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EN FRANCE
Charles Piot
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Résumé Abstract
Cette étude porte sur les déterminants du This study investigates the determinants of
délai d’audit dans les sociétés françaises cotées. the audit report lag (ARL) among French listed
Les hypothèses relèvent (1) de l’effort d’audit companies. Hypotheses address (1) the required
requis, (2) de la demande externe d’informa- audit effort, (2) the external demand for financial
tion financière, (3) des motivations managé- reporting, (3) managerial incentives associated
riales associées à la divulgation plus ou moins with the disclosure timing of good or bad news,
rapide de bons ou mauvais résultats, et (4) des and (4) auditors’ expertise and human resources
capacités d’intervention et d’expertise des in a context of mandatory joint-auditing.
auditeurs en fonction, dans un contexte de co- Empirical tests address 290 non financial firm-
commissariat aux comptes. Les tests portent year observations drawn from SBF 120 Index
sur 290 observations parmi les sociétés non companies during 1999-2001. Multivariate
financières du SBF 120 (période 1999-2001). analyses document that the ARL : (1) increases
Les analyses multivariées montrent que le délai with audit complexity-risk factors (accruals,
d’audit : (1) augmente avec des facteurs de bankruptcy risk), and marginally with the firm’s
complexité-risque de la mission (accruals, ris- growth opportunities, which indicate a lower
que de faillite), et plus marginalement avec les relevance of accounting numbers to investors,
opportunités de croissance de la firme, signe (2) is positively associated with a « good » news
d’une moindre pertinence de l’information as proxied by the relative change in EPS, and
comptable pour les investisseurs, (2) est posi- (3) decreases with the presence of, or the number
tivement associé à une bonne nouvelle d’après of, Big Five auditors, as well as with auditors’
la variation du résultat par action, et (3) dimi- industry expertise. Methodological, institutional
nue avec la présence, ou le nombre, de Big Five and conceptual implications of these findings are
parmi les auditeurs, ainsi qu’avec le degré d’ex- then discussed.
pertise sectorielle des auditeurs en charge de
la mission. Les implications méthodologiques,
institutionnelles et conceptuelles de ces résul-
tats sont discutées.
Introduction
Dans un environnement où l’information financière doit véhiculer une image fidèle de la firme, mais
aussi être diffusée rapidement, les professionnels de la comptabilité sont, de plus en plus, amenés à
gérer une situation de compromis entre fiabilité et pertinence des états financiers. L’intervention
des auditeurs étant une composante majeure du processus de reddition des comptes, le délai d’audit
– temps écoulé entre la fin de l’exercice financier et la date du rapport d’audit – représente alors un
enjeu important.
Du côté de la fiabilité, le délai d’intervention laissé aux auditeurs doit être raisonnable eu égard
à l’étendue des diligences requises par la mission. Autrement dit, une date de certification éloignée
de la fin de l’exercice constitue un élément de fiabilité des chiffres publiés, pouvant résulter à la
fois d’une plus grande précision des estimations comptables portées au bilan, et de diligences plus
étendues de la part des auditeurs. À ce titre, les normes d’audit visent plutôt à protéger ce volet de
fiabilité de l’information comptable. Le référentiel international prévoit en effet que l’auditeur date
« son rapport sur les états financiers à une date qui n’est pas antérieure à celle à laquelle il a recueilli des
éléments probants suffisants et appropriés pour fonder son opinion, [lesquels] doivent inclure le fait qu’un
jeu complet d’ états financiers de l’entité a été arrêté et que les personnes chargées de l’ établissement des
états financiers ont déclaré qu’elles en prenaient la responsabilité » (norme ISA 700.52). Le référentiel
français abonde dans le même sens : la date du rapport d’audit doit être celle de la fin des travaux de
contrôle qui se situe, compte tenu des contraintes juridiques, entre la date d’arrêté des comptes par le
conseil d’administration et 15 jours avant l’assemblée générale (norme CNCC 2-602). Néanmoins,
les auditeurs étant responsables de l’impact des évènements survenus jusqu’à la date d’expression de
leur opinion, ils ont globalement intérêt à dater leur rapport au plus vite une fois les travaux de véri-
fication achevés ou quasi-achevés.
Du côté de la pertinence, une diffusion trop tardive de l’information financière réduit son utilité
décisionnelle pour les utilisateurs externes. À ce niveau, la rapidité avec laquelle l’opinion d’audit et les
états financiers sont divulgués au public constitue un élément important de l’efficience [semi-forte]
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se trouve assimilée plus rapidement par le marché ; il en résulte une moindre valeur informative des
comptes annuels. Toutefois, le modèle analytique de Gigler et Hemmer (1998) montre que ces der-
niers ont au minimum un rôle confirmatoire des divulgations intérimaires. Les états financiers audités
sont alors un élément important de recadrage des rapports intérimaires, lesquels ne font d’ailleurs pas
l’objet d’une certification. En outre, le cadre réglementaire français se démarque significativement des
obligations américaines de reddition de comptes : les rapports intérimaires ne sont que semestriels.
Les attentes du marché sont donc potentiellement plus fortes au niveau des divulgations annuelles.
Les résultats empiriques de Gajewski et Quéré (2001) vont dans ce sens ; ils montrent que le marché
réagit significativement aux annonces de résultats semestrielles et annuelles, et que la magnitude des
réactions est même souvent plus forte pour les résultats annuels que pour les résultats semestriels.
Sur le plan économique, deuxièmement, le délai d’audit est l’un des substituts observables de
l’efficience des auditeurs. En intégrant les paramètres qui échappent à leur contrôle, tels les facteurs
de complexité et de risque de la mission, la recherche des déterminants du délai d’audit permet d’ap-
précier l’efficience des producteurs du service d’audit. En France, les sociétés astreintes à publier des
états financiers consolidés ont l’obligation légale de les faire certifier par deux cocommissaires aux
comptes distincts (art. L823-20, Code de commerce). Cette disposition offre, là encore, une certaine
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1. Littérature et hypothèses
Les travaux visant à expliquer le délai d’audit – parfois en parallèle du délai d’annonce des résultats –
couvrent principalement les marchés financiers anglo-saxons, à savoir l’Australie (Whittred 1980 ;
Davies et Whittred 1980), la Nouvelle-Zélande (Courtis 1976 ; Gilling 1977 ; Carslaw et Kaplan
1991), les États-unis (Garsombke 1981 ; Givoly et Palmon 1982 ; Ashton et al. 1987 ; Bamber et al.
1993 ; Schwartz et Soo 1996 ; Henderson et Kaplan 2000 ; Knechel et Payne 2001), et le Canada
(Ashton et al. 1989 ; Newton et Ashton 1989). Quelques études portent néanmoins sur des marchés
plus « émergeants », comme Hong-Kong (Ng et Tai 1994 ; Jaggi et Tsui 1999) ou le Zimbabwe
(Owusu-Ansah 2000). Courteau et Zhégal (1999) proposent une comparaison internationale des
déterminants du délai d’audit dans huit pays industrialisés, quatre pays anglo-saxons et quatre
« continentaux » dont la France. Soltani (2002) s’intéresse plus particulièrement aux délais d’audit et
d’approbation des comptes dans les sociétés cotées françaises entre 1986 et 1995. Il observe une dimi-
nution sensible des délais d’audit et de tenue de l’Assemblée Générale Ordinaire sur cette période, et
constate également que ces délais sont statistiquement plus longs quand le rapport d’audit est assorti
de réserves.
Bamber et al. (1993) sont les premiers à proposer un modèle explicatif intégrateur du délai d’audit,
axé sur trois catégories de facteurs : (1) l’effort d’audit requis, (2) les pressions ou motivations à divul-
guer plus ou moins rapidement les résultats financiers, et (3) l’approche structurée ou non utilisée par
l’auditeur en place. Nous adaptons et affinons ce cadre d’analyse à deux niveaux :
• au niveau des facteurs de divulgation des résultats financiers, nous distinguons la demande
externe d’information d’une part, et les motivations managériales associées à la nature, bonne ou
mauvaise, de la nouvelle véhiculée par les résultats financiers d’autre part ;
• au niveau de la production du service d’audit, nous omettons le caractère structuré ou non de
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pour valider correctement les coûts unitaires. Les contrôles de fin d’exercice peuvent alors s’avérer
fastidieux, particulièrement dans les sociétés dont le cycle de production est sophistiqué. Par ailleurs,
la validation des comptes clients impose le déploiement d’un processus de confirmation directe rela-
tivement coûteux en temps. Empiriquement, si le poids des stocks et/ou des créances est reconnu
comme un déterminant des honoraires d’audit facturés, cette variable a été très peu considérée dans
les travaux sur les délais d’audit ou de publication des résultats. Seuls Givoly et Palmon (1982) ont
utilisé le ratio des stocks au total de l’actif, dont ils rapportent un impact positif sur le délai d’audit.
Les normes d’audit françaises étant tout à fait en harmonie avec les normes internationales ou anglo-
saxonnes de validation des stocks et des comptes clients, nous formulons la première hypothèse sui-
vante rattachée à l’effort d’audit.
H1a : Le poids des stocks et des créances clients dans les actifs à valider affecte positive-
ment le délai d’audit, ceteris paribus.
Dans une optique transactionnelle de l’audit, la validation du résultat de l’exercice peut s’avérer
plus ou moins complexe en fonction des estimations comptables qu’il renferme. Les flux de trésorerie
sont relativement peu coûteux à valider car ils traduisent des éléments objectifs que l’auditeur peut
facilement rapprocher avec des documents externes (relevés de banque par exemple). Les régularisa-
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d’audit plus court que les sociétés privées. La dispersion de l’actionnariat devrait donc entraîner une
diffusion plus rapide des états financiers, incitant ainsi les auditeurs à délivrer leur opinion plus tôt3.
Inversement, les firmes dont le capital reste concentré sur des actionnaires importants n’ont pas inté-
rêt à engager des efforts spécifiques pour une publication rapide de l’information financière.
H2a : Plus l’actionnariat est concentré, plus le délai d’audit est long, ceteris paribus.
compétence relative de l’auditeur (Bennecib 2002) et, plus largement, de qualité de l’audit. Une
troisième hypothèse, axée sur l’expertise, vient alors compléter notre modèle pour ce qui est des
caractéristiques des auditeurs.
H4c : L’expertise sectorielle des auditeurs en place permet de réduire le délai d’audit, ceteris
paribus.
2. Échantillon et variables
celle mesurant l’expertise sectorielle des commissaires aux comptes (ExpCac). À l’instar de la plupart
des travaux, l’expertise sectorielle est appréciée à l’aide des parts de marché des auditeurs dans le sec-
teur de la firme auditée. Néanmoins, pour être pertinente, les parts de marché doivent être calculées
à l’échelle la plus large possible, et pas uniquement sur les observations de l’échantillon. Il a donc été
décidé d’utiliser une base de données personnelle de l’auteur qui reprend les parts de marché secto-
rielles des principaux réseaux d’audit – les Big Five et les sept cabinets Majors sur la période d’étude,
voir Piot (2007) –, calculées sur l’ensemble des sociétés cotées fin 1997. Il y a certes un léger décalage
temporel avec la période de l’étude, mais il semble que l’on puisse admettre une telle mesure pour
deux raisons : (1) la relative stabilité des mandats (peu de changements d’une année sur l’autre), et
(2) le fait qu’une fois acquise, la compétence sectorielle est de nature à être capitalisée et maintenue
par les cabinets d’audit. Parmi les variables de contrôle, sont considérés des facteurs circonstanciels
identifiés dans la littérature comme susceptibles d’avoir des répercussions sur le délai d’audit, un fac-
teur spécifique (la cotation aux États-unis), et la taille de la société auditée. Les données comptables
et financières (StockCrea, Accruals, Liquid, OC, Nouv, Perte, Actif ) sont issues de la base de données
DIANE : elles ont fait l’objet d’un contrôle de cohérence, et d’une vérification au cas par cas avec les
rapports annuels. Les autres informations ont été collectées manuellement dans le rapport annuel ou
le document de référence (ComAud, Concent, Big5, NbBig5, ChgtCac, Cloture, Observ, CotUSA).
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ComAud Variable binaire codée 1 si la firme a constitué un comité d’audit au sein de son
(H1d, –) conseil d’administration, et 0 sinon.
Variable
Définition
(Signe attendu)
Big5 (H4a, –) Variable binaire codée 1 si l’un des CAC titulaires est un Big Five, et 0 sinon.
Ou NbBig5 Nombre de Big Five parmi les CAC titulaires.
NbMaj Nombre de Majors nationaux parmi les CAC titulaires :
(H4b, –) Mazars & Guérard, Salustro Reydel, Amyot Exco, Calan Ramolino, Constantin, BDO
Gendrot, et Fidulor sur la période de l’étude.
ExpCac Total des parts de marché des CAC titulaires dans le secteur de la société auditée :
(H4c, –) calculées de manière pondérée sur la base de la racine carrée du total de l’actif
(Simunic, 1980) et sur l’ensemble des sociétés cotées fin 1997 (base personnelle de
l’auteur) a.
Variables de contrôle
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Perte (+) Codée 1 si le résultat consolidé de l’exercice est une perte, et 0 sinon.
CotUSA (–) Codée 1 si les actions de la firme sont inscrites sur une bourse de valeurs américaine
(NYSE, NASDAQ, AMEX/OTC), et 0 sinon.
a. Les 15 secteurs suivants ont été retenus : agro-alimentaire, BTP, biens de consommation, chimie-pharmacie, commu-
nication-médias, négoce, énergie et eau, hautes technologies, conglomérats, industries de base et lourdes, industries de
transformation, transport, logiciels et ingénierie, hôtellerie-restauration, autres services.
observation de notre échantillon fait état d’un double remplacement, M6 Télévision en 2001). Nous
considérons toutefois cet élément factuel à travers la variable de contrôle ChgtCac.
Par ailleurs, l’activité des cabinets d’audit n’est pas constante sur l’année. On distingue générale-
ment une période d’audit très chargée dans les mois qui suivent la date de clôture la plus répandue des
sociétés, et une période intérimaire pendant laquelle les auditeurs ont davantage le temps de diligenter
des travaux sur le contrôle interne. Il se peut que la planification des travaux soit tendue et ponc-
tuellement non efficiente pendant la période d’audit, occasionnant ainsi des délais plus longs pour
le bouclage de la mission. En Australie, les firmes qui clôturent au 30 juin (date la plus répandue)
ont des délais d’audit plus longs (Dyer et McHugh 1975 ; Davies et Whittred 1980 ; Courteau et
Zéghal 1999). Le fait de clôturer en décembre ou en janvier n’a pas d’impact significatif aux États-
unis (Schwartz et Soo 1996 ; Courteau et Zéghal 1999), mais semble entraîner des délais d’audit plus
courts au Canada (Courteau et Zéghal 1999). En France, la très grande majorité des sociétés termine
leur exercice au 31 décembre, occasionnant ainsi une période d’audit particulièrement chargée pour
les cabinets entre janvier et avril. Les sociétés qui optent pour une date de clôture différente pourraient
donc bénéficier d’une plus grande souplesse d’intervention de leurs auditeurs ; cette possibilité est prise
en compte par la variable Cloture. Par ailleurs, plusieurs études empiriques montrent qu’un résultat en
perte constitue un facteur d’allongement du délai d’audit (Ashton et al. 1989 au Canada, Courteau
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Tableau 2
Statistiques descriptives (période 1999-2001)
Anova / année
Test normalité
Écart-type
Moyenne
Médiane
K-S (p)
Max
Min
(p)
N
Actif (M€) 290 11 439 2 541 22 272 29 150 738 0,412 0,000a
a. La probabilité critique du test de normalité Kolmogorov-Smirnov est respectivement de 0,398 et 0,340 après transforma-
tion logarithmique naturelle de Delai et Actif.
Par ailleurs, près des deux tiers (63,2 %) des observations font état de la présence d’un comité
d’audit. La présence d’au moins un Big Five parmi les commissaires aux comptes est constatée dans
84,1 % des cas (les collèges comprennent de zéro à deux Big Five), et celle d’au moins un Major dans
29,7 % des cas (les collèges comprennent de zéro à deux Majors, une observation avec trois Majors
ayant été bornée à deux). Un éventuel effet « triple commissariat » se trouve capté par la variable
NbMaj, dans la mesure où l’échantillon ne compte que six observations de la sorte, dont cinq impli-
quant le réseau français Mazars & Guérard.
Graphe 1
Distribution des délais d’audit
50 1,2
45
1
40
35
0,8
Densité de probabilité
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25 0,6
20
0,4
15
10 0,2
5
0 0
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
1 - 3 1 - 4 1 - 5 1 - 6 1 - 7 1 -8 1 - 9 - 10 - 11 - 12 - 13 - 14 - 15 - 16 - 17
2 3 4 5 6 7 8 91 01 11 21 31 41 51 61
1 1 1 1 1 1 1
Délai d’audit (en jours)
L’histogramme indique la distribution des délais d’audit observés par tranches de 10 jours. La
courbe représente la fonction densité de probabilité du logarithme naturel des délais d’audit, calculée
avec les paramètres de distribution de la variable LnDelai.
3. Résultats empiriques
Tableau 3
Tests de comparaison d’échantillons indépendants
Valeur de Delai (en jours) et tests selon les modalités
Test Student /
0 1
Mann-Whitney
Sont reportés les valeurs moyennes et médianes du délai d’audit (en jours) pour les sous échantillons associés aux modalités.
Le test paramétrique de Student est pratiqué sur l’égalité des moyennes après transformation logarithmique naturelle de
Delai afin de normaliser les distributions (la non homogénéité des variances est corrigée le cas échéant). Le test non paramé-
trique de Mann-Whitney porte sur l’hypothèse nulle d’homogénéité des distributions.
a Comparaison selon le nombre de Big Five :
NbBig5 = 1, délai moyen (médian) = 85,5 (81,5) jours
NbBig5 = 2, délai moyen (médian) = 69,7 (67,0) jours
Différences statistiquement significatives.
*, ** et *** indiquent une probabilité critique bilatérale inférieure aux seuils de 10 %, 5 % et 1 % respectivement.
NS = non significatif.
Il met en évidence des différences significatives à trois niveaux : les firmes qui disposent d’un
comité d’audit, dont l’un des commissaires aux comptes est un Big Five, ou qui sont cotées aux États-
unis ont des délais d’audit plus courts. Les écarts moyens et médians sont relativement importants :
18 jours pour la présence d’un comité d’audit, 26 (médiane 28) jours pour la présence d’un Big Five,
et 19 (médiane 12) jours pour la cotation américaine. Une analyse plus approfondie selon le nombre
de Big Five suggère que plus les firmes s’adjoignent les services de grands cabinets d’audit, plus le délai
d’audit s’en trouve réduit. En effet, le délai d’audit pour un collège de deux Big Five est en moyenne
inférieur au délai constaté en présence d’un seul Big Five (différence d’environ 15 jours, p < 0,001).
La composition du collège des commissaires aux comptes est donc de nature à affecter le délai de
délivrance de l’opinion d’audit, conformément à l’hypothèse des ressources disponibles et, vraisem-
blablement, investies dans la mission.
Le Tableau 4 présente une double matrice des corrélations : de Pearson au-dessus de la diagonale,
et de Spearman au-dessous (en raison de la non normalité de certaines distributions). Ces coefficients
permettent d’apprécier les éventuelles relations entre la variable dépendante LnDelai et les variables
explicatives (cf. première ligne). Outre le cas des variables modales, examiné plus haut, LnDelai
affiche des corrélations de rang significatives et conformes aux anticipations avec le ratio de liquidité
générale (Liquid : –0,18), les opportunités de croissance (OC : 0,29), l’expertise sectorielle des audi-
teurs (ExpCac : –0,43) et la taille de la firme (LnActif : –0,39). Une analyse multivariée permettra
alors d’évaluer la contribution marginale de chaque facteur sur le délai d’audit de la firme.
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Tableau 4
Matrice des corrélations – Corrélations de Pearson (Spearman)
présentées au-dessus (au-dessous) de la diagonale.
OC
Big5
Perte
Nouv
NbBig5
Cloture
LnDelai
CotUSA
Concent
ChgtCac
ComAud
|Accruals|
StockCrea
LnDelai 1,00 0,04 0,06 -0,08 -0,27 0,07 0,22 0,10 -0,31 -0,37 -0,10 -0,42 -0,02 0,02 -0,03 0,09 -0,32 -0,38
StockCrea 0,04 1,00 0,18 -0,10 -0,30 0,23 -0,01 0,01 -0,11 -0,14 0,06 -0,14 0,01 -0,03 -0,09 -0,06 -0,20 -0,24
|Accruals| 0,06 0,09 1,00 0,03 -0,03 0,04 0,19 0,00 0,00 -0,06 -0,03 -0,01 0,13 0,04 0,10 0,04 0,08 -0,15
Liquid -0,18 -0,06 -0,12 1,00 0,01 -0,06 0,11 -0,02 0,02 0,01 -0,21 -0,16 0,14 0,01 -0,04 -0,07 0,02 -0,10
ComAud -0,25 -0,29 0,02 0,04 1,00 -0,21 -0,14 -0,01 0,31 0,32 0,08 0,33 0,00 -0,11 0,09 0,08 0,34 0,47
Concent 0,06 0,24 -0,03 -0,09 -0,20 1,00 0,07 0,01 -0,11 -0,06 0,14 -0,05 0,07 0,09 -0,11 0,00 -0,28 -0,25
OC 0,29 0,02 0,14 0,10 -0,21 0,05 1,00 0,01 -0,10 -0,12 -0,16 -0,19 0,17 -0,10 0,08 -0,04 0,04 -0,48
Charles PIOT
Nouv 0,08 0,15 0,01 -0,07 -0,11 0,14 0,03 1,00 -0,03 0,01 0,01 0,08 -0,02 -0,01 -0,28 -0,02 0,01 0,07
Big5 -0,32 -0,13 -0,04 0,13 0,31 -0,10 -0,19 -0,12 1,00 0,75 -0,20 0,34 -0,02 0,09 0,15 0,03 0,15 0,20
NbBig5 -0,39 -0,14 -0,07 0,12 0,31 -0,05 -0,22 -0,08 0,72 1,00 -0,32 0,44 -0,01 0,03 0,09 0,03 0,18 0,30
NbMaj -0,12 0,06 0,03 -0,19 0,12 0,13 -0,11 0,06 -0,10 -0,28 1,00 0,40 0,08 -0,15 -0,03 0,06 0,15 0,23
ExpCac -0,43 -0,14 0,04 -0,15 0,33 -0,07 -0,26 -0,01 0,39 0,51 0,40 1,00 0,10 -0,18 0,01 0,09 0,26 0,57
ChgtCac -0,03 0,02 0,06 0,08 0,00 0,06 0,09 -0,08 -0,02 0,00 0,10 0,05 1,00 -0,06 0,07 -0,03 -0,01 -0,10
Cloture -0,01 -0,03 0,01 0,03 -0,11 0,08 -0,09 -0,02 0,09 0,02 -0,15 -0,17 -0,06 1,00 0,00 0,03 -0,18 -0,14
Perte -0,01 -0,07 0,15 -0,02 0,09 -0,11 0,02 -0,52 0,15 0,08 -0,01 0,00 0,07 0,00 1,00 0,15 0,12 -0,14
CotUSA -0,26 -0,22 0,06 0,07 0,34 -0,28 -0,01 -0,09 0,15 0,17 0,18 0,27 -0,01 -0,18 0,12 0,01 1,00 0,33
LnActif -0,39 -0,23 -0,07 -0,07 0,48 -0,25 -0,49 -0,04 0,20 0,30 0,24 0,59 -0,08 -0,15 -0,12 0,07 0,33 1,00
Les corrélations statistiquement significatives au seuil conventionnel de 5 % (bilatéral) sont repérées en caractères gras-italiques.
61
14/10/08 13:24:05
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Charles PIOT
62 LES DÉTERMINANTS DU DÉLAI DE SIGNATURE DU RAPPORT D’AUDIT EN FRANCE
Probit (binaire ou ordinal) est estimé à partir des travaux sur les déterminants du choix de l’auditeur.
Deuxièmement, l’aléa de non-sélection (couramment désigné Inverse Mills Ratio, ou Lambda) dérivé
du modèle probabiliste de choix de l’auditeur est ajouté au modèle de base afin de prendre en compte
l’impact des caractéristiques non observées associées au choix de l’auditeur. Les facteurs de correction
Lambda sont calculés à partir des Scores Probit Linéarisés (SPL) en tenant compte du critère de choix
binaire Big Five / non-Big Five (Φ désigne la fonction densité de probabilité cumulée de la loi normale
centrée-réduite) :
• si Big5 = 1, Lambda = ((1 / (2π) 0,5) × (exp(–0,5 × SPL2))) / Φ(SPL) ;
• si Big5 = 0, Lambda = – ((1 / (2π) 0,5) × (exp(–0,5 × SPL2))) / (1 – Φ(SPL)).
Au vu des recherches sur les déterminants du choix de l’auditeur, le modèle de sélection est spécifié
comme suit :
Probit {Big5 ou NbBig5} = β0 + β1.StockCrea + β2.|Accruals| + β3.Liquid + β4.Perte
+ β5.ComAud + β6.CotUSA + β7.Concent + β8.OC + β9.LnActif + β10.Endett
+ β11.ImmoBrute + β12.BdInd + β13.Y1999 + β14.Y2000 + ε
Pour que la procédure de Heckman soit opérationnelle, le modèle de sélection doit inclure au moins
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Tableau 5
Modèle Probit de sélection des auditeurs
Probit {Big5 ou NbBig5} = β0 + β1.StockCrea + β2.|Accruals| + β3.Liquid + β4.Perte
+ β5.ComAud + β6.CotUSA + β7.Concent + β8.OC + β9.LnActif + β10.Endett + β11.
ImmoBrute + β12.BdInd + β13.Y1999 + β14.Y2000 + ε
Modèle binaire : Big5 Modèle à trios niveau : NbBig5
Signe
Variables Coeff. z-stat Coeff. z-stat
attendu
Les variables sont définies au Tableau 1, à l’exception des variables spécifiques au choix de l’auditeur : Endett = dettes finan-
cières / total actif ; ImmoBrute = immobilisations brutes / total actif ; AdmInd = pourcentage d’administrateurs indépendants
au conseil d’administration ou de surveillance.
Y1999 et Y2000 sont deux variables binaires destinées à capter l’effet fixe temporel (benchmark fixé sur l’année 2001).
*, ** et *** désignent une probabilité critique unilatérale si le signe est conforme à la prédiction, bilatérale sinon, inférieure
au seuil de 10 %, 5 % et 1 % respectivement.
a Pour le modèle ordinal, le taux de bons classements est donné selon le critère de la modalité la plus probable.
Tableau 6
Analyse multivariée du délai d’audit
Régressions multiples avec contrôle de la dépendance temporelle des observations relatives à une même firme
(procédure cluster du logiciel STATA, estimateur de White). L’estimation porte sur 99 firmes sur la période 1999-2001.
Hypo-
Variables « Big5 » « NbBig5 » « Big5 » « NbBig5 »
thèse
StockCrea (+) H1a -0,280 (-1,68)* -0,265 (-1,66)* -0,304 (-1,80)* -0,261 (-1,61)
|Accruals| (+) H1b 0,346 (1,68)** 0,297 (1,43)* 0,379 (1,84)** 0,307 (1,46)*
Liquid (–) H1c -0,026 (-1,83)** -0,027 (-1,84)** -0,026 (-1,87)** -0,026 (-1,80)**
ComAud (–) H1d -0,015 (-0,23) -0,008 (-0,12) 0,024 (0,30) -0,008 (-0,12)
Concent (+) H2a -0,101 (-0,89) -0,058 (-0,53) -0,107 (-0,94) -0,061 (-0,56)
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Nouv (?) H3 0,005 (3,85)*** 0,005 (4,22)*** 0,005 (3,71)*** 0,005 (4,16)***
Big5 /
(–) H4a -0,139 (-1,87)** -0,126 (-1,98)** -0,339 (-1,56)* -0,114 (-1,40)*
NbBig5
NbMaj (–) H4b 0,027 (0,45) -0,028 (-0,39) 0,036 (0,58) -0,028 (-0,38)
ExpCac (–) H4c -0,917 (-2,46)*** -0,704 (-1,53)* -0,955 (-2,50)*** -0,698 (-1,52)*
ChgtCac (+) 0,015 (0,24) 0,021 (0,33) 0,010 (0,17) 0,020 (0,32)
Cloture (–) -0,067 (-0,92) -0,072 (-0,99) -0,074 (-1,02) -0,074 (-0,99)
Perte (+) -0,017 (-0,25) -0,017 (-0,25) 0,006 (0,08) -0,015 (-0,22)
Observ (+) 0,101 (2,14)** 0,101 (2,10)** 0,100 (2,05)** 0,101 (2,12)**
CotUSA (–) -0,201 (-2,88)*** -0,190 (-2,64)*** -0,196 (-2,80)*** -0,189 (-2,65)***
LnActif (–) -0,026 (-0,98) -0,024 (-0,92) -0,025 (-0,95) -0,024 (-0,92)
Sont reportés les coefficients de régression et statistiques t entre parenthèses. *, ** et *** désignent une probabilité
critique unilatérale si le signe est conforme à la prédiction, bilatérale sinon, inférieure au seuil de 10 %, 5 % et 1 %
respectivement.
Y1999 et Y2000 sont deux variables binaires destinées à capter l’effet fixe temporel (benchmark fixé sur l’année 2001).
Lambda désigne les Inverse Mills Ratios dérivés du modèle Probit {Big5 ou NbBig5}. Les autres variables sont définies au
Tableau 1.
Deux des hypothèses liées à l’effort d’audit sont, parfois marginalement, corroborées : le poids
des régularisations dans le résultat comptable (H1b) d’une part, le risque de cessation de paiements
(H1c) d’autre part, tous deux positivement associés au délai d’audit. En revanche, la présence d’un
comité d’audit ne paraît pas associée à des délais d’audit plus court. Il se peut que la relation prévue
dans l’hypothèse H1d subisse des effets contraires. Au Royaume-Uni, les travaux empiriques mon-
trent en effet que la présence d’un comité d’audit tend à accroître temporairement l’effort d’audit, tel
qu’apprécié par les honoraires facturés (Collier et Gregory 1996 ; Goddard et Masters 2000). Aux
États-unis, pour l’année 2000, Abbott et al. (2003) constatent une hausse significative des honoraires
quand la firme s’est dotée d’un comité d’audit totalement indépendant et impliqué (au moins quatre
réunions dans l’année). Ils expliquent cela par une pression croissante des régulateurs, avec pour
conséquence des diligences supplémentaires accomplies par les auditeurs externes sur demande du
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non observées du choix de l’auditeur (Lambda) n’affectent pas significativement le délai d’audit. Pour
ce qui est de la présence de réseaux nationaux parmi les commissaires aux comptes (NbMaj), aucun
effet statistiquement significatif n’a pu être relevé dans les différentes régressions. En revanche, le degré
d’expertise sectorielle des auditeurs en fonction (ExpCac) ressort bien comme un facteur de réduc-
tion du délai d’audit, avec toutefois une relation plus faible en présence du nombre de Big Five. Cela
conforte ainsi l’idée que la qualité, et notamment la compétence relative des équipes d’intervention,
constitue un paramètre important pour une production efficiente du service d’audit.
Parmi les variables de contrôle, la cotation aux États-unis a un effet réducteur très significatif
sur le délai d’audit, conformément aux exigences réglementaires spécifiques qui s’imposent dans
ces circonstances. La présence d’une observation dans le rapport est également un élément factuel
d’allongement du délai de vérification. Enfin, des effets fixes temporels significatifs ressortent si l’on
considère l’année 1999, par rapport à l’année de référence (2001). Ces effets sont contre-intuitifs au
vu des travaux antérieurs, qui montrent que les délais d’audit ont tendance à diminuer avec le temps
(Soltani 2002). Mais ils sont cohérents avec des statistiques annuelles sur notre échantillon : le délai
moyen (médian) passe en effet de 82 (76) jours en 1999, à 87 (84) jours en 2000, et à 87 (86) jours
en 2001. Une interprétation possible de cet allongement des délais relève des formalités occasionnées
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3.3.1. MULTICOLINÉARITÉ
La matrice des corrélations suggère quelques interdépendances assez fortes susceptibles d’affecter
l’estimation des coefficients de régression. Elles sont, pour la plupart, associées à la taille de la firme
(LnActif ) 6. Nous avons donc réestimés les modèles en excluant cette variable. Les coefficients ressor-
tent globalement stables de part leur signe et leur signification statistique, à l’exception d’un change-
ment notable : les opportunités de croissance, indicateur inversement relié à la pertinence de l’infor-
mation comptable (OC, H2b), deviennent un paramètre très significatif (p<5 % ou inférieur).
en cause de H1c est ici contre-intuitive si l’on admet l’environnement américain comme plus risqué
pour les auditeurs ;
• l’impact de la variation du résultat par action devient négatif mais non significatif ;
• en termes de capacités d’intervention, seul l’effet réducteur global lié à la présence d’un ou deux
Big Five demeure ; celui du nombre de Big Five perd sa significativité. Le recours à deux cabinets
internationaux n’est donc pas plus efficient, en termes de timing, pour les firmes qui subissent la
pression du marché financier américain.
Conclusion
Cette étude contribue à la littérature sur les déterminants de la qualité de l’information financière,
en examinant plus précisément le délai de certification des états financiers dans les sociétés fran-
çaises cotées. Ce délai d’audit – nombre de jours calendaires entre la clôture de l’exercice et la date
du rapport général des commissaires aux comptes –, constitue en effet une composante majeure du
délai de diffusion de l’information financière annuelle, ainsi qu’un moyen d’observer l’efficience du
processus d’audit. Dans ce contexte, la réalité du terrain impose en général aux producteurs des états
financiers, et aux auditeurs, un arbitrage serré entre pertinence et fiabilité. La pertinence suppose une
certification et une publication rapide de l’information financière ; inversement, la fiabilité requiert
un délai minimal permettant aux auditeurs d’accomplir leurs diligences et d’apprécier prudemment
les estimations comptables faites par la direction.
Au vu de ce cadre conceptuel, quatre familles d’hypothèses sont posées. La première famille
regroupe les facteurs généralement associés à l’effort d’audit requis pour certifier les états finan-
ciers (complexité et risque de la mission). La seconde s’intéresse à la demande externe d’information
financière, à travers le poids des actionnaires non informés (diffusion de la propriété), et la capa-
cité des chiffres comptables à répondre aux attentes des investisseurs (capacité inversement liée aux
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scepticisme des auditeurs et des investigations plus poussées pour corroborer une progression impor-
tante des résultats. Des tests complémentaires appuieraient plutôt la troisième interprétation ;
• enfin, nos modèles confirment que les moyens d’intervention et la compétence des auditeurs
sont susceptibles de réduire significativement le délai d’audit. En l’espèce, la capacité des grands
réseaux internationaux (Big Five) à délivrer l’opinion d’audit plus rapidement est validée. En parti-
culier, dans ce contexte de co-commissariat, nous observons une relation négative entre le nombre
de Big Five composant le collège des auditeurs et le délai d’audit, relation qui perdure après contrôle
du biais de sélection. En outre, l’expertise sectorielle des commissaires permet également de réduire
significativement le délai d’audit, confortant ainsi l’idée qu’une compétence relative différenciée
contribue à l’efficience du service d’audit.
Les résultats de cette étude ont des implications méthodologiques, institutionnelles et concep-
tuelles. Sur le plan méthodologique, tout d’abord, les résultats des études antérieures sont potentiel-
lement biaisés par la non prise en compte de l’endogénéité entre le délai de délivrance de l’opinion
et la fonction de choix de l’auditeur. D’un point de vue institutionnel, ensuite, cette analyse dans le
cadre français du co-commissariat aux comptes montre que la composition du collège des auditeurs
n’est pas neutre en termes de délai de réalisation de la mission. Il existe-là une possibilité pour les
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