépendante : TXI répétition des transactions financières dans le temps. Dans ce
Variables sens, les informations collectées à travers l’ancienneté de la
ANC -0,0382 (-2,15)*** relation permettent à la banque de se forger une opinion de plus
en plus fine sur les perspectives de l’emprunteur. La notion de
CNF -0,0156 (-2,28)*
la dimension temporelle de la relation Banque- Entreprise renvoie
PNB 0, 033 (0,708)
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Cette évidence trouve confirmation dans le comportement des En d’autres termes, la banque exige un taux d’intérêt d’autant
banques tunisiennes, au cours de la période récente, nettement plus faible que la capacité de remboursement de l’entreprise à
caractérisée par leur aversion manifestée à l’égard des entre- court terme, est élevée. Par conséquent, l’augmentation du taux
prises de petite taille. Ainsi, l’imperfection du marché entraîne d’intérêt à l’égard des entreprises non solvables, induit une
une prudence extrême des banques quant au niveau d’opacité exclusion des entreprises souffrant d’intenses problèmes de
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des entreprises dont le risque de défaillance, a priori difficile à liquidités du champ du crédit bancaire.
apprécier, tend à s’accentuer. Par ailleurs, le sens de l’influence du ratio de la liquidité relative
Ce résultat divergeant avec l’étude de P.E. Strahan (2001) et celle sur la variable endogène peut être expliqué par le fait que les
de Reppetto et al., (2002) implique que la banque tunisienne durcit entreprises dont la capacité de remboursement à court terme
les contraintes de financement imposées aux petites entreprises, est importante demandent moins de lignes de crédit et payent
afin d’éviter toute déviation éventuelle de leur comportement. un taux d’intérêt faible.
Par ailleurs, le signe négatif associé à la variable taille peut être Au-delà de la significativité de ces différentes variables, les résul-
appuyé par l’observation de l’impact de l’existence de garanties sur tats de l’estimation révèlent que le secteur d’activité, la forme
le taux d’intérêt. En effet, la corrélation négative entre la variable juridique, le levier financier, le niveau du produit net bancaire et
endogène et la variable garantie rejoint le résultat anticipé. Ainsi, l’âge de l’entreprise n’ajoutent aucun pouvoir explicatif au modèle
notre conviction vis-à-vis de la répercussion des problèmes d’asy- testé. Néanmoins, le signe du coefficient non significatif de la
métrie d’information sur le taux d’intérêt s’avère appuyée. variable âge indique que, au moins sous sa forme utilisée, le
Plus explicitement, il apparaît de manière probante que, les entre- taux d’intérêt peut être plus favorable aux firmes les plus âgées
prises mettant à la disposition de leur banque une panoplie de qui ont un palmarès éloquent et qui sont faciles à évaluer par la
garanties, donc enclines à de moins importants comportements banque. La non significativité de ce paramètre rejoint le résultat
opportunistes, bénéficient d’une réduction du taux d’intérêt exigé. de E. Lehmann et D. Neuberger (2002).
De ce fait, nous remarquons que les garanties sont utilisées Par ailleurs, nous remarquons que le levier financier n’est pas un
pour réduire le risque de la transaction et augmenter la sécurité paramètre déterminant du taux d’intérêt exigé, comme le souligne
du prêteur. En d’autres termes, l’inclusion de garanties dans le l’étude de E. Bodt et al., (2005). En outre, le signe du coefficient
contrat de crédit constitue une assurance contre l’émergence attaché révèle qu’un niveau élevé du levier financier constitue une
des problèmes du risque moral de l’entreprise. preuve quant à l’augmentation de la probabilité de défaillance de
Ceci revient au fait que la valeur marchande des garanties permet l’entreprise. Ainsi, pour éviter les liquidations prématurées des
de satisfaire les engagements conclus, en cas de défaillance de entreprises ayant un levier élevé, la banque tunisienne exige un
l’emprunteur. Ainsi, il s’avère prudent de la part de la banque taux d’intérêt faible.
d’exiger des garanties solides en proportion du risque moral et Finalement, le secteur d’activité et la forme juridique de l’entre-
des difficultés d’évaluation de l’entreprise. Plus explicitement, prise ne sont pas des déterminants de la fixation du taux d’intérêt
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Bodt E., Lobez F. and Statnik J-C., (2005), « Credit Decision and Adverse Selection :
taux d’intérêt à leur égard. Les études empiriques proposées à An Empirical Study of Banking Behavior », European Financial Management, Vol.11,
la suite de ces avancées, dans le domaine de la modélisation pp.195-228.
de l’activité financière, reposent sur une méthodologie cherchant Boyd J. and Prescott E., (1986), « Financial Intermediary Coalitions », Journal of
Economic Theory, Vol. 101, pp. 458- 472.
à vérifier le pouvoir explicatif des paramètres descriptifs des Campbell T. and Kracaw W., (1980), « Information Production, Market Signalling, and
relations des firmes avec leur banque, sur le taux d’intérêt. Par the Theory of Intermediation », Journal of Finance, Vol.35, pp.863-882.
La fidélisation
ailleurs, la majorité des études que nous venons de présenter, Chan Y., Greenbaum S., and Thakor A. (1986), « Information Reusability, Competition
and Bank Asset Quality », Journal of Banking and Finance, Vol. 10, pp. 243-253.
se sont focalisées sur des indicateurs quantitatifs (la durée, les
Child, J. and Terence T. (2005), « The Dynamic between Firms’Environmental
indicateurs financiers…). Ainsi, le rôle des indicateurs qualitatifs Strategies and Institutional Constraints in Emerging Economies : Evidence from China
demeure non obscur. Aussi, à travers notre étude empirique and Taiwan » Journal of Management Studies, Vol.42, pp.95-125.
Cole R., (1998), « The Importance of Relationship to the Availability of Credit »,
nous avons essayé de nous aligner sur quelques investigations
Journal of Banking and Finance, Vol. 22, pp.959-977.
(E. Lehmann et D. Neuberger, 2002 ; Reppetto et al., 2002 et J.A. D’Auria C., Foglia, A. and Reedtz, P.M. (1999), « Bank Interest Rates and Credit
Scott, 2003), moyennant l’introduction de la variable confiance. Relationship in Italy », Journal of Banking and finance, Vol.23, pp.1067-1093.
En effet, l’analyse empirique menée dans le contexte tunisien Diamond D., (1984), « Financial Intermediation and Delegated Monitoring », Review
of Economic Studies, Vol. 51, pp.393-414.
révèle que la banque génère des réseaux informationnels privés. Diamond D., (1991), « Monitoring and Reputation : The Choice between Bank Loans
En d’autres termes, il s’avère que l’intensification de la qualité and Directly Placed Debt », Journal of Political Economy, Vol. 99, pp.689-721.
de la relation Banque-Entreprise grâce à la dimension temporelle Duffee G.R., (1998), « The Relationship between Treasury Yields and Corporate
Bond Yield Spreads », Journal of Finance, Vol.2, pp. 2225-2241.
et l’indicateur de confiance impliquent une diminution du taux
Elsas R. and Krahnen J.-P., (1998), « Is Relationship Lending Special from Credit-File
d’intérêt exigé. Par ailleurs, notre étude vient corroborer l’hypothèse Data in Germany », Journal of Banking and Finance, Vol. 22, pp.1283-1316.
de l’amélioration du taux d’intérêt et rejette, par conséquent, Elyasiani, E., and Goldberg, G. L. (2004), « Relationship Lending : A Survey of the
Literature » Journal of Economics and Business, Vol.56, pp.315-330.
l’hypothèse de pouvoir de monopole de la banque. Outre le rôle
Fisman R. and Khanna T. (1999), « Is trust a Historical Residue ? Information Flows and
explicatif de la qualité de la relation Banque-Entreprise, nous Trust Levels », Journal of Economic Behavior and Organization, Vol.38, pp.79-92.
constatons que la taille, le ratio de la liquidité relative et l’exis- Gehrig, T. and Stenbacka, R. (2004), « Differentiation-Induced Switching Costs
tence de garanties sont des déterminants discriminants du taux and Poaching », Journal of Economics and Management Strategy, Vol.13, pp.635
-655.
d’intérêt exigé des entreprises tunisiennes. Ainsi, nous pouvons Greenbaum S., Kanatas G. and Venezia I., (1989), « Equilibrium Loan Pricing under the
certifier l’existence d’un lien entre la santé financière apparente et Bank-Client Relationship », Journal of banking and finance, Vol.13, pp. 221-235.
reflétée par les états financiers de l’entreprise, la lisibilité de son Harhoff D. and Körting T., (1998), « Lending Relationships in Germany-Empirical Evidence
from Survey Data », Journal of banking and finance, Vol. 22, pp.1317-1353.
activité et le taux d’intérêt. Avec ces différents constats énumérés,
Hausman J.A., (1978), « Specification Tests in Econometrics », Econometrica, Vol.
notre étude a pu offrir une étape modeste examinant la relation 46, pp.1251-1271
Banque-Entreprise dans le contexte tunisien et son influence sur Hodgman D., (1963), « Commercial Bank Loan and Investment », Policy Bureau of
Business and Economic Research, pp.36-48.
le taux d’intérêt. Cependant, il s’avère pertinent d’adjoindre des
Lehmann E. and Neuberger D., (2002), « Do Lending Relationship Matter ? Evidence
facteurs macroéconomiques pour expliquer le taux d’intérêt exigé from Bank Survey Data in Germany », Journal of Economic Behaviour and Organization,
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