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Dépenses salariales et performance dans l’industrie du

football
Matthieu Llorca, Thierry Teste
Dans Revue française d'économie 2016/2 (Volume XXXI), pages 125 à 145
Éditions Revue française d’économie
ISSN 0769-0479
DOI 10.3917/rfe.162.0125
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Matthieu
LLORCA
Thierry
TESTE
Dépenses salariales
et performance dans
l’industrie du football

L
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e football professionnel européen


a connu de profonds bouleversements au cours des deux der-
nières décennies, au niveau de son organisation et de sa struc-
ture financière. D’une part, l’arrêt Bosman (1995) a provoqué
une totale libéralisation et une dérégulation du marché des
joueurs. D’autre part, les ressources financières des clubs se sont

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fortement accrues en raison notamment de l’importante aug-


mentation des droits de retransmission télévisuelle.
Il en a résulté une totale flexibilité du marché des joueurs
de football marqué par des indemnités de transferts record et
une inflation des salaires1 (Llorca et Teste [2011]). Dans un
tel système, les clubs les plus riches financièrement attirent les
meilleurs joueurs, en payant plus (que ce soit en indemnités de
transfert ou en salaires) que leurs concurrents.
Or, le championnat de football français n’échappe pas à
ce phénomène, suite notamment aux rachats de deux clubs fran-
çais de football réputés (le Paris-Saint-Germain en 2011 et l’AS
Monaco en 2012) par des investisseurs étrangers (respectivement
le Qatar Sports Investments et le milliardaire russe Rybolovlev).
Ces conditions nous amènent à nous demander si le suc-
cès sportif d’une équipe découle nécessairement de ses dépenses
salariales, mesurées par la masse salariale du club. Autrement
dit, existe-t-il une relation statistiquement significative entre les
salaires dépensés par le club et sa performance sur le terrain ?
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Une telle relation a fait l’objet d’une littérature empi-
rique croissante en économie du sport, que ce soit au niveau des
sports professionnels nord-américains ou du football européen.
Toutefois, aucune étude n’a été consacrée au championnat de
France de football, alors qu’il constitue un champ d’application
privilégié grâce à la disponibilité des données financières des clubs,
extraites des rapports annuels de la DNCG (Direction nationale
de contrôle de gestion) et de la Ligue de football professionnel.
Par conséquent, nous proposons de contribuer à cette
littérature en étudiant la relation entre la masse salariale d’un
club et sa performance sportive dans le cas du championnat de
France, à travers un panel de trente-six clubs ayant participé à la
Ligue 1 sur la période 2005-2014. Pour ce faire, nous estimons
tout d’abord l’impact des dépenses salariales sur la performance
sportive du club, mesurée par le ratio de points qu’il a obtenus
au cours de la saison. Puis, nous évaluons à l’aide de modèles
Probit l’influence des dépenses de salaires de l’équipe sur la pro-
babilité de satisfaire les objectifs spécifiques aux clubs, à savoir se
qualifier pour les compétitions européennes (en atteignant une

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Matthieu Llorca et Thierry Teste 127

des quatre premières places du championnat de France) pour


les clubs les plus ambitieux et les plus riches, et, pour les autres,
éviter la relégation en ligue inférieure (c’est-à-dire éviter les trois
dernières places du championnat).
L’article s’organise de la façon suivante : dans une pre-
mière partie, nous rapportons la revue de la littérature empi-
rique concernant la relation entre masse salariale et performance
dans les sports professionnels d’équipe. Dans une deuxième
partie, nous présentons la base de données d’un point de vue
descriptif ainsi que le modèle à estimer, avant de reporter les
résultats économétriques obtenus dans la troisième section. La
quatrième partie est consacrée aux interprétations et aux impli-
cations qu’offrent les résultats empiriques obtenus en termes
d’analyse de l’industrie du football. Nous concluons enfin par
les perspectives de recherches futures sur ce sujet.
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Revue de la littérature sur la relation
entre les dépenses salariales des équipes
et leurs performances sportives dans
les sports professionnels collectifs

La relation entre les dépenses en salaire des clubs et leurs per-


formances sportives fait l’objet d’un grand intérêt en économie
du sport.
La littérature empirique sur le sujet s’est concentrée tout
d’abord sur le cas des sports professionnels américains (le base-
ball, le basket-ball, le football américain et le hockey sur glace)
en raison de la disponibilité des données salariales par club et
par joueur. On peut ainsi répertorier par ordre chronologique
les études de Scully [1974], Zimbalist [1992], Scully [1995],
Buchanan et Slottje [1996], Sanderson et Siegfried [1997], Fort
et Quirk [1999], Hall, Szymanski et Zimbalist [2002], Forrest

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et Simmons [2002], Wiseman et Chatterjee [2003], Simmons


et Forrest [2004] ou bien encore Berri et Schmidt [2010].
Le résultat général de cette littérature sur les sports nord-
américains est une relation floue et faiblement significative entre
la masse salariale de l’équipe et sa performance sur le terrain. Par
conséquent, « accroître les dépenses en salaire des joueurs et dans
le coaching apparaît seulement comme une condition nécessaire
mais non suffisante pour améliorer le pourcentage de victoires
d’une équipe » (Scully [1995], p. 94). Pour dire cela autrement,
« les équipes qui paient le plus ne sont pas nécessairement celles
qui gagnent le plus » (Buchanan et Slottje [1996], p. 144).
Parmi les raisons invoquées, on trouve l’application de
restrictions institutionnelles sur la mobilité des joueurs, telles
que le salary cap, la luxury tax, la draft de rookie (profitant aux
équipes les plus faibles), le partage de revenus entre les clubs ou
bien encore les règles de joueurs libres (free agents). Ces diffé-
rentes mesures interventionnistes, en restreignant la répartition
des victoires entre les équipes, créent ainsi un marché du travail
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monopolistique qui rompt la relation entre masse salariale et suc-
cès dans les sports professionnels par équipe. A cela s’ajoute éga-
lement une structure des ligues nord-américaines qui repose sur
des équipes de franchises, jouant dans des conférences quasiment
de niveau équivalent au lieu d’une structure de ligue hiérarchique
comme dans le football européen. Enfin, la séparation dans la
saison sportive entre la saison régulière et les « play-offs » peut
expliquer la faible variation du pourcentage de victoires durant la
saison régulière, et le fait que la performance ne soit pas parfaite-
ment corrélée avec la qualité de joueurs de talent dans l’effectif.
S’agissant plus spécifiquement du football européen, peu
d’études ont été développées jusque dans les années 2000 en rai-
son notamment de la non-disponibilité des données financières
des clubs professionnels en Europe. Le championnat anglais
représente la majeure partie de la littérature sur le football euro-
péen. Les études de Szymanski et Smith [1997], de Szymanski
et Kuypers [1999], de Hall, Szymanski et Zimbalist [2002], de
Kuper et Szymanski [2009], de Carmichael, McHale et Thomas
[2011] trouvent ainsi une forte corrélation entre la masse sala-

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riale et le classement obtenu dans le championnat sur une longue


période de temps. D’autres études comparatives sur la relation
entre masse salariale et performance sont développées par Forrest
et Simmons [2002], Simmons et Forrest [2004] qui comparent
les ligues nord-américaines avec les championnats anglais, italien
et allemand ou bien Frick [2013] sur différents championnats
européens. Le championnat allemand est également étudié par
Frick [2006], Frick et Simmons [2008] ainsi que le championnat
espagnol par Garcia-del-Barro et Szymanski [2009].
Il ressort de cette littérature sur le football professionnel
européen que la masse salariale a un impact significatif et élevé sur
la performance sportive, contrairement aux sports nord-américains.
Au final, à travers la comparaison entre la littérature
sur les sports nord-américains et celle sur le football européen,
il apparaît que la relation entre masse salariale et performance
varie selon les ligues considérées, son degré de régulation, le
marché du travail des joueurs, les caractéristiques physiques du
jeu ou encore la structure du tournoi joué.
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Base de données sur le championnat
de France et modèles à estimer

Dans le cas du championnat de France, l’observation de l’évo-


lution de la masse salariale moyenne des clubs de Ligue 1
(cf. tableau n°1 ci-après) au cours de la période 2005-2014 révèle
une nette croissance, notamment lors des années 2009 et 2014.
Pour cette dernière année, la croissance des salaires en Ligue 1 a
atteint en moyenne un taux proche de 22 % en raison des salaires
exorbitants offerts par le PSG et Monaco pour rémunérer les
joueurs superstars qu’ils ont recrutés lors de cette saison-là.
En outre, si l’on raisonne en termes de part des salaires dans
les recettes des clubs de Ligue 1, on note un niveau trop élevé (64 %
en moyenne sur la période), même si la tendance est à la baisse depuis

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le pic de 2011 et 2012 (autour de 75 %). Toutefois, cela s’explique


par une croissance des recettes supérieure à celle des salaires.

Tableau 1
Evolution de la masse salariale et de la part des salaires dans
les recettes des clubs de L1 de 2005 à 2014
Masse salariale Taux de croissance Part des salaires
moyenne des clubs (en %) de l’évolution dans les recettes
Année
de L1 (en milliers du salaire moyen des clubs de L1
d’euros) des clubs de L1 (en %)
2005 25 930 48,82
2006 27 905 7,6 47,11
2007 28 605 2,5 51,44
2008 32 724 14,4 71,14
2009 39 301 20,1 68,86
2010 42 239 7,4 72,59
2011 41 428 -1,9 74,65
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2012 43 160 4,1 74,08
2013 43 859 1,6 66,43
2014 53 449 21,8 64,06
2005-2014 37 860 8,6 63,91

Source : calcul des auteurs à partir des données extraites de la DNCG.

Enfin, le tableau n°2 et celui situé en annexe rapportent


les statistiques descriptives des deux variables, à savoir le ratio de
points et la masse salariale, que nous utilisons dans nos régressions.

Tableau 2
Statistiques descriptives de la masse salariale relative et du
ratio de points
Masse salariale Ratio de points
Championnat Ecart- Ecart-
Minimum Maximum Moyenne Minimum Maximum
français type type
Ligue 1 0,266 5,002 0,743 0,449 0,442 0,457 0,004
(Istres, (PSG, (saison (saison
2005) 2013) 2005) 2010)

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Notre échantillon couvre les saisons 2005 à 2014 avec


trente-six équipes qui ont participé à la Ligue 1 durant cette
période, ce qui nous donne deux cents observations au total,
puisque cette ligue comprend vingt clubs par saison.
Le premier modèle à estimer afin d’étudier la relation
entre la masse salariale relative d’une équipe et la performance
du club est le suivant :
POINTSij = α0 + α1 MSij + α2PROMU + ε (1)
avec POINTSij, l’indicateur de performance du club mesuré par
le ratio de points atteint par le club i lors de la saison j sur
le maximum de points possible. Le ratio de points est utilisé
comme variable dépendante car il constitue une mesure cardi-
nale de la performance ; MSij, la masse salariale de l’équipe2 i à la
saison j par rapport à la moyenne de la ligue dans cette année j ;
PROMU, une variable « dummy » qui prend la valeur 1 pour les
clubs promus à la fin de la saison précédente, sachant que dans
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le cas de la France trois clubs sont promus et relégués chaque
saison de la Ligue 1.
Par ailleurs, étant donné que l’objectif des équipes n’est
pas nécessairement de gagner le plus de points possible mais de
se qualifier pour les compétitions européennes, nous pouvons
élargir notre analyse en évaluant l’influence de la masse sala-
riale sur la probabilité de se qualifier aux compétitions euro-
péennes (la Ligue des champions et la Ligue Europa). Pour ce
faire, nous utilisons comme spécification un modèle Probit avec
pour variable dépendante le fait de se classer parmi les quatre
premières places3 de la Ligue 1 (contre six pour les champion-
nats anglais, allemand et italien).
Le modèle à estimer est le suivant :
EURij = α0 + α1 MSij + ε (2)
avec EURij, une variable dummy qui prend la valeur 1 lorsque le
club i est classé à la saison j à l’une des quatre premières places
de la ligue, qui sont qualificatives pour les compétitions euro-
péennes telles que la Champions League et l’Europa League.

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Pour la plupart des équipes toutefois, un objectif plus


réaliste que celui d’atteindre la qualification à ces compétitions
européennes est de se maintenir en Ligue 1 pour éviter l’échec
sportif et les pertes financières en termes de revenus du club
(droits TV, recettes de spectateurs et de sponsors) qui accom-
pagnent la descente en Ligue 2. Par conséquent, nous utilisons
un second modèle Probit pour estimer l’influence de la masse
salariale sur la probabilité de se maintenir en Ligue 1 (ce qui
revient à éviter les trois dernières places du championnat).
RELij = α0 + α1 MSij + ε (3)
avec RELij , une variable dummy qui prend la valeur 1 lorsque
le club i est relégué à la saison j, c’est-à-dire lorsqu’il est classé à
l’une des trois dernières place de la Ligue 1.

Résultats économétriques
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Le choix de spécification de la forme fonctionnelle du modèle à
estimer est basé sur le test Ramsey RESET (Regression Equation
Specification Error Test). Une variété de forme fonctionnelle
(log-linéaire, linéaire-log, log-log et quadratique) échoue à amé-
liorer la spécification linéaire. Nous rejetons effectivement la
forme quadratique qui aurait permis de tester l’existence d’un
rendement décroissant du salaire dans la mesure où le point de
retournement figure en dehors de notre échantillon de données.
En outre, d’après le test de Hausman, le modèle est
estimé en tant que panel de clubs avec des effets fixes.
Il ressort de cette estimation, dans le cas du championnat
de France, une relation bien déterminée entre la masse salariale et
la performance des clubs obtenue, confirmant ainsi la littérature
sur ce sujet, puisque l’impact du salaire relatif sur la position finale
dans la ligue est statistiquement significatif et économiquement
pertinent. On peut donc affirmer que la masse salariale apparaît

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Matthieu Llorca et Thierry Teste 133

comme un déterminant significatif de la performance en Ligue 1


puisqu’elle génère de la performance. Autrement dit, les dépenses
en salaires d’un club ont un rôle significatif pour prévoir le succès
de l’équipe, mesuré par le ratio de points obtenus durant la saison.
Il est intéressant de noter que le coefficient sur MS, qui est
également l’élasticité de la masse salariale par rapport au ratio de
points, est de 0,10, soit un niveau quasiment similaire à celui obtenu
par Simmons et Forrest [2004] sur le championnat allemand4.

Tableau 3
Régression MCO avec des effets fixes (variable dépendante :
le ratio de points)
Variables Championnat de France de Ligue 1

0,103 ***
MS
(7,886)
0,059 ***
PROMU
(3,343)
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0,339 ***
CONSTANTE
(2,842)

R2 ajusté 0,645

R2 0,711

Note : entre parenthèses figure le t de Student.

S’agissant des deux modèles Probit, la forme linéaire est


acceptée et les résultats des estimations sont rapportés dans le
tableau n°4.

Tableau 4
Estimation des modèles Probit
Variables Variable dépendante : EUR Variable dépendante : REL

MS 1,60 *** -2,122 ***

CONSTANTE -2,69 *** 0,497 ***

A partir de cette estimation des effets marginaux par


les modèles Probit, nous pouvons conclure que la hausse de la

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masse salariale accroît la probabilité des équipes de se qualifier


aux compétitions européennes (en atteignant l’une des quatre
premières places de la Ligue 1) et réduit celle d’être reléguées
(en évitant l’une des trois dernières positions du championnat).
Pour résumer nos différents résultats empiriques sur le
championnat de France, il s’avère que la variation dans la per-
formance d’une équipe peut être expliquée par la variation dans
les dépenses salariales. Autrement dit, plus un club dépense en
salaires pour ses joueurs, meilleure est sa performance sur le ter-
rain. Nous trouvons en effet qu’une masse salariale relative plus
élevée conduit à un ratio de points plus élevé. En outre, des
dépenses en salaires relatives plus élevées sont associées à une
probabilité accrue d’atteindre une place qualificative pour les
compétitions européennes. Enfin, une hausse des salaires relatifs
de l’équipe réduit la probabilité d’être reléguée.
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Justifications et implications de la
relation significative entre masse
salariale et performance des clubs

Le résultat empirique que nous avons obtenu, à savoir un impact


positif des dépenses en salaires des joueurs sur la performance
peut se justifier par des facteurs tels que la structure ouverte
des ligues européennes, la perspective de qualification à la lucra-
tive Ligue des champions ou bien encore l’accroissement de la
mobilité des joueurs et l’émergence d’un marché du travail des
footballeurs efficient en Europe.
D’une part, dans un système de promotion et de relé-
gation des clubs à chaque saison (Andreff [2007]), les équipes
sont davantage incitées à investir et à attirer des talents afin de
se maintenir (Noll [2002]) ; Andreff [2009]). En conséquence,
la crainte de la relégation (induisant un moindre prestige et

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Matthieu Llorca et Thierry Teste 135

surtout de moindres revenus) ou bien l’attrait de la promotion


(impliquant davantage de revenus) créent une incitation forte à
la compétition et à la concurrence (Szymanski et Valetti [2005]).
Ainsi, les clubs les plus puissants sportivement et financièrement
sont poussés à recruter plus cher et à dépenser massivement en
salaires, pour assurer leur maintien dans le haut niveau.
Dès lors, la probabilité de relégation des promus est très
forte dans les championnats européens (Dherbecourt et Drut
[2009]). En effet, les nouveaux entrants (les promus) ne sont
généralement pas à même de concurrencer, de façon crédible,
les grands clubs déjà solidement établis en Ligue 1 et dispo-
sant d’infrastructures de qualité (stade, centre de formation…)
et de capital humain de haut niveau (joueurs, entraîneurs, pré-
parateurs physiques). La relégation en division inférieure se tra-
duit d’un point de vue financier par une forte diminution des
recettes (réduction des droits TV, diminution de l’affluence),
alors que certaines dépenses, comme les salaires des joueurs, ne
peuvent pas aisément être revues à la baisse. En conséquence,
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les clubs relégués se trouvent dans l’obligation de vendre des
joueurs, parfois au rabais, pour combler leur déficit financier et,
de ce fait, voient diminuer leurs chances de remonter en ligue
supérieure l’année suivante. Quant aux clubs qui disposent de
ressources intermédiaires entre la moyenne des clubs de L1 et
la moyenne des clubs de L2, ils connaissent généralement un
phénomène d’aller-retour (relégation suivie de promotion, et
ainsi de suite) qu’il leur est difficile d’enrayer (Noll [2002]).
D’autre part, la perspective de participation à la lucra-
tive Champions League constitue une forte incitation à dépen-
ser plus en salaires et en transferts pour les clubs les plus ambi-
tieux, désireux d’atteindre une des trois premières places de la
ligue, qualificatives pour cette compétition. Et ce d’autant plus
que cette dernière offre une rente financière pour les clubs y
participant régulièrement (Pawlowski, Breuer et Hovemann
[2010]).
Par ailleurs, une autre justification de notre résultat
réside dans le fait que, suite à l’arrêt Bosman (1995), il s'est pro-
duit un accroissement de la mobilité des joueurs (Frick [2007] ;

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136   Matthieu Llorca etThierry Teste

Flores, Forrest et Tena [2010]). Dans ces conditions, l’émer-


gence d’un marché du travail des footballeurs européens effi-
cient favorise l’existence d’une relation positive et significative
entre masse salariale et performance (Frick [2013]).
En outre, le résultat empirique que nous avons obtenu
revêt trois implications importantes dans l’analyse de l’industrie
du football européen, s’agissant des déséquilibres compétitifs et
financiers des clubs ainsi que de la régulation des salaires des
joueurs.
En effet, le concept d’équilibre compétitif, introduit par
Rottenberg [1956], reflète une compétition équilibrée entre les
clubs, mais aussi une incertitude concernant le club vainqueur
à l’issue d’un match ou bien sur le champion lors d’une sai-
son donnée ou d’une saison à l’autre (Szymanski [2003]). Or,
l’impact positif des dépenses salariales sur la performance des
équipes de Ligue 1, et donc les différences de masse salariale
entre les clubs5 jouent un rôle dans le creusement du désé-
quilibre compétitif existant au sein des ligues européennes
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(Szymanski [1999] ; Andreff et Bourg [2006] ; Gerrard [2006] ;
Andreff [2009]). L’influence des salaires sur le résultat rejoint
ainsi d’autres facteurs contribuant au creusement du déséqui-
libre compétitif entre les clubs, tels que le mode de répartition
individuelle des droits TV (Bourg et Gouguet [2007]), la struc-
ture ouverte des championnats européens, la forte dépendance
des recettes financières au résultat sportif, ou bien encore la par-
ticipation répétée de certains clubs à la Champions League.
Une deuxième conséquence de notre résultat empirique
est que les dépenses salariales des clubs sont un des facteurs
contribuant à l’instabilité financière des clubs, à savoir des défi-
cits récurrents et un endettement croissant. En effet, à travers
leurs déséquilibres économiques, il s’avère que ces équipes ne
cherchent pas à maximiser les profits (Downward et Dawson
[2000]), mais à maximiser la victoire sous une contrainte budgé-
taire (Kesenne [1996, 2000]), qualifiée de « molle » par Andreff
[2009], et qui résulte de l’explosion des droits de retransmission
TV, comme le montrent Baroncelli et Lago [2006], ou encore
Aglietta, Andreff et Drut [2008]. Ces derniers trouvent notam-

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Matthieu Llorca et Thierry Teste 137

ment dans le cas du championnat de France une causalité allant


de la hausse des droits de retransmission télévisuelle vers celle
de la masse salariale des clubs. De ce fait, le niveau de plus en
plus élevé de ces droits desserre la contrainte budgétaire des clubs
qui se lancent dans une « course aux armements » sans limite.
Il en résulte une gestion plus laxiste de leurs dépenses, que ce
soit en matière de salaires ou de transferts des joueurs, ce qui les
rend plus compétitifs d’un point de vue sportif, leur permet de
remporter davantage de matchs, et donc d’attirer de nouveaux
revenus (de retransmission télévisuelle notamment), pour finan-
cer des salaires et des transferts plus élevés dans un avenir proche.
On assiste donc à un phénomène auto-entretenu d’inflation des
salaires et des transferts, générée par les clubs à partir des droits
TV qu’ils reçoivent, et qui sont régulièrement en hausse6 puisque
les clubs, via la ligue, négocient les droits de retransmission les
plus élevés possible afin de financer des salaires exorbitants.
Enfin, étant donné que la masse salariale influence signi-
ficativement la performance des clubs et contribue fortement
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à leur déséquilibre financier, cela offre une condition néces-
saire ou déjà suffisante en faveur de mesures de régulation des
salaires7 pour éviter un creusement des déséquilibres compéti-
tifs et financiers. De tels dispositifs pourraient prendre la forme
d’un « salary cap » (en vigueur dans les ligues professionnelles
nord-américaines, mais également dans le rugby professionnel
en France et en Angleterre), c’est-à-dire un encadrement systé-
matique de la masse salariale des clubs, avec un plafond salarial
maximal à ne pas dépasser, ou bien un pourcentage du bud-
get ou des recettes. Chaque club dépassant ce plafond se ver-
rait obligé de verser à la ligue une amende d’un montant rela-
tivement important, redistribué ensuite aux autres clubs. Une
telle mesure limiterait de façon égalitaire la masse salariale des
clubs, de manière à éviter la concentration de gros salaires dans
un même club et à favoriser ainsi une concurrence sportive
plus loyale sur le plan financier entre les équipes d’une même
ligue. D’autre part, elle stopperait les politiques de salaires exor-
bitants menées par les « nouveaux riches ». Par ailleurs, afin
de garantir l’équité sportive, un tel plafond concernerait les

Revue française d’économie, n°2/vol XXXI


138   Matthieu Llorca etThierry Teste

dépenses nettes des clubs en salaires, étant donné les disparités


relatives à la fiscalité du travail entre les Etats européens.

Nous avons trouvé que la relation entre la masse sala-


riale de l’équipe et sa performance sur le terrain, mesurée par le
nombre de points obtenus, est significative et forte dans le cham-
pionnat de France. En outre, des dépenses en salaires relatives
plus élevées sont associées à une probabilité accrue d’atteindre
une place qualificative pour les compétitions européennes et
réduisent la probabilité pour une équipe d’être reléguée.
Ce nouveau résultat sur le cas de la France conforte ainsi
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la littérature portant sur les autres ligues européennes (anglaise,
italienne, allemande et espagnole). Cela peut s’expliquer notam-
ment par les caractéristiques du football professionnel européen,
à savoir la structure ouverte de ces ligues, la perspective de qua-
lification à la Ligue des champions ou bien encore l’absence
de restriction à la mobilité des joueurs en Europe. En outre,
le résultat empirique obtenu dans cette étude revêt trois impli-
cations dans l’industrie du football en matière de déséquilibres
compétitifs et financiers des clubs ainsi qu’en faveur de mesures
de régulation.
Trois sujets restent en suspens et doivent être traités dans
les recherches futures. Tout d’abord, on assiste dans de nom-
breuses ligues à des changements du nombre de clubs promus
et relégués (un tel sujet fait d’ailleurs l’objet d’un vif débat
actuellement en France entre la Ligue de football professionnel
et la Fédération française de football). Or, il n’est pas du tout
évident que ces changements aient un effet sur l’équilibre (ou
le déséquilibre) économique et/ou compétitif de ces ligues. Par
ailleurs, un sujet, peut-être même plus important, consiste à véri-

Revue française d’économie, n°2/vol XXXI


Matthieu Llorca et Thierry Teste 139

fier si la régulation du fair-play financier introduit par l’UEFA


dans le football européen depuis 2011 a un impact sur les com-
portements des clubs qualifiés aux compétitions européennes
en matière de dépenses salariales. On devrait s’attendre à une
réduction des disparités de masses salariales entre les équipes8.
Enfin, dernier point, une plus grande transparence de la part des
clubs français en matière de publication des salaires individuels
des joueurs et des entraîneurs de chaque équipe, comme c’est
le cas en Allemagne et en Angleterre (cf. les études respectives
de Frick [2005] et de Frick et Simmons [2008]), élargirait le
terrain d’investigation de la relation entre masse salariale et per-
formance de l’équipe à un niveau désagrégé sur le cas français.

Les auteurs tiennent à remercier les participants au séminaire DESport, ainsi que les rap-
porteurs de la Revue française d'économie pour leurs remarques et suggestions.
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Matthieu Llorca est maître de conférences en Sciences économiques à l’université
de Bourgogne Franche-Comté – Laboratoire d’économie de Dijon (LEDi) UMR 6307
CNRS-Université de Bourgogne.
Adresse : 2, boulevard Gabriel BP 26611, 21066 Dijon cedex.
Email : matthieu.llorca@u-bourgogne.fr

Thierry Teste est maître de conférences en Sciences économiques à l’université de


Bourgogne Franche-Comté – Laboratoire de Socio-psychologie en management
du sport (SPMS) EA4180.
Adresse : Campus universitaire Montmuzard, BP 27877, 21078 Dijon cedex.
Email : thierry.teste@u-bourgogne.fr

Revue française d’économie, n°2/vol XXXI


140   Matthieu Llorca etThierry Teste

Annexe

Tableau 5
Statistiques descriptives des variables points et masse salariale
pour les 36 clubs de L1 sur la période 2005-2014
Moyenne de Classement Moyenne
Classement
points dans par moyenne de la masse
des salaires
la ligue de points salariale
Ajaccio 36,4 27 11107,2 33
Bastia 45,6 17 16024 27
Bordeaux 60,9 5 45067,6 6
Brest 38,6 25 18543,3 22
Evian 44,6 20 20191,6 19
Lille 65,3 2 45479,2 5
Lorient 49,2 12 20844,8 18
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Lyon 72,2 1 88076,2 2
OM 64,3 3 69418,1 3
Montpellier 58,4 6 33517,8 8
Nancy 47,2 15 22083,5 16
Nice 49 13 22116,6 14
Psg 61,6 4 91665,9 1
Reims 45,5 18 17616,5 24
Rennes 55,1 7 32204,3 9
Saint-Etienne 52,5 9 29124,4 10
Sochaux 45,9 16 22113,4 15
Toulouse 50,4 11 23936,5 13
Troyes 38,3 26 11388,3 31
Valenciennes 44 21 21551 17
Arles 20 36 10561 34
Auxerre 52,2 10 26115 12
Boulogne 31 34 14004 29
Caen 42,8 22 18019,2 23

Revue française d’économie, n°2/vol XXXI


Matthieu Llorca et Thierry Teste 141

Moyenne de Classement Moyenne


Classement
points dans par moyenne de la masse
des salaires
la ligue de points salariale
Dijon 36 28 15287 28
Grenoble 33,5 20 19589 20
Guingamp 42 23 18609 21
Istres 32 32 4931 36
Le Havre 26 35 17416 25
Le Mans 45,2 19 17181 26
Lens 48,6 14 37951,3 7
Metz 32,3 33 11220 32
Monaco 54,6 8 45824,8 4
Nantes 41 24 24234,6 11
Sedan 35 29 9415 35
Strasbourg 37,3 26 12230 30

Source : calcul des auteurs.


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Revue française d’économie, n°2/vol XXXI


142   Matthieu Llorca etThierry Teste

Notes

1. De telles caractéristiques se retrouvent riales peut changer d’une ligue à l’autre,


également sur le marché des entraîneurs certaines, comme la France, incluant
(Llorca et Teste [2010]). également les salaires des entraîneurs,
alors que d’autres ne les prennent pas en
2. Il faut signaler que les mesures de la compte.
masse salariale peuvent différer d’une
ligue à l’autre. Dans le cas de la France, 5. Disparités fortes également entre les
la masse salariale, extraite des comptes salaires des joueurs (cf. l’article de Bouvet
des clubs fournis à la DNCG et publiés [1996] pour une analyse du marché
chaque année sous le vocable « rémuné- du travail et des salaires de joueurs de
ration du personnel chargée », représente football).
les salaires (hors charges sociales) versés à
tout le staff, incluant donc les paiements 6. Le financement du football peut
des coachs, managers, et pas seulement ainsi s’analyser sous la forme de circuits
des joueurs. Cette mesure plus large de la (Bouvet [2012]).
masse salariale constitue ainsi un indica- 7. Des mesures de régulation du marché
teur plus précis. des transferts sont également en prépara-
3. Etant donné le classement de la France tion et pourraient porter sur l’instaura-
tion d’une taxe sur les transferts les plus
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à l’indice UEFA, seuls les deux premiers
clubs du championnat sont assurés de onéreux (luxury tax), à l’échelle euro-
participer directement à la Ligue des péenne (Andreff [2014]). Ce mécanisme
champions ; le club classé troisième doit ressemblerait à une sorte de taxe Tobin
passer par au moins un tour préliminaire ; sur les transferts, à savoir que, lorsque le
quant au club qui arrive en quatrième plafond fixé est dépassé, un pourcentage
position, il se qualifie en Ligue Europa, est prélevé sur le montant du transfert
les autres places restantes dans cette com- et est ensuite reversé au profit des clubs
pétition sont attribuées aux vainqueurs de formateurs.
la Coupe de France et de la Coupe de la 8. D’un autre côté, à travers l’exemple en
ligue. Ligue 1 du club de Paris Saint-Germain,
4. Les comparaisons entre les différentes sanctionné par le fair-play financier lors
ligues européennes des élasticités de la de la saison 2014/2015, il apparaît que
masse salariale à la performance des clubs cela ne l’a pas empêché de détenir une
sont toutefois délicates à interpréter dans masse salariale bien au-dessus de ses
la mesure où l’indicateur de dépenses sala- concurrents.

Revue française d’économie, n°2/vol XXXI


Matthieu Llorca et Thierry Teste 143

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