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Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique

dans la CEMAC
Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi
Dans Revue d'économie du développement 2015/4 (Vol. 23), pages 43 à 81
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 1245-4060
ISBN 9782807300828
DOI 10.3917/edd.294.0043
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Renforcer l’efficacité de la convergence
macroéconomique dans la CEMAC1
Enhance the Effectiveness
of Macroeconomic Convergence in the EMCCA2
Désiré Avom*3
Amadou Bobbo**
Dieudonné Mignamissi**

La CEMAC expérimente depuis 1994, dans le cadre de la surveillance multilatérale, la conver­


gence macroéconomique. L’objectif de ce papier est d’évaluer si ce processus a été favorable à
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la croissance économique. Pour y parvenir, nous nous appuyons sur un modèle de croissance de
Solow augmenté. Nos résultats montrent que la mise en place des critères de convergence n’a
pas eu un impact significatif sur la croissance économique dans la CEMAC, en raison de la forte
hétéro­généité des économies. Nous suggérons une refonte du dispositif de surveillance multi­
latérale afin d’optimiser son impact sur la croissance économique.

Mots-clés : convergence, CEMAC, croissance économique, variables instru-


mentales, panel.

*
LAREA-FSEG, Université de Dschang.
**
LAREA-FSEG, Université de Yaoundé II-Soa.
1
Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale.
2
Economic and Monetary Community of Central Africa.
3
Auteur correspondant. E-mail : davom99@gmail.com.
Les auteurs tiennent à remercier vivement les deux rapporteurs anonymes de la
revue pour leurs critiques et suggestions pertinentes, qui ont permis d’améliorer
substantiellement la version préliminaire de cet article. Ils remercient également
Mireille Sandji, Blaise Gnimassoun, Samuel Guérineau, Alexandru Minea, Landry
Bikai et Joseph Keneck Massil pour la relecture des versions antérieures de ce
papier. Ils restent, toutefois, seuls responsables des éventuelles erreurs ou insuffi­
sances qui pourraient encore subsister dans le texte.

43
44 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

Within a multilateral monitoring framework, EMCCA countries have been pursuing the process
of macroeconomic convergence since 1994. In this context, this paper seeks to illustrate if that
process is economic growth-enhancing. To achieve this objective, use is made of an augmented
Solow growth model. Results show that the implementation of the convergence criteria regis­
tered no significant effect on economic growth among member countries. These findings were
largely attributable to the high degree of heterogeneity among EMCCA economies. Restructuring
the existing multilateral monitoring mechanisms, with this in mind, would unleash the desired
economic growth impact.

Keywords: Convergence, EMCCA, Economic growth, Instrumental variables,


Panel data.
Codes JEL: C33, C36, F020, O55.
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Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 45

1 INTRODUCTION

La crise financière internationale de 2007-2008, qui s’est rapidement muée


en une crise économique, a renouvelé l’intérêt pour l’analyse de la politique
budgé­taire. C’est dans cette perspective que les différents plans de relance
enga­gés dans presque tous les États à travers le monde ont permis de raviver
les débats sur les vertus stabilisatrices de cet instrument de régulation conjonc­
turelle. En effet, l’ampleur de la crise financière internationale a contraint les
gouvernements à intervenir massivement avec des coûts budgétaires estimés
à 4,5 % du PIB aux États-Unis et 3,9 % du PIB dans la zone euro (Laeven et
Valencia, 2013). En Afrique, si la crise des années 1980 avait contraint plu­
sieurs pays à mettre en place des plans d’ajustement structurels (PAS) se tra­
duisant par des restrictions budgétaires de grande ampleur, celle de 2008 s’est
en revanche accompagnée d’un assouplissement budgétaire, notamment dans
les pays pétroliers disposant d’excédents de ressources, à travers l’adoption
des politiques contra-cycliques suggérées et soutenues par le Fonds monétaire
international (FMI), à des fins de protection des couches les plus vulnérables.
La mise en œuvre de ces différentes politiques, tout en agissant positi­
vement sur la croissance économique4, expose plus particulièrement les pays
appartenant à une union monétaire à des risques de dérapages budgétaires
se traduisant par des effets de débordements et des externalités négatives en
termes de gonflement des dettes, de déficits publics, etc. La crise de la zone
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euro en est une parfaite illustration. Elle remet surtout en cause la stratégie
du choix de l’euro sans un approfondissement de l’union budgétaire (Bénassy-
Quéré et al., 2016).
La politique budgétaire constitue, avec la politique monétaire, l’un des
principaux leviers de la politique économique de l’État. Elle consiste à utiliser
certains instruments budgétaires (dépenses publiques, endettement public,
prélèvements fiscaux, etc.) pour influer sur la conjoncture économique. De ce
fait, elle peut exercer des effets favorables à long terme sur la croissance de
deux manières : directement en stimulant la formation de capital, l’emploi et
l’innovation, ou indirectement en influençant les décisions des agents écono­
miques5. Cependant, ces effets positifs dépendent de deux principales condi­
tions. La première est proposée par les économistes libéraux pour qui la poli­
tique budgétaire ne peut stimuler la croissance économique au-delà du niveau

4
Cf. les différentes études menées pour évaluer les multiplicateurs budgétaires
après la mise en œuvre des plans de relance (Ilzetzki et al., 2013 ; Auerbach et
Gorodnichenko, 2013 ; Kraay, 2014 ; Minea et Mustea, 2015 ; etc.).
5
Par exemple l’incitation fiscale pour stimuler la recherche-développement.
46 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

déterminé par les facteurs de production et le progrès technologique dans


une perspective de long terme, ceci en fournissant un environnement stable
et prévisible permettant le fonctionnement optimal des différents marchés
d’une part, et en maintenant un niveau et une structure de la fiscalité et des
dépenses publiques qui soient les plus favorables à la production d’autre part.
La deuxième condition est fondée sur l’incohérence temporelle des politiques
économiques mise en évidence par Kydland et Prescott (1977). En effet, il est
apparu qu’au même titre que la politique monétaire, la politique budgétaire
est soumise à cette incohérence temporelle, et de ce fait sujette à un biais pour
le déficit. Celui-ci procède soit de la tragédie des biens communs de Hardin
(1968) transposée au domaine budgétaire par Weingart et al. (1981), soit du
court-termisme caractéristique de l’horizon des décisions des autorités poli­
tiques au détriment des objectifs de long terme (Cukierman et Meltzer, 1989 ;
Alesina et Tabellini, 1990).
De l’autre côté, dans une perspective de court terme, si la politique bud­
gétaire peut efficacement jouer le rôle de régulation conjoncturelle, il s’avère
que son utilisation active génère également d’importantes instabilités en
termes de volatilité de la production (Fatas et Mihov, 2003) et de l’inflation
(Rother, 2004). Bien plus, dans leur étude, Fatas et Mihov (2003) ont mis
en évidence une relation négative entre la volatilité de la production et la
croissance économique à long terme. S’il est véritablement établi que l’utili­
sation d
­ iscrétionnaire de la politique budgétaire réduit la croissance, alors les
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gains en termes de bien-être à retirer de la limitation du pouvoir des autorités
­publiques pourraient être importants (Barlevy, 2004).
La solution aux différents problèmes de stimulation de la croissance à long
terme et de la stabilisation macroéconomique à court terme, auxquels fait face
la politique budgétaire, est de soumettre la conduite de celle-ci aux règles, afin
de donner aux agents privés une parfaite information ainsi qu’une parfaite
visibilité sur les inflexions à venir, et de constituer un point d’ancrage pour
leurs anticipations.
Au sein d’une union monétaire en particulier, ces règles permettent éga­
lement dans le cadre d’un policy mix équilibré de coordonner les politiques
budgétaires nationales et la politique monétaire commune. Leur nécessité est
renforcée pour au moins trois raisons supplémentaires. La première est la
limitation des conflits d’objectif lorsque les décisions sont prises séparément
sans aucune concertation (Buti et al., 2001 ; Foresti, 2013). La deuxième rai­
son, développée respectivement par Sanchez (2013) et Hughes Hallett et al.
(2014), met l’accent sur la complexité au sein d’une union monétaire des
interactions stratégiques entre les politiques budgétaires et monétaires, qui
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 47

expose de façon permanente les autorités de la politique économique au pro­


blème de free riding. La troisième raison est relative à l’affaiblissement de la
crédibilité de la Banque centrale dans son engagement anti-inflationniste, ce
qui résulterait d’une gestion discrétionnaire des politiques budgétaires (Dixit
et Lambertini, 2001, 2003 ; Sanchez, 2012 ; Badaru et Levieuge, 2013).
Les problèmes soulevés ces dernières années par la gestion des règles
­ udgétaires au sein de l’Union européenne interpellent fortement les autori­
b
tés des pays de la zone franc qui se sont inspirées de la démarche européenne
pour construire leur intégration. Pour ces derniers pays en effet, la néces­
sité des règles budgétaires, voire du fédéralisme budgétaire, s’est imposée
au milieu des années 1990 à la suite d’au moins deux événements majeurs.
En premier lieu, l’échec des PAS, préconisés par le Fonds monétaire inter­
national et la Banque mondiale dans le but d’aider ces pays à sortir de la
sévère crise économique des années 1980, a rendu inévitable la dévaluation
du franc CFA en 1994. La réussite de cette opération exigeait un encadrement
des politiques budgétaires nationales, dont la gestion indisciplinée avait été
considérée comme un élément déclencheur de la crise économique (Devarajan,
1997 ; Stasavage, 1996). En deuxième lieu, le choc de la dévaluation de 1994
a donné l’occasion aux décideurs publics de la zone franc de relancer le pro­
cessus d’intégration, en panne depuis plusieurs années malgré une incontes­
table originalité6. Globalement, à travers cette relance, les réformes initiées
visaient à consolider la coopération monétaire en intégrant la dimension réelle
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de l’intégration économique. L’évolution la plus importante a été la création,
en mars 1994, de la CEMAC7 pour remplacer l’Union douanière des États de
l’Afrique centrale (UDEAC) qui existait depuis 1964, mais dont les résultats
en matière de coopération et d’échanges sont restés parmi les plus faibles de
tous les regroupements régionaux du monde. La CEMAC est désormais consti­
tuée de l’Union monétaire d’Afrique centrale (UMAC), qui est chargée de la
dimension monétaire de l’intégration, et de l’Union économique de l’Afrique
centrale (UEAC) pour les aspects de l’économie réelle. Il convient de préciser
que les mêmes réformes ont été menées dans l’autre composante africaine de
la zone franc où l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)8
a remplacé l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), créée en 1963. Cette

6
Les unions monétaires ont été créées il y a cinquante ans et ont précédé l’inté­
gration commerciale. Il convient de signaler que cette antériorité de l’intégration
monétaire a facilité le processus d’intégration.
7
Elle comprend six pays membres : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale,
Tchad et République centrafricaine.
8
Elle comprend huit pays membres : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la
Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
48 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

nouvelle stratégie repose désormais sur la définition des règles de coopération


dans différents domaines (transports, énergie, forêts, etc.). Elle s’est égale­
ment appuyée sur les travaux qui mettent l’accent sur le rôle des institutions
dans le processus d’intégration (De Melo et al., 1993). Ces différentes réformes
ont non seulement permis aux pays de la CEMAC de préparer leurs économies
respectives à s’adapter progressivement aux mutations de l’économie interna­
tionale dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), mais
bien plus à atténuer les effets du choc lié au rattachement de leur monnaie
à l’euro en 1999. Une des composantes importantes de ce vaste programme
de réformes a été l’élaboration d’un dispositif de coordination des politiques
économiques, essentiellement basé sur des règles budgétaires.
À l’origine, le dispositif de la surveillance multilatérale en Afrique centrale
a été mis en place en 1993 et administré par la Banque des États de l’Afrique
centrale (BEAC)9. Cependant, après la signature du traité de la CEMAC en
1994, cette gestion a été confiée au Conseil des ministres de la zone pour s’assu­
rer du suivi collégial des politiques macroéconomiques. En vertu du titre III de
la convention régissant l’UEAC de 1994, ratifiée en 1999, ce suivi a été trans­
féré au Secrétariat exécutif de la CEMAC en 2001, transformé en Commission
de la CEMAC depuis 2007. La directive du 3 août 2001 a fixé les critères et
les indicateurs macroéconomiques de convergence. Suivant une démarche glo­
bale, afin de renforcer la coordination du processus de convergence dans les
deux sous-zones, il a été institué en septembre 1999 un Comité de convergence
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de la zone franc. Ce comité joue le rôle d’instance technique de coordination
entre les institutions de l’UEMOA, de la CEMAC, des Comores et de la France.
Dans la CEMAC plus spécifiquement, la coordination des politiques
macroéconomiques est organisée autour des critères de convergence, des indi­
cateurs de surveillance multilatérale10 et des indicateurs complémentaires de
convergence11. Au nombre de quatre, les critères de convergence représentent

9
La BEAC est la banque centrale commune aux six pays membres de la CEMAC.
10
Les indicateurs de surveillance multilatérale s’apprécient comme les conditions
nécessaires pour le respect des critères de convergence. Ce sont des critères de
second rang regroupés dans un tableau de bord macroéconomique. Ils sont com­
posés de six groupes de variables et indicateurs : (i) les variables relatives à la pro­
duction des biens et services ; (ii) les variables relatives aux finances publiques et
à la dette ; (iii) les variables relatives à la monnaie ; (iv) les variables relatives à la
balance des paiements ; (v) les indicateurs d’intégration communautaire ; (vi) les
indicateurs sociaux.
11
Le Comité de convergence de la zone franc a défini les indicateurs complémen­
taires de convergence en 2005 et 2006. L’objectif de ces derniers est de mieux
apprécier l’effort des autorités pour mettre en œuvre la convergence structurelle.
Ainsi, les indicateurs qui font l’objet d’un suivi dans les rapports de surveillance
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 49

le socle du mécanisme de coordination. Si, globalement, ces critères ont de


solides justifications théoriques et empiriques, ils souffrent néanmoins d’un
certain nombre de critiques. Il convient de préciser que ces débats ne sont pas
exclusifs à la CEMAC. Les mêmes réflexions ont alimenté et continuent d’ali­
menter les débats dans d’autres unions monétaires en Europe et en Afrique
de l’Ouest notamment.
Le premier critère porte sur le solde budgétaire de base12, qui doit être
positif ou nul. Le ciblage de cette variable fondamentale de la politique bud­
gétaire répond à plusieurs objectifs. En effet, un excédent budgétaire per­
met d’apurer l’intégralité des intérêts de la dette d’un État, d’assurer une
partie du financement de ses investissements et d’exercer un rôle détermi­
nant dans la gestion des chocs spécifiques qui peuvent affecter son espace
économique. Cependant, trois séries de limites ont pu être mises en évidence
dans les différentes évaluations de ce dispositif. En premier lieu, tel qu’il est
défini, ce solde budgétaire autorise le financement d’investissements sur des
ressources financières mobilisées à l’extérieur au détriment d’emprunts inté­
rieurs à l’Union sans aucun fondement théorique (Guérineau et Guillaumont
Jeanneney, 2014). En second lieu, il présente l’inconvénient de s’éloigner de la
réalité, puisqu’il n’intègre pas l’aide extérieure qui occupe pourtant une place
importante dans les finances publiques des pays de la CEMAC (Avom, 2007).
Cet éloignement est plus marqué dans la mesure où sa définition n’autorise
qu’un équilibre ou un excédent permanent, interdisant l’éventualité d’un
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défi­cit même en cas de forte récession (Guérineau et Guillaumont Jeanneney,
2014). En troisième lieu, à l’exception de la Centrafrique (dont le sous-sol
regorge néanmoins d’importants gisements miniers), tous les pays membres
de la CEMAC sont des producteurs de pétrole. En conséquence, d’importantes
ressources financières tirées de l’exploitation de ces produits primaires per­
mettent aux différents pays de respecter assez aisément le critère du solde
budgétaire de base positif ou nul sans qu’un véritable effort d’ajustement
budgé­taire soit fait par les États.
Le deuxième critère porte sur l’inflation dont le taux en glissement annuel
doit être inférieur ou égal à 3 %. Bien que ce seuil ne fasse pas l’objet d’un

multilatérale sont : (i) le solde budgétaire de base structurel rapporté au PIB


nomi­nal, qui doit être positif ou nul ; (ii) le solde budgétaire de base hors pétrole
rapporté au PIB hors pétrole, qui doit être positif ou nul ; (iii) le solde budgétaire
primaire hors pétrole, en pourcentage du PIB hors pétrole, qui doit être positif
ou nul ; (iv) le taux d’inflation sous-jacente, dont la norme est inférieure ou égale
à 3 %.
12
Il est défini comme la différence entre les recettes totales hors dons et les dépenses
totales hors investissements financés sur ressources extérieures.
50 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

consensus au sein de la CEMAC, il existe toutefois dans la littérature de solides


justifications théoriques et empiriques. En effet, l’objectif de stabilité des prix
est considéré comme la contrainte que les autorités monétaires s’assignent
pour assurer l’ancrage nominal. Il a été en outre retenu pour au moins deux
raisons complémentaires : d’une part, le principe de cohérence de Tinbergen
et d’autre part, l’existence d’une relation forte entre la quantité de monnaie
en circulation et le niveau général des prix. Sur le plan empirique, les études
de McCandless et Weber (1995), King (2002) et De Grauwe et Polan (2005)
montrent globalement l’existence d’une corrélation entre le taux de crois­
sance de la quantité de monnaie en circulation et le niveau général des prix.
L’étude menée par Mankiw et al. (1992) a montré que l’inflation a des coûts
sur la croissance économique. Dans le cadre d’une union monétaire comme
la CEMAC en particulier, sur la base de la contribution pionnière de Fleming
(1971) qui postule que les pays membres doivent avoir un différentiel de taux
d’inflation minimal pour éviter les solutions isolationnistes et des politiques
de dévaluation compétitive, le ciblage de cet indicateur permet une minimisa­
tion des écarts d’inflation entre les pays membres de la zone et prévient, de ce
fait, les risques de mésalignement des taux de change réels (Owoundi, 2016)
et de détérioration de la compétitivité (N’Kodia, 2011). En outre, il convient
de mentionner que cette cible est proche de l’objectif de la zone euro, lié à la
fixité et à la marge donnée par les contrôles existant sur les flux de capitaux.
Cependant, malgré ces fondements théoriques, empiriques et contextuels,
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le FMI (2014) émet des sérieuses réserves sur la pertinence de ce critère dans
le cadre de la surveillance multilatérale, au motif qu’il relève davantage de la
politique monétaire commune confiée à la BEAC que des politiques budgé­
taires mises en place au niveau national. Dans la même perspective, l’on peut
également s’interroger sur le choix d’un seuil d’inflation de 3 % retenu par
les autorités de la CEMAC. Globalement, la définition numérique de l’objec­
tif d’inflation peut, compte tenu de la diversité conjoncturelle, paraître trop
basse, et induire des coûts potentiels en termes d’activité économique et d’em­
ploi, tout en exposant les pays de la CEMAC au risque déflationniste. À long
terme, c’est le chiffre de 3 % qui est lui-même contestable bien que pouvant
être considéré comme une politique pro-pauvre contribuant à la préservation
du pouvoir d’achat des personnes pauvres, plus vulnérables aux fortes varia­
tions des prix.
Le troisième critère est relatif à l’endettement public, dont le taux doit
être inférieur ou égal à 70 % du PIB. En effet, les conséquences d’un endet­
tement excessif sont particulièrement coûteuses pour les finances publiques
et la maîtrise de celui-ci est devenue depuis plusieurs décennies un enjeu
majeur de la politique budgétaire en général (Creel et Sterdyniak, 1995).
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 51

Cependant, dans l’ensemble les différentes tentatives réalisées pour mettre


en évidence les conséquences en termes de perte de croissance économique
d’un endettement public excessif aboutissent à des résultats contradictoires
(Panizza et Presbitero, 2012 ; Reinhart et al., 2012 ; Pescatori et al., 2014).
À ce niveau aussi, les mêmes réserves pourraient être émises à l’endroit du
seuil d’endettement public fixé à 70 % du PIB qui ne constitue pas une garan­
tie contre les problèmes d’insolvabilité et d’illiquidité. À cet effet, il convient
surtout de souligner que cet indicateur ne renseigne pas véritablement sur
le caractère soutenable de la dette et nécessite, pour une meilleure apprécia­
tion de son évolution, une analyse approfondie des conditions de son finan­
cement (N’Kodia, 2011). En particulier, Ary Tanimoune et Plane (2005) ont
relevé dans l’UEMOA, en prenant l’exemple du Bénin, que les accumulations
structurelles d’arriérés de paiements publics ont conduit ce pays à passer plu­
sieurs fois devant le Club de Paris sans pour autant avoir franchi le seuil des
70 %, alors que d’autres pays, qui avaient largement dépassé ce pourcentage,
n’avaient pas connu les mêmes difficultés. En plus, depuis la fin des années
1990, la mise en place de différentes opérations de désendettement initiées par
la communauté financière internationale au titre de l’initiative Pays pauvres
très endettés (PPTE), a largement contribué à la stabilisation puis à la forte
baisse du ratio d’endettement de l’ensemble des pays membres de la zone
CEMAC. Dans un tel contexte, le seuil de 70 % fixé par les autorités se révèle
ainsi inefficace pour limiter l’endettement des pays et surtout pour protéger
leur croissance économique contre ce supposé « fléau ».
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Le quatrième critère prescrit la non-accumulation des arriérés13 intérieurs
et extérieurs sur la gestion de la période courante. Ce critère permet d’évaluer
les difficultés de financement que pourraient rencontrer les pays membres
de la zone franc en général, et ceux de la CEMAC en particulier. En effet,
le fonctionnement de la zone franc se caractérise par un strict encadrement
des déficits budgétaires assuré par des instituts d’émission au travers des dif­
férents mécanismes institutionnels. En situation de basse conjoncture et en
l’absence d’une politique monétaire accommodante pour y remédier, on as­
siste quasi automatiquement à la formation d’arriérés de paiement internes et
externes. Dans ce cas bien précis, le rôle des retards de paiement s’apparente
à celui d’une variable d’ajustement budgétaire et génère des effets néfastes.
Plusieurs pays de la zone ont utilisé ce canal pour financer leurs déficits budgé­
taires, participant ainsi à l’appréciation des taux de change réels qui s’est
soldée par la dévaluation du franc CFA intervenue en 1994 (Stasavage, 1996).

13
Une dépense ordonnancée ou mandatée par l’État et non payée après 120 jours est
considérée comme un arriéré.
52 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

La principale critique adressée à ce critère est la difficulté liée à son évalua­


tion qui dépend de la volonté des autorités nationales des pays membres qui,
la plupart du temps, cherchent à véhiculer une bonne image de leur pays en
masquant les mauvaises performances de leurs économies.
Après ce bref rappel des critères du dispositif de la surveillance multila­
térale, l’objectif qui est fixé à ce papier est de vérifier si leur mise en œuvre a
contribué substantiellement à l’amélioration des performances macroécono­
miques, notamment la croissance économique dans la CEMAC. Plus spécifi­
quement, il s’agit d’étudier l’impact du respect de chaque critère de conver­
gence sur la croissance économique observée. Autrement dit, les pays qui
respectent les critères enregistrent-ils de meilleures performances en termes
de croissance économique ? À notre connaissance, jusqu’à ce jour, une telle
problématique n’a pas encore été étudiée empiriquement dans la CEMAC. La
plupart des travaux consacrés à la convergence dans la zone franc se sont
limités à une évaluation empirique de l’effectivité de la convergence (res­
pect ou non des critères) en mobilisant essentiellement les outils statistiques
(Avom, 2007). Les travaux recourant aux techniques économétriques ont,
quant à eux, procédé à l’estimation de la sigma-convergence portant sur les
différentes valeurs ciblées par les critères et indicateurs de convergence des
pays de l’UEMOA et de la CEMAC (Ary Tanimoune et Plane, 2005 ; Fouda
Owoundi, 2009 et N’Kodia, 2011). D’autres études, notamment celle réalisée
par Guillaumont Jeanneney et Tapsoba (2011), montrent que les critères de
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convergence de l’UEMOA créent un biais pro-cyclique plus fort de la dépense
publique pendant les récessions que dans les autres pays africains. De même,
Ary Tanimoune et al. (2008) mettent en évidence l’existence d’un effet de
seuil de l’effort budgétaire sur l’output gap conditionnellement au taux d’en­
dettement public des pays de l’UEMOA. Cette dernière étude semble assez
proche de la problématique de cet article. Mais elle s’en écarte toutefois dans
la mesure où elle évalue l’effet global des politiques budgétaires sur le produit
intérieur brut, et non pas l’effet des critères de convergence sur la croissance
économique. Par ailleurs, elle porte uniquement sur les pays de l’UEMOA,
dont les caractéristiques économiques se distinguent fortement de celles des
pays de la CEMAC.
À la suite de cette introduction, la structure de cet article se présente
comme suit. La seconde section expose la méthodologie adoptée en apportant
les justifications théoriques au choix du modèle et les différentes variables,
présente les données, les traitements qui ont été apportés ainsi que les tests
réalisés. La troisième section présente et analyse les résultats des différentes
estimations. La quatrième, quant à elle, conclut et souligne les mesures de
politiques économiques pour les différents acteurs de la CEMAC.
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 53

2 MÉTHODOLOGIE

La méthodologie sera déclinée en deux temps. Premièrement, nous présen­


tons la spécification du modèle et ses fondements théoriques. Deuxièmement,
les différentes variables sont justifiées, les données ainsi que les tests appro­
priés présentés.

2.1 Spécification théorique et dérivation de la forme


estimable
Pour évaluer l’impact de la mise en place des critères de convergence sur la
croissance économique des pays membres de la CEMAC, nous nous inspirons
du modèle de Mankiw et al. (1992). C’est un modèle de croissance de Solow
(1956), augmenté du capital humain. L’éducation est assimilée à un capital
faisant l’objet d’une accumulation comme dans le modèle de Lucas (1988).
La production a trois usages. Elle est tout d’abord considérée comme un
investissement classique, ensuite comme une dépense en éducation et enfin
comme une dépense de consommation. Il existe dans le modèle de Mankiw
et al. (1992) deux variables intensives : le capital physique par travailleur et le
capital humain par travailleur, induisant une source supplémentaire d’hétéro­
généité des taux de croissance. C’est donc une fonction de production avec
deux stocks de capital au lieu d’un. Mankiw et al. (1992) montrent que leur
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fonction de production augmentée du capital humain permet également de
rendre compte de façon satisfaisante des écarts de revenu par habitant, tou­
jours en contrôlant (ou en éliminant) l’influence du taux d’épargne et de la
croissance démographique. Enfin, les écarts de capital humain, ajoutés aux
écarts de capital physique par tête, permettent de rendre compte empirique­
ment des écarts de revenu par habitant. Dans ce modèle, les rendements mar­
ginaux restent décroissants dans chacun des deux stocks de capital (physique
et humain), ce qui suffit pour conserver les conclusions de Solow sur le rattra­
page (conditionnel) des économies.
La forme canonique du modèle de Mankiw et al. (1992) est spécifiée de la
manière suivante :
Y = AKαHβL1 – (α + β)eε(1)
Y est le PIB en volume, K le capital physique, H le capital humain, L le travail.
A représente le progrès technique, supposé neutre. ε est une perturbation aléa­
toire. La forme log-linéaire du modèle (1) est donnée par :
Log(Y) = Log(A) + αLog(K) + βLog(H) + γLog(L) + ε(2)
54 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

où γ = 1 – (α + β)
Cette équation est ensuite spécifiée en panel, puisque l’article porte sur un
ensemble de pays (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République
centrafricaine et Tchad). À cet effet, en considérant les dimensions temporelle
et individuelle, on retient la forme suivante :
Log(Y)it = α0 + α1Log(K)it + α2Log(H)it + α3Log(L)it + φi + μt + εit(3)
où α0 est le logarithme du progrès technique. Sous cette spécification, φi est
l’effet fixe pays, μt l’effet fixe temporel et εit le reste de la perturbation.
Dans les travaux empiriques, l’équation (3) est rarement estimée sous
cette forme. Elle est généralement augmentée des variables de contrôle ou
d’intérêt, dans l’optique de capter certains effets spécifiques. Dans le cadre de
cet article, le modèle de base est augmenté premièrement de deux variables
muettes qui capturent la mise en place des dispositifs de surveillance multi­
latérale dans la CEMAC, et deuxièmement de quatre variables dyadiques qui
capturent le respect des critères de convergence. L’objectif ici n’est pas de
mesurer la vitesse de convergence dans la CEMAC, mais d’apprécier comment
la mise en œuvre des critères de convergence et l’effort réalisé par les pays en
matière de respect de ces critères ont impacté la croissance économique. À cet
effet, la démarche adoptée procède en deux temps.
Dans un premier temps, nous essayons de savoir si la mise en œuvre des
critères de convergence, réalisée en 1994 et 2001, a structurellement eu un
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impact positif et significatif sur la croissance observée dans les différents pays
de la CEMAC. Il convient de rappeler que les premiers critères de convergence
ont été adoptés en 1994 avec la création de la CEMAC, et redéfinis en 2001
dans le cadre du Pacte de convergence et de croissance. La prise en compte de
ces deux réformes est captée par deux variables muettes, Dum1994 et Dum2001
respectivement. Elles prennent la valeur 0 avant 1994 (respectivement 2001),
et la valeur 1 après 1994 (respectivement 2001). Cette approche, qui capte
l’effet global de la mise en œuvre des réformes sur la croissance économique,
est modélisée dans l’équation (4)14 ci-après :
yit = α0 + α1kit + α2hit + α3lit + α4Dum1994 + α5Dum2001 + φi + μt + εit(4)
Dans un deuxième temps, nous captons l’effet du respect de chaque cri­
tère par les pays sur leur sentier de croissance. Cet article retient pour la

14
Il faut relever à ce niveau qu’une variable muette capte toutes les modifications
intervenues dans l’année considérée. En particulier, s’agissant de l’année 1994, on
pourrait inclure dans cette variable la création de la CEMAC et la dévaluation du
franc FCA.
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 55

modélisation les quatre critères de convergence présentés dans l’introduction,


à cause de leur prééminence (généralement considérés comme les critères de
premier rang)15 et de l’évaluation qui en est faite chaque année (disponibilité
des données). Il s’agit du critère de l’inflation (C1), du critère du solde budgé­
taire de base hors dons (C2), du critère d’endettement (C3) et du critère de la
non-accumulation des arriérés de paiement (C4). Cette approche, qui s’avère
plus fine, attribue la valeur 1 au critère si celui-ci est respecté par un pays
donné pour une année donnée, et 0 sinon. La spécification retenue pour capter
ces effets spécifiques liés aux critères est alors la suivante :
yit = α 0 + α1kit + α2hit + α3lit + α4C1,it + α5C2,it + α6C3,it + α7C4,it + (5)
φi + μt + εit
Les données sur les critères de convergence de 1994 à 2001 n’étant pas
disponibles, nous retenons par conséquent la période allant de 2001 à 2013.

2.2 Présentation des variables, description des données


et tests de diagnostic
Trois groupes de variables sont utilisés dans cet article. Le premier est compo­
sé uniquement du taux de croissance économique qui est la variable endogène,
notée y. Il est mesuré comme le taux de pourcentage annuel de croissance
du PIB au prix du marché. Il peut, selon Romer (2001), être mis en relation
avec les autres variables traditionnelles du modèle de croissance. Toutefois,
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à cause de la volatilité de cette variable, nous retenons finalement le taux de
croissance du PIB par tête. Le deuxième groupe est constitué de variables
explicatives traditionnelles du modèle de croissance. Il s’agit : (i) du capital
physique (k), mesuré par la formation brute de capital, encore appelée inves­
tissement intérieur brut16; (ii) du capital humain (h), mesuré par le taux brut
d’inscription scolaire. Il correspond au pourcentage de la population ayant été
inscrite à un niveau d’études – ici le secondaire – au moment où les personnes
se sont retrouvées dans le groupe d’âge correspondant au niveau d’étude en
question. La mesure de cette variable est largement discutée dans la littéra­
ture. Contrairement aux approches qualitatives qui fournissent des résultats
moins biaisés, cette mesure postule que le rendement d’une année d’éducation

15
L’article 1er de la directive du 3 août 2001 présente les critères de convergence
comme « des variables macroéconomiques dont le non-respect peut entraîner
l’adoption par le Conseil des ministres d’une directive à l’encontre de l’État membre
concerné lui demandant d’élaborer et de mettre en œuvre un programme d’ajuste-
ment approprié ».
16
Selon la Banque mondiale, elle consiste en des dépenses pour des ajouts aux immo­
bilisations corporelles de l’économie, plus les variations nettes des inventaires.
56 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

est le même dans les pays (Altinok, 2006 ; Hanushek et Woessmann, 2007) ;
(iii) du travail (l), mesuré par la proportion de la population active17 par
rapport à la population totale. Enfin, le troisième groupe est constitué de la
variable d’intérêt, relative à la mise en place des dispositifs de surveillance
multilatérale de 1994 et de 2001 et au respect des critères de convergence. Elle
est mesurée comme une variable muette. Dans sa construction structurelle
(modèle 4), elle est capturée par deux muettes qui prennent la valeur 1 avant
1994 et avant 2001, et 0 après ces deux dates. Dans sa considération spécifique
au respect des critères (modèle 5), elle est égale à 1 en t si, à cette date, le
pays j a respecté le critère i donné, et 0 sinon.
Tableau 1 : Statistiques descriptives des variables

Écart-
Variables Obs. Moyenne Minimum Maximum
type

Taux de croissance
228 2,2224 13,5862 -37,2849 141,6418
du PIB par habitant
Capital physique (k) 229 32,5747 33,3955 2,7328 219,0694
Capital humain (h) 149 42,0020 160,4692 2,38 1976
Population active (l) 234 52,8783 2,5156 48,0764 60,2279
Taux d’ouverture (To) 232 100,925 83,9811 20,06 531,74
Lignes téléphoniques (lnTel) 234 9,2478 1,4260 6,2146 13,5911
Volume des crédits (Cred) 224 11,6718 7,5717 2,0972 38,2327
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Profondeur financière (Pf) 224 16,7168 4,9750 5,7354 39,8143
Inflation (Inf) 195 4,7904 8,4271 -17,64 42,4396
Volume des réserves (lnRes) 221 18,2689 2,1121 10,6167 22,4533
Croissance de la masse monétaire
223 13,1808 21,2225 -51,9852 139,537
(CMM)

Source : auteurs.

Les données sont extraites de deux principales bases : le World Develop­


ment Indicators de la Banque mondiale pour les variables quantitatives, la
BEAC et les différents rapports de la surveillance multilatérale de la CEMAC
pour les données sur la convergence. Deux périodes différentes sont retenues
dans cette étude, à savoir la période 1975-2013 pour l’effet structurel et la pé­
riode 2001-2013 pour l’effet spécifique au respect des critères de convergence.

17
La population active totale comprend les personnes âgées de 15 ans et plus (géné­
ralement 64 ans, qui est l’âge de départ à la retraite), correspondant à la défi­
nition de la population active économiquement de l’Organisation internationale
du travail. Cette définition comprend à la fois les travailleurs et les demandeurs
d’emploi.
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 57

Les statistiques descriptives des différentes variables quantitatives (incluant


celles du test de robustesse) sont synthétisées dans le tableau 1.
La validité d’une étude en panel nécessite la réalisation de certains tests
de diagnostic, dans l’optique de garantir la robustesse des résultats. Dans ce
papier, nous effectuons particulièrement les tests de racine unitaire, d’endogé­
néité et de validité des instruments, la méthode des variables instrumentales
étant choisie pour l’estimation des modèles. S’agissant de la stationnarité en
particulier, plusieurs tests sont utilisés pour les données de panel18, leur perti­
nence dépendant de la nature de l’échantillon et/ou des données. Ainsi, en pré­
sence d’un échantillon non cylindré, d’un nombre d’années trop grand par rap­
port au nombre de pays (ce qui est le cas dans cet article où T = 39 et N = 6),
c’est le test de Fisher qui est généralement indiqué (Choi, 2001). Ce test est
spécifié suivant plusieurs lois, à savoir l’inverse du Khi-Deux, l’inverse de la
loi de Gauss, le logit inversé et l’inverse modifié du Khi-Deux. En adoptant une
spécification avec tendance et dérive (constante), nous obtenons les résultats
reportés dans le tableau 2. Ces résultats montrent que toutes les variables sont
globalement stationnaires en niveau selon toutes les spécifications.
Tableau 2 : Tests de racine unitaire des variables quantitatives

Tests y k h l To lnTel Crédits Pf Inf lnRes

Inverse 102,57 34,08


***
23,59
***
36,18**
48,44 ***
19,10 35,14
***
39,85 114,61 53,63***
* *** *** ***

χ2 (0,0000) (0,0007) (0,0231) (0,0003) (0,0000) (0,0861) (0,0004) (0,0001) (0,0000) (0,0000)
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Inverse -8,48*** -3,43*** -1,48* 0,03 -5,04*** -0,86 -3,89*** -4,01*** -9,24*** -4,48***
normal (0,0000) (0,0003) (0,0683) (0,5138) (0,0000) (0,1936) (0,0000) (0,0000) (0,0000) (0,0000)
Inverse -11,71*** -3,65*** -1,71** -1,66* -5,49*** -0,89 -3,92*** -4,30*** -13,09*** -5,90***
logit (0,0000) (0,0004) (0,0478) (0,0535) (0,0000) (0,1891) (0,0002) (0,0001) (0,0000) (0,0000)
Modified 18,48*** 4,50*** 2,36*** 4,93*** 7,43*** 1,44* 4,72*** 5,68*** 20,94*** 8,49***
inv. χ2 (0,0000) (0,0000) (0,0090) (0,0000) (0,0000) (0,0736) (0,0000) (0,0000) (0,0000) (0,0000)

Note : ***, ** et * : significatif à 1 %, 5 % et 10 % respectivement.


Source : auteurs.

Par ailleurs, le modèle de croissance, dans sa spécification empirique, pose


un problème d’endogénéité lié au fait que la plupart des variables explicatives
sont corrélées au terme d’erreur. Dans ce contexte, l’utilisation des moindres
carrés ordinaires sur données empilées ou des estimateurs tels que ceux des
effets fixes et/ou des effets aléatoires conduisent à des résultats généralement
biaisés. Pour corriger efficacement un tel biais, l’on fait généralement recours
à l’estimateur GMM en différences premières d’Arellano et Bond (1991), ou
GMM en système de Blundell et Bond (1998). Toutefois, ces estimateurs ne

18
Voir par exemple Levin et al. (2002), Im et al. (2003), etc.
58 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

sont robustes que lorsque le nombre d’individus ou de pays (N) est supérieur
au nombre d’années (T) (Roodman, 2007). L’échantillon étant constitué des
6 pays de la CEMAC et l’étude couvrant la période 1975-2013, il paraît alors
évident que l’application d’une telle méthode aboutisse à des résultats peu
concluants. Pour contourner cette contrainte, on pourrait également être
amené à estimer le modèle sur des sous-périodes (où T = 5 ans par exemple),
notamment avant et après la date de la réforme dans l’optique de capter l’effet
structurel. Mais étant en présence d’un échantillon non cylindré, le nombre
d’observations requis pour une étude économétrique ne serait pas toujours
garanti. Bien plus, l’effet structurel étant capté par une variable dummy, la
probabilité d’observer une multicolinéarité parfaite entre cette variable et le
terme constant serait très forte ; ceci parce que les pays de l’échantillon sont
tous membres de la même zone d’intégration, et ont la même référence en
ce qui concerne la date de prise en compte de l’effet structurel (année de la
réforme). Une dernière solution est d’augmenter le nombre de pays et de cap­
ter l’effet recherché à l’aide d’une autre variable dummy. Mais la construction
d’une telle variable est impossible, car l’effet recherché, qui s’apparente à un
break structurel, ne couvre pas toute la période d’étude.
Pour toutes ces différentes raisons, nous recourons à l’estimateur des
variables instrumentales (IV), qui s’apparente à l’estimateur des doubles
moindres carrés (2MC). Ce dernier est efficace lorsque l’on soupçonne un biais
d’endogénéité, et lorsque le modèle est non cylindré sous sa spécification en
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données de panel. Toutefois, des questions relatives à l’identification du mo­
dèle, au repérage des variables endogènes, au choix des instruments ainsi qu’à
leur validité restent toujours largement discutées.
L’identification des variables endogènes est faite à partir du test de Durbin
(1954), Wu (1973) et Hausman (1978) et la validité des instruments à partir
du test de Sargan (1958). Ainsi, en soupçonnant le capital physique (Romer,
1986) et le capital humain (Lucas, 1988) comme étant des variables endogènes
dans la relation de croissance, la statistique de Fisher, issue du test de Durbin-
Wu-Hausman, est égale à 0,24, avec une p-value de 0,7835. Ce résultat conduit
au rejet de l’hypothèse d’exogénéité. Ces variables sont ensuite instrumentées
par leurs différences premières. Quant au test de Sargan, il renseigne qu’on
ne peut pas rejeter la validité des instruments choisis au seuil de 1 %.

3 RÉSULTATS ET INTERPRÉTATION

À partir des modèles (4) et (5) spécifiés ci-dessus, nous estimons deux types
d’effets : un effet structurel et des effets spécifiques.
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 59

3.1 Estimation de l’effet structurel


Pour capter l’effet structurel de la surveillance multilatérale dans la CEMAC,
nous appliquons l’estimateur des variables instrumentales sur un panel formé
des six pays de la CEMAC couvrant la période 1975-2013, avec prise en compte
des conditions initiales des pays (PIB par tête de 1975). Nous régressons à cet
effet, pour le modèle de base, le taux de croissance du PIB (y) sur le capital
physique (k), le capital humain (h) et la main-d’œuvre (l). Les deux variables
d’intérêt sont DUM1994 et DUM2001, le capital physique et le capital humain
ayant été instrumentés par leurs différences premières. Ces variables d’intérêt
captent l’effet structurel des réformes budgétaires intervenues en 1994 et 2001.
Les résultats de l’estimation, qui sont contrôlés par les variables muettes tem­
porelles, conduisent à deux principaux enseignements (voir tableau 3).

Tableau 3 : Effet structurel des critères de convergence sur la croissance en zone


CEMAC

Variable explicative : taux de croissance du PIB par tête (y)

[1] [2] [3] [4] [5] [6]


Constante 11,3885 71,7570 -8,3277 75,1069** -3,3101 71,7570**
(0,21) (2,32)** (0,805) (2,41) (-0,10) (2,32)
k 0,3434*** 0,2623*** 0,3340*** 0,2623*** 0,3340*** 0,2623***
(6,02) (8,51) (6,65) (8,51) (6,65) (8,51)
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h -0,0014 -0,0010 -0,0010
(-0,03) (-0,02) (-0,02)
l -0,2738 -1,2153 -0,0619 -1,215*** -0,0619 -1,215***
(-0,36) (-3,05) (-0,13) (-3,05) (-0,13) (-3,05)
PIBPT_1975 -0,0020** -0,0005 -0,0019** -0,0005 -0,0019** -0,0005
(-2,34) (-0,64) (-2,33) (-0,64) (-2,33) (-0,64)
DUM1994 6,1724 5,3666 -5,0176 3,3498
(0,96) (0,54) (-0,75) (0,51)
DUM2001 11,1902* 2,0167 11,1902* 2,0167
(1,65) (0,21) (1,65) (0,21)
Observations 112 209 112 209 112 209
R within
2
0,4990 0,3838 0,0643 0,3838 0,4965 0,3838
R between
2
0,9967 0,9981 0,4568 0,9981 0,9964 0,9981
R2 overall 0,6000 0,4527 0,1230 0,4527 0,5975 0,4527
Wald chi2[1] 104,94 132,16 105,64 132,16 105,31 132,16
Prob> chi2 [0,0000] [0,0000] [0,2416] [0,0000] [0,0034] [0,0000]

Note : les nombres entre parenthèses sont les Z-stat.


, et * : significatif à 1 %, 5 % et 10 %.
*** **

Source : auteurs.
60 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

En premier lieu, les variables traditionnelles donnent des résultats ambi­


gus par rapport aux prédictions théoriques. En effet, si le stock de capital
explique positivement le taux de croissance des économies de la CEMAC,
le capital humain (lorsqu’il est pris en compte), a en revanche tendance à
le détériorer. L’une des explications possible serait liée à la qualité même
de cette variable dans le contexte des pays de l’échantillon considéré. Ainsi,
d’une manière générale, les pays d’Afrique sub-saharienne présentent, par
rapport à la moyenne mondiale, des structures d’éducation et de formation
de qualité médiocre, caractérisées par un faible ratio enseignants/élèves. À
titre d’exemple, la Banque mondiale (2003) estime, à partir d’une enquête
effectuée au Cameroun, qu’environ 29 % d’adultes (22-44 ans) ne savent ni
lire, ni écrire. Ce retard a tendance à s’accumuler et à se répercuter sur le
niveau général de l’éducation et donc sur la productivité de la main-d’œuvre.
Des résultats similaires expliquant le lien négatif entre le capital humain et
la croissance ont été obtenus dans la littérature empirique (Lau et al., 1991 ;
Pritchett, 2000 ; Islam, 1995). En particulier, estimant les effets de l’éduca­tion
par niveau scolaire pour cinq régions, Lau et al. (1991) trouvent que le niveau
primaire a un effet négatif en Afrique et dans les pays du Moyen-Orient et
d’Afrique du Nord, est non significatif en Asie du Sud et en Amérique Latine,
et positif seulement en Asie de l’Est. Une explication théorique de ce résultat
a été proposée par Altinok (2006), Hanushek et Woessmann (2007). En effet,
selon ces auteurs, l’idée qu’une année d’éducation dans un pays donné pro­
cure un rendement identique dans un autre pays n’est pas toujours vérifiée
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(cas des pays riches et des pays pauvres). Ainsi, les travaux empiriques qui
prennent en compte les indicateurs quantitatifs de l’éducation aboutissent à
des résultats biaisés, dans le sens où ils considèrent le capital humain comme
un facteur de production homogène. Une autre explication (empirique) est
liée à la sophistication des techniques d’estimation, comme cela est le cas
dans cet article. Plus surprenant encore, ces techniques démontrent que
l’éducation agit négativement sur le revenu agrégé, et parfois de façon très
significative (Gurgand, 2006). La main-d’œuvre (population active) se pré­
sente comme un facteur déprimant la croissance dans la CEMAC. Toutefois,
elle est non significative lorsqu’elle est conjointement prise en compte avec le
capital humain.
En second lieu, les règles budgétaires de la surveillance multilatérale,
adoptées en 1994 puis modifiées en 2001, n’ont pas fondamentalement favo­
risé la croissance dans la sous-région. Si l’effet semble élevé et positif, il est
cependant non significatif, comme le montre la spécification la plus complète
(estimation [6]) qui prend en compte conjointement les deux réformes, le capi­
tal humain ayant été exclu à cause de l’absence d’observations. Ce résultat
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 61

confirme celui d’Ary Tanimoune et Plane (2005), qui trouve dans le cas de
l’UEMOA un effet incertain du Pacte de convergence sur les performances
des pays membres.
L’estimation de l’effet structurel peut sembler excessif et contre-intuitif
puisque l’on modélise la convergence comme une variable globale qui tient
simplement compte d’un changement de situation. À cet effet, nous essayons
d’affiner l’analyse en mettant en évidence les effets du respect par les États
membres des critères de convergence pris individuellement sur la croissance
économique.

3.2 Estimation des effets spécifiques des critères


de convergence
Afin de capter l’effet spécifique de chaque critère de convergence, nous es­
timons le modèle (5). Pour cela, nous retenons, en fonction de la disponi­
bilité des données sur les critères de convergence, la période 2001-2013 (la
prise en compte des conditions initiales des pays ici fait référence au PIB
par tête de 2001). En procédant à une estimation par la méthode IV comme
précédemment, nous obtenons les résultats consignés dans le tableau 4. Ces
derniers montrent que le stock de capital physique, lorsqu’il est significatif,
tend à détériorer la croissance économique dans la CEMAC. Ce signe pour­
rait se justifier non seulement par l’absence, mais bien plus par la qualité
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du capital disponible. Selon qu’il soit physique (infrastructures) ou financier
(crédits), la qualité du capital (mauvais état des infrastructures de trans­
port et de communication par exemple) ainsi que son accessibilité (ration­
nement de crédit dans un contexte de surliquidité bancaire) ne garantissent
pas une croissance élevée et durable dans la sous-région. En revanche, la
main-d’œuvre potentielle se présente comme un moteur de croissance dans la
CEMAC. Main-d’œuvre qualifiée ou non, ce facteur, qui est le plus abondant
dans cette sous-région, conforte la théorie des dotations factorielles, malgré
le renouvellement de la théorie du commerce international, et s’impose tou­
jours dans une certaine mesure comme un fondement de l’explication de la
spécialisation de certains pays en développement. Toutefois, en considérant
individuellement les critères de convergence, quatre enseignements peuvent
se dégager.
Le respect du critère d’inflation a un effet positif mais non significatif
sur la croissance économique (estimation A). Cet effet devient très faiblement
significatif au seuil de 10 % en l’absence du capital humain, lequel s’avère être
un gros « consommateur » de degrés de liberté, réduisant considérablement
62 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

la taille de l’échantillon (estimation B). Mais ce respect ne résulte pas systé­


matiquement de la mise en œuvre de politiques spécifiques destinées à conte­
nir les pressions inflationnistes. En effet, l’évolution de l’inflation semble
davantage influencée par la transmission des fluctuations des prix interna­
tionaux sur les marchés des matières premières et des chocs internes exo­
gènes tels que la sécheresse. Par ailleurs, la Banque centrale ne dispose pas
d’instruments appropriés pour contrôler l’inflation, surtout lorsque celle‑ci
semble provenir des dépenses budgétaires. De plus, le seuil de 3 % ne cor­
respond pas au taux d’inflation optimal, selon de nombreux auteurs (Sarel,
1996 ; Khan et Senhadji, 2001 ; Combey et Nubukpo, 2008 ; Bikai et Kamgna,
2012). Toutefois, il convient de relever que la stabilité monétaire et financière,
objectif de la Banque centrale, peut affecter indirectement la croissance éco­
nomique. Elle permet par exemple aux activités productives de bénéficier d’un
environnement stable et porteur de prospérité. Ainsi, dotés de structures et
de perspectives financières solides, les opérateurs économiques, qui consti­
tuent ainsi de meilleurs risques pour les établissements de crédit, sont plus
disponibles pour solliciter l’appui des banques, qui peuvent éventuellement
combler leurs besoins de liquidité en recourant aux guichets de la BEAC dans
le cadre de sa politique de refinancement. Il apparaît en conséquence qu’une
inflation modérée et faiblement volatile est un des déterminants de la crois­
sance économique et du financement des économies.
Le respect du critère du solde budgétaire de base hors dons a tendance à
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exercer un effet dépressif sur l’activité des économies de la CEMAC (estima­
tions C et D). Ce critère contraint les États à plus d’austérité dont l’objectif,
à terme, est de dégager une épargne budgétaire et de garantir la qualité de
la dépense publique. Il encourage également les politiques budgétaires pro-
cycliques, ce qui accentue la volatilité des cycles (Guillaumont Jeanneney et
Tapsoba, 2011).
Toutefois, le niveau critique nécessaire pour stimuler significativement la
croissance économique n’est pas encore atteint. Dans plusieurs États, cette
politique d’austérité se traduit par la baisse des dépenses d’investissement et
même de consommation, ce qui conduit à un sous-investissement en infras­
tructures de base, et donc à une fragilisation de la dynamique de croissance et
du système productif (Ary Tanimoune et Plane, 2005).
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Tableau 4 : Effets spécifiques des critères de convergence sur la croissance économique en zone CEMAC

Variable explicative : taux de croissance du PIB par tête (y)

Est. A Est. B Est. C Est. D Est. E Est. F Est. G Est. H Est. I Est. J
*** * * * ***
Constante -142,952 38,1115 -211,607 -3,4157 -162,103 -19,2796 -176,913 -2,3631 -153,010 8,6618
(-1,71) (0,89) (-3,29) (-0,09) (-2,88) (-0,53) (-2,69) (-0,06) (-1,85) (0,20)
k -0,3829 0,0756 -0,6684* -0,0042 -0,4281* -0,0643 -0,4173** 0,0328 -0,5369** -0,0361
(-2,14) (1,22) (-2,76) (-0,06) (-2,72) (-0,96) (-2,29) (0,47) (-2,16) (-0,47)
h -0,3607** -0,2175 -0,2427*** -0,3375** -0,1886
(-2,55) (-1,31) (-1,82) (-2,21) (-1,09)
l 2,2797** 0,1068 3,0910* 0,5202 2,2927* 0,4486 2,5742* 0,4149 2,2808** 0,2874
(2,13) (0,19) (3,40) (0,97) (2,87) (0,91) (2,78) (0,74) (2,16) (0,53)
PIBPT_2001 0,0028 0,0014 0,0013 0,0003 0,0015 0,0006 0,0020 0,0005 0,0016 0,0013
(1,54) (1,46) (0,90) (0,36) (1,21) (0,79) (1,38) (0,56) (0,80) (1,33)
Inflation 2,2670 3,7566*** 1,2898 3,0009
(0,65) (1,80) (0,30) (1,39)
Solde budgétaire -6,3785 -3,0194 -3,4158 -1,3597
de base (-1,50) (-1,40) (-0,64) (-0,58)
Endettement -8,2007** -8,9732* -6,2667 -7,4351**
public total (-2,14) (-3,36) (-1,14) (-2,33)
Arriérés -0,9144 -0,8758 -0,6797 1,1774
de paiement (-0,31) (-0,42) (-0,23) (0,57)
Observations 32 67 32 67 32 67 32 66 32 66
R2 within 0,6912 0,4457 0,7115 0,4212 0,7476 0,5081 0,6721 0,4050 0,7684 0,5336
R2 between 0,9968 0,8436 0,9957 0,8953 0,9989 0,9381 0,9943 0,8742 0,9967 0,9191
R2 overall 0,7721 0,4871 0,7875 0,4713 0,8155 0,5534 0,7565 0,4570 0,8300 0,5735
Wald chi2 38,89 47,34 52,10 44,33 61,04 60,66 35,95 40,97 52,19 61,43
Prob> chi2 [0,0019] [0,0001] [0,0000] [0,0003] [0,0000] [0,0000] [0,0047] [0,0009] [0,0001] [0,0000]
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC

Note : les nombres entre parenthèses sont les Z-stat.


*** **
, et * : significatif à 1 %, 5 % et 10 %.
Source : auteurs.
63

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64 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

Le respect du critère de la dette publique est négativement corrélé à la


croissance dans la CEMAC (estimations E et F), privant les différents pays
des ressources pour répondre aux énormes besoins d’investissements. En
effet, respecter le seuil d’endettement se traduit certes par un service de la
dette moins important vis-à-vis des bailleurs de fonds, donnant plus d’oppor­
tunités aux États quant à la capacité de financement des activités locales.
Mais, il convient toutefois de relever qu’un endettement excessif peut se tra­
duire par un détournement d’activité, sous la forme d’un effet d’éviction tra­
duisant le risque de réaction des anticipations des ménages suite à un déficit
non anticipé. Le théorème dit d’« équivalence ricardienne », encore appelé
théorème « Ricardo-Barro », a popularisé les mécanismes psychologiques de
réaction des ménages face à un déficit financé par l’endettement. Un argu­
ment de poids, en vogue au cours des années récentes, est la « Fiscal Theory
of Price Level » (FTPL), selon laquelle le déficit budgétaire et l’endettement
non anticipé qui lui est associé entraineraient une hausse du niveau général
des prix.
Enfin, le critère des arriérés de paiement reste également non significa­
tif (estimations G et H). En effet, les arriérés de paiement sont un signal du
manque de crédibilité du gouvernement à faire face à ses engagements. Or,
dans la plupart des pays de la CEMAC, l’économie est structurée autour des
marchés publics qui alimentent les petites et moyennes entreprises, lesquelles,
toutes choses étant égales par ailleurs, sont supposées créer de la valeur ajou­
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tée. Même s’il existe un débat quant à leur comptabilisation, il convient toute­
fois de relever que leur accumulation obère la croissance économique, notam­
ment dans certains pays comme la RCA, le Congo et le Tchad.
En captant l’effet des critères dans un modèle unique (estimations I et J),
les résultats ne sont guère améliorés. Seuls les arriérés de paiement restent
faiblement significatifs dans la spécification sans capital humain.
Les estimations « courtes » (2001-2013) évaluent si la croissance est plus
élevée dans un pays l’année où un critère de convergence est respecté. Elles
supposent donc que l’effet est immédiat, et ne s’intéressent qu’aux différences
de croissance entre les pays membres. Elles ne peuvent évaluer l’effet global
du dispositif, car si celui-ci augmentait la croissance moyenne de tous les pays,
cet effet serait capté dans la constante. Pour capturer l’effet propre à chaque
pays, nous calculons le coefficient de corrélation entre le taux de respect du
nombre de critères (pourcentage du nombre de critères respectés sur le total)
par an et le taux de croissance économique dans chaque pays. Les résultats
de cette analyse reportés dans le tableau 5 montrent de manière globale une
absence de relation entre les deux indicateurs, ce qui conforte nos premiers
résultats.
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 65

Tableau 5 : Corrélation entre le taux de respect des critères de convergence et la


croissance

Pays Coefficient P-value Décision


Cameroun -0,0385 0,9005 Non significatif
Centrafrique -0,0716 0,8163 Non significatif
Congo 0,5190 0,0692 Non significatif
Gabon 0,2007 0,5109 Non significatif
Guinée équatoriale -0,6236 *
0,0227 Significatif (mais négatif)
Tchad -0,1575 0,6073 Non significatif

Note : le seuil de significativité choisi est 5 %.


Source : auteurs.

Ces résultats semblent en définitive montrer que la croissance écono­


mique observée d’après les données officielles, manifestement plus forte en
CEMAC que dans l’UEMOA et d’autres régions d’Afrique est, au moins pour
une large part, imputable aux exportations pétrolières et plus généralement
des matières premières qui bénéficient de l’effet prix sur les différents mar­
chés. La place cruciale occupée par le pétrole dans les économies des pays de la
CEMAC est assez bien illustrée dans le tableau 6.

Tableau 6 : Part du pétrole dans le PIB, le budget et les exportations (2014) des
pays de la CEMAC
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PIB Budget Exportations
Cameroun 10 % 20 % 50 %
Congo 50 % 75 % 80 %
Gabon 45 % 50 % 70 %
Guinée équatoriale 85 % 85 % 90 %

Source : DGRIS (2015).

Cependant, il conviendrait de relever qu’au sein de la CEMAC, il existe une


forte hétérogénéité structurelle dans la production pétrolière qui semble bien
évidemment avoir entravé le processus de convergence macroéconomique.

4 ANALYSE DE LA SENSIBILITÉ DES RÉSULTATS

Pour valider la non-significativité de la mise en place des critères de conver­


gence sur la croissance économique dans la CEMAC, nous effectuons deux
tests de sensibilité. Le premier intègre les conditions initiales des pays ainsi
66 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

que certaines variables macroéconomiques. Le second intègre dans les échan­


tillons les pays membres de l’UEMOA. Il est conduit en deux temps : nous
estimons d’abord les effets structurels et spécifiques dans deux modèles dif­
férents (un pour la CEMAC et l’autre pour l’UEMOA), et ensuite les mêmes
effets dans un modèle unique, dans l’optique de capter l’efficacité du disposi­
tif de surveillance multilatérale dans la zone franc africaine globalement en
matière de croissance économique.

4.1 Sensibilité des résultats aux conditions initiales


et aux variables de contrôle
Afin de procéder à la vérification de la stabilité des signes des variables d’inté­
rêt, nous augmentons les modèles (4) et (5) de quelques variables de contrôle.
Il s’agit notamment :
–– du taux d’ouverture (TO), entendu en première approximation comme le
rapport du commerce total de marchandises au PIB (il s’agit de l’ouverture
observée qui se distingue de la politique d’ouverture). Dans la littérature,
le lien ouverture/croissance transite par deux principaux canaux : le canal
des exportations et le canal des importations. En ce qui concerne le premier
canal, les exportations sont une source de revenu qui favorise l’investisse­
ment. Quant au second, les importations peuvent notamment booster la
croissance à travers le transfert de technologies et favoriser le learning by
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doing (Grossman et Helpman, 1992). L’effet attendu est positif ;
–– du nombre de lignes téléphoniques fixes (Tel). C’est une variable proxy
du capital public ou des infrastructures au sens de Barro et Sala-I-Martin
(1990). L’effet attendu est positif, car le développement infrastructurel faci­
lite l’accès aux biens publics, qui présentent des rendements d’échelle et
favorisent des externalités positives vis-à-vis de l’économie ;
–– des crédits à l’économie en pourcentage du PIB (Cred). L’impact des crédits
à l’économie sur la croissance peut être évalué à travers les variations du
taux d’intérêt. Une étude menée par Nubukpo (2002) conclut par exemple
qu’un choc positif sur les taux directeurs de la BCEAO (politique monétaire
restrictive) se traduit par un effet négatif sur la croissance économique.
L’effet attendu serait donc positif ;
–– de la profondeur financière (Pf). Dans la littérature économique, le lien
entre développement financier et croissance économique a conduit à deux
principales conclusions. La première met en évidence l’existence d’une cor­
rélation positive (King et Levine, 1993). La deuxième quant à elle établit
une évolution croissante (par exemple Ravallion [1995], Dollar et Kraay
[2001]). L’effet attendu est positif, car les systèmes financiers apportent le
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 67

financement nécessaire à l’accumulation du capital, et favoriseraient, de ce


fait, la diffusion des nouvelles technologies. Ainsi, un système financier bien
développé est capable de mobiliser l’épargne et de l’orienter vers des inves­
tissements rentables tout en garantissant une forte profitabilité (Bassanini
et Scarpetta, 2001) ;
–– du taux d’inflation (Inf). La relation entre l’inflation et la croissance est
généralement étudiée par l’intermédiaire de l’investissement. À cet effet, la
plupart des travaux montrent que l’investissement pâtit d’une forte inflation
(voir Edey [1994], Bruno et Easterly [1998], etc.). On s’attendrait ainsi à un
effet négatif, en raison de l’augmentation attendue du coût des facteurs ;
–– du volume des réserves (Res). De manière générale, les réserves de change
sont positivement liées à la croissance, car leur accumulation déprécie la
monnaie locale et permet de relancer les exportations (Dooley et al., 2003),
dans la mesure où leur détention peut être considérée comme une forme
de subvention (Jeanne, 2012). De plus, les réserves de change, bien que
coûteuses à court terme, génèrent des gains de productivité à long terme
selon la thèse du learnig by exporting (Korinek et Deven, 2010). L’effet as­
socié à une telle variable serait positif. Il conviendrait de préciser cependant
que la contrepartie de la garantie illimitée accordée au franc CFA par le
Trésor français traduite à travers la centralisation de 50 % des réserves de
change des pays membres de la zone franc dans le « compte d’opérations »,
contraint ces pays à geler une partie importante de leurs ressources, si bien
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que la relation positive entre les réserves de change et la croissance sera
moins robuste dans cet espace économique. Bien plus, en agissant comme
un goulet dans le court terme, cette centralisation pourrait être considé­
rée comme un facteur d’instabilité de par la difficulté potentielle des pays
membres à accéder à des intrants importés ;
–– du taux de change effectif réel (TCER). Une surévaluation significative du
TCER tendra à freiner la croissance économique alors qu’une évolution
contraire aura pour effet de l’accélérer. En d’autres termes, le désajuste­
ment du taux de change (notamment la surévaluation) est considéré comme
néfaste pour la croissance, car il diminue la compétitivité internationale du
pays. Il peut conduire à une réduction de l’efficience économique, à travers
une mauvaise allocation des ressources, une augmentation du capital et un
affaiblissement de la profitabilité dans les industries où les prix relatifs sont
réduits (Edwards, 1988 ; Sekkat et Varoudakis, 1998).
Les conditions initiales sont prises en compte ici, comme le PIB par tête
de l’année initiale, car si certains pays de la CEMAC ont des niveaux de PIB
par tête initial inférieur à un certain seuil, les effets externes ne seront pas
suffisants pour entretenir la croissance.
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Tableau 7 : Sensibilité des résultats aux conditions initiales et aux variables de contrôle macroéconomiques
68

Variable explicative : taux de croissance du PIB par tête (y)

Effets structurels de 1994 et de 2001 Effets spécifiques des critères de 2001


1 2 3 4
Investissement -0,360 0,428 0,496 0,545
(1,888) (2,912) (2,452) (5,161)
Population active -1,256 1,109 6,902** 18,06***
(4,878) (7,376) (2,895) (5,861)
PIBPT_1975 -0,0012 -0,349**
(0,0011) (0,137)
Taux d’ouverture 0,0989*** 0,155*** 0,0039 -0,0018
(0,0227) (0,0310) (0,0296) (0,0600)
Infrastructures 0,789 -2,316 -1,839* 0,104
(1,528) (2,662) (0,993) (1,809)
Crédits à l’économie -0,0986 -0,177 0,0887 -0,416
(0,274) (0,404) (0,434) (0,683)
Profondeur financière -0,496 -0,939** -0,350 -0,799*
Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

(0,361) (0,452) (0,308) (0,483)


Inflation 0,0274 -0,390 0,0532 0,0534
(0,166) (0,377) (0,248) (0,305)
Réserves 0,266 0,852 1,082 -0,400
(0,967) (1,354) (1,381) (1,916)
TCER 0,0168 -0,0654 -0,194** -0,141
(0,0711) (0,101) (0,0938) (0,240)
DUM1994 2,705 -7,784
(7,099) (10,48)

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DUM2001 -2,900 14,34


(4,264) (10,31)
PIBPT_2001 0,0004 0,0383
(0,0009) (0,0302)
Critère inflation 2,336 0,786
(2,022) (2,360)
Critère solde budgétaire -1,880 -0,468
(2,158) (2,481)
Critère dette -6,140 -7,180
(3,828) (4,492)
Critère arriérés 0,155 -0,479
(2,130) (2,650)
Constante -0,503 140,0 3,278 -24,29
(22,62) (94,34) (25,91) (109,9)
Observations 125 125 64 64
R2 0,4134 0,6153 0,4878 0,7022
Wald chi2 78,94 127,96 46,66 82,52
Prob> chi2 [0,0000] [0,0000] [0,0000] [0,0000]
Effets fixes pays Non Oui Non Oui
Effets fixes temps Non Oui Non Oui

Note : les nombres entre parenthèses sont les écarts-types.


***
p < 0.01, ** p < 0.05, * p < 0.1.
Source : auteurs.
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC
69

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70 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

Ainsi, en augmentant les modèles (4) et (5) de ces variables, et en les


­estimant par la même méthode, nous obtenons les résultats reportés dans le
tableau 7. Ils indiquent que malgré la prise en compte des conditions initiales
et des variables macroéconomiques de contrôle, la surveillance multilatérale
n’a pas été favorable à la croissance économique dans la CEMAC. Toutes les
dummies structurelles et celles relatives au respect des critères de conver­
gence sont restées sans effet sur la croissance.

4.2 Sensibilité des résultats en présence des pays


de l’UEMOA
En vue de généraliser les résultats obtenus dans cet article, il semble impor­
tant de les mettre en perspective avec ceux des pays membres de l’UEMOA,
l’autre composante majeure africaine de la zone franc. En effet, les deux
unions monétaires ont adopté les mêmes critères de convergence sensible­
ment à la même période (8 décembre 1999 pour l’UEMOA et 3 août 2001 pour
la CEMAC). Il est donc utile de se demander si la mise en œuvre des dispositifs
de la surveillance multilatérale a produit les mêmes résultats dans les deux
unions. Pour y parvenir, nous re-spécifions les équations (4) et (5), et nous
augmentons l’échantillon avec les pays de l’UEMOA. Nous estimons ensuite
les deux types d’effets étudiés dans cet article, à savoir l’effet structurel (2001
pour la CEMAC et 1999 pour l’UEMOA), capté par la variable « réforme »19
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(tableau 8) sur la période 1975-2013, et les effets spécifiques des critères
­(tableau 9) sur la période 2001-2013.
Le modèle, lorsqu’il est contrôlé par les dummies temporelles20 et estimé
par la méthode des variables instrumentales, fournit des résultats similaires,
à savoir une absence de lien causal entre la mise en œuvre des critères de
convergence et la croissance économique dans les deux unions. Les résultats
sont insensibles aux différentes spécifications (CEMAC, UEMOA, UEMOA
et CEMAC). Le résultat quant à l’effet spécifique des réformes est ambigu.
En effet, aucune spécification du tableau 8 ne montre clairement comment
le respect des critères de convergence pris globalement parvient à expliquer
positivement et significativement la croissance des États membres de la
CEMAC.

19
Elle vaut 0 pour les pays de la CEMAC (UEMOA) avant 2001 (1999) et 1 après.
20
Les estimations faites avec les « dummies pays » n’améliorent guère les résultats,
même s’ils ont tendance à valider la significativité de l’inflation seulement.
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 71

Tableau 8 : Sensibilité des résultats aux réformes de 2001 (CEMAC) et de 1999


(UEMOA)

Variable explicative : taux de croissance du PIB par tête (y)

Sans dummies temporelles Avec dummies temporelles

CEMAC CEMAC
CEMAC UEMOA + CEMAC UEMOA +
UEMOA UEMOA
Constante 58,3481* -13,3722 26,1858* 71,7570** -8,1039 21,4218**
(3,24) (-1,38) (2,73) (2,32) (-0,78) (2,011)
k 0,2292* 0,1311* 0,2073* 0,2623* 0,1159* 0,2051*
(9,23) (3,66) (12,67) (8,51) (3,09) (12,59)
l -1,2173* 0,2357 -0,5840* -1,2153* 0,1069 -0,5794*
(-3,48) (1,25) (-3,10) (-3,05) (0,54) (-3,06)
PIBPT_1975 -0,0003 -0,0034*** -0,0005 -0,0005 -0,0031 -0,0005
(-0,43) (-1,68) (-1,21) (-0,64) (-1,52) (-1,19)
Réformes 3,2699*** 0,3562 1,6909** 2,0167 1,8761 2,6278
(1,92) (0,61) (2,14) (0,21) (0,83) (0,82)
Observations 219 298 517 209 298 517
R within
2
0,2088 0,0511 0,1535 0,3838 0,2467 0,2482
R2 between 0,9635 0,4020 0,9609 0,9981 0,5336 0,9600
R overall
2
0,2900 0,0658 0,2407 0,4527 0,2587 0,3259
Wald chi2[1] 87,40 4,38 162,34 132,16 88,13 77,70
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Prob> chi2 [0,0000] [0,0005] [0,0000] [0,0000] [0,0000] [0,0005]

Note : les nombres entre parenthèses sont les Z-stat.


, et *** : significatif à 1 %, 5 % et 10 %.
* **

Source : auteurs.
72 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

Tableau 9 : Sensibilité des résultats du respect des critères de convergence avec


les pays de l’UEMOA

Variable explicative : taux de croissance du PIB par tête (y)

Sans dummies temporelles Avec dummies temporelles

CEMAC CEMAC
CEMAC UEMOA + CEMAC UEMOA +
UEMOA UEMOA
Constante 73,8449* -9,2846 22,866*** 8,6618 -10,1235 7,5095
(3,32) (-1,09) (1,85) (0,20) (-1,06) (0,61)
k 0,0718 0,0722 0,1237* -0,0361 0,0474 0,1417*
(1,12) (1,51) (3,29) (-0,47) (0,93) (4,07)
l -1,3378* 0,1618 -0,4697** 0,2874 0,1583 -0,2775
(-3,28) (1,02) (-2,02) (0,53) (0,93) (-1,25)
PIBPT_2001 0,0017** -0,0017 0,0006 0,0013 -0,0021 0,0003
(1,96) (-0,91) (1,06) (1,33) (-1,13) (0,56)
Inflation 4,3837* 0,0320 2,0300 3,0009 0,6237 2,5634*
(2,42) (0,06) (0,020) (1,39) (0,97) (2,71)
Solde -1,7636 0,7088 0,0762 -1,3597 0,8459 -0,3002
budgétaire (-0,72) (1,27) (0,08) (-0,58) (1,44) (-0,33)
Dette -7,7768* 0,2218 -2,4531** -7,4351** 0,4120 -1,7979
publique (-2,70) (0,32) (-2,10) (-2,33) (0,54 (-1,46)
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Arriérés 1,7190 0,9410 0,9310 1,1774 1,3304*** 1,4929
(0,80) (1,42) (0,90) (0,57) (1,89) (1,43)
Observations 71 96 167 66 96 167
R within
2
0,2517 0,1646 0,0975 0,5336 0,2972 0,2054
R2 between 0,9242 0,3950 0,6679 0,9191 0,3457 0,6819
R overall
2
0,3446 0,1746 0,1771 0,5735 0,2875 0,2714
Wald chi2[1] 33,12 18,62 30,30 61,43 19,40 33,34
Prob> chi2 [0,0152] [0,0095] [0,0001] [0,0000] [0,3678] [0,0152]

Note : les nombres entre parenthèses sont les Z-stat.


, et *** : significatif à 1 %, 5 % et 10 %.
* **

Source : auteurs.
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 73

5 EXPLICATION DES CONTRE-PERFORMANCES


DU DISPOSITIF DE LA CONVERGENCE
SUR LA CROISSANCE

La convergence des économies implique que celles-ci tendent à s’homogénéi­


ser progressivement. Or, les économies de la CEMAC sont caractérisées par de
profondes hétérogénéités qui réduisent l’efficacité du processus de convergence
(voir graphique 1). Ces hétérogénéités illustrent les difficultés à définir des cri­
tères de convergence communs à tous les pays membres de la CEMAC et à s’ac­
corder sur les seuils optima d’une part, et les difficultés pour des pays subissant
des chocs asymétriques récurrents à respecter des critères identiques d’autre
part. Ces hétérogénéités sont multiples et peuvent se résumer selon deux types :
les hétérogénéités structurelles et les hétérogénéités macroéconomiques.
Parmi les hétérogénéités structurelles, on relève les inégalités de taille de
la population, celles liées aux dotations en ressources naturelles en général et
pétrolières en particulier, qui sont les principales sources de financement des
pouvoirs publics dans cinq des six pays de la zone. En effet, parmi les pays de la
CEMAC, seule la Centrafrique ne tire pas ses ressources publiques de l’exploi­
tation du pétrole. De plus, au sein des pays pétroliers, la dépendance des res­
sources budgétaires au pétrole est très inégale. À titre d’illustration, alors que
la Guinée équatoriale tire plus de 85 % de ses recettes budgétaires du pétrole,
le Cameroun en tire à peine 20 %. Globalement, cette dépendance au pétrole
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ne s’accompagne pas d’une amélioration significative des indicateurs sociaux.
Elle semble au contraire renforcer le déficit démocratique. En effet, sur la base
de la contribution pionnière de Ross (2001), Aslaksen (2010) et Tsui (2010)
montrent que les pays africains producteurs de pétrole sont les moins démocra­
tiques. Plus récemment, Omgba (2015) argue que, parmi les pays producteurs
de pétrole, la distance entre la date du début d’exploitation de cette ressource
et celle de l’accession du pays à l’indépendance est positivement corrélée au
niveau de démocratie qui y prévaut. Il explique ce faible niveau de démocratie
par le temps passé sous la domination coloniale qui favorise le développement
des institutions extractives et la formation d’une élite agissant pour empêcher
les indispensables réformes politiques, même après l’indépendance. À son tour,
ce déficit démocratique génère et entretient les défaillances institutionnelles
qui affectent la gouvernance nationale et se ­répercutent au niveau commu­
nautaire21. Cette situation explique du moins partiellement les contre-perfor­
mances enregistrées en matière de convergence macroéconomique.

21
Il convient de relever que ces différents facteurs expliquent aussi globalement le
déficit de croissance des pays membres de la CEMAC.
74 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

Graphique 1 : Hétérogénéités dans la CEMAC


Écart du PIB par tête à la moyenne en USD Moyenne de l’écart par rapport à la moyenne
(1964-2013) du PIB par tête
20000 3000 2,717.72

15000 2500 2,053.61


2000
10000 1500
5000 1000
500
0
0
1964
1967
1970
1973
1976
1979
1982
1985
1988
1991
1994
1997
2000
2003
2006
2009
2012
-5000 ‐500 CAF TCD CMR COG GNQ GAB
‐1000 ‐727.72
-10000
‐1500 ‐1,107.23
CAF CMR COG
‐1,506.49 ‐1,474.71
GAB GNQ ‐2000

Écart d’inflation à la moyenne en % Moyenne de l’écart par rapport à la moyenne


(1986‑2013) du taux d’inflation

20 1.5
15 0.98
10 1
0.63
5 0.5
0.39
0
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012

‐5 0
GAB CAF TCD CMR COG GNQ
‐10 ‐0.11
‐0.5
‐15
‐20 ‐1
‐0.89
CAF CMR COG
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GAB GNQ TCD ‐1.5 ‐1.24

Écart du taux de change effectif réel Moyenne de l’écart par rapport à la moyenne
(2000‑2013) du TCER
60 30 25.10
25
40
20
20 15
0 10
4.06
5 2.64
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013

‐20 0
‐40 ‐5 CMR CAF GAB TCD COG GNQ
‐10 ‐5.56
CAF CMR COG ‐15 ‐11.12
GAB GNQ TCD ‐20 ‐15.12

Source : auteurs, à partir des données de la Banque mondiale et de la


CNUCED.
Renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique dans la CEMAC 75

Quant aux hétérogénéités macroéconomiques, celles qui peuvent être mises


en évidence au sein de la CEMAC sont potentiellement nombreuses. La forme
la plus analysée est celle qui est liée au mésalignement du taux de change réel
du franc CFA. Dans cette perspective, Couharde et al. (2012) montrent que le
processus d’ajustement des taux de change effectifs réels (TCER) dans la zone
CFA est bien asymétrique, et que cette asymétrie diffère toutefois fortement
selon les pays. Leurs travaux confortent les analyses menées plus tôt par Abdih
et Tsangarides (2010) qui trouvent que, suite à un choc, le retour à l’équilibre
du taux de change s’effectue deux fois moins vite dans la zone CEMAC que
dans la zone UEMOA. De même, Gnimassoun (2012) établit que si les fonda­
mentaux des économies de la zone expliquent essentiellement le mésaligne­
ment observé du franc CFA, celui-ci est également sensible aux fluctuations
de la monnaie d’ancrage que constitue l’euro. Les graphiques ci-dessous vont
dans le même sens que les résultats de ces différents auteurs et montrent que,
dans la CEMAC en particulier, les hétérogénéités macroéconomiques vont au-
delà du TCER et concernent également le PIB par tête ainsi que l’inflation.

6 CONCLUSION

L’objectif de l’article était d’évaluer la contribution à la croissance écono­


mique induite de la mise en œuvre des règles budgétaires de la surveillance
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multilatérale. À cet effet, nous avons utilisé le modèle de croissance développé
par Mankiw et al. (1992) augmenté des différents critères de convergence de la
CEMAC. Nous sommes parvenus à deux principaux résultats : (i) le respect ou
non des règles budgétaires de la surveillance multilatérale, adoptées en 1994
et modifiées en 2001, a été principalement lié à l’évolution de la conjoncture
mais pas au résultat des politiques délibérées mises en œuvre à cet effet et,
de ce fait n’a pas fondamentalement favorisé la croissance économique dans
la sous-région. Si l’effet semble élevé et positif, il reste non significatif ; (ii) en
captant l’effet des critères considérés individuellement dans un modèle global,
les résultats n’ont guère été améliorés.
Nous expliquons les contre-performances du dispositif de convergence
sur la croissance par les profondes hétérogénéités structurelles et macroéco­
nomiques des pays membres. Celles-ci illustrent, d’une part, les difficultés à
définir des critères de convergence communs à tous les pays, et d’autre part,
les obstacles des pays subissant des chocs asymétriques récurrents pour res­
pecter des critères identiques. Ces résultats plaident pour des réformes dont
l’objectif est de renforcer l’efficacité de la convergence macroéconomique au
sein de la CEMAC.
76 Désiré Avom, Amadou Bobbo, Dieudonné Mignamissi

En définitive, la crainte des effets négatifs qu’induirait une éventuelle


crise, du fait du maintien du dispositif actuel, a été suffisante pour faire abou­
tir la nouvelle réforme. Bien plus, l’expérience douloureuse de vingt ans d’ajus­
tement structurel, et les enseignements de la récente crise européenne, ont
également contribué à aplanir les divergences et à faire émerger un consensus
politique ayant facilité la conduite à terme et avec succès de la réforme.
Les études réalisées par le FMI (2014) et Guérineau et al. (2015) ont
constitué des documents de travail intéressants ayant guidé les autorités de
la CEMAC vers l’aboutissement rapide de la réforme. Ces études ont alimenté
et surtout éclairé le débat récurrent sur le choix des critères et des seuils.
Par exemple, et à titre d’illustration, autant il s’est dégagé un consensus sur
le choix du critère d’endettement, autant le seuil à retenir a suscité des réti­
cences de la part des gouvernements. En effet, selon les études réalisées par
le FMI, le seuil d’endettement des pays de la CEMAC varierait de 35 % du
PIB pour la RCA à 50 % pour le Cameroun. Or, à la faveur de l’initiative Pays
pauvres très endettés, la plupart de ces pays ont vu leur taux d’endettement
diminuer en dessous de 20 % du PIB. Alors que le FMI proposait de ramener
le seuil de 70 % actuellement à 50 %, les gouvernements ne se sont pas mon­
trés très favorables à cette proposition à cause de leurs immenses besoins en
ressources, nécessaires pour financer les grands projets d’infrastructure afin
d’acter leur émergence.
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