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LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D'AUDIT

EN FRANCE

Charles Piot

Association Francophone de Comptabilité | « Comptabilité Contrôle Audit »

2008/2 Tome 14 | pages 43 à 73


ISSN 1262-2788
DOI 10.3917/cca.142.0043
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Charles PIOT
LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE 43
reçu août 2006 / accepté janvier 2007

Les déterminants du délai


de signature du rapport
d’audit en France
Determinants of the
Audit Report Lag of French
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Listed Companies
Charles PIOT*

Résumé Abstract
Cette étude porte sur les déterminants du This study investigates the determinants of
délai d’audit dans les sociétés françaises cotées. the audit report lag (ARL) among French listed
Les hypothèses relèvent (1) de l’effort d’audit companies. Hypotheses address (1) the required
requis, (2) de la demande externe d’informa- audit effort, (2) the external demand for financial
tion financière, (3) des motivations managé- reporting, (3) managerial incentives associated
riales associées à la divulgation plus ou moins with the disclosure timing of good or bad news,
rapide de bons ou mauvais résultats, et (4) des and (4) auditors’ expertise and human resources
capacités d’intervention et d’expertise des in a context of mandatory joint-auditing.
auditeurs en fonction, dans un contexte de co- Empirical tests address 290 non financial firm-
commissariat aux comptes. Les tests portent year observations drawn from SBF 120 Index
sur 290 observations parmi les sociétés non companies during 1999-2001. Multivariate
financières du SBF 120 (période 1999-2001). analyses document that the ARL : (1) increases
Les analyses multivariées montrent que le délai with audit complexity-risk factors (accruals,
d’audit : (1) augmente avec des facteurs de bankruptcy risk), and marginally with the firm’s
complexité-risque de la mission (accruals, ris- growth opportunities, which indicate a lower
que de faillite), et plus marginalement avec les relevance of accounting numbers to investors,

* Professeur à l’Université Pierre Mendès France, CERAG-CNRS (UMR 5820)

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opportunités de croissance de la firme, signe (2) is positively associated with a « good » news
d’une moindre pertinence de l’information as proxied by the relative change in EPS, and
comptable pour les investisseurs, (2) est posi- (3) decreases with the presence of, or the number
tivement associé à une bonne nouvelle d’après of, Big Five auditors, as well as with auditors’
la variation du résultat par action, et (3) dimi- industry expertise. Methodological, institutional
nue avec la présence, ou le nombre, de Big Five and conceptual implications of these findings are
parmi les auditeurs, ainsi qu’avec le degré d’ex- then discussed.
pertise sectorielle des auditeurs en charge de
la mission. Les implications méthodologiques,
institutionnelles et conceptuelles de ces résul-
tats sont discutées.

MOTS CLÉS. – DÉLAI D’AUDIT – EFFORT KEYWORDS. – AUDIT REPORT LAG –


D’AUDIT – REPORTING FINANCIER – AUDIT EFFORT – FINANCIAL REPORTING
GOUVERNANCE – BIG FIVE – GOVERNANCE – BIG FIVE
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Correspondance : Charles PIOT
CERAG
150, rue de la Chimie, BP 47
38040 Grenoble cedex 09
charles.piot@upmf-grenoble.fr
Tél. : (33) 4 76 63 53 70
Fax : (33) 4 76 54 60 68

Remerciements : Cette étude a bénéficié du soutien financier de l’Alliance de recherche « Gouvernance,


juricomptabilité et création de valeur », dans le cadre de l’Initiative sur la Nouvelle
Économie du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) du Canada. L’auteur
remercie la Chaire de Gouvernance et Juricomptabilité d’HEC Montréal pour son
soutien, ainsi que Lamya Kermiche et les deux réviseurs anonymes de la revue CCA
qui ont contribué à la qualité de cet article.

Introduction
Dans un environnement où l’information financière doit véhiculer une image fidèle de la firme, mais
aussi être diffusée rapidement, les professionnels de la comptabilité sont, de plus en plus, amenés à
gérer une situation de compromis entre fiabilité et pertinence des états financiers. L’intervention
des auditeurs étant une composante majeure du processus de reddition des comptes, le délai d’audit
– temps écoulé entre la fin de l’exercice financier et la date du rapport d’audit – représente alors un
enjeu important.
Du côté de la fiabilité, le délai d’intervention laissé aux auditeurs doit être raisonnable eu égard
à l’étendue des diligences requises par la mission. Autrement dit, une date de certification éloignée

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de la fin de l’exercice constitue un élément de fiabilité des chiffres publiés, pouvant résulter à la
fois d’une plus grande précision des estimations comptables portées au bilan, et de diligences plus
étendues de la part des auditeurs. À ce titre, les normes d’audit visent plutôt à protéger ce volet de
fiabilité de l’information comptable. Le référentiel international prévoit en effet que l’auditeur date
« son rapport sur les états financiers à une date qui n’est pas antérieure à celle à laquelle il a recueilli des
éléments probants suffisants et appropriés pour fonder son opinion, [lesquels] doivent inclure le fait qu’un
jeu complet d’ états financiers de l’entité a été arrêté et que les personnes chargées de l’ établissement des
états financiers ont déclaré qu’elles en prenaient la responsabilité » (norme ISA 700.52). Le référentiel
français abonde dans le même sens : la date du rapport d’audit doit être celle de la fin des travaux de
contrôle qui se situe, compte tenu des contraintes juridiques, entre la date d’arrêté des comptes par le
conseil d’administration et 15 jours avant l’assemblée générale (norme CNCC 2-602). Néanmoins,
les auditeurs étant responsables de l’impact des évènements survenus jusqu’à la date d’expression de
leur opinion, ils ont globalement intérêt à dater leur rapport au plus vite une fois les travaux de véri-
fication achevés ou quasi-achevés.
Du côté de la pertinence, une diffusion trop tardive de l’information financière réduit son utilité
décisionnelle pour les utilisateurs externes. À ce niveau, la rapidité avec laquelle l’opinion d’audit et les
états financiers sont divulgués au public constitue un élément important de l’efficience [semi-forte]
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des marchés de capitaux. En effet, la présence et la persistance de déséquilibres informationnels sur
la qualité de l’information financière, entre des agents « informés » et d’autres moins bien informés,
induit des coûts de sélection adverse et un coût du capital plus élevé (Danielsen et al. 2007). Dès lors,
nul doute que les entreprises soumises à une forte demande d’information exercent des pressions sur
leurs auditeurs afin qu’ils produisent leur rapport le plus rapidement possible, ce qui peut être préju-
diciable à la fiabilité de l’information diffusée.
L’objectif de cette étude est d’évaluer empiriquement ce compromis entre fiabilité et pertinence
dans le contexte des délais d’audit pratiqués en France. Cette recherche, axée sur les déterminants
dudit délai, présente un double intérêt au vu des nombreuses spécificités du terrain en question. Sur
le plan informationnel, premièrement, les contraintes légales et réglementaires françaises relatives au
délai de publication des états financiers restent globalement plus souples que sur les marchés anglo-
saxons. Aux États-unis, les sociétés cotées disposent de 90 jours pour déposer leurs comptes audités
à la SEC ; en France, elles doivent publier des comptes provisoires dans les quatre mois de la clôture,
puis les faire approuver en assemblée générale dans les six mois (art. 157-1, Loi du 24/07/1966) avant
dépôt et publication définitive1. Cette plus grande latitude est susceptible d’alimenter la variabilité
des délais d’audit et la discrétion des dirigeants au niveau du calendrier de reddition des comptes,
d’autant plus que l’exigence de publier des comptes sous quatre mois n’est pas, à la base, assortie d’une
obligation de certification par les auditeurs contrairement aux environnements anglo-saxons. Cette
dernière latitude disparaît néanmoins avec l’application de la Directive européenne Transparence
(Parlement européen 2004), qui impose à compter de 2007 la publication et le dépôt du rapport
financier annuel audité, donc définitif, dans les quatre mois. Il est de ce point de vue intéressant, pour
les autorités boursières, de connaître les facteurs associés à une validation plus ou moins prompte des
chiffres comptables, d’autant plus que l’assimilation de l’information par le marché suit une dyna-
mique là encore différente en France par rapport aux environnements anglo-saxons. Aux États-unis,
notamment, l’obligation de publier des états financiers trimestriels fait que l’information comptable

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se trouve assimilée plus rapidement par le marché ; il en résulte une moindre valeur informative des
comptes annuels. Toutefois, le modèle analytique de Gigler et Hemmer (1998) montre que ces der-
niers ont au minimum un rôle confirmatoire des divulgations intérimaires. Les états financiers audités
sont alors un élément important de recadrage des rapports intérimaires, lesquels ne font d’ailleurs pas
l’objet d’une certification. En outre, le cadre réglementaire français se démarque significativement des
obligations américaines de reddition de comptes : les rapports intérimaires ne sont que semestriels.
Les attentes du marché sont donc potentiellement plus fortes au niveau des divulgations annuelles.
Les résultats empiriques de Gajewski et Quéré (2001) vont dans ce sens ; ils montrent que le marché
réagit significativement aux annonces de résultats semestrielles et annuelles, et que la magnitude des
réactions est même souvent plus forte pour les résultats annuels que pour les résultats semestriels.
Sur le plan économique, deuxièmement, le délai d’audit est l’un des substituts observables de
l’efficience des auditeurs. En intégrant les paramètres qui échappent à leur contrôle, tels les facteurs
de complexité et de risque de la mission, la recherche des déterminants du délai d’audit permet d’ap-
précier l’efficience des producteurs du service d’audit. En France, les sociétés astreintes à publier des
états financiers consolidés ont l’obligation légale de les faire certifier par deux cocommissaires aux
comptes distincts (art. L823-20, Code de commerce). Cette disposition offre, là encore, une certaine
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latitude aux sociétés cotées pour composer leur collège d’auditeurs, susceptible d’influencer l’effi-
cience de la mission. La prestation d’audit étant fortement consommatrice en moyens humains et
intellectuels, tant en quantité qu’en qualité, une question importante du point de vue des régulateurs
et de la Profession comptable est de savoir si le fait de recourir à un ou plusieurs grands cabinets,
éventuellement spécialisés vis-à-vis de la mission, permet aux sociétés de réduire leur délai d’audit,
toutes choses égales par ailleurs.
Les hypothèses testées dans cette étude s’inscrivent dans un cadre conceptuel de qualité de l’in-
formation financière en référence, notamment, aux critères de fiabilité et de pertinence d’une telle
information. Elles traduisent (1) l’effort d’audit associé aux contraintes de complexité et de risque
de la mission, (2) la demande externe d’information financière, (3) les motivations managériales à
diffuser promptement cette information, et (4) les capacités d’intervention et l’expertise des auditeurs
en fonction. L’échantillon comprend les principales capitalisations boursières françaises (sociétés de
l’indice SBF 120) sur la période 1999-2001.
La section 2 développe les hypothèses à partir d’une revue de la littérature et du contexte français.
La section 3 précise les aspects méthodologiques, et la section 4 présente les résultats empiriques. Une
dernière section résume ces résultats et met en relief les contributions de l’étude.

1. Littérature et hypothèses
Les travaux visant à expliquer le délai d’audit – parfois en parallèle du délai d’annonce des résultats –
couvrent principalement les marchés financiers anglo-saxons, à savoir l’Australie (Whittred 1980 ;
Davies et Whittred 1980), la Nouvelle-Zélande (Courtis 1976 ; Gilling 1977 ; Carslaw et Kaplan
1991), les États-unis (Garsombke 1981 ; Givoly et Palmon 1982 ; Ashton et al. 1987 ; Bamber et al.
1993 ; Schwartz et Soo 1996 ; Henderson et Kaplan 2000 ; Knechel et Payne 2001), et le Canada
(Ashton et al. 1989 ; Newton et Ashton 1989). Quelques études portent néanmoins sur des marchés

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plus « émergeants », comme Hong-Kong (Ng et Tai 1994 ; Jaggi et Tsui 1999) ou le Zimbabwe
(Owusu-Ansah 2000). Courteau et Zhégal (1999) proposent une comparaison internationale des
déterminants du délai d’audit dans huit pays industrialisés, quatre pays anglo-saxons et quatre
« continentaux » dont la France. Soltani (2002) s’intéresse plus particulièrement aux délais d’audit et
d’approbation des comptes dans les sociétés cotées françaises entre 1986 et 1995. Il observe une dimi-
nution sensible des délais d’audit et de tenue de l’Assemblée Générale Ordinaire sur cette période, et
constate également que ces délais sont statistiquement plus longs quand le rapport d’audit est assorti
de réserves.
Bamber et al. (1993) sont les premiers à proposer un modèle explicatif intégrateur du délai d’audit,
axé sur trois catégories de facteurs : (1) l’effort d’audit requis, (2) les pressions ou motivations à divul-
guer plus ou moins rapidement les résultats financiers, et (3) l’approche structurée ou non utilisée par
l’auditeur en place. Nous adaptons et affinons ce cadre d’analyse à deux niveaux :
• au niveau des facteurs de divulgation des résultats financiers, nous distinguons la demande
externe d’information d’une part, et les motivations managériales associées à la nature, bonne ou
mauvaise, de la nouvelle véhiculée par les résultats financiers d’autre part ;
• au niveau de la production du service d’audit, nous omettons le caractère structuré ou non de
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l’approche2 au profit des caractéristiques de taille / réputation des auditeurs (Big Five, Majors natio-
naux ou autres cabinets), tout en intégrant la spécificité du co-commissariat aux comptes. Outre cette
approche catégorielle classique des moyens et capacités d’intervention, nous intégrons une mesure de
compétence relative des auditeurs (Bennecib 2002) à travers leur degré d’expertise sectorielle.
Cela conduit, par conséquent, à développer quatre famille d’hypothèses : (1) l’effort d’audit,
(2) la demande externe d’information financière, (3) les motivations managériales associées à la
nature de la nouvelle, et (4) les capacités d’intervention des auditeurs en place, à la fois quantitatives
(taille) et qualitatives (expertise sectorielle).

1.1. Les facteurs liés l’effort d’audit


L’étendue des diligences requises pour certifier les comptes peut affecter la durée d’intervention des
auditeurs. Plus cet effort d’audit (généralement exprimé en heures) est important, plus le délai d’audit
devrait être long. Les normes professionnelles imposent un effort d’audit accru dans les missions
complexes ou risquées pour l’auditeur. Toutefois, l’environnement et la qualité du contrôle interne de
l’entreprise peut permettre à l’auditeur externe de réduire l’étendue de ses diligences, en considérant
comme faible le risque de non contrôle.

1.1.1. LA COMPLEXITÉ DE LA MISSION D’AUDIT


Dans une optique bilancielle, la complexité de la mission d’audit dépend largement de la nature des
actifs à valider. Ainsi, les firmes dont l’actif comporte une forte proportion de stocks ou de créances
clients nécessitent des procédés de vérification particuliers en raison du caractère manipulable de ces
postes. Dans le cas des stocks – outre l’assistance aux inventaires physiques de fin d’exercice, qui n’est
pas en soi un facteur d’allongement du délai de vérification –, il convient pour l’auditeur d’intégrer
la complexité du système comptable analytique avec une bonne connaissance du secteur d’activité

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pour valider correctement les coûts unitaires. Les contrôles de fin d’exercice peuvent alors s’avérer
fastidieux, particulièrement dans les sociétés dont le cycle de production est sophistiqué. Par ailleurs,
la validation des comptes clients impose le déploiement d’un processus de confirmation directe rela-
tivement coûteux en temps. Empiriquement, si le poids des stocks et/ou des créances est reconnu
comme un déterminant des honoraires d’audit facturés, cette variable a été très peu considérée dans
les travaux sur les délais d’audit ou de publication des résultats. Seuls Givoly et Palmon (1982) ont
utilisé le ratio des stocks au total de l’actif, dont ils rapportent un impact positif sur le délai d’audit.
Les normes d’audit françaises étant tout à fait en harmonie avec les normes internationales ou anglo-
saxonnes de validation des stocks et des comptes clients, nous formulons la première hypothèse sui-
vante rattachée à l’effort d’audit.
H1a : Le poids des stocks et des créances clients dans les actifs à valider affecte positive-
ment le délai d’audit, ceteris paribus.
Dans une optique transactionnelle de l’audit, la validation du résultat de l’exercice peut s’avérer
plus ou moins complexe en fonction des estimations comptables qu’il renferme. Les flux de trésorerie
sont relativement peu coûteux à valider car ils traduisent des éléments objectifs que l’auditeur peut
facilement rapprocher avec des documents externes (relevés de banque par exemple). Les régularisa-
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tions (accruals dans la littérature anglo-saxonne) sont souvent basées sur des estimations de la direc-
tion, et donc davantage empreintes de subjectivité. Leur corroboration peut nécessiter des diligences
spécifiques, des arbitrages et des négociations entre auditeurs et dirigeants, le tout ayant pour effet de
rallonger la durée de la mission (p. ex. le recours à des experts indépendants pour l’avancement des
contrats à long terme, ou la confirmation des avocats relativement aux litiges en cours). En somme,
les régularisations comptables sont une source d’effort d’audit accru.
H1b : L’importance des accruals dans le résultat comptable affecte positivement de délai
d’audit, ceteris paribus.

1.1.2. LE RISQUE DE MISSION


Le risque de mission se définit comme la probabilité que l’auditeur émette à tort un rapport sans
réserves. Le risque de mission acceptable s’évalue en fonction des conséquences dommageables d’une
opinion d’audit erronée : risque de poursuites judiciaires, perte de réputation. Ces conséquences
dépendent avant tout de la capacité de l’entreprise à maintenir sa continuité d’exploitation : plus
la situation financière est fragile, plus l’auditeur doit maintenir un risque de mission faible et donc
étendre ses diligences. Dans cette optique, divers travaux tendent à mettre en évidence une relation
positive entre la durée du processus de reddition des comptes et la présence de difficultés financières.
Alford et al. (1994) enquêtent sur les motifs avancés par les sociétés américaines qui déposent leur
formulaire 10K en retard ; les deux principales raisons invoquées sont des difficultés financières et
des problèmes d’audit ou comptables, ces derniers pouvant d’ailleurs être associés aux difficultés
financières. Les modèles de Schwartz et Soo (1996), et de Jaggi et Tsui (1999), montrent que la pro-
babilité de faillite a un effet positif sur le délai d’audit aux États-unis et à Hong-Kong respectivement.
En conséquence, nous retenons une hypothèse en relation avec l’effort d’audit accru engendré par de
possibles difficultés financières à court terme de l’entreprise.
H1c : Le risque de défaillance affecte positivement le délai d’audit, ceteris paribus.

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1.1.3. L’ENVIRONNEMENT DE CONTRÔLE INTERNE


Un système de contrôle interne fiable peut permettre à l’auditeur de fixer un risque de non contrôle
faible, et ainsi de limiter l’étendue de ses diligences corroboratives en fin d’exercice. À partir de don-
nées privées sur la clientèle d’un grand cabinet, Ashton et al. (1987) montrent une relation négative
entre la qualité du contrôle interne (évaluée par l’auditeur) et le délai d’audit. La qualité du sys-
tème de contrôle interne n’est généralement pas observable publiquement, en France comme ailleurs.
Toutefois, la présence d’un comité d’audit – dont la formation demeure volontaire en France – peut
fiabiliser l’environnement de contrôle, premier pilier du contrôle interne, en soulignant l’importance
accordée à cette problématique au sein de la firme. En outre, si le comité d’audit œuvre pour la qua-
lité du contrôle interne, s’il coordonne les travaux des équipes d’audit internes et externes dans un
objectif d’allocation efficiente des ressources, alors les sociétés ayant instauré un tel comité devraient
pouvoir raccourcir leur délai d’audit.
H1d : La présence d’un comité d’audit permet de réduire le délai d’audit, ceteris paribus.

1.2. La demande externe d’information financière


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Aux États-unis, le délai d’audit constitue le principal déterminant du délai d’annonce des résultats
(Givoly et Palmon 1982, p. 491) ; Garsombke (1981) note par exemple qu’il ne s’écoule en moyenne
que 2,4 jours entre la date du rapport de l’auditeur et la date d’annonce des résultats. Une divulgation
rapide est en effet nécessaire pour préserver l’utilité informationnelle et la pertinence de l’information
financière pour les utilisateurs externes. En France, la publication d’états financiers au BALO peut
avoir lieu sans que les auditeurs se soient formellement prononcés sur la qualité des chiffres. Il est
donc possible que les pressions engendrées par la demande externe d’information financière n’aient
qu’un impact limité sur le délai d’audit proprement dit. Toutefois, dans la mesure où un jeu complet
d’états financiers a été arrêté, les auditeurs ont intérêt à dater leur rapport au plus vite une fois leurs
investigations terminées, afin de mettre un terme à l’obligation de collecte d’éléments probants sur les
événements postérieurs à la clôture. Il est donc fort probable que la demande d’une publication rapide
des états financiers induise un effet de même nature sur le délai d’audit. Cette demande est appréciée
ici à deux niveaux : (1) le poids des actionnaires externes, non informés, qui forment le capital « flot-
tant », et (2) la capacité de l’information comptable à répondre aux attentes des investisseurs.

1.2.1. LA DEMANDE EXTERNE ÉMANANT DES ACTIONNAIRES


La théorie de l’agence énonce que la diffusion d’une information financière de qualité (i.e., auditée)
sert un objectif de minimisation des coûts engendrés par séparation propriété-gestion (Jensen et
Meckling 1976). En d’autres termes, les firmes dont le capital est fortement dispersé subissent une
pression plus importante pour diffuser rapidement l’information financière que celles dont le capi-
tal est concentré entre les mains des dirigeants ou de quelques actionnaires de référence. La valeur
informative des chiffres comptables est en effet très limitée pour ceux qui peuvent être qualifiés
d’insiders, et qui du fait de leur fonction, de leur participation aux organes de surveillance ou de la
détention d’un bloc d’actions significatif jouissent d’un accès privilégié à l’information. Dans cette
optique, Ashton et al. (1987) montrent que les sociétés faisant appel public à l’épargne ont un délai

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d’audit plus court que les sociétés privées. La dispersion de l’actionnariat devrait donc entraîner une
diffusion plus rapide des états financiers, incitant ainsi les auditeurs à délivrer leur opinion plus tôt3.
Inversement, les firmes dont le capital reste concentré sur des actionnaires importants n’ont pas inté-
rêt à engager des efforts spécifiques pour une publication rapide de l’information financière.
H2a : Plus l’actionnariat est concentré, plus le délai d’audit est long, ceteris paribus.

1.2.2. LA CAPACITÉ DES ÉTATS FINANCIERS


À RÉPONDRE AUX ATTENTES DES INVESTISSEURS
La théorie positive de la comptabilité suggère que la valeur informative des états financiers propre-
ment dits est moindre pour les firmes à fortes opportunités de croissance (Smith et Watts 1992 ;
Skinner 1993). Les états financiers sont essentiellement rétrospectifs, et leur conservatisme reflète
assez mal la réalité économique des firmes de croissance, en raison notamment de l’incapacité de la
comptabilité à traduire de manière satisfaisante les actifs immatériels. Dès lors, les partenaires des
firmes de croissance devraient être moins attachés à l’information comptable et financière tradi-
tionnelle, et davantage intéressés par l’information stratégique et technique sur les perspectives de
développement. Corrélativement, les firmes de croissance sont alors moins enclines à investir des
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ressources pour accélérer leur processus de reddition des comptes.
H2b : Plus les opportunités de croissance sont importantes, plus le délai d’audit est long,
ceteris paribus.

1.3. Les motivations managériales liées à la nature de la nouvelle


Le fait que les résultats financiers soient bons ou mauvais a été considéré parmi les déterminants du
délai de publication ou d’audit : il a en effet été couramment avancé que les dirigeants ont tendance à
anticiper (retarder) la mise sur le marché de bonnes (mauvaises) nouvelles. Toutefois, Truman (1990)
constate empiriquement qu’à surprise constante, plus les résultats sont divulgués tôt, plus la réaction du
marché est favorable. Il propose alors deux explications à ce phénomène : (1) les dirigeants cherchent à
manipuler le résultat, ce qui accroît la période de négociation avec les auditeurs et le délai de divulga-
tion, (2) les dirigeants attendent de connaître les performances de la concurrence avant de publier leur
résultat. Ces interprétations suggèrent que la relation entre le caractère bon (mauvais) de la nouvelle et sa
publication anticipée (tardive) n’est pas systématique, encore moins évidente (Courteau et Zéghal 1999).
Plusieurs études, dans divers pays, viennent cependant corroborer l’adage « bonne nouvelle d’abord, mau-
vaise nouvelle ensuite » quant au délai d’annonce des résultats ou de publication du rapport annuel4. Les
résultats sont toutefois moins consensuels au niveau du délai d’audit. La nature de la nouvelle – généra-
lement appréciée par la variation du résultat comptable – reste sans effet significatif dans les travaux de
Bamber et al. (1993) et de Jaggi et Tsui (1999), et marginalement significative dans ceux de Givoly et
Palmon (1982) et de Newton et Ashton (1989). Le contexte français conforte la vision non systématique
de cette relation dans la mesure où les annonces de résultats sont souvent dissociées du travail de certifi-
cation des commissaires aux comptes. L’hypothèse 3 est donc posée sous la forme nulle.
H3 : Une bonne ou mauvaise nouvelle relativement aux résultats financiers n’a pas d’inci-
dence sur le délai d’audit, ceteris paribus.

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Charles PIOT
LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE 51

1.4. La capacité d’intervention et l’expertise des auditeurs en fonction


Les hypothèses précédentes relèvent des caractéristiques de la firme auditée, lesquelles s’imposent
à l’auditeur. Or, les modalités de production du service d’audit, et les moyens investis dans cette
prestation, sont de nature à influencer le temps nécessaire à la réalisation des diligences. L’allocation
efficiente des moyens est fondamentale ; elle dépend avant tout de l’organisation interne de l’auditeur
et de ce qu’il peut offrir pour agir sur le délai d’audit. À partir du portefeuille de mandats d’un grand
cabinet, Knechel et Payne (2001) montrent que les conditions de planification de la mission ont une
incidence sur le délai d’audit. En particulier, l’étendue des travaux intérimaires et la part des heures
accomplies par des collaborateurs expérimentés permettent de réduire ce délai, alors que les heures
non anticipées (par rapport au budget) représentent un facteur d’allongement.
Idéalement, il conviendrait donc d’intégrer, parmi les déterminants du délai d’audit, les moyens
affectés à la mission à la fois en quantité et en qualité. Mais une information aussi détaillée demeure
confidentielle. À défaut, les honoraires d’audit pourraient servir de substitut pour estimer les moyens
engagés par les auditeurs dans la mission ; cette donnée n’est toutefois pas disponible à l’époque de
la présente étude. Les substituts les plus couramment utilisés relèvent alors de la taille, de l’envergure
et de l’expertise de l’auditeur.
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D’une manière générale, les grands cabinets d’audit disposent de moyens humains et matériels
importants, et sont parfois les seuls à pouvoir accepter les missions de certification de grands groupes
internationaux. S’ils interviennent de manière efficiente, ils sont en mesure de proposer des délais
d’audit moindres. Les études de Schwartz et Soo (1996) aux États-unis, et de Courteau et Zéghal
(1999) pour la France, montrent un impact négatif de la variable « grand cabinet anglo-saxon » sur le
délai d’audit. Le contexte français s’avère particulièrement intéressant à ce niveau, dans la mesure où
les sociétés cotées nomment en général deux, parfois trois commissaires aux comptes titulaires. Elles
peuvent par conséquent moduler la composition du collège des auditeurs en fonction des contraintes
du processus de reddition des comptes. Il apparaît donc pertinent de cerner dans quelle(s) mesure(s)
le recours aux services de grand cabinets permet aux sociétés françaises de réduire leur délai d’audit,
et plus particulièrement si la pratique du co-commissariat apporte ou non une souplesse à ce niveau.
Cette spécificité française du co-commissariat autorise, en outre, un marché sensiblement plus
ouvert que sur les places boursières anglo-saxonnes, avec la présence significative de quelques grands
réseaux d’audit nationaux généralement désignés Majors (Piot 2005b, 2007). Ainsi, indépendam-
ment du recours aux grands réseaux internationaux, la présence d’un Majors est également suscep-
tible de procurer des moyens d’intervention différenciés par rapport à d’autres cabinets de moindre
envergure. En conséquence, la question des capacités d’intervention des auditeurs est déclinée en
deux hypothèses parallèles.
H4a : Le recours aux services des grands cabinets anglo-saxons permet de réduire le délai
d’audit, ceteris paribus.
H4b : Le recours aux services des réseaux d’audit nationaux (Majors) permet de réduire le
délai d’audit, ceteris paribus.
Par ailleurs, les compétences spécifiques accumulées par les auditeurs en place sont – en plus
des moyens humains « quantitatifs » – de nature à faciliter l’accomplissement des diligences et à
raccourcir le délai d’audit. Il est souvent fait référence à l’expertise sectorielle en tant qu’attribut de

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Charles PIOT
52 LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE

compétence relative de l’auditeur (Bennecib 2002) et, plus largement, de qualité de l’audit. Une
troisième hypothèse, axée sur l’expertise, vient alors compléter notre modèle pour ce qui est des
caractéristiques des auditeurs.
H4c : L’expertise sectorielle des auditeurs en place permet de réduire le délai d’audit, ceteris
paribus.

2. Échantillon et variables

2.1. L’échantillon sélectionné


Les entreprises ciblées sont les grandes sociétés cotées françaises. L’échantillon de base, composé de
102 firmes, correspond aux sociétés de droit français entrées dans l’indice SBF 120 au moins une fois
sur la période 1998-2002, qui n’exercent pas une activité financière ou assimilée, et qui publient des
états financiers consolidés devant alors être certifiés par au moins deux commissaires aux comptes.
Les sociétés financières ont été écartées car, outre la présentation particulière de leurs états financiers,
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elles obéissent à une réglementation spécifique (comités d’audit obligatoires, calendrier de reddition
des comptes plus court).
Pour donner à l’analyse une dimension longitudinale, l’observation est axée sur trois exercices
financiers consécutifs : 1999, 2000 et 2001. Cette période revêt un intérêt particulier à deux niveaux.
Premièrement, les années 1998-1999 marquent la fin de la première vague d’instauration des comi-
tés d’audit, initiée par le rapport Viénot en 1995 (Thiéry-Dubuisson 2002). Ainsi, intercalée entre
les rapports Viénot II (1999) et Bouton (2002), la période d’étude offre une variance intéressante
pour tester l’impact des comités d’audit sur le timing de reddition des comptes. Deuxièmement, le
contexte d’audit à cette époque est encore relativement serein, dans la mesure où les professionnels
n’ont pas encore reçu l’onde de choc du scandale Enron-Andersen. La disparition d’Andersen en
2002 s’est en effet accompagnée de bouleversements susceptibles d’avoir perturbé le déroulement des
missions d’audit. Au niveau du marché, tout d’abord, il y a lieu de noter l’intégration des mandats
de Barbier Frinault (représentant français d’Andersen) dans le réseau Ernst & Young. En termes
d’organisation, ensuite, les grands cabinets ont dû renforcer leurs normes de contrôle qualité : critères
d’indépendance plus stricts, procédures de revue des dossiers approfondies, diligences supplémen-
taires relatives aux entités ad hoc (appuyées notamment par le rapport Bouton, septembre 2002). Au
niveau réglementaire, enfin, la COB instaure fin 2002 la rotation obligatoire (tous les sept ans) des
associés et responsables de la mission, suite à la recommandation de l’Union européenne quelques
moins auparavant (Commission européenne 2002).

2.2. Les variables


La variable dépendante (Delai) correspond au délai d’audit, c’est-à-dire au nombre de jours calendai-
res compris entre la date de fin d’exercice et la date du rapport général des commissaires aux comptes
sur les états financiers consolidés. Les variables exogènes sont présentées et définies dans le Tableau 1.
Les variables affectées aux hypothèses n’appellent pas de commentaires particuliers, à l’exception de

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LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE 53

celle mesurant l’expertise sectorielle des commissaires aux comptes (ExpCac). À l’instar de la plupart
des travaux, l’expertise sectorielle est appréciée à l’aide des parts de marché des auditeurs dans le sec-
teur de la firme auditée. Néanmoins, pour être pertinente, les parts de marché doivent être calculées
à l’échelle la plus large possible, et pas uniquement sur les observations de l’échantillon. Il a donc été
décidé d’utiliser une base de données personnelle de l’auteur qui reprend les parts de marché secto-
rielles des principaux réseaux d’audit – les Big Five et les sept cabinets Majors sur la période d’étude,
voir Piot (2007) –, calculées sur l’ensemble des sociétés cotées fin 1997. Il y a certes un léger décalage
temporel avec la période de l’étude, mais il semble que l’on puisse admettre une telle mesure pour
deux raisons : (1) la relative stabilité des mandats (peu de changements d’une année sur l’autre), et
(2) le fait qu’une fois acquise, la compétence sectorielle est de nature à être capitalisée et maintenue
par les cabinets d’audit. Parmi les variables de contrôle, sont considérés des facteurs circonstanciels
identifiés dans la littérature comme susceptibles d’avoir des répercussions sur le délai d’audit, un fac-
teur spécifique (la cotation aux États-unis), et la taille de la société auditée. Les données comptables
et financières (StockCrea, Accruals, Liquid, OC, Nouv, Perte, Actif ) sont issues de la base de données
DIANE : elles ont fait l’objet d’un contrôle de cohérence, et d’une vérification au cas par cas avec les
rapports annuels. Les autres informations ont été collectées manuellement dans le rapport annuel ou
le document de référence (ComAud, Concent, Big5, NbBig5, ChgtCac, Cloture, Observ, CotUSA).
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Tableau 1
Définition des variables exogènes
Variable
Définition
(Signe attendu)

Variables associées à l’effort d’audit (H1)

StockCrea Ratio des stocks et créances clients (bruts) au total de l’actif.


(H1a, +)

|Accruals| Régularisations comptables en valeur absolue, normées par total actif :


(H1b, +) Δ(Stock + Clients + Autres créances + Ch. d’avance) – Δ(Fournisseurs + Dettes
fiscales & sociales + Autres dettes + Pdts d’avance) + Variation des charges à répartir
– Variation des provisions pour risques et charges – Dotations aux amortissements
– Dotations aux provisions pour dépréciation.

Liquid Ratio de liquidité générale (mesure du risque de cessation de paiements) :


(H1c, –) Actif circulant / passif circulant.

ComAud Variable binaire codée 1 si la firme a constitué un comité d’audit au sein de son
(H1d, –) conseil d’administration, et 0 sinon.

Variables associées à la demande externe d’information financière (H2)

Concent Concentration de l’actionnariat : proportion du capital détenu par des personnes


(H2a, +) physiques ou morales identifiées.

OC Opportunités de croissance, ratio de capitalisation des actifs :


(H2b, +) (Actif – Capitaux propres groupe + Nombre d’actions existantes
× Cours moyen plus haut / plus bas de l’exercice) / Actif

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Charles PIOT
54 LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE

Variable
Définition
(Signe attendu)

Variable associée à la nature de la nouvelle (H3)

Nouv Variation relative du résultat par action (RPA) :


(H3, ?) Nouv(t) = [RPA(t) – RPA(t-1)] / |RPA(t-1)|, t = 1999, 2000 et 2001

Variables associées à la capacité d’intervention et à l’expertise des auditeurs (H4)

Big5 (H4a, –) Variable binaire codée 1 si l’un des CAC titulaires est un Big Five, et 0 sinon.
Ou NbBig5 Nombre de Big Five parmi les CAC titulaires.
NbMaj Nombre de Majors nationaux parmi les CAC titulaires :
(H4b, –) Mazars & Guérard, Salustro Reydel, Amyot Exco, Calan Ramolino, Constantin, BDO
Gendrot, et Fidulor sur la période de l’étude.
ExpCac Total des parts de marché des CAC titulaires dans le secteur de la société auditée :
(H4c, –) calculées de manière pondérée sur la base de la racine carrée du total de l’actif
(Simunic, 1980) et sur l’ensemble des sociétés cotées fin 1997 (base personnelle de
l’auteur) a.

Variables de contrôle
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ChgtCac (+) Codée 1 si un changement de CAC est intervenu au cours de l’exercice, et 0 sinon.

Cloture (–) Codée 1 si la date de clôture de l’exercice diffère du 31 décembre, et 0 sinon.

Perte (+) Codée 1 si le résultat consolidé de l’exercice est une perte, et 0 sinon.

Observ (+) Codée 1 si le rapport d’audit comporte un paragraphe d’observation, et 0 sinon.

CotUSA (–) Codée 1 si les actions de la firme sont inscrites sur une bourse de valeurs américaine
(NYSE, NASDAQ, AMEX/OTC), et 0 sinon.

LnActif (–) Logarithme naturel du total de l’actif consolidé

a. Les 15 secteurs suivants ont été retenus : agro-alimentaire, BTP, biens de consommation, chimie-pharmacie, commu-
nication-médias, négoce, énergie et eau, hautes technologies, conglomérats, industries de base et lourdes, industries de
transformation, transport, logiciels et ingénierie, hôtellerie-restauration, autres services.

2.2.1. LES FACTEURS CIRCONSTANCIELS


SUSCEPTIBLES D’AFFECTER LE DÉLAI D’AUDIT
Le démarrage d’une nouvelle mission d’audit engendre des coûts d’apprentissage souvent élevés (prise
de connaissance générale de l’entité, appréciation initiale du contrôle interne). L’arrivée d’un nouveau
cabinet peut donc allonger la phase d’orientation et de planification de la mission, et possiblement le
délai d’audit. Schwartz et Soo (1996) constatent qu’un changement d’auditeur intervenu tardivement
dans l’exercice se traduit par un délai d’audit accru. En France, le co-commissariat aux comptes peut
avoir pour effet de diluer l’incidence du remplacement de l’un des deux auditeurs sur le calendrier
de la mission. En effet, les mandats de commissariat (six exercices) n’étant pas nécessairement syn-
chronisés dans le temps, les cas de remplacement simultané des deux auditeurs sont rares (une seule

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LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE 55

observation de notre échantillon fait état d’un double remplacement, M6 Télévision en 2001). Nous
considérons toutefois cet élément factuel à travers la variable de contrôle ChgtCac.
Par ailleurs, l’activité des cabinets d’audit n’est pas constante sur l’année. On distingue générale-
ment une période d’audit très chargée dans les mois qui suivent la date de clôture la plus répandue des
sociétés, et une période intérimaire pendant laquelle les auditeurs ont davantage le temps de diligenter
des travaux sur le contrôle interne. Il se peut que la planification des travaux soit tendue et ponc-
tuellement non efficiente pendant la période d’audit, occasionnant ainsi des délais plus longs pour
le bouclage de la mission. En Australie, les firmes qui clôturent au 30 juin (date la plus répandue)
ont des délais d’audit plus longs (Dyer et McHugh 1975 ; Davies et Whittred 1980 ; Courteau et
Zéghal 1999). Le fait de clôturer en décembre ou en janvier n’a pas d’impact significatif aux États-
unis (Schwartz et Soo 1996 ; Courteau et Zéghal 1999), mais semble entraîner des délais d’audit plus
courts au Canada (Courteau et Zéghal 1999). En France, la très grande majorité des sociétés termine
leur exercice au 31 décembre, occasionnant ainsi une période d’audit particulièrement chargée pour
les cabinets entre janvier et avril. Les sociétés qui optent pour une date de clôture différente pourraient
donc bénéficier d’une plus grande souplesse d’intervention de leurs auditeurs ; cette possibilité est prise
en compte par la variable Cloture. Par ailleurs, plusieurs études empiriques montrent qu’un résultat en
perte constitue un facteur d’allongement du délai d’audit (Ashton et al. 1989 au Canada, Courteau
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et Zéghal 1999 en France, Bamber et al. 1993 et Schwartz et Soo 1996 aux États-unis, Carslaw et
Kaplan 1991 en Nouvelle-Zélande). Ce paramètre est intégré dans notre modèle par la variable Perte.
Enfin, une opinion d’audit non standard – avec réserve – est susceptible d’entraîner des diligences, et
donc un délai d’audit supplémentaire (Soltani 2002). Notre échantillon ne compte toutefois que trois
observations (sur 290) où le rapport d’audit est assorti d’une réserve, ce qui rend difficile la création
d’une variable de contrôle spécifique à ce caractère. En revanche, dans un nombre plus significatif
de cas (78 sur 290), des observations ont été portées dans le rapport sur les comptes consolidés, afin
d’attirer l’attention du lecteur sur un point particulier des notes aux états financiers, généralement un
changement dans les règles ou méthodes comptables. Il a donc été décidé de contrôler cet effet, source
potentielle de diligences d’audit étendues, à l’aide d’une variable binaire désignée Observ.

2.2.2. UN FACTEUR SPÉCIFIQUE : LA COTATION AUX ÉTATS-UNIS


D’un point de vue strictement réglementaire, la loi française impose qu’une assemblée générale d’ap-
probation des comptes annuels se tienne dans les six mois qui suivent la clôture de l’exercice. Les
documents afférents, incluant le rapport général des commissaires aux comptes, doivent être mis à
la disposition des actionnaires au moins 15 jours avant cette assemblée. Aux États-unis, les sociétés
cotées doivent déposer à la SEC leur formulaire 10-K (états financiers audités) dans un délai nette-
ment plus court, à savoir 90 jours. Les sociétés françaises cotées sur un marché financier américain
doivent donc organiser leur processus de reddition des comptes de manière à respecter cette contrainte
réglementaire. En outre, au-delà de la seule exigence réglementaire, la demande d’information comp-
table s’avère particulièrement forte aux États-unis. Frost et Pownall (1994) observent par exemple que
les divulgations comptables sont plus promptes et plus fréquentes aux États-unis qu’au Royaume-Uni,
autre pays phare de la culture anglo-saxonne. Globalement, une exposition de la firme au marché
financier américain est alors susceptible d’engendrer une pression significative (captée par la variable
CotUSA) dans le sens de la réduction du délai d’intervention des auditeurs.

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56 LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE

2.2.3. LA TAILLE DE LA SOCIÉTÉ AUDITÉE


La taille d’une entreprise et le degré d’attention porté à ses affaires par les organismes publics,
les syndicats, les investisseurs et l’ensemble des autres partenaires sont invariablement liés (Dyer et
McHugh 1975). Cette visibilité entraîne une pression politico-institutionnelle que les dirigeants peu-
vent chercher à limiter par une diffusion rapide des états financiers (Bamber et al. 1993). En outre, les
grandes organisations sont généralement reconnues pour leur capacité à mettre en place des systèmes
d’information et de contrôle interne efficients, et à générer des économies d’échelle relativement au
coût du processus de reddition des comptes (Ashton et al. 1989). Ces deux arguments expliquent
la relation négative observée de manière convergente par toutes les études empiriques entre le délai
d’audit et la taille de la firme. Toutefois, en raison du statut théorique ambigu du facteur « taille »
dans les modèles et de la difficulté à discerner précisément le construit capté (complexité organi-
sationnelle, sophistication du contrôle interne, coûts d’agence ou coûts politiques), il nous paraît
préférable de considérer la taille de la firme (logarithme naturel du total de l’actif, LnActif dans notre
modèle) au rang des variables de contrôle, prenant ainsi en compte d’éventuels facteurs omis.
Les variables sont définies au Tableau 1.
Le Tableau 2 présente des statistiques descriptives sur la période d’observation (1999-2001).
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L’information relative au délai d’audit est disponible pour 290 firmes-année. L’ANOVA basée sur
l’année ne remet pas en cause la stationnarité des délais d’audit entre 1999 et 2001. Parmi les varia-
bles explicatives, des différences annuelles significatives existent concernant l’occurrence de résultats
déficitaires (Perte), la présence d’une observation dans le rapport d’audit (Observ), et le ratio de capi-
talisation des actifs (OC)5. Il y a également eu plus de changements de commissaires aux comptes en
1999 (16 sur un total de 27), probablement occasionnés par la fusion de PriceWaterhouse et Coopers
& Lybrand en septembre 1998.
Le délai d’audit s’établit à 85 jours en moyenne, et varie entre 27 et 166 jours, cette borne supé-
rieure représentant un plafond réglementaire compte tenu des 15 jours requis entre le dépôt des docu-
ments financiers au siège de la société et la tenue de l’assemblée générale des actionnaires. Le délai
moyen reste nettement plus élevé qu’aux États-unis, où Schwartz et Soo relèvent 60 jours (1800 obser-
vations entre 1988 et 1993). Il tend cependant à diminuer : Courteau et Zéghal (1999) indiquent en
effet un délai moyen de 105,8 jours pour 148 observations françaises sur la période 1990-1994 ; les
statistiques annuelles de Soltani (2002, p. 235-236) confirment cette tendance avec un délai d’audit
moyen évoluant de 104 jours en 1985, à 88 jours en 1995. Les délais d’audit ne sont pas normale-
ment distribués (hypothèse de normalité rejetée, p=0,028). Ce constat est similaire à celui des études
antérieures, qui font état de distributions asymétriques et leptokurtiques en raison de la nature du
phénomène (Dyer et McHugh 1975). En revanche, une transformation logarithmique naturelle du
délai d’audit permet de recouvrer une distribution gaussienne (p=0,398). Le Graphe 1 représente la
distribution des délais d’audit par tranches de dix jours et la fonction de densité de probabilité de ces
délais après transformation logarithmique. Il illustre cette relative asymétrie, ainsi que l’épaisseur de
la queue de distribution à droite, et révèle deux « ressauts » : un premier dans la tranche 81-90 jours,
un second dans celle des 111-120 jours. Ces irrégularités sont probablement d’origine réglementaire :
l’obligation de présenter des comptes audités sous trois mois pour les sociétés cotées sur des marchés
financiers anglo-saxons, et la publication des comptes au BALO dans les 120 jours pour ce qui est
des impératifs français.

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LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE 57

Tableau 2
Statistiques descriptives (période 1999-2001)

Anova / année

Test normalité
Écart-type
Moyenne

Médiane

K-S (p)
Max
Min

(p)
N

Delai 290 85,1 81,5 29,6 27,0 166,0 0,421 0,028 a

StockCrea 289 0,349 0,342 0,167 0,036 0,887 0,817 0,205

|Accruals| 285 0,083 0,055 0,093 0,001 0,700 0,619 0,000

Liquid 288 2,949 2,430 1,887 0,520 15,980 0,618 0,000

ComAud 277 0,632 1 0,483 0 1 0,612 -

Concent 285 0,443 0,465 0,223 0,010 0,983 0,859 0,340


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OC 290 2,561 1,670 2,461 0,851 18,446 0,021 0,000

Nouv 288 -0,209 0,159 8,792 -115,14 74,53 0,182 0,000

Big5 290 0,841 1 0,366 0 1 0,568 -

NbBig5 290 1,083 1 0,628 0 2 0,668 -

NbMaj 290 0,331 0 0,540 0 2 0,861 -

ExpCac 290 0,159 0,157 0,118 0,000 0,533 0,888 0,015

ChgtCac 285 0,095 0 0,293 0 1 0,004 -

Cloture 290 0,138 0 0,345 0 1 0,984 -

Perte 289 0,173 0 0,379 0 1 0,008 -

Observ 290 0,269 0 0,444 0 1 0,005 -

CotUSA 283 0,272 0 0,446 0 1 0,464 -

Actif (M€) 290 11 439 2 541 22 272 29 150 738 0,412 0,000a

a. La probabilité critique du test de normalité Kolmogorov-Smirnov est respectivement de 0,398 et 0,340 après transforma-
tion logarithmique naturelle de Delai et Actif.

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Charles PIOT
58 LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE

Par ailleurs, près des deux tiers (63,2 %) des observations font état de la présence d’un comité
d’audit. La présence d’au moins un Big Five parmi les commissaires aux comptes est constatée dans
84,1 % des cas (les collèges comprennent de zéro à deux Big Five), et celle d’au moins un Major dans
29,7 % des cas (les collèges comprennent de zéro à deux Majors, une observation avec trois Majors
ayant été bornée à deux). Un éventuel effet « triple commissariat » se trouve capté par la variable
NbMaj, dans la mesure où l’échantillon ne compte que six observations de la sorte, dont cinq impli-
quant le réseau français Mazars & Guérard.

Graphe 1
Distribution des délais d’audit
50 1,2

45
1
40

35
0,8

Densité de probabilité
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30
Effectif

25 0,6

20
0,4
15

10 0,2
5

0 0
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
1 - 3 1 - 4 1 - 5 1 - 6 1 - 7 1 -8 1 - 9 - 10 - 11 - 12 - 13 - 14 - 15 - 16 - 17
2 3 4 5 6 7 8 91 01 11 21 31 41 51 61
1 1 1 1 1 1 1
Délai d’audit (en jours)

Effectifs Densité de probabilité (LnDelai)

L’histogramme indique la distribution des délais d’audit observés par tranches de 10 jours. La
courbe représente la fonction densité de probabilité du logarithme naturel des délais d’audit, calculée
avec les paramètres de distribution de la variable LnDelai.

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LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE 59

3. Résultats empiriques

3.1. Tests univariés


Le Tableau 3 présente les résultats des tests de comparaison d’échantillons indépendants relativement
aux variables modales.

Tableau 3
Tests de comparaison d’échantillons indépendants
Valeur de Delai (en jours) et tests selon les modalités

Test Student /
0 1
Mann-Whitney

ComAud Moy. 95,9 77,7 ***


Méd. 92,5 75,0 ***

Big5 Moy. 107,2 81,0 a ***


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Méd. 104,0 76,0 ***

ChgtCac Moy. 85,3 83,7 NS


Méd. 81,0 81,0 NS

Cloture Moy. 85,1 85,6 NS


Méd. 81,0 82,5 NS

Perte Moy. 85,2 85,1 NS


Méd. 82,0 78,0 NS

Observ Moy. 83,3 90,1 NS


Méd. 77,5 86,5 NS

CotUSA Moy. 89,6 70,6 ***


Méd. 85,0 73,0 ***

Sont reportés les valeurs moyennes et médianes du délai d’audit (en jours) pour les sous échantillons associés aux modalités.
Le test paramétrique de Student est pratiqué sur l’égalité des moyennes après transformation logarithmique naturelle de
Delai afin de normaliser les distributions (la non homogénéité des variances est corrigée le cas échéant). Le test non paramé-
trique de Mann-Whitney porte sur l’hypothèse nulle d’homogénéité des distributions.
a Comparaison selon le nombre de Big Five :
NbBig5 = 1, délai moyen (médian) = 85,5 (81,5) jours
NbBig5 = 2, délai moyen (médian) = 69,7 (67,0) jours
Différences statistiquement significatives.
*, ** et *** indiquent une probabilité critique bilatérale inférieure aux seuils de 10 %, 5 % et 1 % respectivement.
NS = non significatif.

Il met en évidence des différences significatives à trois niveaux : les firmes qui disposent d’un
comité d’audit, dont l’un des commissaires aux comptes est un Big Five, ou qui sont cotées aux États-
unis ont des délais d’audit plus courts. Les écarts moyens et médians sont relativement importants :
18 jours pour la présence d’un comité d’audit, 26 (médiane 28) jours pour la présence d’un Big Five,

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60 LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE

et 19 (médiane 12) jours pour la cotation américaine. Une analyse plus approfondie selon le nombre
de Big Five suggère que plus les firmes s’adjoignent les services de grands cabinets d’audit, plus le délai
d’audit s’en trouve réduit. En effet, le délai d’audit pour un collège de deux Big Five est en moyenne
inférieur au délai constaté en présence d’un seul Big Five (différence d’environ 15 jours, p < 0,001).
La composition du collège des commissaires aux comptes est donc de nature à affecter le délai de
délivrance de l’opinion d’audit, conformément à l’hypothèse des ressources disponibles et, vraisem-
blablement, investies dans la mission.
Le Tableau 4 présente une double matrice des corrélations : de Pearson au-dessus de la diagonale,
et de Spearman au-dessous (en raison de la non normalité de certaines distributions). Ces coefficients
permettent d’apprécier les éventuelles relations entre la variable dépendante LnDelai et les variables
explicatives (cf. première ligne). Outre le cas des variables modales, examiné plus haut, LnDelai
affiche des corrélations de rang significatives et conformes aux anticipations avec le ratio de liquidité
générale (Liquid : –0,18), les opportunités de croissance (OC : 0,29), l’expertise sectorielle des audi-
teurs (ExpCac : –0,43) et la taille de la firme (LnActif : –0,39). Une analyse multivariée permettra
alors d’évaluer la contribution marginale de chaque facteur sur le délai d’audit de la firme.
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3.2. Analyse multivariée
Une analyse multivariée du délai d’audit est proposée sur le modèle suivant, décliné en un modèle dit
« de base », et une version avec correction du biais d’hétérogénéité (paramètre Lambda) :
LnDelai = β0 + β1.StockCrea + β2.|Accruals| + β3.Liquid + β4.ComAud + β5.Concent + β6.OC
+ β7.Nouv + β8.Big5 / NbBig5 + β9.NbMaj + β10.ExpCac + β11.ChgtCac + β12.Cloture + β12.Perte
+ β13.Observ + β14.CotUSA + β15.LnActif + β16.Y1999 + β17.Y2000 + [β18.Lambda] + ε
Chaque modèle est estimé avec les variables Big5 et NbBig5 introduites alternativement : la première
permet de capter l’impact sur le délai d’audit de la présence d’un ou deux grands cabinets ; la seconde,
ordinale, mesure l’effet marginal moyen de chaque Big Five composant le collège des auditeurs.
Les modèles de base font l’hypothèse que toutes les variables explicatives sont exogènes au délai
d’audit. Dans la réalité, cela n’est probablement pas le cas pour les variables caractérisant le collège
des auditeurs, dans la mesure où les dirigeants disposent d’un levier décisif tant sur le calendrier de
reddition des comptes – donc sur le délai d’audit – que sur le choix des auditeurs. Dès lors, la décision
d’engager des Big Five peut tout à fait aller de paire avec celle de raccourcir le délai de production du
rapport d’audit. Un exemple dans notre échantillon est celui de M6 Télévision. En 2001, cette société
a remplacé ses deux commissaires aux comptes (petits cabinets) par deux Big Five (Barbier Frinault
et KPMG) : son délai d’audit est passé de 120 jours, pour les états financiers 2000, à 81 jours pour
2001. Il existe par conséquent un risque élevé de codétermination – donc d’endogénéité – entre le
type d’auditeur en fonction et le délai d’audit. En d’autres termes, si des facteurs explicatifs communs
aux deux phénomènes sont omis du modèle de base, l’effet mesuré du type d’auditeur sur le délai
d’audit est potentiellement grevé d’un biais d’hétérogénéité (Smits 2003) lié au fait que les firmes
de l’échantillon ne sont pas assignées aléatoirement, mais de manière sélective, aux auditeurs. Ce
biais d’hétérogénéité est contrôlé par une procédure de Heckman en deux temps similaire à celle
proposée par Kim et al. (2003) et Chaney et al. (2004). Premièrement, un modèle de sélection

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Tableau 4
Matrice des corrélations – Corrélations de Pearson (Spearman)
présentées au-dessus (au-dessous) de la diagonale.

OC
Big5
Perte

Nouv

Livre Revue AFC decembre 2008.in61 61


Liquid
NbMaj
ExpCac
Observ
LnActif

NbBig5
Cloture

LnDelai
CotUSA

Concent
ChgtCac

ComAud

|Accruals|

StockCrea
LnDelai 1,00 0,04 0,06 -0,08 -0,27 0,07 0,22 0,10 -0,31 -0,37 -0,10 -0,42 -0,02 0,02 -0,03 0,09 -0,32 -0,38
StockCrea 0,04 1,00 0,18 -0,10 -0,30 0,23 -0,01 0,01 -0,11 -0,14 0,06 -0,14 0,01 -0,03 -0,09 -0,06 -0,20 -0,24
|Accruals| 0,06 0,09 1,00 0,03 -0,03 0,04 0,19 0,00 0,00 -0,06 -0,03 -0,01 0,13 0,04 0,10 0,04 0,08 -0,15
Liquid -0,18 -0,06 -0,12 1,00 0,01 -0,06 0,11 -0,02 0,02 0,01 -0,21 -0,16 0,14 0,01 -0,04 -0,07 0,02 -0,10
ComAud -0,25 -0,29 0,02 0,04 1,00 -0,21 -0,14 -0,01 0,31 0,32 0,08 0,33 0,00 -0,11 0,09 0,08 0,34 0,47
Concent 0,06 0,24 -0,03 -0,09 -0,20 1,00 0,07 0,01 -0,11 -0,06 0,14 -0,05 0,07 0,09 -0,11 0,00 -0,28 -0,25
OC 0,29 0,02 0,14 0,10 -0,21 0,05 1,00 0,01 -0,10 -0,12 -0,16 -0,19 0,17 -0,10 0,08 -0,04 0,04 -0,48
Charles PIOT

Nouv 0,08 0,15 0,01 -0,07 -0,11 0,14 0,03 1,00 -0,03 0,01 0,01 0,08 -0,02 -0,01 -0,28 -0,02 0,01 0,07
Big5 -0,32 -0,13 -0,04 0,13 0,31 -0,10 -0,19 -0,12 1,00 0,75 -0,20 0,34 -0,02 0,09 0,15 0,03 0,15 0,20
NbBig5 -0,39 -0,14 -0,07 0,12 0,31 -0,05 -0,22 -0,08 0,72 1,00 -0,32 0,44 -0,01 0,03 0,09 0,03 0,18 0,30
NbMaj -0,12 0,06 0,03 -0,19 0,12 0,13 -0,11 0,06 -0,10 -0,28 1,00 0,40 0,08 -0,15 -0,03 0,06 0,15 0,23
ExpCac -0,43 -0,14 0,04 -0,15 0,33 -0,07 -0,26 -0,01 0,39 0,51 0,40 1,00 0,10 -0,18 0,01 0,09 0,26 0,57
ChgtCac -0,03 0,02 0,06 0,08 0,00 0,06 0,09 -0,08 -0,02 0,00 0,10 0,05 1,00 -0,06 0,07 -0,03 -0,01 -0,10
Cloture -0,01 -0,03 0,01 0,03 -0,11 0,08 -0,09 -0,02 0,09 0,02 -0,15 -0,17 -0,06 1,00 0,00 0,03 -0,18 -0,14
Perte -0,01 -0,07 0,15 -0,02 0,09 -0,11 0,02 -0,52 0,15 0,08 -0,01 0,00 0,07 0,00 1,00 0,15 0,12 -0,14

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Observ 0,10 -0,05 0,07 -0,05 0,08 0,00 0,05 -0,05 0,03 0,03 0,06 0,07 -0,03 0,03 0,15 1,00 0,01 0,08
LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE

CotUSA -0,26 -0,22 0,06 0,07 0,34 -0,28 -0,01 -0,09 0,15 0,17 0,18 0,27 -0,01 -0,18 0,12 0,01 1,00 0,33
LnActif -0,39 -0,23 -0,07 -0,07 0,48 -0,25 -0,49 -0,04 0,20 0,30 0,24 0,59 -0,08 -0,15 -0,12 0,07 0,33 1,00

Les corrélations statistiquement significatives au seuil conventionnel de 5 % (bilatéral) sont repérées en caractères gras-italiques.
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62 LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE

Probit (binaire ou ordinal) est estimé à partir des travaux sur les déterminants du choix de l’auditeur.
Deuxièmement, l’aléa de non-sélection (couramment désigné Inverse Mills Ratio, ou Lambda) dérivé
du modèle probabiliste de choix de l’auditeur est ajouté au modèle de base afin de prendre en compte
l’impact des caractéristiques non observées associées au choix de l’auditeur. Les facteurs de correction
Lambda sont calculés à partir des Scores Probit Linéarisés (SPL) en tenant compte du critère de choix
binaire Big Five / non-Big Five (Φ désigne la fonction densité de probabilité cumulée de la loi normale
centrée-réduite) :
• si Big5 = 1, Lambda = ((1 / (2π) 0,5) × (exp(–0,5 × SPL2))) / Φ(SPL) ;
• si Big5 = 0, Lambda = – ((1 / (2π) 0,5) × (exp(–0,5 × SPL2))) / (1 – Φ(SPL)).
Au vu des recherches sur les déterminants du choix de l’auditeur, le modèle de sélection est spécifié
comme suit :
Probit {Big5 ou NbBig5} = β0 + β1.StockCrea + β2.|Accruals| + β3.Liquid + β4.Perte
+ β5.ComAud + β6.CotUSA + β7.Concent + β8.OC + β9.LnActif + β10.Endett
+ β11.ImmoBrute + β12.BdInd + β13.Y1999 + β14.Y2000 + ε
Pour que la procédure de Heckman soit opérationnelle, le modèle de sélection doit inclure au moins
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une variable qui n’est pas reliée à la variable dépendante du modèle de second niveau (Smits 2003),
à savoir LnDelai. Ainsi, pour différencier au mieux les deux équations, trois variables spécifiques à
l’embauche de grands cabinets d’audit sont introduites dans le modèle de sélection. L’endettement
financier (Endett est le rapport des dettes financières au total de l’actif) a pour objectif de capter les
conflits d’agence entre actionnaires et créanciers. L’intensité capitalistique (ImmoBrute est le rapport
des immobilisations brutes au total de l’actif) accroît la capacité à générer des accruals via l’amortis-
sement, et donc l’intérêt de la firme rechercher la signature d’un grand cabinet pour crédibiliser ses
états financiers (Francis et al. 1999). Enfin, l’indépendance du conseil d’administration (AdmInd
désigne la proportion d’administrateurs externes considérés comme indépendants de la direction) est
considérée dans une optique de complémentarité entre le dispositif de surveillance managériale et la
demande de qualité de l’audit (Piot 2005a).
Le Tableau 5 présente les résultats du modèle de sélection. La spécification est globalement signi-
ficative pour les deux versions, d’après le test du chi-deux. La qualité prédictive est bonne pour le
modèle binaire (87 % de bons classements), et acceptable pour le modèle tertiaire (57 %). Quelque
soit la version, trois paramètres affichent un pourvoir explicatif significatif sur la présence de Big Five
parmi les commissaires aux comptes : l’existence d’un comité d’audit (ComAud), l’endettement
financier (Endett), et l’indépendance du conseil d’administration (AdmInd). En outre, l’intensité
capitalistique (ImmoBrute) différencie la présence d’un ou deux de ces grands cabinets. En consé-
quence, le modèle de sélection s’avère suffisamment différencié du modèle de second niveau, visant à
tester les déterminants du délai d’audit. Les résultats de ce dernier sont présentés dans le Tableau 6,
pour le modèle de base et après correction du biais d’hétérogénéité.

COMPTABILITÉ – CONTRÔLE – AUDIT / Tome 14 – Volume 2 – Décembre 2008 (p. 43 à 74)

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Charles PIOT
LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE 63

Tableau 5
Modèle Probit de sélection des auditeurs
Probit {Big5 ou NbBig5} = β0 + β1.StockCrea + β2.|Accruals| + β3.Liquid + β4.Perte
+ β5.ComAud + β6.CotUSA + β7.Concent + β8.OC + β9.LnActif + β10.Endett + β11.
ImmoBrute + β12.BdInd + β13.Y1999 + β14.Y2000 + ε
Modèle binaire : Big5 Modèle à trios niveau : NbBig5

Signe
Variables Coeff. z-stat Coeff. z-stat
attendu

Constante1 0,32 0,16 1,97 1,47

Constante2 3,96 2,89***

StockCrea (+) 0,28 0,31 0,36 0,51

|Accruals| (+) 0,71 0,76 -0,67 -0,84

Liquid (+) -0,03 -0,48 -0,01 -0,09


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Perte (–) 0,65 1,78* 0,24 1,19

ComAud (+) 0,92 3,03*** 0,57 2,17**

CotUSA (+) 0,01 0,01 0,05 0,17

Concent (–) 0,22 0,26 0,89 1,49

OC (+) 0,01 0,16 0,05 0,86

LnActif (+) -0,10 -0,81 0,08 0,94

Endett (+) 2,12 1,68** 1,15 1,47*

ImmoBrute (+) 0,50 0,98 0,59 1,73**

AdmInd (+) 1,99 2,46*** 1,26 2,21**

Y1999 -0,13 -0,92 -0,13 -1,32

Y2000 -0,02 -0,17 -0,13 -1,41

Pseudo R-deux 0,324 0,245

Chi-deux 42,68*** 41,21***

Bons classements 86,9 % 57,1 % a

Les variables sont définies au Tableau 1, à l’exception des variables spécifiques au choix de l’auditeur : Endett = dettes finan-
cières / total actif ; ImmoBrute = immobilisations brutes / total actif ; AdmInd = pourcentage d’administrateurs indépendants
au conseil d’administration ou de surveillance.
Y1999 et Y2000 sont deux variables binaires destinées à capter l’effet fixe temporel (benchmark fixé sur l’année 2001).
*, ** et *** désignent une probabilité critique unilatérale si le signe est conforme à la prédiction, bilatérale sinon, inférieure
au seuil de 10 %, 5 % et 1 % respectivement.
a Pour le modèle ordinal, le taux de bons classements est donné selon le critère de la modalité la plus probable.

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Charles PIOT
64 LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE

Tableau 6
Analyse multivariée du délai d’audit
Régressions multiples avec contrôle de la dépendance temporelle des observations relatives à une même firme
(procédure cluster du logiciel STATA, estimateur de White). L’estimation porte sur 99 firmes sur la période 1999-2001.

Modèles de base Contrôle du biais d’hétérogénéité

Hypo-
Variables « Big5 » « NbBig5 » « Big5 » « NbBig5 »
thèse

Constante 5,249 (12,13)*** 5,198 (12,27)*** 5,395 (12,14)*** 5,194 (12,16)***

StockCrea (+) H1a -0,280 (-1,68)* -0,265 (-1,66)* -0,304 (-1,80)* -0,261 (-1,61)

|Accruals| (+) H1b 0,346 (1,68)** 0,297 (1,43)* 0,379 (1,84)** 0,307 (1,46)*

Liquid (–) H1c -0,026 (-1,83)** -0,027 (-1,84)** -0,026 (-1,87)** -0,026 (-1,80)**

ComAud (–) H1d -0,015 (-0,23) -0,008 (-0,12) 0,024 (0,30) -0,008 (-0,12)

Concent (+) H2a -0,101 (-0,89) -0,058 (-0,53) -0,107 (-0,94) -0,061 (-0,56)
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OC (+) H2b 0,019 (1,58)* 0,019 (1,42)* 0,017 (1,41)* 0,018 (1,42)*

Nouv (?) H3 0,005 (3,85)*** 0,005 (4,22)*** 0,005 (3,71)*** 0,005 (4,16)***

Big5 /
(–) H4a -0,139 (-1,87)** -0,126 (-1,98)** -0,339 (-1,56)* -0,114 (-1,40)*
NbBig5

NbMaj (–) H4b 0,027 (0,45) -0,028 (-0,39) 0,036 (0,58) -0,028 (-0,38)

ExpCac (–) H4c -0,917 (-2,46)*** -0,704 (-1,53)* -0,955 (-2,50)*** -0,698 (-1,52)*

ChgtCac (+) 0,015 (0,24) 0,021 (0,33) 0,010 (0,17) 0,020 (0,32)

Cloture (–) -0,067 (-0,92) -0,072 (-0,99) -0,074 (-1,02) -0,074 (-0,99)

Perte (+) -0,017 (-0,25) -0,017 (-0,25) 0,006 (0,08) -0,015 (-0,22)

Observ (+) 0,101 (2,14)** 0,101 (2,10)** 0,100 (2,05)** 0,101 (2,12)**

CotUSA (–) -0,201 (-2,88)*** -0,190 (-2,64)*** -0,196 (-2,80)*** -0,189 (-2,65)***

LnActif (–) -0,026 (-0,98) -0,024 (-0,92) -0,025 (-0,95) -0,024 (-0,92)

Y1999 -0,081 (-2,06)** -0,076 (-1,93)* -0,084 (-2,15)** -0,078 (-1,97)*

Y2000 -0,053 (-1,52) -0,051 (-1,43) -0,051 (-1,46) -0,051 (-1,43)

Lambda 0,130 (1,00) -0,016 (-0,30)

R-deux 0,346 0,354 0,350 0,354

f-statistique 6,70*** 7,16*** 6,58*** 6,83***

N 266 266 265 265

COMPTABILITÉ – CONTRÔLE – AUDIT / Tome 14 – Volume 2 – Décembre 2008 (p. 43 à 74)

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Charles PIOT
LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE 65

Sont reportés les coefficients de régression et statistiques t entre parenthèses. *, ** et *** désignent une probabilité
critique unilatérale si le signe est conforme à la prédiction, bilatérale sinon, inférieure au seuil de 10 %, 5 % et 1 %
respectivement.
Y1999 et Y2000 sont deux variables binaires destinées à capter l’effet fixe temporel (benchmark fixé sur l’année 2001).
Lambda désigne les Inverse Mills Ratios dérivés du modèle Probit {Big5 ou NbBig5}. Les autres variables sont définies au
Tableau 1.

Deux des hypothèses liées à l’effort d’audit sont, parfois marginalement, corroborées : le poids
des régularisations dans le résultat comptable (H1b) d’une part, le risque de cessation de paiements
(H1c) d’autre part, tous deux positivement associés au délai d’audit. En revanche, la présence d’un
comité d’audit ne paraît pas associée à des délais d’audit plus court. Il se peut que la relation prévue
dans l’hypothèse H1d subisse des effets contraires. Au Royaume-Uni, les travaux empiriques mon-
trent en effet que la présence d’un comité d’audit tend à accroître temporairement l’effort d’audit, tel
qu’apprécié par les honoraires facturés (Collier et Gregory 1996 ; Goddard et Masters 2000). Aux
États-unis, pour l’année 2000, Abbott et al. (2003) constatent une hausse significative des honoraires
quand la firme s’est dotée d’un comité d’audit totalement indépendant et impliqué (au moins quatre
réunions dans l’année). Ils expliquent cela par une pression croissante des régulateurs, avec pour
conséquence des diligences supplémentaires accomplies par les auditeurs externes sur demande du
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comité d’audit.
Par ailleurs, la pertinence des données comptables dans le processus d’information des investis-
seurs (H2b) trouve également un support marginal, au seuil de 10 %, dans les quatre régressions.
En revanche, l’hypothèse des motivations managériales associées à l’adage « bonne nouvelle d’abord,
mauvaise nouvelle ensuite » (H3) s’avère largement contredite (p<1 %), bien que l’amplitude de la
relation demeure assez faible d’après les coefficients de la variable Nouv. Nos modèles montrent en
effet une relation positive entre le délai d’audit et la variation relative du résultat par action, pouvant
faire l’objet de diverses interprétations : (1) une volonté des dirigeants d’atténuer la sanction du mar-
ché en publiant plus rapidement une mauvaise performance actionnariale, (2) un désir de ne pas pré-
cipiter la publication d’une bonne nouvelle en raison des coûts de propriété que cela pourrait entraî-
ner, (3) un scepticisme particulier des auditeurs, avec possiblement des investigations plus poussées
visant à corroborer une progression a priori importante des résultats. La première interprétation
rejoint les conclusions de Skinner (1994) : les dirigeants auraient tendance à anticiper la divulgation
de mauvais résultats pour minimiser les coûts de litiges avec les investisseurs, et/ou les coûts d’une
dégradation de leur réputation par manque de loyauté envers le marché. La divulgation rapide des
mauvaises nouvelles permettrait alors aux dirigeants de mettre en avant leur bonne foi, et de limiter
leur probabilité d’être mis en cause en cas de contestation. En France, le risque de poursuites ne sem-
ble toutefois pas dominant pour l’heure, étant donné les possibilités de contestation plus limitées, au
regard des pratiques américaines, des actionnaires.
Au niveau des caractéristiques des auditeurs, nos modèles confirment la capacité des grands réseaux
internationaux (Big Five) à conduire la mission plus rapidement. Dans le contexte spécifique du co-
commissariat, les résultats montrent en particulier une relation négative entre le nombre de Big Five
composant le collège des auditeurs et le délai d’audit : le fait de recourir aux services de deux grands
cabinets, au lieu d’un seul, n’est donc pas neutre sur le plan de la rapidité avec laquelle la mission
d’audit est conduite. Il convient de noter qu’après contrôle du biais d’hétérogénéité, la significativité
statistique de la relation diminue pour les deux variables, Big5 et NbBig5, même si les caractéristiques

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66 LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE

non observées du choix de l’auditeur (Lambda) n’affectent pas significativement le délai d’audit. Pour
ce qui est de la présence de réseaux nationaux parmi les commissaires aux comptes (NbMaj), aucun
effet statistiquement significatif n’a pu être relevé dans les différentes régressions. En revanche, le degré
d’expertise sectorielle des auditeurs en fonction (ExpCac) ressort bien comme un facteur de réduc-
tion du délai d’audit, avec toutefois une relation plus faible en présence du nombre de Big Five. Cela
conforte ainsi l’idée que la qualité, et notamment la compétence relative des équipes d’intervention,
constitue un paramètre important pour une production efficiente du service d’audit.
Parmi les variables de contrôle, la cotation aux États-unis a un effet réducteur très significatif
sur le délai d’audit, conformément aux exigences réglementaires spécifiques qui s’imposent dans
ces circonstances. La présence d’une observation dans le rapport est également un élément factuel
d’allongement du délai de vérification. Enfin, des effets fixes temporels significatifs ressortent si l’on
considère l’année 1999, par rapport à l’année de référence (2001). Ces effets sont contre-intuitifs au
vu des travaux antérieurs, qui montrent que les délais d’audit ont tendance à diminuer avec le temps
(Soltani 2002). Mais ils sont cohérents avec des statistiques annuelles sur notre échantillon : le délai
moyen (médian) passe en effet de 82 (76) jours en 1999, à 87 (84) jours en 2000, et à 87 (86) jours
en 2001. Une interprétation possible de cet allongement des délais relève des formalités occasionnées
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par la loi NRE du 15 mai 2001.

3.3. Analyses additionnelles

3.3.1. MULTICOLINÉARITÉ
La matrice des corrélations suggère quelques interdépendances assez fortes susceptibles d’affecter
l’estimation des coefficients de régression. Elles sont, pour la plupart, associées à la taille de la firme
(LnActif ) 6. Nous avons donc réestimés les modèles en excluant cette variable. Les coefficients ressor-
tent globalement stables de part leur signe et leur signification statistique, à l’exception d’un change-
ment notable : les opportunités de croissance, indicateur inversement relié à la pertinence de l’infor-
mation comptable (OC, H2b), deviennent un paramètre très significatif (p<5 % ou inférieur).

3.3.2. COTATION AUX ÉTATS-UNIS


Par ailleurs, il est possible que le statut de cotation aux États-unis entraîne des motivations et un
comportement bien distinct en termes de timing du reporting financier. Pour évaluer l’impact de
cette spécificité, les modèles ont été réestimés en séparant les firmes cotées aux États-unis des autres.
Pour les firmes non cotées aux États-unis (74 firmes, 190 observations), les modèles et coefficients
sont qualitativement similaires à ceux du Tableau 6, avec quelques différences notables : les hypo-
thèses H1b (|Accruals|) et H2b (OC) ne sont plus validées, et l’effet de compétence relative (ExpCac)
disparaît au profit du nombre de Big Five (NbBig5) en fonction. Pour les firmes cotées aux États-unis
(30 firmes, 75 observations), les modèles sont également stables en termes de qualité globale (R2),
mais les nuances suivantes sont à relever :
• l’hypothèse d’un délai d’audit croissant avec le risque de cessation de paiement (Liquid, H1c)
n’est plus validée, de même que celle relative aux opportunités de croissance (OC, H2b). La remise

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Charles PIOT
LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE 67

en cause de H1c est ici contre-intuitive si l’on admet l’environnement américain comme plus risqué
pour les auditeurs ;
• l’impact de la variation du résultat par action devient négatif mais non significatif ;
• en termes de capacités d’intervention, seul l’effet réducteur global lié à la présence d’un ou deux
Big Five demeure ; celui du nombre de Big Five perd sa significativité. Le recours à deux cabinets
internationaux n’est donc pas plus efficient, en termes de timing, pour les firmes qui subissent la
pression du marché financier américain.

3.3.3. SENSIBILITÉ À LA MESURE DE CERTAINS FACTEURS


Certains phénomènes testés dans notre modèle sont sujets au problème d’erreur de mesure. Nous
examinons ici la robustesse de deux d’entre eux – le risque de faillite et la nature de la nouvelle – en
considérant des substituts alternatifs à leur mesure initiale.
À l’instar de certains travaux antérieurs, notamment Bamber et al. (1993), nous avons remplacé le
ratio de liquidité générale (Liquid) par le score Z de Zmijewski (1984) pour apprécier la probabilité
de faillite :
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Z = –4,336 – 4,513 × ROA + 5,679 × Endett + 0,004 × Liquid
Où ROA désigne le Return-On-Asset, et Endett le ratio d’endettement financier. L’hypothèse H1c
se trouve confirmée au seuil statistique de 5 % avec Big5, et de 10 % avec NbBig5.
Par ailleurs, deux mesures alternatives du caractère bon / mauvais de la nouvelle ont été consi-
dérées : une double variable dichotomique qui caractérise en bonne (mauvaise) nouvelle une hausse
(baisse) relative du résultat par action de plus de 10 % ; et une estimation de marché fondée sur
le rendement boursier du titre sur douze mois, en décalage de quatre mois par rapport à l’exercice
comptable. L’approche dichotomique par seuil montre que c’est la présence d’une bonne nouvelle
qui se traduit par un allongement du délai d’audit (p<10 %), alors qu’une mauvaise nouvelle reste
sans effet significatif. L’approche par le rendement boursier ne révèle pas d’impact significatif sur le
délai d’audit. Il convient donc, sous toutes réserves, de nuancer notre interprétation de l’hypothèse
H3 : l’intérêt des dirigeants à divulguer plus tôt un mauvais résultat pour préserver leur réputation
et afficher leur loyauté s’effacerait, au profit d’un scepticisme plus fort des auditeurs dans le cas d’une
hausse significative de ce résultat.

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Charles PIOT
68 LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE

Conclusion
Cette étude contribue à la littérature sur les déterminants de la qualité de l’information financière,
en examinant plus précisément le délai de certification des états financiers dans les sociétés fran-
çaises cotées. Ce délai d’audit – nombre de jours calendaires entre la clôture de l’exercice et la date
du rapport général des commissaires aux comptes –, constitue en effet une composante majeure du
délai de diffusion de l’information financière annuelle, ainsi qu’un moyen d’observer l’efficience du
processus d’audit. Dans ce contexte, la réalité du terrain impose en général aux producteurs des états
financiers, et aux auditeurs, un arbitrage serré entre pertinence et fiabilité. La pertinence suppose une
certification et une publication rapide de l’information financière ; inversement, la fiabilité requiert
un délai minimal permettant aux auditeurs d’accomplir leurs diligences et d’apprécier prudemment
les estimations comptables faites par la direction.
Au vu de ce cadre conceptuel, quatre familles d’hypothèses sont posées. La première famille
regroupe les facteurs généralement associés à l’effort d’audit requis pour certifier les états finan-
ciers (complexité et risque de la mission). La seconde s’intéresse à la demande externe d’information
financière, à travers le poids des actionnaires non informés (diffusion de la propriété), et la capa-
cité des chiffres comptables à répondre aux attentes des investisseurs (capacité inversement liée aux
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opportunités de croissance). La troisième hypothèse fait référence aux motivations managériales liées
à la divulgation plus ou moins rapide de bons ou mauvais résultats financiers. Enfin, une dernière
famille d’hypothèses considère les capacités d’intervention et l’expertise des auditeurs en charge de la
mission. Ces caractéristiques prennent un intérêt particulier dans le cadre institutionnel français en
raison de l’obligation légale de co-commissariat aux comptes, qui confère aux dirigeants une latitude
supplémentaire pour composer le collège des auditeurs externes.
Les tests empiriques portent sur 290 observations relatives aux sociétés non financières du SBF 120
pour trois exercices financiers consécutifs (1999 à 2001). Les analyses multivariées font l’objet d’un
contrôle du biais d’hétérogénéité pouvant résulter des relations endogènes entre le choix du type
d’auditeur (Big Five ou non) et le délai d’audit, contrôle que ne proposent pas les études antérieures.
Les principaux résultats sont les suivants au regard des quatre familles d’hypothèses :
• il existe une relation positive entre l’effort requis par la mission et le délai d’audit. Celle-ci
s’illustre à deux niveaux : la complexité engendrée par l’importance des régularisations (accruals) dans
le résultat comptable d’une part, et le risque de cessation de paiements de la firme d’autre part ;
• la pertinence des données comptables pour les investisseurs, inversement liée aux opportunités
de croissance de la firme, agit également de manière marginale comme facteur de réduction du délai
d’audit ;
• en revanche, le jeu des incitations managériales sur le délai d’audit – associées à la nature bonne
ou mauvaise des résultats financiers –, contredit nettement l’hypothèse généralement avancée selon
laquelle les dirigeants ont tendance à accélérer (retarder) la divulgation de bonnes (mauvaises) nou-
velles. Nous observons en effet une relation positive entre le délai d’audit et la variation du résultat
par action, pouvant s’interpréter par : (1) une volonté des dirigeants d’atténuer la sanction du marché
en publiant plus vite une mauvaise performance, prouvant ainsi leur bonne foi, (2) un objectif de
minimisation des coûts de propriété engendrés par la publication d’une bonne nouvelle, ou (3) un

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LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE 69

scepticisme des auditeurs et des investigations plus poussées pour corroborer une progression impor-
tante des résultats. Des tests complémentaires appuieraient plutôt la troisième interprétation ;
• enfin, nos modèles confirment que les moyens d’intervention et la compétence des auditeurs
sont susceptibles de réduire significativement le délai d’audit. En l’espèce, la capacité des grands
réseaux internationaux (Big Five) à délivrer l’opinion d’audit plus rapidement est validée. En parti-
culier, dans ce contexte de co-commissariat, nous observons une relation négative entre le nombre
de Big Five composant le collège des auditeurs et le délai d’audit, relation qui perdure après contrôle
du biais de sélection. En outre, l’expertise sectorielle des commissaires permet également de réduire
significativement le délai d’audit, confortant ainsi l’idée qu’une compétence relative différenciée
contribue à l’efficience du service d’audit.
Les résultats de cette étude ont des implications méthodologiques, institutionnelles et concep-
tuelles. Sur le plan méthodologique, tout d’abord, les résultats des études antérieures sont potentiel-
lement biaisés par la non prise en compte de l’endogénéité entre le délai de délivrance de l’opinion
et la fonction de choix de l’auditeur. D’un point de vue institutionnel, ensuite, cette analyse dans le
cadre français du co-commissariat aux comptes montre que la composition du collège des auditeurs
n’est pas neutre en termes de délai de réalisation de la mission. Il existe-là une possibilité pour les
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entreprises de « moduler » leur recours aux services des grands cabinets anglo-saxons en fonction de
la rapidité avec laquelle elles souhaitent voire accomplir la mission d’audit : le commissariat conjoint
apparaît comme une source effective de flexibilité à ce niveau. Au-delà du critère générique de répu-
tation / taille des auditeurs, cette étude met en évidence, pour la première fois, le rôle d’un facteur
de compétence relative – l’expertise sectorielle – dans la production efficiente d’un audit. Cela étaye
l’intérêt que peuvent avoir les cabinets, notamment moyens ou petits, à se spécialiser pour rester dans
la compétition. Enfin, sur un plan conceptuel et dans leur plus large acception, les résultats de cette
étude suggèrent que le délai d’audit dépend également des contraintes opérationnelles de complexité-
risque auxquelles doivent faire face les auditeurs, et plus marginalement de la demande d’information
financière à des fins informationnelles ou contractuelles. De prime abord, le fait que le délai d’audit
soit affecté par des facteurs de complexité et de risque de la mission peut sembler inquiétant dans le
cadre de la Directive Transparence, qui prône depuis 2007 une diffusion plus rapide de l’information
financière. Certaines limites sont peut-être à ne pas dépasser pour ne pas nuire à la qualité de l’audit.
D’un point de vue factuel, notons que les délais d’audit les plus courts de notre échantillon concer-
nent le groupe Rhodia (27, 30 et 29 jours pour les exercices 1999, 2000 et 2001 respectivement),
placé sous enquête financière. Une étude clinique serait enrichissante à ce niveau. Les positions des
régulateurs en faveur d’une divulgation toujours plus rapide de l’information financière devraient
intégrer les éventuelles conséquences négatives d’une telle ligne de conduite sur la qualité de l’audit
et de l’information financière.

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Charles PIOT
70 LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE

Notes étendre ses diligences pour maintenir un risque


de mission le plus bas possible. Cette interpréta-
1. Les sociétés qui ont adhéré aux segments tion – qui est celle retenue et corroborée empiri-
Nexteconomy et Nextprime sont soumises à des quement par Bamber et al. (1993) – conduit alors
règles de communication financière plus contrai- à une relation négative entre la concentration de
gnantes. Elles doivent notamment, depuis 2003, l’actionnariat et le délai d’audit. Nous avons tou-
rendre public leurs comptes consolidés dûment tefois privilégié l’angle « informationnel » pour
certifiés dans les trois mois suivant la clôture de deux raisons : (1) la dispersion de l’actionnariat
l’exercice (Règles de marché de la bourse de Paris, n’est qu’un facteur de risque indirect pour l’audi-
du Nouveau marché, du MATIF et du MONEP, teur, sans lien avec la continuité d’exploitation,
Livre I, 7202/1). (2) la capacité des investisseurs à poursuivre
2. Certains travaux distinguent les cabinets d’audit l’auditeur en dommages et intérêts est nettement
selon leur approche structurée ou non de la mis- moindre dans le cadre juridique français, com-
sion (Williams et Dirsmith 1988 ; Newton et parativement au système judiciaire américain
Ashton 1989). Cette distinction, développée au beaucoup plus réactif (p. ex. la pratique des class
début des années 1980 sur un marché encore actions et des honoraires d’avocats conditionnels
relativement ouvert – avec la présence d’au moins n’est pas admise en France, pour l’heure).
huit grands réseaux internationaux – conduisait 4. Givoly et Palmon (1982), Bamber et al. (1993),
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à classer Coopers & Lybrand, PriceWaterhouse, Begley et Fischer (1998) aux États-unis ; André
ainsi que les petits cabinets comme « non struc- et al. (1999) au Canada ; Haw et al. (2000) en
turés ». Elle a largement perdu de sa pertinence Chine ; Leventis et Weetman (2004) en Grèce.
aujourd’hui suite aux regroupements des grands 5. Il y a environ deux fois plus de pertes en 2001,
réseaux : les Big Five ou Big Four sont réputés et deux fois plus d’observations en 2000 (année
mobiliser des moyens, des approches et des stan- d’application du règlement CRC sur les comptes
dards de qualité homogènes sur une base interna- consolidés), que les autres années. Par ailleurs,
tionale (Jaggi et Tsui 1999). la chute des ratios de capitalisation des actifs
3. Vue sous l’angle du risque de mission, la disper- en 2001 peut être attribuée à la crise boursière,
sion de l’actionnariat est synonyme d’un grand conjuguée à l’effet « 11 septembre 2001 ».
nombre d’utilisateurs de l’information financière, 6. Les corrélations de rang les plus élevées sont entre
ce qui accroît le risque de poursuite de l’auditeur LnActif et ComAud (0,48), OC (-0,49), ExpCac
en cas d’opinion erronée. L’auditeur doit alors (0,59) et CotUSA (0,33).

Bibliographie financier et l’annonce des résultats comptables.


Comptabilité – Contrôle – Audit 5 (2) : 83-106.
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