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Effets de seuil dans la relation entre l'accès au microcrédit

et l'amélioration du bien-être des bénéficiaires


Yaya Koloma
Dans Mondes en développement 2010/4 (n° 152), pages 13 à 30
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 0302-3052
ISBN 9782804161071
DOI 10.3917/med.152.0013
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DOI : 10.3917/med.152.13

Effets de seuil dans la relation entre l’accès au


microcrédit et l’amélioration du bien-être des
bénéficiaires
Yaya KOLOMA1

A près trois décennies d’expansion, la microfinance est, à l’heure actuelle,


l’un des instruments des politiques économiques et sociales les plus
commentés et privilégiés en matière de développement. Son champ est devenu
le lieu de confrontation entre différentes approches théoriques et empiriques.
En apportant des services microfinanciers adaptés à un ensemble de personnes
à caractéristiques très hétérogènes pauvres et/ou exclues du système bancaire
classique, la microfinance devrait permettre de les sortir de l’emprise des
usuriers qui octroient des prêts à des taux d’intérêt très élevés (Yunus, 1997), et
de les inclure financièrement et socialement afin de pouvoir stabiliser,
développer, voire entreprendre des activités génératrices de revenus (Banerjee
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et al., 2009).
Admettant le postulat de populations pauvres, l’hypothèse sous-jacente
considère que l’ancienneté dans l’accès aux services microfinanciers permet
d’améliorer les conditions de vie des bénéficiaires. Autrement dit, une plus
longue participation aux programmes de microfinance, en bénéficiant du crédit
et/ou de l’épargne, se traduit par un impact plus important en termes
d’amélioration des conditions de vie des femmes et de leur famille. Par
conséquent, la microfinance devient un outil d’amélioration du bien-être et de
réduction de la pauvreté et des inégalités selon le genre (Khandker, 1998), et un
facteur valorisant le travail des femmes et des hommes. Cependant, un certain
nombre d’études (Koloma, 2009 ; Guérin et al., 2006) tentent de montrer que
des bénéficiaires, en particulier des femmes, profitant des services
microfinanciers, ont connu au cours de leur euphorie de "grandes désillusions" Au
lieu de voir leurs conditions de vie s’améliorer et se stabiliser à l’échelon
supérieur (en termes de bien-être économique), elles ont dû connaître l’effet
inverse. Ce constat a conduit des auteurs à nuancer et à contester des effets
positifs supposés de la microfinance en matière de réduction de la pauvreté
(Guérin et al., 2006 ; Morduch, 1998 ; Mosley et Hulme, 1998). En effet, même
1
Groupe d’Économie du Développement, Laboratoire de Recherche Économiques, Économie
et Finance Internationales, Université Montesquieu Bordeaux 4.
ykoloma@yahoo.fr/koloma33@gmail.com

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si un certain nombre d’impacts de la microfinance paraissent incontestables,


l’accès au microcrédit peut se traduire pour des femmes bénéficiaires par de
véritables difficultés et des pressions sociales évidentes (Labie, 2004). L’une des
raisons de cette divergence des approches réside probablement dans la non-
prise en compte d’un seuil qui peut exister entre l’accès progressif aux services
microfinanciers (microcrédit notamment) et l’amélioration du bien-être
économique des personnes bénéficiaires, voire de leur famille. On parle ici
d’effet de seuil. La littérature de la microfinance a accordé très peu
d’importance à cet aspect, contrairement à l’analyse générale et spécifique des
effets positifs et négatifs de la microfinance. Dans le même temps, le principal
souci d’une telle hypothèse demeure dans la spécification de la variable qui
conditionne ce seuil.
L’optique de cet article est de contribuer à l’analyse de l’apparition brutale ou
progressive des effets négatifs de la microfinance en mettant en évidence la
possibilité de seuil. L’article est structuré en trois parties. La première porte sur
le cadre théorique et conceptuel. La deuxième résume les facteurs potentiels
d’explication de l’apparition de seuil. La troisième considère une étude de cas de
quelques femmes bénéficiaires des services du réseau de microfinance
Nyèsigiso au Mali.

1. APPROCHE THÉORIQUE ET CONCEPTUELLE


1.1 Quelques études empiriques sur l’existence de seuil en
microfinance
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Dans notre hypothèse de départ, nous supposions qu’une longue présence dans
un programme de microfinance améliore les conditions d’existence et contribue
à la réduction de la pauvreté des membres. L’impact positif de la microfinance
sur les bénéficiaires dépend de la nature (type d’institutions), des objectifs et du
mode de gouvernance des institutions de microfinance (Labie, 2004), mais
également de l’utilisation des crédits attribués et du profil socio-économique
préalable (Koloma, 2009). Selon Hardy (2007), des programmes de
microfinance favorisent la participation des bénéficiaires aux instances de
direction. Pour d’autres, l'accompagnement des emprunteurs est laissé à
l'appréciation d'agents de crédit salariés, voire à eux-mêmes. Certains se
comportent en mini-banquiers préoccupés par le recouvrement du capital et des
intérêts. Selon le mode d’organisation et l’implication des structures de
microfinance auprès de leurs bénéficiaires, l’impact en termes d’amélioration du
bien-être peut être durable ou transitoire. Malgré l’existence de nombreuses
recherches sur les institutions de microfinance et des études d’impact, rares
sont celles qui ont analysé l’existence d’un effet à long terme pour découvrir un
probable effet de seuil, notamment dans la relation entre l’accès progressif aux
services microfinanciers et l’amélioration continue du bien-être des
bénéficiaires. Quelques-unes ont tenté d’analyser les effets à long terme du

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comportement de remboursement des bénéficiaires (Menon, 2006 et 2002 ;


Honlonkou et al., 2001 ; Zaman, 2000 ; Khandker, 1998). Elles ont, comme
Honlonkou et al. (2001) et Zaman (2000), abouti à l’existence d’un seuil
respectivement en termes d’années d’adhésion et de montant du crédit.
L’étude réalisée par Honlonkou au Bénin, sur les déterminants de la
performance du taux de remboursement, permet de révéler l’existence d’un
seuil. Elle conclut que le nombre d’années de bonnes expériences avec les IMF
est en moyenne de deux ans. De façon globale, la trajectoire du portefeuille de
prêts des bénéficiaires montre qu’il y a un effet de seuil. Le taux de
remboursement croît avec le nombre d’expériences jusqu’à la quatrième
expérience. À partir de la cinquième, le taux de remboursement tend à
décroître. Par conséquent, contrairement à un de leurs postulats selon lequel
plus un client a de l’expérience avec une IMF, mieux il est connu par cette
dernière et plus ses performances en matière de remboursement sont grandes,
leurs résultats confirment l’hypothèse de la non-linéarité du nombre d’années
d’expériences par rapport à la qualité de remboursement. Pour ces auteurs,
l’existence d’effet serait due à la baisse de rigueur et de clairvoyance de la part
des IMF en termes de garanties et de suivi des clients qui ont réussi à
développer un nombre d’expériences avec elles. En même temps, la
décomposition des résultats par type de structures de microfinance montre qu’il
ne s’agit pas d’un fait stylisé. Ils en déduisent que le seuil n’est pas unique : les
bonnes expériences peuvent succéder à de mauvaises, et vice versa.
Selon Hofmann et Kamala (2003), le faible niveau du volume de crédit que les
femmes perçoivent, lié à la nature et à la taille de leurs activités, ne leur permet
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pas de générer des bénéfices suffisants pour franchir durablement le seuil de la
pauvreté. En reprenant Brunel (2000, 1), les auteurs admettent que "même si les
revenus des femmes augmentent très nettement au cours de leur première
année d’activité, ils plafonnent ensuite très vite, voire s’essoufflent."
Weiss et al. (2005), après avoir constaté des résultats globalement positifs dans
leurs études, soulignent que des précautions méthodologiques devraient être de
mise. La hausse de revenu associée à la participation à un programme de
microcrédit devrait être relativisée : la relation n’est pas toujours significative, en
particulier lorsque la taille du crédit favorise plutôt la consommation que
l’investissement. Ils soulignent que l’accroissement du revenu est parfois corrélé
positivement au revenu initial, l’impact est plus douteux en termes de
vulnérabilité face à des chocs (instabilité du revenu et de la consommation).
Au Bangladesh, Zaman (2000) fait état de l’existence d’un seuil de prêt. Selon
lui, les participants au programme du Bangladesh Rural Advancement
Committee (BRAC) modérément pauvres, qui ont obtenu des prêts supérieurs à
10 000 taka (environ 200 dollars), présentent un impact plus important sur la
pauvreté que les très pauvres qui ne sont pas en mesure d'atteindre ce seuil,
compte tenu de leur profil initial.
L’étude de Menon (2006), également au Bangladesh, donne des résultats
intéressants. À partir d’une procédure économétrique basée sur l’estimation par
les moindres carrés ordinaires à effets fixes non linéaires, l’auteur utilise une

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équation qui inclut un ensemble de variables telles que les changements à


travers les saisons dans des ménages en fonction de leur taille, les dépenses de
consommation par rapport à la durée de l'adhésion, les modifications dans les
prix, les préférences et le coût de l'emprunt. Il suppose que l'ancienneté de
l’accès au programme de microfinance est inversement proportionnelle à la
variation saisonnière de la consommation alimentaire per capita. Les résultats de
l’analyse de données provenant de 24 villages de la banque Grameen indiquent
que la participation n'a pas de grands effets sur l'atténuation des chocs
saisonniers sur la consommation et que son ampleur diminue au fil du temps.
Les estimations du modèle suggèrent que les effets du prêt atteignent un
maximum après deux années d'adhésion avant de décliner ensuite. Cela
n'implique pas que la volatilité réduise la consommation de membres
expérimentés, mais simplement que la participation n'a plus, comme au début,
la même influence atténuante sur les chocs saisonniers (Menon, 2002).
Globalement, cette littérature traduit une diversité de situation par rapport à
l’accès aux services microfinanciers, dont l’objectif majeur est de contribuer à
l’amélioration du bien-être, à la réduction des vulnérabilités, à l’atténuation de la
pauvreté et à la sortie de l’exclusion financière. Weiss et al. (2005) trouvent que
l’importance des revenus générés à la suite de l’accès au microcrédit est reliée
positivement au revenu initial. Zaman précise la qualité du profil préalable (très
pauvres, modérément pauvres) et apprécie l’implication d’un montant de crédit
plus élevé sur la pauvreté. Menon distingue trois dimensions : le profil initial
avant l'accès au crédit, le montant du crédit et la durée (ou la durabilité) de
l'impact sur le bien-être. De nombreux facteurs peuvent influencer les résultats
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d’impact : le contexte de l’étude (boom économique, période de difficultés…),
les objectifs de l’étude et la méthodologie utilisée. Toutefois, ces éléments
d’analyse impliquent qu’il n’y ait pas une relation toujours linéaire entre l’accès
aux services microfinanciers et l’amélioration du bien-être.

1.2 Une relation non linéaire entre l’accès au microcrédit et


l’amélioration du bien-être
Si cette relation et la forme qu’elle pourrait prendre peuvent être abordées de
différentes manières, elle suppose, cependant, qu’il peut exister un seuil ou un
point à partir duquel l’accès aux services microfinanciers a un fort impact ou
des effets moins importants ou dégradant sur le bien-être des bénéficiaires.
Cette dimension d’effet de seuil est mise en évidence en macroéconomie du
développement, notamment dans la relation entre croissance économique et
développement financier (Kpodar, 2006). À la suite des travaux de Lewis sur le
dualisme économique, Kuznets (1955) a établi une relation en forme de U
inversé entre le niveau de développement d’un pays (mesuré par le PIB par tête)
et celui des inégalités. Il note que les premières phases de développement
économique (accroissement du PIB/tête) s’accompagnent d’une hausse des
inégalités, ceci jusqu’à un seuil à partir duquel toute augmentation
supplémentaire du revenu par habitant réduit les inégalités. Les fondements de

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cette hypothèse, largement discutés, ont été admis ou invalidés par des études
empiriques (Clarke, 1995 ; Ahluwalia, 1976).
Cette assertion peut être utilisée pour mettre en relief, à partir des approches
théoriques et des résultats empiriques contrastés, une relation non linéaire entre
l’accès au microcrédit et l’amélioration du bien-être, nous parlons ici de la
probabilité d’apparition d’un effet de seuil. Granovetter (1978) a développé la
théorie de seuil, en soulignant que le fait de disposer de deux alternatives et
d’être contraint de faire un choix, alors que les autres agents doivent au même
moment effectuer le leur, présente des avantages et des inconvénients. Le choix
d’une alternative sera celui où les coûts et les avantages pour l'agent de se
déterminer dépendra en partie de la manière dont les autres effectuent ce choix.
"The key concept is that a threshold: the number or proportion of others who must takes one
decision before a given actor does so; this is a point where net benefits begin to exceed net costs
for that particular actor" (Ibid., 2). L’effet de seuil se définit en mécanique
dynamique comme "le fait pour un système de voir ses performances varier
brutalement suite à l'accumulation de modifications minimes, conduisant à son
écroulement soudain"2. En économie de l’environnement, "un processus est dit
"à effet de seuil" quand il existe un niveau de perturbation, qualifié de seuil, en
dessous duquel la conséquence est proportionnelle à la perturbation, et au-delà
duquel les choses se mettent à évoluer de manière totalement différente".3 Ici, la
notion d’effet de seuil est abordée en termes de seuil d’impact et non en termes
de seuil de pauvreté, même si nous faisons référence explicitement aux pauvres.
La configuration de la microfinance aujourd’hui, notamment par certaines
expériences négatives, permet d’appréhender cette dimension de seuil dans la
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relation entre accès au microcrédit et bien-être des bénéficiaires.
Nous retenons trois variables : le revenu courant des femmes bénéficiaires (r),
les services financiers perçus (microcrédit et/ou micro-épargne) et le temps (la
période : P). On admet (figure 1) que le crédit peut-être considéré en volume ou
comme une variable qualitative (accès ou non). Par conséquent, on peut
observer une évolution de la période (P1 P2  P3), du crédit (c1  c2 
c3) et du revenu (r1  r2  r3). Ainsi, pourrait-on parler d’une “pseudo
courbe de Kuznets”, qui met en relation le crédit, le revenu courant ou le bien-
être4, et la période, sous la forme d’une courbe en U inversé.
Nous analysons cette relation en prétendant que lorsque les femmes accèdent
dans un premier temps au crédit (et à l’épargne), leur revenu courant individuel,
ou celui du ménage, augmente. Dans cette phase (P1, c1, r1), si la femme utilise
le crédit à son avantage dans une activité génératrice de revenus, la hausse du
revenu sera confortée par des gains supplémentaires provenant de l’activité.

2
http://dictionnaire.phpmyvisites.net/definition-effet-de-seuil-12042.htm
3
http://www.cite-
sciences.fr/francais/ala_cite/expo/tempo/planete/portail/faq/reponse.php?id=31
4
Le revenu de la femme désigne le revenu monétaire dont elle dispose à l’instant t pour
décider de sa consommation ou de son utilisation pour une activité de production ou pour
épargner. Le bien-être est considéré dans sa dimension économique, mais il peut s’agir aussi
de la dimension sociale, mentale… des femmes.

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Elle peut être durable si le contexte du marché est porteur et dynamique. Ceci
n’est pourtant pas le cas de la plupart des marchés locaux, surtout en milieu
rural. Pendant cette première période, l’apport des femmes au revenu du
ménage ou au bien-être de la famille est valorisé. Toutefois, on peut supposer
que dans certains cas, des bénéficiaires sont confrontées à une sorte d’
"illusion". Après avoir constaté une augmentation de leurs revenus courants, à
la suite de l’accès au crédit (ou d’une hausse du montant du crédit), les
bénéficiaires peuvent croire à une augmentation durable de leur pouvoir
d’achat, et donc à une amélioration de leur bien-être, alors que cette
augmentation brutale ou progressive du revenu peut avoir un caractère
transitoire, notamment lorsque les prêts ne sont pas utilisés à bon escient. Par
conséquent, une deuxième phase (P2, c2, r2), qualifiée de stagnation, pourrait
intervenir. Elle se traduit par un plafonnement des bénéfices de l’activité et, par
la suite, les revenus ne varient plus. Cette situation est due à l’insatisfaction de
plusieurs conditions. Si cette situation perdure, après un temps de stagnation,
un déclin du revenu des femmes et de celui de leurs ménages respectifs (P3, c3,
r3) est constaté. Cette baisse du revenu est également la résultante d’une baisse
des bénéfices et d’une saturation du marché local. C’est la troisième phase, celle
d’une dégradation du bien-être économique des bénéficiaires, voire de leur
ménage. Ceci, à terme, pourrait jouer sur la dynamique de l’activité, le niveau de
remboursement des crédits et, par-delà, sur la survie de l’institution de
microfinance elle-même.
Figure 1 : Relation possible entre l’accès progressif au microcrédit et le bien-être
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des femmes
Revenu courant ou
Bien-être individuel/ménage
Stagnation seuil

Amélioration Dégradation
r2

r1, r3

P1 P2 P3 Périodes
c1 c2 c3 microcrédit
L’interprétation de cette analyse théorique suggère qu’il peut exister un effet de
seuil, un seuil au-delà duquel, si rien n’est fait, l’accès progressif aux services
microfinanciers se traduit inexorablement par la baisse des revenus des
bénéficiaires et par la dégradation de leur bien-être économique. Cette

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appréhension théorique et conceptuelle prédit que pour les bénéficiaires


pauvres, notamment les femmes, l’impact de l’acquisition d’un montant de
crédit peut être annihilé par un contexte non favorable, où il devient difficile de
contribuer, à ce moment, à l’amélioration de leur bien-être. Mais, si cette étape
est bien franchie, la satisfaction des conditions de succès (bonne gestion du
crédit, suivi du bénéficiaire, gestion de la micro-entreprise, etc.) fera que l’accès
graduel aux services microfinanciers améliore davantage le revenu disponible, et
donc le bien-être des bénéficiaires. Inopportunément, il se trouve que cette
phase non propice a tendance à perdurer pour certains bénéficiaires.

2. DES FACTEURS EXPLICATIFS DES EFFETS DE


SEUIL
À partir des analyses empiriques et de cette approche théorique, nous pouvons
dégager deux principaux facteurs pouvant rendre compte de la possibilité
d’effets de seuil : la structure et le mécanisme du crédit et le profil socio-
économique des bénéficiaires.

2.1 La structure et le mécanisme du crédit comme variable


de seuil
La structure du crédit et son mécanisme impliquent pour les institutions de
microfinance la mise en place d’une véritable politique de crédit. Leur prise en
compte comme facteur de seuil est due à la dynamique de trois principaux
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éléments : (i) le but et le niveau du crédit offert, (ii) le taux d’intérêt et les
modalités de remboursement et (iii) le problème de suivi et de contrôle des
bénéficiaires.
(i) La question du but et du niveau du crédit est liée à la taille du crédit, à l’exigence
d’une épargne préalable et au principe de progressivité. D’abord par sa taille, les
sommes octroyées aux femmes sont généralement de faible montant (Lelart,
2005) si bien qu’il est difficile de lancer de véritables activités de production ou
de transformation. Les femmes sont très souvent amenées à créer des activités
(commerce) leur permettant de générer quelques faibles revenus. Selon Brunel
(2000, 1) "à microcrédit, micro-activité. Les sommes consenties servent surtout
à créer de petites activités de service, qui donnent un tout petit peu plus
d’aisance financière à leurs promoteurs, mais en aucun cas ne leur permettent
de sortir de la pauvreté. Sommes minimes, délais de remboursement très brefs,
le microcrédit redistribue la richesse nationale plus qu’il ne la créé, en suscitant
l’éclosion de multiples activités de microservices." Ensuite, une épargne
préalable est couramment exigée, à hauteur de 5 à 10, voire 30% du montant
demandé, pour un prêt moyen de 20 à 50 $US au départ (Nguyen, 2000). Le
principe de progressivité des montants octroyés peut être appliqué à la longue.
Enfin, si ce principe de progressivité est mis en œuvre, le montant des prêts
octroyés n’est parfois pas lié à la capacité de remboursement des bénéficiaires,
elles-mêmes dépendantes de leurs activités.

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Ainsi, le niveau de prêt ne permet pas de faire de véritables investissements


pour générer des revenus accrus nécessaires à une amélioration durable des
conditions de vie des bénéficiaires et de leurs familles. Pour ce qui est de
l’exigence d’une épargne préalable, étant donné que la plupart des demandeurs
de crédit ne disposent pas de revenus conséquents, ils sont obligés de s’endetter
auprès d’un tiers pour pouvoir constituer cette épargne préalable, afin d’avoir
accès au prêt. Ce montant de crédit acquis, ils sont obligés de rembourser
d’abord leur dû avec intérêt vis-à-vis de cette tierce personne. Ensuite, une
partie du prêt est dépensée pour les besoins de première nécessité. Le reste est
investi dans l’activité proprement dite. Cela rend difficile toute possibilité de
générer des revenus conséquents. Dans le cas du principe de progressivité, ce
qui semblait être une opportunité pour les bénéficiaires, à la suite de
l’augmentation progressive du montant des prêts, devient pour ces derniers un
danger. Dans la mesure où la plupart des bénéficiaires ne sont pas formés
efficacement à la gestion de l’argent et de la micro-entreprise, le fait de disposer
rapidement d’une somme plus élevée peut conduire au gaspillage et, par
conséquent, à un problème de rentabilité des activités et de remboursement des
prêts.
(ii) Le taux d’intérêt et les modalités de remboursement : la politique de nombreuses
institutions de microfinance consiste à mettre en place un système qui leur
permette de récupérer rapidement leurs crédits, tout en couvrant les frais de
gestion et les risques de ces crédits (Ngendahayo, 2006). Des adhérents, surtout
dans les zones pauvres, sont confrontés à des taux d’intérêt élevés et à des
échéances de remboursement souvent hebdomadaires. Toutefois, des
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réglementations sur l’usure, que l’on rencontre dans plusieurs pays de la zone
de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) notamment,
contraignent les institutions. L’une des méthodes les plus fréquemment utilisées
pour contourner cette contrainte réglementaire serait la facturation d’autres
services liés aux processus de crédit, ce qui, au final, permet d’obtenir un taux
d’intérêt réellement facturé au client supérieur ou égal au taux de réserve5
(Ibid .). Ces conditions de prêts constituent de véritables pressions pour des
femmes qui éprouvent des difficultés pour réunir l’argent nécessaire. L’un des
principaux inconvénients semble résider dans le fait que les femmes et les
hommes bénéficiaires sont satisfaits lorsqu’ils accèdent au crédit et se soucient
peu (ou pas) du prix à payer pour ces services. Ce n’est qu’après un délai,
surtout lors d’un choc particulier, que des difficultés surviennent, entrainant de
véritables désillusions.
(iii) Le manque de suivi et de contrôle : la course à une croissance rapide est l'une de
ces illusions communes qui peut s'avérer coûteuse aux institutions de
microfinance et aux bénéficiaires. Selon plusieurs études, cette situation

5
Selon Marek Hudon, dans son intervention lors du séminaire Éthique et microfinance à
Lille, il existerait un taux d’intérêt en dessous duquel chaque institution ne serait plus prête
à octroyer du crédit et se retirerait du marché. Ce taux d’intérêt de réserve tient compte des
coûts de transactions, du coût du capital, du risque encouru et des subventions.

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Effets de seuil, accès au microcrédit et amélioration du bien-être 21

dissimule des pièges dangereux. Bien que cette croissance permette de tirer
avantage des économies d'échelle, elle peut causer des problèmes si l'évaluation
et la supervision des systèmes ne sont pas mises en place, et si le suivi du
bénéficiaire dans l’utilisation du crédit n’est pas assuré. Généralement, la plupart
des institutions de microfinance, après analyse sommaire du projet d’activités
du prétendant au crédit, accorde le prêt. À partir de cet instant, des institutions
se retirent du suivi de leurs membres (clients) en avançant qu'elles ne sont plus
responsables de l’utilisation qui sera faite du crédit octroyé. Seul importe le
remboursement des prêts, quelle qu’en soit la manière. C’est ainsi que de
nombreuses bénéficiaires, sans véritable expérience et sans formation préalable,
sont laissées à elles-mêmes. Cette absence d’accompagnement durant la durée
du prêt constitue un facteur aggravant et supplémentaire de l’effondrement de
l’activité du bénéficiaire et, par la suite, de son portefeuille de prêt.
En plus de ces facteurs institutionnels, l’apparition d’effets pervers peut être liée
aux contextes socio-économiques des bénéficiaires, en particulier à leur profil
socio-économique.

2.2 Le profil socio-économique des bénéficiaires comme


facteur de seuil
L’évolution du contexte socio-économique influence la durabilité de l’impact
des services microfinanciers sur le bien-être des bénéficiaires. Des aspects
comme l’utilisation et le contrôle du crédit par les bénéficiaires, les contraintes
socio-économiques, la taille du marché local et les caractéristiques des activités
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entreprises constituent des éléments majeurs.
(i) L’utilisation et le contrôle du crédit : l’efficacité des services microfinanciers
dépend, a priori, de l’utilisation qui en est faite. En effet, les bénéficiaires qui
sont, en général, financièrement démunis, ont besoin des revenus pour satisfaire
rapidement les consommations de première nécessité. Une partie des sommes
empruntées ou des revenus de l’activité économique exercée est couramment
dépensée pour couvrir les exigences familiales. Dès lors, si des bénéfices
supplémentaires n’apparaissent pas par l’intermédiaire d’autres sources, on tend
vers une détérioration des revenus disponibles des bénéficiaires, car une partie
est ponctionnée. Au niveau des femmes bénéficiaires, l’un des facteurs de
risque quant à l’utilisation des prêts demeure le contrôle que peuvent exercer les
hommes. D’une part, certains d’entre eux exhortent leurs épouses à prendre du
crédit et se l’approprient directement. D’autre part, et de façon indirecte et
volontaire, les femmes elles-mêmes peuvent accéder à des montants plus
importants dans l’optique d’en distribuer une partie aux membres masculins de
la famille afin que ces derniers puissent générer des revenus plus conséquents à
travers des activités économiques. Cette combinaison d’éléments peut causer
des problèmes de remboursement, si des revenus excédentaires et
supplémentaires provenant à la fois de l’activité de la femme et de celle des
hommes ne viennent pas soutenir les ressources de la bénéficiaire.

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22 Yaya KOLOMA

(ii) Contraintes socio-économiques des bénéficiaires : l’environnement socio-économique


est un facteur important dans la réussite de la plupart des programmes de
microfinance et de nombreuses activités économiques. Dans les zones rurales et
même dans des centres urbains, les opportunités offertes grâce aux services
microfinanciers demeurent confrontées aux divers problèmes tels que la
faiblesse de revenus, l’absence d’infrastructures socio-économiques, le manque
d’expérience en matière de gestion de certaines activités, l’insatisfaction des
besoins de première nécessité, l’apparition brutale de phénomènes naturels, etc.
Dans ce contexte, la modicité du pouvoir d’achat des populations conduit à une
faible demande de produits et de services. Les bénéficiaires, appartenant à des
ménages pauvres, ne pourront pas trouver d’autres sources de revenus que
celles de leurs activités, lorsque des difficultés surviendront.
(iii) Ces contraintes de pouvoir d’achat sont amplifiées par la taille du marché local
et les caractéristiques des activités. À cause du pouvoir d’achat limité, la demande ne
peut contenir l’offre locale, notamment dans les zones rurales. Par conséquent,
l’existence dans une même zone de nombreux bénéficiaires de services
microfinanciers, en particulier du microcrédit, conduit à la mise en place d’une
même activité (ou à la production d’un même bien). Dans une telle situation, le
problème de rentabilité est récurrent, du fait de la difficulté à écouler toute la
production. Dans certains cas, les activités économiques sont saisonnières et
donc sujettes aux aléas qui conditionnent l’effondrement des bénéfices et du
portefeuille économique et de prêt des bénéficiaires. Les caractéristiques de leur
activité économique (nature et taille) et le volume de crédit qui en découle ne
permettent pas de générer des bénéfices suffisants pour franchir durablement le
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seuil de la pauvreté (Vincent, 2000, 26). La capacité des pauvres à entreprendre
des activités génératrices de revenus apparaît beaucoup plus limitée que ne le
supposent les organismes de microfinance. "Quand bien même les pauvres se
transformeraient en entrepreneurs, s’imaginer que le marché puisse s’étendre à
l’infini et offrir une place à chaque pauvre est tout aussi illusoire. Les exemples
de saturation rapide de marchés locaux suite à des initiatives financées par le
microcrédit sont légions" (Guérin et al., 2006, 3). Il devient même difficile de
récupérer le fonds de roulement. Des bénéficiaires sont tentés de se servir des
ressources de la famille, qui restent déjà limitées, ou à prendre d’autres types de
crédits (usuriers par exemple). Cette situation les conduira dans un processus
d’endettement cumulatif, et provoquera, à terme, l’arrêt des remboursements et
celui des programmes. Dans ce cas, le programme qui aurait pour objectif de
réduire la pauvreté et de sauver les femmes de l’emprise des usuriers,
contribuerait alors à aggraver leur pauvreté.
L’ensemble de ces commentaires et la forme de la courbe présentée rappellent
la situation des femmes bénéficiaires des services du réseau d’épargne et de
crédit Nyèsigiso au Mali, rencontrées lors d’une étude qualitative.

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Effets de seuil, accès au microcrédit et amélioration du bien-être 23

3. ÉTUDE DE CAS D’UN ÉCHANTILLON DE


FEMMES BÉNÉFICIAIRES DE NYÈSIGISO
Nyèsigiso est la deuxième plus grande institution malienne de microfinance. Sa
mission "est de rendre accessible, sous un mode mutualiste, les services
d'épargne et de crédit aux populations maliennes n’ayant pas d’accès aux
services des banques formelles" (Nyèsigiso, 2007, 2). Le dispositif du réseau est
basé sur les principes de l’épargne préalable et des garanties matérielles, mais
également des garanties non matérielles. Au 31 décembre 2006, Nyèsigiso
disposait d’un encours de crédit de 6,2 milliards de FCFA et d’une épargne
(dépôts des membres) estimée à plus de 6 milliards de FCFA (Nyèsigiso, 2007).
D’après les récentes estimations de la Confédération des institutions financières
d’Afrique de l’Ouest (CIF, 2009), le nombre d’emprunteurs est de 13 801, alors
que celui des membres bénéficiaires des services est de 156 273. Les femmes
(individus et groupements compris) représentent 34% des membres6. Depuis
2002, date de sa dernière véritable étude d’impact, Nyèsigiso a entrepris des
mesures afin d’améliorer ses services et de répondre plus efficacement aux
besoins de ses membres7. L’institution s’est restructurée en regroupant ses
caisses (de 46 à 15 caisses mères), mais aussi en faisant évoluer les méthodes de
recouvrement, les conditions d’accès au crédit (de 30% à 20% d’apport
personnel), en réduisant les taux d’intérêt (de 21% à 12%) et en diminuant les
frais relatifs au crédit (Ibid., 26).

3.1 Source des données et objectif de l’étude


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Les données de cette analyse proviennent d’une enquête réalisée entre janvier et
avril 2007 au Mali, dans le cercle de Kita, à l’ouest de Bamako. Les villes
concernées sont Kita ville, Djidian et Badenko (deux zones rurales). Il s’agit
d’une enquête qualitative auprès de cinq groupes de femmes (40 femmes au
total). Le choix de l’échantillon s’est fait sans considération préalable de
domaines d’activité, d’âge ou de quartier car elles présentent des caractéristiques
économiques et sociales similaires. Le critère de pauvreté a été choisi par le
réseau Nyèsigiso pour désigner celles qui devraient participer au programme
CEE. Pour la constitution de l’échantillon, nous avons retenu, dans un premier
temps, des femmes à partir de la liste des clients des différentes caisses puis,
dans un second temps, nous sommes allés les voir à la maison ou sur leur lieu
d’activité.
6
Les groupements sont comptés comme un membre unique alors qu’ils comprennent au
moins 8 personnes. Les femmes constituent 44,1% des membres bénéficiaires.
7
Deux grands types de produits financiers peuvent être distingués : (i) les produits destinés
aux particuliers : épargne courante et épargne profit ; dépôt salaire, découvert salaire et
crédit salaire ; crédit à la consommation et à l’amélioration de l’habitat ; crédit hypothécaire
et à la construction ; crédit activités génératrices de revenus (AGR) ; (ii) ceux destinés aux
entrepreneurs : dépôt salaire ; crédit activités génératrices de revenus et crédit agricole.
Pour les besoins spécifiques des femmes, Nyèsigiso propose le crédit épargne avec
éducation (CEE) et le crédit épargne des femmes d’affaires (CEFA).

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24 Yaya KOLOMA

L’objectif de cette enquête qualitative était de savoir si, du fait de leur


participation au programme de microfinance, les femmes avaient constaté dans
leur vie des transformations concernant la liberté de décision dans le foyer,
l’accès aux ressources ou la variation du bien-être. Les réponses à l’interrogation
"Si vous devez scinder en trois phases votre participation, comment jugerez-vous l’évolution de
votre état de bien-être dans chacune d’elles ?” ont fourni des résultats qui questionnent
le lien entre l’évolution du bien-être et la durée dans le programme.

3.2 Éléments de renforcement des capacités


(empowerment) et variation du bien-être selon les
femmes
La spécification des caractéristiques socio-démographiques (annexe) montre
que les femmes interrogées vivent majoritairement dans le milieu rural (77,5%)
et ont un âge moyen de 37 ans. Elles sont quasiment toutes mariées (85%),
aucune n’est célibataire, 15% sont veuves. Les femmes entreprenaient pour la
plupart une activité génératrice de revenus (95%) avant leur adhésion à
l’institution. Celles qui n’en avaient pas (5%) ont pu en amorcer une après leur
accès aux services microfinanciers. En moyenne, le nombre d’années de
participation au programme de microfinance est de 4,9 ans.

3.2.1 Des éléments d’empowerment des femmes bénéficiaires


Des aspects positifs d’empowerment, défini comme "un processus de
transformation de la position sociale, économique, politique, relationnelle,
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psychologique et culturelle d’une personne vis-à-vis des autres membres de sa
communauté d’appartenance" (Servet, 2006, 422), ont pu être constatés. En
s’intéressant au contrôle du crédit, les réponses des femmes montrent une forme
convergence vers le contrôle individuel ou personnel des produits
microfinanciers au sein du ménage : 80% d’entre-elles déclarent avoir un
contrôle total sur leur prêt, 10% le partagent avec leur époux, et 10% également
avec des personnes autres que leur époux. Les résultats de l’accès aux ressources
familiales montrent que 50% des femmes n’avaient pas accès aux ressources de
la famille avant leur participation au programme, contre 50% qui avaient un
accès facilité aux ressources du ménage. Après leur adhésion, 77,5% des
femmes trouvaient qu’elles avaient facilement accès aux ressources du ménage,
tandis que 22,5% n’y avaient pas accès. En ce qui concerne la participation aux
décisions familiales, 30% des femmes ont convenu qu’elles ne participaient à
aucune décision au sein de leur famille avant leur adhésion ; 40% contribuaient
totalement à toutes les décisions, 30% y participaient partiellement. Après
adhésion, ce sont 57,5% des femmes qui participaient totalement aux prises de
décisions dans le ménage, soit un accroissement de 17,5% contre 22,5% qui ne
jouaient aucun rôle dans la prise de décision, et 20% partiellement. Concernant
la liberté de décision des femmes de leur temps et espace, avant leur adhésion au
programme de microfinance, 70% ne pouvaient pas décider, sans l’autorisation

Mondes en Développement Vol.38-2010/4-n°152


Effets de seuil, accès au microcrédit et amélioration du bien-être 25

de leur mari (ou d’autres personnes plus âgées de leur foyer), de participer aux
sessions de formation et de remboursement ou exercer des activités
économiques. En tant qu’adhérentes, 47,5% des femmes disposent de plus de
liberté de décider de leur temps et espace. 52,5% des femmes ne peuvent
toujours pas décider seules.

3.2.2 Variation du bien-être selon les femmes


Les transformations perçues par les femmes au niveau statutaire devraient avoir
des implications positives sur leur état de bien-être général. Notre questionnaire
a permis d’appréhender son évolution à travers trois périodes (constatées de
façon subjective par les femmes)8 : Période 1 (P1) les premières années
d’adhésion, Période 2 (P2) les années intermédiaires ou les deuxièmes années
d’adhésion, Période 3 (P3) les dernières années de participation jusqu’au jour de
l’entretien.
Figure 2 : Perception de l’évolution du bien-être des femmes pour les périodes
P1, P2 et P3 – Nyèsigiso 2007 (en %)
%
90
80
70
60
50 État amélioré
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40 État identique
30 État dégradé
20
10
0
P1 P2 P3 Périodes

Source : À partir des données de Microfi, 2007.


L’examen de la figure 2 permet de se rendre compte de la nature non linéaire de
l’évolution du bien-être des femmes à la suite de leur accès au programme de
microfinance. On constate de façon progressive que la proportion des femmes
déclarant une amélioration de leur bien-être baisse au cours du temps, alors que
celles connaissant une dégradation de leur état s’accroît. Distinctement, la
majorité des femmes, 85%, qui ont eu accès aux services microfinanciers, ont
connu une amélioration de leur bien-être au cours des premières années
d’adhésion (P1). Cette proportion connait une nette baisse au cours de la
seconde période (P2). En effet, 45% des femmes continuent de connaître un
8
Les trois phases citées relèvent de notre question semi-ouverte qui demande aux femmes de
diviser objectivement leur temps de participation en trois périodes, puis de préciser
l’évolution de leur bien-être au cours de ces trois périodes.

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26 Yaya KOLOMA

meilleur état de bien-être. En ce qui concerne la période P3, pour seulement


22,5% des femmes, le bien-être s’est amélioré, et cela reste largement en deçà
des deux périodes précédentes.
Une deuxième tendance est observée et soutient la nature de la stagnation de
l’état de bien-être subséquemment à l’accès aux services microfinanciers. Au
cours des premières années d’adhésion (P1), seules 12,5% des femmes n’ont
constaté aucun changement dans leur état de bien-être, contre 37,5% au cours
des deuxièmes années (P2). Pour la troisième période, 12,5% des bénéficiaires
continuent d’affirmer une stagnation de leur bien-être, ce qui constitue une
baisse notable par rapport à la période précédente.
Un troisième phénomène est constaté, celui de la dégradation du bien-être des
femmes bénéficiaires. Une faible proportion de femmes, 2,5%, constate une
dégradation de leur bien-être dès les premières années (P1) de participation au
programme. Cette proportion évolue en augmentant, soit 17,5% des femmes au
cours de la deuxième période (P2). Dans la troisième période, ce sont 65% des
femmes bénéficiaires qui ont déclaré avoir connu une dégradation du bien-être,
soit un taux d’accroissement de 271,4% par rapport à la période précédente
(P2) et de 2 500% par rapport à la première période (P1).
Globalement, le passage d’une période à une autre s’accompagne d’une
augmentation de la proportion de femmes connaissant une dégradation de leur
bien-être. Il n’y a donc pas de lien direct (sinon plutôt négatif) entre la durée du
programme (matérialisée par les périodes) et l’amélioration de leur bien-être.
Mais il apparaît difficile d’établir une réelle corrélation. Dans la mesure où les
périodes ne sont pas "objectivement" fixées, on peut se demander à partir de
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quand (quelle année) constate-t-on une dégradation du bien-être. À quoi est-elle
véritablement due ? Cette analyse ne peut pas répondre, car elle repose sur des
données transversales et qualitatives, et sur un échantillon de petite taille. En
revanche, quelques témoignages, issus de cette enquête qualitative, complètent
les résultats de variation du bien-être.
Une femme atteste "Au début cela (le prêt) m’a permis de subvenir à mes besoins
personnels et d’améliorer les conditions de vie des enfants. Mais par la suite, à cause des
difficultés d’écoulement de mes produits, j’ai été confrontée à un problème de remboursement
car je n’arrivais plus à générer des revenus à travers mes ventes, à reproduire le fonds de
roulement, à plus forte raison à faire des bénéfices. Cela s’est accumulé avec les pénalités et
aujourd’hui je me trouve dans l’incapacité de rembourser mon prêt."
Une deuxième femme indique "J’ai pu avoir de nombreux avantages grâce au crédit
avant que l’argent ne soit gaspillé. Les changements qui sont intervenus reposent sur
l’autonomie, l’indépendance vis-à-vis des autres personnes. Mais l’inconvénient principal, après
avoir dilapidé mon argent, est celui de la méthode de recouvrement. Cela m’a conduit à la
police, à la gendarmerie et à du harcèlement persistant des agents de crédit. Ceci donne une
mauvaise image de moi dans la communauté."
Une troisième femme avance "Le grand avantage que l’on a eu à travers les prêts est
d’avoir pu développer des activités génératrices de revenus tout en devenant plus autonome, et
plus réfléchie dans nos décisions. Cependant, après le vol de mes marchandises, j’ai connu des
difficultés aussi bien familiales, conduisant à la réduction des dépenses au sein de la famille (en

Mondes en Développement Vol.38-2010/4-n°152


Effets de seuil, accès au microcrédit et amélioration du bien-être 27

habillement et en nourriture) que des problèmes de remboursement des prêts. Ces problèmes
ont fait que j’ai même été appelée à la police et au tribunal afin de pouvoir rembourser le prêt.
Cela constitue une bassesse pour moi dans la communauté."
Une quatrième femme affirme "Un des problèmes de la caisse a été qu’ils ont prêté de
l’argent aux femmes sans analyser au préalable leur capacité de remboursement. Ce qui a fait
que de nombreuses femmes ont fui en laissant leurs enfants et leur foyer derrière elles. Moi je
n’ai pas voulu ça car j’assume mes responsabilités. Donc pour moi, au lieu de lutter contre la
pauvreté, comme cela avait été dit, la caisse est venue aggraver nos problèmes déjà existants."
Ces témoignages mettent en perspective les retombées négatives directes et
indirectes de la participation au programme. Au-delà du facteur "arrêt du train
voyageur" qui a fortement contribué à la baisse de l’activité économique dans la
zone, plusieurs femmes ont déclaré avoir fait face à des cas de décès d’un
proche, de maladies plus ou moins graves ou de vol de marchandises. Elles ont
utilisé le prêt pour répondre à ces besoins. Cette mauvaise utilisation (si l’on
peut la qualifier ainsi) a eu des conséquences négatives sur le dispositif de
remboursement des crédits. Les résultats sur l’empowerment montrent que l’accès
des femmes aux services microfinanciers a permis, selon elles, d’améliorer leur
position au niveau de la sphère privée et même publique. Au contraire, les
résultats sur le bien-être économique révèlent une dégradation, notamment au
cours de la troisième période. Cette contradiction peut s’expliquer par le
caractère transitoire ou durable des positions économiques et statutaires.

CONCLUSION
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Dans cet article, nous avons adopté une démarche descriptive qui participe à la
mise en évidence de l’apparition brutale, ou graduelle, des effets de seuil qui ne
sont pas véritablement pris en compte dans la littérature de la microfinance.
Quelques enseignements peuvent être tirés.
À la lumière des différents facteurs spécifiés, chaque bénéficiaire, ayant accès au
microcrédit, met en œuvre une stratégie afin d’utiliser à bon escient ce crédit.
Individuellement, il fait face à des contraintes économiques et sociales qui
fragilisent en permanence ses capacités. Lorsque la structure et le mécanisme du
microcrédit n’y sont pas adaptés, les possibilités de dégradation du bien-être du
bénéficiaire sont alors révélatrices des limites du fonctionnement des structures
de microfinance elles-mêmes et/ou de son profil socio-économique initial. Par
conséquent, quelques-unes de ces limites se traduisent par des "effets de seuils"
au-delà desquels les retombées positives attendues des services microfinanciers
sont contrariées. La structure du microcrédit et son mécanisme risquent de
devenir inefficaces, à travers des effets pervers, et de rendre les bénéficiaires
encore plus vulnérables. Ainsi, loin de favoriser le développement du potentiel
de l’ensemble des bénéficiaires, la microfinance peut engendrer de nouvelles
formes de pressions sociales (Labie, 2004).
La conjonction des limites institutionnelles et socio-économiques expliquerait
de telles situations de pressions, de dégradation du portefeuille économique et

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28 Yaya KOLOMA

de bien-être des bénéficiaires après des débuts encourageants, elle serait donc
source de grandes désillusions pour de nombreux bénéficiaires féminins.
L’amélioration de ces facteurs peut, en partie, permettre de réduire l’apparition
d’effets pervers, notamment à travers l’accompagnement de certains
bénéficiaires, si l’objectif est de contribuer à la réduction de la pauvreté. Même
s’il est vrai que cet accompagnement a un coût, dans la mesure où tous les
bénéficiaires n’en ont pas besoin, il pourrait être supporté en le diluant à travers
différents types de services. À long terme, ce coût peut être compensé par les
gains de production obtenus, grâce à la réussite de ces femmes.
L’analyse présentée repose sur le cas restreint d’un échantillon de femmes
bénéficiaires des services microfinanciers de Nyèsigiso. De ce fait, les résultats
ne doivent pas être extrapolés. L’allure du cycle d’impacts des services de
microfinance présenté est une forme simpliste approchant la trajectoire de l’état
de bien-être de ces femmes. Il convient de rappeler que la forme théorique de la
courbe n’est ni unique ni figée et qu’il pourrait exister plusieurs seuils compte
tenu de la diversité de trajectoire de l’impact de la microfinance sur le bien-être.
À ce niveau, il est nécessaire de considérer cette contribution comme une
première étape dans une analyse plus fine de l’apparition d’effet de seuil en
microfinance, et donc de cette relation non linéaire entre accès aux services
microfinanciers et amélioration du bien-être des bénéficiaires. L’utilisation de
données d’enquêtes plus spécifiques pour déterminer ce phénomène peut
permettre de comprendre, voire de valider, une partie des résultats obtenus.
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Mondes en Développement Vol.38-2010/4-n°152


30 Yaya KOLOMA

Annexe : Fréquences relatives aux caractéristiques socio-économiques


des femmes – Nyèsigiso – Mali, 2007
Caractéristiques Paramètres Fréquence %
Statut matrimonial Mariée 85
Veuve 15
Age moyen (années) 37 ans
Milieu Rural 77,5
Urbain 22,5
Aucune 5
Petit commerce 60
Gros commerce 7,5
Activités avant adhésion Activités maraichères/agricoles 17,5
Salariales 5
Autres 5
Petit commerce 45
Gros commerce 30
Activités après adhésion Activités maraichères/agricoles 17,5
Salariales 5
Autres 2,5
Participation aux décisions familiales Aucune 30
avant adhésion Partielle 30
Totale 40
Aucune 22,5
Participation aux décisions familiales
Partielle 20
après adhésion
Totale 57,5
Nombre moyen années de participation 4,9 ans
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Seule 80
Contrôle du prêt Avec époux 10
Avec autres personnes 10
CEE 45
Types de produits disposés CEFA 52,5
Autres 2,5
Liberté de décision avant adhésion Oui 30
Non 70
Oui 47,5
Liberté de décision après adhésion
Non 52,5
Accès aux ressources avant adhésion Accès 50
Aucun accès 50
Accès aux ressources après adhésion Accès 77,5
Aucun accès 22,5
Source : À partir des données de Microfi, 2007.

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