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MOTS_132_0173
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Marie Veniard
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/mots/32307
DOI : 10.4000/mots.32307
ISSN : 1960-6001
Éditeur
ENS Éditions
Édition imprimée
Date de publication : 1 septembre 2023
Pagination : 173-175
ISSN : 0243-6450
Référence électronique
Marie Veniard, « Michelle Lecolle, Les noms collectifs humains en français. Enjeux sémantiques, lexicaux
et discursifs », Mots. Les langages du politique [En ligne], 132 | 2023, mis en ligne le 01 juillet 2023,
consulté le 21 août 2023. URL : http://journals.openedition.org/mots/32307 ; DOI : https://doi.org/
10.4000/mots.32307
Marie Veniard
RÉFÉRENCE
Michelle Lecolle, Les noms collectifs humains en français. Enjeux sémantiques, lexicaux et
discursifs. Limoges, Lambert-Lucas, 2019, 312 p.
1 Dans un numéro de Mots déjà ancien (n o 94, 2010), Sylvianne Rémi-Giraud évoquait le
mariage (difficile) entre sémantique lexicale et langages du politique et soulevait, avec
d’autres, comme Paul Siblot, la question de savoir quelle sémantique lexicale était la
plus compatible avec une analyse discursive.
Michelle Lecolle reprend cette même question dans son ouvrage Les noms collectifs
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Michelle Lecolle les définit comme « des noms d’entités formées d’une pluralité
d’éléments humains de “même catégorie” – c’est-à-dire similaires à certains égards, de
manière plus ou moins lâche selon la signification » du nom collectif (p. 62). Cette
recherche s’appuie sur un corpus dont les conditions de recueil sont décrites dans le
chapitre 3. La démarche consiste à établir une liste de candidats au statut de noms
collectifs, en distinguant, à la suite de l’analyse, des noms collectifs lexicaux et d’autres
noms qui ne le sont que dans certaines acceptions ou certains usages. Les exemples
sont tirés principalement de textes médiatiques, de blogs ou de textes littéraires.
4 La deuxième partie est consacrée à une proposition de typologie des noms collectifs,
lexicaux et transitoires. Dans le chapitre 6 en particulier, l’autrice décrit trois
« profils » sémantiques caractéristiques de ces noms. Ce chapitre, central, comporte de
nombreux exemples et contre-exemples. Au fil du chapitre et à la fin, des tableaux
présentent un récapitulatif des caractéristiques, cas distingués et critères descriptifs
utilisés.
5 Sans être exclusifs, ces profils permettent de penser les différentes catégories de noms
et leur articulation. Le profil « faire avec » (brigade, association, gouvernement, comité
d’entreprise…) rassemble des noms qui réfèrent à des groupes dont les membres
partagent une finalité, un but commun, une « fonctionnalité ». Cette appartenance
suppose une adhésion personnelle et une forme d’agentivité. À l’inverse, le profil « être
comme », « être », dit « identitaire » (bourgeoisie, paysannerie, ainsi qu’une sous-classe
de noms évaluatifs tels que élite, avant-garde, canaille, piétaille) renvoie à des groupes
dont les membres présentent des similitudes ou sont supposés partager une identité
commune, mais sans que cela n’implique une quelconque agentivité. Le dernier profil,
« être avec », rend compte d’une relation de « contiguïté » – matérielle (assemblée,
convoi, parterre) ou non (famille, bande, cercle) – entre les membres du groupe.
6 Certains noms peuvent relever de différentes classes, comme opposition qui renvoie à
« l’ensemble des opposants, i.e. ceux qui s’organisent pour s’opposer (en commun) »
(p. 117) [profil « fonctionnel »], aussi bien qu’à « l’ensemble des opposants, i.e. ceux qui
se définissent par le fait même qu’ils s’opposent (à quelque chose ou quelqu’un) »
[profil « identitaire »]. L’intérêt de travailler, en sémantique discursive, sur des classes
de noms émerge de l’analyse (par exemple, dissidence et rébellion fonctionnent de la
même manière). On trouvera également les cas de immigration et opinion (publique)
traités selon cette même perspective. M. Lecolle a le souci de ne pas cacher les
difficultés de la méthode, par exemple à travers l’interrogation de la polysémie de la
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AUTEURS
MARIE VENIARD
Université Paris Cité, laboratoire EDA
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