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SM 057 66
SM 057 66
RÉSUMÉ
Entre 1945 et 1981, les gouvernements successifs mettent en œuvre des solutions multiples
pour permettre la diffusion de l’enseignement de l’éducation physique et sportive dans le
système éducatif français. Face à l’accroissement continu des effectifs scolaires, les ministres
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(1) Maître de conférences Grenoble 1, laboratoire SENS et chercheur associé au CRIS – UFRAPS
Grenoble, BP 53, 38041 Grenoble Cedex 9 – Tél. : 04 76 63 50 57 – Fax : 04 76 63 51 00 –
michael.attali@ujf-grenoble.fr
(2) Maître de conférences Université Lyon 1, laboratoire CRIS, EA-647 – UFRSTAPS Lyon,
Between 1945 and 1981, the successive governments implemented multiple solutions to in-
crease the diffusion of the teaching of physical education in the French education system. Fac-
ing the continuous increase in the enrolled pupils, the successive Ministers for National
Education and Youth and Sports could not ensure the obligatory schedules as testified by the
study of the pupil-teacher ratio. After a period during which the five hours of Physical Educa-
tion appeared as an illusion and during which these courses were sometimes omitted, the
1960’s revealed a contrasted situation leading to concessions for facing urgencies. The equita-
ble quantitative democratization will occur only as from the 1970’s by means of drastic mea-
sures based both on economic concerns and educational choices. It will then reveal the limits of
an administrative management of a teaching which one cannot exclude qualitative dimensions.
Introduction
L’analyse historique d’une discipline scolaire, en l’occurrence ici l’éduca-
tion physique et sportive (EPS), implique de porter son attention sur deux
dimensions indissociables. La plus communément retenue concerne les
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(3) Durant notre période d’étude, les structures d’accueil évoluent dans des proportions
importantes. Elles regroupent en particulier les cours complémentaires ; les collèges d’ensei-
gnement général ; les lycées ; et les écoles professionnelles, techniques et agricoles. Les effec-
tifs bruts sont issus des études de l’INSEE publiées annuellement.
(4) Elle est due à des restrictions budgétaires et au contexte d’épuration qui touche les ensei-
TABLEAU 1
Un encadrement déficitaire (1945-1958)
Nombre d’élèves
Nombre Nombre d’élèves
dans
Année d’enseignants par enseignant
l’enseignement
d’EPS 1 d’EPS
secondaire public
1945-1946 // 550 700 //
1946-1947 // 580 700 //
1947-1948 // 593 600 //
1948-1949 3 746 600 900 160,4
1949-1950 3 565 (-181) 630 100 176,7
1950-1951 // 665 900 //
1951-1952 3 886 674 200 173,5
1952-1953 4 098 (+212) 711 100 173,5
1953-1954 4 179 (+81) 738 300 176,7
1954-1955 4 281 (+102) 787 500 184
1955-1956 4 481 (+200) 839 100 187,3
1956-1957 4 672 (+191) 944 100 202,1
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(5) Le décret du 25 mai 1950 fixe le temps de travail des professeurs d’EPS à 17 h d’enseigne-
ment obligatoire et 3 h au sein de l’association sportive ; les maîtres assurant pour leur part
un total de 25 h (22 h + 3 h).
TABLEAU 2
Des apparences trompeuses (1958-1968)
Nombre d’élèves
Nombre Nombre d’élèves
dans
Année d’enseignants par enseignant
l’enseignement
d’EPS d’EPS
secondaire public
1958-1959 // 1 147 600 //
1959-1960 6 059 1 268 800 209,4
1960-1961 6 674 (+615) 1 531 600 229,5
1961-1962 7 395 (+721) 1 688 900 228,4
1962-1963 8 140 (+745) 1 859 300 228,4
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(6) En effet, les élèves issus des catégories populaires suivent leur scolarité secondaire dans
les cours complémentaires, alors que ceux issus des catégories plus aisées sont inscrits dans
les collèges puis les lycées (Prost, 1981).
en 1968, 1969 et 1970 pour ensuite maintenir le rythme à 2000 enseignants par an. Or les
recrutements entre 1968 et 1972 seront de 2860 enseignants.
gnement les plus longs (plus de 2 h 30). Les collèges d’enseignement se-
condaire, qui accueillent les enfants issus des couches moyennes et
aisées de la population, offrent une plage de 2 h d’EPS. Enfin, les collè-
ges d’enseignement général, regroupant les catégories populaires, su-
bissent une réduction horaire importante avec parfois moins d’une
heure d’EPS par classe. En fin de compte, durant les années 1960, la dé-
mocratisation de l’EPS semble acquise sur des bases inégales. Le dyna-
misme des enseignants (9), l’incitation administrative (Martin, 1999) ou
les expériences de rénovation (10) de l’enseignement ne résistent pas face
à l’évidence d’une situation qui ne permet pas de proposer à tous les
enfants scolarisés des conditions d’enseignement équivalentes. Les 5 h
officielles d’EPS restent un leurre dans le système éducatif français. Les
planifications pédagogiques proposées sur cette base demeurent utopi-
ques au regard de la réalité vécue par les élèves et les enseignants.
(9) Dans certains établissements, les enseignants regroupent par exemple les classes ou
développent le travail en équipes pour réduite les coûts horaires.
(10) L’analyse de la revue professionnelle E.P.S. en témoigne (pour exemple : Collectif, 1965).
TABLEAU 3
Nombre d’élèves
Nombre Nombre d’élèves
dans
Année d’enseignants par enseignant
l’enseignement
d’EPS d’EPS
secondaire public
1968-1969 14 340 (+ 1 310) 2 984 700 208,1
1969-1970 15 459 (+ 1 119) 3 255 800 210,6
1970-1971 16 536 (+ 1 077) 3 432 300 207,5
1971-1972 17 616 (+ 1 080) 3 618 500 205,4
1972-1973 18 925 (+ 1 209) 3 793 900 200,4
1973-1974 20 134 (+ 1 209) 3 850 900 191,2
1974-1975 22 088 (+ 1 954) 3 916 200 177,3
1975-1976 23 140 (+ 1 052) 3 995 900 172,6
1976-1977 23 992 (+ 852) 4 066 600 169,5
1977-1978 // 4 072 300 //
1978-1979 25 524 4 100 600 160,6
1979-1980 // 4 113 800 //
1980-1981 27 100 4 107 300 151,5
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(11) La multiplication des statuts en témoigne, comme celui des professeurs bivalents.
(12) Légalement autorisées depuis 1950, ces deux heures supplémentaires permettent de
tives) pratiquées en sus des heures d’EPS déjà dispensées dans l’établissement (scolaire) ».
(14) La circulaire du 15 novembre 1973, qui précise l’objectif et l’organisation de nouvelles
lycée et le collège d’une même localité, n’entraînant de ce fait aucun changement de rési-
dence pour les enseignants dont les postes sont ainsi transférés.
(16) Tous les textes publiés après le 9 septembre 1971 font encore référence aux 5 heures obli-
(17) Les SAS, définis par les circulaires du 20 mars et du 10 mai 1977, poursuivent l’œuvre
des CAS d’une façon plus subtile car ils incitent les personnels enseignant l’EPS à élaborer
des projets à leurs convenances.
(18) Le plan Soisson prévoit notamment une réduction du forfait AS des enseignants d’EPS
Bibliographie
ARNAUD, P. (1983). Les savoirs du corps. Éducation Physique et éducation intellectuelle
dans le système scolaire français. Lyon : PUL.
ARNAUD, P. & SAINT-MARTIN, J. (1998). Ministres et ministères de tutelle de l’éducation
physique, XIX-XXe siècles. Revue Spirales, 13-14, 79-102.
ATTALI, M. (2004). Le syndicalisme des enseignants d’éducation physique (1945-1981).
Paris : L’Harmattan.
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