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Capital intellectuel et création de valeur : une lecture

conceptuelle des pratiques française et italienne


Monique Lacroix, Stefano Zambon
Dans Comptabilité Contrôle Audit 2002/3 (Tome 8), pages 61 à 83
Éditions Association Francophone de Comptabilité
ISSN 1262-2788
ISBN 2711734161
DOI 10.3917/cca.083.0061
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Monique LAcRotx, Stefano ZnveoNl
CAPITAL INTELLECTUEL ET CREATION DE VALEUR :
UNE LECTURE CONCEPTUELLE DES PRATIQUES FRANçAISE ET ITALIENNE

C"pital intellectuel
et création de valeur :
une lecture conceptuelle des
pratiques française et italienne
Monique LecnoIx, Stefano ZeMsoN

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devenu une des préoccupations pregnantes des
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entreprises et, dans un conrexie de financiari-
, sâtion.iioi ii des,,reladons econ"miques,,l*ii,
question sous-jacente soulevée par cet article:
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a?proacha clraracterise the snày of intangiblæ
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trurnental. Lapprofondissement conceptuel one. Both of thtm haue implemennd rysterns of
proposé s'appuie sur le témoignage de deux indirators irc arder n tentati.uetv uisualise arcd
entreprisei, une italienne er une française, qui ffianage their intelbctual capinl These groun-
ont tenré de visualiser et de repérer le capiral dcd casæ suggpy that the ad.option of such 4atems ,

intellectuel. Il ressort de ces érudes de. cas . Iinking ualae neadon witb intangiblc resoartss"
apf rofo ndies que I'opératio nalisatio n ati"ai- ;,is æpk:ined hy the pqryuing of two related bui
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des facæurs immatériels, source de crârion de '
bution n,ùte ihareholder ualue of dteie organï
valeur d?une part, la mesrue et le management
sations,
de la conuibution de I'organisarion à la valeur
actionnariale d' auue part.

CoMITABII-nÉ - CoNrRôl-E - Auorr / numéro spécial -mai 2002 (p.61 à 84)


Monique LrcnotX, Stefano ZAMBoN
CÂPITAL INTELLECTUEL ET CRÉATION DEVALEUR:
62 r,NE LECTURE CONCEPTUELLE DES PMNQUES FRANçAISE ET TTALIENNE

(onæpondonce: Monique Lacnotx


ISEM - Université Montpellier I - Espace Richter
Route de la mer - 34 000 Monçellier, France
E-mail : m.lacroix@isem.univ-montp 1.fr
Stefano ZrNasoN
Facoltà di Economia Università di Ferrara
-
Via def Gregorio, 13 -
44100 - Fenara, Italie
E-mail : zambon@economia.unife.it

Introduction
Savoir-faire marketing et technologique, capacité innovatrice, compétences et caPital humain sont
acnrellemenr l'objet d'attentions fréquentes dans la presse économique et les discours des managers
tandis que les recherches et les écrits se multiplient sur le knowbdge Tnanagement (Epstein, 1998 ;
Teece, 1998), les compétences organisationnelles (Prahalad et Hamel, 1990), I'apprentissage organi-
sationnel (Argyris, 1993), et de façon plus générale les investissements en immatériels. Ce thème
ffanwersal semble marquer la limérature managériale et professionnelle aujourd'hui, supposant que les
ressources durables fondamentales à la disposition des entreprises sont de plus en plus positionnées en
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rermes d'éléments immatériels parmi lesquels la connaissance sous toutes ses formes joue un rôle
primordial (Nonaka, 1994; Cohendet er Llerena, 1999).
À partir de la deuxième moitié des années 1990, le débat théorique sur les intangibles s'est enrichi
d'un nouveau concept globalisant, celui de capital intellectuel (Brooking, 1998; Edvinsson et
Malone, 1997 ; Lynn, 1998). Appréhender le capital intellectuel est devenu une des préoccupations
prégnantes des entreprises, parce que, dans un contexte de financiarisation croissante des relations
économiques, la quesrion sous-jacente est celle de l'impact présumé de ce capital intellectuel sur la
création de valeur. En outre, les problèmes liés à l'évaluation des entreprises de la nouvelle économie
ont posé cette relation au centre du débat. La forte présence d'immatériels dans ces entreprises a
probablement joué un rôle d'accélérateur de la réflexion sur les sources de création de valeur dans
l'entreprise.
Dans ce conrexte de mondialisation des activités, avec les changements environnementaux vécus
par les organisations, le chercheur e$ interpellé tant au niveau conceptuel qu'instrumental. En
effet, des perspecdves muldples caractérisent l'étude des intangibles par des contributions d'ins-
tances professionnelles, d'institutions internationales et par des travaux académiques dans diverses
disciplines. Ces différentes approches reflètent souvent des visions partielles ou ponctuelles et
parfois peu sysrémâtiques. Toutefois, l'importance ânnoncée du capital intellectuel et des ressources
immatérielles ne semble pas encore s'être traduite par une réflexion arrêtée sur la nature du
problème er ses conséquences théoriques et pratiques. Un certain nombre d'ambiguités conceP-
tuelles non résolues, mais aussi des problèmes de saisie des données émergent des études antérieures
réalisées norammenr par I'OCDE (1999), le Brookings Institute (2001) et la Communauté euro-
péenne (2001).
En parallèle, de nouvelles pratiques informationnelles relatives au capital intellectuel commen-
cent à apparaître à titre expérimental, essentiellement dans les entreprises du nord de I'Europe, le cas
le plus connu étant celui de Skandia (Edvinsson, Malone et Mazars Audit, 1999). Ce phénomène

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Monique lrtcRolx, Srcfano Zeunou
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UNE LECTURE CONCEPTUELLE DES PMIIQUES FRANÇAISE ET ITALIENNE 63
semble lié au besoin croissant d'une nouvelle génération d'oudls analytiques qui se fait sentir pour
juger de la performance organisationnelle tant du point de vue des managers, des actionnaires et des
investisseurs que des autres parties prenantes (Flamholtz, 1999 ; Kaplan er Norron, 2000 ; Lev,
1999).
Le rôle du capital intellectuel comme source de valeur et sa signification potentielle pour les
sciences de gestion sert de trame à la réflexion conduite dans cet ardcle. Convaincu que le problème
n'est pas lié à un simple contexte national, I'approfondissement conceptuel proposé dans cet anicle
s'appuie sur le témoignage de deux entreprises, une italienne et une française. En effet, la globalisation
des activités des enmeprises a intensifié la perception du problème au niveau international et I'intérêt
d'une étude internationale meftant en parallèle les expériences d'entreprises de nationalité différente.
Linterrogation structurant notre démarche tourne autour d'une question générique : quel est le
rôle des intangibles et du capital intellectuel dans la création de valeur ? Mais un cerrain nombre de
questions tournent autour de cette interrogation : les deux notions de création de valeur et de capital
intellectuel reposent-elles sur les mêmes déterminants théoriques ? la création de valeur et le capital
intellectuel sont-ils deux concepts parfaitement intégrés ou bien à l'inverse apparriennent-ils à deux
domaines différents ? La relation entre création de valeur et capital intellectuel est-elle linéaire ou
problématique ?
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Face aux changements contextuels liés à la dématérialisation croissante de I'activiré des entreprises,
une autre question préliminaire pourrait apparaître, celle du repérage du capital intellectuel'. De norre
point de vue, la tentadve de visualiser, de quantifier le capital intellectuel ne passe pas nécessairement
par des variables financières. Des traceurs opportuns seraient à considérer sous I'angle des processus et
de la chalne de valeur, sans pour autant marginaliser I'analyse des variables financières, c'est-à-dire des
informations internes ou externes proposées traditionnellement par les entreprises.
Infne une réflexion analytique en sciences de gestion ne se doit-elle pas de lier de façon continue
la construction de I'instrumentation à une réflexion sur le sens de cette construcrion ? Dans cette
optique' le projet de recherche a situé son questionnement par rapport aux réponses empiriques, et
s'est donc construit à I'interface d'une approche théorique (1) et des pratiques des entreprises (2).

ffi La difficile conceptualisation des sources intangibles


de création de valeur
Une explosion de la littérature dans les années 1990 sur le thème des sources intangibles de création
de valeur ne fait que conforter notre proposition. La création de valeur en est le leitmotiv, mais plus
récemment ce leitmotiv semble détrôné par I'attention portée au concept d'intangible, de capitd
intellectuel. (Jne revue succinde de la littérature semble indispensable aux problématiques soulevées
dans nos recherches empiriques afin d'offrir une mise en perspective conceptuelle par rapporr aux
courants dominants du débat théorique.
Dans les approches théoriques actuelles, les ressources intangibles se situent au centre de la créa-
tion de valeur. Mais la création de valeur qui trouve dans les intangibles sa source, et la notion de capi-
tal intellectuel qui qynthétise un ensemble hétérogène de ressources intangibles, ne sont pas sous:
tendues par les mêmes visions théoriques et les mêmes ascendants conceptuels. IJapproche de la créa-

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Monique LlcRotx, Stefano ZavtoN
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRÉATION DE VT{LEUR :
64 UNE LECTURE CONCEI'TUELLE DES PMTIQUES FMNçAISE ET ITALIENNE

tion de valeur emprunte la voie d'une logique plus financière, tandis que la littérature sur le capital
intellectuel répond d'une logique plus managériale et organisationnelle. Toutefois, des tentatives de
consrruire des liens conceptuels entre ces deux courants dominants émergent de la littérature. Ces
trois lectures vont être présentées dans les paragraphes suivants.

La créart7on de valeut un concept à destination


des irrvestisseurs
Le concept de création de valeur est un concept globalisant, I'idée fondamentale étant de proposer une
méthode d'évaluation de l'entreprise. Toutes les méthodes d'évaluation des entreprises partent d'un
constat incontournable : la valeur de marché d'une firme est supérieure au coût de remplacement des
actifs détenus en raison de la nature même du o phénomène o entrepreneurial. La création de valeur
serait donc ce différentiel enûe la valeur de marché de la firme et la valeur réévaluée de ses actifs. La
mise en æuvre du savoir-faire organisationnel et des compétences collectives semblerait être à I'origine
de ce différentiel de valeur ; mais la logique financière sous-jacente, qui cherche avant tout à mesurer
la création de valeur et aborde le problème sous I'angle du résultat, consiste à dire qu une entreprise
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crée de la valeur pour ses actionnaires dès lors que la rentabilité du capital investi est supérieure au
cott des différentes sourçes de financement. Ainsi, les travaux financiers nord-américains se sont
approprié le concept de création de valeur pour créer des indicateurs fondés sur le point de vue de I'ac-
tionnaire.
Lenvironnemenr actuel érant favorable à la diffusion de ces indicateurs, il est irnportant de
comprendre les principes sur lesquels reposent leurs modes de calcul opérationnel.
Pour mesurer la création de valeur, on peut distinguer deux grandes approches fondamentales : la
première repose sur I'actualis ation des free cash flow et fait référence aux travaux de Rappaport ( I 986).
La seconde, développée par Stern Stewart Ec Co. (1991), propose deux indicateurs, I'EVA et la MVA.
Le modèle des Free Cash Flow est une application directe de la théorie financière moderne et
consritue une des méthodes les plus employées de détermination normative de la valeur actionnariale.
Cette approche détermine directement la valeur de marché par actualisation des flux de liquidités
disponibles et permet de calculer la création de valeur par comparaison avec le coût de remplacement
des actifs. Ce modèle s'appuie sur un grand scepticisme à l'égard des soldes de gestion traditionnels
qui relèvent d'un arbitraire compbble, variable selon les législations nationales. læ seul concept perti-
nent de ce point de vue est celui du cash flow disponible pour les apporteurs de ressources financières
(créanciers et actionnaires), c'est-à-dire le cashflow total après déduction des charges financières,
impôts et investissements ; dans cette optique, le taux d'actualisation utilisé est le coût moyen pondéré
de l'ensemble des ressources : endettement et fonds propres.
LIEVA est un concept issu de la théorie économique car très proche de la notion de profit écono-
mique déjà développée en 1890 parAlfred Marshall qui définissait le résultat résiduel comme le béné-
fice disponible pour les actionnaires après déduction de la rémunération du capital employé. Le cabi-
net de consultants Stern Stewart E{ Co. a médiatisé cet indicateur qui tend à devenir le standard
incontournable d'évaluation du management dans une optique de maximisation de la richesse pour
les shareholdzrs. Une entreprise crée de la valeur lorsque le résultat opérationnel de I'exercice est supé-

CoMprABInrÉ - Corqrnôln - Auotr / numéro spécial -mai 2002 (p.61 à 84)


Monique Lacnotx, Stefano Znvsotl
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRÉAIION DE VALEUR:
LINE LECTURE CONCEPTUELLE DES PMTIQUES FMNçAISE ET IThIIENNE 65
rieur au coût du capital. Ainsi, ce standard introduit dans son mode opératoire une fusion entre des
indicateurs comptables retraités et le coût du capital, un des concepts fondamentaux de la théorie
financière.

tlne autre façon de concevoir la thématique serait de faire appel atx études empiriques sur la perti-
nence de I'information comptable en termes de valeur (ualue releuance) dans la lignée des travaux
fondateurs de Ball et Brown (1968), Beaver (1968, 1981) et du Journal ofAccounting Research.Dans
la mesure oir les états financiers fournissent une information utile aux investisseurs, toute publication
comptable devrait entralner une réaction appréciable des cours boursiers (Dumontier, 1999). De ce
point de vue, les états financiers produits par le système comptable peuvent constituer un bon substi-
tut à l'évaluation de I'entreprise par les marchés financiers et fournir ainsi des indicateurs de création
de valeuÉ.

La plupart de ces recherches internationales présentées ici sur la mesure des sources de création de
valeur ont utilisé seulement des variables financières. Or l'hypothèse implicite que la création de
valeur repose sur des ressources intangibles (le u phénomène o entrepreneurial cité précédemment)
renvoie à d'autres cadres conceptuels et à d'autres modèles de repérage de l'ensemble des composantes
du capital intellectuel.
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I'e, capital trrtellectuel, un concept à finalitê mranagêr7ale
En ce qui concerne la limérature sur le capital intellectuel, on se trouve devant une évolution quelque
peu paradoxale : alors que les actifs incorporels font I'objet de débats déjà anciens, un regard nouveau
semble se porter sur le capital immatériel. Cette nouvelle lecture des immatériels a conduit au concept
de u capital intellectuel u, une notion qui a attiré l'attention des entreprises et qui semble s'insérer dans
leurs pratiques managériales.

Le débat théorique sur le capital immatériel remonte aux années 1990 avec une littérature à
connotation plus managériale que financière, qui pose les ressources intellectuelles au cæur du déve-
loppement durable des firmes. IJapproche stratégique o resource-based aiew , s'est raduite de façon
indissoluble sur la gestion de ces ressources et le management des connaissances entendues comme
méta-ressources de l'organisation. IJengouement actuel pour les pratiques managériales du o hnow-
ledge management ,' est le corollaire indissociable des approches théoriques développées par Barney
(1991), Stalk er aL (1992) et Têece et al. (1997). Ilentreprise est approchée comme un ensemble de
ressources dont la cohérence permet de développerles core competencies et la capacité organisation-
nelle, source d'avantage compétitil

Ces développements actuels de la limérature puisent leurs racines, dès les années 1940, dans les
travaux fondateurs de trois auteurs importants. Ilanalyse pionnière de H. Simon (1947) sur I'appren-
tissage organisationnel et les processus de prise de décision au sein des organisations trouve un écho
aujourd'hui dans l'importance donnée à la dimension cognitive du capital organisationnel. On
retrouve notamment, dans cette lignée, les développements de Nelson et'Winter (1982) sur les
routines organisationnelles. Penrose (1959), un autre auteur précurseur, a, quant à lui, explicitement
traité du rôle de la connaissance comme ressource distinctive dans la compétition des entreprises.

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Monique lÂcRorx, Stefano ZavsoN
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRÉ,ATION DEVALEUR:
66 TINE LECTURE CONCEPTUELLE DES PMTIQUES FRANçAISE ET IhLIENNE

D'autres approches sous-iacentes aux travaux âctuels sur I'importance du capital humain dans la
croissance des systèmes économiques aux niveaux macro et micro ont été développées à la suite de
Becker (1964) , par des auteurs comme Flamholtz (1999) et Lev et Schwartz (197l).

En parallèle de ces travaux fondamentaux et afin de mieux appréhender la complexité des diffé-
rentes ressources immatérielles, une littérature jeune et magmatique et qui présente aussi de fortes
connotations pragmatiques tente de synthétiser les diftrentes approches du capital immatériel dans
un concept plus globalisant, celui de n capital intellectuel ,.

Les essais de conceptualisation relatifs au capital intellectuel sont portés par les auteurs de l'école
scandinave. Il est à noter avant toute chose que ces auteurs font référence selon le cas aux expressions
de capital intangible, d'actif intangible, de capital de connaissances ou hnowledge ca?ha.l, de capital
intellectuel pour traduire des concepts similaires. Pour Bontis (1996), comme pour Edvinsson et
Malone (1997), Roos et Roos (1997) ou Roos et al. (1997),on peut classer toutes formes de ressources
intangibles ainsi que leur interconnexion sous le nom de u capital intellectuel u.

Des premiers écrits de Sveiby (1986) émerge une théorie de la mesure des u acdfs inrangibles , qui
propose des indicateurs opérationnels de repérage et d'évaluation organisés autour de trois pôles : la
compétence individuelle (formation, apprentissage), la structure interne (comportement, recherche et
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développement, management organisationnel) et la structure externe (marque, clients, relation avec
les fournisseurs). Le modèle de Sveiby, qui propose des indicateurs identiques de mesure de chacune
des composantes du capital intellectuel, a largement inspiré les pratiques d'entreprises, tout pârticu-
lièrement celles étudiées dans la deuxième panie de I'article.

Le modèle théorique d'Edvinsson et Malone (1997), mis en æuyre chez Skandia, suggère aussi une
déclinaison du capital intellectuel en trois composantes : le capital client, le capital humain et le capi-
tal organisationnel. Lobjectif de ce modèle est de fournir à la fois des éléments de contrôle managé-
rial et des informations externes à destination des actionnaires, clients, créanciers et toutes les autres
parties prenantes. Le schéma u Skandia Navigator u (voir figure 1) propose des indicateurs analytiques
de mesure et de contrôle des éléments constitutifs de la chalne de création de valeur. C'est un outil
tourné vers la prédiction des performances futures de l'entreprise par la mise en scène de cinq indica-
teurs qui se focalisent sur les résultats financiers acquis, qui par nature sont ex post, puis au temps
présent sur les clients, les processus opérationnels et les ressources humaines, et enfin sur les projets
futurs de développement et de renouveau de l'entreprise.

Ces tentatives d'opérationalisation et de représentation ont pour objectif essentiel de capturer la


réalité du capital intellectuel dans sa dynamique processuelle et de construire un système d'informa-
tion pertinent pour le management des organisations. En pratique', ces approches analytiques
s'appuient sur des batteries d'indicaceurs et de paramètres pour idendfier et gérer les composantes du
capital intellectuel.

Ainsi conçu, le capital intellectuel serait un stock de ressources inra-organisationnelles endogènes


(compétence, capacité, savoir-faire, etc.) et de ressources externalisables tournées vers I'extérieur
(marques, réputation, satisfaction des consommateurs, etc.) susceptibles de transformer un ensemble
de ressources matérielles et humaines en un système capable de créer de la valeur pour I'ensemble des
pafties prenantes par la recherche d'avantages compétitifs.

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Monique Lacnotx, Stefano Znvsoll
CAPITÂL INTELLECTUEL ET CRÉATION DEV.A,LEUR:
UNE LECTURE CONCEPTUELLE DES PMIIQUES FMNçAISE ET ITALIENNE 67
Figure 1. n Skandia Navigator r

PASSÉ

CUSTOMER PROCESS
FOCUS FOCUS PRÉSEl/'7"

RENEWAL & DEYELOPMENT FOCUS


FUTUR
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Source : Intellectual Capital Report, Skandia, 1998.

Création de valeur et capital intellecfirelo


des interrelations possibles
À I'appui de cette assertion, certains travaux de Lev ont démontré une corrélation positive et signifi-
cative entre la valeur de marché de la firme et les informations financières publiées relatives à certaines
ressources immatérielles. On peut citer à titre d'exemple les recherches relatives aux dépenses de
recherche et de développement (Lev et Sougiannis, 1996) et aux frais de conception des logiciels
(Aboody et Lev, 1998).

Même si I'influence des intangibles sur la valeur de la Êrme est reconnue, un problème se pose en
termes de communication quant à la cohérence et à la fiabilité des informadons comptables publiées
relatives au capital intellecmel. D'un côté, on ne peut que regremer l'asymétrie des informations entre
actifs corporels et actifs incorporels qui entraîne l'exclusion de ces derniers parce que non cessibles
donc non visualisables au travers d'une transaction et, d'un autre, on doit admettre les difficulrés
d'une mesure quantifiée et monétaire de ces actifs immatériels qui pénalisent I'offre d'information
financière à leur sujet. Devant ces insuffisances d'informations sur les intangibles pour les marchés
financiers, læv (2001) projene la construction d'un tableau de bord sur la chaîne de valeur spécifique
aux investissements immatériels pour appréhender la participation évolutive à la création de valeur
dans les phases d'apprentissage, d'installation et de commercialisâtion.

CoMr,TABILTTÉ - CoNrRôLE - Auorr / numéro spécial -mai 2002 (p. 6l à 84)


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CAPIThL INTELLECTUEL ET CREATION DEV-i{LEUR:
68 UNE LECTURE CONCEPTUELLE DES PMTIQUES FRANçAISE ET ITALIENNE

IJne autre méthodologie pour expliciter le lien entre intangibles et création de valeur est proposée
par Lev (1999). Dans cette approche, la valeur de la firme (comprehensiue ualue) est l'addition de la
valeur capitalisée des flux de revenus liés à l'ensemble des actifs présents ou non au bilan. Pour estimer
la valeur du capital intellectuel, il calcule le bénéfice résiduel imputable aux immatériels par différence
entre le résultat global de l'entreprise et la quote-part du bénéfice provenant des immobilisations
corporelles et financières. La création de valeur résulte ainsi de la valorisation du capital intellectuel,
c'est-à-dire de la capitalisation de ce bénéfice résiduel. Cette tentative de læv pour lier la création de
valeur au capital intellectuel présente cependant quelques faiblesses. La participation du capital intel-
lectuel à la création de valeur reste dépendante de mesures comptables passéistes et contingentes de
réglemenrations nationales spécifiques. Qui plus est, cette logique interne d'estimation du capital
intellectuel sans référence au marché rend le modèle moins crédible vis-à-vis des investisseurs. Ce
modèle dont la finalité affichée est d'estimer la participation du capital intellectuel à la création de
valeur ne permet pas de gérer le capital intellectuel et ses composantes, ni in fine de connaître réelle-
ment leur rôle dans [a création de valeur.
Faisant suite à ces critiques, les travaux de Sullivan (2000) insistent sur I'intérêt stratégique d'un
modèle qui permettrait d'extraire les ressources immatérielles des éléments de création de valeur. La
présentation d'indicateurs internes de création de valeur serait d'autant plus pertinente qu il s'agirait
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de ceux effectivement retenus par l'entreprise pour contrôler ses performances. Dans cet esprit, la
COB préconise, dans la recommandation n" 2001 relative à la communication des émetteurs sur la
création de valeur actionnariale, que la communication financière relative à la création de valeur s'ar-
dcule avec la présentation de la stratégie suivie par I'entreprise ainsi qu'avec ses outils internes de
contrôle et d'incitation. Et, même si 21 entreprises du CAC 40 abordent le thème de la création de
valeur, rares sont les groupes qui ont une approche opérationnelle de la création de valeur appréhen-
dée par des mesures internes et qui en font une présentation intégrée avec les autres outils de gestion
et de pilotage des différentes activités.

En résumé, ceffe revue de la littérature montre qu'il existe une tension non résolue entre les
concepts de création de valeur et de capitd intellectuel qui se manifeste tant dans I'insuffisance de la
connaissance du processus de construction du capital intellectuel que dans sa représentation par des
sysrèmes d'information. Si la contextualisation théorique de la liaison entre capital intellecuel et créa-
tion de valeur reste problématique, voire ambiguë, quel rype de réponse peut-on trouver dans les
pratiques informationnelles et managériales d'entreprises particulièrement sensibles à la création de
valeur et au capital intellectuel ?

ffi Étude empirique de la représentation des sources


intangibles de création de valeur
Létude empirique fait référence à deux entreprises industriellesa , la société italienne A cotée sur le
marché de Milan et le groupe français B coté notamment à Paris. Létude conduite a pour objectif
d'analyser la conception, le contenu et l'utilisation des systèmes d'information relatifs au capital intel-
lectuel et leur relation avec la création de valeur. Les enreprises A et B sont, pour I'Europe du Sud,
des précurseurs en termes de réalisation dans le domaine. A réalise depuis 1999 un rapport

CoMr'rABrr-rrÉ - CoNrRôLE - AuDrr / numéro spécial -mai 2002 (p.61 à 84)


Monique lÂcRolx, Stefano ZavsoN
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRÉ,ATION DEVALEUR:
UNE LECTURE CONCEPTUELLE DES PRATIQUES FMNÇAISE ET TTALIENNE 69
sur les immatériels, et B a conçu dès 1998 un système de reporting interne fondé sur la contribution
à la création de valeur.

Ces études de cas approfondiess ont pour objectif d'analyser comment les entreprises A et B
étudiées ont identifié des indicateurs perdnents relatifs aux ressources intangibles en interrelation avec
la création de valeur afin de répondre au besoin de I'organisation de contrôler l'évoludon des élémenm
intangibles, tout en confrontant ces pratiques d'entreprises avec les propositions théoriques présentées.

Chsz A, un qystème d'information focalisé sur le management


du capital intellectuel
La société A, une entreprise de haute technologie présente dans un secteur industriel traditionnel, est
spécialisée dans la fabrication de produits industriels à haute performance. Elle a connu une croissance
constante de son chiffre d'affaires au cours de la dernière décennie (doublement du CA de 1996 à
2000), et exporte une part importante de sa production en Europe et aux É,tars-Unis (elle a réalisé en
2000,31 o/o seulement de son CA en Italie). Le capital de la société A, fondée dans les années 1960 et
cotée sur le marché de Milan, est encore aujourd'hui détenu à hauteur de 56 o/o par la famille des
fondateurs. Une forte cohésion organisationnelle fait écho à une stratégie délibérée d'intégration verti-
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cale sur toute la filière. La structure est organisée en deux grandes divisions composées de plusieurs
business units.

Tableau 1.
Quelques chiffres clés de l'année 2000 permettant de situer rapidemênt I'entreprise

Chiffre d'affaires 450 millions d'euros


Résultat de l'exercice 24 millions d'euros
Effectifs employés 3 000
Capitaux propres 105 millions d'euros

Capitalisation boursière 500 millions d'euros

La mission de cette entreprise, telle qu elle a été présentée dans le message du président, n'esr pas
seulement de fournir des solutions innovatrices dans le secreur, mais aussi de créer de la valeur pàur
les cliens, les collaborateurs, les actionnaires, les fournisseurs et la collectivité en général. La culture
dominante de I'entreprise tournée vers la technologie se traduit par des investissements imporrants
dans le domaine de la recherche : 6 o/o du chiffre d'affaires sonr consacrés aux dépenses de recherche
et développement et 300 ingénieurs, soit l0 o/o de l'effectifl travaillent dans le département de la
recherche.
1) La grille d'analyse présentée ci-dessous (figure 2) a servi de guide a priori pour la démarche
afin d'explorer les modalités d'identification des ressources immatérielles chez A et la logique d'agré-
gation informationnelle retenue par l'entreprise en vue du management de ces ressources. La créa-
tion de valeur s'inscrit dans une démarche stratégique de I'entreprise conditionnée par les facteurs
clés de succès en relation avec le type d'activité et le secreur de référence er par les potentialités des

CoMprasrurÉ - CoNrRôLE - AUDIT / numéro spécial -mai 2002 (p.61 à S4)


Monique lÂcRolx, Stefano Zeunou
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRE,ATION DEVALEUR:
70 I.INE LECTURE CONCEPTUELLE DES PMIIQUES FRANçAISE ET NhLIENNE

composanres du capital intellecnrel identifiées selon une vision proche de celle qui a été développée par
Sveiby (1997),Ainsi, la création de valeur est liée aux ressources immatérielles vnes au travers du concept
de capital intellecuel sans pour autant mettre en avant une vision déterministe de cette relation.

Figure 2. Vision stratégique, capital intellectuel et création de valeur:


une grille d'analyse

Vision et
Création
,'JBi',ii"!,);ii;q de valeur
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2) La formalisation d'une vision stratégique prenant appui sur les compétences développées en
interne par A n avait pas, auparavant, de correspondance dans les variables des systèmes d'information
traditionnellemenr udlisés par la société. C'est la raison pour laquelle A, avec I'aide d'un cabinet de
consulrants, a décidé de construire un nouvel outil de représentation de ces ressources immatérielles,
facteur de mobilisation et de prise de conscience du changement. Cet outil est qualifié de bilan de
fintangible. Ce document, qui pour l'instant n'est pas publié, a été produit pour la première fois en
2000 avec référence à l'année 1999.
Dans le bilan de l'intangible de la société A, le capital intellecnrel est analysé selon trois comPo-
sanres : le capital client, le capital organisationnel et le capital humain. Dans la première Partition, on
cherche à approfondir les valeurs partagées avec les clients, les synergies et les relations de marché. En
ce qui concerne le capital organisationnel, le but est d'analyser la culture de I'entreprise,. les caractéris-
dques de son organisation et l'activité d'innovation. Au niveau du capital humain, on cherche à iden-
tifier les compétences, l'attitude mentale des ressources humaines, ainsi que leur vivacité et leur vita-
lité. Comme I'indique le tableau 2, chacune de ces partitions du capital intellectuel proPose une batte-
rie d'indicateurs, au regard de la croissance et de la rénovation, de I'efficience et de la solidité. Au total,
74 indicateurs propres à I'entreprise (77 en 2000) sont utilisés ; quelques exemples sont fournis dans
l'annexe 1.

CoMprABILrrÉ, - CovrnôLs - Auolr / numéro spécial - mai 2002 (p. 6 I à 84)


Monique lÂcRolx, Stefano Zavsox
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRÉAIION DEVALEUR:
L'NE LECTURE CONCEPTUELLE DES PMTIQUES FMNçAISE ET ITAIIENNE 7r
Tableau 2. La structure du bilan de I'intangible 1999-2000 de la société A

I 6 indicateurs
| (z en zooo)

Ces indicateurs cherchent à représenter des phénomènes complexes et composites difficiles à


caPturer par des variables directes. En conséquence, les composantes du capital intellectuel sont
approchées par des variables interposées, des proxies. Pour la construction de certaines de ces variables,
des études al. hoc sont effectuées tous les ans. Neuf études sont ainsi réalisées annuellement: elles
concernent l'image externe, la satisfaction des consommateurs, la satisfaction des salariés, la cohérence
de la culrure organisationnelle vis-à-vis d'un idéal type, l'alignemenr du management aux objectifs du
top management, I'orientation du management vers les objectifs de l'entreprise, la capacité de leader-
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ship des managers et leur compétence émotionnelle. Par exemple, pour appréhender I'image interne
de I'entreprise, trois cents questionnaires environ sont envoyés aux salariés et exploités tous les ans.

La construction d'un tel système d'approche du capital intellectuel ne peut que concerner l'en-
semble de l'organisation. Il est clair que ce processus de construction du bilan de I'intangible, loin
d'être élitiste, est décliné en profondeur dans l'organisation jusqu'au chef d'atelier.

Dans I'analyse des indicateurs, les tendances prennent le pas sur les résultats ponctuels en valeurs
absolues. IJexploitation maximale des informations produites suggère une réflexion ultérieure en croi-
sant les informations obtenues (par exemple, la satisfaction des clients et la sarisfaction des salariés) et
en mettant en rapport des éléments qualitatifs avec des variables économiques et financières (par
exemPle' I'image externe de I'entreprise et le pourcentage de facturation auprès des nouveaux clients).

Le développement de ce bilan de I'intangible s'efFectuera progressivemenr sur trois ans. Après la


phase d'identification et d'installation des indicateurs sélectionnés, déjà réalisée, les éléments du bilan
de I'intangible ont vocation à être intégrés dans un modèle cohérent de gouvernanc€ et d'évduarion
de la performance managériale. Actuellement, la plupart des indicareurs onr été introduits dans le
s)'stème informationnel de A et sont reportés mensuellement à des fins d'évaluation des performances
et des méthodes de gestion.

Le bilan de l'intangible ne veut pas être un simple oudl comptable ou de valorisation du capital
intellectuel de l'entreprise, mais est aussi un instrument de contrôle et de management dans le temps
des principaux facteurs immatériels qui engendrent de la création de valeur. Il joue un rôle fonda-
mental dans le processus de contrôle sûatégique et dans la prise de conscience des éléments inrangibles
comme facteurs clés de succès. Toutefois, on doit remarquer qu il n y a pas (encore) un lien clair et
explicite avec la création de valeur au nom de laquelle cet outil de gestion a été introduit. La logique
de repérage du capital intellectuel semble rester éloignée de la logique plus financière de la création de
valeur. lr lien entre ces deux conceprs resre problématique, si ce n'est allusiÊ

CoMpTABtUTÉ - CoNrRôLE - Auprr / numéro spécial - mai 2002 (p.61 à 34)


Monique l"\cRolx, Srcfano ZnvsoN
CAPIThL INTELLECTUEL ET CRÉATION DE VALEUR :
UNE LECTURE CONCEPTUELLE DES PRATIQUES FRANçAISE ET NALIENNE

Chez B, un système d'information focalisé sur la contribution


à la valeur actionnariale
La société B est une entreprise de dimension internationale qui produit des biens de consommation
finale. Leader mondial sur la plupart de ses marchés, elle réalise 70 o/o de son chiffre d'affaires avec des
o/o sur
positions de numéro I local. Elle a connu une croissance soutenue de son chiffre d'affaires (40
les dix dernières années), qui s'est concrétisée par une présence internationale de premier plan (41
o/o

du CA de 2000 onr éré réalisés hors d'Europe occidentale). Cette situation est le résultat conjoint
d'une strarégie de croissance exrerne et de recentrage des activités sur les trois métiers de base du
groupe, mais aussi d'une forte capacité d'innovation orientée vers la satisfaction des consommateurs.
En effet, le groupe mobilise des moyens financiers importants axés sur la force des marques et la
recherche et le développement (9 o/o du chiffre d'affaires).

Tableau 3.
Quelques chiffres clés de l'année 2000 permettant de situer rapidement I'entreprise B

Chiffre d'affaires 14 300 millions d'euros

Résultat de l'exercice
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Effectifs employés
Capitaux propres
Capitalisation boursière 23 900 millions d'euros

Actifs immatériels 100 millions d'euros

Création de valeur

o/o), lié à la
Par ailleurs, le capital du groupe est caractérisé par un flonant important (plus de 80
srrucrure de l'acdonnariat. Au 31 décembre 2000, sa répartition était la suivante :67 o/o d'actionnaires
institutionnels6, 15 o/o d'actionnaires individuels,13 o/o d'actionnaires membres du conseil d'adminis-
ffarion et 5 o/o d'aurocontrôle. Deux actionnaires détiennent 5 o/o ou plus du capital et des droits de
votet. Toutefois, par décision d'une assemblée générale extraordinaire des actionnaires, corroborée par
un pacre entre les deux actionnaires principaux et la société, il a été décidé qu'aucun actionnaire ne
peut exprimer, au titre des droits de vote, plus de 6 o/o du nombre total des droits de vote attachés aux
actions de la société.
Dans ce conrexte d'actionnariat atomisé, le groupe a conçu un système d'information tourné vers les
parries prenanres, qui se doit de proposer des informations qualitatives et financières non seulement aux
actionnaires, mais aussi aux consommateurs et clients, aux salariés, aux fournisseurs, à la société civile et
à I'environnemenC. lrs systèmes d'information et de reporting orientés de façon explicite vers l'inrerna-
lisation des indicateurs susceptibles d'améliorer la valeur actionnariale cherchent aussi à appréhender et
à mobiliser les compétences humaines, commerciales et organisationnelles de I'entreprise.

Le recours à un outil sophistiqué et explicite, en termes de communication financière, de mesure


de la création de valeur, se traduit en interne par un système de contrôle de gestion parfaitement inté-
gré et cohérent. Dès 1996,8 affiche dans le message du président sa volonté de créer de la valeur pour
les actionnaires et utilise à partir de 1998 un indicateur précis de mesure fondé sur des données

CoMrTABILITÉ - CoNrRôLE - AuoIt / numéro spécial -mai 2002 (p.61 à 84)


Monique LAcRolx, Stefano Z,rvsoN
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRÉ,AIION DEVAIEUR :
LINE LECTURE CONCEPTUELLE DES PMTIQUES FMNçAISE ET ITALIENNE 73
comptables et financières de type EVA'. La contribution à la valeur actionnariale (CVA) mesure, en
valeur absolue, le profit théorique engendré par la capacité à engager des capitaux investis affichant un
retour sur capitaux investis (ROIC) supérieur au coût moyen des ressources de l'entreprise ('WACC
dans la terminologie anglo-saxonne)to. Le groupe jusdfie, dans ses rapports annuels, le choix de cet
indicateur et communique le montant de la valeur créée, il s'agit là d'une information tout à fait
remarquable dans le contexte de communication financière des sociétés du CAC 40. Qui plus est,
dans son rapport 2000, la société a inroduit, de manière très didactique, la définition des indicateurs
utilisés (ROIC et \7ACC) et les modalités de calcul des divers paramètres entrant dans la formule,
notamment le coût des capitaux propres et le coefficient de pondérationrr. La communication finan-
cière de B sur la création de valeur se rapproche ainsi des pratiques internationales en vigueur.
En interne, dès 1998, des objectifs sont assignés aux responsables des reportingunitl'en termes de
création de valeur. Un système de reporting mensuel de dix pages environ identifie les leviers de créa-
tion de valeur en détaillant les rubriques clés du compte d'exploitation et du bilan de chaque centre
de responsabilité. ta CVA. de chaque unité est calculée par différence entre la rentabilité des capitaux
engagés et un coût moyen de ce capital fixé arbiuairement pour toutes les unités à7,5 o/o. Pour mobi-
liser le management sur cet indicateur organique, 60 o/o du bonus des cadres dépendent de leur contri-
bution à la valeur actionnariale et ce complément de salaire, qui peut représenter de 15 à 40 o/o de la
rémunération, en fait un instrument de mobilisation significatif, La nouveauté introduite par le repor-
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ting sur postes bilantiels qui met en parallèle, pour chaque centre de profit, les financements et le capi-
tal employé, a des vertus pédagogiques d'approche du concept de o capitaux investis > utilisé en repor-
ting externe et des vertus d'animation par l'intermédiaire d'un certain nombre d'indicateurs straté-
giques. Les responsables d'unités ont rapidement appris à piloter le besoin en fonds de roulement en
harmonie avec les contraintes de communication financière globale du groupe". Une même prise de
conscience a été remarquée dans le domaine des immobilisations, notarnment par une réflexion sur
I'intérêt de l'externalisation des actifs non strâtégiques'4.
Les responsables du reporting groupe rencontrés considèrent comme rès bénéfique I'animation
sur le retour sur capitaux employés (RCE) tant au niveau de la relation clienm-fournisseurs que de la
politique d'investissement. Il est à noter toutefois que le reporting interne, construit sur le concept de
o capital employé ,, n'est pas parfaitement cohérent avec I'indicateur urilisé en communicarion
externe qui s'appuie sur le concept de o capital investi , ; la différence provenant de la non-prise en
compte dans les immobilisations des re?arting units du goodwill qui n apparaît qu après intégration
dans les comptes consolidés. Pour corriger ce manque de cohérence entre les indicateurs locaux et
globaux, il a été décidé, à partir de 2002, de faire redescendre \es goodwill constatés lors des prises de
participation, au niveau des filiales, ce qui ne sera pas sans effet réducteur sur le ROIC.
IJimportance des immatériels (plus de 50 o/o de I'acdf immobilisé en 2000), et plus particulière-
ment la délicate affectation entre goodwill et marques dans un groupe qui opère dans le secteur des
biens de grande consommation foftement différenciés par une politique de marques, est confirmée
par une attention toute particulière quant à l'évaluadon des marques et au suivi de leur valorisation.
Se concentrer, stratégiquement, sur les seules marques âyant une part de marché prépondérante dans
leur secteur respecdf implique un suivi méthodique et rigoureux du maintien de la valeur de ces
marques. Aussi le groupe B a-t-il mis en place une formalisation financière bien balisée à la fois en
termes comptables et en termes de management des marques. En conséquence, une approche quali-
tative et quantitative a été développée avec le soutien d'un cabinet de consultants spécialisé.

CoMpTABILnÉ - CoNrRôLE - AUoIT / numéro spécial -mai 2002 (p. 6 f 84)


Monique l-qcnotx, Stefano ZnMsoN
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRE.ATION DE VALEUR :
74 UNE LECTURE CONCEPTUELLE DES PRATIQUES FRANçAISE ET ITALIENNE

La méthode de scoring muki-criêres introduit simultanément des indicateurs de repofting interne


pour les services marketing et un outil de validation externe de l'évaluation des marques inscrites au
bilan. Un ( score , est attribué à chaque marque en fonction de critères qualitatifs. La notation obte-
nue permet de déterminer le multiple du surprofit relarif à la marque selon des modalités décrites dans
l'annexe 2, reliant ainsi I'approche qualitative et I'approche financière. Tous les mois, les responsables
de marque sont tenus de faire remonter une batterie d'indicateurs de mesure de la force de la marque
(parts de marché, notoriété, estime, perdnence, profil d'image, etc.). IJintégration de ce qFstème d'in-
formarion reliant les éléments de reporting interne et externe démontre bien l'aboutissement et la
maturité de la démarche d'évaluation et de management du capital ( marque D.
En revanche, il n'apparaît pas, comme pour les marques, de volonré explicite de repérer le capital
organisationnel et de compétences managériales, néanmoins le groupe a mis en place certains outils
informatiques qui semblent véhiculer un réel souci de u formalisation , de ces composântes du capi-
tal intellectuel. En effet, il a été créé en 2000 un site intranet qui met à la disposition des managers les
méthodes et les meilleures pratiques relatives à leur fonction. le groupe utilise cet outil informatisé de
benchrnarh par voie de questionnement sur les points forts et les faiblesses des filiales dans les
domaines où leur responsabilité est engagée eu égard aux parties prenantes. Pour chacun des thèmes
abordés, des pratiques quoddiennes observables et mesurables ont été identifiées. Un processus
d'auto-réflexion et d'auto-évaluation o guidé u entend renforcer le capital organisationnel par un
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partage explicite des savoir-faire tacites et des connaissances opérationnelles. Bien que l'expression de
u capital intellectuel , ne soit pas utilisée par I'entreprise, la plupart des composantes du triptyque de
Sveiby (compétences, structure interne, structure externe) se retrouvent dans ce qystème d'échange
d'information. Ainsi, on peut considérer que le qrstème revient à créer une grande banque de données
de partage des connaissances et que la communication interne organisée autour des concepts de capi-
tal organisationnel et de capital humain devient un véhicule de création de ce qui pourrait être appelé
u le capital intellectuel D et qui contribuerait à créer un langage commun. Une même logique
d'échange des informarions et de panage des connaissances a marqué la réorganisation du secteur de
la recherche qui s'est doté au cours de l'exercice 2000 d'une strucrure tranwersale d'animation et de
coordination internationale de la politique d'innovation du groupe, véritable base de compétences et
de fertilisation croisée des connaissances.

Néanmoins, les indicateurs de performances explicites utilisés par B, tant dans sa communication
externe que dans son système de reporting interne et de rémunérarion des managers sont, pour I'es-
sentiel, des critères financiers de conribution à la valeur acdonnariale et de retour sur capitaux inves-
tis. Les banques de données de parage des connaissances sont plus des instruments d'animation et
d'inrégration des hommes dans un groupe de culture multinationale variée que des outils de manage-
ment du capital immatériel. Seules les informations relatives aru( marques qui ont un rôle stratégique
fondamental sont très détaillées. En revanche, la logique financière de la création de valeur est parfai-
tement déclinée en interne. Toutefois, faute d'une identification sur la base des processus du potentiel
immatériel de I'entreprise, la relation entre création de valeur et capital intellectuel riest pas appro-
fondie. Il n en demeure pas moins que le contrôle de gestion, sous l'emprise de la création de valeur,
offre une structure intégrée de la prise de décision stratégique et financière et de l'interprétation des
performances sous l'angle des processus opérationnels et de I'avantage compétitif (Teller, 1999). Cette
dilution de la responsabilité du résultar économique global dans I'organisation marque une évolution
de la fonction de contrôle (Besson, L997).

C,oMI'rABILrrÉ - CorqrRôI-E - AuDrr / numéro spécial -mai 2002 (p.61 à 84)


Monique lÂcRolx, Stefano ZevnoN
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRÉATION DE VALEUR:
UNE LECTURE CONCEPTUELLE DES PMNQUES FRANçAISE ET NALIENNE 75

Conclusion
En se focdisant sur le repérage du capital intellectuel et de ses composantes, l'étude a montré les poæn-
tidités et les aspects problématiques - conceptuels et empiriques - liés aux tentatives de visualisation
du phénomène. Les différences constatées entre les detrx entreprises ne semblent pas expliquées par des
facteurs culturels ou nationaux. Une explication plausible serait plutôt à envisager dans I'analpe de la
srrucrure du capital des deux sociétés étudiées. Au-delà d'un discours paradoxal, la société A, dont le
capital e$ détenu pour l'essentiel par un actionnariat familial, parle de création de valeur et utilise le
bilan de l'intangible afin, semble-t-il, d'asseoir sa réussite technologique et organisationnelle et sa
compétitivité sur du long terme, indépendamment de toutes préoccupâtions liées aux marchés finan-
ciers. la société B, quant à elle, parle de compétences dans ses rapports sociaux et mesure de façon
sophistiquée la contribution de I'entreprise à la valeur actionnariale afin de communiquer à l'ensemble
de ses actionnaires une vision stratégique étafe sur des indicateurs de performance accept& par le
marché, les investisseurs ne semblant pas (encore) sensibles au concept de capital intellectuel.
liidée que les gestionnaires ont, à travers leurs pratiques, un rôle essentiel dans la construction de
la valeur nous a conduits à nous intéresser aux représentations des sources de création de valeur d'en-
treprises : pour les uns I'essence de la valeur se trouverait dans les composântes du capital immatériel,
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pour les autres seule la mesure financière semble opportune. Mais ces données, d'apparence objective,
proposées par les entreprises ne sont que des représentations, des constructions des acteurs des orga-
nisations. Partir de la représentation des acteurs conduit à penser la valeur comme une construction
de l'organisation, de ses pratiques managériales (Brechet et Desreumaux, 1998). Or I'ambiguité du
concepr même de valeur se raduit dans les pratiques et les outils de management auxquels le gestion-
naire se trouve confronté, notalnment dans I'approche du capital intellectuel.
Néanmoins le lien entre capital intellectuel et création de valeur reste encore quelque peu problé-
mâtique, sinon indéfini. On ne veut pas affirmer que le lien en lui-même n est pas existant, mais que
en pratique comme en théorie ce lien émergeant dans les diverses approches ne paraît pas encore bien
développé ni sur le plan opérationnel, ou conceptuel, comme, d'autre part, tous les liens entre les
nodons virées sur I'organisationnel-managérial et les modèles fortement marqués par la logique finan-
cière. Au nom de l'importance des immatériels dans la création de valeur, il nous semble, donc, que la
relation en question peut bien être utilisée comme discours pour légitimer I'introduction de nouvelles
pratiques managériales et/ou de nouveaux modes d'évaluation des dirigeants.
En conclusion, le rapport entre création de valeur et capital intellectuel e$ devenu un point central
de réflexion dans les sciences de gestion, qui exige une vision interdisciplinaire du problème. Ceae
quête d'éventuelles congruences entre la littérature et les évidences empiriques, à partir de cette étude
exploratoire, pourrait bien ouvrir des pistes à de futures recherches. Si les intangibles sont au cæur de
la création de valeur, il est certain que les chercheurs en sciences de gestion ttouyeront dans cette rela-
tion des sources importantes d'approfondissement. En paniculier, ce sujet intéressant par sa ûansver-
salité pourrait situer la recherche comptable à I'interface entre stratégie et Ênance avec des implica-
tions managériales et organisationnelles non négligeables.

CrMvrABnffÉ - CoNrRôLE - AT DIT / numéro spécial -mai 2002 (p, 6l à 84)


Monique LrcRotx, Stefano Z,cMBoN
CA?ITAL INTELLECTUEL ET CRÉATION DE VALEUR :
76 UNE LECTURE CONCEPTUELLE DES PRATIQUES FRANçAISE ET ITALIENNE

Annexe 1

Exemples d'indicateurs utilisés par la société A

Carrat currr Clnrlt Capmr xuuan


ORGAIIISATIONNET

Croissance et - Valeur de marché - % du CA investi en R & D - Niveau moyen de compétence


rénovation (capitalisation boursière) managériale
- % du CA investi en marke-
- Valeur comptable ting, R & D et technologie de - Niveau moyen de leadership
I'information du management
- Croissance du CA
- % du CA provenant de - Nombre de brevets - Niveau moyen de compétence

nouveaux clients par division


déposés émotionnelle du management

- lmage externe - Nombre de brevets - % du CA investi en formation


en cours
- Part de marché - lnvestissement moyen en
- Nombre de nouveaux formation par salarié
projets commencés pendant
l'année
- % des salariés avec licence
- % des salariés avec diplôme
- % des salariés employés pen-
dant l'année
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- Longueur moyenne du rapport
d'emploi du management
,!
rl
I
- Longueur moyenne du rapport
t,
!i
d'emploi du personnel
''''*ij -""- --------- --.
Efficience | - lndice de satisfaction i - lndice de productivité pro- - Conespondance au profil idéal
I des clienls I
gressive par unité productive de compétence managériale

- CA moyen par division - Taux de rendement synthé- - EBITDA par salarié


tique (TRS) par unité produc-
- EBITDA par manager
tive
- Indice de polyvalence
- Taux de rendement produc-
tif ffRP) par unité productive - Indice de polycompétence
productive
- CA par salarié

- CA par manager

- CA par ouvrier de produc-


tion

Solidité - % du CA pour les - Indice de satisfaction - Âge moyen du management


cinq meilleurs clients par divi- des salariés
sion
- Age moyen de lous les salariés
- lmage interne - % de nouveaux salariés
- % de réachat par clients
- Cohérence de la culture (moins de 2 ans d'ancienneté)
fidèles
organisationnelle
- Turnover des salariés
-Niveau d'alignement du
- Turnover des ouvriers
management
productifs
- Niveau d'orientation du
management

CoMrrABIurÉ - CoNrRôLE - Auorr / numéro spécial - mai 2002 (p. 6l à 84)


Monique L,rcnotx, Srdano ZavsoN
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRÉ.{IION DEVALEUR:
LINE LECTURE CONCEPTUELLE DES PruTTIQUES FMNÇAISE ET ITALIENNE 77
Annexe 2
[a méthode multiscoring utilisée par la société B

1. Les sept critères qualitatifs d'évaluation des marques

2. Stabilité

1-?srir*:
4. Tendance

5. Communication : lmportance, continuité, qualité des dépenses de soutien


6. lnternationalité I Présence régionale et mondiale

7. Protection Force et étendue de la protection juridique

2. Benchmark de la marque idéale - score : 100 points

l. Est ce un marché ferme et en pleine croissance ? 10/10


2. A démontré sa caoacité à survivre 1 s/l5
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3. Peut oleinement influencer le marché 25t25
4. Est sur un trend positif 10/10
5. A utilisé la communication et démontré sa capacité à exercer une attraction sur le consommateur 10/10
6. A démontré qu'elle peut traverser les frontières géographiques et culturelles 25t25
7. Constitue une propriété intellectuelle exclusive 5t5

3. La relaiion score et multiple

25

20

Htu
5
3ro

SCORE
o 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

SCORE DE
11 SCORE DE LA
LA MARQUE MARQUE IDÉALE

CoMprABrLnÉ - CoNrRôLE - AuDrr / numéro spécial -mai 2002 (p.61 à 84)


Monique l.acnolx, Stefano ZrvsoN
CA?ITAL INTELLECTUEL ET CRÉATION DEVALEUR:
78 UNE LËCTURE CONCEPTUELLE DES PRATIQUES FRANçAISE ET ITALIENNE

lloles 9. Lentreprise B ayant été cotée sur le marché amé-


ricain, il n ai pas exclu qu'un
effet de démonstra-
l. Le terme n repérage > est udlisé afin de souligner tion ait joué alors dans le choix d'un indicateur
l'aspect intentionnel de cette action d'identifica- bien accepté par la communauté financière améri-
tion et, pour cette raison, est préféré au terme caine.
o visualisation u habituellement employé dans la
littérature internationde. 10. CVA = (ROIC - \fACC) X capitaux investis.
2. Par exemple, Lev et Thiagarajan (1993) ont déter- I l. Il est à remarquer que le cott des capitaux propres
miné la capacité d'indicateurs comptables à expli- est calculé sur la base de la formule financière clas-
quer la rentabilité des actions. Subramanyan sique en incluant une prime de risque du marché
(1996) a isolé trois groupes d'indicateurs issus des des actions Êançais et béta du titre B et que la
nombres comptables utiles pour apprécier la pondération est efiFectuée sur la base d'un ratio
valeur créée par les entreprises américaines de son comparant la capitalisation boursière moyenne de
échantillon. la période et la dette financière nette, ce qui pose,
3. Le cas de I'entreprise B étudié dans la deuxième bien entendu, le problème de la définition d'une
partie de I'article est une illustration exemplaire de dette u nette et dc faca pr&ente un ratio d'auto-
"
I'application de cette méthode. nomie financière plus avantageux que celui qui
4. Dont les noms ont été maquillâ pour des raisons serait cdculé à partir des données comptables rela-
de confidentialité. tives aux câpitaux propres.
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5. Ces érudes de cas approfondies ont été conduites 12. Un centre de proût qualifié au niveau du groupe
par analyse de contenu de documents et par entre- de reportinguazTcorrespond dans la grande majo-
tiens auprès des divers responsables des entreprises rité des cas à une activité et à un pays.
concernées. l3.Par exemple, le stockage des produis chez les
Dont 20 %o seulement sur les 67 détenus par des fournisseurs et la titrisation des créances clients se
fonds français. sont développ&.
Ils détiennent respectivement 5,99 o/o et 4,24 o/o 14. En revanche, les dérives et I'habillage des chiffres
du capital, et 9 ,46 o/o et 7 ,84 7o des droits de vote. comptables par des pratiques telles que I'escompte
Ces informations sont publiées en parallèle du ou le leasing sont q/stématiquement corrig& par
rappon annuel et du document de référence dans retraitement des indicatzurs au niveau du besoin en
un rappon social. fonds de roulement et des immobilisations.

Sintesi
Know-how tecnologico e di mercato, capacità innovativa, competenze e capitale umano sono anual-
mente oggetto di frequente attenzione nelle riviste economiche e nei dibattiti manageriali, tanto che
le ricerche e i lavori si stanno moltiplicando sul knowledge management (Epstein, 1998 ; Teece,
1998), le core corn?etenciet (Prahalad e Hamel, 1990),I'apprendimento orgarizzativo (Arryris, 1993),
e, piir in generale, le risorse intangibili. Questo tema di natura trasversale sembra caratterizzarc
l'odierna letteratura manageriale e professionale sulla base dell'ipotesi che le risorse durevoli fonda-
mentâli a disposizione delle imprese sempre piir da rintracciarsi negli elementi intangibili, tra i quali
la conoscenza gioca un ruolo fondante (Nonaka, 1994 ; Cohendet e Llerena, 1999).

CoMprABILrrÉ, - C.orrnôrc - Auorr / numéro spécial -mai 2002 (p.61 à 84)


Monique L{cRolx, Stefano Z,quroN
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRÉATION DE VALEUR :
UNE LECTURE CONCEPTUELLE DES PRATIQUES FRANçAISE ET ITALIENNE 79
A partire dalla seconde metà degli anni '90 il dibanito teorico sugli intangibili si è alresl arric-
chito di un nuovo concefto onnicomprensivo, owero quello di capitale intellettuale (Brooking,
1998 ; Edvinsson e Malone, 1997 ; Lynn, 1998). In tal senso, comprendere il proprio capitale
intellettuale è divenuta una delle preoccupazioni pregnanti per le imprese. In un contesto di finan-
ziarizzazione crescente delle relazioni economiche, la questione sottesâ è infatti quella dell'impatto
ipotizzato del capitde intellettuale sulla creazione di valore. Anche i recenti problemi legati alla valu-
tazione delle imprese della New Economy hanno contribuito a collocare questa relazione al centro
del dibattito : la forte presenza delle risorse immateriali in queste imprese ha giocato probabilmen-
te un ruolo di acceleratore con riguardo alla riflessione sulle fonti di creazione del valore all'interno
delle imprese.
Tirttavia, I'importanza annunciata del capitale intellemuale e delle risorse intangibili non sembra
ancora essersi tradoffa in una riflessione consolidata sulla natura del problema e sulle sue conseguen-
ze teorico-pratiche. Sussistono tuttora delle ambiguità concettuali irrisolte, come pure problemi di
reperibilità di dati, che emergono dai precedenti studi realizzati in particolare dall'OCSE (1999),
dalla Brookings Institution (2001) e dalla Comunità europea (2001).
In parallelo, nuove prassi informative aziendali connesse alla nozione di capitale intellemuale
cominciano ad apparire a titolo sia pur sperimentale, essenzialmente con riguardo alle imprese scan-
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dinave, dove il caso più noto è quello della società assicurativo-finanziaria Skandia (Edvinsson,
Malone e Mazars Audit, 1999). Questo fenomeno sembra legato a un fabbisogno crescente di una
nuova generazione di strumenti analitici al fine di valutare la performance organizzativa dal punto di
vista sia dei manager, sia degli azionisti e degli investitori, sia ancora degli altri saheholders
(Flamholtz, 1999 ; Kaplan eNofton,2000 ; Lev, 1999).
Il ruolo del capitale intellettuale quale fonte di valore e il suo significato potenziale per le scienze
aziendali costituiscono il filo conduttore della riflessione che dà contenuto a questo lavoro. Nella
convinzione che il problema non sia legato a un singolo contesto nazionale, I'approfondimento
concemuale proposto fa leva sulla testimonianz.a di due imprese, una italiana e una francese. Ci è
infatti parso che la globalizzazione dell'attività aziendale abbia intensificato la percezione del proble-
ma a livello internazionale, nonché il potenziale interesse di uno studio comparâto che metta a
confronto le esperienze di imprese di diversi Paesi.
La riflessione che informa il nostro lavoro ruota attorno a una domanda di natura generale : qual
è il ruolo degli intangibili
e del capitale intellettuale nella creazione del valore ? Una serie di ulterio-
ri interrogativi promanano da questa domanda : le nozioni di u creazione di valore o e di u capita-
le intellemuale > riposano sui medesimi fondamenti teorici ? La creazione di valore e il capitale intel-
lettuale sono due concetti perfettamente integrabili o viceversa appartengono a sfere teoriche diverse
? La relazione fra creazione del valore e capitale intellettuale è lineare o problematica ?

A fronte dei cambiamenti di contesto legati alla dematerializzazione crescente dell'attività delle
imprese, uriulteriore questione di carattere preliminare sembra profilarsi, owero quella della rappre-
sentazione del capitale intellettuale. Dd nostro punto di vista, il tentativo di dar visibilità e di misu-
rare il capiale intelletnrale non passa necessariamente attraverso le variabili di natura finanziaria. Con
tutta probabilità sarebbe invece opporruno considerare alcuni indicatori nell'ottica dei processi e della
catena del vdore, senza pur tuftavia marginalizzare I'analisi delle variabili finanziarie, owero le infor-
mazioni interne o esterne tradizionalmente messe a disposizione dalle imprese.

CoMr'lABn-rrÉ - CoNrRôLE - ÂUDIT / numéro spécial -mai 2002 (p. 6l à 84)


Monique L,rcnotx, Stefano Z,cMsoN
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRÉ,ATION DEVALEUR:
80 UNE LECTURE GONCEPTUELLE DES PMIIQUES FRANçAISE ET ITALIENNE

In considerazione di questo duplice punto di vista, si puô dunque affermare che il presente pro-
gemo di ricerca si situa all'interfaccia tra un approccio teorico-concettuale e le prassi emergenti delle
imprese.

Nell'ambito degli approcci teorici correnti, le risorse intangibili vengono poste al centro della crea-
zione di valore. A ben vedere, tuttavia, il concetto di n creazione del valore , - che pur mova negli
intangibili la propria fonre - e la nozione di capitale intellettuale - che sintetizza un insieme eteroge-
neo di risorse immateriali - non sembrano sottendere le medesime visioni teoriche, né tanto meno
appaiono condividere le stesse ascendenze concettuali. Ilapproccio della creazione del valore presup-
pone una logica maggiormente finanziaria, mentre la letteratura sul capitale intellenuale pare ris-
pondere piir a una logica organizzativo-manageriale. A tale proposito, occorre anche sotolineare che
stanno emergendo in letteratura interessanti tentativi di costruire ( ponti u concettuali entro queste
due impostazioni di fondo (ad esempio, I.ey,1999).

Lo studio empirico condotto fa riferimento a due imprese industriali, la società italiana "A" quo-
tata sul mercato borsistico di Milano, e il gruppo francese "8" quotato principalmenre alla borsa di
Parigi. Le imprese 'rArr e
I'8, costituiscono, per I'Europa del sud, dei precursori nel campo in esame.
"4" ha iniziato a produrre dd,1999 un bilancio dell'intangibile, mentre "8" ha concepito dal 1998
un sistema di reporting interno fondato sulla contribuzione alla creazione del valore. Questi studi
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approfonditi di casi hanno avuto quale principale obienivo quello di analizzare come le imprese "4"
e "8" esaminate abbiano identificato indicatori pertinenti relativi alle risorse intangibili e connessi
anche ai processi di creazione di valore, al fine di rispondere ai fabbisogni dell'organizzazione di
controllare l'evoluzione degli elementi immateriali, nella prospettiva di un confronto tra le prassi
d'impresa indagate e le impostazioni teoriche presentate.
Focalizzandosi sulla visualizzazione dei componenti del capitale intelletnrale e della creazione del
valore, il presente studio ha cercato di dimostrare le potenzialità e gli aspetti problematici a livello -
-
tanto concettuale quanto empirico legati alla visuaJizz,azione operativa del fenomeno. Diversamente
da una delle ipotesi poste, le differenze concretarnente costatâte tra le due imprese non sembrano Êut-
to di fattori culturali o nazionali. Una spiegazione plausibile è piuttosto da ricercarsi nell'analisi della
diversa struttura del capitale delle due società esaminate. Ia società "4", il cui capitale è detenuto in
misura preponderante da un azionariato di tipo famigliare, parla di creazione del valore e :utilizz;- il
bilancio dell'intangibile al fine di consolidare il proprio successo tecnologico e organizzativo e la sua
competitività di lungo termine, in modo relativamente indipendente dalle preoccupazioni legate ai mer-
cati finanziari. La società "8" paila invece di competenzr e di knowledge management, e misura con
modalità sofisticate il valore dei marchi e il contributo al valore azionario, allo scopo di comunicare
all'insieme dei propri azionisti una visione strategica sorretta da indicatori già accettati dal mercato, dal
momento che gli investitori non sembrano (ancora) sensibili al concetto di capitale intellenuale.
Il legame tra capitale intellettuale e creazione del valore resta dunque ancora problematico, se non
indefinito. Non si vuole certo affermare che tale legame in sé non esista, ma che nella prassi come
nella teoria esso, pur risultando emergente nel discorso manageriale, non sembra ancora essere suft-
cientemente sviluppato né sul piano operativo, né tantomeno su quello concettuale. AI momento,
dunque, non si puô escludere che il n discorso , sulla relazione in esame possa essere anche utilizza-
to per legittimare I'introduzione di nuove pratiche manageriali e/o di innovative modalità di valuta-
zione direzionale in nome della rilevanza degli intangibili per la creazione del valore.

CoMI"[ABILrrÉ, - CoNrRôLE - AUoIT / numéro spécial -mai 20A2 6.61 à 84)


Monique [.AcRorx, Stefano ZaÀasoNl
CAPITAL INTELLECTUEL ET CRÉATION DE VALEUR :
IINE LECTURE CONCEPTUELLE DES PRATIQUES FRANÇAISE ET ITALIENNE 81
Lidea di fondo che gli operatori d'impresa giochino, tramite la loro azione, un ruolo essenziale nella
costruzione del valore ci ha spinto a interessarci delle rappresentazioni delle fonti di creazione di tale
valore : è emerso che per alcuni I'essenza del valore risiede nei componenti del capitale intangibile ;
mentre per altri solo le misure finanziarie strettamente connesse alla creazione del valore sembrano
opporrune. Ma in fondo questi dati - all'apparenza obiettivi - proposti dalle imprese non sono che
rappresentazioni degli attori organizzatiyi. Prendere come punto di partenza la rappresentazione di
tali attori conduce a pensare al valore come unâ costruzione dell'organizzazione e delle sue pradche
manageriali (Brechet e Desreumaux, 1998).
ll rapporto tra creazione di valore e capitale intellettuale è divenuto un punto centrale della rifles-
sione nelle scienze aziendali, che esige una visione interdisciplinare del problema. Questa necessità di
congruenze tra la letteratura e le evidenze empiriche, a partire dal presente studio di carattere esplo-
radvo, potrà sicuramente aprire nuovi sentieri alla ricerca in firturo. Se gli intangibili costituiscono il
cuore della creazione del valore per un impresa, è certo che gli studiosi di economia aziendale trove-
ranno in questa relazione spunti significadvi di approfondimento. In particolare, questa tematica, di
significativo interesse per la sua trasversalità, potrebbe contribuire a collocare la ricerca in campo
contabile all'incrocio tra gli studi di strategia e di finanza, con contestuali e non secondarie implica-
zioni di natura manageriale e organizzativa.
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Parole Chiave : creazione del valore, capitale intellenuale, competenze organizzarive, marchi, atti-
vità immateriali.

CotrrprenrnÉ - CoNTRôtr, - ÂuDlr / numéro spécial - mai 2002 (p. 6l t 84)


Monique lÀcRolx, Stefano ZavsoN
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