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Inefficacité des mécanismes de contrôle managerial : le

rôle de l'information comptable dans le gouvernement de


l'entreprise
Christine Pochet
Dans Comptabilité Contrôle Audit 1998/2 (Tome 4), pages 71 à 88
Éditions Association Francophone de Comptabilité
ISSN 1262-2788
ISBN 2711734072
DOI 10.3917/cca.042.0071
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Christine Pocsn't
INEFFICACITÉ DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGÉ,RIAL:
LE RÔLE DE TINFORMATTON COMPThBLE DANS LE GOWERNEMENT DE I]ENTREPRISE

Infficacité des mécanismes


de contrôle managerial :
le rôle de I'information
comptable dans le
gouvernement de I'entreprise
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Christine PocHnr

Rôrunâ: Abslroct: Inefficiency oî monogerlol conlrol


devices: the role ol occwnlngîrtormotlonln con
Uefficacité des mécanismes decontrôle
managérial est remise en c:ruse par le compor- WaIe govenonæ.
tement des dirigeants. En manipulant I'infor- The {t cincy of managerial conno I schemes is
mation et en ayant recours à la dissuasion, challenged by the way top m.a.na.gers behaue.
ceux-ci tentent de se soustraire à la contrainte Through control of information or by means of
de crâtion de valeur pour les actionnaires. Le dztenmt strategies, they striae to protect them-
selues from the consnaint of shareholder ualue
rôle de l'information comptable (comptabilité
creation. The part played b7 the accounting
financière) dans le gorry.ernemeff dentrcprise
info rmation (fnancizl accounting) in corporate
est étudié à travers llexamen des manipuh-
goaerna.nce is sndied through the acarnination
tions comptable et'dè I'organisation de ltau- of accounting manipulations and the organiza-
dit légal-' tion of audit

(onespondmo ESUG
2, rue Alben-l,autman
31000 - Toulouse

CoMprABurÉ - CoNrRôLE - AuDrr / Tome 4 - Volume 2 - septemb're 1998 (pp. 71 à 88)


Christine PocHp-r
INEFFICÀCITÉ DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGERIAL:
72 LE RÔLE DE T]INFORMÂilON COMPTABLE DANS LE GOWERNEMENT DE T]ENTREPRISE

Introduction
La question des relations de pouvoir s'établissant entre actionnaires et dirigeants d'une firme est au
cæur du thème, fréquemment exploré, du gouvernement d'entreprise. l,a théorie de I'agence
propose, avec le modèle Principal-Agent, une formalisation de ces relations désormais classique. Ce
modèle met I'accent sur trois élémena primordiaux, constitutifs d'une situation d'agence : la diver-
gence d'intérêt des acteurs, I'aqrmétrie d'information et enfin I'oppornrnisme de l'agent qui gère les
intérêts du Principal. Appliqué au couple actionnaire-dirigeant, ce schéma fait de la création de
valeur dans I'entreprise un élément central de I'analyse. C'est en effet la maximisation de leur
richesse, c'est-à-dire de la valeur de la firme qui constitue l'objectif des actionnaires et, par consé-
quent, I'objet du mandat du dirigeant. Ce dernier possède, quant à lui, des intérêts tout différents
qui le poussent à rechercher notamment l'accroissement de sa fornrne personnelle, celui de son
pouvoir et la sécurité de son emploi. Le problème est donc pour les actionnaires d'obtenir du diri-
geant qu il agisse dans le sens de leur intérêt, iest-à-dire qu'en toute circonstance il prenne les déci-
sions qui augmenteront la valeur de l'entreprise. l,a théorie de l'agence considère que cet objectif est
atteint grâce à un ensemble de mécanismes de contrôle qui jouent un rôle disciplinaire à l'égard des
dirigeants.
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Une question de recherche fréquemment abordée concerne I'efficacité de ces mécanismes de
contrôle et tout particulièrement celle du conseil d'administration censé représenter les intérêts des
actionnaires. Les nombreuses émdes empiriques consacrées à ce thème ont conduit à des résultats
d'une grande richesse, desquels émergent deux thèmes principaux. D'une part, I'efficacité des diffé-
rents mécanismes de contrôle apparalt dans l'ensemble plutôt faible. C'est tout particulièrement le
cas de la rémunération des dirigeants pour laquelle la plupan des travaux échouent à établir un lien
avec la performance de la firme (voir notamment Jensen et Muqphy, 1990). D'autre part, cette
efficacité apparalt fortement contingente, liée d'une part à la structure de la propriété de la firme et
de l'autre à la composition du conseil d'administration.

Alors que le premier point va à l'encontre des analyses élaborées par la théorie normative de
I'agence, le second suggère une interprétation de cet écart entre réflexion théorique et résultats empi-
riques. Si I'efficacité des dispositifs de contrôle des dirigeans dépend de la structure de la propriété,
riest-ce pas en effet parce que cette dernière reflète le panage du pouvoir entre acdonnaires et diri-
geants au sein de la firme (de même que le fait indirectement la composition du conseil d'ad-
ministration) ?
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IJanalyse de ces phénomènes peut utilement s'appuyer sur la notion de latirude managériale
introduite par Charreaux (1996). Ce concept, qui dépasse le cadre strict de la relation actionnaires-
dirigeants pour englober l'ensemble des partenaræ (stakeholders) de la firme désigne la zone de
pouvoir des dirigeants qui échappe au contrôle de l'un ou l'autre des staheholders.Il est synonyme de
pouvoir discrétionnaire du dirigeant. Il est vraisemblable d'envisager que l'un des objectifs de ce
dernier e$ de parvenir à accroltre cet espace de libené, notamment vis-à-vis des actionnaires. La lati-
tude managériale, dans la mesure où elle exprime le degré d'indépendance du dirigeant à l'égard des
partenaires de la firme, est négativement liée à l'efficacité des mécanismes de contrôle.
liobjet de cet article est l'étude des facteurs qui infuent sur l'efficacité des mécanismes de
contrôle managérial, et plus particulièrement celle du rôle joué par le système d'information comp-
table à cet égard.

CoMr'rÂB[nÉ - CoNTRôr-E - AuDrr / Tome 4 - Volume 2 - septembre 1998 (pp. 7l à 38)


Chrisdne Pocupr
INEFFICACITE DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGERIAL ,
LE RÔLE DE I]INFORMAIION COMPTABLE DANS LE GOWERNEMENT DE LENTREPRISE 73

- -F pt*ière partie s'affache tout d'abord à l'examen de deux facreurs de contingence de


I'efficacité du contrôle managérial : la sffuctrue de la propriété et celle du conseil d'administration.
Pour chacun de ces facteurs, elle rend compte des résultaa de ûâvaux empiriques et établit ensuite
l'existence d'une relation inverse entre concenffation du capital et latitude managériale d'une paft,
entre Part relative des administrateurs externes dans le conseil d'administration ei latitude managé-
riale d'autre P"ft.
Pllg suggère enfin une interprétation de ces résultats fondée sur I'inégale vulnéra-
bilité des dispositifs de contrôle associés aux différents types de strucrure du capital.
T,a seconde_partie se propose de compléter cetce approche de l'efficacité du contrôle managérial
par l'examen du rôle que joue en la matière le système d'information comptable entendu dattr s"
dimension comptabilité financière. Elle procède tout d'abord à l'élaboratiàn d'u.re typologie des
mécanismes par lesquels sont produites les failles dans le dispositif disciplinaire des dirigeants et mer
en évidence le comportement acdf de ces derniers dans la neutralisation du contrôle dont ils font
I'objet. IJanalyse de ces stratégies de neutralisation ayant notamment fait apparaltre le rôle crucial
joué par la qualité de l'information parvenant aux différents çaheholders dans la mise en æuvre d'un
contrôle efficace, le comportement des dirigeants en matière de production et d'utilisation de I'in-
formation financière fait alors I'objet d'une étude détaillée.
À traners I'examen des différentes formes de manipulation comptable er de l'efficacité de I'audit
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légal, c'est tnalement toute la question des liens entre comptabilité financière et gouvernemenr
d'entreprise qui est envisagée.

W Mécanismes de contrôle des dirigeants : une efficacité


contfoyefsée
Selon la théorie normadve de I'agence, les mécanismes disciplinaires contraindraient les dirigeants à
être efficaces et conuibueraient ainsi à améliorer la performance. La multitude d'études empiriques,
principalement américaines consacrées au fonctionnement de l'un ou l'aurre des mécanis-o d.
contrôle conduit, sinon à rejeter globalement ce point de vue, du moins à le nuancer fortement.
Lefficacité des mécanismes de contrôle est à tout le moins une notion contingente. Plusieurs
facteurs de contingence sont évoqués par les auteurs d'émdes empiriques. l,a itructure de la
propriété, tout d'abord, fait l'objet d'une attention particulière de la part des chercheurs depuis que
Berle et Means (1932) ont souligné la séparation des fonctions de propriété et de décision dans l.
grande entreprise américaine. C'est cette séparation qui justifie la mise en place de dispositifs de
contrôle des dirigeants par les actionnaires afin de s'assurer de la loyauté de ces derniers. Or, si la
strucfttre de la propriété n apparalt guère liée de manière univoque à la performance (Charreaux,
1991), il semble bien, en rwanche, que cette variable joue un rôle important dans I'efficacité du
contrôle des dirigeants.
Le second facteur concerne plus spécifiquement le fonctionnemenr du conseil d'administration à
travers sa composition, appréciée à l'aide du pourcentage d'administrateurs externes membres du
conseil. Quoique les nombreux travaux empiriques consacr& au lien enrre cet indicateur et la
performance de la firme aient fourni eux aussi des résultaa très contradictoires (impact positif pour
Daily et Dalton, 1993 ; Stearns et Mizruchi, 1993 ; négatif pour Baysinger, Kosnik er Turck, L99I ;
Goodstein et Boeker, l99l), plusieurs recherches récentes montrenr que la part relative des adminis-
trateurs externes dans le conseil d'administration joue un rôle en matière d'efficacité des dispositifs
de contrôle des dirigeants.

CoMPTABIUTÉ - Covrnôle - AuDrr / Tome 4 - Volume 2 - septembre I 998 (pp. 71 à S8)


Christine PocHEr
INEFFICACTTE DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGE,RIAL:
74 LE RÔLE DE TINFORMAflON COMPThBLE DANS LE GOTIVERNEMENT DE TENTREPRISE

|"i;îf't.i Les mécanismes de contrôle des dirigeants et leur mode


de fonctionnement
l,a plupart des auteurs ayant consacré des travaux aux mécanismes de contrôle des dirigeants (Char-
reau( er Pitol-Belin, 1990; Jensen, 1993) opposent deux catégories : celle des dispositifs internes à
l'entreprise d'une part et celle des dispositifs externes de l'autre. Charreatrx et Pitol-Belin (1997)
recensent pour leur part neuf principaux types de mécanismes. k tableau I s'attache à préciser, pour
chacun d'eux, le principe de son fonctionnement.

Tableau 1.
Mode de fonctionnement des mécanismes de contrôle des dirigeants

Twr DÊrcummsn Moor or FoNcnoNNEME,w

DE MÉCII{ISME

Marché des biens et services Éviction des entreprises non performantes

Marché financier Fonction disciplinaire des prises de participation


hostiles ; monitoring passif du marché
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Marché du travail des cadres dirigeants Concurrence exercée par les autres dirigeants
Exrnrs Limitations imposées à la liberté d'action mana-
Environnement légal et réglementaire
gériale (réglementation comptable, droit
de l'entreprise en difficulté, etc.)

Organismes financiers prêteurs Clauses contractuelles, prises de garanties, ration-


nement du crédit. hausse des taux d'intérêt

Contrôle des actionnaires Contrôle exeré par I'AG" Suivant la répartition


des droits de vote au sein de I'entreprise, il sera
olus ou moins effectif

Surveillance mutuelle entre diriEeants Possibilité d'intervention en temos réel au coun


du orocessus décisionnel
lmsme
Conûôle par les salari$ Posibilité d'alerte des tribunaux en cas
de non-respect des dispositions légales ou
de difficultés graves de l'entreprise

Conseil d'administration Détermination de la rémunération du dirigeant


et pouvoir de révocation de ce dernier

Lexamen de ce tableau suggère un certain nombre de remarques relatives aux conditions ProPres
à garantir un fonctionnement efficace des divers mécanismes de contrôle. En ce qui concerne les
mécanismes externes, il s'agit pour les trois premiers d'entre eux de dispositifs de marché dont le
fonctionnement correct est subordonné au respect des règles de la concurrence et tout particulière-
ment de l'hypothèse de transparence. Lenvironnement légal; .1 réglementaire relève pour sa part du
fonctionnement du marché politique. Sur ce marché, le lobbying exercé par les dirigeants vise à
limiter la contrainte imposée par les textes, par exemple à l'ôccasi,on de l'élaboration d'une nouvelle
norme comptable. À I'inverse, les actionnaires peuvent tenÈer par ce biais de renforcer leur propre
pouvoir. C'est dans ce sens qu il est possible d'interpréter lés actions entreprises en France par les
actionnaires minoritaires de grands groupes, conr€stant cer.aines décisions des dirigeants.

C.oMl'rlBu-rrÉ - CoNrRôrE - AIDrr I Tome 4 - \blume 2 - septembre I 998 (pp. 7l à 88)


Christine PocHrr
INEFFIC{CITÉ, DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGÉIUAL:
LE RÔLE DE TINFORMATTON COMITTABLE DANS LE GOWERNËMENT DE LENTREPRISE 75
ks mécanismes internesr euant à eux, reposent sur un contrôle de l'action managériale exercé
soit directement (par les salariés, les actionnùes majoritaires, ou les autres diriçants de l'entre-
prise), soit indirectement (par les membres externes du conseil d'administration pour les action-
naires minoritaires). En effet, la strucrure du capital ou plus précisément la réparrition des droits de
vote au sein de I'entreprise n'est pas neutre vis-à-vis du fonctionnement des mécanismes de contrôle
internes. Ainsi, I'existence d'un éventuel actionnaire dominant influe sur le fonctionnement de ces
mécanismes. Dans un tel cas, l'équipe dirigeante jouera un rôle prépondéranr au sein du conseil
d'administration dont le rôle disciplinaire est alors nécessairement réduit En revenche, une
surveillance mutuelle des dirigeants s'exercera et ces derniers seront soumis à un contrôle direct de
l'actionnaire principal.

i.-lâ,] Structure du capital et efficacité des mécanismes de contrôle

,..lifit, ,; LEs RÉsurrxrs DEs ÉTUDEs EMprRreuEs


ks études empiriques introduisant la variable sûucture du capital atn dlen tester liirnpacr sur llef-
fectivité du contrôle exercé à fégard des dirigeans concernent presque exclusivernent les méca-
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nismes internes de contrôle et spécialement le conseil d'administration. Une érude concerne le
fonctionnement du marché financier à travers le mécanisme des prises de contrôle hostiles. Les
résultats de ces travaux seront tout d'abord résumés dans un tableau qynthétique avant d'êue discu-
tés plus en détail.
Le tableau 2 pagl, suivante précise,. pour chacune des érudes empiriques citées, I'auteur et la date,
le mécanisme de contrôle des dirigeans étudié, I'hypothèse testée et le résultat principal. Lhypo-
thèse testée est formulée en termes diirnpact de la strucnrre du capital sur une variable représentative
du fonctionnement du mécanisme de contrôle envibagé-

i 1.1&fl LA. RErAfloN sTRUCTURE DU cAprrnt.-r-anruDE MÂNAGEruALE


Lexamen détaillé de ces résulats révèle d'emblée le poids de la variable concentration du capital
dans l'efficacité des mécanismes de contrôle des dirigeants. D'une manière générale, le rôle de
surveillance joué par le conseil d adminisuation à l'égard des dirigeants apparait plus imponant dans
les firmes managériales où le capital est le plus dispersé (Charreaux et Pitol-Belin, 1997). De même,
Saada (1997) constate que I'intensité des conflits d'agence entre actionnaires et dirigeana, plus forte
dans les entreprises managériales, constitue un puissant facteur d'incitation à la mise en place d'un
mécanisme de conmôle interne cornrne le comité d'audit dans le contexre français. C'est parce
qu'aucun actionnaire à titre individuel ne possède de réelle incitation à surveiller le comportement
des dirigeants dans ces 6rmes (Fama etJensen, 1983 ; Jensen et Meckling, 1976) quele conseil d'ad-
ministration y joue un rôle si crucial. Dans les trmes contrôlées ou familiales, le contrôle esr exercé
directement par les actionnaires principaux qui y ont un intérêt évident. Ainsi que le remarquent
Charreaux et Pitol-Belin (1997), ces deux mécanismes de contrôle interne onr un caractère de
substituabilité.
Pourtant, lorsque l'on observe le fonctionnement des deux principaux leviers d'acrion du conseil
d'administration, les résultats révèlent I'inefficacité relative de ces mécanismes de contrôle dans le
cas des firmes managériales. Il en est ainsi de la fixation des rémunérations des dirigeants donr la

CoMprABilTÉ - CoNTRôrr - AuDrr / Tome 4 - Volume 2 - septembre 1998 (pp. 71 à 88)


Christine PocHsr
INEFFICACITÉ, DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGERIAL :
76 LE RÔLE DE LINFORMAITON COMPTABLE DANS LE GOWERNEMENT DE T]ENTREPRISE

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Christine PocHn
INEFFICACITÉ DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGÉRIAI.
LE RÔLE DE TJINFORMATION COMI'ThBLE DANS LE GOWERNEMENT DE LENTR-EPRISE 77
liaison avec les performances est censée inciter ces derniers à gérer dans le sens des inrérêts des
actionnaires. Pourtant, les dirigeants des firmes managériales sont en position de se âire attribuer
des montants de salaires absolus supérieurs en moyenne de 29,5 o/o à ceux des trmes contrôlées pour
des niveaux de performance comparables ('Werner et Tosi, I995).Ce r6ultat est homogène avec
I'observation faite d'un lien plus lâche entre rémunération et performance dans les firmes managé-
riales (Goma-Meija, Tosi et Hinkin, l9S7). Des éléments d'explication à ce consrar peuvent être
trouvés dans le fait que l'intensité du contrôle des rémunérations dans les firmes managériales appa-
rait plus faible que dans les trmes contrôlées (Tosi et Gomez-Meija, 1989). Dans la mesure oir il est
établi que l'intensité de ce contrôle est asymptotiquement (et positivement) liée à la performance
(Tosi et Gomez-Meija, 1994), on peut induire que la limite supérieure à l'efficacité de ce mécanisme
de contrôle est atteinte par les firmes contrôlées, ce que confirment les résultats empiriques.
En ce qui concerne le second des deux lwiers d'action du conseil d'adminisuation, il est possible
de constater également un impact positif de la concentration du capital sur le pouvoir de révocation
des dirigeants. Cette variable s'avère d'un pouvoir explicatif supérieur à celui de la performance, que
cette dernière soit mesurée à I'aide d'indicateurs comptables ou financiers (Pigé, 1996).
Le même type de dysfonctionnement s'observe pour le mécanisme disciplinaire que consriruenr
les prises de conrôle hostiles. Dans un tel cas, le conflit d'intérêts enrre acrionnaires et dirigeants se
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trouve exacerbé et c'est dans les firmes au sein desquelles I'opportunisme des dirigeants est le plus
susceptible de s'exprimer que les acdonnaires devront se protéger en incitant le dirigeant à s'abstenir
de résister à la tentative de prise de contrôle. Les résultats de \7ade et aL (L990) contrment cene
hypothèse.
Toutefois, ce mécanisme apparalt dépourvu d'efficacité dans la mesure otr ni l'existence ni le
montant des u parachutes dorés > n'influent sur la probabilité de résistance à une prise de contrôle
hostile (Buchhola et Ribbens, 1994). I.a même étude montre que iesr la part du dirigeant dans le
capital qui constitue la principale variable explicative de la probabilité de r&isrance, la relation enrre
les deux étant négative. læs actionnaires des firmes managériales doivent donc consentir à un renfor-
cement de la position relative du dirigeant à leur égard s'ils veulent préserver leurs intérêts en cas de
tentative de prise de contrôle.
Lensemble de ces r&ultats montre que, s'agissant du conseil d'administration comme du marché
financier, la volonté de mettre en place des dispositifr de contrôle rendus nécessaires par la position de
faiblesse relative des actionnaires par rapport aux dirigeants dans les firmes à capital dispersé (à fone
séparation propriété-contrôle) n implique pas nécessairement l'efficacité du fonctionnement de ces
mécanismes, bien au contraire. Il est alors possible de conclure que la latitude dont jouissent les diri-
geants à fégard des actionnaires est d'autant plus faible que I'actionnariat des firmes est concenrré.

I t.g' Composition du conseil dadministration et efficacité


des mécanismes de contrôle

i.il; ".'r LES RÉsI-rLTArs DEs ÉTUDES EMpIRIeuEs


l.a structure du tableau 3 p^8, suivante est analogue à celle du tableau 2. Pour chaque érude, figurent
I'auteur et la date, le mécanisme de contrôle envisagé, fhypothèse testée ainsi que le r6ultat obtenu.
Dans ce tableau, fhypotlèse testée concerne toujours l'impact du pourcentage dadministrateurs
externes 2 sur une des variables représentatives du fonctionnement du dispositif envisagé.

CoMFlaBtrfiÉ - CoNrRôlE - AuDrr / Tome 4 - Volume 2 - seprembre 1998 (pp. 71 à 88)


Cfuisdne PocHEt-
INEFFICACITÉ DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGERIAL:
78 LE RÔLE DE T]INFORMAUON COMPTABI.E DANS LE GOWERNEMENT DE LENTREPRISE

Tableau 3.
Synthèse des études empiriques liant Ie fonctionnement des mécanismes de contrôle
à la composition du conseil d'administration

AJTEuRS MÉCâNISME ÉruDÉ HvporHÈse n$Ér RÉsurnr

Weisbach. 1988 Conseil d'administration lmpact sur la liaison turnover- Liaison négative accrue entre
(révocation) performance turnover et
performance
quand le pourcentage d'admi-
nistrateurs externes > 60 o/o.

Boecker et Goodstein, Conseil d'administration lmpact sur I'origine du succes- Relation positive entre le pour-
1993 (choix du nouveau dirigeant) seur (interne ou externe) centage d'administrateurs
externes et l'occurrence du
choix d'un dirigeant d'origine
externe.

Malette et Fowler, 1992 Marché financier lmpact sur l'adoption de Relation négative entre le
(prises de contrôle hostiles) < pilules empoisonnées > 3 pourcentage d'administrateurs
e)dernes et la probabilité
d'une adoption de < pilules
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empoisonnées > par le conseil
d'administration.

Daily et Dalton, 1994 Dispositif légal relatif aux lmpact sur I'issue de la proc$ Relation positive entre le pour-
défaillances dure de redressement centage d'administrateurs
externes et la survie des firmes
en difficulté.

Kesner, Victor Environnement légal général lmpact sur la commission Pas d'impact significatif de la
et Lamont, 1986 d'actes illégaux par la firme composition du conseil d'ad-
ministration sur la probabilité
de commettre des actes illé-
gaux.

,i LA REIAilON COMPOSITION DU CONSEIL D',ADMINISTRATION-


IATITUDE MANAGE,RIALE
Le rôle disciplinaire actif des membres externes du conseil d'administration est confirmé par l'en-
semble des travaux empirigues, sauf un pour lequel aucun impact significatif riest trouvé. Cette
influence positive s'exerce tout naturellement sur I'efficacité du fonctionnement du conseil d'admi-
nistration lui-même. Plus le pourcentage d'administrateurs externes est élevé, plus grande sera la
probabilité de sanction d'une mauvaise performance par le dépan obligé du diriçant et plus faible
sera la probabilité qu un dirigeant interne à l'entreprise soit choisi comme successeur.
h p"n relative des administrateurs externes est aussi de nature à influer sur le fonctionnement
d'autres mécanismes de contrôle, notarnment externes. Ainsi, en cas de tentative de prise de contrôle
hostile, un plus fon pourcentage d'administrateurs externes est associé à une probabilité de résis-
tance moindre, le conseil d'administration se montrant alors d'autant plus réticent à l'adoption de
n pilules empoisonnées u. Ce résultat est homogène avec celui d'une étude antérieure concernant la
probabilité d'occurrence d'un gremmaila dans les mêmes circonstances (Kosnik, 1987),

ColrrrastrxrÉ - CoNTRôr-E - AIDrr / Tome 4 - Volume 2 - seprembre 1998 (pp. 7l à 88)


Chrisdne Pocnsr
INEFFICACITÉ DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGEruAL :
LE RÔLE DE T]INFORMANON COMPTABLE DANS LE GOWERNEMENT DE LENTREPRISE 79
Ijefficacité liée à la présence des administrateurs externes au conseil d'administration n'est pas
attestée Pour ce qui concerne le fonctionnement de l'environnement légal en général corlme dispo-
sitif de contrôle des dirigeants. Toutefois, les résultas sont différents dans le cas du droit des entre-
prises en difficulté. Tiavaillant sur la base d'un échantillon apparié consrirué d'entreprises ayant
survécu à I'issue d'une procédure de redressement et d'autres ayant fait faillite, Daily et Dalton
(L994) ûouvent une plus forte proportion d'administrateurs externes dans le premier groupe
(55,1 o/o) que dans le second (40,5 o/o). La présence d'une forte proportion d'administrateurs
externes au sein du conseil d'administration semble de nature à faciliter sinon à initier I'adop-
-
tion d'une stratégie de changement rendue nécessaire par l'évolution négative -
des performances er
qui, risquant d'impliquer un changement de dirigeant se heunerait ipn facto à la r&istance de ce
dernier.

Ces résultats semblent indiquer que la composition du conseil d'administration est de nature à
infuer non seulement sur le fonctionnement du conseil d'administration lui-même mais encore sur
certains mécanismes externes de contrôle. Il est possible d'observer une relation positive entre le
Pourcentage d'administrateurs externes et I'efÊcacité des contrôles. Autremenr dit, la latitude mana-
gériale à fégard des actionnaires est d'autant plus grande que la proportion d'administrateurs
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externes est faible.

Si l'efficacité du contrôle des dirigeants, et avec elle la latitude managériale, apparaissenr cornme
des variables dépendantes de la strucnrre de la propriété et de la composition du conseil d'adminis-
tration, on peut s'interroger sur la nature des moyens dont disposent concrètement les dirigeans
pour tenter d'échapper au contrôle dont ils font I'objet de la part des multiples partenaires de I'en-
treprise. La ladtude managériale, déûnie plus haut comme la zone de pouvoir discrétionnaire du
dirigeant, est susceptible de s'exprimer dans bien des domaines. Dans le domaine comptable en
paniculier, à travers la production et l'utilisation du système d'informadon comptable, les dirigeants
vont chercher à modeler I'image financière de I'entreprise afin de mieux servir leur intérêt personnel.

W Linformation comFtable : r', moyen


pour les dirigeants d'accroltre la latitude managériale

Il existe de nombreux moyens susceptibles d'être utilisés par les dirigeants pour tenter de se sous-
traire à la conrainte de création de valeur pour les actionnaires. Atn de resituer l'utilisation du
système d'information comptable par les dirigeants dans l'ensemble des stratégies de neutralisation
du contrôle, une typologie de ces stratégies sera tout d'abord dressée. Cette typologie se fonde sur le
type de mécanisme entravant le fonctionnement correct des dispositifs de contrôle. Lutilisation du
qrstème d'information compable par les dirigeants pour le service de leur intérêt personnel s'inscrir
tout naturellement dans cette typologie. Au sein de ce système, la comptabilité de gestion joue à
l'évidence un rôle majeur quoiqu'encore peu étudié en matière de gouvernement des entreprises.
Cette question mérite, à elle seule, d'amples développements. C'est pourquoi l'étude est ici volontai-
rement consacrée au seul rôle de la comptabilité financière.

Cotrrt'rnsIrrTÉ - CoNTRôE - AuDn / Tome 4 - Volume 2 - septembre t 998 (pp. 71 à 8S)


Christine PocHÊ-r
INEFFICACITÉ DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGÉRIAL:
80 r.E RÔLE DE LINFORMAIION COMPThBLE DANS LE GOWERNEMENT DE I]ENTREPRISE

,â1. ,- Typologie des stratégies de neutralisation du contrôle


Le fonctionnement des mécanismes de contrôle des dirigeana, qu ils soient de nature interne ou
externe à la firme, implique toujours de la pan d'agents économigues l'exécution d'une action (de
sâncdon, positive ou négative) consécutive au jugement porté par ces agents sur le compoftement du
dirigeant et plus précisément sur le respect par le diriçant de ses obligations à leur égard ou à celui de
leurs mandants (cas des administrateurs). Sur ce point, la streté du jugement pofté par les acteurs du
conmôle dépend évidemment de la qualité de finformation dont ils disposent pour former leur
opinion. Considérant la nature du procédé mis en æuvre pour entraver le contrôle, il est possible
d'opposer deux types de stratégies de neutralisation. D'une pan celles qui agissent en amont du
processus de contrôle et visent à biaiser le jugement conçu à fégard du dirigeant. Elles peuvent être
qualiÊées de stratégies de manipulation. D'autre part celles qui, pour diftrentes raisons et quelle que
soit par eillsur5 la qualité de l'information qui lui parvient, auront pour effet de dissuader Ïagent du
contrôle d'exercer son rôle disciplinaire. Ces stratégies seront appelées sûatégies de dissuasion.

. LEs STMTÉGIES
LI;i. DE MANIPULATTON
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Les stratégies de manipulation visent à accroltre et à exploiter la situation d'asymétrie information-
nelle qui caractérise la relation du dirigeant aux différents ayant droits de la ûrme et tout particuliè-
remenr à l'égard des actionnaires. Ces stratégies ont une portée très large puisqu elles visent aussi
bien les mécanismes de contrôle externes qu'internes. Elles peuvent tout d'abord consister à aggraver
I'as;"métrie d'information soit par un compoftement systématique de rétention de celle-ci, soit en
augmentant la complémentarité des actifs de la firme avec leurs savoir-faire, ou plus généralement
en rendant I'information plus complexe à appréhender par les acdonnaires. la rétention d'informa-
tion trouve toutefois une limite avec I'information comptable et financière légale due à certaines
catégories de partenaires de la firme. Qu il s'agisse de son contenu ou des modalités de sa diffi.rsion,
l'information obligatoire est en effet partout largement réglementée. En matière de divulgation de
l'information comptable, on peut citer dans le cas de la France I'obligation de rendre des comptes
annuels aux actionnaires, celle de déposer ces mêmes comptes au greffe du tribunal de commerce ou
encore le droit à l'information dont dispose le comité d'entreprise. Ledouble (1996) remarque
toutefois que si ce droit est assez bien défini pour les partenaires extérieurs à I'entreprise, il l'est
beaucoup moins pour les membres du conseil d'administration ou du comité d'entreprise. Dans ces
deux cas, I'arbitrage entre le souci d'informer et celui de préserver la confidentialité des informations
s'avère délicat. Concernant le contenu de I'information légale, que les normes comptables soient de
droit comme c'est le cas en France, ou qu'elles résultent d'un consensus aménagé par des organismes
privés de normalisation cornme le FASB ou I'IASC, le dispositif des règles comptables apparalt en
général uès dense. Il rien demeure pas moins que les dirigeants disposent d'une latitude non négli-
geable en matière de choix des pratiques et des méthodes comptables à I'intérieur des principes
généralement reconnus ou des règles de droit. C'est la raison pour laquelle le rapport annuel des
comptes, principale source d'information sur les performances de l'entreprise, constitue le support
privilégié des stratégies de manipuladon : u De plus en plus, la présentation de I'information comp-
table et surtout le u design o du rapport annuel sont mis entre les mains de faiseurs d'image profes-
sionnels t...].L.s données comptables font maintenant partie d'une stratégie globale destinée à
donner une certaine image publique de la firme. n (Breton et Chenail, 1997).

CoÀ{r'res[rrÉ- CoNrRôI^E-AuDrr /Tome 4-Volume 2 -septembre 1998 (pp.71 à 88)


Christine Pocugr
INEFFICACITE DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGÉ,RIAL:
LE RÔLE DE LINFORMATTON COMPThBLE DANS LE GOWERNEMENT DE TIENTREPRISE 8l
Toutefois, s'agissant de stratégies dont le fondement r&ide dans l'aqrmétrie d'information enrre
dirigeant et partenaires de la firme, il faut noter que rous les dirigeants ne se rrouvenr pas, de ce
point de vue, dans la même situation, spécialement vis-à-vis des actionnaires. La structure du capi-
tal, dont le lien avec la latitude managériale a été pÉcédemmenr établi, contraint en effet le diri-
geant dans son choix d'une stratégie de neutralisation. Ainsi, la forte asymétrie d'information
caractérisant les firmes managériales autorise le recours par le dirigeant à des stratégies fondées sur la
manipulation de I'information. Ces stratégies se montrent très efficaces pour perverrir le fonctionne-
ment du conseil d'adminisuation dont on a lru plus haut qu'il constiruait la pièce maltresse du
contrôle interne dans ces firmes. Les firmes contrôlées ouvrent, quant à elles, un champ beaucoup
plus restreint à la mise en æuvre de stratégies de manipulation par le dirigeant, sauf éventuellement
à fégârd des minoritaires. Lactionnaire dominant jouit pour sa pat d'un accès privilégié à l'infor-
mation qui permet un contrôle direct du dirigeant et âit obstacle aux rentarives de manipulation de
l'information. Il y a là, sans doute, une explication au paradoxe précédemment relevé selon lequel,
alors que le besoin de contrôle se fait davantage sentir dans les firmes managériales en raison de I'in-
tensité des conflits d'agence, on y observe la plus faible efficacité des dispositifs conçus à cet effet.

Si la volonté des dirigeants de manipuler l'informadon comptable et ûnancière à leur profit se


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comprend aisément, plus surprenant apparalt le succès des entreprises menées en ce sens. Laudit
légal des comptes, conçu par le législateur pour prévenir un tel comporrement de la part des diri-
gezrnts, ne peut-il Protéger efÊcacement les partenaires de l'entreprise ? C'est oublier que les commis-
saires aux comPtes sont choisis et rémunér& par ceux qtiils contrôlent, situation qui ne favorise
guère leur indépendance et se prête plutôt à la mise en æuvre de strarégies de dissuasion.

: 2,1& . LES STRATÉGIES DE DIssUAsIoN


À la différence des stratégies de manipulation qui impliquenr un contrôle actif mais inefâcace en
raison de la mauvaise qualité des informations fournies aux acteurs de ce contrôle, les stratégies de
dissuasion cherchent à obtenir un comporrcment passif de ces derniers. Elles visent les individus
dont l'accès privilégié à I'information sur le componement du dirigeant empêche ce dernier de
recourir à la manipulation ou la rend inopérante à leur égard. Ces stratégies de neutralisation repo-
sent sur une logique de dissuasion liée soit à la pene d'avantages, soit à I'apparition de coûts prohi-
bitifs dans I'hypothèse d'un départ provoqué du dirigeant. Labsence ou la faiblesse d'asymétrie
informationnelle impliquent que les agents du contrôle visés par cette catégorie de stratégies de
neutralisation sont plutôt ceux correspondant aux mécanismes internes et, parmi etx, les membres
internes du conseil d'administration ou les autres membres de l'équipe dirigeanre. En effet, les
membres extetnes du conseil ainsi que les salariés seront, quant à eux, plutôt la cible de stratégies de
manipulation. En ce qui concerne les actionnaires, on I'a vu, tout dépend de la structure de la
propriété.
Concernant les membres du conseil d'administration, plusieurs âuteurs ont remarqué que leur
choix étant placé sous le contrôle du dirigeant (Mace, l97l ; Pfeffer, 1972 ; Kosnik, 1987), iest à
lui qu ils doivent leur nomination à cette fonction ainsi que les avantages (pécuniaires et non pécu,
niaires) qui lui sont liés. Cette situation implique un renversemenr des rôles respectifs de chacun, le
dirigeant exerçant sa domination sur le conseil d'administration au lieu d'être placé sous son
contrôle conformément à la rhéorie de l'agence. Elle implique égalemenr que le dirigeant se rrouve

CoMprABtrrTÉ - CorvrRôrl - AuDrr / Tome 4 - Volume 2 - septembre l99S (pp. 7l à 8S)


Christine PocHm
INEFFICACTTÉ DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGEruAL:
82 LE RÔLE DE T]INFORMAIION COMPTABLE DANS LE GOIJYERNEMENT DE I]ENTREPRISE

de fait en posirion d'influer sur la composition du conseil dont I'importance pour I'efficacité du
conuôle a dé:jà été soulignée. On peut alors avancer I'hypothèse que le dirigeant cherchera en prio-
rité à introduire des administrateurs internes possédant un lien de dépendance à son égard.
lr dirigeant peut également dissuader le conseil d'administration d'exercer son action discipli-
naire en favorisant qFstématiquement une politique d'investissements dans des actifs spécifiques,
complémentaires de son propre capital humain. Dans un tel cas, le cott d'un remplacement du diri-
geant rend cette éventualité très improbable. Il s'agit là de fhypothèse d'enracinement du dirigeant
formulée par Schleifer et Vishny (1989).
la neuualisation du mécanisme de surveillance par les autres membres de l'équipe dirigeante (et
plus largemenr par l'encadrement) passe par I'octroi à ces deux catégories de membres du personnel
de contrats implicites sous la forme de promesses de carrière, de sécurité d'emploi, d'avantages en
nature divers ou de sursalaires (Charreaux, 1996).
Stratégies de manipulation et de dissuasion esquissent les contours du comportement des diri-
geants désireux de s'affianchir des multiples formes du contrôle qui s'exerce sur eu:(. Les ressorts de
leur fonctionnemenr diffèrent radicdement puisque les unes prennent appui sur I'information à
destination des partenaires de la firme alors que les autres jouent sur la menace de la perte d'avan-
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ages liés à la présence du dirigeant dans la firme. Le système d'information comptable, pièce
maltresse de l'information parvenant atx divers partenaires de la firme, constiû.re ainsi à l'évidence le
supporr privilégié des stratégies de manipulation. En ce sens, il joue un rôle fondamental dans le
gouvernement d' entreprise.

: ioâ:i;:i:rt, Comptabilité financière et gouvernement des entreprises


Charreaux (1997) a défini le gouvernement des entreprises comme n I'ensemble des mécanismes
organisationnels qui ont pour effet de délimiter les pouvoirs et d'influencer les décisions des diri-
geanrs, autrement dit qui ( gouvernent > leur conduite et définissent leur espace discrétionnaire ,. Il
est clair qu'une des principales sources de pouvoir des dirigeants réside dans leur accès privilégié à
I'information et qu un moyen d'en atténuer I'impact est de conuaindre ces derniers à partager cette
information avec les diftrents partenaires de la firme. C'est ainsi qu il faut comprendre les obliga-
tions légales imposées aux dirigeants en matière de publicité des comptes sociaux. Plus générale-
menr, la normalisation vise à garantir la qualité de I'information qui sera dlffirsée sous la
responsabilité des dirigeants. Toutefois, si la comptabilité constinre un instrument d'information
pour les tiers, elle est également un oudl d'aide à la décision pour les dirigeants. C'est naturellement
le cas de la comptabilité de gestion dont Bouquin (1997) souligne qu elle ( se caractérise par fiden-
tité des utilisateurs qu elle sert, les managers >, mais c'est également vrai de la compabilité
financière, spécialement dans les PME, ainsi que le note lacombe-Saboly (1994). En ce sens, lc
dirigeants sont dépendants de la qualité de I'information qui leur est fournie par les services chargés
de sa collecte et de son ûaitement, notarnment en matière de comptabilité de gestion caractérisée
par son absence de normalisation.
Apparaissant à la fois comme un producteru et comme un utilisateur de I'information comp-
table, le dirigeant conuibue à faire du système d'information comptable un des rouâges du gouver-
nemenr des entreprises. Afin d'en préciser le fonctionnement, deux aspects du rôle joué par le

CoMrTABILTÉ - CoNrRôrr - AUDII / Tome 4 - Volume 2 - septembre 1998 (pp. 7l à 88)


Christine Pocupr
INEFFICACITÉ DES MÉ,CANISMES DE CONTRÔLE MANAGÉ,RIAL:
LE RÔLE DE LINFORMAIION COMPIABLE DANS LE GOWERNEMENT DE LENTREPNSE 83
système d'information comptable dans le gouvernement d'entreprise seronr examinés : la latitude
managériale en matière de comptabilité financière et son contrôle par le biais de I'audit légal.

j tt' I*îi .,,',ll) LArrruDE MANAGÉruALE ET MANrpuLArroN


DES ÉTATS COMPTABLES

læs stratégies de manipulation de I'information comptable et tnancière, dans la mesure otr elles
parviennent à préserver ou accrolue l'a.symétrie d'information donr bénéficie le dirigeant à fégard
dCI partenaires de la firme, sont de nature à accroltre la latitude managériale. Pour les étudier, on
examinera tout d'abord ce que recouvre le terme de manipulation de I'information comptable avant
d'envisager les motifs et les moyens du dirigeant qui entend meftre en æuvre ce type de stratégies.
La manipulation de l'information comptable peut se définir comme une intervention délibérée
dans le Processus d'élaboration de I'information comptable aux Êns de réaliser un gain personnel.
Notons d'emblée qu'à cet égard la réglementation comptable laisse ouverr un espace de libené qui
autorise un certain nombre de choix. C'est pourquoi une distinction est parfois opérée entre la
gestion des résultats qui se fait dans le respect des règles comptables et la manipulation stricto sensu
qui s'en écarterait. Une telle nuance possède coutefois un c:ractère plus intellectuel qu'opérationnel
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dans la mestue oir ce que I'on désigne aussi parfois sous le nom de comptabilité crâtive recouvre
dans les faits un continuum de pratiques allant de I'utilisation optimale de la libené de choix laissée
aux firmes jusquà la fraude avérée en passant par le recours à des asftrces de présentation (window-
furoi"d. Malo (1995) a bien montré que ces pratiques aboutissaient à faire du résultat < un concepr
très élastique pour les dirigeants d'entreprise qui jouent non seulement avec la dimension temps
mais aussi, et de plus en plus, avec la dimension espace o. Elles aboutissent corrélativement à décré-
dibiliser en paftie l'information contenue dans les états financiers.
La théorie positive de la comptabilité (V'atts et Zimmerman, 1978 et 1986), s'appuyant sur le
cadre théorique fourni par la théorie politico-contractuelle de la firme, pose I'hypothèse que les diri-
gean$ élaborent une politique comptable destinée à servir leur intérêt personnel. Dans ce cadre,
évoquer les motifs qui peuvent inciter les dirigeants à user de stratégies de manipulation revient à
envisager les différentes déclinaisons possibles du service par les managers de leur intérêt personnel.
la littérature consacrée par la théorie positive à ce thème en retient trois 5 : minimisation des cotts
politiques (volonté de réduire la visibilité de la firme, gestion de I'impôt), minimisation des cotts de
financement (renégociation de conditions d'emprunt en c;$ de difÊcultés financières, lissage du
résultat pour faciliter une augmentâtion de capital) et enfin maximisation de la richesse personnelle
du dirigeant (en cas de rémunération indexée sur des indicateurs comptables de performance ou
pour prévenir une prise de contrôle de la firme). Dans les deux premiers cas, la poursuite de I'intérêt
du dirigeant se confond avec celle des intér&s des actionnaires, dans le dernier elle s'y oppose.
ks moyens dont disposent les dirigeants pour manipuler I'information comptable seront utilisés
suivant les cas soit pour augmenter le résultat, soit pour le réduire, soit encore pour en diminuer la
variance (lissage). Analysant la localisation des marges de liberté le long du processus de production
des comptes, lacombe-Saboly (1994) note qu'on en trouve la ûace à trois stades : élaboration,
pr&entation et diffirsion de I'information comptable. Il n est pas question de développer ici les
asPects techniques liés à la première étape qui recouvrent pour l'essentiel les choix de méthodes
d'évaluation (des stocks, des amortissements, etc.) et de comptabilisation (activation de certaines

Cotvrpr,r^slurÉ- CoNrnôr-B-Aunrr /Tome4 -Volume 2 -septembre 1998 (pp.7l à 88)


Christine PocHET
INEFFICACITE DES MÉ,CANISMES DE CONTRÔLE MANÀGÉRIAL:
84 LE RÔLE DE I]INFORMAITON COMPTABLE DANS LE GOIIVERNEMENT DE TENTREPRISE

charges, distinction exploitation-exceptionnel, engagemena de reuaite, etc.). La présentation de


l'information obéit en France à des règles strictes et se prête assez peu aux manipulations. Toutefois
ce n'est que depuis 1982, avec I'obligation pour les entreprises d'établir une annexe comptable inspi-
rée des pratiques anglo-saxonnes, que le volume de finformation financière est devenu réellement
important. Il reste, pour les sociétés cotées, encore très inférieur atu( normes américaines. La ditru-
sion de l'information prend dans certaines entreprises la forme d'une véritable politique de commu-
nication Ênancière. Outre les informations explicitement prévues dans les textes, la plupart des
grandes sociétés éditent des plaquettes fournissant des renseignements détaillés sur le groupe et ses
activités. Plus que d'informer, il s'agit alors de convaincre actionnaires et investisseurs potentiels du
bien-fondé des décisions managériales. Le système d'information comptable remplit dans ce cas
beaucoup plus une fonction de légitimation d'ordre symbolique que la fonction redditionnelle que
lui assigne la théorie positive dans le cadre du contrôle managérial. Burlaud, Poitrinal et Salustro
(1993) remarquent par ailleurs que ce foisonnement d'informations peut se révéler paradoxalement
préjudiciable à la transparence dans la mesure où la surinformation affecte la lisibilité des documens
et rend plus délicate la discrimination des informations essentielles de celles à caractère plus acces-
soire. Enfin, et quoique l'information contenue dans ces plaquettes fasse I'objet d'une vérification
par le commissaire atu( comptes, la multiplication de I'information engendre aussi de nouvelles
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possibilités de manipulation.

La question de la confiance dans l'information financière que pose I'existence avérée des manipu-
lations comptables dans certaines entreprises renvoie à la problématique du contrôle externe de la
qualité de cette information, c'est-à-dire in fne à la mission des auditeurs légaux.

, 2t2.2,, i LAUDIT LÉGAL: uN REMpART coNTRE LES MANIpULATIoNS ?

La découverte, au cours des années récentes, de nombreux scandales financiers soulève la question
de l'efficacité du contrôle exercé par les commissaires atD( comptes sur la qualité des informations
comptables et financières diffirsées auprès des actionnaires et du public. Cette question se situe bien
au cæur des problèmes de gouvernement d'entreprise puisqu elle concerne le fonctionnement d'un
dispositif visant à organiser le partage de I'information sur les performances de l'entreprise avec les
actionnaires et les autres catégories de partenaires de I'entreprise. Il s'agit, en réduisant l'aqrmétrie
d'information dont sont victimes Læ sukeholders de leur permettre d'exercer un contrôle efficace sur
les dirigeants. Concernant cette question du rôle de I'audit légal dans le gouvernement d'entreprise,
trois thèmes sont plus particulièrement examinés par la lirérature théorique comme par les prati-
ciens : le thème del'erpectation gap c'est-à-dire du décalage enûe les attentes du public et la réalité
de la mission des auditeurs légaux, celui de l'indépendance de ces derniers et, enfin, celui du rôle du
conseil d'administration dans le processus d'élaboration de l'information comptable.
En ce qui concerne l'erpectation gap, le public attend du contrôleur légal des comptes qu il lui
fournisse des garanties concernant l'exactitude des états financiers, la continuité de I'exploitation et
la solvabilité de l'entreprise ainsi que sur l'existence éventuelle de fraudes. Seul le premier point sera
abordé ici car il concerne plus directement la détection des manipulations. Il semble que les utilisa-
teurs d'états financiers considèrent généralement qu'un rappoft d'audit sans réserves garantit I'exac-
titude des informations contenues dans ces documents 6. C'est méconnaitre la nature nécessairement
subjective de nombreuses données comptables et I'impossibilité de définir une solution unique pour

CoMprÆILrrÉ - CoNrnôrn - Auotr / Tome 4 - Volume 2 - septembre 1998 (pp. 7l à 88)


Christine PocHsr
INEFFICACITE DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGERIAL.
LE RÔLE DE LINFORMAflON COMPTABLE DANS LE GOUVERNEMENT DE LENTREPRISE 85
bien des opérations. Par ailleurs, quoique la responsabilité des audireurs soit parfois mise en cause,
c'est avant tout le chef d'entreprise (et le conseil d'adminisrration) qui sont responsables des
comPtes, la mission de l'auditeur portant sur la certification de la conformité à la loi et de I'image
fidèle. Il semble que les udlisateurs des rappons d'audit aient une profonde méconnaissance de ce
point (Gonthier-Besacier, 1998). Pour ces deux motifs, il existe donc une différence de perception
sensible entre ce que la profession comptable considère comme relevant de sa mission et les anentes
du public. On peut noter pâr ailleurs que la difficulté de satisfaire ces ânenres est accrue par la
multiplicité des points de vue adoptés lorsque I'on considère I'ensemble des partenaires de la firme.
Liindépendance des commissaires atu( comptes est théoriquemenr assurée en France par un arse-
nal de textes (légaux et réglementaires, complétés par des normes professionnella) qui fait de cet
ensemble I'un des plus complets d'Europe. Cette indépendance repose essentiellement sur des règles
suictes d'incompatibilité, une longue durée de mandat (six ans) et un ensemble de procédures orga-
nisant les droia d'intervention des auditeurs légaux. Toutefois, la mise en qruse de I'objecrivité des
commissaires aux comptes reladvement à la qualité des informations comptables publiées par les
sociétés cotées lors de cenaines affaires récentes et le discrédit quelle engendre à fégard de l'en-
semble de la profession ont amené dans plusieurs pays les responsables d'organismes professionnels
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ou d'institutions à réfléchir sur les moyens de renforcer l'indépendance des auditeurs légaux. Llindé-
pendance est en effet le principal moyen par lequel le contrôleur légal apporte la preuve qu'il est en
mesure de s'acquitter de sa mission de façon objective. Parmi les recommandations formulées par les
grouPes de travail et notamment en France par le rapport Le Portz (1997) sur I'indépendance et
l'objectivité des commissaires aux comptes, on trouve I'organisation de procédures objectives d'appel
d'offies pour le choix et la détermination des moyens des commissaires aux compres, la spécification
de règles d'incompatibilité de l'audit avec certaines prestations des réseaux et la généralisation des
comités d'audit. Par ailleurs, la question de la durée du mandat des auditeurs légaux est également
discutée. Dans la mesure où elle risque de favoriser l'établissement de liens étroits et personnels avec
les dirigeana, elle va à l'encontre de l'indépendance de I'auditeur. llne rotation interne des auditeurs
chargés du contrôle légal au sein d'un même cabinet pourrait, selon les experrs de I'Union euro-
péenne, pallier cette difficulté sans engendrer d'inconvénients liés à un changement périodique de
cabinet.

[a mise en place de comités d'audit dans un nombre croissant de sociétés corées en France s'ins-
crit dans un mouvement général de clarification du rôle du conseil d'administration dans la prépara-
tion des états financiers. Prolongeant une pratique américaine déjà ancienne et les réfexions
britanniques développées dans le rapport Cadbury deux rapports officiels récemment publiés en
France ( rappon Marini, 1996 et rappoft Viénot, 1995) en recommandent I'adoption par les socié-
tés cotées ou faisant appel à l'épargne publique. Linstauration de comités d'audit au sein des
conseils d'administration est vue comme un des moyens de préserver l'indépendance de I'auditeur
légal et plus généralement d'améliorer le fonctionnement du conseil d'administration. Ledouble
(1996) remarque ainsi que l'instauration de comités d'audit, < en créanr une interposition entre le
commissaire au( comPtes et le contrôlé [...] ailège la pression que l'entreprise peut faire peser sur
son commissaire et met ce dernier en meilleure position pour sourenir le conflit r. Toutefois, pour
qu ils puissent réellement exercer leur rôle de contre-pouvoir à fégard de la direction, les membres
du comité d'audit doivent être eux-mêmes indépendants de cette direction. Or, si les recommanda-
tions anglo-saxonnes sont strictes sur ce point, les rapports Marini et Viénot se situent très en retrait

Coùtr TABnfiÉ - CoNrrRôt-E - AuDn I Tome 4 - Volume 2 - septembre 1998 (pp. 7 I à 88)
Christine Pocnrr
INEFFICACITÉ DES MÉ,CANISMES DE CONTRÔLE MANAGÉ,RIAL:
86 LE RÔLE DE LINFORMATION COMPThBLE DANS LE GOWERNEMENT DE TJENTREPRISE

en rermes de niveau d'exigence. Dans ces conditions et compte tenu des spéciÊcités du capitalisme
français (majorité de sociétés familiales ou contrôlées), on peut se demander si les comités d'audit
rempliront effectivement le rôle qui leur est assigné (Saada, 1997). Cette suspicion est encore renfor-
cée si l'on considère que iest généralement le conseil d'administration qui proêde en pratique à la
nomination et à la révocation du contrôleur légal des comptes. En cas de conflit avec les administra-
teurs sur des questions relatives aux choix de politique comptable, la tentation du contrôleur légal
de céder aux vælD( des administrateurs risque alors d'être plus forte que sa volonté de respecter les
normes de la profession.
Lorganisation du contrôle légal des comptes de manière à en garantir I'efficacité constitue donc
bien un des enjeux du gouvernement d'entreprise. On peut toutefois s'interroger sur la validité de
prescriptions consistant en une transposition pure et simple de solutions anglo-saxonnes dans un
contexte français qui, même s'il évolue uès rapidement sous I'effet de la globalisation des marchés,
conserve cependant un c:uactère profondément original (Pastré, 1997),

Conclusion
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Les dirigeanrs sont tous soumis à la contrainte de création de valeur pour les actionnaires mais tous
ne la subissenr pas avec la même intensité. Lefficacité des mécanismes de contrôle et avec elle l'éten-
due de la latirude managériale apparaissent fortement contingentes. La concentration du capital
resrreinr la latitude managériale même si elle ne parvient pas à empêcher les dirigeants de préserver
un cerrain espace discrétionnaire en raison de l'efficacité des stratégies d'évitement du contrôle
fondées sur la dissuasion. Face aux stratégies de manipulation, la concentration du capital opPose un
rempart efficace dans la mesure otr elle s'accompagne d'un accès privilégié à f information de I'ac-
tionnaire principal. Dans ce cas toutefois, la faible séparation des fonctions de décision et de
contrôle (Charreaux et Pitol-Belin, 1990) rend aisée la manipulation de I'information à destination
des minoritaires. On trouve ici la manifestation d'une des panicularités du capitalisme à la française,
à savoir la polarisation des conflits d'intérêt sur une opposition entre actionnaires majoritaires et
minoritaires d'un même groupe plutôt qu'entre actionnaires et dirigeants comme I'envisagent les
approches classiques de la théorie de l'agence appliquée au gouvernement d'entreprise.
la. manipulation de l'information à destination des partenaires de I'entreprise s'opère principale-
menr par le canal des états comptables et financiers dont la diffirsion constitue une obligation pour
les dirigeants. Elle tire un pani habile de la latitude offerte par la réglementation comptable et
penner ainsi au dirigeant d'offrir des performances de la Êrme une image conforme à son intérêt
personnel. Dans l'état actuel de son fonctionnement, la procédure de certification légale des
comptes ne permet pas d'enrayer le mouvement de défiance croissante du public à l'égard de la
qualité de l'information transmise par les entreprises.

CoMpTAB[rrÉ- CoNTRôIE-AtDrr /Tome 4 -Volume 2 -septembre 1998 (pp.7I à 88)


Chrisdne PocHET
INEFFICACITE DES MÉCANISMES DE CONTRÔLE MANAGÉ,RIAL:
LE RÔLE DE LINFORMAIION COMPIhBLE DANS LE GOWERNEMENT DE LENTREPRISE 87
Notes Crnnnnnux G. et Plrol-BeuN J.-P (1997), La,
"
théorie conuactuelle des organisations : une
l. Selon les études, cefte srrucrure est appréciée à application au conseil d'administratioi ,, in
I'aide d'une typologie fondée soit sur le degré de Le gouuemernmt d.es entrel,l^es. Théories et faits,
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I'initiateur de la tentative de conrôle. Elle des entreprises ,, Retue française dz gexioa
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immédiate contre I'abandon de sa renarive.
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88 LE RÔLE DE L]INFORMAflON COMITTIABLE DANS LE GOWERNEMENT DE TENTREPRISE

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