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(onespondance: RémiJaNn
IUT GEA
l, place de Verdun
38boo Grenoble
remi. ianin@iut2. uomÊsrenoble.fr
Introduction
Avec le développement des entreprises et l'arrivée d'investisseurs nombreux sur les marchés financiers,
I'un des rôles assignés à la comptabilité a été d'aider ces investisseurs dans leurs décisions en leur four-
nissant de I'information utile pour évaluer les entreprises. Le rôle du bénéfice comptable dans ce
processus d'évaluation est aujourd'hui une quesdon centrale de la recherche en comptabilité. Comme
il est précisé par Beaver ( 1 998), << aucune atûre ligne dans les états financiers rce reçoit plus I'attention dzs
inuestisseurs que le résultat ?ar action r. À cet égard, de nombreuses érudes, généralement regroupées
sous I'appellation ( études d'association ,,, visent explicitement à apprécier si la valeur créée par les
entreprises sur une période donnée est correctement appréhendée par I'information comptable. Ces
études, s'appuyant sur les cours boursiers et l'hypothèse d'efficience des marches financiers, considè-
rent que I'intensité de I'association entre les chiffres comptables et les rentabilités boursières est un bon
indicateur du contenu informationnel du résultat comptable quant à la valeur créée par les entreprises
sur un exercice (Lev, 1989 ; Easton et Harris, I99I ; Strong, 1994; Dechow, 1994; Irv et Zarowin,
1999).
Si les études d'association rentabilités boursières/résultat comptable constinrent un courant de
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Pour notre étude, nous avons retenu deux indicateurs de flux de trésorerie. Le premier, relative-
menr proche de la capacité d'autofinancement telle quelle est définie par le plan comptable, permet
d'estimer le contenu informationnel des flux de trésorerie potentiels dégagés par I'entreprise.
Comparée au résultat net, l'étude de la capacité d'autofinancement permet de meftre en exergue le
contenu informationnel des charges et produits calculés inclus dans les engagements, soit, pour l'es-
sentiel, les dotations aux amortissements et provisions. læ detrxième indicateur correspond, selon la
terminologie proposée par la Banque de France, à I'excédent de trésorerie globale. Cet indicateur
permet d'estimer le contenu informationnel des flux de trésorerie réels degagés par les entreprises. De
plus, en comparant la capacité d'autofinancement et I'excédent de tr&orerie globale, nous pouvons
souligner le contenu informationnel des éléments décalés indus dans les engagements : la variation du
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peut donc s'aûendre à ce que la variation des fonds propres et la variation de la valeur boursière des
actions soient étroitement corrélées si toutes derx mesurent correctement la richesse créée par I'entre-
prise sur la période considérée.
Sur un plan plus formel, l'identité comptable suivante, appelée Clean Surplus Condition (CSC)
selon la terminologie anglo-saxonne, permet de faire le lien entre le résultat acnrel et les dividendes
actuels :
et si l'on considère que les résultats actuels (BPArr) nous renseignent sur les resultats à venir (BPA'.) :
alors la variation du prix de l'action i sur la période I est fonction de la variation du BPA sur cetre
même période:
LPu=fn (aBPA,i) (7)
avec ABPA, = BP4- BP4_,.
Contrairement au ( booh ualue modzl ,r,la variation de la valeur de I'entreprise est
ici associée à la
variation du résultat comptable. Autrement dit, c'est l'évolution du résultar comptable sur une
période donnée, et non le niveau du résultat, qui nous renseigne sur la valeur créée par I'entreprise sur
cette période2.
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La variable dépendante du modèle correspond aux rentabilités boursières u buy and. hold des
"
actions, calculées sur l'année fiscale. Ces rentabilités (R;r) sont calculées ainsi :
R, = (P,.r+ DIV,- P,..
r_r) I P,.,_, (9)
P,,,-r,L prix de I'action I à la fin de l'année fiscale r- 1, ajusté des éventuelles opérations sur capital.
Le coefficient de détermination de la régression (R2) nous renseigne sur le contenu information-
nel de la variable comptable. Il mesure la capacité de cette variable à refléter l'information sur la valeur
de I'entreprise qui est incorporée dans les cours de Bourse et donc anticipée par les investisseurs. Plus
le R2 est élevé, plus le contenu informationnel de la variable comptable testée est important. Le coeÊ
ficient de réponse (pente de la droite de régression) mesure la relation entre la variable comptable et
la rentabilité des titres sur le marché. Il traduit I'efFet d'une unité de cete variable sur la rentabilité
boursière.4
AI=ADEC_ACAL (13)
Les engagements calcules sont constitués de l'ensemble des dotations aux amortissements et provi-
sions enregistrées par l'entreprise8, d'où :
ACAL = dotations aux amortissements et provisions d'exploitation (Rl)
+ dotations financières aux amortissements et provisions (GQ)
+ dotations exceptionnelles aux amortissements et provisions (HG)
+ dotations aux amortissements sur écarts d'acquisition (R6)
- reprises sur amortissements et provisions d'exploitation (FP)
(dont les transferts de charges)
- reprises sur provisions financières (GM)
(dont les transfens de charges)
- les reprises sur provisions exceptionnelles (HC)
(dont les transfens de charges)
- les reprises sur écarts d'acquisition (R5)
Ce mode de calcul des engagements calculés ne prend donc pas en compte cenains des produits et
charges calculâ entrant dans le calcul du résultat net. Pour I'essentiel, il s'€it des lignes producdon
immobilisée (FN) et produits et charges excepdonnels sur opérations en capital (HB et HF).
RN=ETG+ÂI
<+ RN = ETG + ADEC - ACAL (16)
'
2.4j,,.tt,,'' [,es statistiques descriptives
Le tableau I r6ultat net et à ses différentes composantes
présente les statistiques descriptives relatives au
pour la période 1993-1998.1æ résultat net petit que la capacité d'autoÊnan-
est plus de deux fois plus
cement (3 o/o contre 7,8 o/o de I'actif net). Cet écan (4,8 o/o de I'acif net) traduit le fon impacr des enga-
gements câlculés, soit les dotations aux amoftissements et provisions, sur le calcul de râultat net. La
différence entre la capacité d'autofinancement et I'excédent de trôorerie globale constitue les engage-
ments décalâ (I ,l o/o de I'actif net), en l'occurrence ici la variation du besoin en fonds de roulement. Au
sein des engagemens, les dotations aux amortissements et provisions ont donc un impact plus de quatre
fois plus important que la variation du besoin en fonds de roulement pour le calcul du résultat net. Du
fait de ce poids conséquent des dotations aux amortissements et provisions dans les eng4gements, ces
derniers, à 3,7 o/o de I'acdf net, sont négatifs. læ r&ultat comptable et l'excédent de tr&orerie globale
sont positifs dans plus de 80 o/o des cas et les rentabilit& boursières dans plus de 60 o/o des cas.
L'échantillon est constitué de 673 entreprise-années, formées par 168 entreprises différentes, sur les années 1993-1998.
Les variables comotables sont normées oar l'actif net total.
læ tableau 2 prâente les moyennes du rôultat net et de ses composantes, année par année, pour la période
I993-l998.Alon que les diftrens indicateun compables de rôultat, à liorception de I'excedent de tr6ore-
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L'échantillon est constitué de 673 entreprise-années, formées par 168 entreprises différentes, sur les années 1993-1998.
Les variables comptables sont normées par l'actif net total.
Tableau 3
Les contenus informationnels respectifs du résultat net (RN) et
de la variation du résultat net (ARN) pour les années 1993 à 1998
R;t=%+c.,RNn/P,.r-, Ro=q+orARN*/P,.r_, R'r* - R'^.,
AnHÉrs n 0^ R2 00 s2 R2 (Z or Vuone)
='
'$.1;f La comparaison résultat net - flux de trôorerie
Ijessentiel de la litérature empirique anglo-saxonne atteste de la supériorité informationnelle du r&ul-
tat net sur les indicateurs de flu de tr&orerie, quant à la valeur des entreprises. Néanmoins, les travaux
deBowen aal.(1986,1987)ouencoredeAli(1994)suggèrentque,bienqueplusfaibles,lescontenus
informationnels des indicateurs de flux de tresorerie, tels que la capacité d'autofinancement ou I'excé-
dent de tresorerie globale, sont, au moins pour partie, complémentaires au conrenu informationnel du
r&ultat net. [æs conclusions de ces uavatx vont donc dans le sens des recommandations du FASB, l'or-
ganisme de normalisation comptable arx Etats-Unis, qui, tout en affirmant la supériorité information-
nelle du resultat net, a rendu obligatoire la publication par les enreprises de tablearx de flu de trâore-
rie. À notre connaissance, aucune étude française ria comparé les contenus informationnels respectifs du
râultat net et des indicateurs de flux de tr&orerie. C'est ce que nous nous attachons à faire dans cette
section. Par rapport aux nombreuses émdes anglo-saxonnes sur ce thème, notre démarche est originale,
dans la mesure où, en France et durant la période que couvre notre étude (1993-1998), la publication
de tableaux de flux de tr&orerie riétait pas obligatoire. Est-ce à dire que les autorités comptables de notre
pays déniaient alors aux flux de tresorerie le moindre contenu informationnel ?
Nous avons donc testé les modèles suivants :
significatif (ETG = CAF - ADEC). Enfin, en comparant le R2 relatif au résultat net et le relatif à F
l'excédent de trésorerie globale, nous pouvons déterminer si le contenu informationnel des engage-
ments totaux est significatif (RN = ETG + AI).
l,a diftrence entre le R2 anaché au resultat net er le R2 attaché à I'encédent de tr6orerie globale est de
13,8 o/o. Elle est sratisriquement significative au seuil de 0,66 o/o. Les engagements totâux, qui constituent
la différence entre ces deux indicateurs, sont donc porteurs d'information sur la valeur des entreprises. la
diftrence de R3 entre le r&ultat net et la capacité d'autofinancement est de 6,5 o/o et elle est statistique-
ment significative au seuil de7,16 o/o. De même, la diftrence entre le R2 attaché à la capacité d'autofi-
nancemenr et le R2 attaché à I'excédent de tresorerie globale est de 8,3 7o et est significative au seuil de
7,99 o/o. Les deux composantes des engagements sont donc poneuses d'informations sur la valeur des
enueprises. Autrement dit, les engagements confèrent au résultat net une supériorité informationnelle
significative, comparée à celle des indicateurs de flux de trésorerie. Cette supériorité informationnelle
trouve sa source à la fois dans la composante câtculée et dans la composante decalée des engagements.
Ces résultats confoftent donc l'idée que, par le jeu des engagements, le r&ultat net est un indica-
teur de création de valeur plus peninent que les flrrx de trésorerie. Ils suggèrent aussi que, contraire-
ment à l'intuition de nombreux chercheurs, dont Dechow (1994),les engagements calcules sont aussi
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Tableau 4
Le contenu informationnel de l'excédent de trésorerie globale et
de la capacité d'autofinancement pour les années 1993-1998
R;, = 1o + Xi ETGit / Pi, t-r t €i, Rr,= 9o + F ClfoI P,.,-' + en
AnHÉrs n Xo Xt Rz Fo Fr Rz
Tableau 5
La comparaison des contenus informationnels respectifs du résultat net,
de la capacité d'autofinancement et de l'excédent de trésorerie globale
RN vs ETG RN vs CAF CAF vs ETG
Les études de Bowen et al. (1987) et de Ali (1994), réalisées sur des données américaines, suggè-
rent que le r&ultat net et les indicateurs de flux de trésorerie possèdent des contenus informationnels
au moins pour partie complémentaires. Pour ce qui nous concerne, il n apparaît pas judicieux de tester
la complémentarité entre flrx de trésorerie et resultat net. Pour ce qui est de l'excédent de trésorerie
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Tableau 6
Corrélations en coupe transversale entre le résultat net,
l'excédent de trésorerie globale et la capacité d'autofinancement
Touns aHnÉrs
AnnÉrs 1993 1994 1995 1996 1997 1998
CONIONDUES
Conclusion
IJobjet de cette étude était de comparer, en utilisant la méthodologie des études d'association, les
contenus informationnels respectifs du résultat net et des indicateurs de flrtx de trésorerie quant à la
valeur créée par les entreprises. Deux résultats essentiels ressortent des diftrents tests que nous avons
réalisés.
Premièrement, sur la période 1993-1998, le résultat net et la variation du resultat net sont tous
deux porteurs d'informations sur la valeur créée par les entreprises. Cependant, de ces deux indica-
teurs, le resultat net est celui qui possède le contenu informationnel le plus élevé. Ces résultars sont
conformes à ceux de Dumontier et Labelle (1998) pour la période l98l-1990. Deuxièmement,
comparée à I'excédent de trésorerie globale, la capacité d'autoûnancement est l'indicateur de flux de
trésorerie dont I'association avec les rentabilites boursières est la plus fone. Ce résultat suggère que les
engagements décalés, soit la diftrence enme ces deux indicateurs, sont porteurs d'informations sur la
valeur des entreprises. Néanmoins, le contenu informationnel de la capacité d'autofinancement
demeure très inftrieur au contenu informationnel du résultat net. Cet autre résultat suggère donc que
les engagements calculés, soit la diftrence entre ces deux indicateurs, sont eux aussi porterus d'infor-
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