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Jean-Pascal ARNAUD, David AUTISSIER, Nicole BARTHE, Chafik BENTALEB, Charles-Henri BESSEYRE
des HORTS, Nadédjo BIGOU-LARE, André BOYER, Martine BRASSEUR, Dupin CHETCHOUA KAMYAP,
Richard DELAYE, Corinne FORASACCO, Anne-Marie FRAY, Jean-Michel GARRIGUES, Alexandre
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GUILLARD, Bernard GUILLON, Mohamed HASSAN, Jacques IGALENS, Michel JORAS, Emmanuel
KAMDEM, Wafa KHLIF, Yves LE BIHAN, Bernard LEVEQUE, Hubert LANDIER, Jacques ORSONI, Yvon
PESQUEUX, Jean-Michel PLANE et Maurice THEVENET ont apporté leurs réponses.
L’entreprise se trouve confrontée en son sein et dans son environnement à des aspirations fondées
sur d’autres logiques que celles de l’économie et de la technique. Les grandes activités de la GRH
articulent des éléments de culture d’entreprise et des éléments de gestion par la qualité. Le manager
est créateur de mythes et de valeurs. Il favorise l’émergence de symboles autour desquels, les salariés,
enthousiastes, se mobilisent pour la performance. A ces grands axes, s’ajoutent des considérations
éthiques, écologiques et des propositions de modes de gestion visant la cohésion, l’équité, la
complicité, l’esprit d’initiative et la créativité à travers la « valorisation des ressources humaines ». La
confiance constitue l’un des facteurs les plus fortement corrélés à la mobilisation et à la performance
des collaborateurs. La diversité et la richesse des regards croisés rassemblés dans ce numéro ouvrent
de nombreuses pistes de réflexions pour accompagner le développement du sentiment de confiance
organisationnelle au sein des entreprises.
Selon Jacques IGALENS, la confiance est une dimension essentielle dans la relation tissée entre
l’organisation et les consommateurs ainsi que les collaborateurs. Ces rapports de confiance peuvent être
organisés par le management. Dans cette optique, Maurice THEVENET suggère de travailler d’abord
sur des compréhensions et références communes. Ensuite, il s’agit de renforcer en permanence la
qualité et l’authenticité des relations interpersonnelles. Enfin, il est crucial de ne pas sous-estimer que
la confiance passe prioritairement par les comportements dont chacun est responsable. Pour Charles-
Henri BESSEYRE DES HORTS, quatre leviers peuvent être utilisés pour développer le sentiment de
confiance organisationnelle chez les salariés : - l’adéquation entre valeurs affichées et applications ;
- l’augmentation de la place des qualités personnelles et relationnelles lors des recrutement ;
- l’identification et la reconnaissance les collaborateurs qui font confiance ; - le développement par les
actions menées dans les domaines de la formation et de la gestion des carrières. Martine BRASSEUR
insiste sur les conséquences de l’absence de confiance. Elle souligne que la confiance est un besoin de
l’individu et des collectifs qui, s’il n’est pas satisfait, est une source de mal-être et même de souffrance
au travail.
Pour Yvon PESQUEUX, une société de confiance renvoie au respect et la dignité, par opposition à
une société de défiance où le ressentiment se substitue au sentiment de confiance. Cette définition
repose sur le sentiment de sécurité et l’idée de continuité. Jacques ORSONI présente l’importance de
la compréhension dans les mécanismes de la confiance. Pour que le collaborateur ait confiance dans
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son organisation il faut donc qu’il la «comprenne» et qu’il perçoive la fiabilité des procédures. Il doit
également «se sentir spontanément en confiance » avec certains membres de l’organisation. Jean
Michel PLANE suggère qu’au sein des organisations, il convient de susciter de la confiance auprès de
toutes les catégories de salariés confrontés à des univers de plus en plus imprévisibles et incertains. En
créant de la confiance en l’avenir de l’entreprise mais aussi en son mode de management des hommes,
la fonction RH gagnera en légitimité.
Nadédjo BIGOU-LARE s’interroge sur les pratiques permettant de développer chez leurs salariés le
sentiment de confiance organisationnelle. Il distingue les pratiques de participation, de communication,
d’empowerment et les pratiques de rémunération et de justice organisationnelle en insistant sur la
trame culturelle. Mohamed HASSAN, considère que la proximité et la communication des dirigeants
sont essentielles pour favoriser l’émergence du sentiment de confiance. Wafa KHLIF souligne que la
confiance est avant tout un phénomène de réduction de l’incertitude. Le climat de confiance ne peut
pas être impulsé dans un environnement ou les individus se sentent « exploités » et/ou « manipulés.
C’est à travers la juxtaposition de deux variables, le rationnel et l’émotionnel, que vont s’articuler
différentes formes de confiance complémentaires et non alternatives, allant de la facette opportuniste
à la facette éthique et morale de la confiance. Pour André BOYER, la confiance s’organise autour de
la communication, de l’action et du développement des compétences et carrières. Michel JORAS
valorise l’importance des engagements partagés de « comportements éthiques » pour le respect de
« responsabilités universelles ». Anne Marie FRAY estime que la confiance ne se décrète pas : elle se
construit dans l’organisation. Il faut donc accompagner les salariés dans un processus d’accommodation
réciproque.
Selon David AUTISSIER, c’est l’adéquation entre la promesse et les résultats dans le temps qui favorise
un sentiment de confiance. Cette manière d’envisager la confiance reprend le thème de la coopération.
Emmanuel KAMDEM et Dupin CHETCHOUA KAMYAP s’intéressent à la confiance analysée sur le
versant du lien entre l’individu et l’organisation. En s’appuyant sur l’étude du cas de la filiale camerounaise
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termine ces regards croisés en nous rappelant que la confiance tisse et entretient le lien qui donne sens
à la relation.
Soufyane FRIMOUSSE
Rédacteur en chef adjoint
Jean-Marie PERETTI
Rédacteur en chef de « Question(s) de management »
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consensus. Celles-ci doivent concerner en priorité le cœur de l’activité qui réunit les personnes au
sein de l’organisation. La deuxième consiste à renforcer en permanence la qualité et l’authenticité des
relations interpersonnelles. Celles-ci, verticales ou transversales, constituent une facette essentielle
de l’expérience de travail. Pour cela, encore faut-il ne pas imaginer que la règle, le contrat ou les
structures peuvent nous en exonérer. La troisième invite à ne pas sous-estimer que la confiance passe
prioritairement par les comportements dont chacun est responsable avant de vouloir en abandonner
l’objectif à des règles et des systèmes qui ne pourront jamais fonctionner de manière désincarnée.
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des risques inconsidérés par excès de confiance. Si la confiance appelle un acte managérial, il passe
par l’abandon des vaines injonctions illusoires du type « faisons-nous confiance !» pour permettre aux
entreprises d’assurer à leurs salariés un environnement où « donner sa confiance » même à tort, ne
puisse pas mettre en péril les personnes ou l’activité collective. Assurer la sécurité au travail, c’est
intégrer les enjeux de la confiance et ses possibles répercussions négatives pour mieux la protéger.
1 F. Fukuyama, Trust : The Social Virtues and the Creation of Prosperity, Free Press, New York, 1994
2 A. Giddens, Les conséquences de la modernité, L’Harmattan, Paris, 1994
chose à voir avec le respect et la dignité, par opposition à une société de défiance où le ressentiment
se substitue au sentiment de confiance. Il y est question de décodage du comportement des autres
au regard de signes de bonne volonté réciproque si ces signes sont acceptés par l’un et par l’autre.
Cette définition qui repose sur le sentiment de sécurité et l’idée de continuité est essentielle pour
ce qui nous concerne ici : les modalités de la relation d’emploi et sa continuité de la relation sont des
ingrédients majeurs d’un sentiment de confiance organisationnelle.
Comprendre la confiance
Jacques ORSONI, Professeur émérite à l’université de Corse
Face à la complexité la coopération est une nécessité et l’une des bases de la coopération c’est la
confiance. La confiance au sein des organisations, confiance organisationnelle, provient de plusieurs
sources. Selon Zuker (1), Professeure à UCLA, elle peut provenir : - de la structure formelle , de la
clarté et de la transparence des décisions et on peut, à ce niveau, rattacher également ce qui relève
de l’équation personnelle des hauts dirigeants, - des politiques et des process mis en place, notam-
ment mais non exclusivement RH, qui s’appuient sur un partage équitable de l’information , bien sûr
ceci suppose la permanence et la régularité, - des normes d’obligation et de coopération trouvant leur
origine dans des caractéristiques que partagent certains collaborateurs (anciens de la même école, de
la même division, membres de la même ethnie, etc.). Pour que le collaborateur ait confiance dans son
organisation il faut donc qu’il la « comprenne », qu’il ait confiance dans ses dirigeants, qu’il perçoive
que les process sont fiables car reposant sur une bonne distribution de l’information et enfin qu’il « se
sente spontanément en confiance » avec certains membres de l’organisation avec lesquels il partage
une caractéristique importante à ses yeux. Il peut arriver que l’une de ces trois caractéristiques do-
mine les autres, dans le milieu du crime la dernière peut l’emporter. Dans certaines organisations un
leader charismatique peut, à lui seul, créer la confiance. Mais en dehors de ces cas extrêmes le bon
conseil consiste à travailler sur ces trois composantes et c’est d’ailleurs la difficulté car elles relèvent
chacune de logiques d’action différentes.
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ZUKER L. G. «Production of Trust: Institutional Sources of Economic Structure, 1840-1920,» Re-
search in Organizational Behavior, 1986, 8: 53-111.
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nouer avec les clients des relations moins anonymes, des relations partenariales de long terme. Une
telle logique vise la fidélisation à long terme du client. Cette démarche s’oppose à la logique de
conquête par des ventes isolées à plus court terme. Chercher à avoir des clients relationnels, c’est
nouer des liens plus étroits, plus constants et plus personnels entre l’entreprise et ses clients. Par
un portefeuille de produits renouvelé, la Fnac s’efforce de développer la confiance chez ses clients.
Dans une perspective similaire, le même raisonnement peut être appliqué aux salariés ; celui-ci peut
être probablement renforcé par une logique d’organisation apprenante au sein de laquelle il convient
« d’apprendre à apprendre » mais aussi « d’apprendre à désapprendre » (Guthrie et al., 2002). Créer un
sentiment de confiance durable en l’avenir de l’entreprise est l’un des principaux objectifs stratégique
depuis plusieurs années maintenant. Ce mouvement trouve son aboutissement à la fois dans le
développement de politique de « marque employeur » afin de renforcer l’attractivité et la fidélisation
des salariés (l’image de l’entreprise) mais aussi dans le CRM (Customer Relationship Management),
c’est-à-dire le management de la relation avec le client. Au total, de nombreuses situations de gestion
et de nombreux cas d’organisations variés montrent bien dans quelle mesure le management de
la confiance est un enjeu pour les firmes qui sont engagées dans une stratégie de développement
organisationnel.
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Les outils pour développer la confiance organisationnelle
Nadédjo BIGOU-LARE, Professeur, université de Lomé, Togo
La confiance au sein des organisations a toujours été une préoccupation cruciale pour les dirigeants
surtout par rapport à son rôle dans l’implication organisationnelle des salariés (Amara et Bietry,
2008). Selon Matthai (1989), la confiance organisationnelle est le « sentiment qui amène l’employé
à penser que son organisation viendra à son aide en cas d’incertitude » (ce qui s’assimile à). Il paraît
légitime de s’interroger sur les outils permettant de développer chez leurs salariés ce sentiment de
confiance organisationnelle. Deux catégories de pratiques sont souvent évoquées : les pratiques de
participation, de communication, d’empowerment d’une part, et les pratiques de rémunération et de
justice organisationnelle d’autre part. Outre ces outils classiques largement étudiés par les chercheurs,
l’environnement des affaires caractérisé par une facilité de mobilité des personnels, recommande
la prise en compte des aspects culturels dans la mise en œuvre de ces outils afin de garantir leur
efficacité. Il s’agit essentiellement de l’environnement culturel de l’employé : son origine ethnique,
ses valeurs et croyances (Weber, 1930 ; North, 1990). Pour développer la confiance organisationnelle
chez leurs salariés, les organisations doivent non seulement utiliser les outils traditionnels reconnus
mais elles doivent également prendre en compte l’environnement culturel dans lequel elles évoluent.
Références bibliographiques
Amara M. Z., Bietry F., 2008, « Le développement de l’implication organisationnelle par la confiance : applica-
tion au contexte tunisien », Actes du Congrès de l’AGRH.
North D.C., 1990, Institutions, Institutional Change and Economic Performance. Cambridge University Press,
Cambridge.
Weber M., 1930, The Protestant Ethic and the Spirit of Capitalism, Harper Collins, New York.
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point renvoie à l’importance de la représentation de l’organisation comme entité indépendante
de ces ressources, principalement financières. L’organisation n’appartient qu’a elle-même et
ne peut donc ajuster son action sur les besoins d’une partie prenante. Souvent, l’organisation
est considérée propriété de ses bailleurs de fonds créant ainsi une convergence malsaine entre
les intérêts de ces derniers et sa viabilité (et donc mission). Le climat de confiance ne peut
donc pas être impulsé dans un environnement ou les individus se sentent « exploités » et/ou
« manipulés ». Le second point met en avant l’importance de l’alignement entre une stratégie
formelle, une communication multidirectionnelle et les attentes des acteurs organisationnels.
Cet alignement favorise la juxtaposition du rationnel et de l’émotionnel, deux variables
articulant toute relation de confiance. Comme la confiance est un état fondamentalement
psychologique multidimensionnel, l’organisation axe le développement de ce « sentiment »
sur une dimension foncièrement émotionnelle. Cette forme n’est pas conditionnée par un
espace spécifique mais se développe ou se rétracte dans une dimension temporelle par le jeu
de la réciprocité. Mais la confiance peut prendre également base dans l’intérêt ou la cognition.
La confiance, impulsée dans ces conditions, résulte soit d’un calcul rationnel opportuniste soit
d’une expertise reconnue. Cette forme a l’avantage d’éviter une confiance aveugle ou non
fondée pouvant mener à des comportements abusifs. Par contre, elle extrait l’individu de son
contexte social et culturel. C’est à travers la juxtaposition de l’une et de l’autre de ces deux
variables, le rationnel et l’émotionnel, que vont s’articuler différentes formes de confiance
complémentaires et non alternatives, allant de la facette opportuniste à la facette éthique et
morale de la confiance. Munie de ces éléments, l’organisation comprend qu’il ne peut y avoir
une façon universelle de construire une atmosphère de confiance en son sein. Plus, c’est une
variable continue et dynamique qui se transforme, dans le temps et dans l’espace, par des
ajustements continus et relatifs aux informations collectées par les parties engagées dans la
relation.
Ethique et confiance
Michel JORAS, vice-Président de l’Académie de l’Ethique et de l’IAS
Dans notre monde qui se globalise et se numérise, la question posée trouble tout regard,
perdu dans ce cyberespace qui, brisant les unités passées d’espace et de temps, amalgame vies
professionnelles, citoyennes et privées. La question posée évacue les contrefaces des activités
humaines : aujourd’hui et demain/organisations et communalités réseaux/ développer et maitriser/
sentiment et réalité/confiance et assurance/salariées et partis prenantes. Le « comment » d’un
croisé de l’académie de l’éthique s’écrit : valoriser, soutenir des engagements partagés de
« comportements éthiques » pour le respect de « responsabilités universelles », pilier d’un droit
international (global law!)
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La confiance ne se décrète pas
Anne Marie FRAY, professeure, ESCEM Tours
La confiance ne se décrète pas : elle se construit dans l’organisation à travers un processus
reposant sur la confiance « calculée », fondée sur une anticipation rationnelle de l’action
d’autrui (contrat, délégation, contrôle), la confiance « dérivée des institutions » (représentation
des comportements commune à tous les acteurs d’un même jeu économique), et la confiance
reposant sur la relation personnelle (parce que c’était lui, parce que c’était moi…). Mais si le
sentiment de confiance repose sur ces bases nécessaires, il se pérennise dans une approche
contingente dans laquelle divers facteurs contribuent à son développement : un renforcement
positif, moins pavlovien que stimulant ; une acceptation de l’échec comme source d’apprentissage,
une foi dans l’investissement en capital humain, un échange social favorable pour les acteurs,
garantissant une relation saine. Car si l’organisation souhaite obtenir l’investissement, la
confiance et l’engagement de ses salariés, elle doit leur donner en retour l’équivalent de ce
qu’ils lui apportent (salaire, formation, développement, reconnaissance, etc…). Or le contrat
psychologique entre l’organisation et le salarié évolue en permanence : par l’arrivée des nouvelles
générations aux besoins différents ; par l’évolution des piliers relationnels (mouvance de la
socialisation individuelle, expériences professionnelles et individuelles multiples, ouverture vers
de nouvelles culture et évolutions des valeurs) ; par l’appropriation de chaque salarié de ses
buts, motivations et objectifs. C’est donc bien en accompagnant les salariés dans un processus
d’accommodation réciproque que l’organisation pourra développer le sentiment de confiance. En
acceptant que le salarié modifie sa relation à l’emploi, non plus sur une perception mais bien sur
une contribution tangible de l’employeur. Mettre en œuvre des outils, processus et relations sur
cette base d’échange est sans doute le nouveau pari de la confiance retrouvée.
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confiance intra entreprise. Lorsqu’elle est intra entreprise, la confiance peut se décliner en fonction
de la nature du lien entre les individus ou alors entre les individus et l’organisation. Dans cet article,
nous nous intéressons davantage à la confiance analysée sur le versant du lien entre l’individu et
l’organisation. Un regard panoramique sur les définitions de la confiance, dans différents champs
disciplinaires, permet de faire un constat majeur (Gambetta, 1988 ; Fukuyama, 1995 ; Peyrefitte,
1995 ; Bernoux et Servet, 1997 ; Thuderoz, Mangematin, Harrisson, 1999 ; Hardin, 2002 ; Luhman,
2006). La confiance est perçue et comprise davantage comme une valeur centrale, un élément
fondamental du fonctionnement des organisations et des sociétés. La confiance peut être un levier
du succès ; même si, ici comme ailleurs, l’excès est à proscrire et la prudence recommandée
(confiance-méfiance).
Ce constat explique l’intérêt des agences spécialisées pour développer et tester des indicateurs
de mesure de la confiance dans la société en générale, et principalement dans les entreprises.
D’autres études s’emploient plutôt à identifier et à décrire les déterminants de la confiance dans les
communautés de travail, en cherchant à isoler les actions les plus importantes qui peuvent servir de
levier à la construction de la confiance. En partant de l’étude du cas de la filiale camerounaise d’une
entreprise multinationale (Corlay Cameroun S.A.) nous nous proposons de comprendre comment
cette dernière a réussi construire la confiance organisationnelle et interpersonnelle au cours des
cinq dernières années (2009-2014).
Corlay Cameroun S.A. est une entreprise de distribution des produits pétroliers, créée en 2009
suite au rachat des actifs de Texaco Cameroun par le Groupe Corlay Global. Texaco Cameroun avait
précédemment hérité des actifs des sociétés Agip Cameroun en 1992 et Shell Cameroun en 2006.
Le moral, l’engagement et l’implication des salariés, voire leur sentiment de confiance ont connu
une dépréciation progressive au cours de ces différentes phases de restructuration. Cette situation
a eu une forte implication sur le comportement des salariés ; en termes de résistance, de défiance,
d’hostilité, de défection. Après d’âpres négociations qui ont abouti en 2006 au rachat des actifs de
Shell Cameroun par Chevron, par ailleurs actionnaire majoritaire de Texaco Cameroun, la gestion
des deux entités s’est faite séparément jusqu’en 2008. C’est à ce moment que les actionnaires
ont décidé d’opérer la fusion entre ChevronTexaco (ex Shell Cameroun) et Texaco Cameroun
S.A. par dissolution de la première. Au cours des deux années de coexistence des deux entités,
l’entreprise a connu la juxtaposition de deux cultures organisationnelles et de deux systèmes
de valeurs (celle de Shell Cameroun et celle de Texaco Cameroun). Les rivalités entre les deux
groupes d’employés ont subsisté malgré le projet «Harmonie» qui devait permettre, comme son
nom l’indique, d’harmoniser les visions et les pratiques issues des deux organisations. L’objectif
du projet était de mobiliser les atouts des deux entreprises désormais fusionnées.
Pendant que le projet «Harmonie» connaissait des difficultés dans la mise en œuvre, l’entreprise
s’est trouvée engagée dans une nouvelle restructuration consécutive à l’annonce par Chevron de
la mise en vente de ses actifs dans quelques pays d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est. De
longues et difficiles négociations ont été engagées entre les dirigeants de la société, les délé-
gués du personnel et l’État camerounais pour la signature d’un protocole d’accord. Ce dernier
devait entre autres préciser les modalités de départ volontaire pour les salariés qui le désirent
et offrir quelques garanties de protection aux employés qui souhaitent rester dans l’entreprise
(notamment la sécurisation de leurs emplois, dans l’hypothèse des restructurations futures). Le
protocole d’entente ne sera finalement signé qu’en 2009 et s’en suivront les procès-verbaux de
conciliation totale, ainsi que la convention de décharge d’indemnité, le 03 juillet 2009.
Corlay Cameroun hérite alors des salariés épuisés par de longues années de négociations au
cours desquelles on a pu voir leur confiance basculer dans l’hostilité ; en passant par la défiance
qui a suscité des comportements opportunistes. Cette situation conflictuelle a entraîné des
ruptures de contrat de travail, à l’initiative de l’employé (3 démissions) ou de l’employeur (05
licenciements). Avec la reprise des actifs, mais aussi surtout des personnels de Shell Cameroun
et de Texaco Cameroun, Corlay Cameroun poursuit le cheminement au Cameroun (depuis 60 ans)
des deux entreprises dont elle est issue. Elle occupe actuellement la deuxième position dans le
secteur de la distribution des produits pétroliers au Cameroun, avec un réseau de 124 stations-
services, d’une cinquantaine de clients (entreprises industrielles) et un effectif qui n’a pas cessé
de croître au cours des cinq dernières années (58 employés en 2006 et 91 employés en 2014).
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Les différentes mutations qu’a connues l’entreprise suite aux changements observés dans la
constitution de son capital (prise de contrôle et participation) se sont accompagnées au niveau
intra organisationnel de la rupture entre les employés et l’équipe de direction. Cette rupture a
créé une vive méfiance, voire une défiance enracinée dans des réclamations syndicales variées
et récurrentes. Les activités managériales engagées pour reconstruire la confiance se sont
organisées autour des actions suivantes.
Après la prise de contrôle de Texaco Cameroun par Corlay Global, les dirigeants de l’entreprise
ont organisé une retraite résidentielle de trois jours baptisée « Corlay Test Retreat ». « Test »
représente les valeurs fortes autour desquelles la direction de l’entreprise souhaite reconsolider
les liens entre l’entreprise et ses employés. Ces valeurs se déclinent dans les termes suivants :
« Teamwork », « Excellence », « Service » and « Trust » (TEST). Cette activité de « Teambuilding
Outdoor » a permis de réunir tous les employés pour réfléchir ensemble, partager et échanger autour
des valeurs communes de l’organisation, leur contenu et leur mise en œuvre dans les pratiques
professionnelles. L’accompagnement d’un cabinet conseil a permis de traiter successivement
des thématiques suivantes : « Animation Capacity Utilisation », « Team Building », « Building
Staff Confidence », « Time Management ». En prime, la présence des conjoint(e)s des employé(e)
s a permis de construire des liens sociaux et affectifs pour donner plus de force et de cohésion
au groupe après la période d’incertitude liée à la transition des valeurs (entre celles de Chevron
Cameroun et celles de Corlay Cameroun S.A.).
Dans son message de fin d’année 2010 aux employés du Groupe, le Chief Executive Officer
(CEO) est revenu sur les acquis de l’année 2009, les challenges et les réalisations de l’année
2010 avant de donner des indications sur les objectifs prioritaires de l’année 2011. Ce message,
émis dans un contexte ou l’essentiel des communications sur les trois années précédentes était
largement dominé par les opérations de désinvestissement et de restructuration, a eu l’avantage
de mobiliser les employés autour des défis du futur plutôt que de les embrigader dans les
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2011 » porte bien la signature du CEO, mais n’est malheureusement pas accompagné de sa
photographie. Il est possible de faire l’hypothèse qu’une photo montrant un CEO serein et
dégagé donnerait une force persuasive à la « Lettre » ; non seulement à l’égard des investisseurs
externes, mais aussi des parties prenantes internes principalement les salariés. Par ailleurs, la
mise en forme approximative du texte contraste avec l’excellence qui est un des éléments de
l’ossature de la culture d’entreprise.
Références bibliographiques
Bernoux P. et Servet J.-M. (dir.), La construction sociale de la confiance, Paris, Association d’économie
financière, Montchrestien, 1997.
Fukuyama F., Trust: the Social Virtues and the Creation of Prosperity, New York, The Free Press, 1995.
Gambetta D., (dir.), Trust: Making and Breaking Cooperative Relationships, New York, Blackwell, 1988.
Hardin R., Trust and Trustworthiness, New York, Russell Sage Foundation, 2002.
Wafa K. et Zhegal D. M., « La complémentarité confiance-contrôle : l’analyse du degré de confiance reflé-
tée par la lettre annuelle du président de l’entreprise », manuscrit auteur, publié dans Technologie et manage-
ment de l’information : enjeux et impacts dans la comptabilité, le contrôle et l’audit, France 2002, disponible
sur internet à l’adresse suivante : halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/58/44/80/PDF/KHLIF.PDF
Luhman N., La confiance, un mécanisme de réduction de la complexité sociale (1968/2000), Paris, Econo-
mica, 2006.
Peyrefitte A., La société de confiance, Paris, Odile Jacob, 1995.
Thuderoz C., Mangematin V., Harrisson D. (dir.), La confiance. Approches économiques et sociologiques,
Montréal, Gaëtan Morin éditeur, 1999.
Confiance et risque
Bernard GUILLON, cofondateur et administrateur du colloque francophone sur le risque
ORIANE
Combiner la confiance organisationnelle avec la notion de risque permet de souligner, au-delà des
contraintes, les méthodes mises en place par les structures en vue de résoudre les problèmes. Les
travaux de Gintrac (2011 et 2012) permettent de poser des jalons en révélant que le slack organisationnel
est consubstantiel à la firme, même si sa mesure est difficile. Des enjeux se juxtaposent comme la
mesure des attentes, la participation, la négociation, la compréhension du stress… et le budget. Yanat
(2012) évoque le principe de confiance calculée, sans oublier la confiance dérivée des institutions et
celle fondée sur l’engagement individuel. Un éventail de solutions qui sera complété par la présentation
du concept de Servant Leadership (Belet, 2013) et son pendant, le leadership innovant et humaniste.
On y évoque notamment le fondement constitué par la philosophie de service aux collaborateurs et
l’éthique managériale que cela implique.
Des solutions dont on attend souvent qu’elles se traduisent de manière effective dans de nombreux
secteurs (notamment les plus délicats, à l’image des situations évoquées par Bouverese, Baujard et
Haim en 2011).
Références bibliographiques
Belet B. (2013), « Un paradigme innovant et puissant pour remédier à la crise du management : le servant
leadership », Innovations, n° 40.
Bouversse L., Baujard C. et Haim P. (2011), « Analyse systémique de la relation service client : quel risque
psychosocial pour les salariés ? », Revue française du marketing, n° 234.
Gintrac A. (2011), « Le stress au travail : un état des lieux », Management & Avenir, n° 41.
Gintrac A. (2012), « Origine et maîtrise du slack », Gestion 2000, vol. 29, n°4.
Yanat Z. (2012), « La confiance, réducteur de risques », Journal of social management, vol. 10, n° 1.
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Vouloir, c’est pouvoir
Jean-Michel GARRIGUES, Directeur des Ressources Humaines et du développement,
BLB associés
Le premier item de la marque – employeur est de paraître crédible dans son positionnement interne. Les
enquêtes anonymes des experts montrent clairement que, souvent, les collaborateurs opérationnels
indiquent, à une large majorité, ne pas vivre au quotidien les valeurs hardiment proclamées par leur
employeur, dans la communication corporate, les chartes d’éthique, les règles de gouvernance, les
règlements intérieurs.
Or, désormais, les jeunes générations osent : oui à l’engagement, oui à la fidélité, oui à la défense
de la marque, mais sous réserve que les attitudes soient partagées. Fais ce que tu dis, dis ce
que tu fais. C’est le postulat de base de la nouvelle relation employeur – salarié, d’autant plus au
regard des contraintes modernes de la relation de travail : équilibre vie professionnelle – vis privée,
développement des nouvelles organisations (télétravail, temps partagé), interaction des outils
de communication personnels et business (BYOD, réseaux sociaux). Là où l’entreprise fermée et
cloisonnée était dominante, là où la relation hiérarchie – collaborateurs était guidée par la fixité des
normes, la perméabilité incessante des environnements professionnels crée nécessairement un
besoin de nouveaux cadres de confiance, transcendant même les obligations règlementaires (nature
de la relation contractuelle, durée du travail, interventions des partenaires sociaux).
Quel changement de paradigmes ! Le salarié instruit, formé, est de moins en moins en situation
d’inégalité, de rapport de forces défavorable. Car au-delà des évolutions structurelles de la relation
de travail, la qualité de la situation sociale des entreprises sera de plus en plus importante, la
prochaine norme internationale en sera d’ailleurs un outil important. Même si l’entreprise n’était pas
naturellement disposée à œuvrer pour un collectif confiant et efficace, l’évaluation publique va devenir
tellement stratégique que des actions concrètes et mesurables seront entreprises dans toute les
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s’élaborent les plans, stratégies et budgets. La confiance du salarié se développera dans la pertinence
de son intégration dans ces process, de sa participation (directe ou indirecte) dans leur élaboration,
de la qualité (transparence) de l’information qu’il reçoit, de sa compréhension régulière (génératrice
d’adaptation) de l’atteinte, ou non, des objectifs. Ici est en jeu le rapport direct (si possible non
conflictuel) des dimensions « actionnaire » et « employé » ;
- définir, au niveau de chaque salarié, son implication dans l’organisation. Les fondamentaux de la
Gestion des ressources humaines s’y retrouvent : les rôles (postes / organisation) et leur évolution, les
objectifs personnels (individuels et collectifs), la reconnaissance au sens large (financière / rétribution
et non-financière / management des personnes).
L’enjeu fondamental de la réussite sur ces 3 axes est l’engagement délibéré, authentique de
ses gouvernants à tous niveaux : conseils d’administration, comités de direction, managers. Cet
engagement est challengé par les à-coups de logiques financières parfois externes et contradictoires
avec la projection des organisations dans la durée. Il est parfois dévoyé par des intérêts individuels,
court terme, plus ou moins conscients, qui ne prennent pas assez en compte une responsabilité
collective d’organisation. Il est enfin soumis à une complexification croissante du contexte économique
et technologique dans lequel les choix doivent s’opérer. Toute faille dans l’attitude des gouvernants, à
chaque niveau, est de nature à biaiser la perception de confiance des salariés dans la proposition générale
de l’organisation à laquelle ils appartiennent. Dans l’entreprise en particulier, c’est la responsabilité
fondamentale de la Direction des Ressources Humaines de veiller à l’organisation optimale de cette
gouvernance. Car elle est naturellement la mieux positionnée pour intervenir sur ces axes. C’est un
challenge difficile…D’autant que la « confiance organisationnelle » s’appuie, s’appuiera toujours plus
à l’avenir sur une quatrième dimension, celle de la Cité, celle de la responsabilité sociétale. Les
DRH doivent s’emparer, certes pas elles seules, de cette dimension dans la construction de leurs
interventions, de leurs contributions, de leurs processus car la confiance du salarié est aussi celle du
citoyen vis-à-vis de son organisation.
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déboussolée ?
Corinne FORASACCO, Fondatrice de Alma Alter Consulting, Coach et Enseignant Chercheur
Un nombre non négligeable d’études illustre de part le monde et de manière encore plus prégnante
en France un manque d’engagement des salariés au sein des organisations. Mais dans un même
temps, face à la crise, quelque peu paradoxalement les observatoires sociaux d’entreprises affichent
un niveau de confiance plutôt en hausse de ces mêmes salariés en leurs entreprises ou a minima à
l’égard de leurs dirigeants. Ainsi, tel que l’évoque la dernière Note de Conjoncture sociale d’Entreprise
et Personnel, dans une sorte de confusion sociale se dessine la voie, a priori contre intuitive, d’une
entreprise devenant dernier rempart d’une société en perte de repères. Directement confrontée à
l’incertitude et à la complexité les entreprises ont toutes les raisons de miser sur la confiance. Clef
pour une mobilisation au service de la réussite de l’organisation mais aussi condition d’équilibre voire
de succès des acteurs Sa mise en musique doit permettre d’aller à contre-courant du pessimisme
ambiant, de favoriser l’adaptabilité, de libérer l’initiative et l’innovation. Elles l’abordent ainsi dans ses
différentes dimensions; climat, postures, outils et démarches. Et au commencement est le dirigeant à
la fois dans son rôle symbolique de responsabilité et dans sa mission opérationnelle de porteur de sens
et de vision. La mise en œuvre de projets d’entreprise, plans stratégiques et business plans, est alors
au quotidien challengée sur son alignement et sur la congruence des décisions dont elle est porteuse.
Ensuite dans un sens de facilitation du développement de la confiance organisationnelle, différents
outils et démarches se construisent Citons par exemple le Co-développement qui en réunissant de
manière régulièrement des pairs en position d’écoute et de coopération sur des questions de business
ou de management , au-delà de la résolution de problèmes, produit de la confiance et de l’intelligence
collectives. Et s’il s’agit enfin de favoriser la confiance en soi, quasi préalable, à la confiance en l’autre
et les autres ; le Mentoring est une voie. Conforme à son origine grecque ou Mentor assurait le rôle
de guide de Télémaque le fils de d’Ulysse les mentors au sein des entreprises, pourront tour à tour
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ou négatives diverses. L’entreprise, ou plus largement l’organisation, cherche donc à développer les
aspects positifs d’un « fonctionnement à la confiance ». Ce « fonctionnement à la confiance », passe
par une « considération ressentie », de l’Humain dans l’organisation. En ce sens un engagement en
RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise) y contribue fortement. De nombreuses études, parmi
lesquelles celle d’Industry Week reprise dans le Livre Vert de la Commission Européenne, montrait déjà,
en 2001, les bons résultats d’entreprises engagées en RSE, notamment au niveau de la motivation, de
l’absentéisme, de l’engagement, de la fidélité, de la compétence…des salariés. Cette étude parvenait
à la conclusion suivante : « 50% des bons résultats des entreprises socialement responsables sont
imputables à leur engagement social, tandis que l’autre moitié s’explique par les performances de leur
secteur ». En développant la confiance de ses salariés, notamment par l’ensemble des actions mises
en place dans le cadre d’un engagement RSE, une entreprise améliore donc à la fois, le bien-être de
ses employés, leur « considération ressentie », mais également son image auprès de l’ensemble de
ses parties prenantes internes et externes et donc sa place sur le marché financier.
Le capital confiance
Chafik BENTALEB, Professeur, université de Marrakech
Développer le « capital confiance » que les collaborateurs peuvent avoir dans leur l’entreprise est
un moyen d’implication et de fidélisation des salariés. Pour réussir un tel challenge, l’entreprise
doit entretenir dans l’esprit de ses salariés un esprit de justice et d’équité, ce qui veut dire que les
salariés ne doivent à aucun moment ressentir un déséquilibre entre leurs contributions au niveau du
rendement et de l’implication et la manière dont l’entreprise rétribue leurs efforts et résultats. Aussi,
le développement du sentiment de confiance organisationnelle dans l’esprit des salariés dépend de
la perception des performances par les salariés. Plus les expériences passées vécues par les salariés
au sein de leur entreprise sont positives, plus ceux-ci accordent leur confiance à leur organisation.
Enfin, la qualité et l’importance des flux de communication entre l’organisation et ses salariés
influence fortement la confiance que ceux-ci peuvent lui accorder. Cette communication intègre aussi
bien la qualité des informations que partage l’organisation avec ses salariés, que la disponibilité de
celle-ci à être à l’écoute de ses salariés. Pour conclure, la confiance reste un sentiment qui peut
engendrer d’innombrables bienfaits au niveau du comportement organisationnel des salariés au sein
de l’entreprise. Cependant, la confiance se présente aussi comme une construction sociale difficile
à développer et délicate à maintenir. Une entreprise doit en être avertie et rester vigilante pour éviter
toute perception de rupture de ce lien de la part de ses salariés.
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l’expression des valeurs personnelles et forces de chacun des membres de son équipe : une étude
réalisée par Dan Cable, de la London Business School a montré que les salariés qui se sentent libres
d’exprimer leur véritable personnalité au travail atteignent un niveau plus élevé d’investissement dans
l’organisation et de performance individuelle, et sont plus enclins à aider les autres.
Leader et confiance
Alexandre GUILLARD et Bernard LEVEQUE, Direction du développement de l’intelligence
collective COVEA
C’est au leader de créer les conditions d’expression de ces valeurs identitaires, gage d’un lien de
confiance renforcé. La confiance dans l’entreprise semble se construire par la preuve, l’expérience
partagée et non par les grandes déclarations d’intention. Elle implique, à commencer par le leader, un
travail d’introspection et mobilise les vertus humaines les plus nobles comme l’humilité, la générosité,
la bienveillance. La confiance a toujours constitué un thème d’étude central des philosophes grecs
de l’Antiquité jusqu’à nos jours avec les sciences humaines et du management. Elle reste néanmoins
l’objet de toutes les attentions aujourd’hui, tout particulièrement dans le monde des entreprises marqué
par l’affaiblissement croissant voire le délitement du lien entre salariés et employeur1 . Au travers de
la question qui nous posée, il est aisé de voir que le qualificatif « organisationnelle » a été accolée à la
notion de confiance pour souligner que l’enjeu n’est plus seulement d’ordre personnel ou interpersonnel
mais également collectif et sociétal. En effet, c’est bien la nature du lien entre l’individu et l’organisation,
qui jadis reposait sur la durabilité et la loyauté, qui est remis en question. La digitalisation et l’impact sur
les formes classiques d’organisation ne font qu’accélérer et amplifier cette tendance. Mais pourquoi le
sentiment de confiance organisationnelle est-il si crucial ?
1 Parmi les très nombreuses études, on peut citer l’ouvrage qu’ont publié Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg :
La Société de défiance (Ed. Rue d’Ulm, 2007).
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participants et même de leur entourage. Les effets sur l’organisation restent néanmoins encore à
mesurer, ce que nous avons engagé avec un groupe de chercheurs de la Chaire Essec du changement.
La seconde piste, plus récente, prolonge celle du co-développement : celle de la démarche que nous
avons intitulé « amélioration continue apprenante » ; elle se penche non plus sur le geste relationnel
des acteurs mais sur le geste opérationnel. Cette démarche puise ses racines dans la tradition Toyota
dont un des piliers repose sur le développement de la personne, qui renvoie au « team work » et au
respect. La confiance n’est pas l’objectif de la démarche, mais constitue un moyen ainsi qu’un résultat
souvent observé, à condition de respecter les principes originels de la démarche et de vérifier l’écologie
de ses applications. La confiance s’incarne de plusieurs façons : la responsabilité donnée par le manager
à chaque opérateur à apprendre à résoudre les problèmes individuellement et en équipe ; le rôle de
coach et de développeur de compétences qu’adopte le management ; last but not least, le soutien et
le respect que montre le leader vis-à-vis des acteurs qui prennent part à l’amélioration de l’entreprise.
Naturellement, ces comportements ne sont le fruit que d’expérimentations qui se réalisent sur le
terrain. Elle demande du temps et des précautions pour laisser de l’espace à l’apprentissage. Nous n’en
sommes qu’aux prémisses. Ces deux voies ne sont en définitive que des tentatives de solution pour
faciliter l’émergence d’une organisation apprenante. De ce fait, ses effets présumés sur la confiance ne
sont jamais acquis définitivement et nécessitent d’être démontrés à tout moment, à tous les endroits,
avec la possibilité parfois de retours en arrière. A l’image d’un couple, la « bataille de la confiance » n’est
jamais assurée à jamais ! Pour que la confiance devienne organisationnelle, elle nécessite plusieurs
ingrédients : du temps (au minimum 10 ans, disent les experts), une aptitude tactique (à déjouer le cout-
termisme ambiant), sans oublier une ouverture et une acceptation de la complexité : accepter de ne pas
tout maîtriser, revenir au sens premier du mot confiance … un acte de foi dans la personne qui pourrait
prendre la forme, dans notre monde d’assurance, d’un pari pascalien !
2 C’est le titre de l’ouvrage qui raconte cette histoire : Bruno Jarrosson, Vincent Lenhardt, Bertrand Martin, Oser la
confiance Propos sur l engagement des dirigeants (Insep éditions, 1997).
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