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Non-linéarité entre inflation et croissance économique :

quels enseignements pour la zone BEAC ?


Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou, Pierre Christian Tsopmo
Dans Revue d'économie du développement 2017/2 (Vol. 25), pages 41 à 62
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 1245-4060
ISBN 9782807390997
DOI 10.3917/edd.312.0041
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 30/10/2023 sur www.cairn.info (IP: 102.30.131.96)

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Non-linéarité entre inflation
et croissance économique :
quels enseignements pour la zone BEAC ?
Non-linearity between Inflation and Economic Growth:
Which Lessons for the BEAC Zone?
Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou*
Pierre Christian Tsopmo*

L’objectif de ce papier est d’estimer le taux d’inflation optimal, défini comme le taux en dessous et
au-delà duquel la croissance économique est affectée, à partir de l’expérience de la BEAC 1. Pour
y parvenir, nous appliquons un modèle Panel Smooth Transition Regression (PSTR) initialement
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développé par González et al. (2005), estimé à partir des données des pays de la BEAC sur la
période 1985-2013. Nos résultats montrent que : (i) le taux d’inflation optimal se situe autour de
4,3 % ; (ii) en deçà de ce seuil, toute augmentation de 1 % de l’inflation induit celle de la crois-
sance économique d’environ 0,28 % ; mais au-delà du seuil, la croissance économique est réduite
de 0,26 % lorsque l’inflation s’accroît de 1 %. Les analyses de sensibilité et l’estimation réalisée
par la méthode GMM montrent que ces résultats sont robustes.

Mots-clés : taux d’inflation optimal, modèle PSTR, politique monétaire.

*
CEREG, Université de Yaoundé II-Soa, Cameroun. Auteur correspondant :
I. M. Mondjeli Mwa Ndjokou. Email : motande@yahoo.fr
Ce papier, dans sa version préliminaire, a été présenté aux 32e Journées inter-
nationales sur la monnaie, la banque et la finance à l’Université de Nice Sophia-
Antipolis les 11 et 12 juin 2015. Les auteurs tiennent à remercier le rapporteur
anonyme de la Revue d’économie du développement pour ses pertinentes critiques
et suggestions qui ont permis d’améliorer considérablement la forme et le fond de
ce papier. Ils remercient également Désiré Avom, Kobou Georges, Amadou Bobbo,
Mvondo Émile Thierry, Mignamissi Dieudonné pour leurs contributions diverses
au cours de la rédaction de ce papier. Ils restent toutefois responsables des erreurs
et omissions qui pourraient encore subsister dans le texte.
1
Le sigle BEAC signifie Banque des États de l’Afrique centrale ; c’est une banque
centrale commune à six pays : le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, la
République du Congo, le Tchad et la République centrafricaine.

DOI: 10.3917/edd.312.0041 41
42 Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou et Pierre Christian Tsopmo

The purpose of this paper is to estimate the optimal inflation rate, defined as the threshold level
below and above which inflation affects economic growth, from the experience of the BEAC. For
this purpose, we use panel data over the period 1985-2013. Relying upon the estimation of Panel
Smooth Transition Regression (PSTR) model inspired from González et al. (2005), our main find-
ings are the following. (i) The optimal inflation rate is around 4.3 %. (ii) Below the threshold, an
increase of 1% of inflation enhances growth by 0.28%. Over the threshold, a one percent increase
in inflation leads to a reduction of 0.26% in growth. These results are robust with respect to sen-
sitivity analyzes and GMM estimation.

Keywords: Inflation-growth relation, Optimal inflation threshold, PSTR


model.
Codes JEL : E31 C23.
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Non-linéarité entre inflation et croissance économique 43

1 INTRODUCTION

L’un des objectifs principaux de la majorité des banques centrales à travers le


monde est la recherche de la stabilité des prix. Malgré la pluralité des objectifs,
la stabilité des prix a émergé et s’est imposée à la faveur de solides travaux théo-
riques et empiriques (Kydland et Prescott, 1977 ; McCandless et Weber, 1995).
La maîtrise de l’inflation contribue à accroître le potentiel de croissance d’une
économie. Toutefois, une inflation faible peut avoir des effets contreproductifs
(Vinayagathasan, 2013). Les banques centrales se heurtent donc à un réel défi
lorsqu’il faut concilier faible niveau d’inflation et croissance économique élevée
(Ibarra et Trupkin, 2016). Ce dilemme est plus prononcé dans les pays en déve-
loppement (PED) et particulièrement les pays africains, qui ont enregistré au
cours des deux dernières décennies des taux de croissance positifs.
En effet, le produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique au Sud du Sahara
(ASS) s’est accru de près de 5 % par an en moyenne depuis 2000 (Devarajan
et Fengler, 2013). Mais la pérennité de cette croissance économique peut être
remise en cause en raison de la forte dépendance de ces pays à l’évolution
favorable des cours des matières premières, notamment celle du prix du pé-
trole. Cette situation semble mieux refléter celle des pays de la zone BEAC.
En effet, après avoir enregistré des taux de croissance positifs au cours de ces
dernières années – taux se situant parfois au-dessus de la moyenne des pays
de l’ASS –, ces pays subissent les conséquences néfastes du retournement de
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la conjoncture 2. Aussi, leurs performances restent largement en dessous des
7 % de croissance qui avaient été retenus pour atteindre les Objectifs du mil-
lénaire pour le développement (OMDs). Il semble donc opportun de trouver
des sources de croissance économique alternatives dans la mesure où, dans la
majorité de ces pays, la croissance dépend fortement des matières premières
et des industries extractives.
La mise en place de politiques économiques appropriées, notamment
de politiques monétaires, est une solution envisageable. Cependant, l’ap-
partenance de ces pays à une union monétaire limite la pertinence et l’ef-
ficacité de la politique monétaire. En ce qui concerne la pertinence, la jus-
tification est d’ordre théorique. En change fixe, il est difficile d’avoir une
politique monétaire durablement différente de celle de la zone d’ancrage,
eu égard aux enseignements du « triangle des incompatibilités » de Mundell

2
Les perspectives mises à jour pour la BEAC font ressortir un ralentissement des
activités plus accentué qu’attendu initialement, avec un taux de croissance qui
reviendrait à +0,7 % (-6,5 % pour le secteur pétrolier et +3,4 % pour le secteur
non pétrolier), en rapport avec les effets dépressifs sur la demande intérieure et
sur le secteur non pétrolier induits par le repli des activités pétrolières.
44 Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou et Pierre Christian Tsopmo

(1961) 3. L’autonomie de la politique monétaire de la BEAC, certes très dis-


cutée, n’est pas remise en cause 4. S’agissant de l’efficacité, la justification est
factuelle. Depuis les réformes monétaires des années 1990, l’objectif assigné à
la BEAC est celui de garantir la stabilité monétaire, ce qui signifie garantir la
couverture externe 5 de la monnaie et maintenir à l’interne un taux d’inflation
ne fluctuant pas au-delà des 3 % 6. Depuis près de deux décennies, la BEAC
a une relative maîtrise de l’inflation. En effet, en dehors du pic d’inflation
observé à la suite de la dévaluation du franc CFA de 1994, l’inflation a toujours
été modérée. Les statistiques révèlent que l’inflation a été de 3,92 %, 1,88 %,
2,7 % et 3,2 % respectivement en 2009, 2010, 2011 et 2012. Parallèlement, les
taux de croissance sont restés faibles, de l’ordre de 2,19 %, 3,26 %, 5,2 % et
6,6 % pour les mêmes années respectivement. Le graphique 1 rend compte de
l’évolution de l’inflation et de la croissance économique. Entre 1998 et 2013,
il existe une quasi-similarité dans l’évolution des deux variables. Les résultats
du test de corrélation (tableau 1) confirment cette tendance.
Graphique 1 : Évolution du taux de croissance économique et du taux d’inflation

37

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17

12

2
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013

‐3

‐8
Croissance inflation

Note : la période s’étend de 1985 à 2013. La croissance est mesurée par


le taux de croissance du PIB réel tiré de la base WDI (World Development
Indicators). L’inflation est calculée par le taux d’accroissement de l’indice
des prix à la consommation à partir des données obtenues d’IFS.

3
L’expression « triangle des incompatibilités » de Mundell désigne le fait qu’un
espace économique ne peut pas bénéficier à la fois de la libre circulation des capi-
taux, de taux de change fixes et de politiques monétaires nationales autonomes.
4
Se référer à Avom et Bobbo (2013) pour la discussion sur l’autonomie de la poli-
tique monétaire de la BEAC.
5
Le taux minimal de couverture extérieure de la monnaie est fixé à 20 %.
6
La valeur de 3 % est définie par les critères de surveillance multilatérale.
Non-linéarité entre inflation et croissance économique 45

Tableau 1 : Corrélation entre inflation et croissance dans la zone BEAC

Croissance Inflation
0,90***
Croissance 1,000
(10.88)
0,90***
Inflation 1,000
(10.88)

Note : la période va de 1985 à 2013. La croissance est mesurée par le loga-


rithme du PIB réel dont les données proviennent de la base WDI. L’infla-
tion est calculée par le logarithme de l’indice des prix à la consommation à
partir des données obtenues d’IFS. (***) donne la significativité à 1 %. Les
variables entre parenthèses sont les t-students.

De ces faits stylisés, on constate que les taux d’inflation enregistrés dans
la zone BEAC depuis au moins une décennie ont été compatibles avec des taux
de croissance positifs. Cependant, en s’appuyant sur l’argument théorique
selon lequel, à un niveau élevé, l’inflation affecte négativement la croissance
économique, il semble opportun d’envisager la question du taux d’inflation
optimal dans la BEAC. Le taux d’inflation optimal est défini comme le taux
en deçà et au-dessus duquel la croissance économique est affectée. Des pro-
fonds désaccords apparaissent à propos du seuil d’inflation optimal. Khan et
Senhadji (2001) montrent que les seuils plafonds pour les pays développés
(PD) se situeraient entre 1 % et 3 %, alors que pour les PED, ils oscilleraient
entre 7 % et 11 %. Ainsi, la volonté des autorités monétaires de la BEAC de
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maintenir le taux d’inflation autour de 3 % est discutable et non compatible
avec les objectifs de croissance dans les PED.
Dans cet article, nous nous proposons de déterminer le taux d’inflation
optimal dans la zone BEAC. Cette problématique demeure d’actualité et d’un
intérêt certain pour au moins trois raisons. En premier lieu, la littérature 7
consacrée à cette question aboutit à des conclusions divergentes. En effet, deux
principaux groupes d’études empiriques, qui remontent à notre connaissance à
Fischer (1993), peuvent être identifiés. Le premier concerne les travaux ayant
opté pour la fixation exogène du seuil d’inflation optimal. Le deuxième est
constitué des études qui déterminent le seuil d’inflation optimal de manière
endogène. Les résultats mettent en évidence une diversité de taux d’inflation
optimaux. Cette diversité s’explique en partie par les choix méthodologiques
et le niveau de développement des pays. En deuxième lieu, les échantillons
dans la plupart de travaux empiriques sur cette question sont généralement
constitués de pays aux structures macroéconomiques pas toujours homogènes ;

7
Pour une revue de la littérature des travaux sur la relation non-linéaire entre
inflation et croissance économique, voir l’article de Seleteng et al. (2013).
46 Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou et Pierre Christian Tsopmo

ce qui peut conduire à un biais dans la détermination du seuil d’inflation opti-


mal en ce sens que ce dernier peut être soit sous-estimé soit surestimé. À cet
effet, Temple (2000) affirme qu’il est non pertinent d’extrapoler les résultats
obtenus avec de tels échantillons. Conscients de cette limite, plusieurs auteurs
(Villavicencio et Mignon, 2011 ; Vinayagathasan, 2013) ont proposé des alter-
natives pour rendre moins hétérogènes leurs échantillons. Ainsi, ces auteurs
ont testé la robustesse de leurs analyses en subdivisant leur large échantil-
lon en sous-groupes de pays relativement similaires. En choisissant la zone
BEAC, nous évaluons le seuil d’inflation optimal dans un échantillon de pays
aux caractéristiques proches, à l’instar de l’inflation dont la distribution n’est
pas asymétrique (figure 1).
Figure 1 : Histogramme de l’inflation en pourcentage
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Par ailleurs, comme le montre le graphique 1, l’évolution de l’inflation
dans la zone BEAC présente une relative variabilité, ce qui renforce la fiabilité
de nos résultats. Toutefois, en dépit de cet avantage qui conforte la crédibilité
de l’estimation du seuil d’inflation optimal, ce choix peut paraître critiquable.
En effet, l’homogénéité de l’échantillon pourrait poser un problème méthodo-
logique, à savoir la remise en cause d’une estimation en données de panel 8. En
troisième lieu enfin, la conduite de la politique monétaire de la BEAC revêt une
certaine spécificité. D’une part, le fonctionnement de la zone BEAC semble
invalider l’application stricte du triangle d’incompatibilité de Mundell (1961).
En effet, la fixité du taux de change a pour corollaire la réduction du pouvoir
régulateur de la politique monétaire. Néanmoins, la mobilité imparfaite des

8
A cet effet, nous avons conduit un test de Fisher sur la structure de nos données
qui conforte notre démarche méthodologique.
Non-linéarité entre inflation et croissance économique 47

capitaux redonne une certaine marge de manœuvre à la politique monétaire de


la BEAC. Par ailleurs, grâce à la convertibilité externe illimitée de sa monnaie,
l’ampleur des déficits de la balance des paiements n’exerce pas une contrainte
forte sur la politique monétaire. D’autre part, l’ancrage à la zone euro contraint
les pays de la BEAC à plus de rigueur dans la pratique de la politique moné-
taire. Par exemple, les concours de la BEAC aux trésors publics nationaux sont
statutairement fixés dans le cadre de la programmation monétaire. Il faut tou-
tefois rappeler que, face à la crise pétrolière, des avances exceptionnelles ont
été octroyées, notamment au Tchad au cours de l’année 2015.
À la suite de cette introduction, la structure de cet article se présente
comme suit. La section 2 présente le cadre méthodologique. Dans la section
3, nous déterminons le taux d’inflation optimal dans la BEAC : les résultats y
sont reportés et discutés. La section 4 est consacrée à la conclusion de l’article.

2 LE CADRE MÉTHODOLOGIQUE

Nous exposons tout d’abord le modèle PSTR. Ensuite, la technique de déter-


mination du seuil d’inflation optimal est présentée ainsi que l’équation de
croissance estimée par la méthode des moments généralisés (GMM). Nous ter-
minons enfin par la présentation des données.
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2.1 Le modèle PSTR
Le modèle PSTR a été proposé par González et al. (2005). Villavicencio et
Mignon (2011) en présentent au moins deux avantages. Premièrement, les
coefficients des paramètres peuvent prendre différentes valeurs qui dépendent
du régime. Deuxièmement, dans la mesure où la transition d’un régime à un
autre est lisse, les coefficients peuvent changer graduellement. Toutefois, une
critique généralement soulevée est le fait d’avoir un seuil unique pour tous les
pays de l’échantillon.
En désignant par yit la variable dépendante, la forme simplifiée du modèle
s’exprime par l’équation (1).
yit = ui + b0'xit + b1'xit g (qit , g , c ) + e it (1)
où i = 1,…, N est le nombre d’individus, t = 1,…, T détermine la période de
(
l’étude. ui désigne le vecteur des effets fixes individuels. xit = xitl ,…, xitk est )
un vecteur de k variables explicatives et où eit est une perturbation aléatoire
iid. b0' et b1' désignent respectivement le vecteur des paramètres du modèle
48 Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou et Pierre Christian Tsopmo

linéaire et du modèle non linéaire ; g(qit, g, c) est la fonction de transition qui


dépend de la variable de transition (qit), du paramètre de seuil (c) et un para-
mètre de lissage (g ) qui permet de caractériser à la fois la transition entre
les deux régimes et l’existence ou non des non-linéarités gouvernées par la
variable de transition. La variable de transition est le taux d’inflation car nous
cherchons à déterminer le seuil d’inflation optimal. La variable endogène est
le taux de croissance de l’économie mesuré par le taux de croissance du PIB
réel. La variable exogène d’intérêt est le taux d’inflation (p) capté par le taux
de croissance de l’indice des prix à la consommation (IPC) 9. L’IPC est une
meilleure approximation des prix que le déflateur du PIB dans les PED dans
la mesure où une grande partie des dépenses est constituée de dépenses de
consommation. Mais un consensus semble émerger sur l’existence de plusieurs
sources de biais dans la mesure de l’inflation par l’IPC. Ce biais se traduit par
exemple dans la zone BEAC par les divergences dans la composition du panier
de biens qui sert de référence ainsi que la pondération y afférente aussi bien
entre les villes d’un même pays qu’entre les pays eux-mêmes. Afin de pallier
cette limite, les autorités monétaires de la BEAC ont entrepris de construire
un indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC) mais dont l’applica-
tion est très récente, particulièrement au Tchad et au Cameroun. La solution
alternative, qui consiste à utiliser l’inflation sous-jacente comme mesure empi-
rique du niveau général des prix, est également critiquée (voir Le Bihan et
Sédillot, 2002).
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Nous retenons sept variables de contrôle. La première est la variable ini-
tiale de la production par tête 10 définie par la variable retardée du taux d’ac-
croissement du PIB réel. La deuxième, l’investissement privé (Inv) mesuré
par la part de la formation brute du capital fixe du secteur privé rapportée au
PIB, permet de capter l’influence du secteur privé sur l’activité économique.
La théorie prédit que l’investissement stimule en général la croissance écono-
mique et le signe attendu est positif. L’influence du secteur extérieur est tout
aussi importante. À l’instar de plusieurs travaux 11, nous prenons en compte
l’ouverture commerciale (Ouv) (troisième variable), obtenue en rapportant la
somme des exportations et des importations au PIB, et les termes de l’échange

9
La variable inflation n’a pas été transformée sous la forme semi-logarithmique car,
comme le montre la figure 1, la distribution de l’inflation dans la zone BEAC n’est
pas asymétrique. Contrairement aux études (Vinayagathasan, 2013 ; Villavicencio
et Mignon, 2011) qui ont eu recours à cette transformation, la structure de notre
échantillon est plus homogène.
10
Cette variable permet aussi de contrôler la convergence conditionnelle conformé-
ment à la théorie néoclassique de la croissance.
11
Voir par exemple Vinayagathasan (2013) ; Kremer et al. (2013).
Non-linéarité entre inflation et croissance économique 49

(Term)(quatrième variable) captés par l’indice des prix des exportations sur la
valeur des importations. Conformément aux théories libérales du commerce
international et de la croissance endogène, l’ouverture d’un pays à l’extérieur
favorise la croissance à condition d’avoir une relative compétitivité-prix : le
signe attendu est positif dans un régime d’inflation faible. En revanche, une
inflation élevée peut contribuer à détériorer la compétitivité-prix conduisant
à des effets négatifs du secteur extérieur sur la croissance économique. Ainsi,
dans le régime d’inflation élevée, le signe escompté des variables de l’ouver-
ture extérieure est négatif. Les dépenses publiques (Dep) constituent notre
cinquième variable. Le sens de la relation entre les dépenses publiques et la
croissance économique ne fait pas consensus dans la littérature. En effet, les
travaux empiriques montrent que les dépenses publiques peuvent influencer
la croissance économique négativement ou positivement en fonction de la na-
ture et de la qualité des dépenses publiques (Devarajan et al., 1996 ; Gupta
et al., 2005) ou du seuil des dépenses publiques (Mondjeli, 2015). Deux autres
variables ont été retenues, à savoir le taux de croissance de la population (Pop)
et une variable dummy (Dum) qui capte l’effet de la dévaluation du franc CFA
de 1994. Suivant le modèle de croissance néoclassique, le signe attendu du
taux de croissance de la population est négatif.
Théoriquement, l’inflation pourrait influencer la croissance économique
à travers au moins trois de nos variables de contrôle : l’investissement, les
termes de l’échange et les dépenses publiques. Toutefois, en ce qui concerne
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les dépenses publiques, cette éventualité est écartée dans la BEAC dans la me-
sure où le financement par seigneuriage y est quasiment limité, voire impos-
sible. Afin d’analyser la sensibilité de notre modélisation, nous avons calculé
le taux d’inflation optimal dans trois cas de figures : d’abord, nous excluons de
l’équation l’investissement, ensuite les termes de l’échange et enfin les deux
variables. L’équation (1) pose le problème d’endogénéité entre la variable
expliquée et certaines variables explicatives. Pour Fouquau et al. (2008), l’uti-
lisation du modèle PSTR semble limiter les biais potentiels d’endogénéité.
Toutefois, dans des travaux similaires aux nôtres, des auteurs, à l’instar de
Vinayagathasan (2013), ont utilisé la variable initiale de la production comme
variable instrumentale pour corriger une éventuelle endogénéité.

2.2 La procédure de détermination du taux


d’inflation optimal
La procédure de détermination du taux d’inflation optimal s’articule autour
de trois étapes. Dans la première étape, nous montrons la non-linéarité entre
l’inflation et la croissance économique en procédant au test de linéarité ou
50 Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou et Pierre Christian Tsopmo

d’homogénéité. À cet effet, nous conduisons le test standard de Fisher 12 ap-


proprié dans les échantillons de petite taille. Dans la seconde étape, nous dé-
terminons le nombre de régimes ou le nombre de fonctions de transition du
modèle PSTR à l’aide du test de Fisher. Dans la troisième étape, nous procé-
dons à l’estimation du modèle PSTR par la méthode des moindres carrés non
linéaires, estimation à l’issue de laquelle la valeur du taux d’inflation optimal
est déterminée de façon endogène.

2.3 L’équation à estimer par la méthode GMM


Afin de tester la robustesse des résultats du modèle PSTR, nous estimons une
équation de croissance qui s’exprime comme suit :

yit = ui + b0' xit + b1'p it2 + e it (2)

où les variables sont définies comme indiquées pour l’équation 1. Afin d’esti-
mer l’équation (2), nous avons recours à la méthode des moments généralisés
(GMM) sur panel dynamique (Arellano et Bond, 1991 ; Arellano et Bover, 1995
et Blundell et al., 2000). En spécifiant notre GMM sous la forme quadratique
(le terme p it2 dans l’équation 2), nous postulons l’existence d’une relation non
linéaire entre l’inflation et la croissance économique avec un seuil. Cette spé-
cification conduit à la détermination d’un seuil optimal d’inflation qui s’ex-
prime de la façon suivante :
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∂yit b
= b0 + 2b1p it = 0 d’où ( − )p * = ( − ) 0 (3)
∂p it 2b1

La méthode GMM présente entre autres l’avantage de contrôler l’endo-


généité entre les variables. La méthode d’instrumentation diffère selon la na-
ture des variables explicatives : (a) pour les variables purement exogènes, les
variables courantes sont utilisées comme instruments ; (b) pour les variables
faiblement exogènes, les valeurs retardées d’au moins une période sont utili-
sées comme instruments ; (c) pour les variables endogènes, les valeurs retar-
dées de deux périodes et plus peuvent être utilisées comme des instruments
valides. Par contre, l’inconvénient de la méthode GMM est qu’elle ne permet
plus de représenter une transition lisse.

12
La statistique de Fisher (LMF) qui est définie comme suit :
TN (SCR0 − SSR1 ) / mk
LM F = où k est le nombre de variables explicatives. LMF
SCR0 / TN − N − mk
suit une loi de Fisher à mk et TN–N–mk degrés de liberté [F(mk, TN–N–mk)].
Non-linéarité entre inflation et croissance économique 51

2.4 Les données


Nous utilisons les données annuelles tirées du World Development Indicators
(2013) de la Banque mondiale et de la BEAC sur la période 1985-2013. Le
tableau 2 donne la description des variables utilisées.
Tableau 2 : Description des variables utilisées

Variable Description Source


y Taux de croissance du PIB réel WDI
Taux de croissance de l’indice des prix Calcul des auteurs à partir
p
à la consommation des données de la BEAC
Taux de croissance de l’indice des prix Calcul des auteurs à partir
p2
à la consommation au carré des données de la BEAC
Variable retardée du taux d’accroissement Calcul des auteurs à partir
y1
du PIB réel des données de WDI
Rapport entre somme des exportations
Ouv WDI
et des importations au PIB
Rapport entre l’indice des prix à l’exportation
Term WDI
et l’indice des prix à l’importation
Rapport de la formation brute du capital fixe
Inv WDI
du secteur privé au PIB
Dep Rapport des dépenses publiques au PIB WDI
Pop Taux de croissance de la population WDI
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Dummy pour capter de l’effet de la dévaluation
Dum de 1994. Elle prend la valeur 0 avant 1994, 1 en 1994 Construction des auteurs
et 0 après 1994

L’échantillon comprend les six pays de la BEAC. Avant de procéder à


l’analyse économétrique, nous étudions la stationnarité des séries en ayant
recours aux tests d’Im, Pesaran et Shin (IPS) (2003) et au test de Levin, Lin et
Chu (LLC) (2002). Les tests IPS et LLC ont permis d’obtenir deux principaux
résultats (voir le tableau 3). D’après le premier résultat, les variables taux de
croissance du PIB, inflation, dépenses publiques et termes de l’échange sont
stationnaires en niveau. En effet, les valeurs des tests sont supérieures aux
valeurs critiques à 1 %. S’agissant du deuxième résultat, les autres variables,
à savoir l’ouverture commerciale, l’investissement et la population ne sont
pas stationnaires en niveau. Elles le deviennent avec une significativité à 1 %
après une différenciation. Toutefois, il convient de mentionner que pour la
variable population, les deux tests aboutissent à des conclusions différentes.
Nous retenons les résultats du test IPS dans la mesure où ce dernier corrige
l’homogénéité de la racine autorégressive dont souffre le test LLC. En effet, le
test IPS prend en compte à la fois l’hétérogénéité de la racine autorégressive
52 Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou et Pierre Christian Tsopmo

et l’hétérogénéité d’une racine unitaire dans le panel. Le tableau 4 fournit les


statistiques descriptives des variables explicatives.
Tableau 3 : Résultats des tests de racine unitaire LLC et IPS

Variables Pib (Y) Infla (p) Dep Ouv Term Invest Pop
Série -6,34*** -7,71*** -6,68*** 0,18 -8,55*** -1,12 0,68
à niveau (0,00) (0,00) (0,00) (0,57) (0,00) (0,12) (0,24)
IPS
Série en -11,89*** -10,98*** -6,56***
différence (0,00) (0,00) (0,00)
Série -6,56*** -3,64*** -3,29*** -0,85 -8,68*** -0,93 -2,19
à niveau (0,00) (0,00) (0,00) 0,298 (0,00) (0,17) (0,01)
LLC
Série en -10,85*** -9,65*** -4,78***
différence (0,00) (0,00) (0,00)
Conclusion I(0) I(0) I(0) I(1) I(0) I(1) I(1)

Note : (***) donne la significativité à 1 %. Les valeurs entre parenthèses


sont des probabilités.

Tableau 4 : Statistiques descriptives des variables explicatives

Variable Obs Mean Std. Dev. Min Max


Dep 173 15,56 9,17 2,28 51,00
p 173 3,58 8,35 -17,64 42,43
Pop 173 3,09 4,33 1,64 59,35
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Ouv 173 83,65 45,46 30,96 275,23
Inv 173 24,67 17,50 4,62 113,57
Term 173 2,55 3,72 0,19 14,86

3 LES RÉSULTATS

Cette section est consacrée à la présentation des résultats. En premier lieu,


nous présentons les résultats du test de linéarité et du test du nombre de
régimes. En second lieu, nous exposons les résultats du modèle PSTR qui
conduisent à la détermination du taux d’inflation optimal.

3.1 Résultats du test de linéarité et du nombre de régimes


Les résultats du test de linéarité sont consignés dans le tableau 5. Le test
LMF conduit au rejet de l’hypothèse nulle au seuil critique de 5 %. Ce résul-
tat traduit le fait qu’il existe une relation non linéaire entre l’inflation et la
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Tableau 5 : Résultats de l’estimation

Modèle PSTR Modèle PSTR Modèle PSTR Modèle PSTR GMM

(1) (2) (3) (4) (5)

Spécification 1 Spécification 2 Spécification 3 Spécification 4

Paramètres de chan- Paramètres de chan- Paramètres de chan- Paramètres de change-


gement de régimes gement de régimes gement de régimes ment de régimes
Coefficients Coefficients Coefficients Coefficients Coefficients Coefficients Coefficients Coefficients
régime 1 régime 2 régime 1 régime 2 régime 1 régime 2 régime 1 régime 2
0,28*** -0,54*** 0,30*** -0,54*** 0,26** -0,53*** 0,27** -0,52*** 0,05***
p
(2,08) (-2,84) (2,25) (-2,90) (1,79) (-2,65) (1,92) (-2,66) (2,50)
-0,0075***
p2 -- -- -- -- -- -- -- --
(-3,69)
0,11 0,42 0,12 0,40 0,24 *** 0,22 0,24*** 0,21 0,17***
y1
(1,14) (1,52) (1,21) (1,39) (3,42) (0,77) (3,40) (0,70) (5,61)
0,01 -0,07* 0,01 -0,02 0,01 -0,07* 0,008 -0,03 0,02***
Ouv
(0,94) (-1,71) (0,51) (-0,97) (0,78) (-1,77) (0,39) (-1,26) (3,58)
-0,48 0,77** -0,48 0,74** -0,10
Term -- -- -- --
(-1,26) (2,00) (-1,20) (1,89) (-1,53)
0,21*** 0,01 0,19** 0,04 0,14***
Inv -- -- -- --
(2,24) (0,11) (2,06) (0,31) (4,45)
0,06 -0,13 0,09 -0,20 0,09 -0,08 0,11 -0,15 0,04
Dep
(0,44) (-0,71) (0,58) (-1,06) (0,65) (-0,45) (0,79) (-0,79) (0,66)
0,009 1,61 0,01 1,11 0,02 2,24 0,02 1,98 0,01
Pop
(0,51) (0,97) (0,64) (0,69) (1,24) (1,58) (1,36) (1,45) (0,75)
Non-linéarité entre inflation et croissance économique

-7,43* 11,28* -7,48** 9,87 -4,89 17,86*** -5,12 17,19*** 7,68***


Dum
(-1,75) (1,75) (-1,77) (1,52) (-1,06) (3,32) (-1,10) (3,21) (5,15)
53

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13
Tableau 5 (suite)
54

g 37,24 35,07 35,13 15,96 --


p* 4,28 4,27 4,34 4,39 3,3313
Test de linéarité 6,30*** 4,93*** 7,30*** 5,78***
--
LRF Test [0,00] [0,00] [0,00] [0,00]
Test du nombre
10,35 9,12 5,67 4,67
de régime --
[0,24] [0,24] [0,57] [0,58]
LRF Test
0,82
AR(2) -- -- -- -- -- -- -- --
[0,41]
(*), (**), (***) donnent la significativité respectivement à 10 %, 5 % et 1 %. Les valeurs entre parenthèses et entre les crochets
représentent respectivement les t-students et les p-values.
Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou et Pierre Christian Tsopmo

13
3,33 = 0,050/ (2*0,0075).

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Non-linéarité entre inflation et croissance économique 55

croissance économique dans la zone BEAC. Un tel résultat implique que soit
déterminé le nombre de régimes du processus. À cet effet, l’hypothèse nulle
(H0) est acceptée pour un seuil critique de 5 %. Par conséquent, il existe une
seule fonction de transition et deux régimes d’inflation. Ce résultat traduit
l’idée selon laquelle la non-linéarité de la relation inflation-croissance dans la
zone BEAC donne lieu à la détermination d’un seuil d’inflation. Ainsi l’infla-
tion aurait, jusqu’à un certain niveau, une influence soit nulle, soit positive
sur la croissance économique dans cette zone. Au-delà de ce seuil, l’inflation
serait contre-productive pour l’activité économique.

3.2 Les résultats des modèles estimés PSTR et GMM


Les paramètres estimés du modèle PSTR sont consignés dans le tableau 5.
La lecture de ce tableau (colonne 1) permet de tirer trois principales
conclusions. En premier lieu, le taux d’inflation optimal se situe autour de
4,3 %. Nous obtenons un taux unique car dans la procédure d’estimation
du modèle PSTR, la première étape consiste à éliminer les effets spécifiques
(González et al., 2005). De même, le tableau 6 révèle un faible différen-
tiel d’inflation entre les pays de la zone BEAC, justifiant l’unicité du taux

Tableau 6 : Statistiques descriptives sur l’inflation et la croissance économique


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par pays

Variable Obs. Moyenne Écart-type Min. Max.


y 29 1.95 3.95 -7.82 8.06
Cameroun
p 29 4.14 6.84 -3.20 35.09

y 29 2.11 5.62 -17.14 12.84


Gabon
p 29 2.52 8.08 -11.68 36.11

Guinée y 29 13.61 18.88 -2.96 71.18


équatoriale p 29 4.00 9.11 -17.64 31.84

y 29 6.42 9.27 -15.70 33.62


Congo
p 29 3.06 11.05 -13.85 41.72

y 29 2.46 3.79 -6.86 8.75


Tchad
p 29 4.71 8.09 -3.93 42.43

y 29 2.69 4.28 -6.42 8.90


RCA
p 29 2.84 6.54 -6.98 24.57
56 Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou et Pierre Christian Tsopmo

d’inflation optimal. Le taux ainsi obtenu est différent et supérieur au seuil


fixé dans le cadre de la surveillance multilatérale. Ce résultat est proche de
celui de Vinayagathasan (2013), qui obtient un seuil d’inflation optimal de
5,43 % dans un échantillon composé des pays d’Asie 14. En revanche, ce taux
est relativement faible comparé à ceux obtenus dans la plupart des études
menées dans les PED. À titre d’illustration, les taux d’inflation optimaux se
situent à 18,9 %, 19,1 % et 19,6 % respectivement dans les travaux de Seleteng
et al. (2013) dans les pays de la Communauté de développement d’Afrique
centrale 15, Ibarra et Trupkin (2011) et Villavicencio et Mignon (2011) dans
des échantillons des PED. Deux arguments peuvent être avancés pour justi-
fier notre résultat. Le premier renvoie au fait que la politique monétaire est
confiée à une instance monétaire supranationale, indépendante des autorités
gouvernementales, et dont la priorité est de lutter contre l’inflation. Le deux­
ième est l’argument selon lequel la valeur du seuil d’inflation pourrait être
expliquée par l’histoire monétaire de la zone BEAC. En effet, la zone BEAC
a enregistré en moyenne des taux d’inflation peu élevés. Ces performances
sont liées en partie à l’ancrage de la zone BEAC à la zone euro. Du fait de
cet ancrage, les autorités monétaires ont tendance à adopter une politique
proche de celle de la zone euro. Afin d’apprécier l’effet de la dévaluation du
franc CFA de 1994, nous avons procédé à l’estimation de notre modèle sans la
variable muette. Nous obtenons un taux d’inflation optimal d’environ 4,34 %,
valeur qui est proche du taux initialement obtenu. L’une des explications est
que la dévaluation de 1994 a coïncidé avec la mise en œuvre des réformes,
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notamment la programmation monétaire, ce qui a permis de contenir rapide-
ment les tensions inflationnistes. Aussi, les statistiques révèlent que la pro-
portion des observations au-dessus du taux d’inflation optimal dans la zone
BEAC, lorsque l’année 1994 est écartée, est la plus faible, soit environ 20,6 %.
En deuxième lieu, l’inflation explique de manière significative la crois-
sance économique et a le signe attendu dans les deux régimes. Ainsi, en deçà
du seuil de 4,3 % (régime à inflation faible), toute augmentation de l’infla-
tion de 1 % induit une augmentation de la croissance économique de 0,28 %.
Ce résultat diffère des conclusions d’Ibarra et Trupkin (2011) et de Seleteng
et al. (2013). Ces derniers montrent qu’en deçà du seuil, l’inflation est statis-
tiquement non significative dans l’explication de la croissance économique.
Ce résultat suggère le commentaire suivant : contrairement aux autres PED,

14
Vinayagathasan (2013) trouve le même taux d’inflation optimal même lorsque
les pays membres de l’OCDE (Japon, Israël, Turquie et Corée du Sud) ainsi que
Singapour sont retirés de l’échantillon de départ.
15
Encore appelée SADC, sigle de l’anglais Southern Africa Development Community.
Non-linéarité entre inflation et croissance économique 57

les pays de la zone BEAC peuvent encore bénéficier d’un gain de croissance
suite à une augmentation de l’inflation, cette dernière pouvant résulter d’une
expansion monétaire. Cette explication semble logique dans la mesure où le
fait d’avoir une politique monétaire commune limite la capacité des autori-
tés gouvernementales à utiliser l’instrument monétaire, en plus des réformes
structurelles, comme levier de croissance économique. Toutefois, la valeur du
paramètre indique que la politique monétaire pourrait contribuer pour moins
d’un tiers à la croissance économique de la zone BEAC. Ainsi, le rôle de la
politique monétaire commune dans les mauvaises performances économiques
des pays de la zone BEAC doit être relativisé, contrairement à ce qui est relayé
ces derniers temps par certains observateurs et la société civile. Cependant,
au-dessus de ce seuil (régime à inflation élevée), l’augmentation de l’inflation
de 1 % conduit à une réduction de la croissance économique de 0,26 16 %. Ce
résultat est le même que celui obtenu dans plusieurs travaux antérieurs et il
est conforme à la théorie économique (Seleteng et al., 2013). De l’analyse des
effets de l’inflation, nous constatons que cette dernière a une influence signi-
ficativement négative et positive sur la croissance économique respectivement
en deçà et au-dessus du seuil ; ce qui implique que le taux d’inflation obtenu
est optimal en termes de croissance, donnant ainsi une justification supplé-
mentaire à notre résultat. Il est utile de mentionner qu’il existe un certain
délai pour que les effets de l’inflation se répercutent sur la croissance écono-
mique. Une justification est que l’inflation affecte théoriquement la croissance
économique à travers plusieurs canaux. Loin d’être exhaustifs, nous pouvons
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citer le canal de l’investissement (Temple, 2000) et celui du développement
financier (Gylfason et Herbertsson, 2001). Nous avons empiriquement évalué
ce délai en ayant recours à l’analyse des fonctions de réaction impulsionnelles
issue de la modélisation VAR 17. De cette analyse, il ressort que le délai d’action
de l’inflation sur la croissance économique est d’environ quatre trimestres.
En troisième lieu, cinq des sept variables de contrôle expliquent signi-
ficativement la croissance économique indépendamment des régimes, et les
signes sont conformes à la littérature. Les dépenses publiques et la population
n’influencent pas significativement la croissance économique dans les deux ré-
gimes bien que présentant les signes généralement admis dans la littérature.
Le PIB initial présente le signe contraire à ce que prédit la théorie. La conver-
gence entre les pays de la zone BEAC n’est donc pas établie : toutes choses
étant égales par ailleurs, les pays aux PIB par tête les plus faibles ne croissent

16
Nous rappelons que le coefficient de la variable d’intérêt au-dessus du seuil est
égal à (b0 + b1), c’est-à-dire 0,28 – 0,54 = – 0,26.
17
La démarche méthodologique et les résultats ne sont pas consignés dans le texte.
58 Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou et Pierre Christian Tsopmo

pas plus vite. Cette variable est significative lorsque l’inflation est au-dessus
du seuil optimal, ce qui suggère qu’à un niveau élevé d’inflation, les chances de
rattrapage économique entre pays de la zone BEAC diminuent. L’ouverture
commerciale joue un rôle important dans la croissance économique de la zone
BEAC. En régime de basse inflation, l’ouverture commerciale stimule la crois-
sance économique. Ce résultat, similaire à celui obtenu par Villavicencio et
Mignon (2011), est conforme à la théorie néoclassique et endogène de la crois-
sance. Par ailleurs, il confirme les prédictions des théories du commerce inter-
national quant aux effets bénéfiques sur la croissance économique des avan-
tages comparatifs, des dotations factorielles, de la différence technologique,
des économies d’échelle, de la diffusion technologique etc. À l’inverse, lorsque
l’économie se trouve dans la zone d’inflation élevée, l’influence de l’ouverture
commerciale devient négative et significative à 10 %. En effet, une inflation
élevée renchérit la valeur des biens exportés relativement aux biens importés ;
il s’ensuit une détérioration du solde extérieur qui, toutes choses étant égales
par ailleurs, affecte négativement la croissance économique. Il est important
de relativiser ces effets de l’ouverture commerciale dans la zone BEAC qui est
pour l’essentiel constituée des pays pétroliers.
L’investissement a un effet positif de l’ordre de 0,21 % au seuil critique de
1 % sur la croissance économique en régime de basse inflation. Cet effet, bien
que non significatif, diminue dans le régime de haute inflation mais demeure
positif. Ainsi, l’investissement privé influe positivement sur la croissance éco-
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nomique indépendamment du niveau d’inflation. Ibarra et Trupkin (2011)
aboutissent à une conclusion similaire. Ce résultat confirme les thèses de la
croissance néoclassique ainsi que des théories de la croissance endogène où
l’investissement privé joue un rôle fondamental. Ainsi, l’influence positive de
l’investissement privé au-dessus des 4,3 % s’explique par le fait que, toutes
choses étant égales par ailleurs, une hausse de l’inflation se traduit par des
montants investis plus élevés et par conséquent une croissance économique
plus forte. Les termes de l’échange ont deux effets différents sur la croissance
économique. En régime d’inflation basse, ils détériorent la croissance. Ce résul-
tat paradoxal peut s’expliquer, entre autres, par la théorie de la « malédiction
des ressources naturelles ». Selon cette théorie, une amélioration des termes de
l’échange propre à valoriser les rentes peut freiner la croissance économique,
notamment dans un contexte de faible qualité institutionnelle. Mais dans la
zone d’inflation haute, l’influence des termes de l’échange devient positive
et significative. Le mécanisme de Balassa-Samuelson permet de comprendre
l’intuition de ce résultat. En effet, ce mécanisme se traduit soit par une appré-
ciation du taux de change, soit par une inflation élevée dans les PED en rat-
trapage de croissance. L’ajustement par le taux de change n’étant pas possible
Non-linéarité entre inflation et croissance économique 59

dans la zone BEAC, le mécanisme de Balassa-Samuelson se traduit par une


montée des prix relatifs, notamment des salaires, dans le secteur des biens non
échangeables, ce qui peut entraîner, toutes choses étant égales par ailleurs,
une forte demande en biens et services et des gains de croissance économique.
Notre résultat sur les effets des termes de l’échange est le même que celui
d’Ibarra et Trupkin (2011) mais diffère du résultat de Kremer et al. (2013).
La sensibilité des résultats est analysée suivant les différentes spécifica-
tions décrites dans la méthodologie. Cette analyse conforte les résultats précé-
dents. (a) Les valeurs du taux d’inflation optimal sont similaires. En effet, les
colonnes (2), (3) et (4) du tableau 5 montrent que les valeurs du taux d’infla-
tion optimal se situent approximativement à 4,27 %, 4,34 % et 4,39 % respec-
tivement. (b) L’inflation présente le signe attendu dans les deux régimes et
les paramètres ont des valeurs proches et sont significatifs : en deçà du seuil,
l’inflation impacte positivement la croissance économique et, au-dessus de ce
seuil, elle a des effets contre-productifs sur la croissance.
Les résultats estimés du GMM confortent les résultats obtenus du mo-
dèle PSTR en termes de signe et de significativité des variables de contrôle.
S’agissant de notre variable d’intérêt, à savoir l’inflation, l’estimation en
GMM montre d’une part qu’elle est significativement positive. D’autre part,
la variable inflation au carré est négative et significative, ce qui suggère l’exis-
tence d’une relation en cloche entre l’inflation et la croissance économique. La
spécification GMM permet par ailleurs de mettre en évidence un seuil d’infla-
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tion qui est de 3,33 %. Cette valeur du taux d’inflation optimal est inférieure
aux valeurs précédemment obtenues avec le modèle PSTR. La justification
est que le modèle GMM conduit à une perte d’information liée à la contrainte
de linéarité que le modèle quadratique impose au niveau de l’effet marginal
(Eggoh et Villieu, 2013).

4 CONCLUSION

Depuis les réformes monétaires de 1990, l’un des objectifs explicites assignés à
la BEAC est d’assurer la stabilité interne de la monnaie, c’est-à-dire le main-
tien de l’inflation autour de 3 %. Cet objectif a été entériné par l’adoption des
critères de convergence en 2001 par les États membres. Cet article s’est inter-
rogé sur la capacité d’un tel objectif à garantir une croissance économique
soutenue et durable dans la BEAC. À cet effet, nous avons déterminé le taux
d’inflation optimal en ayant recours au modèle PSTR. L’estimation de ce mo-
dèle, appliqué aux données des six pays de la BEAC sur la période 1985-2013,
60 Itchoko Motande Mondjeli Mwa Ndjokou et Pierre Christian Tsopmo

a conduit aux principales conclusions suivantes. En premier lieu, les tests de


linéarité mettent en évidence l’existence d’une relation non linéaire entre
l’inflation et la croissance économique dans la BEAC, confirmant l’existence
d’un seuil d’inflation optimal qui est d’environ 4,3 %. Ce seuil explique si-
gnificativement la croissance économique. Ainsi, dans le régime à inflation
faible (inflation inférieure à 4,3 %), l’inflation affecte positivement la crois-
sance économique de la zone BEAC : une variation à la hausse de l’inflation
de 1 % augmente la croissance économique d’environ 0,28 %. Dans le régime à
inflation élevée (inflation supérieure à 4,3 %), l’augmentation de l’inflation de
1 % serait contre-productive à hauteur de 0,26 %. Ces résultats sont robustes
au regard des analyses de sensibilité et de l’estimation par la méthode GMM.
Ils s’inscrivent dans la lignée de plusieurs travaux empiriques et per-
mettent de tirer plusieurs enseignements. Le premier enseignement est que
notre étude peut donner un contenu empirique au choix de la cible d’inflation.
En effet, au lieu d’une cible d’inflation de 3 %, les autorités monétaires pour-
raient, dans les conditions économiques actuelles, relever cette cible d’infla-
tion. Le deuxième enseignement est qu’en choisissant 3 % comme cible, les
autorités monétaires privent les gouvernements d’un levier de croissance
économique. Toutefois, toute décision monétaire visant à augmenter la cible
d’inflation devra tenir compte, d’une part, de la crédibilité d’une telle action.
D’autre part, la décision devra intégrer les aspects liés à la compétitivité des
économies.
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