Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
26
Introduction
Les états financiers publiés par les directions d'entreprises servent chaque jour de point d'appui pour
de multiples décisiàns. Nous riavons qu à penser à I'analyste financier qui cherche à prévoir le
montant du bénéfice d'une firme pour la prochaine période, au banquier face à l'étude d'une
demande de prêt, à l'organisme de réglementation d'un service public analysant une demande de
hausse tarifaire ou à l'investisseur qui doit arrêter le choix d'un placement. Certaines estimadons
chiftent en dizaines de milliards de dollars les dépenses encourues à travers le monde pour la ptépa-
rarion et l'analyse des étars financiers des entreprises. Or, en dépit de I'importance potentielle des
états financiers er du nombre croissant de prises de position des organismes de normalisation comP'
table comme le FASB ou l'lASC, il n en demeure pas moins que la direction d'une ûrme jouit d'une
ceftaine flexibilité dans ses choix de pratiques et méthodes comptables à l'intérieur des principes
comptables généralemenr reconnus. D'ailleurs, depuis longtemps' les observateurs avettis de la scène
financière ,*pçorn.rt les directions d'entreprises d'utiliser cette flexibilité comptable à leur avan-
tage. Différer,io rapportées dans des publications telles que Fortune, Forbes,,Business Veek
"rr..dores
,iBanonlser dans des ouvrages tels que Barbarians at the Gate er Breaking Up the Bank : The Decline
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)
27
l,a popularité de l'hypothèse du nivellement comme explication des choix comptables des dirigeants
rePose en grande Pâftie sur son étroite relation avec les préceptes de la normalisation comptable
qui,
elle aussi, privilégie la minimisation de la volatilité du bénéfice. Pensons aux nombre, o ,ror-o
favorisant le repon et l'amortissement de charges ou produits. Etant donné que la normalisation
comptable est issue de discussions où les panicipants sont essenriellement les auditeurc et les diri-
geants d'entreprises, il apparaît alors plausible de presumer que ces derniers préftreront les choix
comptables qui amènent un nivellement du bénéfice. En d'aurres rermes, le nivellement du bénéfice
serait l'objectif de l'entreprise en l'absence de considéradons conrractuelles susceptibles de faire fluc-
tuer le bénétce de la firme.
'Sâ
, La ttéorie politico-conractuelle
Vers la fin des années 1970, àla lumière de développements en sciences économiques, il est apparu à
plusieurs chercheurs que les dirigeants sont, pâr nature, rationnels et opportunirt., la poursuite d*,
de leurs intérêts personnels. Ces intérês sont essenriellement déterminJs par les rermes des contrats
conclus entre eux et I'entreprise, de même qu'entre I'entreprise et les parties avec lesquelles elle
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)
Iæs premières études en théorie politico-contractuelle ont mis I'accenr sur les raisons qui moti-
vent les dirigeants d'entreprises dans leurs choix individuels de méthodes comptables. Mentionnons,
à titre indicatif, le fait d'inscrire à I'actif plutôt que de pâsser en charge les intérêrs, l'utilisation d'une
méthode d'amortissement accéléré comparativement à I'utilisation L l'amortissement linaire et la
décision de capitaliser ou non des frais de recherche et développemenr. En général, les résultats obte-
nus Par les chercheurs, surtout américains, appuient I'hypothèse que les dirigeant choisissent des
pratiques comptables en vue de maximiser leurs intérêts personnels et leur mieux-être tels
qu identifiés selon les contrats sur lesquels une ûrme s'est engagée. r
Toutefois, il y a une dizaine d'années, cette voie de recherche a vite aneint certaines limites:
(1) les firmes ne semblent pas et ne peuvent pas changer consramment de méthode comptable;
(2) les dirigeants d'entreprises ne choisissent pas une méthode comptable sans considérer le n
porre-
feuille , de méthodes comptables utilisées pâr une firme ; (3) en vertu des normes comptables, le
bénéfice peut être influencé par d'autres moyens qu'un choix de méthode comptable. ies limites
ont alors amené les chercheurs à se tourner vers l'examen du traitement des n accruals r> 2, ces
derniers représentant la différence entre le bénéfice net et le flux de trésorerie d'activité. Une telle
a-pproche semble logique puisque les u accruals > représenrenr une mesure globale de la stratégie de
divulgation comptable de l'entreprise et, de ce fair, sont plus susceptibles de refléter une décision
2g
strarégique de la part des dirigeants d'une firme que simplement l'étude du choix d'une pratique
.o-p.-.2||" .n p"rri".rli.r. l^a piochaine secdon envisage la problématique entourant la mesure de la
gesdon stratégique des résultaa.
accruals, :
uAccrualso>+uAccrualsNDn=Bénéficeo+Bénéfice"o-Fluxdetrésoreried'activité
où D signifie discrétionnaire et ND non discrétionnaire.
I-iobjectif visé est alors I'identification de la composante discrétionnaire des u accruals ,. Or,
comme les composantes non discrétionnaires et discrétionnaires des u accrualt " 1: -Peuvent être
observées directement, cece démarche repose sur le choix dthypothèses réalistes et valides quant aux
facreurs influençant le bénéfice non discrétionnaire qui déterminent' Par conséquent, la composante
non discrétionnaire des o accruals ,. À dtre d'exemple, une augmentation de
comptes
d'u accruals ,, tels les stocks et les comptes clients résulant de conditions économiques favorables,
devrait être classée comme non discrétionnaire. Toute portion des n accruals , non expliquée par ce
facteur non discrétionnaire sera alors classée comme discrétionnaire.
Les études antérieures utilisent essentiellement uois approches pour mesurer la gestion des résultats.
Une première approche chiffre l'incidence des o accruals , en calculant la diftrence entre le bénéfice
,r., ., l. fl.r" d. ugrorerie d'activité. Selon cette approche, un niveau d'u accruals u plus élevé ou plus
bas pour une entreprise dans un contexte particulier indique une gestion stratégique des résultats de
l" prtt de la direction (Healy, 1985). Une deuxième approche considère quune variation dans le
niv."o d'n accruals D enrre deux périodes e$ entièrement à la discrétion des dirigeants. Cette
approche repose sur la prémisse que les facteurs économiques Pouvant affecter le niveau d'u accruals
o,
p"t .*.-pl. le chiffre d'"ff"it.r, sont reladvement smbles lorsque la période de temps considérée est
lo.r*., cLt-à-dire un an ou moins (DeAngelo, 1988; Pourciau, 1993; DeAngelo et aI, 1994).
Enfin, une troisième approche consiste à dégager, au moyen de régressions utilisant des données de
plusieurs périodes, la relation existant entre le niveau d'u accruals > et divers indicateurs de la
29
portion non discrétionnaire du bénéfice, tels le niveau du chiffre d'afâires, I'ampleur des immobili-
sations (charge d'amordssement) et la performance boursière. La difftrence enrre le niveau
d'n accruals , d'une période et le niveau prévu par le modèle s'appuyant sur les indicateurs non
discrétionnaires correspond à la partie discrétionnaire des o dit, pour l'étude
"c.ruals-u.'Autrement
d'une année en particulier, la diftrence entre le total des o accruals o et les n arcruals o à,i.ipé, p",
le modèle nous renseigne sur la gestion des u accruals o (Jones, 1991 et cahan, r99z) 4.
Plus récemment Dechow (1994) propose de considérer le flux de trésorerie d'activité de I'exer-
cice précédent comme un facteur imponant déterminant le niveau d'u accruals > non discrétion-
naires de l'année courante. La pertinence de cette variable se justifie par la corrélation négative très
forte observée entre le flux de trésorerie d'activité d'une période et le niveau toral des n acàruah , de
la période suivante. Dans la mesure où une poftion importante du niveau d'u accruals n semble prédé-
terminée par le flux de trésorerie d'activité de I'exercice précédent, il est raisonnable de penser qu il
s'agit d'une portion non discrétionnaire.
La prochaine section présente une syntlèse des résultats des principales études ayant porté sur la
gestion sûatégique des résultats.
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)
30
Tableau 1
Objectifs visés par la gestion stratégique des résultats et contextes étudiés
JZ-
CoMprABu.ITÉ - CoNTRôLE - Auott / Tome 4 - Volume I- mars 1998 (p. 25 à' 48)
Denis Conunn, Michel MacNeN et Bernard Moneno
I/, GEsroN STRATEGIQUE DEs RÉstrLTArs - LE MoDÈLEANGLo-sAXoN coNVIENT:ILAU coNTEn E Sr-ISSE ?
33
34
difficile d'évaluer priori si l'obligation d'offrir des résultats en fonction du risque (effet positif sur
a
(effet
les u accruals o) l'eÀporte sur leJcotts politiques que risque d'engendrer une telle stratégie
négatif sur les ( accruals o), nous traiterons cette variable comme une variable de contrôle, c'est-à-
diË ,ans prévision du signe de la relation. Le coefficient bêta du modèle du marché sert de représen-
r"tiol pou, le risque. ies données de bêta proviennent du guide des actions suisses, lequel est
produit annuellement par I'Union des banques suisses.
Bourse étrangère (Boarse énangèr); Le fait pour une firme d'être cotée à une Bourse érangère
"<lirigeants
peut inciter les d'entreprises à publier des données comptables seryant à rassurer les inves-
,irr..rr,étrangers srir la qualité du bénéfice. Cette attitude de prudence des dirigeants d'entreprises
en madère d-e pratiques comptables aura pour effet de réduire le bénéfice par la gestion des
u accruals >. l;ne variable dichàtomique (1/0) sera employée. Les cotts contractuels associés à une
information financière non fiable soni plus élevés dans un contexte international. Nous n avons qu à
penser aux nombreuses poursuites dont font I'objet les firmes cotées à une Bourse américaine, même
de la part de la SEC.
Norrnes MS (IAS)
.
N"ï prévoyons que les- firmes suisses qui ont fait le choix de présenter I'information financière
selon les normes comptables internationJes sonr d.avanrage limitées
dans les choix de méthodes
comptables quelles peuYent exercer. Ainsi, nous utiliserons-une
variable dichotomique pour évaluer
l'impact de I'emploi des normes internationales sur la gestion des o
accrual, u. No,r, ,r.r.
relation inverse entre le niveau d'n accruals n et le fait d utiliser les "rrri.iporr,
normes internationales de comp-
tabilité.
j
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)
ffi Résultats
lj;tffii Analyses univariées
Ibbleau 2
Moyennes des a accruals n/capitaux proprest-1
- 0,133 0,014
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)
- 0.18 0,860
Firme d'audit - 0,168
(< big six >) (n : 254) (n : 33)
(e. t. : u,z5o, (e. t. : 0,382)
- 0,1 69 0,990
Actionnariat diffus - 0,1 69
(n : 168) (n:119)
(e. t. : 0,242)
9lj:?19
- 0,181 0,210
Normes IAS - 0,147
(n : 103) (n : 184)
(e. t. :0,171) (e. t. :0,293)
Dans le tableau 3, nous présentons le niveau d'n accruals > Par secteur d'activité'
Nous pouvons consrater qu existe peu de différences sectorielles quant à la gestion des
il
n accruals > puisque seul le r..*o, de l'énergie est siatistiquement diftrent des
autres secteurs selon
(la statistique t de
les deux mesures statistiques utilisées, à savoir la différence des moyennes
expliquant le
Student) et feffet sectori.itel que mesuré par les variables binaires dans une régression
politiques pour un
niveau des u accruals >. Le ,..i..r, énergétique est souvent la cible de pressions
a été démontrée dans plusieurs études
transfert de richesses. Or, I'hypothèse àes coûts politiques
Collins, Rozeffet Dhaliwal,
porrant sur le secteur pétrolier iD.rkir, 1979 ;Liûen et Pastena,1982;
1981 ; Lys,1984; Malmquist' 1990).
des capitaux
læ niveau d'u accruals n varie quelque peu d'une année à l'autre. Ainsi, en fonction
moyenne
propres, ils sont pour la moyenne de féchantillon de 0,169. Sur une base annuelle' leur
-
est-0,122en 1990, -0,136en 1991, -0,203 en1992,-0,229 en1993 et-0,146
en1994'
Pour compléter les analpes univariées, nous avons divisé l'échantillon en deux sous-groupes en
-
fonction de la médiane des u accruals o/capitaux propres. læs résultas sonr présenr& dans lJtabieau 4.
la moyenne des n accruals , de chacun des sous-groupes est de - 0,34ô pour le groupe dont les
u accruals o sont inférieurs à la médiane et de 0,042 pour l'autre ,o*-gro.rp. t.
- De fadn générale,
les n accruals D sont de signe négatif; c'est-à-dire que le résultat ner est iÀfgriËut au flux
de uésorerie
d'activité. Nous constatons que pour deux des trois variables d'n accruals , non discrétionnaires, les
résultats vont dans le sens des hypothèses développées à la secrion précédente. Plus le niveau d'im-
mobilisations est élevé (influ_ence la charge d'amordssement), plus le niveau d'n accruals , est négtif
Il en est de même pour le flux de trésorerie d'activité de l'exercice précédent. Quant au niveau de
performance, la différenï enïe les deux groupes n'est pas statistiquement ,igÀifiotive lorsqu on
utilise le rendement boursier alors que les résultats sont signiÊcatifr
iour lu v"ràtion dans le chiffre
d'affaires. Parmi les variables d'o accruals > discrétionnaiies, le faii d'avoir généré un rendement
boursier négatif I'exercice précédenr augmenre le niveau d'u accruals o dans le ùut de réduire le résul-
tat de I'exercice courant alors que l'émission de nouvelles dettes amène une réduction des
u accruals o aûn de présenter un résultat plus optimiste aux investisseurs. Les autres
variables ne
monûent pas de différences statistiques significadves entre les deux sous-groupes.
38
Tableau 4
Moyenne des variables en fonction de la médiane des <t accruals >/capitaux propres
MovtNnt eRoupt Movnug enoupt
Movrmr DONT IIS ( ACCRUATS D DONTtts ( AC(ÎUAIS t) Vluun p
lmmobilisotions,,/ 0,004
|,407 1,240 |,637
copitoux proprest - t
Flux de irésorerie,- 1/
0,221 0,1 84 0,271 0,002
copiloux propres,- I
Rendemenl boursier
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)
. lr tableau 5 P^g, srfvalte présente également les résultats de la régression une fois les observa-
tions abeffantes éliminées, c'est-à-dire celâ dont la satistique DFITS (differ.rr..
dans l,estimation)
excède 2,0' Cette statistique développée par Belsey, Kuh et Varl (1980)
consisre à calculer la diffé-
rence dans la valeur esdmée de la variable dépeniante (i) lorrqu.
ie modèle est estimé sans l,obser-
vation, puis de diviser cette différence par l'écart-type dé la valâu estimée (î _
Les résultats sont similaires, à I'exception de la variable rendemenr îdft;q?iii,;j
Doursrer qtu ceme fois est
significative.
SreHr
Cormorrur VluuR p* Cotrnsrmt VluuR pi
VÆnsus ExPucATnEs
PRÉVIJ
lmmobilisotionst/
- 0,0ô0 0,001 -ôôo? 0,001
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)
Rendement boursier
- 0,1ôr 0,001 - 0,1 ô0 0,001
négotif,- 1 (l/0)
Rendement boursier
* + 0,042 0,1 53 0,04ô 0,r0ô
négotif, - 1
Contrôle diffus {l/01
o non discrétion-
deuxième analyse de sensibilité consistera à estimer un modèle d'u accruals
la
(1990, l99l et 1992)
naires à partir d'un sàus-échantillon, les trois premières années dbbservations
afin de àgduir. les n accruals discrétior,rr"iro ,
pour la période de 1993 et 1994. Les variables
Tableau 6
Régression par année
(méthode des moindres carrés)
Coemcrur
RÉcRrsston
IEMPOREI.IT
NoMSRE Cotmscut
EN COUPE
VAilAnr omlcAlm r 5rcHr
DE COETHOENTS Movnrnrs z1 ** 22*,,
pnÉvu TNSTANTANÉt
+l- ANNUEII.ES
(sens
TEs OBSERVANONS
mrnmms)
lmmobilisotions,,/
copitoux propresr -
0/4 - 0,075 - 5,210 - 1 ,810 - 0,093
I
Rendemenl boursier
* + t/3 0,225 4,910 1,270 0,046
n{;ofif,-1
Contrôle diffus (1/0)
Tableau 7
Modèle d'estimation des a accruals D anormaux
(régression au sens des moindres carrés)
vÆnsustpuQuÉt:(AccRuAtsuanonmaux(nAcGUArsDANoRMAlrx:(AccnuÆsDTorAtx-cAccnuArDNoilDrcnftoltunEsEsrîmÉs]
Conclusion
Nous pouvons ffouver dans la limérature des positions tout à fait opposées quanr âu rôle et à I'utilité
de la normalisation de l'information financière. Selon la théorie poritilr. de la comptabilité, tous les
intervenants auprès de l'enueprise, y compris les organismes de normalisarion, .onido individus ou
des groupes d'individus qui ont pour objectif la maximisation de leurs intérêts personnels. Ainsi, la
normdisation serait un processus politique et les normes découlant d'un tel p.o"oru. seraient le
fruit de l'influence des individus ou groupes d'individus les plus touchés par les normes. Dès lors,
comme les dirigeans d'entreprises ou les auditeurs de ces mêmes enueprises représentent des
grouPes d'influence très bien organisés, il y a de fortes chances que les normes comptables permer-
tent une gestion des résultats si iest le désir de ces deux groupes. À la lumiere des résulats des
études antérieures menées pour la plupart en Amérique du Nord et de la présente étude conduite à
partir d'un échantillon de firmes suisses, il semble que la théorie positive de la comptabilité s'ap-
pligue à plusieurs éæt& En outre, il est particulièrement intéressant de constater qoe l" logique
politico-contractuelle semble s'appliquer tout aussi bien à un conto(re oùr les dirigeants jouissent
d'une plus grande marge de manæuwe en matière de choix comptables, la Suisse, que danr un pays
à fone normalisation comptable, les É,ats-Unis. Doit-on drer comme conclusion qu. lo entreprises
parviennent à gérer leurs n accruals , quel que soit le cadre de normalisation comptable auquei elles
sont astreintes ?
ryr
l.a théorie des signaux postule qu'une certaine flexibilité dans I'application des règles comPtables
peut permettre à I'Jntreprise d'érnettre un signal pertinent au lecteur des états financiers- À titre
d'.*.mple, une firme peut choisir d'utiliser une méthode d'amortissement accéléré dans le but de
présenter un bénéfice plus faible et ainsi démontrer qu elle n'a aucune difficulté à respecter les
.l"or.. restrictives de ses contrats de dette (fixées par rappoft au bénéfice) et qu'elle n'a donc pas à
augmenter artificiellemenr son bénéfice. En revanche, la firme dont le bénéfice suffit à peine à assu-
r€r le respect des clauses restrictives ne Pourra pas imiter la première firme.
Quant à la ttréorie des mandats (ou théorie de la délégation), le seul critère retenu en ce qui
concerne la qualité de l'information financière, Cest qu elle soit utile aux différents intervenants et
susceptible di perm.ttre un meilleur parmge du risque. Pour ce faire, des règles comptables simples
suffisent. Ce qui importe, iest que les règles soient connues des parties qui sont liées par contrat
(ex. :le dirigeant par rapport aux actionnaires), quelles soient objectives, donc vériÊables et que les
moditcadons des règles soient peu fréquentes et connues d'avance. Dès lors, bien que le dirigeant
puisse procéder à une certaine gesdon des données publiées, le cadre de références des pratiques
comptables étant bien connu, ce componement est prévisible et les contrats entre les parties sont
préparés en conséquence.
au fait
Quelle devrait être la réaction des organismes de normalisation de I'information financière
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)
45
Renerciements Q3 : Dépenses d'exploitation, _ 1/Immobili-
sâtions brutes. _ 1.
læs auteurs tiennent à remercier HEC-Genève qui a
grandement facilité la collede des données. Un grand Iæs auteurs procèdent à des simularions er
merci fualement aux professeurs André Bender et Pierre- obtiennent des résultats supérieurs à ceux obte-
André Dumont de cette même institution. nus par le modèle de Jones pour un même échan-
tillon, tant en terme d'erreur de rype I que de
l{oles type II. Le manque de disponibilité des données
fait en sorte que nous ne pouvons pas âire repo-
'Watts
1 et Zimmerman (1990) procèdent à une ser noffe étude sur ce modèle.
revue des principales études ayant porté sur les
5. Notons qu'une analyse discriminante effectuée en
déterminants des choix de méthodes comptables.
fonction de la médiane des u accruals ) nous
Boland et Gordon (1992) font une synthèse
permet de classer dans le bon groupe 70 o/o des
critique de cette limérature.
observations.
À notre connaissance, le terme anglo-saxon
u accruals , n'a pas d'équivalent en français. Les Nous avons également estimé la régression en
n accruals o englobent tous les ajustements qui normalisant les variables par I'actif romll _ 1 ou
permettent de passer d'une comptabilité de caisse par la valeur de marché des actions, - 1. Les
à une comptabilité d'exercice, qu'il s'agisse des résultats sont sensiblement les mêmes.
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)
46
firmes suisses montrent un Bêta plus élevé fournit tout de même opté pour le rendement boursier
peut-êue une explication au fait que la relation comme variable de substitution de la perfor-
soit positive. mance de la firme c:r son degré d'indépendance
9. Ia statistique Z pose I'hypothèse que les statis- par rapPort à la variable expliquée, les n accruals ,,
tiques de Student pour chacune des années sont est suPérieur.
indépendantes. Elle se calcule comme suit :
Bibliogrophie
n = -.1-> ri
N K,t(Kj-2)
"/V AcurslrNnn A.K. (1995), n Latest Developmena in
J= r Swiss Regulation of Financial Reponing rr, The
oir : t; : statistique t pour le paramètre pi de European Accounting Reuiew,4(l), p. I4l-154,
l'année j ; AHanoNvJ., LIN C.J. et LoBs M.P (1993), u Initial
Ki : nombre de degrés de liberté de la régres- Public Offerings, Accounting Choices and
sion de I'année j ; Earnings Management >, Contem?orary Accoun-
N : nombre d'années. ting Research, l0(l), p. 61-81.
Iorsque les paramètres ne sont pas indépendants
BnNnsH M. et Pnrss E.G. (1993), u Cost andTechni-
d'une année à fautre, la satistique Zl est suscep-
cal Violation of Accounting-Based Debt Cove-
dble d être sur&aluée (Barth et McNichols, 1994).
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)
Code des obligations (1992), Loi fédlrah corn?lltant le DnFoNo M. etJrnunervo J.0994), o Debt Covenant
Code ciail suisse, Assemblée fédérale de la Confédé- Violation and Manipulation of Accruals ,, Journal
ration suisse, édité par la Chancellerie fédérale. of,kcounting and konomics, 17 (l), p. 342.
ConrNs D.Vl, Rozrrr M. et DHarrwar D. (l9sl), Fondation pour les recommandations relatives à la
n The Economic Determinants of Market the présentation des comptes (1995), Recornmanda-
Reaction to Proosed Mandatory Accounting tiow relatiues à Ia présmation dzs comptes, FEF.,
Changes in the Oil and Gas Industry n, Journal Zurich.
ofAccounting and Economics, 3(l), p, 37 -7 l. FnreoLAN J.0994), < Accounting Choices by Issuers
Conurc,n D. et MacuaN M. (1995), n La gestion of Initid Public Offerings o, Contern?orar!
stratégique des résulats : le cas des firmes Accounting Research, ll(l) (été), p. l-32.
publiant des prévisions lors d'un premier appel Gewn J., Gawn K. et AusrrN J.R. (1995), ,, Addi-
public à l'épargne >, Comptabilité, contrôle, audit, tional Evidence on Bonus Plans and Income
revue de I'Associarion française de comptabilité Management
", Journal of Accounting and Econo-
1(l), mars, p.45-61. mics,79(l), p.3-28.
Davtosox R et Nru D. (1993), u A Note on rhe GutNrHEn D.A. (1994), u Earnings Management in
Association Between Audit Firm Size and Audit Response to Corporate Tax Rate Changes :
Quality u, Contemporary Accounting Researcb, Evidence from the 1986 Tax Reform Actr, Tbe
9(2), printemps, p. 479488. Accounting Reuiew, 69(l ), p. 230-243.
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)
LtssRTy S. et ZnaurnueN J. (1986), u Labor Unron Offers n, Joumal of Accounting and. Econornics,
Contract Ngociation and Accounting Choices u, 18(2), p. 157-180.
The Accounting Reaiew,6l(4), p. 692-712. PsrRoNl K.R. (1992), < Optimistic Reponing in the
LtusN S. et PAsTENA V. (1982), u Determinants of Property-Casualry Insurance Industry r, Journal
Intra-Method Choice in the Oil and Gas Indus- ofAccounting and Economics, I5(4), p. 485-509.
try r, Journal of Accounting and Economics, 6(4), Pouncnu S. (1993), u Earnings Management and
p. 145-170. Non-Routine Executive Changes ,, Journal of
Lvs T. (1984), u Mandated Accounting Changes and Accounting and Econornics, 16, p.377-326.
Debt Covenants: The Case of Oil and Gas Pnrss E.G. et \7'snvrnop J.B. (1990), u Accounting-
Accounting ,, Joumal of Accounting and Econo'
Based Constraints in Public and Private Debt
rnics, S(2), p.39-65.
Agreements : Their fusociation with Leverage
MacNaN M. et Conuten D. (1997), u The Impact and Impact on Accounting Choice ", Journnl of
of Foreward-Looking financial Data in IPOs on Accounting and Econornics, 12(l), p. 65-95.
the Qualiry of Financial Reporting ,, Joarnal of
RavsuRN J. et LtNvav S. (1992), n An Investigation
Financial Smtemmt Analysis,3(2), p. 6-17.
of the Behavior ofAccruals in the Semiconductor
MecNaN M. et NADEAU C. (1995), u Earnings Industry : 1985,,, Cont"Tn?ora\y Accounting
Management During Anti-Dumping Investiga.
Research, 9(3), p. 237 -251.
tions: Some Canadian Evidence ,r, America.n
Accoanting' ssociation" Orlando, aott I 995. Scuppnn K (1989), n Commentary on Eamings Mana-
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 160.177.175.254)