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Pierre Mayeur
Dans Regards 2023/2 (N° 62), pages 191 à 200
Éditions EN3S-École nationale supérieure de Sécurité sociale
ISSN 0988-6982
© EN3S-École nationale supérieure de Sécurité sociale | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
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spécialisé dans le domaine de la protection sociale et de l’assurance.
C
’était il y a vingt ans. La France sortait d’une longue période de canicule qui allait
rester célèbre. Le Journal officiel du 22 août 2003 déclinait les 116 articles de
la loi n° 2003-775 du 21 août 2003 portant réforme des retraites, appelée
également « loi Fillon », du nom du ministre des Affaires sociales, du Travail et de
la Solidarité.
À défaut de « célébration » officielle1, le présent article entend mettre en lumière
sept éléments clefs de la loi de 2003, permettant - espérons-le - de mieux comprendre
la réforme de 2023.
1 On permettra à l’auteur, conseiller technique chargé des retraites au cabinet de François Fillon en 2003, de
recourir à ses souvenirs pour mieux illustrer le propos.
2 Selon la formule de Léon Gambetta en 1869.
3 D’où le choix tactique de ne pas traiter les régimes spéciaux d’entreprise (SNCF, RATP, industries électriques et
gazières…).
4 Cf. Des milliers de personnes manifestent à Paris (lemonde.fr). https://www.lemonde.fr/archives/ar-
ticle/2003/05/25/des-milliers-de-personnes-manifestent-a-paris_321505_1819218.html. Les manifesta-
tions cessèrent dès le début de la discussion du projet de loi à l’Assemblée nationale : une grande différence
avec la contestation de 2023.
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Mais l’une des grandes différences entre 2003 et 2023, c’est l’absence, en 2023,
de consensus sur le diagnostic portant sur l’état financier et sur le fonctionnement
même du système de retraite. En 2003, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a
pu s’appuyer sur le diagnostic porté par le Conseil d’orientation des retraites (COR).
Le premier rapport paru en décembre 20015 constituait un matériau solide ayant direc-
tement inspiré la réforme. Il a d’ailleurs servi de référence - voire de livre de chevet - à
l’ensemble des acteurs. Bien sûr, il y eut de fortes divergences sur les mesures prises
dans le cadre du projet de loi, mais au moins le diagnostic était partagé. La création
du COR en 2000 - après la publication de rapports divergents - avait justement pour
objectif de parvenir à un consensus sur le diagnostic, selon le triptyque 3D de Lionel
Jospin : « Diagnostic, dialogue, décision. »
Le gouvernement de l’époque avait même souhaité poursuivre le travail de
diagnostic à travers un « groupe de travail confédéral », réunissant en février-mars
2003 autour des directeurs de cabinet des ministres des Affaires sociales et de la
Fonction publique les responsables patronaux et syndicaux en charge du dossier des
retraites6. Ce groupe de travail confédéral était parvenu à un texte de compromis qui -
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s’il n’a pas été explicitement validé - figure à la suite de l’exposé des motifs du projet
de loi. Les quatre premiers articles de la loi en constituent un résumé, avec notam-
ment la reconnaissance du principe contributif : « Tout retraité a droit à une pension en
rapport avec les revenus qu’il a tirés de son activité » (article 2) et du principe d’équité :
« Les assurés doivent pouvoir bénéficier d’un traitement équitable au regard de la retraite,
quels que soient leurs activités professionnelles passées et le ou les régimes dont ils
relèvent » (article 3).
Vingt ans après, au-delà bien sûr de la mesure « phare » de l’âge légal porté à
64 ans, au-delà même des polémiques sur le financement, quelle confusion sur la
situation réelle et les enjeux mêmes de notre système de retraite !
La France dispose pourtant d’un arsenal particulièrement sophistiqué, puisqu’elle a
ajouté au COR un Comité de suivi des retraites (CSR), le second produisant comme
le premier des rapports annuels de grande qualité7. Mais la clarté du débat public
semble s’obscurcir de manière inversement proportionnelle au nombre de pages
produites par ces deux organismes.
Le débat public de 2023 a consisté ainsi pour un grand nombre à nier l’existence
d’un déficit structurel, tandis que d’autres - il est vrai nettement moins nombreux -
mettaient au contraire en exergue un « déficit caché » supplémentaire de l’ordre de
30 milliards d’euros en raison des impasses de financement des régimes de la fonc-
tion publique, mises sous le boisseau par les conventions du COR8.
5 Rapport du COR décembre 2001 - Retraites : renouveler le contrat social entre les générations. https://www.
cor-retraites.fr/rapports-du-cor/rapport-cor-decembre-2001-retraites-renouveler-contrat-social-entre-
generations
6 C’est ce groupe de travail, avec les ministres et les numéros un des confédérations syndicales et patronales,
qui s’est réuni pour la concertation de mai 2003, ayant abouti au matin du 15 mai au fameux « compromis »
avec la CFDT et la CFE-CGC, formalisé par un « relevé de décisions ».
7 Différence notable, le COR ne produit en aucun cas de recommandation, au contraire du CSR dont c’est le rôle
après avoir pris connaissance du rapport du COR.
8 Jean-Pascal Beaufret, à l’origine de cette « révélation », chiffre même le déficit à 71 milliards d’euros : Le déni
de réalité sur la contribution des retraites aux déficits publics, https://www.lopinion.fr/economie/le-deni-de-
realite-sur-la-contribution-des-retraites-aux-deficits-publics. Le terme de « révélation » montre que l’auteur
n’a pas suivi le débat, prégnant depuis le tout début de la création du COR, au sujet du traitement adéquat du
CAS pensions dans ses projections financières.
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dette) un déficit important.
Imaginer que les dépenses de retraite baissent en points de PIB à l’avenir repose
sur des hypothèses périlleuses d’évolution de la productivité du travail. Et conduirait à
un appauvrissement relatif des retraités probablement excessif.
Plus que jamais, il est nécessaire, pour la compréhension la plus large possible, de
se concentrer sur les régimes pour lesquels la notion d’équilibre comptable présente
le plus de sens9 : le régime général, dont les paramètres sont déterminés par l’État, et
le régime AGIRC-ARRCO, régime complémentaire et articulé au régime général, mais
dont les paramètres sont déterminés par les partenaires sociaux. L’affichage dans
le débat public de l’évolution du solde du régime général à 15-20 ans permettrait de
gagner en clarté. La référence à des horizons aussi lointains que 2060 et 2070 laisse
en effet songeur, sauf à croire que le papy-boom est juste « un mauvais moment à
passer, vite oublié »… sur le modèle proposé par l’officier san-théodorien chargé d’exé-
cuter les Dupondt10.
Mais la question du diagnostic dépasse celle du financement. Tout débat sur les
retraites devrait commencer par le constat suivant : le système permet aujourd’hui
à une personne bénéficiant d’une carrière complète et cotisant à temps plein de
disposer d’un montant de pension satisfaisant, à un âge sensiblement inférieur à
celui constaté dans les autres pays européens. Alors même que la durée de cotisa-
tion affichée pour bénéficier du taux plein est importante et que l’âge du taux plein11
est plutôt élevé (67 ans).
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Le mode de calcul des retraites est aujourd’hui harmonisé dans la quasi-totalité
des régimes autour de deux durées d’assurance : la durée d’assurance tous régimes,
qui détermine si la personne a droit au « taux plein » par la durée et la durée d’assu-
rance dans le régime, qui permet de calculer la pension due, en la proratisant le cas
échéant. Si la durée d’assurance tous régimes n’est pas atteinte, mais que la personne
souhaite néanmoins procéder au calcul de sa pension avant l’âge d’annulation de la
décote - ce qui est possible à partir du moment où l’âge d’ouverture des droits est
atteint - une décote est appliquée, car elle n’a pas « le taux plein ». Si la durée d’as-
surance tous régimes est dépassée et que la personne souhaite ne pas procéder au
calcul de sa pension, les trimestres cotisés au-delà de l’âge légal lui donneront droit
à une surcote.
C’est la retraite à 60 ans qui a créé la notion de durée d’assurance tous régimes
et la décote. La retraite à 60 ans à taux plein et pour tous (c.-à-d., quelle que soit la
durée d’assurance) n’a jamais existé en France. Le dispositif conçu en 1983 consis-
tait à donner le taux plein à 60 ans aux seuls salariés ayant la durée nécessaire (150
trimestres, donc, puis 160 trimestres à partir de 1993). Comme il s’agissait de généra-
tions ayant commencé à travailler tôt, la condition de durée ne posait le plus souvent
aucune difficulté aux hommes. C’était évidemment beaucoup plus compliqué pour les
femmes aux carrières plus courtes.
La loi Fillon a transposé ce dispositif aux régimes de la fonction publique : elle
a été à l’origine de l’extension de la notion de durée d’assurances tous régimes, du
concept du taux plein et du dispositif de décote/surcote à l’ensemble des régimes
(régimes spéciaux d’entreprise à partir de 2008). Mettre en place une durée d’assu-
rance tous régimes pour le bénéfice du « taux plein » conduit en effet à mettre en place
une décote, dispositif montant en charge de manière très progressive pour la fonction
12 Cf. infra.
13 Les travaux de Patrick Aubert l’ont parfaitement montré : https://blog.ipp.eu/2023/03/06/les-departs-
anticipes-pour-carriere-longue-permettent-ils-de-compenser-une-plus-grande-penibilite-des-metiers/. Il
n’a cessé d’exposer ce sujet depuis des travaux initiés en 2010 (voir leur évocation dans https://www.cor-
retraites.fr/sites/default/files/2019-06/doc-2553.pdf), sans avoir un grand écho avant 2023.
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publique entre 2004 et 2020 et diminuant au régime général entre 2004 et 2008 pour
aboutir à un taux de 5 % par année manquante.
C’est peut-être le point le plus structurant de la loi. La réalisation de l’affirmation
politique de départ « faire passer les fonctionnaires aux 40 ans » était tout sauf simple.
Elle reposait sur l’idée que les fonctionnaires étaient restés aux 37 années et demie
- le nombre d’années nécessaires pour atteindre avec une valeur d’annuité à 2 %, le
taux de liquidation de 75 % - contrairement aux salariés du secteur privé, « passés
aux 40 ans » par les décrets d’août 1993. Or, seule la durée d’assurance tous régimes,
nécessaire pour avoir le taux plein dès 60 ans, était passée de 150 à 160 trimestres.
Mais la durée d’assurance du régime général était bien restée à 150 trimestres, de
sorte que, par analogie, la « valeur d’annuité » du régime général - implicitement à
1,33 % (soit 50/37,5) - était restée inchangée14.
La loi de 2003 a fait coïncider les deux durées : durée d’assurance tous régimes et
durée d’assurance dans le régime. De sorte qu’elle a réellement fait passer les salariés
du secteur privé aux 40 ans.
Une telle coïncidence n’était pas et n’est pas une évidence. L’augmentation du
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nombre de trimestres pour la proratisation a pour effet de faire baisser le montant de
la pension, ce qui n’est pas le cas de l’augmentation du nombre de trimestres pour la
durée taux plein.
Mais cette coïncidence était une conséquence mécanique d’une réforme des
régimes de la fonction publique : il aurait été incompréhensible de laisser inchangée
la valeur d’annuité applicable dans ces régimes.
14 Plusieurs légendes existent sur les raisons de ce maintien à 150 trimestres… y compris une erreur de la
direction de la Sécurité sociale.
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Aller au-delà de quarante-trois ans de cotisations est bien sûr techniquement
possible. Mais pour des générations entrées en moyenne plus tardivement dans la
vie active, une durée de cotisation de quarante-cinq ans, par exemple, signifierait une
quasi-certitude de ne jamais bénéficier de l’intégralité de la pension, par le jeu de
la proratisation.
15 L’idée du partage des gains d’espérance de vie entre, aux deux tiers, la durée d’assurance et, pour un tiers, à la
durée de retraite avait initialement été lancée par François Lagarde, alors secrétaire général du COR.
16 Loi n° 2014-40 du 20 janvier 2014 garantissant l’avenir et la justice du système de retraites. https://www.
legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000028493476
17 L’exposé des motifs de la loi de 2003 fait directement référence à cette notion de justice : https://www.
assemblee-nationale.fr/12/projets/pl0885.asp
18 Cette diminution intervenue entre 2003 et 2008 apparaît clairement sur le graphique du rapport d’évaluation
des politiques de sécurité sociale : https://evaluation.securite-sociale.fr/home/retraite/27-accroitre-lage-
effectif-au-de.html
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avant un certain âge, a évidemment évolué avec le recul de l’âge d’ouverture des droits.
Sont entrées dans le champ du dispositif les personnes ayant commencé à travailler
à l’âge de 18 et de 19 ans, puis à l’âge de 20 ans, enfin à l’âge de 21 ans, dans le cadre
de la dernière réforme. Bien sûr, les bornes d’âges ne sont pas les mêmes : une borne
à 60 ans, pour les assurés ayant démarré avant 18 ans, une borne à 62 ans pour
les assurés ayant démarré avant 20 ans, une borne à 63 ans pour les assurés ayant
démarré avant 21 ans… Mais il n’en reste pas moins que le ciblage initial « social » de
la mesure a perdu encore davantage en efficacité.
Notre système récompense un paramètre, celui de la durée d’assurance, dont on
peut penser qu’il est aujourd’hui survalorisé. Dans le même temps, cela relativise l’im-
pact d’un relèvement de l’âge de la retraite. Avant même la réforme de 2023, presque
130 000 assurés, soit 20 % de l’effectif, partaient en retraite en carrière longue, donc
avant l’âge de 62 ans21. À la suite de la réforme, en ajoutant les personnes partant à
l’âge de 62 ans pour invalidité et inaptitude, près de 50 % des assurés prendront leur
retraite avant l’âge légal de 64 ans… statistique dont on comprend qu’opposants et
défenseurs de la réforme se soient sur ce point entendus pour éviter de la mettre
en exergue.
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vite que l’ASPA est un revenu d’existence, soumis à condition de ressources, de rési-
dence et à récupération sur succession. C’est oublier également que les gouverne-
ments successifs sont facilement enclins à revaloriser l’ASPA de manière dynamique,
puisqu’il s’agit d’une mesure sociale à bon compte.
Le régime général dispose avec le « minimum contributif » (MICO) d’un véritable
« booster », créé en 1983 dans le cadre de la retraite à 60 ans pour améliorer le
montant de la retraite de base. C’est ce MICO qui a été utilisé en 2003 pour viser un
montant de retraite minimal égal à 85 % du SMIC net pour une carrière complète,
en revalorisant sur trois années de suite (2004, 2006, 2008) de 3 % le montant du
MICO. Cette revalorisation a porté sur les trimestres cotisés, puisque l’objectif était de
donner clairement un coup de pouce aux personnes ayant travaillé par rapport à celles
qui avaient simplement validé des trimestres.
Ce montant constitue tout sauf une garantie juridique ou financière, puisqu’il
comprend la part de pension des régimes complémentaires. Les régimes complé-
mentaires sont en points et n’ont pas choisi jusqu’à présent d’accorder des coups de
pouce. On peut même considérer qu’une telle logique est éloignée de la conception de
régimes contributifs en points.
C’est donc un « objectif de pension »22, selon le terme retenu par l’exposé des
motifs de la loi de 2003 et son article 4 : « La Nation se fixe pour objectif d’assurer en
2008 à un salarié ayant travaillé à temps complet et disposant de la durée d’assurance
nécessaire pour bénéficier du taux plein un montant total de pension lors de la liquidation
au moins égal à 85 % du salaire minimum de croissance net lorsqu’il a cotisé pendant
cette durée sur la base du salaire minimum de croissance. »
En 2008, les 85 % du SMIC net étaient atteints, comme l’a montré le rapport du
COR de janvier 2007 : ils étaient quasiment atteints en cas de taux réduit de CSG et
dépassés en cas de taux zéro de CSG, ce qui correspondait bien a priori aux retraités
modestes ciblés par la mesure.
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Par la suite, le minimum contributif a continué à être revalorisé sur les prix, ce qui
a créé inévitablement une distorsion avec les revalorisations du SMIC.
Les améliorations décidées dans le cadre de la réforme de 2023, ainsi que surtout
le principe de retenir une revalorisation sur le SMIC, sont de nature à garantir dans la
durée cet objectif de pension minimale.
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Un article croupion, visant davantage à fixer un objectif, avait été inséré dans le
projet de loi, avant le Conseil d’État. C’est ce qui explique dans le texte final la présence
de l’article 107 : « En complément des régimes de retraite obligatoires par répartition,
toute personne a accès, à titre privé ou dans le cadre de son activité professionnelle, à
un ou plusieurs produits d’épargne réservés à la retraite, dans des conditions de sécurité
financière et d’égalité devant l’impôt. »
C’est lors de la discussion de l’Assemblée nationale que le dispositif des plans
d’épargne retraite, porté par le monde de l’assurance, a été ajouté. L’article 108
institue les plans d’épargne individuelle pour la retraite. Le PEIR ne s’est cependant
jamais imposé comme acronyme ; postérieurement à la loi, la dénomination retenue
fut celle des « plans d’épargne retraite populaire » (PERP).
Mais la partie épargne retraite allait s’enrichir encore davantage. Depuis la loi
Fabius de 2001, la France disposait de « plans partenariaux d’épargne salariale volon-
taire » (PPESV). Il suffisait d’ajouter un R pour retraite et de faire sauter le plafond
de dix ans pour les transformer en « plans partenariaux d’épargne salariale volon-
taire pour la retraite » (article 109). Les « plans d’épargne retraite collective » (Perco)
étaient nés.
Il a fallu attendre la loi Pacte de 2019 pour que ces dispositifs soient à nouveau
fortement modifiés.
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et au travail de maïeuticien de Jean-Marie Palach (ainsi qu’à la maîtrise technique de
François Lagarde).
Depuis quinze ans, les progrès réalisés sont spectaculaires, dépassant le cadre
de la seule information retraite. Il est possible désormais de demander sa retraite en
ligne à l’ensemble des régimes « en une seule fois », choix opéré désormais par la
majorité des demandeurs. La complexité inhérente à l’existence de plusieurs régimes
de retraite est en train d’être pour partie gommée. Le directeur du GIP Union Retraite
faisait remarquer récemment24 que la France se classait au 2e rang des pays de l’OCDE
sur la qualité de l’information retraite. Le compte retraite retrace même désormais
l’ensemble des dispositifs d’épargne retraite auxquels l’assuré a cotisé. Lors de la
dernière réforme des retraites, des millions d’utilisateurs ont pu découvrir l’applica-
tion « Mon compte retraite », en mesure de simuler ou d’évaluer leur date et leur
montant de retraite quelques semaines seulement après l’adoption de la loi du 14 avril
2023.
Beaucoup d’autres dispositions mériteraient un commentaire : création du régime
additionnel de la fonction publique, refonte du régime de base des professions libérales
autour d’un régime en points, taxation des dispositifs de pré-retraite, tentative d’évolu-
tion de la réversion, réforme des régimes de l’article 39, etc. La loi de 2003 comprend
certainement comme nombre de textes législatifs son lot d’erreurs, de maladresses et
de malfaçons. Mais le recul du temps permet de mieux apprécier - y compris pour un
acteur direct ! - tous les éléments systémiques de cette réforme paramétrique.
23 La question de l’information était à vrai dire absolument cruciale dans le cadre de la réforme mettant en place
des comptes notionnels et visant à développer une épargne retraite obligatoire.
24 Conférence donnée par Stéphane Bonnet le 4 juillet 2023 lors de la Masterclass « Retraite et bien vieillir » de
la Chaire Protection sociale et territoires (Sciences Po Lyon/EN3S).
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