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La transition et le bilan de la première application en

France des normes IFRS : le cas des incorporels


Corinne Bessieux-Ollier, Élisabeth Walliser
Dans Comptabilité Contrôle Audit 2007/3 (Tome 13), pages 219 à 245
Éditions Association Francophone de Comptabilité
ISSN 1262-2788
DOI 10.3917/cca.133.0219
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 20/11/2023 sur www.cairn.info (IP: 154.121.26.240)

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Corinne BESSIEUX-OLLIER – Élisabeth WALLISER


LA TRANSITION ET LE BILAN DE LA PREMIÈRE APPLICATION EN FRANCE DES NORMES IFRS :
LE CAS DES INCORPORELS 219

La transition
et le bilan de la première
application en France
des normes IFRS :
le cas des incorporels
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Corinne BESSIEUX-OLLIER*
Élisabeth WALLISER**

Résumé Abstract
Assiste-t-on à un véritable bouleversement Is there a real disruption in the accounting
des pratiques des entreprises françaises au practice of French firms related to intangibles fol-
regard des incorporels suite à l’application des lowing the application of IFRS from the 1st of
IFRS au 1er janvier 2005 ? Est-il possible de January 2005 ? Is it possible to identify a general
dégager une tendance générale dans l’évolu- trend in the evolution of information disclosure
tion de l’information relative à la présentation and evaluation of intangibles ?
et au traitement des incorporels ? After a study of the evolution of the accoun-
Après avoir présenté l’évolution de la régle- ting regulation related to intangibles, this paper
mentation comptable relative aux incorporels, presents an empirical analysis of the annual
une analyse empirique est réalisée à partir des reports of the firms listed on the CAC 40 finan-
rapports annuels des entreprises du CAC 40 cial market in order to identify the accounting
afin de rendre compte de l’évolution des practices related to intangibles. Three years are

* Membre du CEROM et membre associé de l’ERFI-FCCS


** Membre de l’ERFI-FCCS

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220 LE CAS DES INCORPORELS

pratiques des entreprises françaises relatives considered in this study as a basis for compari-
aux incorporels. Trois années sont considérées : son : before the application of IFRS (2003), the
avant prise en compte des IFRS (2003), transition year (2004) and the first year in
pendant l’année de transition (2004) et lors de which the IFRS were applied (2005).
la première application des IFRS (2005).

MOTS CLÉS. – IFRS – INCORPORELS – TRANSITION KEYWORDS. – IFRS – INTANGIBLES – TRANSITION TO


– PREMIÈRE ADOPTION IFRS – FIRST APPLICATION

Correspondance : Corinne BESSIEUX-OLLIER Élisabeth WALLISER


Groupe Sup de Co Montpellier Faculté de Sciences Économiques
2300 avenue des Moulins Avenue de la Mer – BP 9606
34185 Montpellier Cedex 4 34054 Montpellier cedex 1
cbessieux@supco-montpellier.fr elisabeth.walliser@univ-montp1.fr
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Introduction
Depuis le 1er janvier 2005, les entreprises européennes cotées sur un marché financier réglementé ont
l’obligation d’établir leurs comptes consolidés d’après les normes IFRS (International Financial
Reporting Standards) publiées par l’IASB (International Accounting Standards Board) et les interpréta-
tions IFRIC (International Financial Reporting Interpretations Committee)1. En application de ce réfé-
rentiel, des modifications importantes sont attendues dans les rapports annuels des entreprises pour
les années 2004 (année de transition) et 2005 (première application).
Parmi les thèmes qui ont fait débat, celui des incorporels tient une place prédominante. Il a suscité
un engouement au sein de la profession comptable et des chercheurs, comme en témoignent de
nombreux écrits sur le sujet dans des revues professionnelles et académiques. Les responsables d’en-
treprises, ainsi que les préparateurs de comptes, ont également été amenés à prendre position sur un
sujet ayant un impact certain sur le contenu et la présentation des états financiers publiés (Chantiri-
Chaudemanche, 2005).
La réglementation comptable internationale portant sur les incorporels a beaucoup évolué ces
vingt dernières années, tant sur le traitement du goodwill que sur celui des autres éléments incorporels
identifiables (marques, frais de R&D…). Les normes comptables ont subi de nombreux change-
ments, avant une forme considérée à ce jour comme « stable », constituée de l’IFRS 3 « Regroupements
d’entreprises », adoptée en 2004 et des IAS 38 « Immobilisations incorporelles » et 36 « Dépréciations
d’actifs », révisées en 2004 (annexe 1). C’est sur ce thème des incorporels que la réglementation comp-
table d’un certain nombre de pays, parmi lesquels la France, s’est parfois écartée sensiblement des
méthodes préférentielles préconisées par l’IASB (Lacroix, 1998 ; Walliser, 1999 ; Martory et Verdier,
2000 ; Stolowy et ali, 2001 ; Bessieux-Ollier, 2006). La France n’ayant pas, par ailleurs, opté pour une
application obligatoire anticipée de ces normes, on peut s’attendre à ce que celles-ci aient des réper-
cussions visibles sur les comptes des entreprises françaises cotées (Hoarau, 2003).

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Assiste-t-on à un véritable bouleversement des pratiques des entreprises françaises au regard des
incorporels ou au contraire à une relative continuité ? Est-il possible de dégager une tendance géné-
rale dans l’évolution de l’information relative à la présentation et au traitement des incorporels ?
Afin de répondre à ces questions, une analyse empirique est réalisée à partir des rapports annuels
des entreprises du CAC 40. Pour rendre compte de l’évolution des pratiques en matière de présenta-
tion et de traitement des incorporels, trois années sont considérées : avant prise en compte des IFRS
(2003), pendant l’année de transition (2004) et lors de la première application des IFRS (2005).
Certaines entreprises ont retraité, dès 2004, leurs comptes consolidés selon les IFRS (globalement ou
partiellement). Leur choix n’étant pas forcément reconduits en 2005, une comparaison des pratiques
sur les périodes 2003-2004 et 2004-2005 s’est révélée nécessaire.
Selon la procédure classique, les informations relatives à la présentation et au traitement de l’écart
d’acquisition ont été distinguées de celles relatives à d’autres éléments incorporels. Un certain nombre
d’informations permettant d’analyser l’évolution des pratiques ont été recherchées d’après une grille
d’analyse préalablement constituée à partir des obligations et options envisagées par les normes IFRS
et françaises (annexe 2).
La première partie de cet article présente l’évolution de la réglementation comptable relative aux
incorporels et l’analyse des changement majeurs qui résultent de l’application obligatoire des normes
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IFRS au 1er janvier 2005. La seconde partie permet de dresser un bilan de la première application des
normes IFRS dans les états financiers des entreprises du CAC 40 et de s’interroger sur les différences
observées.

1. L’évolution de la réglementation comptable relative


aux incorporels
L’IAS 38 « Immobilisations incorporelles », sous sa forme actuelle, est le fruit de nombreuses années de
réflexion. Plus de dix ans se sont écoulés, entre la version initiale du projet E50 soumis à commen-
taires en 1995, et une version révisée de 2004 homologuée par l’Union Européenne. Ces versions
successives (dont une version publiée en 1998) résultent de débats majeurs portant, notamment, sur
la reconnaissance des actifs incorporels développés en interne et sur les amortissements des actifs
incorporels. La version 2004 de l’IAS 38 a été fortement influencée par les dispositions inscrites dans
les normes comptables américaines en matière d’amortissement des actifs incorporels (SFAS 142,
« Goodwill et immobilisations incorporelles » publiée en juin 2001) ; les deux principaux normalisa-
teurs (l’IASB et le FASB) ayant décidé de faire converger leurs normes respectives (Colasse, 2007,
Walton, 2005).
Deux autres normes complètent le dispositif comptable applicable aux incorporels : l’IAS 36
« Dépréciations d’actifs » et l’IFRS 3 « Regroupements d’entreprises ». Elles ont également subi de
nombreuses modifications jusqu’à leur homologation par l’Union Européenne (annexe 1).
Avant le changement de référentiel comptable, les sociétés françaises présentant des comptes
consolidés et faisant appel public à l’épargne devaient se conformer aux règles de comptabilisation et
de publication du Plan Comptable Général et du Règlement 99-02 du Comité de Réglementation
Comptable (CRC). Cependant, en vue d’assurer la convergence des normes comptables françaises

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222 LE CAS DES INCORPORELS

avec le référentiel comptable international, deux règlements ont été adoptés par le CRC. Le premier
règlement (CRC 2002-10), applicable par anticipation dès le 1er janvier 2002, redéfinit les notions
d’amortissement et de dépréciation et précise les situations dans lesquelles un test de dépréciation des
actifs corporels et incorporels doit être conduit. Le second (CRC 2004-06) traite de la définition, de
la comptabilisation et de l’évaluation des actifs. Il pouvait être appliqué par anticipation dès le 1er
janvier 2004.
L’analyse qui suit s’étend sur les exercices comptables 2003 à 2005. Les règles s’imposant aux entre-
prises présentant des comptes consolidés sont présentées, en distinguant le traitement comptable de
l’écart d’acquisition et celui relatif aux autres éléments incorporels. Comme l’illustre le schéma 1 ci-
dessous, trois périodes sont identifiées : la Période 1 pour les années 2003 et 2004 (normes françaises),
la Période de Transition et la Période 2 : année 2004 retraitée (en IFRS) et année 2005. La période de
transition concerne l’année 2004 : les entreprises publient leurs comptes consolidés en normes fran-
çaises avec éventuellement des informations retraitées selon le référentiel IFRS. Dans les rapports
annuels 2005, les comptes consolidés 2004 sont systématiquement retraités pour assurer une compa-
raison des informations. Une norme spécifique, l’IFRS 1, s’applique durant cette période. Elle précise
les dispositions à respecter lors de la première application des IFRS.
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Schéma 1 : Évolution de la réglementation comptable relative aux incorporels applicable
aux comptes consolidées des sociétés cotées françaises

Période 1 : Normes comptables françaises


concernant les incorporels

31/12/2003 31/12/2004

TRANSITION° : IFRS 1

31/12/2004 31/12/2005

Période 2 : IFRS (IFRS 3, IAS 36 et 38)

1.1. L’écart d’acquisition


Un écart d’acquisition (ou goodwill) est l’excédent du coût du regroupement d’entreprises sur la part
d’intérêt de l’acquéreur dans la juste valeur nette des actifs, passifs et passifs éventuels identifiables
acquis à la date de l’opération (IFRS 3).
Les informations concernant le traitement comptable de l’écart d’acquisition sont fournies par la
norme IFRS 3 « Regroupements d’entreprises ».

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Tableau 1
L’évolution du référentiel comptable relatif à l’écart d’acquisition avant
et après passage aux normes IFRS en France
France (Période 1)
Référentiel comptable
Règlement 99-02 et PCG
Transition (IFRS 1) international
Si application anticipée : CRC
(Période 2) IFRS 3 – IAS 36
2002-10 et 2004-06
Écart Regroupement d’entreprises : Option de ne pas retraiter les Regroupement d’entreprises :
d’acquisition Méthode de l’acquisition ou de regroupements d’entreprises Méthode de l’acquisition uni-
positif la mise en commun d’intérêts antérieurs à la date de transition quement.
(Goodwill) (pooling). (modalités de comptabilisation
Écart d’acquisition porté à l’actif
retenues dans le passé non
Possibilité de porter l’écart – Pas d’amortissement.
remises en cause).
d’acquisition à l’actif. Test de dépréciation une fois
Imputation sur les capitaux Retraitement obligatoire de par an (ou plus fréquemment si
propres admise avant le l’année 2004, selon les disposi- nécessaire) des UGT.
1er janvier 2000 (méthode tions de l’IFRS 3 : changements
Après la comptabilisation initia-
dérogatoire article 215 de méthodes comptables
le, évaluation de l’écart d’acqui-
du règlement 99-02). (IFRS / système antérieur) comp-
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sition à son coût, diminué du
tabilisés directement dans les
Si activation, durée d’amortisse- cumul des pertes de valeur.
capitaux propres du premier
ment libre, sur la durée de vie
bilan d’ouverture en IFRS.
économique.
Reclassement éventuel d’un (ou
des) élément (s) de l’écart d’ac-
quisition en tant qu’actifs incor-
porels identifiables en IFRS.

Écart Écart d’acquisition négatif Écart d’acquisition négatif exis- Écart d’acquisition négatif
d’acquisition comptabilisé en provisions pour tant au moment de la transition décomptabilisé en début de
négatif risques au passif du bilan et décomptabilisé, avec un ajuste- période.
(Badwill) repris annuellement au compte ment correspondant du solde
de résultat sur une durée d’ouverture des résultats non
justifiée. distribués.

Selon l’IFRS 1, les principes comptables retenus pour l’établissement des comptes consolidés
doivent s’appliquer de manière intégrale et rétrospective sur le bilan d’ouverture de l’année de transi-
tion. Ceci constitue le principe général de retraitement : les IFRS sont appliquées comme si elles
avaient toujours existé.
L’IFRS 1 propose cependant quelques exceptions à ce principe, dont l’option de ne pas retraiter dans
le bilan d’ouverture à la date de transition, les regroupements d’entreprises (selon les modalités de l’IFRS
3) antérieurs au 1er janvier 20042 : les modalités de comptabilisation des regroupements d’entreprises
retenues dans le passé ne sont alors pas remises en cause. Dans ce cas, la valeur nette comptable des
écarts d’acquisition, telle qu’elle ressort en principes français, constitue la nouvelle valeur brute en IFRS.
Analyse des changements majeurs :
Selon les normes comptables internationales, les regroupements d’entreprises doivent être comp-
tabilisés en appliquant la méthode de l’acquisition3. Sous référentiel français, la méthode du pooling

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224 LE CAS DES INCORPORELS

est également autorisée bien que considérée comme la méthode dérogatoire. Dans ce dernier cas,
aucun écart d’acquisition n’est constaté : les actifs et passifs de l’entreprise acquise sont comptabilisés
à leur valeur comptable, l’objectif de la méthode étant de faire « comme si » les entreprises participant
au regroupement ont toujours constitué qu’une seule entité. L’application rétrospective de l’IFRS 3
conduit les entreprises ayant eu recours à la méthode du pooling à retraiter les acquisitions antérieures
au 1er janvier 2004 et à reconnaître des actifs incorporels : un écart d’acquisition mais également des
immobilisations incorporelles identifiables.
La suppression de l’amortissement de l’écart d’acquisition constitue un autre changement majeur
apporté par l’IFRS 3 « Regroupements d’entreprises ». Sous référentiel français, l’écart d’acquisition est
systématiquement amorti sans précision de durée. La COB (actuelle AMF) se montre cependant réti-
cente à l’idée d’accepter une période d’amortissement supérieure à 20 ans. Toute période au-delà de
40 ans étant proscrite.
La suppression du mode d’amortissement de l’écart d’acquisition (ou goodwill) rend donc inutile
toute tentative (ou tentation ?) d’arbitrage, autrefois classique, entre l’écart d’acquisition et certaines
immobilisations incorporelles non amortissables, visant à réduire les effets sur les résultats des groupes
de la charge d’amortissement.
L’écart d’acquisition doit alors faire l’objet d’un test de dépréciation suivant l’IAS 36
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« Dépréciations d’actifs ». À la date de transition, les amortissements pratiqués sur les écarts d’acquisi-
tion sont annulés, l’entreprise comptabilisant si nécessaire une perte de valeur4. Les années suivantes,
des pertes de valeur sont constatées, au minimum une fois par an et à chaque fois qu’il y a un indice
de dépréciation. Pour ce faire, l’écart d’acquisition peut être affecté aux Unités Génératrices de
Trésorerie (UGT) que l’entreprise a identifiées. Une Unité Génératrice de Trésorerie est le plus petit
groupe identifiable d’actifs qui génère des entrées de trésorerie indépendantes des entrées de trésore-
rie générées par d’autres actifs ou groupes d’actifs5. La mise en place d’un tel test de dépréciation
conduit inévitablement à des estimations financières faisant appel au jugement des préparateurs de
comptes, notamment en matière de choix des indicateurs de risque de perte de valeur ou encore du
taux d’actualisation utilisé pour le calcul de la valeur actualisée des flux de trésorerie.
Le passage au référentiel international fait également apparaître des changements significatifs
concernant les éléments incorporels autres que l’écart d’acquisition.

1.2. Les autres éléments incorporels


Les critères de reconnaissance différant d’un cas à l’autre, les règles s’appliquant aux immobilisations
incorporelles acquises seront distinguées de celles relatives aux éléments incorporels développés en
interne.

1.2.1. LES IMMOBILISATIONS INCORPORELLES ACQUISES


Dans les entreprises cotées, la plupart de ces immobilisations incorporelles résultent de l’affectation de
l’écart de première consolidation. Les informations concernant leur traitement comptable sont four-
nies par l’IAS 38 « Immobilisations incorporelles » et l’IAS 36 « Dépréciations d’actifs ».

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Tableau 2
L’évolution du référentiel comptable relatif aux immobilisations incorporelles acquises
avant et après passage aux normes IFRS en France
France (Période 1)
Règlement 99-02
et PCG Transition Référentiel comptable international
Si application antici- (IFRS 1) (Période 2) IAS 38 – IAS 36
pée : CRC 2002-10 et
2004-06
Immobilisations Comptabilisation initiale Option d’évaluer tout Portées à l’actif si elles remplissent les défini-
incorporelles au coût. ou partie des immobili- tions et critères de reconnaissance.
acquises Fonds de commerce : sations incorporelles à Comptabilisation initiale :
porté à l’actif si acquis. la juste valeur à la date – au coût d’une immobilisation acquise sépa-
Si acquis avant 1999, de transition, afin de rément.
amortissement non déterminer leur coût – à la juste valeur d’une immobilisation acqui-
obligatoire. présumé dans le bilan se dans le cadre d’un regroupement d’entre-
Si acquis après 1999, d’ouverture : change- prises.
amortissement systéma- ments de méthodes Évaluations ultérieures selon le modèle du coût
tique. comptables ou de la réévaluation.
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Concessions, brevets, (IFRS / système anté- Actifs incorporels à durée de vie finie : amortis
licences, procédés, logi- rieur) comptabilisés sur leur durée d’utilité. Durée et mode d’amor-
ciels, droits et valeurs directement dans les tissement revus à la clôture de chaque exerci-
similaires : portés à l’ac- capitaux propres du ce. Test de dépréciation si indice de perte de
tif si acquis, amortisse- premier bilan d’ouver- valeur.
ment sur leur durée de ture en IFRS. Actifs incorporels à durée de vie indéterminée :
vie, sans maximum. Reclassement en écart non amortis. Test de dépréciation une fois par
Actifs à durée de vie d’acquisition d’incorpo- an (ou plus fréquemment si nécessaire).
infinie (marques) : pas rels non reconnus en Durée résiduelle des immobilisations incorpo-
d’amortissement. IFRS. relles généralement considérée comme nulle.

Dans le référentiel international, une immobilisation incorporelle est définie comme un actif non
monétaire identifiable sans substance physique. Elle peut être comptabilisée seulement s’il est
probable que les avantages économiques futurs qui lui sont attribuables vont à l’entreprise et que son
coût peut être estimé de façon fiable. L’actif satisfait au critère d’identifiabilité lorsqu’il peut être
distingué séparément du goodwill ou qu’il résulte de droits contractuels ou d’autres droits légaux.
Une fois reconnues, l’IAS 38 autorise deux modèles d’évaluation des immobilisations incorporelles
à la clôture des comptes : le modèle du coût ou le modèle de la réévaluation. Dans ce dernier cas, les
immobilisations incorporelles sont comptabilisées à leur juste valeur à la date de la réévaluation, dimi-
nuée du cumul des amortissements et des pertes de valeurs éventuelles. La juste valeur étant détermi-
née par référence à un marché actif, ce modèle n’est cependant pas réellement applicable aux immo-
bilisations incorporelles, chacun de ces actifs étant unique (IAS 38, 2004 § 78).
À la date de transition, l’IFRS 1 propose l’option d’évaluer tout ou partie des immobilisations
incorporelles à la juste valeur, afin de déterminer leur coût présumé dans le bilan d’ouverture au 1er
janvier 2004. Ce coût présumé constitue la base d’amortissement de l’actif s’il doit être amorti. En cas
de perte de valeur, la dépréciation s’impute sur les capitaux propres d’ouverture (norme IAS 36).

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226 LE CAS DES INCORPORELS

Analyse des changements majeurs :


Les conditions restrictives d’activation des éléments incorporels figurant dans les IFRS obligent les
entreprises françaises, n’ayant pas opté par anticipation pour le règlement CRC 2004-06 relatif à la
définition des actifs, à une réflexion au cas par cas sur la nature de leurs éléments incorporels. Ainsi,
certaines immobilisations incorporelles reconnues en tant qu’actifs dans le référentiel français mais ne
satisfaisant pas aux dispositions de l’IAS 38 doivent être réintégrées dans l’écart d’acquisition (c’est le
cas des parts de marché qui ne peuvent être identifiées séparément de l’écart d’acquisition).
A contrario, le référentiel IFRS apporte une certaine souplesse des critères de reconnaissance des
immobilisations incorporelles acquises lors de regroupements d’entreprises : l’existence de droits
contractuels ou légaux attachés à l’immobilisation incorporelle est une condition suffisante mais non
indispensable à son identification et pour prouver le contrôle des avantages économiques futurs, ce
qui permet aux entreprises de porter à l’actif certaines catégories d’immobilisations incorporelles non
protégées juridiquement (PriceWaterHouseCoopers, 2004, § 3580) qui figuraient auparavant en
écart d’acquisition (marques, fichiers clients…).
Cette double « lecture » de la norme IAS 38 peut donc avoir un impact inverse sur les comptes
consolidés des entreprises : l’interprétation restrictive conduisant à réduire la part des immobilisations
incorporelles et à augmenter celle du goodwill ; l’interprétation plus large centrée sur la notion de
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contrôle sans protection juridique favorisant au contraire leur reconnaissance distinctement du good-
will.
Concernant la durée d’amortissement des immobilisations incorporelles reconnues au bilan, le
référentiel international n’a pas, à la différence du référentiel français, retenu la notion de durée de vie
infinie des immobilisations incorporelles malgré les nombreuses controverses qu’elle a suscitée. Les
entreprises doivent apprécier si la durée d’utilité des immobilisations incorporelles est finie ou indé-
terminée6. Seules les immobilisations incorporelles dont la durée de vie est indéterminée ne sont pas
amorties, ce qui peut être le cas de certaines marques.

1.2.2. LES ÉLÉMENTS INCORPORELS DÉVELOPPÉS EN INTERNE


Les dispositions relatives au traitement comptable des immobilisations incorporelles créées par l’en-
treprise se trouvent également dans la norme IAS 38. Le cas du goodwill développé en interne n’est pas
repris dans ce tableau. Il ne doit jamais être comptabilisé à l’actif.

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LA TRANSITION ET LE BILAN DE LA PREMIÈRE APPLICATION EN FRANCE DES NORMES IFRS :
LE CAS DES INCORPORELS 227
Tableau 3
L’évolution du référentiel comptable relatif aux éléments incorporels
développés en interne avant et après passage aux normes IFRS en France
France (Période 1) Référentiel comptable
Règlement 99-02 et PCG Transition international
si application anticipée : (IFRS 1) (Période 2)
CRC 2002-10 et 2004-06 IAS 38 – IAS 36
Dépenses Recherche fondamentale : Reclassement en immobilisa- Phase de recherche :
de Recherche & charge. tions incorporelles de frais de charge.
Développement Recherche appliquée et déve- développement comptabilisés Phase de développement :
loppement : possibilité de por- en charges selon le référentiel obligation de porter la dépense
ter la dépense à l’actif (sauf comptable français. à l’actif.
pour les logiciels pour lesquels Option d’évaluer tout ou partie
l’activation est obligatoire). des immobilisations incorpo-
Amortissement systématique relles créées à la juste valeur à
sur une période de 5 ans la date de transition, afin de
maximum. déterminer leur coût présumé
dans le bilan d’ouverture :
changements de méthodes
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comptables (IFRS / système
antérieur) comptabilisés direc-
tement dans les capitaux
propres du premier bilan
d’ouverture en IFRS.
Autres Activation impossible sauf Reclassement en écart d’acqui- Activation impossible pour les
incorporels pour les logiciels (activation sition d’incorporels crées non marques, notices, titres de jour-
développés obligatoire lorsque les condi- reconnus en IFRS. naux et de magazines, listes de
en interne tions sont remplies). clients créées en interne et
Position ambiguë pour les autres éléments similaires en
marques (CRC 99-02), clarifiée substance.
par le CRC 2004-10 : activation
interdite.
Dépenses Frais d’établissement : Frais d’établissement :
spécifiques amortissement maximum sur charges.
5 ans. Dépenses de formation,
Dépenses de formation, de publicité : charges.
de publicité : charges

Parce qu’il est difficile d’apprécier si une immobilisation incorporelle développée par l’entreprise
remplit toutes les conditions pour figurer à l’actif du bilan, l’IAS 38 préconise de scinder la création
de l’immobilisation en deux phases : une phase de recherche et une phase de développement (§ 51 et
52). Elle rend ensuite obligatoire son activation lorsque toutes les conditions sont remplies7.
Analyse des changements majeurs :
Dans le référentiel français, les frais de recherche et développement sont répartis en trois catégo-
ries : la recherche fondamentale, la recherche appliquée et le développement8. Les règles françaises lais-
sent la possibilité aux entreprises sous certaines conditions de porter à l’actif ou de passer en charges

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LA TRANSITION ET LE BILAN DE LA PREMIÈRE APPLICATION EN FRANCE DES NORMES IFRS :
228 LE CAS DES INCORPORELS

les frais de recherche appliquée et les frais de développement. L’activation relève alors d’une décision
de gestion (Tondeur, 2002). Ces frais doivent alors être amortis systématiquement, dans un délai qui
ne peut dépasser 5 ans, sauf cas exceptionnel.
En transformant cette faculté en obligation, la norme IAS 38 supprime toute possibilité de choix
en matière de capitalisation des incorporels développés en interne, diminuant ainsi tout risque d’uti-
lisation discrétionnaire de la comptabilisation de ces éléments (Cazavan-Jeny, 2004).
Pour clarifier le cas de certains éléments incorporels crées ayant donné lieu à débats (et notamment le
positionnement français concernant les marques), l’IAS 38 souligne également une activation impossible
pour les marques, notices, titres de journaux et de magazines, listes de clients développés en interne et autres
éléments similaires en substance car ils ne peuvent être distingués du coût de développement de l’activité.
Lors de la transition, ces modifications conduisent à reconnaître en immobilisations incorporelles
des éléments antérieurement constatés en charges (frais de développement) ou à reclasser en écart
d’acquisition des éléments incorporels non reconnus en tant qu’actifs par les IFRS (parts de
marché…).
Tout comme pour le goodwill et les immobilisations incorporelles acquises, une part de jugement
est inévitable lors du contrôle de la valeur de ces immobilisations incorporelles, à la date de clôture
notamment. S’ajoute dans le cas des immobilisations développées en interne une difficulté supplé-
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mentaire concernant l’évaluation des conditions permettant d’immobiliser les frais de développe-
ment. Sous référentiel international, les critères sont plus nombreux et plus restrictifs que sous réfé-
rentiel français. Ils donnent inévitablement lieu à des estimations constituant de nouvelles zones de
risques pour les auditeurs (Prat dit Hauret, 2004).
L’analyse de l’évolution de la réglementation comptable nationale et internationale révèle donc des
divergences importantes sur le thème des incorporels. Les normes actuellement en vigueur peuvent,
par ailleurs, encore faire l’objet de modifications qui résulteraient du projet de convergence entre les
US GAAP et les normes IFRS.

2. Une étude qualitative des pratiques comptables relatives


aux incorporels
La France n’ayant pas opté pour une application obligatoire anticipée des normes internationales, on
peut s’attendre à ce que le passage au référentiel international ait des répercussions visibles sur les
comptes consolidés des entreprises françaises cotées9.
Assiste-t-on à un véritable bouleversement des pratiques des entreprises au regard des incorporels
ou au contraire à une relative continuité ? Est-il possible de dégager une tendance générale dans l’évo-
lution de l’information relative à la présentation et au traitement des incorporels ?
Afin de rendre compte de cette transition et présenter un bilan de la première application en
France des normes IFRS, une étude empirique a été réalisée à partir des rapports annuels des entre-
prises françaises du CAC 40. L’analyse a porté sur trois années : 2003 avant prise en compte des IFRS,
2004 l’année de transition (en utilisant pour cela les données sous référentiel français et sous référen-
tiel IFRS) et 2005 lors de la première application des IFRS.

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LA TRANSITION ET LE BILAN DE LA PREMIÈRE APPLICATION EN FRANCE DES NORMES IFRS :
LE CAS DES INCORPORELS 229
Pour pouvoir effectuer une comparaison des pratiques, seules les entreprises présentes dans l’indice
sur ces trois périodes ont été retenues. Les entreprises non françaises (qui appliquaient pour certaines
déjà les normes IFRS) ainsi que celles appartenant au secteur banque-assurance, qui justifierait une
étude spécifique, ont également été éliminées. L’échantillon final10 est donc constitué de 26 entre-
prises sur 3 années, ce qui a nécessité l’étude qualitative de 78 rapports annuels. Le dépouillement des
rapports annuels a été réalisé d’après une grille d’analyse préalablement constituée d’après les obliga-
tions et options envisagées par les normes IFRS et françaises (annexe 2). La mise en évidence des
éléments de changement ainsi que les causes de ces évolutions ont été recherchées au cas par cas.

2.1. 2003 et 2004 : deux années préparatoires


Une prise en compte de l’année 2003 s’est révélée nécessaire. Elle apparaît pour la majorité des entre-
prises étudiées, comme le point de départ de la réflexion (phase de diagnostic) sur le passage aux normes
IFRS11. Elle correspond, en effet, à la première période identifiée par les régulateurs boursiers dans une
note identifiant les quatre étapes facilitant le passage aux normes IAS / IFRS12. Elle se matérialise par des
informations décrivant, dans un chapitre spécifique du rapport annuel, les actions mises en place afin de
préparer la transition. Une équipe projet (ou comité de pilotage en charge du suivi du projet) est
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nommée avec des missions précises : identifier les principales divergences entre les principes et méthodes
appliqués par le groupe et les normes IFRS, définir les modifications à apporter à la présentation des
états financiers du groupe, évaluer les adaptations nécessaires des systèmes d’informations et mesurer les
impacts des changements des normes sur le bilan d’ouverture au 1er janvier 2004. L’année 2004 est en
général consacrée à la finalisation des travaux nécessaires à la préparation du bilan d’ouverture en IFRS
ainsi qu’à former le personnel concerné. Les membres du comité d’audit ainsi que le conseil d’adminis-
tration sont, par ailleurs, sensibilisés très tôt aux enjeux du passage aux normes IFRS.
Dans les rapports annuels 2003, la moitié des entreprises soulignant les incertitudes pesant encore
sur les normes en cours de révision ou d’adoption affirment ne pas être en mesure de dresser un inven-
taire des divergences liées au passage des normes IFRS et d’en estimer pleinement l’incidence, tandis
que l’autre moitié fournit les conclusions de leurs premiers travaux. Les principales divergences iden-
tifiées, en dehors de la question de la suppression de l’amortissement du goodwill, concernent la capi-
talisation des frais de développement et le traitement des parts de marché. La question du traitement
des concessions, propre à certains secteurs, est également citée, tandis que certains groupes abordent
la question de la durée de vie indéterminée de certains incorporels comme les marques. Ces préoccu-
pations laissent présager un retraitement important dans le domaine des actifs incorporels.
Seules 23 % des entreprises communiquent, fin 2003, leur décision d’opter pour un retraitement
rétrospectif des regroupements d’entreprises antérieurs au 1er janvier 2004 et/ou une évaluation à la
juste valeur des actifs à la date de transition. Par ailleurs, et contrairement aux recommandations de la
COB / AMF qui préconisait une application anticipée du règlement 2002-10 relatif à l’amortissement
et à la dépréciation des actifs, plus de 50 % des groupes affirment explicitement ne pas l’appliquer
dans leurs comptes consolidés 2003 et 2004. L’information n’est pas disponible pour les autres entre-
prises. Certains groupes (Alcatel, Carrefour, PPR et Thalès) affirment cependant pratiquer annuelle-
ment des tests de dépréciation proches de l’ED3 / IAS 36 pour l’évaluation de leurs écarts d’acquisi-
tion, sans pour autant citer le règlement (exception faite pour Schneider).

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LA TRANSITION ET LE BILAN DE LA PREMIÈRE APPLICATION EN FRANCE DES NORMES IFRS :
230 LE CAS DES INCORPORELS

Malgré ce manque d’anticipation, plus de 80 % des entreprises fournissent dans le rapport annuel
2004 des informations retraitées en normes IFRS. C’est ainsi que 54 % des entreprises publient un
retraitement complet de leurs comptes consolidés au 31 décembre 2004 tandis que 27 % d’entre elles
le font de manière partielle (bilan d’ouverture, par exemple, avec estimation des principales incidences
sur le compte de résultat). À une exception près, ces informations sont systématiquement auditées.
Les 19 % restantes ne communiquent que des informations diverses sur la suite du processus de
conversion aux normes IFRS.
Pour être en mesure d’apprécier le poids des actifs incorporels dans les comptes consolidés des
entreprises, les informations relatives à la présentation et au traitement de l’écart d’acquisition ( good-
will) ont été distinguées de celles relatives à des éléments incorporels identifiables (dénommées dans
ce qui suit immobilisations incorporelles). La somme de ces deux éléments formant ce qu’on appel-
lera ici les actifs incorporels.

Tableau 4
La stabilité du poids des actifs incorporels dans le total de l’actif non courant
Poids des actifs incorporels 2004 2004
2003 En % En % En % 2005 En %
dans l’actif non courant. CRC IFRS
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Plus de 2 / 3 3 5 4 3
50 % 46 % 42 % 46 %
Entre la moitié et les 2 / 3 10 7 7 9
Entre 1 / 3 et la moitié 5 6 6 6
50 % 54 % 58 % 54 %
Moins de 1 / 3 8 8 9 8
Total 26 100 % 26 100 % 26 100 % 26 100 %

On constate que l’évolution du poids des actifs incorporels dans le total des actifs non courants est
stable tout au long des trois années étudiées (tableau 4)13. Les actifs incorporels représentent plus de
la moitié des actifs non courants, pour plus de 50 % des entreprises de l’échantillon étudié, avec des
pourcentages qui peuvent avoisiner les 80 % (PPR, Pernod Ricard). Pour 1 / 3 des entreprises, les actifs
incorporels représentent moins du tiers des actifs non courants. Néanmoins, ce montant ne représente
une part négligeable que pour une minorité d’entre elles (Michelin, Renault, Total), avec un pour-
centage passant en dessous de la barre des 10 %.
L’importance des actifs incorporels dans le bilan des groupes cotés justifie l’intérêt de l’étude. Il est d’au-
tant plus utile qu’on s’interroge sur l’impact des normes IFRS sur le traitement et la présentation de ces
actifs particuliers que la position française a parfois différé sensiblement des méthodes préférentielles
préconisées par l’IASB (Cf. 1re partie). Si ce n’est pas le poids des actifs incorporels dans le total des actifs
non courants qui est affecté par le passage aux nouvelles normes, la répartition au sein des actifs incorpo-
rels entre le goodwill et les immobilisations incorporelles peut, elle, s’en trouver modifiée.

2.2. L’année de transition 2004 : un bouleversement de la structure


des actifs incorporels
Comme le montrent les trois tableaux suivants (tableaux 5, 6 et 8), le passage aux normes IFRS se
traduit, pour la grande majorité des sociétés (65 %), par une rupture dans l’habituelle répartition des

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LA TRANSITION ET LE BILAN DE LA PREMIÈRE APPLICATION EN FRANCE DES NORMES IFRS :
LE CAS DES INCORPORELS 231
actifs incorporels entre goodwill et immobilisations incorporelles identifiables. Dans ce cas, deux
groupes peuvent être identifiés : un premier groupe composé d’entreprises pour lesquelles l’inversion
de tendance se fait au profit du goodwill (dans 38 % des cas), et un deuxième groupe composé d’en-
treprises qui, au contraire, voient la part des immobilisations incorporelles augmenter (27 % des cas).
Un troisième groupe correspond à un ensemble d’entreprises (35 %) pour lesquelles aucune modifi-
cation significative de la tendance n’a pu être observée. Cette apparente stabilité cache parfois
certaines modifications importantes dans les pratiques relatives aux incorporels. Pour pouvoir déter-
miner l’influence du changement de réglementation, l’analyse repose essentiellement sur la comparai-
son des données 2004 sous référentiel français (CRC 99-02) et sous référentiel international (dispo-
nibles dans les rapports annuels 2005). Les commentaires apportés aux évolutions de ces postes résul-
tent de l’examen des rubriques composant les actifs incorporels et des informations – lorsqu’elles exis-
taient en annexe – sur les reclassements effectués.
Pour les entreprises du groupe 1 (tableau 5), le passage aux normes IFRS a un impact significatif
sur le poids du goodwill qui augmente visiblement dans le total des actifs incorporels des entreprises,
et ce au détriment du poids des immobilisations incorporelles.
Les explications doivent être recherchées dans les critères de reconnaissance des immobilisations
incorporelles, définis de façon plus restrictive en normes IFRS qu’en normes françaises. Certains actifs
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incorporels, tels les parts de marché et les fonds de commerce, sont ici reclassés en écart d’acquisition
car ils ne répondent plus aux critères d’activation séparée exigés par le référentiel international. En
fonction du poids de ces rubriques parmi les autres éléments incorporels activés, leur disparition
affecte de manière plus ou moins visible la répartition entre immobilisations incorporelles et goodwill.
Les parts de marché représentaient autour de 90 % des immobilisations incorporelles pour Cap
Gémini ou pour Lafarge, les fonds commerciaux autour de 70 % pour L’Oréal. Le poids du goodwill
devient alors prédominant. Ces pourcentages ne sont pas disponibles pour Bouygues et Lagardère qui
ne fournissent pas de valeurs détaillées. L’examen des reclassements dans les bilans comparatifs publiés
en annexe de l’année de transition permet cependant d’aboutir aux mêmes conclusions.
En ce qui concerne PPR, l’évolution du poids du goodwill peut également s’expliquer par le choix
du groupe de retraiter rétrospectivement les regroupements d’entreprises à compter du 1er janvier
1999. Cette date a été retenue du fait de l’acquisition à cette date de Gucci Group, pôle majeur de
PPR. Conformément à l’IFRS 1, cela a conduit le groupe à appliquer à compter de cette date les
normes IAS 36 et 38 et donc à annuler les dotations aux amortissements de goodwill à compter de
cette date. La dépréciation irréversible constatée, suite à l’application de l’IAS 36, ne compense qu’une
partie de cette annulation.

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LA TRANSITION ET LE BILAN DE LA PREMIÈRE APPLICATION EN FRANCE DES NORMES IFRS :
232 LE CAS DES INCORPORELS

Tableau 5
Groupe 1 : Augmentation de la part du goodwill dans le total des actifs incorporels

Entreprises 2003 2004 CRC 2004 IFRS 2005

Poids goodwill 4% 3% 82 % 81 %
Bouygues
Poids immobilisations incorporelles 96 % 97 % 18 % 19 %
Analyse : Affectation majoritaire des immobilisations incorporelles (parts de marché et fonds commerciaux
non protégés) vers le goodwill non amortissable.
Poids goodwill 60 % 38 % 90 % 93 %
Cap Gemini
Poids immobilisations incorporelles 40 % 62 % 10 % 7%
Analyse : Parts de marché reconnues par le groupe reclassées en écart d’acquisition.
Poids goodwill 90 % 89 % 93 % 92 %
Carrefour
Poids immobilisations incorporelles 10 % 11 % 7% 8%
Analyse : Disparition de la rubrique fonds commerciaux de magasins. Pas d’information explicite.
Poids goodwill 58 % 56 % 74 % 78 %
Danone
Poids immobilisations incorporelles 42 % 44 % 26 % 22 %
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Analyse : Reclassement de fonds de commerce en goodwill. Ici l’essentiel de l’augmentation du poste est lié
à la comptabilisation des engagements du groupe à acquérir les participations détenues par des tiers
(options d’achat des intérêts minoritaires).
Poids goodwill 18 % 18 % 77 % 76 %
L’Oreal
Poids immobilisations incorporelles 82 % 82 % 23 % 24 %
Analyse : Parts de marché et fonds de commerce reclassés en écart d’acquisition.
Poids goodwill 60 % 57 % 95 % 95 %
Lafarge
Poids immobilisations incorporelles 40 % 43 % 5% 5%
Analyse : Reclassement des positions commerciales (parts de marché).
Poids goodwill 50 % 42 % 61 % 60 %
Lagardère
Poids immobilisations incorporelles 50 % 58 % 39 % 40 %
Analyse : Reclassement d’actifs incorporels comptabilisés dans le cadre de regroupements d’entreprises (sans
précision mais vraisemblablement fonds commerciaux).
Poids goodwill 32 % 19 % 45 % 46 %
PPR
Poids immobilisations incorporelles 68 % 81 % 55 % 54 %
Analyse : Parts de marchés, enseignes et fonds de commerce reclassés en goodwill. Retraitement des regrou-
pements d’entreprises intervenus depuis le 1er janvier 1999.
Poids goodwill 61 % 66 % 81 % 81 %
Veolia
Poids immobilisations incorporelles. 39 % 34 % 19 % 19 %
Analyse : Retraitement en goodwill des parts de marché et fonds de commerce acquis. Annulation des
charges à répartir. Incertitude sur les concessions.
Poids goodwill 60 % 67 % 80 % 76 %
Vivendi
Poids immobilisations incorporelles 40 % 33 % 20 % 24 %
Analyse : Disparition de la rubrique parts de marché. Amortissement de certaines marques, comptabilisation
de certains éléments incorporels en engagements hors bilan (droits sportifs).

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LA TRANSITION ET LE BILAN DE LA PREMIÈRE APPLICATION EN FRANCE DES NORMES IFRS :
LE CAS DES INCORPORELS 233
Tableau 6
Groupe 2 : Augmentation de la part des immobilisations incorporelles
dans le total des actifs incorporels

Entreprises 2003 2004 CRC 2004 IFRS 2005


Poids goodwill 93 % 90 % 84 % 82 %
Alcatel
Poids immobilisations incorporelles 7% 10 % 16 % 18 %
Analyse : Capitalisation des frais de développement.
Poids goodwill 47 % 46 % 34 % 34 %
LVMH
Poids immobilisations incorporelles 53 % 54 % 66 % 66 %
Analyse : Reclassement en immobilisations incorporelles, d’enseignes, fonds de commerce et licences de dis-
tribution. Reconnaissance de la marque Louis Vuitton.
Poids goodwill 90 % 88 % 36 % 31 %
Peugeot
Poids immobilisations incorporelles 10 % 12 % 64 % 69 %
Analyse : Immobilisation des frais de développement de manière rétrospective pour tous les projets véhi-
cules mis en production depuis 1999.
Poids goodwill 14 % 10 % 5% 8%
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Renault
Poids immobilisations incorporelles 86 % 90 % 95 % 92 %
Analyse : Frais de développement visés par la norme IAS 38 et portés en charges antérieurement au 1er jan-
vier 2002 capitalisés pour leur VNC à la date de transition.
Poids goodwill 78 % 80 % 61 % 79 %
Suez
Poids immobilisations incorporelles 22 % 20 % 39 % 21 %
Analyse : Application dès le 1er janvier 2004 des projets d’interprétation de l’IFRIC sur les concessions.
Poids goodwill 67 % 58 % 35 % 26 %
Total
Poids immobilisations incorporelles 33 % 42 % 65 % 74 %
Analyse : Application de la norme IFRS 6 relative à la comptabilisation des dépenses d’exploration.
Poids goodwill 12 % 19 % 13 % 12 %
Vinci
Poids immobilisations incorporelles 88 % 81 % 87 % 88 %
Analyse : Reclassement de parts de marché en écart d’acquisition et annulation de fonds de commerce. Les
immobilisations du domaine concédé ont été rattachées aux immobilisations incorporelles14.

Pour les entreprises du groupe 2 (tableau 6), et contrairement à celle du groupe 1 (tableau 5), le
passage aux normes IFRS a un impact significatif sur le poids des immobilisations incorporelles qui
augmente visiblement dans le total des actifs incorporels des entreprises, et ce au détriment du poids
du goodwill. Une des raisons de cette évolution est liée au fait qu’une majorité d’entreprises de cette
catégorie ont capitalisé des frais de développement sous référentiel international. D’autres explications
peuvent être trouvées pour des entreprises appartenant à des secteurs particuliers (secteur pétrolier ou
encore secteur exploitant des concessions de services). Ces deux points sont étudiés successivement.

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LA TRANSITION ET LE BILAN DE LA PREMIÈRE APPLICATION EN FRANCE DES NORMES IFRS :
234 LE CAS DES INCORPORELS

Le cas des frais de développement


De manière générale, le passage aux normes internationales a eu un impact significatif sur les
pratiques en matière de capitalisation des frais de développement (hors développement de logiciels)
comme en témoignent les résultats suivants (tableau 7).

Tableau 7
Impact du changement de référentiel sur les pratiques en matière de traitement
des frais de recherche et développement
Sous référentiel français Sous référentiel IFRS
Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage
d’entreprises d’entreprises d’entreprises d’entreprises
Activation 3 11 % 13 ou 14 54 %
Passage en charge 5 19 % 6 23 %
Pas d’information 18 70 % 6 23 %

En 2003, sous référentiel français, seules trois entreprises activaient déjà des frais de développe-
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ment : Lagardère (ces éléments provenant plus précisément de sa filiale EADS), Thalès et Renault.
Pour cette dernière entreprise, l’application de l’IAS 38 a néanmoins affecté son bilan (d’où sa
présence dans le groupe 2) : les frais de développement étaient immobilisés depuis 2002 mais l’appli-
cation des normes IFRS a conduit à inscrire au 1er janvier 2004 la part portée en charge antérieure-
ment au 1er janvier 2002.
Plus de 70 % des entreprises ne fournissaient aucune information dans leur rapport annuel 2003
au sujet de ces frais. On peut imaginer soit qu’elles n’étaient pas concernées, soit qu’elles les passaient
en charges.
Dans les rapports annuels 2005, plus de la moitié des entreprises affirment activer ces frais. Elles
apportent alors parfois des informations complémentaires permettant de justifier la limitation du trai-
tement rétrospectif de la norme. La possibilité de disposer d’une documentation appropriée et suffi-
samment fiable est généralement mise en avant (France Telecom, Peugeot, Renault, Schneider). Ces
frais de développement peuvent alors représenter des montants importants : plus de 80 % des immo-
bilisations incorporelles pour Alcatel en 2005 et plus de 90 % pour Peugeot qui applique la norme de
manière rétrospective depuis 1999. Pour une des entreprises (Total) un doute subsiste quant à l’acti-
vation effective (les conditions générales d’activation sont rappelées dans l’annexe, sans plus de préci-
sions) et l’absence d’éléments chiffrés ne permet pas de trancher.
Parmi les entreprises qui passent les frais de développement en charges selon référentiel internatio-
nal, une justification est systématiquement apportée. Elle indique, bien souvent, que les critères ne
sont pas tous remplis par le groupe.
Le cas des concessions
En 2003 et 2004, le traitement comptable des activités entrant dans le champ des concessions était
encore à l’étude au sein du comité d’interprétation de l’IASB (IFRIC). Ce n’est qu’en mars 2005 que
l’IFRIC a publié trois projets d’interprétation (D12, D13 et D14), ayant pour but d’aider les conces-
sionnaires d’accords de concessions de services à définir le traitement comptable de leurs contrats

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LE CAS DES INCORPORELS 235
selon les IFRS existantes. Fin décembre 2005, ces interprétations n’étaient donc pas obligatoires, la
date de leur première application ayant été fixée au 1er janvier 2006.
Le projet relatif aux concessions est susceptible de modifier de façon significative les pratiques
comptables des concessionnaires puisque de telles infrastructures ne pourraient plus figurer à l’actif du
délégataire en tant qu’immobilisations corporelles lorsque le délégataire finance l’infrastructure. Elles
doivent alors figurer soit en tant qu’actif financier, lorsque les paiements sont réalisés par le concédant,
soit en tant qu’actif incorporel lorsque les paiements sont collectés auprès des usagers. Sur ce point, les
groupes concernés communiquent avec détail sur les positions en cours de l’IFRIC.
La différence tient au traitement comptable qu’ils leur réservent à la date de transition. On note
notamment une position radicalement différente de Suez par rapport à Véolia ou à Vinci. Le groupe
Suez a décidé d’appliquer dès le 1er janvier 2004 les projets d’interprétation de l’IFRIC, ce qui a pour
conséquence de multiplier le montant des immobilisations incorporelles par 2,5. Inversement Vélioa,
pour lequel ce type d’actifs représente près de 25 % des actifs non courants, continue à les enregistrer
en tant qu’actifs corporels, le groupe ayant décidé de ne mettre en œuvre ces interprétations qu’au
cours de l’exercice 2006. Si Véolia avait opté, lors du passage aux IFRS, pour la solution retenue par
Suez, la part des immobilisations incorporelles aurait augmenté significativement les comptes conso-
lidés 2004 et 2005 ce qui l’aurait fait « passer » du groupe 1 (tableau 5) vers le groupe 2 (tableau 6).
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La présence de LVMH dans ce groupe 2 s’explique par la décision du groupe de retraiter rétros-
pectivement les acquisitions réalisées depuis 1987, date du rapprochement de Moet Henessy (MH) et
de Louis Vuitton (LV). L’opération d’alors avait été traitée en consolidation comme un rapproche-
ment (pooling of interests) : en conséquence aucune réévaluation des actifs en particulier des marques
n’avait été comptabilisée lors de cette opération. La méthode du pooling n’étant pas admise selon les
normes IFRS et les actionnaires de MH contrôlant environ 60 % des droits de vote du nouvel
ensemble après l’opération, il a été considéré, en application de l’IFRS 3, que cette opération consis-
tait en l’acquisition de LV par MH ce qui a permis de valoriser au bilan la marque LV15. Par ailleurs,
l’arrêt des amortissements du goodwill depuis cette date a le plus souvent été remplacé par une dépré-
ciation d’un montant similaire.
Pour le troisième groupe d’entreprises (tableau 8), le passage au référentiel international ne semble
pas avoir affecté la répartition du poids des immobilisations incorporelles et du goodwill au sein des
actifs incorporels. Cette apparente stabilité des pratiques cache en fait des situations très diverses.
L’analyse des retraitements effectués à la date de transition fait par exemple apparaître que certaines
entreprises reclassent des immobilisations incorporelles en goodwill ou activent des frais de dévelop-
pement. Elles auraient pu se retrouver dans l’une des deux catégories précédentes, mais ces retraite-
ments se font sur des montants peu significatifs, la partie la plus importante étant constituée d’im-
mobilisations incorporelles satisfaisant aux critères d’IAS 38 : des marques non amorties par exemple
qui représentent près de 70 % des immobilisations incorporelles pour Accor et Schneider, 80 % pour
Saint Gobain et plus de 95 % pour Pernod Ricard.
La place de Thomson et de France Telecom dans ce groupe mérite d’être soulignée. Comme
d’autres entreprises du groupe 1, une part non négligeable de leurs immobilisations incorporelles est
composée de parts de marché, qui sont cependant maintenues à l’actif du bilan, lors du passage aux
normes IFRS, grâce à un changement de nom : elles deviennent ainsi des « bases d’abonnés » pour
France Telecom (qui anticipe ce changement de dénomination dès 2004) et des « relations contrac-
tuelles clients » pour Thomson.

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236 LE CAS DES INCORPORELS

Tableau 8
Groupe 3 : Stabilité dans la répartition entre immobilisations incorporelles et goodwill
Entreprises 2003 2004 2004 IFRS 2005
Poids goodwill 82 % 83 % 81 % 81 %
Accor
Poids immobilisations incorporelles 18 % 17 % 19 % 19 %
Analyse : Reclassements de parts de marché en écart d’acquisition. Annulation des frais d’établissement.
Poids goodwill 79 % 83 % 85 % 87 %
Air liquide
Poids immobilisations incorporelles 21 % 17 % 15 % 13 %
Analyse : Reclassement de fonds de commerce en écart d’acquisition.
France Poids goodwill 61 % 62 % 64 % 64 %
Telecom Poids immobilisations incorporelles 39 % 38 % 36 % 36 %
Analyse : Reclassement de parts de marchés en bases d’abonnées amortissables.
Poids goodwill 65 % 64 % 66 % 70 %
Michelin
Poids immobilisations incorporelles 35 % 36 % 34 % 30 %
Analyse : Pas d’impact IAS 38. Les frais de développement restent en charges.
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Pernod Poids goodwill 9% 9% 10 % 29 %
Ricard Poids immobilisations incorporelles 91 % 91 % 90 % 71 %
Analyse : Pas d’information précise.
Saint Poids goodwill 73 % 73 % 74 % 82 %
Gobain Poids immobilisations incorporelles 27 % 27 % 26 % 18 %
Analyse : Activation des frais de développement. Reclassement de fonds de commerce en goodwill.
Annulation de frais d’établissement.
Poids goodwill 93 % 83 % 83 % 82 %
Schneider
Poids immobilisations incorporelles 7% 17 % 17 % 18 %
Analyse : Activation des frais de développement. Annulation des charges à répartir.
Poids goodwill 91 % 89 % 89 % 84 %
Thalès
Poids immobilisations incorporelles 9% 11 % 11 % 16 %
Analyse : Pas d’impact d’IAS 38 compte tenu des principes déjà appliqués. Frais de développement déjà
activés.
Poids goodwill 57 % 56 % 56 % 60 %
Thomson
Poids immobilisations incorporelles 43 % 44 % 44 % 40 %
Analyse : Reclassement de parts de marché en relations contractuelles clients amortissables.

Pour d’autres enfin (Michelin et Thalès), les nouvelles normes n’ont apparemment que peu d’inci-
dence sur les actifs incorporels, compte tenu des principes déjà appliqués. Thalès activait déjà les frais
de développement et faisait référence, dès 2003, à des tests de dépréciation sur les écarts d’acquisition
conformes à l’IAS 36.

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LE CAS DES INCORPORELS 237

2.3. L’année 2005 : un bilan mitigé en matière d’amélioration


de l’information
Les groupes ont finalement largement utilisé la possibilité offerte par la norme IFRS 1 de ne pas retrai-
ter les regroupements d’entreprises avant la date de transition. Ce résultat est conforme avec les résul-
tats de l’étude d’Ernst & Young (2006) réalisée sur un échantillon plus important d’entreprises et de
l’Observatoire des normes comptables internationales du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-
Comptables (CSOEC, 2006) qui note que c’est un moyen de simplifier les traitements. Seuls 3
groupes ont décidé d’appliquer l’IFRS 3 rétrospectivement à toutes les acquisitions faites avant le 1er
janvier 2004 : depuis janvier 2001 pour Peugeot, depuis 1987 pour LVMH et depuis 1999 par PPR.
Un seul (Pernod Ricard) mentionne qu’il a eu recours à l’option d’évaluation de certaines immobili-
sations corporelles et incorporelles à la juste valeur dans le bilan d’ouverture. Il précise néanmoins que
cette option a été utilisée par exception et pour des montants non significatifs.
Concernant le mode de présentation de l’information dans les comptes consolidés, une large majo-
rité d’entreprises (19 sur 26) différencient l’information relative au goodwill de celle relative aux
immobilisations incorporelles. Deux lignes distinctes sont alors présentées au bilan. Seules 5 entre-
prises ne présentent qu’une ligne indifférenciée relative aux actifs incorporels (Carrefour, Cap Gémini,
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Thomson, Total et Renault) mais pour deux d’entre elles (Carrefour et Thomson), le passage au
nouveau référentiel les amène à distinguer le goodwill des autres immobilisations incorporelles. Enfin,
deux entreprises adoptent une présentation personnelle : Danone et LVMH font ainsi apparaître les
marques sur une ligne distincte.
Notons par ailleurs que deux groupes modifient la présentation de l’information au bilan dans leur
rapport annuel en 2005 : Vinci ajoute une ligne relative aux immobilisations incorporelles du
domaine concédé, vraisemblablement pour anticiper les interprétations de l’IFRIC obligatoires au 1er
janvier 2006, tandis que Vivendi présente une ligne regroupant les actifs non courants de contenus
(droits et catalogues musicaux, droits de diffusion etc.) pour se conformer aux pratiques du secteur.
Les informations relatives aux immobilisations incorporelles en particulier ainsi que les modes et
durées de dépréciation doivent ensuite être recherchées dans l’annexe.
Toutes les entreprises détaillent sur les trois années deux ou plusieurs rubriques dans l’annexe et
fournissent les montants correspondants (exceptions faites pour Bouygues, Carrefour et Total qui
n’apportent pas d’éléments chiffrés en 2003). Pour ces trois entreprises, l’application des normes IFRS
a un impact non négligeable en matière de transparence puisque leurs comptes consolidés apportent
alors des informations nouvelles sur les principales rubriques d’immobilisations incorporelles ainsi
que sur leurs montants.
Dans près de 70 % des cas, le passage au nouveau référentiel a un impact sur le détail des infor-
mations fournies en annexe. Cela se traduit par une diminution des rubriques détaillées en annexe
dans 61 % des cas et par une augmentation dans 39 % des cas.
Si la disparition de certaines rubriques peut se comprendre du fait du reclassement en goodwill de
certaines immobilisations identifiées sous critères français, ces entreprises ne correspondent néan-
moins pas pour autant exclusivement à celles du groupe 1 identifié (tableau 5). L’augmentation du
nombre de rubriques s’explique, en revanche, par l’importance donnée aux immobilisations dévelop-
pées en interne (Cap Gémini, Vivendi), aux frais de développement (Schneider Electric) ou par la

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238 LE CAS DES INCORPORELS

place toute particulière accordée aux marques à durée de vie indéterminée distinguées des marques
amortissables (L’Oréal).
Si le mode de dépréciation est systématique précisé, les entreprises ne sont cependant pas
nombreuses à fournir des informations précises quant aux durées d’amortissement retenues (seule une
entreprise sur deux), se contentant de mentionner la durée d’utilité ou d’usage des immobilisations
incorporelles. En revanche, pour celles qui donnent ce type d’information, près de la moitié d’entre
elles communiquent sur la durée de vie indéterminée de certaines immobilisations incorporelles (les
marques en général) permettant ainsi de justifier leur non amortissement.
Ceci vient conforter les résultats publiés par PriceWaterHouseCoopers (2007) qui met en évidence
de grandes disparités entre les sociétés dans la mise en place de la norme IAS 36 relative aux déprécia-
tions d’actifs, avec une absence totale d’information pour les unes et une information extrêmement
détaillée pour les autres. Dans une note publiée en 2006, l’AMF insiste sur la nécessaire qualité de ces
informations, en distinguant les informations requises par la norme et celles pouvant relever des esti-
mations clés de la direction.

Conclusion
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L’objet de cette étude était de dresser un bilan de la première application des IFRS en France au regard
des incorporels, en analysant de manière qualitative les éléments du changement par rapport au réfé-
rentiel français, à la fois sur le plan réglementaire mais également sur le plan des pratiques des socié-
tés cotées. L’analyse de l’évolution de la réglementation comptable sous référentiel national et sous
référentiel international sur trois années, incluant l’année de transition, a permis de rendre compte de
la nature et de l’importance des divergences existantes, laissant présager un bouleversement des
pratiques des entreprises lors du changement de référentiel comptable.
Même si le poids des actifs incorporels dans le total des actifs non courants d’une entreprise reste
relativement stable, il a été possible d’identifier trois groupes d’entreprises pour lesquelles le passage
aux normes IFRS n’a pas eu les mêmes répercussions sur le poids des deux rubriques majeures compo-
sant les actifs incorporels (goodwill et immobilisations incorporelles identifiables).
Si certaines entreprises ont été conduites à reclasser en goodwill des immobilisations incorporelles
ne répondant plus à la définition donnée par les normes IFRS (parts de marché, fonds de
commerce…), d’autres ont été amenées à reconnaître des frais de développement autrefois passés en
charges ce qui a eu pour effet d’augmenter le poids des immobilisations incorporelles dans le total des
actifs incorporels détenus par les entreprises. Dans certains domaines particuliers (concessions par
exemple), des évolutions sont encore attendues en fonction des clarifications apportées par l’IFRIC.
Les limites de l’étude sont autant de pistes de recherche futures dans un domaine où les données
fournies par les entreprises ne sont observables que depuis peu.
– La comparabilité des comptes publiés sous référentiel international pourra être recherchée :
En clarifiant la définition de l’immobilisation incorporelle et en supprimant l’amortissement du
goodwill, le nouveau dispositif comptable relatif aux incorporels pourrait en effet améliorer la compa-
rabilité des comptes en rendant notamment inutile l’arbitrage généralement effectué entre la compta-
bilisation d’un élément incorporel en goodwill ou distinctement à l’actif du bilan.

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LE CAS DES INCORPORELS 239
– Des nouvelles mesures de l’évaluation de l’entreprise par le marché pourront être effectuées :
En supprimant un certain nombre d’options comptables et en rendant notamment obligatoire
l’activation des frais de développement, le passage aux normes IFRS devrait visiblement améliorer la
différence habituellement constatée entre la valeur de marché et la valeur comptable des sociétés : cet
écart correspondant approximativement à la valeur du capital immatériel qui n’apparaît pas au bilan
des firmes (Lev et Sougiannis, 1999). Il sera notamment intéressant d’approfondir l’impact de la capi-
talisation des frais de développement en matière de communication financière (Lev et Zarowin, 1999 ;
Cazavan-Jeny et Jeanjean, 2005).
– Des études sur la qualité des informations présentées pourront être conduites :
Sur un plan plus qualitatif, l’application du nouveau référentiel principalement basé sur des prin-
cipes comptables laisse une part importante aux interprétations et aux jugements pour les préparateurs
de comptes, source future de risques pour les auditeurs légaux. La qualité des informations divulguées
reste donc à apprécier.
– Enfin seule une étude longitudinale permettrait de tester la nature, le niveau de détail et la
permanence des informations publiées par les sociétés cotées dans le domaine des incorporels. Le
rapprochement du référentiel international avec le référentiel américain est en effet susceptible de faire
évoluer les conclusions relatives à cette première période d’application des normes IFRS.
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Annexe 1
Normes internationales
Normes et projets de normes antérieurs
existantes depuis mars 2004
IFRS 3 « Regroupements d’entre- IAS 22 : norme relative aux regroupements d’entreprises, adoptée en novembre
prises », norme publiée en mars 1983, révisée en 1993 et 1998, retirée en 2004
2004 par l’IASB et homologuée ED 61 : projet de norme sur les regroupements d’entreprises, publié en août 1997
par le règlement CE ED 3 : projet de norme sur les regroupements d’entreprises, publié en décembre
n° 2236 / 2004 du 29 décembre 2002
2004

IAS 38 « Immobilisations incorpo- IAS 9 : norme relative aux frais de recherche et développement, adoptée en mars
relles », norme publiée en mars 1978, applicable le 1er janvier 1980, révisée en novembre 1993 et retirée en 1998
2004 par l’IASB et homologuée E50 : projet de norme relatif aux immobilisations incorporelles, publié en juin 1995
par le règlement CE E60 : projet de norme relatif aux immobilisations incorporelles, publié en août 1997
n° 2236 / 2004 du 29 décembre IAS 38 : norme relative aux immobilisations incorporelles, approuvée en juillet 1998
2004. (en même temps que le retrait de l’IAS 9 et de l’IAS 4, qu’une révision limitée de la
norme IAS 22 et que l’élaboration de l’IAS 36) et révisée en 2004

IAS 36 « Dépréciations des IAS 4 : norme relative à la comptabilisation des amortissements, adoptée en 1976,
actifs », norme publiée en mars retirée en 1998
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2004 par l’IASB et homologuée ED 55 : projet de norme sur la dépréciation des actifs à long terme, publié en mai
par le règlement CE 1997
n° 2236 / 2004 du 29 décembre IAS 36 : norme sur la dépréciation des actifs, publiée en avril 1998 et révisée en 2004
2004.

Des modifications de ces normes peuvent être attendues dans les prochaines années. Elles résulteraient
notamment du projet de convergence mené entre les US GAAP et les IFRS.

Annexe 2
Nom entreprise 2003 2004 CRC 2004 IFRS 2005
Chiffres en millions d’euros (montants nets fin de période)
Total actif non courant
Total actif
Total chiffre d’affaires
Total écarts d’acquisition
% dans total actifs incorporels
% dans actif non courant
% dans total actif
Total immobilisations incorporelles
% dans total actifs incorporels
% dans actif non courant
% dans total actif

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LE CAS DES INCORPORELS 241
Nom entreprise 2003 2004 CRC 2004 IFRS 2005
Total actifs incorporels (écarts d’acquisition + immobilisations
incorporelles)
% dans actif non courant
% dans total actif
Total charges R&D
% Chiffre d’affaires
Total R&D activée (cumul)
% dans total actifs incorporels
% dans actif non courant
R&D activée (par année)
% dans total immobilisations incorporelles
% dans total actifs incorporels
Présentation au bilan d’une rubrique… (Oui : 1, Non : 0)
Écart d’acquisition + immobilisations incorporelles
Actifs incorporels
Autre présentation (à préciser)
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Écart d’acquisition
Amortissement (Oui : 1, Non : 0) ?
Mode d’amortissement (à préciser) ?
Durée d’amortissement (à préciser) ?
Test de dépréciation (informations complémentaires :
indice, périodicité… ?)
Remarques complémentaires (méthode utilisée : acquisition / mise
en commun d’intérêts ; goodwill négatif…)
Immobilisations incorporelles – Rubriques identifiées *
1. Nature de l’immobilisation ?
Montant net ?
% rubrique / total immobilisations incorporelles
% rubrique / total actifs incorporels
Amortissement (Oui : 1, Non : 0) ?
Mode d’amortissement (à préciser) ?
Durée d’amortissement (à préciser) ?
Test de dépréciation (informations complémentaires :
indice, périodicité… ?)
Évaluation initiale : juste valeur ou coût ?
Évaluation ultérieure : juste valeur ou coût ?
Remarques complémentaires (valeur résiduelle, changements
identifiés)
Adoption anticipée du CRC 2002-10 (Oui : 1, Non : 0) ?
Adoption anticipée du CRC 2004-06 (Oui : 1, Non : 0) ?

* Il a été créé autant de rubriques que de catégories d’immobilisations incorporelles identifiées par les entre-
prises.

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LA TRANSITION ET LE BILAN DE LA PREMIÈRE APPLICATION EN FRANCE DES NORMES IFRS :
242 LE CAS DES INCORPORELS

Nom entreprise 2003 2004 CRC 2004 IFRS 2005


1re application IFRS
Retraitement complet bilan au 01 / 01 et 31 / 12 / 2004 et compte
de résultat 2004 ?
Retraitement partiel (seuls quelques éléments retraités – postes
modifiés significativement) ?
Informations diverses non chiffrées ?
Rapport spécifique (Oui : 1, Non : 0) ?
Chapitre du rapport annuel (Oui : 1, Non : 0) ?
Informations auditées (Oui : 1, Non : 0) ?
Actions mises en place pour IFRS (comité de pilotage,
formation…) ?
Option de ne pas retraiter les regroupements d’entreprises anté-
rieurs à la date de transition (Oui : 1, Non : 0) ?
Option d’évaluer tout ou partie des immobilisations incorporelles
à la juste valeur à la date de transition (Oui : 1, Non : 0) ?
Reclassement en écart d’acquisition d’incorporels non reconnus
en IFRS (Oui : 1, Non : 0) ?
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Lesquels ? Reclassement d’une partie ou de la totalité de l’écart
d’acquisition en immobilisations incorporelles (Oui : 1, Non : 0) ?
Lesquels ?
Reclassement des frais de développement en immobilisations
incorporelles (Oui : 1, Non : 0) ?
Comparaison total actifs incorporels avant / après IFRS
(% d’augmentation / diminution)
écart d’acquisition
immobilisations incorporelles

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LA TRANSITION ET LE BILAN DE LA PREMIÈRE APPLICATION EN FRANCE DES NORMES IFRS :
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TONDEUR H. (2002), « Mise en place de l’IAS 38 : d’un projet interne) doit être comptabilisée sous
une comparaison avec la pratique française », certaines conditions. L’entreprise doit pouvoir
Revue Française de Comptabilité, N° 350, démontrer :
Décembre, p. 27-30. – la faisabilité technique nécessaire à l’achèvement
WALLISER E. (1999), « La mesure comptable des de l’immobilisation incorporelle en vue de sa mise
marques à l’heure de l’intégration européenne », en service ou de sa vente ;
Comptabilité-Contrôle-Audit, Tome 5 Vol. 2, – son intention d’achever l’immobilisation incor-
Mars, p. 47-60. porelle et de l’utiliser ou de la vendre ;
WALTON P. (2005), « La convergence IASB-FASB et – sa capacité à utiliser ou à vendre l’immobilisa-
ses implications », Revue Française de Compta- tion incorporelle ;
bilité, Septembre, n° 380, p. 10-12.
– la façon dont l’immobilisation incorporelle géné-
rera des avantages économiques futurs probables ;
Notes – la disponibilité de ressources techniques, finan-
1. Règlement 1606 / 2002 du 19 juillet 2002 adopté cières et autres, appropriées pour achever le déve-
par l’Union Européenne. loppement et utiliser ou vendre l’immobilisation
2. L’AMF, en 2005, souligne qu’en cas d’application incorporelle ;
anticipée de la norme IFRS 3, les entreprises doi- – sa capacité à évaluer de façon fiable les dépenses
vent également appliquer les normes IAS 36 et attribuables à l’immobilisation incorporelle au
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IAS 38 (IFRS 1). cours de son développement (IAS 38, para 57).
3. Avant 2004, l’IAS 22 permettait, outre la métho- 8. Le cas des logiciels crées en interne doit ici être
de de l’acquisition, l’utilisation de la méthode de distingué. Il est en effet prévu, sous référentiel
mise en commun d’intérêts (pooling of interests) français, que ces frais de développement doivent
pour certains regroupements. À la différence de la être comptabilisés à l’actif du bilan lorsque les
méthode de l’acquisition, aucun écart d’acquisi- conditions sont remplies.
tion n’était constaté. Le résultat consolidé du 9. Tout comme cela été montré par Aisbitt (2006)
groupe n’était alors pas diminué par un amortisse- pour les entreprises britanniques lors de la transi-
ment systématique. tion au référentiel international.
4. L’entreprise a la possibilité d’annuler également 10. Sur la base de la composition de l’indice du CAC 40
les amortissements antérieurs au 1er janvier 2004 au 30 décembre 2003, 2004 et 2005, ont donc été
si elle opte pour une application rétrospective de éliminées : – Publicis, Essilor, GDF, EDF non pré-
l’IFRS 3. sentes sur les 3 périodes ; – AGF, Axa, BNP Paribas,
5. Les pertes de valeur sont calculées en comparant Crédit Agricole, Dexia, Société
la valeur comptable et la valeur recouvrable de Générale appartenant au secteur banque-assurance ;
l’unité (y compris l’écart d’acquisition). La valeur – Arcelor, EADS, STMicroelectronics ayant un
recouvrable d’une UGT est la valeur la plus élevée siège social non français et utilisant déjà les normes
de la juste valeur diminuée des coûts de vente et IFRS et – Sanofi Aventis car formant deux groupes
de la valeur d’utilité. distincts en 2003. Les 26 entreprises retenues sont
6. Une immobilisation incorporelle doit être consi- donc les suivantes : Accor, Air Liquide, Alcatel,
dérée par l’entité comme ayant une durée d’utili- Bouygues, Cap Gémini, Carrefour, Danone, France
té indéterminée lorsque, sur la base d’une analyse Telecom, Lafarge, Lagardère, L’Oréal, LVMH,
de tous les facteurs pertinents, il n’y a pas de limi- Michelin, Pernod Ricard, Peugeot, PPR, Renault,
te prévisible à la période au cours de laquelle on Saint Gobain, Schneider, Suez, Thalès, Thomson,
s’attend à ce que l’actif génère pour l’entité des Total, Véolia, Vinci, Vivendi Universal.
entrées nettes de trésorerie (IAS 38, para 88). 11. Seules 20 % des entreprises déclarent dans leur
7. Une immobilisation incorporelle résultant du rapport 2003 avoir entamé le processus de passa-
développement (ou de la phase de développement ge aux normes IFRS en 2002.

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12. Le Comité européen des régulateurs des marchés augmentation est néanmoins limitée lorsque l’on
de valeurs mobilières (CESR / 03-323e) a publié observe cette variation en pourcentage du total de
un règlement européen relatif à l’application des l’actif non courant.
normes comptables IFRS en 2005. Quatre étapes 14. Le cas de Vinci est ici ambigu puisque les immo-
ont été identifiées pour conduire le passage aux bilisations du domaine concédé figuraient en
normes IAS / IFRS. Ces quatre étapes « sont posi- 2003 et 2004 sur une ligne spécifique à l’actif du
tionnées en périodes où une explication sur le pas- bilan sans précision claire quant à leur nature.
sage aux normes IFRS paraîtra la plus naturelle ». Bien qu’affirmant que les états financiers 2005
La première étape concerne la publication du rap- n’intègrent pas les éventuels impacts des projets
port annuel 2003, la seconde la publication du d’interprétation de l’IFRIC sur le traitement
rapport annuel 2004, la troisième la publication comptable des concessions, Vinci ajoute à cette
des rapports intermédiaires 2005 et la quatrième ligne le terme « incorporel ». C’est la raison pour
la publication des comptes annuels 2005. laquelle ces immobilisations ont été rattachées aux
13. Notons toutefois une augmentation importante immobilisations incorporelles en 2003 et 2004.
pour certains Groupes (Peugeot PSA, Danone, 15. La valeur retenue pour la marque LV est identique
Total…) des montants nets des actifs incorporels à celle retenue dans les comptes consolidés de
lors de la transition (bilan au 31.12.2004 en Christian Dior lors de l’acquisition de LVMH en
normes françaises et IFRS). L’incidence de cette 1988.
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