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Rfe 183 0063
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stabilité financière ?
Grégory Levieuge
Dans Revue française d'économie 2018/3 (Vol. XXXIII), pages 63 à 104
Éditions Revue française d’économie
ISSN 0769-0479
DOI 10.3917/rfe.183.0063
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L
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Tableau 1
Orientation de la politique monétaire suivant les cycles réel
et financier
Cycle financier
Haut Bas
Haut Resserrement Conflit d’objectif
Cycle réel
Bas Conflit d’objectif Assouplissement
Verona et al. [2017] sont les seuls à poser les conditions qu’une
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Critiques méthodologiques
Forte
incertitude
Faible
A
incertitude
-
L (i)
Tableau 2
Un exemple simple du surcoût du LAW en cas de crise
Sans LAW Avec LAW
Pas de crise Crise Pas de crise Crise
Chômage UNC = 0 UC = 5 UNC = 0,5 UC = 5,5 (= 0,5 + 5)
Perte L(UNC) = 0 L(UC) = 25 L(UNC) = 0,25 L(UC) = 30,25
Coût de la crise L(UC) – L(UNC) = 25 L(UC) – L(UNC) = 30
est égal à 25. Avec LAW, les pertes sont plus importantes et
de deux ordres. Il y a une perte (modeste) en cas de non-crise
due à une orientation plus restrictive de la politique monétaire
(chômage plus élevé). A cela s’ajoute en partie, par conséquent,
une perte plus élevée en cas de crise (le chômage augmente à
partir d’un niveau initialement plus élevé, d’où 30,25 > 25).
En somme, comme le coût marginal du LAW est positif, le
coût d’une crise est plus élevé avec LAW que sans (30 > 25).
Partant, considérer que la perte est constante en cas de crise
d’une ampleur donnée et indépendante de la situation initiale
de non-crise, c’est négliger un coût majeur du LAW.
L’expérience de la Suède en 2010-2011 permet à Svensson
[2017d] de montrer combien les coûts du LAW – en cas de non-
crise – peuvent être importants. En juin 2010, la Suède affiche
des prévisions d’inflation inférieures à 2 % et des prévisions
de chômage qui auraient pu justifier un assouplissement de la
politique monétaire. La Banque de Suède va au contraire bru-
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Grégory Levieuge est économiste chercheur à la Banque de France (Direction des études
monétaires et financières) et professeur à l’université d’Orléans, Laboratoire d’économie
d’Orléans, Rue de Blois, BP 26739, 45067 Orléans Cedex 2.
Adresse : Banque de France, 31 Rue Croix des Petits Champs, 75049 Paris cedex 1.
Tél : 02 38 41 70 37. Email : gregory.levieuge@banque-france.fr
Notes
1. Voir Smets [2014] pour un aperçu des 8. Voir par exemple Levieuge [2005].
travaux réalisés dans l’immédiat après-crise.
9. Dans son analyse coût/bénéfice,
2. Notons que le recours à une ana- Svensson [2017], par exemple, suppose
lyse coût/bénéfice n’exclut pas l’utilisa- une probabilité de crise de 6 %, soit une
tion d’un modèle DGSE, quand il s’agit crise tous les 31 ans (voir supra).
par exemple d’évaluer l’élasticité d’une
variable à une autre. Mais le modèle n’est 10. Voir « The Riksbank is wrong about the
alors pas destiné à déterminer la règle debt: Higher policy rates increase rather
monétaire optimale. than decrease the household-debt ratio »,
Vox : CEPR’s Policy Portal, September 4,
3. Voir par exemple Kent et Lowe [1997], [2013]. https://voxeu.org/article/riksbank-
Bernanke et Gertler [1999, 2001], Cechetti wrong-about-household-debt.
et al. [2000], Bordo et Jeanne [2002].
11. Brunnermeier et Sannikov [2014]
4. Ce constat est d’autant plus saisissant ont ouvert une voie dans cette direction.
que, historiquement, les missions de sta- Filardo et Rungcharoenkitkul [2016] pro-
bilité financière des banques centrales ont posent une modélisation alternative.
préexisté à leurs missions de politique
12. Friedrich et al. [2018] montrent que
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lequel le principe d’atténuation tend Ce qui fait dire à Svensson [2017c] que
généralement à s’appliquer. l’effet du taux d’intérêt sur le ratio crédit/
PIB est économiquement insignifiant.
17. A titre d’illustration, on peut se sou-
venir des nombreux débats qui se sont 23. Une hausse de 1 pp du taux d’inté-
tenus, au lendemain de la crise de 2008, rêt réduirait la probabilité de crise de 6 à
sur la responsabilité d’ Alan Greenspan, 5,9 %.
qui selon certains aurait négligé les désé-
quilibres financiers, se contentant de 24. Par exemple, il suppose que le chô-
dénoncer l’exubérance irrationnelles des mage dû au LAW en cas de non-crise est
marchés financiers et contribuant à créer deux fois plus faible que dans le scénario
un aléa de moralité en faisant du CUA, de référence, il considère un boom du
suite à l’explosion de la bulle Internet. crédit associé à une plus forte probabilité
inhérente de déclenchement de crise, une
18. En toute rigueur, il faudrait parler plus forte ampleur de crise, ainsi qu’une
d’« unemployment gap », c’est-à-dire rai- durée de crise plus longue.
sonner en termes d’écart au taux de chô-
mage qui prévaudrait sous l’égide d’une 25. Voir Svensson [2017c,d,e]. Svensson
politique optimale avec une probabilité [2016] contient tous les détails de
de crise nulle. Voir la 2ème section et l’an- Svensson [2017a]. S’y trouvent aussi les
nexe A de Svensson [2017a]. réponses de Svensson aux critiques de la
BRI (encadré IV.B pp. 76-77] [2016].
19. Des détails figurent dans Svensson
[2010], Banque de Suède [2010] et 26. Ils trouvent que les périodes baissières
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d’analyse coût/bénéfice. Voir par exemple 30. On notera que c’est déjà une desprin-
BRI [2010] et Pollin [2012] pour ce qui cipales conclusions du survey de Levieuge
concerne l’impact des exigences en fonds [2005].
propres bancaires. Pour une revue de litté- 31. Voir par exemple Farhi et Werning
rature, voir Galati et Moessner [2013] et [2016], Korinek et Simsek [2016] et
Fidrmuc et Lind [2018]. Alpanda et Zubairy [2017].
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Références
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