UNE MAQUETTE POUR ÉVALUER LES CONSÉQUENCES DE LA MESURE

DE DÉFISCALISATION DES HEURES SUPPLÉMENTAIRES SUR L'EMPLOI

ET LA PRODUCTION

Pierre Lissot

La Documentation française | « Économie & prévision »

2010/4 n° 195-196 | pages 53 à 66

ISSN 0249-4744
DOI 10.3917/ecop.195.0053
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-economie-et-prevision-1-2010-4-page-53.htm
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 Une maquette pour évaluer les conséquences
de la mesure de défiscalisation des heures
supplémentaires sur l’emploi
et la production
Pierre Lissot(*)

La mesure de défiscalisation des heures supplémentaires est l’une des principales dispositions
de la loi pour le Travail, l’Emploi, et le Pouvoir d’Achat (TEPA) votée à l’été 2007. La mesure
prévoit une exonération totale de l’impôt sur le revenu pour les heures supplémentaires
effectuées ainsi que des réductions sur les cotisations salariales. Par ailleurs, les cotisations
patronales sont également allégées. La mesure vise à alléger le coût du travail, à allonger la
durée du travail et à augmenter le revenu des ménages.
Les évaluations ex ante de la mesure ne sont pas univoques, notamment en ce qui concerne
l’emploi. Elles ont été nombreuses avant l’entrée en vigueur de la mesure, réalisées notamment
par le ministère des finances, par un rapport du Conseil d’Analyse Économique d’Artus, Cahuc
et Zylberberg, par l’institut COE-Rexecode ou encore par la banque HSBC.
Pour certains, la mesure conduirait à augmenter l’offre d’emploi en raison d’une hausse de la
rémunération du travail et à accroître la demande d’emploi de la part des entreprises en raison
de la baisse du coût du travail. D’autres soulignent que la mesure aurait pour conséquence de
diminuer la demande d’emploi, les entreprises substituant des heures supplémentaires aux
emplois. Les mécanismes à l’œuvre sont complexes et jouent à la fois sur l’offre et la demande de
travail.
Cet article prend en compte ces mécanismes et tient compte, en outre, du fait que la mesure est
susceptible d’avoir des conséquences différentes sur les hommes et sur les femmes en raison de
leurs caractéristiques différentes vis-à-vis du marché du travail. La littérature montre en effet
que l’élasticité de participation des femmes au marché du travail est sensiblement plus
importante que celle des hommes. L’un des deux membres d’un couple est susceptible
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d’augmenter le nombre d’heures supplémentaires qu’il effectue à la suite de la défiscalisation,
tandis que l’autre, bénéficiant du surplus de revenu, pourrait diminuer son offre de travail. Au
final, l’effet total de la mesure sur l’offre de travail serait alors amoindri. Ce texte prend en
considération les mécanismes de substitution au sein des couples qui composent l’économie,
mécanismes qui n’avaient pas été pris en compte dans les précédentes évaluations de la mesure.
Au total, cet article prend en compte les différents effets sur l’offre et la demande de travail pour
déterminer les conséquences de la mesure sur la production et l’emploi, en particulier sur
l’emploi des femmes, dont on montre qu’elles sont les plus touchées par la mesure.

(*) L’auteur travaillait à l’Insee (Département des comptes nationaux) au moment de l’acceptation de cette étude.
Les vues exprimées ici n’engagent que l’auteur de l’article.
E-mail : pierre.lissot@ensae.org

Je tiens à remercier Stéphane Gauthier pour ses conseils tout au long de la rédaction de cet article ainsi que Thomas Piketty et Pierre
Morin pour leurs remarques sur ce texte, les participants au séminaire organisé par Andrew Clarks et les membres de la direction
RECFIN de la Banque de France. Je remercie également le rapporteur anonyme pour ses remarques, qui ont permis d’améliorer mon
texte. Je reste toutefois seul responsable des erreurs qui pourraient subsister.

Article accepté le 16 février 2010.

Économie et Prévision n°195-196 2010/4-5

53
 Une maquette d’équilibre général de l’économie française est utilisée pour quantifier les effets
de long terme de cette réforme fiscale. L’économie est composée d’un couple représentatif qui
maximise son utilité intertemporelle en fonction de sa consommation et de son loisir, d’une
entreprise qui maximise son profit en fonction des facteurs de production (heures légales,
heures supplémentaires et capital) et de l’État, qui perçoit des taxes. L’incorporation des heures
supplémentaires et la prise en compte des différences entre les hommes et les femmes vis-à-vis
du marché du travail constituent les deux différences notables par rapport à un modèle
d’équilibre général canonique.
Les heures supplémentaires ont été très peu étudiées dans la littérature. La fonction de
production retenue est celle proposée par Hansen et Sargent (1988), qui prend en compte de
manière explicite les heures supplémentaires. Cette fonction de production reproduit les
caractéristiques essentielles (observées ou imposées par la législation) des heures
supplémentaires : faible substituabilité avec l’emploi et salaire horaire des heures
supplémentaires supérieur à celui des heures légales, principalement.
Par ailleurs, la maquette reproduit les hétérogénéités entre les hommes et les femmes vis-à-vis
du marché du travail. Les couples qui composent l’économie sont ainsi modélisés à la manière
de Cho et Rogerson (1988). Hommes et femmes sont supposés avoir des élasticités de
participation différentes. On se fonde sur les travaux de Kimmel et Kniesner (1998) pour
calibrer la maquette. De plus, on tient compte qu’en moyenne le salaire des femmes est inférieur
à celui des hommes. La maquette suppose enfin que le taux de chômage est exogène, ce qui est
une hypothèse raisonnable dans le cadre d’une évaluation de long terme : les salaires s’ajustent
de manière à égaliser l’effet de la mesure sur l’emploi et la participation au marché du travail.
Enfin, l’État perçoit des taxes sur trois assiettes : des taxes sur le travail (heures légales et
heures supplémentaires), une taxe sur la consommation et, enfin, une taxe sur les revenus du
capital. Pour quantifier les effets de la mesure, on modélise un abaissement du taux de taxe sur
les heures supplémentaires décidé par l’État.
La valeur de la désutilité des heures supplémentaires pour les ménages est très incertaine. Elle
conditionne l’ampleur des effets de la réforme fiscale sur l’emploi et la production. Deux
valeurs, respectivement basse et haute, du paramètre correspondant sont envisagées.
À la suite de la réforme, le nombre d’heures supplémentaires effectuées augmenterait en raison
de leur moindre coût et la production serait plus élevée. L’emploi et la participation au marché
du travail seraient en revanche plus bas. Au sein de certains couples, la hausse des heures
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supplémentaires d’un des deux conjoints s’accompagnerait du retrait de l’autre conjoint du
marché du travail. De leur côté, les entreprises substitueraient des heures supplémentaires aux
emplois. Dans le cas où la désutilité des heures supplémentaires est élevée, la baisse de l’emploi
et de la participation au marché du travail serait limitée (-18 000 emplois selon la maquette).
Elle serait plus forte (-105 000 emplois selon la maquette) si la désutilité des heures
supplémentaires est faible.
Les conclusions du modèle sont robustes à des spécifications différentes (si l’on relâche par
exemple l’hypothèse qu’hommes et femmes sont parfaitement substituables du point de vue de
l’entreprise) et ne dépendent pas de façon cruciale des paramètres retenus (en dehors de la
désutilité des heures supplémentaires).

54
 L’une des mesures de la loi pour le Travail, l’Emploi
et le Pouvoir d’Achat (TEPA) votée pendant l’été
2007 est la défiscalisation partielle des heures
supplémentaires. Ce texte cherche à évaluer l’impact
de cette réforme sur l’emploi et la production.
Les évaluations ex ante de la mesure sont
contrastées. La défiscalisation prévue par la mesure
concerne majoritairement le salarié. Selon Lemoine
et alii (2007), le revenu disponible brut des ménages
augmenterait de 0,67%, soit de 6,6 milliards d’euros.
De façon générale, en raison de l’augmentation de
son revenu, un ménage peut soit réduire son offre de
travail pour accroître son temps libre - c’est un effet
de revenu -, soit, à l’inverse, l’augmenter pour
accroître sa consommation - c’est un effet de
substitution. Ces effets ont été chiffrés, avant
l’entrée en vigueur de la loi, par l’institut
COE-Rexecode en mars 2007 : selon cette étude, la
hausse de l’offre serait de 70 000 emplois(1).
La mesure concerne également indirectement
l’entreprise. En effet elle engendre une baisse du
coût des heures supplémentaires qui, à son tour, a une
répercussion sur la demande d’emploi de la part de
l’entreprise. Selon l’étude du COE-Rexecode de
2007, le coût moyen du travail diminuerait grâce à la
mesure, 50 000 emplois seraient alors créés dans le
secteur marchand(2). Un effet contraire est souligné
par Artus, Cahuc et Zylberberg (2007), qui prévoient
« un effet négatif sur l’emploi » puisque cette mesure
« incite les entreprises à substituer des heures de
travail aux hommes ». L’OFCE évalue cet effet et
calcule une diminution de 75 000 emplois.
Ces études négligent les différences importantes des
caractéristiques des hommes et des femmes vis-à-vis
du marché du travail qu’étudient Kimmel et
Kniesner (1998), par exemple. Lorsque hommes et
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femmes vivent en couple, les choix des conjoints
sont en effet coordonnés. Par exemple, l’homme est
susceptible d’allonger sa durée du travail, à la suite
de la mesure, pendant que la femme réduit sa
participation au marché du travail (3) . Par ce
mécanisme, l’effet de la mesure sera différent sur
l’emploi masculin et féminin.
Les mécanismes à l’œuvre sont donc multiples et
complexes. La modification des comportements de
l’entreprise et du ménage ainsi que leurs interactions
doivent être pris en compte. La modélisation en
équilibre général développée dans ce texte est
adaptée à l’étude des conséquences d’une telle
mesure fiscale.
Le modèle s’appuie sur les travaux de Hansen et
Sargent (1988), qui proposent une modélisation des
heures supplémentaires, et sur ceux de Cho et
Rogerson (1988), qui développent la prise en compte
des couples dans les modèles d’équilibre général.
Les ordres de grandeur que le modèle prédit
dépendent de manière cruciale d’un paramètre qui
est mal connu. On étudie deux scénarios extrêmes
pour ce paramètre.
Dans le scénario 1, où la valeur de ce paramètre
implique que le nombre d’heures supplémentaires
n’augmente que légèrement à la suite de la mesure, le
modèle prévoit une augmentation de la production et
de la consommation de long terme de 0,32%.
Environ 18 000 emplois équivalent temps plein sont
détruits, dont 60% sont des emplois féminins.
Dans le scénario 2, où la valeur de ce paramètre
implique que le nombre d’heures supplémentaires
augmente de façon importante, ces heures sont
multipliées par plus de deux, environ 105 000
emplois équivalent temps plein sont détruits et la
production de long terme augmente de 1,89%.
La première partie expose le contexte de la réforme.
La deuxième partie présente le modèle. Les deux
parties suivantes précisent le calibrage retenu et
détaillent les résultats des simulations numériques.
La dernière partie discute la sensibilité des résultats à
certaines hypothèses.
Dispositions de la mesure et contexte
économique et sociétal
La mesure de défiscalisation des heures
supplémentaires
Dans un contexte national de faible offre de travail et
de fort taux de prélèvement, la loi TEPA prévoit une
taxation moindre des heures supplémentaires.
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La législation française permet, pour certains
salariés seulement, de réaliser des heures
supplémentaires dans la limite du contingent
réglementaire, qui est de 220 heures par an. Toute
heure travaillée au-delà de la durée légale(4) du
travail est considérée comme une heure
supplémentaire. La majoration salariale est en
principe prévue par la loi mais elle peut être modifiée
par voie d’accord. Il existe toutefois un plancher
légal : le salaire horaire des heures supplémentaires
ne peut être inférieur à 1,1 fois celui des heures
normales. En outre, le régime de taxation des heures
supplémentaires était identique à celui des heures
normales avant la réforme.
Ulrich (2005, 2006) présente les principaux faits
concernant les heures supplémentaires. Les heures
supplémentaires sont réparties de façon inégale
parmi les agents de l’économie. Une large part des
salariés n’en n’effectuent pas. En 2004, 32% des
salariés des entreprises faisaient des heures
supplémentaires. Les salariés qui faisaient des
55
 heures supplémentaires donnant lieu à majoration
salariale en effectuaient 55 heures par an en
moyenne. Dans le secteur de l’industrie, les salariés
qui faisaient des heures supplémentaires en
effectuaient en moyenne 48 heures par an ; dans la
construction, ce nombre s’élevait à 76 heures ; dans
le tertiaire, il était de 55 heures par an. Deux types
d’heures supplémentaires sont distinguées : les
heures supplémentaires structurelles, c’est-à-dire
e ff e c t u é e s r é g u l i è r e m e n t , e t l e s h e u r e s
supplémentaires conjoncturelles, qui sont effectuées
pour faire face à un pic d’activité.
L’allégement fiscal vise plusieurs prélèvements
obligatoires. Les salaires perçus au titre du temps de
travail supplémentaire (heures supplémentaires,
heures complémentaires des salariés à temps partiel,
heures choisies, ...) sont totalement exonérés
d’impôt sur le revenu. Au titre de ces heures, les
salariés bénéficient, en outre, d’une réduction de
cotisations salariales. La défiscalisation des heures
supplémentaires provoque une baisse des revenus
pour le financement de la protection sociale, cette
baisse étant compensée par l’État.
L’employeur bénéficie lui aussi d’une exonération :
il bénéficie d’une déduction forfaitaire sur les
cotisations patronales au titre des seules heures
supplémentaires effectuées (mais non des heures
complémentaires), de 1,5 euro par heure
supplémentaire pour les petites entreprises et de 0,5
euro pour les entreprises de plus de 20 salariés. En
outre la neutralisation de la majoration des heures
supplémentaires dans l’allégement Fillon est
estimée à 1 milliard d’euros. Le coût estimé de la
défiscalisation des heures supplémentaires était de
6 milliards d’euros selon le Ministère de l’Économie
et des Finances (source : rapport n°62 du 5 juillet
2007 de la Commission des finances de l’Assemblée
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Nationale). La réduction nette pour les ménages est
de 4,5 milliards. Elle est de 1,5 milliard pour les
entreprises.
Des effets différenciés sur les sexes sont à attendre
L’objectif de la maquette utilisée dans cet article est
de quantifier les différences de la mesure fiscale sur
les deux sexes, qui présentent des caractéristiques
différentes. L’économie est majoritairement
composée de couples. Environ 75% des hommes et
des femmes de 20 à 65 ans, soit la population en âge
de travailler, vivent en couple d’après l’Enquête
Emploi de 1995.
56
L’offre de travail des femmes peut s’ajuster à
l’augmentation des heures travaillées par leur conjoint
L’élasticité du temps de travail par rapport au salaire
est faible. En effet, une étude de Kimmel et Kniesner
(1998) calcule l’élasticité du nombre d’heures
travaillées par rapport au salaire sur données
américaines. Elle est de 0,39 pour les hommes et de
0,66 pour les femmes. La défiscalisation va, pour
c e t t e r a i s o n , a u g m e n t e r l ’ o ff r e d ’ h e u r e s
supplémentaires.
Parallèlement, selon la même étude, les élasticités de
participation par rapport au salaire sont, pour les
hommes et les femmes, respectivement de 0,86 et de
2,39. Ces élasticités sont de 1,08 et 1,85 pour les
hommes et femmes mariés. L’élasticité de
participation des femmes est importante. Un effet de
revenu important est donc envisageable pour cette
catégorie de la population.
On peut s’attendre à ce que le couple harmonise son
offre de travail, l’homme augmentant la quantité
d’heures supplémentaires qu’il effectue, ce qui
accroît le revenu du couple, pendant que la femme
réduit sa participation(5). L’augmentation du revenu
du couple entraînée par la défiscalisation des heures
supplémentaires ainsi que l’accroissement de la
production sont alors affaiblis.
Ces mécanismes sont à l’œuvre pour les salariés dans
le secteur marchand mais également pour ceux dans
le secteur non marchand. Un couple dans lequel l’un
des conjoints serait dans le secteur marchand et
l’autre dans le secteur non marchand peut ajuster son
offre de travail de façon équivalente à un couple dont
les deux conjoints sont dans le secteur marchand.
Les raisons de l’offre de travail plus faible de la part des
femmes
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L’offre de travail de la part des femmes est
sensiblement plus faible que celle des hommes. Le
taux d’activité des femmes de 15 à 59 ans est de
76,5%, même s’il est en augmentation constante
depuis une vingtaine d’années. Celui des hommes de
la même tranche d’âges est de 89,9% ; il reste stable
sur la même période. Si l’on considère les femmes
qui ne vivent pas en couple, l’écart de taux d’activité
sur la même tranche d’âges est plus faible : 79,5%
pour les femmes contre 82,8% pour les hommes.
L’écart très important de taux d’activité s’explique,
entre autres, par le fait que les femmes sont en
couple. Le taux d’activité féminin n’est alors que de
75,7% contre 91,4% pour les hommes vivant en
couple (source : Insee).
 L’augmentation du travail féminin se fait notamment
au travers du temps partiel. Sur la population des
25-59 ans, le taux de temps partiel féminin était de
15% en 1975 ; il était de 30% en 2002. Parallèlement
celui des hommes est passé de 4% à 8%. Le temps
partiel représentait en 2006, 17% de l’emploi. Il était
inégalement réparti entre hommes et femmes, 30,3%
des emplois des femmes étaient des emplois à temps
partiel contre seulement 5,8% pour les hommes
(source : Insee). La Dares estime la durée moyenne
collective du travail pour les salariés à temps
complet à 38,9 heures. Cette durée est de 23 heures
pour les salariés à temps partiel. Diverses études
mettent en avant une plus grande désutilité,
proportionnellement à la durée travaillée, des
emplois à temps partiel par rapport aux emplois à
plein temps. Les raisons sont multiples : par
exemple, les emplois à temps partiel sont souvent des
emplois avec des horaires difficiles, ou bien les coûts
(de transport par exemple) engendrés par un emploi
ne sont pas proportionnels à la durée de l’emploi, ou
encore certaines aides ne peuvent plus être perçues
avec la prise d’un emploi.
Il existe plusieurs raisons au taux d’activité
relativement faible des femmes (Laroque et Salanié,
2003). La désutilité au travail est plus grande pour les
femmes que pour les hommes. Elle s’explique par
des facteurs sociétaux – traditionnellement la femme
ne participe pas au marché du travail – et des facteurs
plus institutionnels, qui sont les diverses aides
accordées par l’État (prestations pour enfants,
abattements fiscaux, congés parentaux...) dont
certaines peuvent être éventuellement perdues si un
emploi est repris. Il existe par ailleurs un coût
financier et un coût en termes d’utilité à ce que les
deux conjoints travaillent en même temps : les
enfants doivent être gardés et les tâches ménagères
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effectuées en partie par des aides extérieures. Les
études montrent que plus le nombre d’enfants est
élevé, plus l’élasticité de la participation féminine
est élevée : cela confirme l’argument de production
domestique. Le traitement fiscal du second salaire
peut également pousser le couple à décider que la
femme ne participe pas au marché du travail.
Le plus faible salaire des femmes est également une
raison à cette moindre activité. Le salaire annuel
moyen des femmes représente 81% de celui des
hommes. Une étude de Meurs et Ponthieux (2007)
explique les différences de salaire entre hommes et
femmes par des raisons de structure : les femmes
travailleraient moins longtemps et dans des secteurs
où les salaires sont inférieurs. Les différences de
rendement n’expliqueraient, en fait, qu’une faible
part de l’écart salarial.
Le faible taux d’activité des femmes se concentre sur
celles qui vivent en couple, qui ont fait peu d’études
et qui ont beaucoup d’enfants.
Construction du modèle d’équilibre
général
Le modèle d’équilibre général utilisé dans cet article
présente plusieurs spécificités. D’une part,
l’économie est composée d’une infinité de couples
identiques de mesure 1. D’autre part les agents ont la
possibilité d’effectuer des heures supplémentaires
pour augmenter leur revenu. Les heures
supplémentaires ont été très peu étudiées dans la
littérature sur les modèles d’équilibre général.
Hansen et Sargent (1988), Osuna et Rios-Rull (2003)
et Matheron (2010) incorporent toutefois de manière
explicite les heures supplémentaires.
Trois agents composent l’économie : les ménages,
les entreprises et l’État. Les ménages détiennent du
capital, qu’ils louent aux entreprises. Ils offrent du
travail sous forme d’heures légales et d’heures
supplémentaires. L’entreprise produit un bien final
unique, que l’État et le ménage consomment. L’État
taxe trois facteurs : la consommation, le travail et les
revenus du capital. Dans le modèle, les taux
d’imposition ne varient pas dans le temps : ils sont
exogènes.
Le problème du couple
La fonction d’utilité du couple
La fonction d’utilité du ménage s’inspire de celle
proposée par Cho et Rogerson (1988). Hommes et
femmes vivent au sein d’un couple, ils choisissent
leur consommation ainsi que leur quantité de travail
pour maximiser l’utilité du couple.
Soit h1 la durée hebdomadaire légale du travail(6), h 2
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le contingent d’heures supplémentaires par semaine.
h1 et h 2 sont des paramètres. Soit n1Ht le nombre de
semaines dans l’année t où l’homme travaille au
moins h1 heures. Soit n1Ft le nombre de semaines où la
femme travaille au moins h1 heures. Soit n 2Ht le
nombre de semaines parmi n1Ht pendant lesquelles
l’homme travaille h1 + h 2 heures. Soit n 2Ft le nombre
de semaines parmi n1Ft pendant lesquelles la femme
travaille h1 + h 2 heures. Par construction, n 2i t est
inférieur à n1i t .
Ainsi, pour i ⊂ {H , F }, h 2 n 2i t est le nombre d’heures
supplémentaires annuelles et h1 n1i t le nombre
d’heures légales annuelles effectuées par un salarié
de sexe i. h1 n1i t + h 2 n 2i t est donc la durée totale
travaillée pendant l’année par ce salarié.
57
 Les n ijt ( i ⊂ {H , F }, j ⊂ {1,2}) sont des variables travail de l’un des membres du couple ne dépend pas
continues, elles sont chacune normalisées à 1. n i de l’offre de travail de l’autre membre. Toutefois
1t deux mécanismes jouant en sens contraires peuvent
renvoie à l’emploi, alors que n 2i t exprime le nombre exister, qui se traduiraient par des termes croisés
d’heures supplémentaires effectuées. dans la fonction d’utilité du couple.

On fait l’hypothèse que les deux conjoints se
répartissent de façon égale la consommation au sein
du couple. Soit c t la consommation de chaque
membre du couple l’année t. On a c t = c tH = c tF . Soit
V i ( i ⊂ {F , H }) la désutilité au travail. L’utilité du
conjoint de sexe i s’exprime comme suit :
u ti = log ( c ti ) − V i ( n1i t , n 2i t )
η1i
( )
1 + κ 1i
V i ( n1i t , n 2i t ) = n1i t
D’une part, l’augmentation du nombre d’heures
supplémentaires d’un membre du couple peut inciter
l’autre à augmenter également son offre de travail :
cela revient à dire que le temps libre passé en couple
est plus apprécié que le temps libre passé seul. À
l’équilibre cela augmenterait l’offre d’heures
supplémentaires et l’offre d’emploi, d’où un effet
ambigu sur l’emploi, l’entreprise substituant des
heures supplémentaires à des emplois. Les effets
semblent néanmoins relativement faibles en regard
ηi2
(n )
1 + κ i2 de la baisse du coût du travail occasionné par la
+ i

1 + κ1i 1 + κ i2
2t mesure.

D’autre part, si l’un des conjoints effectue plus de

κ1H , κ1F , κ 2H , κ 2F , η1H , η1F , ηH2 e t ηF2 sont les production domestique (garde des enfants,
paramètres de désutilité du travail(7). cuisine...), l’autre peut être amené à travailler plus à
l’extérieur. Cela augmenterait encore plus, à
Remarque 1 l’équilibre, le retrait des femmes du marché du
travail, puisque la littérature établit qu’elles
On aurait pu envisager une désutilité au travail qui prennent davantage en charge le travail domestique
tienne compte du nombre d’heures travaillées et qui que les hommes.
s’écrive :
La fonction d’utilité capture, sans les distinguer,
η1i 1 + κ 1i l’ensemble des déterminants de l’offre de travail.
V (n , n ) =
i i i
( h1 n ) i
1t 2t
1 + κ1i
1t Les coûts économisés par le fait de ne pas travailler à
l’extérieur, autrement dit, la production domestique
(garde d’enfants par exemple, cuisine...) et les coûts
ηi2
[( h1 + h 2 ) n 2i t ]1 + κ 2
i
+ occasionnés par le fait d’aller travailler (coût de
1 + κ i2 transport...), sont pris en compte dans la fonction
d’utilité, de même que le système institutionnel
Puisque h1 et h 2 sont des paramètres, cette fonction d’aides. La préférence pour le loisir est également
peut se réécrire : traduite par la fonction de désutilité.
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η1' i η2' i Le non-emploi, dans le modèle, résulte d’un choix de
( ) ( )
1 + κ 1i 1 + κ i2
V i ( n1i t , n 2i t ) = n1i t + n 2i t la part du ménage.
1 + κ1i 1 + κ 2i
La contrainte budgétaire du couple
1 + κ 1i 1 + κ 1i
où η = η h
'i
1
i
1
et η = η ( h1 + h 2 )
1
'i
2
. Ainsi, i
2 La contrainte budgétaire du couple diffère de la
cette désutilité au travail alternative est équivalente à contrainte budgétaire canonique de ce type de
celle retenue : h1 et h 2 sont implicitement dans les modèle. Elle s’inspire de celle proposée par Cho et
valeurs des ηijt ( i ⊂ {H , F }, j ⊂ {1,2}) . Rogerson (1988) et Prasad (1996).

Hommes et femmes sont taxés de manière

On fait l’hypothèse que l’utilité du couple s’écrit équivalente sur le travail. Soit w1Ht le salaire horaire,
u t = u tH + u tF . La fonction d’utilité
imposé au taux proportionnel τ 1 de la durée légale du
intertemporelle agrégée est : travail pour l’homme (8). Soit w 2Ht le salaire horaire,
imposé au taux proportionnel τ 2 , des heures
∑
∞
(1) U = t =1
β t ( u tH + u tF )
supplémentaires que l’homme effectue. Soit w1Ft le
où β est un paramètre représentatif du degré de salaire horaire, imposé au taux τ 1 de la durée légale
préférence pour le présent (0< β < 1). du travail pour la femme. Soit w 2Ft le salaire horaire,
imposé au taux τ 2 des heures supplémentaires que la
Remarque 2 femme effectue. Bien que, légalement, il existe une
relation de proportionnalité entre w1i t et w 2i t , on fait
Les utilités des membres du couple sont additives l’hypothèse, comme cela a été expliqué plus haut,
dans le modèle . En d’autres termes, la désutilité au

58
 qu’en vertu des accords collectifs ou des accords de Les paramètres κ1H et κ1F sont déterminants pour
niveau inférieur possibles, w 2i t n’est pas indexé à w1i t connaître l’évolution de l’offre d’emploi des
(9)
. hommes et des femmes à la suite de la mesure. La
fonction d’utilité utilisée permet de déterminer une
k t représente le capital détenu par le couple. Soit rt le relation entre ces paramètres en fonction des
taux d’intérêt perçu par les ménages et δ le taux de élasticités de participation par rapport au salaire. La
dépréciation du capital. Soit τ k le taux d’imposition proposition ci-dessous explicite cette relation.
sur les revenus du capital. La taxe sur les revenus du
capital a pour assiette ( rt −δ ) k t . Le revenu Proposition 1. Si, ∀t w Fjt = λw Hjt ( j ⊂ {1,2}), le
instantané que procure la détention de capital est
κ1F
donc : ( rt − δ )(1 − τ k ) k t . d t est la dette de l’État rapport est égal au rapport des élasticités de
détenue par le couple. Soit rtg le taux d’intérêt perçu κ1H
par les ménages sur cet actif. l’offre de travail par rapport au salaire de l’homme et
de la femme.
τ c représente le taux de taxation de la consommation.
Enfin, soit T un transfert net forfaitaire de l’État vers Preuve :
le ménage. Il peut être positif ou négatif. Le bien
final est considéré, sans perte de généralité, comme Supposons que ∀t w1Ft = λw1Ht . Le rapport des
numéraire.
relations du premier ordre est :
La contrainte budgétaire du ménage relative à
( ) ( )
κ 1H κ 1F
l’année t est : η1H n1Ht η1F n1Ft
H
=
2 (1 + τ c ) c t + k t +1 − k t + d t +1 − d t = h1 n1Ht w1Ht (1 − τ 1 ) w1t
w1Ft

+ h 2 n 2Ht w 2Ht (1 − τ 2 ) + h1 n1Ft w1Ft (1 − τ 1 ) Il en découle :

⎛ wH ∂n1Ht ⎞ ⎛ w1Ft ∂n1Ft ⎞ κ1F

+ h 2 n 2Ft w 2Ft (1 − τ 2 ) + rtg d t + ( rt − δ )(1 − τ k ) k t + Tt (3) ⎜ 1Ht ⎟/⎜ ⎟=
⎜ n ∂w1Ht ⎟⎠ ⎜⎝ n1Ft ∂w1Ft ⎟ κH
⎝ 1t ⎠ 1
Conditions du premier ordre du couple
Le ménage représentatif prend les De la même manière si w 2Ft =λw 2Ht :
w ijt ( i ⊂ {H , F }, j ⊂ {1,2}) et rt comme donnés. Le
couple choisit {n1Ht , n 2Ht , n1Ft , n 2Ft , c t , k t }∞t = 1 , sous la ⎛ w 2Ht ∂n 2Ht ⎞ ⎛ w F ∂n 2Ft ⎞ κ F2
⎜ ⎟ / ⎜ 2Ft ⎟=
⎜ n H ∂w H ⎟ ⎜ n ∂w F ⎟ κH
suite de contraintes budgétaires qui maximise (1). ⎝ 2t 2t ⎠ ⎝ 2t 2t ⎠ 2

( Λ t ) t =1 → ∞ est la série de multiplicateurs de Lagrange Le problème de l’entreprise

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associée à la maximisation de l’utilité
intertemporelle. Les conditions du premier ordre La fonction de production de l’entreprise
sont explicitées ci-dessous. L’entreprise utilise cinq facteurs pour produire le
bien final : le travail en heures légales des hommes
De la maximisation par rapport à c t découle N 1Ht , le travail en heures légales des femmes N 1Ft , le
l’équation du premier ordre :
travail en heures supplémentaires des hommes N 2Ht ,
1 le travail en heures supplémentaires des femmes N 2Ft
= Λ t (1 + τ c )
ct et le capital K t . Il n’existe pas de croissance de long
terme dans le modèle.
De la maximisation par rapport à k t découle
l’équation du premier ordre : Emplois féminins et emplois masculins sont
totalement substituables entre eux (voir la
Λ t = βΛ t +1 [1 + ( rt +1 − δ )(1 − τ k )] proposition 3). Capital et emploi sont substituables
comme cela est largement reconnu dans la littérature.
De la maximisation par rapport aux Heures supplémentaires et emplois sont également
n ijt ( i ⊂ {H , F }, j ⊂ {1,2}) découlent les équations du considérés comme faiblement substituables, comme
cela est traditionnellement accepté (cf. infra).
premier ordre :
κ ij On utilise une fonction de production, de type Cobb
(2) ηij ( n ijt ) = Λ t h j w ijt (1 − τ j ) Douglas, identique à celle utilisée par Hansen et
Sargent (1988). Les employés utilisent une nouvelle
fois les équipements de l’entreprise quand ils font
des heures supplémentaires. En outre, les salariés ne

59
 perdent pas en productivité lorsqu’ils travaillent plus
longtemps.
La fonction de production de Hansen et Sargent
permet de rendre compte des caractéristiques
essentielles des heures supplémentaires (faible
substituabilité avec la durée légale du travail, ratio
salaire horaire des heures légales / salaire horaire des
heures supplémentaires conforme aux dispositions
réglementaires). Il convient toutefois de noter que
cette fonction de production connaît certaines
limites, notamment sur le fait que la productivité
m a rg i n a l e d e s h e u r e s s u p p l é m e n t a i r e s e s t
indépendante du nombre de semaines travaillées en
heures légales. Un travail ultérieur pourrait
considérer une fonction de production alternative.
La fonction de production est :
Yt = F(K t , N H
1t
F
,N ,N
1t
H
2t
F
,N )
2t
= K tα ( h1 L11−t α + h 2 L12−t α )
L1 t est le nombre de semaines travaillées(10) pendant
h1 heures dans l’économie (h1 est un paramètre, c’est
la durée légale du travail). L2 t est le nombre de
semaines travaillées pendant h1 + h 2 heures dans
l’économie (h 2 est également un paramètre, c’est le
contingent légal d’heures supplémentaires). L1 t et
L2 t sont les demandes de semaines travaillées. λ est
un paramètre introduit pour rendre compte du salaire
moindre des femmes. On fait l’hypothèse, à l’instar
de Cho et Rogerson (1988), que l’on a :
L1 t = N 1Ht +λN 1Ft
L2 t = N 2Ht +λN 2Ft
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ce qui revient à modéliser les différences salariales
entre hommes et femmes comme un écart de
productivité entre les deux populations (cf.
proposition 3).
Proposition 2. Soit σ L1t , L2 t l’élasticité de
substitution entre L1 t et L2 t , alors, sous la condition
1
que N 1i t > N 2i t ( i ⊂ {H , F }), σ L1t , L2 t = .
α maquette.
Les deux facteurs L1 et L2 sont ainsi assez peu
substituables, conformément à ce qui est
couramment admis concernant les heures
supplémentaires.
Conditions du premier ordre de l’entreprise
Les facteurs sont rémunérés à leur productivité
marginale. L’entreprise maximise son profit Π t :
π t = Y t − w1 t h1 L1 t − w 2 t h 2 L2 t − rt K t
60
où w1 t et w 2 t sont les rémunérations des facteurs L1 t
et L2 t .
Il en découle les équations du premier ordre
suivantes :
∀ j ⊂ {1,2}, K tα (1 − α ) L−jtα = w jt
αY t = rt K t
α est ainsi la part du capital dans la production.
L’entreprise est en concurrence pure et parfaite et les
coûts d’entrée sont nuls. Ces conditions assurent que
le profit de l’entreprise est nul.
L’État
L’État finance ses dépenses G t en prélevant des taxes
sur la consommation, le travail et les revenus du
capital. Tt représente les transferts forfaitaires nets
de l’État vers le ménage. Le niveau de dépenses
publiques par rapport au PIB ne varie pas au cours du
temps. Dans le modèle, une augmentation des
dépenses publiques a un effet négatif sur la
production et la consommation.
Gt
∀t , =G
Yt
Les recettes de l’État s’écrivent :
(4) R t = τ c C t + N 1Ht h1 w1Ht τ 1 + N 2Ht h 2 w 2Ht τ 2
+ N 1Ft h1 w1Ft τ 1 + N 2Ft h 2 w 2Ft τ 2 + ( rt − δ ) τ k K t
où C t est la consommation agrégée sur l’ensemble de
l’économie.
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Le niveau des taxes {τ c ,τ k ,τ 1 ,τ 2 } est fixé dans le
temps, il n’existe pas de règle de politique fiscale.
Les taxes n’ont donc aucune contrepartie positive
pour l’économie que ce soit en termes
d’investissement public, de politique
redistributive... Elles ont un effet sur les prix relatifs
des biens qui écarte l’économie de l’optimum. Les
taxes sont donc uniquement distorsives dans la
Pour équilibrer ses dépenses et recettes (nets des
transferts Tt ), l’État a recours à de la dette. La
dynamique de la dette s’écrit, d’après (4) :
(5) d t +1 = (1 + rtg ) d t + Tt + G t − R t
Alors qu’une baisse, même temporaire, d’un des
taux de taxe {τ c ,τ k ,τ 1 ,τ 2 } a un effet positif sur
l’économie, une baisse temporaire de Tt n’a aucun
effet. L’État vérifie la condition de No Ponzi Game
 (NPG) (via Tt , qui s’ajuste) : en d’autres termes, la substitution technique etσ l’élasticité de substitution
valeur actualisée de la dette en t = 1 est nulle. entre l’emploi des hommes et des femmes.

L’équilibre ∂Y t ∂Y t 1
TMST N H , N 1Ft
= / =
L’équation qui traduit la contrainte d’investissement
1t
∂N H
1t
∂N F
1t
λ
est :
d ln ( N 1Ht / N 1Ft )
K t +1 = I t + (1 − δ ) K t σ N H, N 1Ft
= =∞
1t
d ln ( TMST N H , N 1Ft
)
1t

où I t désigne l’investissement de l’entreprise à

l’année t. où ln représente le logarithme népérien.
Le bien produit peut être consommé par le ménage, Les deux facteurs sont parfaitement substituables. À
consommé par l’État ou investi : l’équilibre leurs salaires sont proportionnels.
(6) Y t = C t + G t + I t w1Ft = λw1Ht
On a noté en lettres capitales les valeurs agrégées sur
l’ensemble de l’économie et en lettres minuscules les De la même manière on montre que :
valeurs individuelles. On a considéré que
l’économie était composée d’une infinité de couples w 2Ft = λw 2Ht
identiques de mesure 1, répartis sur l’ensemble A. Il
en résulte donc les relations suivantes : Proposition 4. L’équilibre sur le marché des titres
assure que : rtg = ( rt − δ ) (1 − τ k ).
∀i ⊂ {H , F }, j ⊂ {1,2} :

N ijt = ∫ n ijt dn ijt = n ijt

A
Données de calibrage
K t = ∫ k t dk t = k t
A

Champ considéré
Ct = ∫A
2c t dc t = 2c t
Pour calibrer les paramètres du modèle, on suppose
que le taux d’activité, le fait de vivre en couple et le
L’économie considérée est walrassienne. D’après chômage concernent également toutes les catégories
l’identité de Walras, les équations (5) et (6) de population exclues et retenues (secteur public,
impliquent l’équation qui traduit la contrainte ménage non en couple, non salarié...).
budgétaire du couple à l’année t.
Soit P = P H + P F , avec P H = P F , la population
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Il n’existe pas de rigidités dans le modèle, ni
r é e l l e s , n i n o m i n a l e s . L e s d i ff é r e n t s p r i x
{rtg , rt , w1Ht , w1Ft , w 2Ht , w 2Ft } s’ajustent de manière à
ce que les différents marchés soient à l’équilibre.
Ainsi le salaire des heures supplémentaires équilibre
l’offre et la demande de ces dernières, de même que
les salaires w1i t équilibrent l’offre et la demande
d’emploi n1i t .
Un équilibre est une suite :
{rtg , rt , w1Ht , w1Ft , w 2Ht , w 2Ft , K t , Y t , I t ,
n1Ht , n1Ft , n 2Ht , n 2Ft , L1 t , L2 t , c t , Λ t }t∞= 1
qui vérifie, pour tout t, les équations précédentes.
Proposition 3. À l’équilibre, w Fjt = λw Hjt ( j ⊂ {1,2}.
Les facteurs sont rémunérés à leur productivité
marginale. Soit TMST, le taux marginal de
concernée par le modèle. On utilise les données des
comptes annuels de l’Insee de 2006. On retient les
branches marchandes, dans lesquelles les deux
conjoints sont supposés travailler, et une partie de la
branche des administrations publiques : les emplois
de cette branche qui ne sont pas des emplois publics.
Le nombre de salariés de ce champ est de 17,765
millions. On retient la proportion de 75% pour les
salariés qui vivent en couple : ainsi seule une fraction
de l’économie est représentée par le modèle. Le taux
d’activité, en 2005 selon l’Insee, sur la tranche
d’âges 15-59 ans est de 91,4% pour les hommes qui
vivent en couple. Pour les femmes qui vivent en
couple, le taux d’activité est de 75,7%. Le taux de
chômage en 2005 était de 9% pour les hommes et de
10,8% pour les femmes. On en déduit que
P H = P F = 8,84 millions.
La valeur ajoutée des branches marchandes était, au
prix courant, selon l’Insee, en 2006, de 1249,8
milliards d’euros. On considère que la valeur ajoutée
de la branche des administrations publiques hors

61
 emploi public est de 101,3 milliards d’euros. La
valeur ajoutée de l’économie est de 1013 milliards
d’euros.
Paramètres du modèle
Paramètres usuels
On retient les calibrages habituels concernant
certaines variables, pour s’assurer que les grands
ratios et valeurs fondamentales de l’économie sont
respectés. On choisit β = 0,99. On retient la valeur de
0,3 pour α de sorte que 70% de la valeur ajoutée sont
distribués en salaire et 30% sont distribués en
intérêts. On prend δ = 0,025 (qui est un taux usuel
pour la dépréciation du capital). G = 0,3. On choisit
λ = 0,81 pour que le salaire des femmes représente
81% de celui des hommes.
En vue de la modélisation, les taux de taxation
effectifs doivent être déterminés. Les taux que l’on
utilise proviennent de sources différentes. Pour la
taxation de la consommation on retient le taux
moyen de TVA utilisé par le Conseil pour
l’Orientation de l’Emploi, c’est-à-dire τ c = 0,112.
Pour la taxation sur le capital, on s’appuie sur les
travaux de Mendoza (1994), qui calcule une taxe
moyenne sur les revenus du capital, en 1992, en
France, de 24%.
Pour la taxation proportionnelle du travail (τ 1 ) on
retient le taux de taxation sur le coût de la
main-d’œuvre calculé par l’OCDE, soit 50,1% en
France, en 2005. L’impôt sur le revenu représente
10,8% des coûts de main-d’œuvre, les cotisations
salariales de sécurité sociale 9,6%, enfin les
cotisations de sécurité sociale de l’employeur
représentent 29,7%.
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En ce qui concerne les heures supplémentaires,
celles-ci sont taxées au taux marginal de l’impôt sur
le revenu. On considère que le travail est taxé à un
taux proportionnel malgré la progressivité de
l’impôt sur le revenu.
Les mesures concernant la défiscalisation des heures
supplémentaires font passer le taux de taxation sur la
main-d’œuvre de 50,1% à 24,6% pour les heures
supplémentaires.
Tableau 1 : résumé des paramètres retenues
G importante du nombre d’heures réalisées que de
β α δ λ τc τk τ1 τ2
Y
0,501/
0,3 0,99 0,3 0,025 0,81 0,112 0,24 0,501
0,246
Détermination des κ ij et des η ij ( i ⊂ { H , F }, j ⊂ { 1, 2})
Les paramètres κ ij sont mal connus et ne peuvent être
estimés faute de données. Toutefois, un paramètre
couramment retenu dans les modèles dynamiques
62
d’équilibre général présentant des fonctions d’utilité
similaires est κ =15
, . C’est la valeur que l’on retient
pour κ1H . La valeur de κ1H détermine la réponse de
l’offre de travail des hommes. Cette valeur assure
une faible élasticité de la participation des hommes
par rapport au salaire, conformément aux données.
La participation pour les femmes mariées est plus
élastique que pour les hommes mariés. Une étude sur
données américaines de Hausman (1981), citée par
Cahuc et Zylberberg (2001), calcule un rapport des
élasticités de l’offre de travail par rapport au salaire
non compensée des hommes mariés par rapport à
celui des femmes mariées de 0,067, soit κ1F = 0,067
κ1H d’après (3). L’étude de Kimmel et Kniesner
(1998) trouve des rapports d’élasticités très
d i ff é r e n t s . Av e c l e s é l a s t i c i t é s e x p o s é e s
précédemment dans la deuxième partie de cet article,
on a κ1F = 0,59 κ1H . Étant donné ces études, on choisit
des paramètres tels que l’offre de travail des hommes
est peu élastique et celle des femmes est élastique, et
on retient l’hypothèse que κ1F = 0,5 κ1H .
L’élasticité de l’offre des heures supplémentaires par
rapport au salaire n’est pas connue. Bien que, selon
l’étude de Kimmel et Kniesner, le rapport des
élasticité de la participation par rapport au salaire
entre hommes et femmes mariés soit égal au rapport
entre les élasticités de la durée du travail par rapport
aux salaires des hommes et femmes mariées, on
supposera que κ H2 = κ F2 , c’est-à-dire que la désutilité
des heures supplémentaires est identique pour les
hommes et pour les femmes. Par ailleurs, on se fonde
sur deux éléments pour justifier deux scénarios
concernant κ H2 .
Scénario 1(S1) : κ H2 > κ1H
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Habituellement, on considère que l’élasticité du
temps de travail par rapport au salaire est plus faible
que celle de la participation par rapport au salaire. On
retient donc, dans le scénario 1, une valeur élevée
pour κ H2 , par exemple, κ H2 = 2.
Scénario 2 (S2) : κ H2 << κ1H .
Les données américaines, plus riches que les
données françaises, montrent une volatilité plus
l’emploi. Bils et Cho (1994) explicitent une relation
entre les paramètres de désutilité et la volatilité des
variables pour un modèle similaire. Plus la volatilité
de la variable est grande, plus le paramètre considéré
est faible. On retient ainsi dans ce scénario la valeur
κ H2 = 0,2.
 Tableau 2 : résumé des paramètres retenus
κ1H κ1F κH2
1,5 0,7 2 (S1) ou 0,2 (S2)
Une fois les κ ij déterminés, les conditions du premier
ordre du ménage permettent de déterminer les
ηij ( i ⊂ {H , F }, j ⊂ {1,2}) tels que les
N ij ( i ⊂ {H , F }, j ⊂ {1,2}) c o r r e s p o n d e n t
données. Ainsi d’après (2) :
( )
κ 1H
N 1Ht
η1F = λ η1H ,
(N )
κ 1F
F
1t
( )
κ 1i
N 1i t h 2 w 2i t
i ⊂ {H , F }, ηi2 = η1i
(N )
κ i2
i h1 w1i t
2t
On explicite les valeurs de N ijt ( j ⊂ {1,2}, i ⊂ {H , F })
afin de calibrer les différents paramètres.
Les termes N 1Ht et N 1Ft cherchent à capter l’ensemble
de l’offre de travail hors heures supplémentaires
pour les hommes et pour les femmes. On suppose
pour le calibrage, faute de données différenciées,
qu’un homme à temps partiel travaille comme une
femme à temps partiel, soit 23 heures par semaine.
N 1i t ( i ⊂ {H , F }) traduit le nombre de semaines,
équivalent temps plein, travaillées dans l’année t par
la population concernée hors heures
supplémentaires. Environ 45 semaines sur 52 sont
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travaillées chaque année par un salarié.
N 1i t = % semaines travaillées
× taux d ' emploi × (% temps plein
durée temps partiel
+ %temps partiel ) milliards d’euros. Le 0,4 milliard d’euros restant
durée légale du travail
On trouve ainsi N 1Ht = 0,698 et N 1Ft = 0,524.
On fait l’hypothèse, faute de données différenciées,
que les femmes font autant d’heures
supplémentaires proportionnellement que les
hommes. La durée moyenne d’heures
supplémentaires par salarié est de 20,3 heures par an.
h1 est fixée égale à la durée moyenne collective des
salariés non cadres non soumis à la modulation et
hors heures supplémentaires, soit en annualisé, 1596
heures, la durée annuelle collective de travail des
salariés étant de 1616 heures. Avec la définition du
modèle pour h1 , le rapport h1 / h 2 varie très peu selon
les études de la Dares. On retient h1 / h 2 = 7,263. Seul
ce rapport h1 / h 2 importe.
κF2
κH2 h 2 n 2i t 20,3
On a i
= .
h1 n 1t
1596
Finalement, N 2Ht = 0,064 et N 2Ft = 0,048.
aux
Resultats et analyses pour les deux
scénarios (S1) et (S2)
Tous les résultats présentés sont des résultats de long
terme : la maquette se limite à étudier les états
stationnaires.
Le nombre d’heures supplémentaires réalisées suite
à la diminution du taux de taxation des heures
supplémentaires augmente, notamment pour les
hommes en raison de la baisse de la fiscalité sur les
heures supplémentaires, qui entraîne une baisse de
leur coût. Dans le scénario 1 leur coût baisse de
5,1% ; la diminution est plus importante dans le
scénario 2. L’entreprise propose ainsi plus d’heures
supplémentaires aux salariées. Parallèlement les
s a l a r i é e s a c c r o i s s e n t l e u r o ff r e d ’ h e u r e s
supplémentaires, le revenu qu’elles procurent
augmentant.
Dans le scénario 2, le nombre d’heures travaillées
par les femmes n’augmente que de 0,26% alors que
celui des hommes s’accroît de 0,93%. Dans le
scénario 1, la hausse du nombre d’heures travaillées
par les femmes est de 0,9 million, contre 1,3 million
pour les hommes.
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Le revenu d’activité net des taxes sur le travail et le
capital augmente de 6,8 milliards d’euros dans le
scénario 1. Cette hausse a plusieurs origines.
L’augmentation du revenu issu du salaire des
hommes est de 4,1 milliards d’euros, tandis que celle
du revenu issu du salaire des femmes est de 2,3
provient de la hausse des revenus du capital. Dans le
scénario 2, le revenu d’activité net des taxes sur le
travail et le capital des hommes (respectivement des
femmes) augmente de 4,5% (respectivement de
3,8%).
Cet accroissement du nombre d’heures
supplémentaires s’accompagne d’une contraction de
l’emploi, notamment féminin (cf. tableau 3).
L’entreprise remplace des emplois par des heures
supplémentaires.
Comme cela a été montré plus haut, l’entreprise est
indifférente à supprimer des emplois féminins ou des
emplois masculins. La différence importante entre le
recul de N 1H et celui de N 1F (respectivement -0,12%
63
 Tableau 3 : résultats principaux du passage du taux
de taxation des heures supplémentaires
de 50,1% à 24,6%
Emplois féminins Emplois masculins Production
Scénario 1 -11 000 -7 300 + 0,32%
Scénario 2 -63 000 -42 000 + 1,89%
Source : calculs de l’auteur.
et -0,24% dans le scénario 1), provient donc de la
réorganisation du travail au sein du ménage à la suite
de la mesure, de l’augmentation du revenu
notamment. Dans les deux scénarios, les emplois en
équivalent temps plein qui disparaissent sont à 60%
des emplois féminins. Le mécanisme de
réorganisation du travail au sein du ménage pris en
considération dans le modèle a donc une réelle
influence.
Malgré le recul de l’emploi, le nombre total d’heures
travaillées ainsi que la production augmentent dans
les deux cas. Par exemple, dans le scénario 1, le
temps de travail total masculin et féminin s’élève de
0,25%.
Sensibilité des résultats à certaines
hypothèses
Deux hypothèses qui avaient été faites pour la
modélisation sont relâchées pour mettre en évidence
qu’elles ne remettent pas en cause les conclusions de
l’article. D’une part on s’intéresse à l’hypothèse faite
d’une parfaite substituabilité entre les hommes et les
femmes du point de vue de l’entreprise. D’autre part
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on s’intéresse à l’hypothèse sur la productivité
horaire des heures légales et des heures
supplémentaires.
Substituabilité hommes-femmes
Hommes et femmes ne sont pas nécessairement
parfaitement substituables du point de vue de
l’entreprise. Une certaine complémentarité entre
hommes et femmes peut s’expliquer par :
– des caractéristiques physiques différentes, des
niveaux de qualification différents ;
– le fait, plus vraisemblablement, que les fonctions
traditionnellement occupées par les hommes et les
femmes dans l’économie sont complémentaires. Par
exemple, les hommes et les femmes travaillent dans
des branches complémentaires de l’économie (santé
et construction, pour être caricatural).
Cette complémentarité est susceptible de remettre en
cause les conclusions de la maquette. Une fonction
de production alternative où hommes et femmes ne
sont pas parfaitement substituables est donc
maintenant introduite. Soit σ l’élasticité de
64
substitution entre ces deux facteurs de production.
On suppose toujours que les heures supplémentaires
des hommes et des femmes sont parfaitement
substituables du point de vue de l’entreprise, pour ne
pas multiplier le nombre de paramètres du modèle.
De plus on introduit, comme dans la maquette de
référence, le salaire moindre des femmes par le
même paramètre λ. Finalement, la fonction de
production devient (les variables et paramètres étant
les mêmes que ceux de la maquette de référence) :
σ −1 σ −1 (1 − α ) σ
α σ −1
Y t = K [h1 ( N
t
H
1t
) σ
+ (λN )
F
1t
σ
] + h 2 L12−t α
Le paramètreσ (exprimant le degré de substituabilité
entre hommes et femmes) est mal connu. On
considère donc deux valeurs raisonnables pour σ : 3
et 5. Dans cette variante, on trouve que les femmes
sont proportionnellement moins nombreuses à se
retirer du marché du travail suite à l’introduction de
la mesure de détaxation des heures supplémentaires
et que, de manière générale, la contraction de
l’emploi est moindre que dans la maquette de
référence. Toutefois, les ordres de grandeur restent
comparables. Les résultats sont présentés dans le cas
du scénario 2 (hypothèse que κ H2 = 0,2, i.e. les heures
supplémentaires augmentent beaucoup).
Tableau 4 : effet de la baisse du taux de taxation
des heures supplémentaires dans le scénario 2 selon le
degré de substituabilité entre travail des hommes et
des femmes
Emplois Emplois
Production
féminins masculins
σ= 3 -34 000 -27 000 + 1,15%
σ= 5 -45 000 -35 000 + 1,50%
σ= ∞ -63 000 -42 000 + 1,89%
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Source : calculs de l’auteur.
Production horaire des heures supplémentaires
La fonction retenue dans la maquette de référence
suppose implicitement que si, pour chaque semaine
t r a v a i l l é e , u n s a l a r i é e ff e c t u e d e s h e u r e s
supplémentaires (i.e. N 1i = N 2i , i ∈ {H , F }), alors la
production horaire des heures supplémentaires est
égale à celle des heures normales. Cette hypothèse
semble assez raisonnable. Par ailleurs, le rapport
retenu implicitement entre rémunération des heures
supplémentaires et des heures normales entraîne un
ratio salarial conforme aux dispositions légales.
Toutefois, on peut remettre en cause cette hypothèse
sur les productions horaires des heures légales et des
heures supplémentaires en introduisant un
coefficientμ devant le second terme de la fonction de
production, qui s’écrit alors :
Y t = K tα ( h1 L11 −t α + μh 2 L12−t α )
 μ est le rapport entre la production horaire des heures ne permet pas de dire dans quelle mesure. Le recul de
supplémentaires et celle des heures légales quand l’emploi pourrait ainsi être sous-estimé.
N 1 = N 2 . μ représente également le ratio salaire
horaire heures supplémentaires /salaire horaire des Enfin, une élévation de la TVA pour compenser la
heures légales, étant donné le nombre d’heures perte de recette fiscale (dans la maquette, ce sont les
supplémentaires réalisées dans l’économie. transferts nets qui s’ajustent) occasionnée par la
mesure réduirait l’effet positif sur la production et
Dans le tableau 5 sont présentés les résultats pour des accentuerait la contraction de l’emploi.
productions horaires des heures supplémentaires
inférieures à celles des heures légales. Les résultats
sont présentés dans le cas du scénario 2. Au vu de ces
derniers, la prise en compte de la fatigue des
t r a v a i l l e u r s q u i e ff e c t u e n t d e s h e u r e s
supplémentaires ne remet donc pas en cause les
ordres de grandeurs concernant l’emploi et la
production obtenus dans la maquette de référence.

Tableau 5 : effet de la baisse du taux de taxation

des heures supplémentaire dans le scénario 2 selon
la productivité relative des heures supplémentaires

Emplois Emplois
Production
féminins masculins
μ = 0,8 -38 000 -25 000 1,13%
μ = 0,9 -50 000 -33 000 1,49%
μ = 1,0 -63 000 -42 000 1,89%
Source : calculs de l’auteur.

Conclusion

La modélisation en équilibre général retenue dans

cet article fournit une évaluation de l’impact de long
terme de la mesure de défiscalisation des heures
supplémentaires votée en 2007. D’après la
modélisation retenue, la réorganisation du travail
des couples, ainsi que la substitution par les
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entreprises d’heures supplémentaires à des emplois,
entraîne une baisse de l’emploi, notamment féminin.
Plus la hausse du nombre d’heures supplémentaires
est importante, plus la contraction de l’emploi l’est
également. Cependant la mesure a un effet positif sur
la production.

Les spécifications alternatives du modèle donnent

des résultats et des mécanismes similaires,
notamment un certain degré de complémentarité
entre hommes et femmes ou encore une plus faible
production horaire des heures supplémentaires. De
la même manière, des paramètres différents
n’affectent pas qualitativement les résultats trouvés.

En dépit de l’accent mis sur le temps partiel dans cet

article, le modèle n’isole pas emplois à temps
complet et emplois à temps partiel : il raisonne en
emplois équivalent plein temps. Or, la contraction de
l’emploi féminin due à la défiscalisation des heures
supplémentaires concerne principalement les
emplois à temps partiel. En effet, la désutilité des
femmes qui travaillent à temps partiel est plus élevée
proportionnellement au temps de travail. Le modèle

65
 Notes
(1) L’élasticité du taux de participation au marché du travail est
de 0,4%, l’augmentation du revenu du travail est évaluée à
0,8% selon cette même évaluation du COE-Rexecode.
(2) La défiscalisation entraînerait une baisse du coût moyen du
travail de 0,5%. Or l’élasticité de l’emploi à son coût est de
0,5%. Offre et demande se conjugueraient pour augmenter le
niveau d’emploi. Au final, 120 000 nouveaux emplois seraient
créés. L’augmentation du PIB serait dans le même temps
comprise entre 1,0% et 1,3%.
(3) Les élasticités de participation par rapport au salaire sont
largement différentes pour les hommes et pour les femmes qui
vivent en couple.
(4) En raison de périodes d’inactivité pendant le travail, dans
certains secteurs, l’hôtellerie-restauration par exemple, des
durées de travail équivalentes sont définies. Des accords
peuvent définir des durées du travail conventionnelles au-delà
desquelles se déclenchent les heures supplémentaires.
(5) D’autre part, l’élasticité de la participation des femmes au
revenu est importante et la désutilité au travail des femmes est
forte pour des raisons institutionnelles et sociétales.
(6) On considère dans le modèle qu’il existe une durée exogène
du travail : h1. Cette durée (en annualisé) est différente de la
durée légale du travail, qui est de 1607 heures annuelles, pour
les raisons expliquées plus haut.
ηij
( )
1 + κ ij
(7) n ijt est la désutilité de l’individu de sexe i à
1+κ ji
travailler la durée légale n1it ( j = 1) semaines ou à effectuer des
heures supplémentaires pendant n2i t semaines (j = 2).
(8) Le travail est taxé au niveau de l’employeur et de l’employé
(il prend la forme de cotisations salariales et patronales, mais
aussi d’impôts). Dans le modèle, il est équivalent que ce soit
l’entreprise ou le salarié qui supporte la taxe sur le travail. On
fait, dès lors, l’hypothèse que seul le ménage supporte la taxe.
(9) La condition w2i t >1,1w1it (où 11 , w1it est le plancher légal) est
toujours vérifiée.
(10) Avec une telle définition, ajouter deux emplois à temps
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partiel est équivalent à ajouter un emploi à temps plein du point
de vue de l’entreprise. En d’autres termes, emplois à temps
partiel et emplois à temps plein sont substituables pour
l’entreprise.
66
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