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Michelle Lecolle, Les noms collectifs humains en français.

Enjeux sémantiques, lexicaux et discursifs


Limoges, Lambert-Lucas, 2019, 312 p.
Marie Veniard
Dans Mots. Les langages du politique 2023/2 (n° 132), pages 173 à 175
Éditions ENS Editions
ISSN 0243-6450
© ENS Editions | Téléchargé le 12/05/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)

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Mots. Les langages du politique
132 | 2023
Les mots du vote de la Rome antique à la Révolution
française

Michelle Lecolle, Les noms collectifs humains en


français. Enjeux sémantiques, lexicaux et discursifs
Limoges, Lambert-Lucas, 2019, 312 p.

Marie Veniard

Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/mots/32307
DOI : 10.4000/mots.32307
ISSN : 1960-6001

Éditeur
ENS Éditions

Édition imprimée
Date de publication : 1 septembre 2023
Pagination : 173-175
ISSN : 0243-6450

Référence électronique
Marie Veniard, « Michelle Lecolle, Les noms collectifs humains en français. Enjeux sémantiques, lexicaux
et discursifs », Mots. Les langages du politique [En ligne], 132 | 2023, mis en ligne le 01 juillet 2023,
consulté le 21 août 2023. URL : http://journals.openedition.org/mots/32307 ; DOI : https://doi.org/
10.4000/mots.32307

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Michelle Lecolle, Les noms collectifs humains en français. Enjeux sémantiques... 1

Michelle Lecolle, Les noms collectifs


humains en français. Enjeux
sémantiques, lexicaux et discursifs
Limoges, Lambert-Lucas, 2019, 312 p.

Marie Veniard

RÉFÉRENCE
Michelle Lecolle, Les noms collectifs humains en français. Enjeux sémantiques, lexicaux et
discursifs. Limoges, Lambert-Lucas, 2019, 312 p.

1 Dans un numéro de Mots déjà ancien (n o 94, 2010), Sylvianne Rémi-Giraud évoquait le
mariage (difficile) entre sémantique lexicale et langages du politique et soulevait, avec
d’autres, comme Paul Siblot, la question de savoir quelle sémantique lexicale était la
plus compatible avec une analyse discursive.
Michelle Lecolle reprend cette même question dans son ouvrage Les noms collectifs
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humains en français. Enjeux sémantiques, lexicaux et discursifs (Limoges, Lambert-Lucas,


2019). Poursuivant ses travaux de sémantique discursive, l’auteure propose, avec le cas
des noms collectifs humains, une illustration de l’articulation possible entre une
sémantique ancrée sur l’usage, qui permet la description systématique d’une classe de
noms du français, et les enjeux discursifs de l’expression de la « fabrique » du collectif.
L’index de ces noms collectifs humains, figurant à la fin de l’ouvrage, permet de
prendre conscience de leur caractère fondamental dans la vie politique et sociale. On y
trouve en effet des mots qui retiendront l’attention des spécialistes des langages du
politique : cellule, manifestation, parti, peuple, rassemblement, section…
3 L’ouvrage, de quelque 300 pages, comporte trois parties. La première est consacrée à la
délimitation et à la catégorisation de l’objet « nom collectif humain ». Le point de
départ de la réflexion est la définition de la classe des noms collectifs, ces noms qui
renvoient à une pluralité d’individus tout en restant morphologiquement au singulier.

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Michelle Lecolle les définit comme « des noms d’entités formées d’une pluralité
d’éléments humains de “même catégorie” – c’est-à-dire similaires à certains égards, de
manière plus ou moins lâche selon la signification » du nom collectif (p. 62). Cette
recherche s’appuie sur un corpus dont les conditions de recueil sont décrites dans le
chapitre 3. La démarche consiste à établir une liste de candidats au statut de noms
collectifs, en distinguant, à la suite de l’analyse, des noms collectifs lexicaux et d’autres
noms qui ne le sont que dans certaines acceptions ou certains usages. Les exemples
sont tirés principalement de textes médiatiques, de blogs ou de textes littéraires.
4 La deuxième partie est consacrée à une proposition de typologie des noms collectifs,
lexicaux et transitoires. Dans le chapitre 6 en particulier, l’autrice décrit trois
« profils » sémantiques caractéristiques de ces noms. Ce chapitre, central, comporte de
nombreux exemples et contre-exemples. Au fil du chapitre et à la fin, des tableaux
présentent un récapitulatif des caractéristiques, cas distingués et critères descriptifs
utilisés.
5 Sans être exclusifs, ces profils permettent de penser les différentes catégories de noms
et leur articulation. Le profil « faire avec » (brigade, association, gouvernement, comité
d’entreprise…) rassemble des noms qui réfèrent à des groupes dont les membres
partagent une finalité, un but commun, une « fonctionnalité ». Cette appartenance
suppose une adhésion personnelle et une forme d’agentivité. À l’inverse, le profil « être
comme », « être », dit « identitaire » (bourgeoisie, paysannerie, ainsi qu’une sous-classe
de noms évaluatifs tels que élite, avant-garde, canaille, piétaille) renvoie à des groupes
dont les membres présentent des similitudes ou sont supposés partager une identité
commune, mais sans que cela n’implique une quelconque agentivité. Le dernier profil,
« être avec », rend compte d’une relation de « contiguïté » – matérielle (assemblée,
convoi, parterre) ou non (famille, bande, cercle) – entre les membres du groupe.
6 Certains noms peuvent relever de différentes classes, comme opposition qui renvoie à
« l’ensemble des opposants, i.e. ceux qui s’organisent pour s’opposer (en commun) »
(p. 117) [profil « fonctionnel »], aussi bien qu’à « l’ensemble des opposants, i.e. ceux qui
se définissent par le fait même qu’ils s’opposent (à quelque chose ou quelqu’un) »
[profil « identitaire »]. L’intérêt de travailler, en sémantique discursive, sur des classes
de noms émerge de l’analyse (par exemple, dissidence et rébellion fonctionnent de la
même manière). On trouvera également les cas de immigration et opinion (publique)
traités selon cette même perspective. M. Lecolle a le souci de ne pas cacher les
difficultés de la méthode, par exemple à travers l’interrogation de la polysémie de la
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glose « être membre de » (p. 111).
7 La troisième partie est dévolue à l’analyse de phénomènes sémantico-discursifs
s’appuyant sur les caractéristiques mises au jour dans les parties précédentes : figures
et jeux de mots, effets de sens, explorés en particulier à propos du vocabulaire politique
(droite-gauche et majorité-opposition, chapitre 11). M. Lecolle y développe la
problématique socio-discursive des relations de « constituance », c’est-à-dire ce qui
touche à l’appartenance au groupe et à l’identité de ses membres, ainsi qu’à la relation
de partition dans le groupe et hors du groupe, en rapport avec l’altérité. C’est dans
cette partie que M. Lecolle présente sa conception de l’ambiguïté et de la
polysignifiance du lexique qui constitue un apport important de ce livre.
8 Pour les spécialistes du discours, l’ouvrage permet de porter son attention sur des noms
qui, du fait peut-être de leur apparente « neutralité », font très rarement l’objet
d’études discursives. Or, parler d’une bande ou d’un réseau, d’une assemblée ou d’une

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foule ne va pas sans actualiser un éventuel point de vue et une configuration de la


réalité sociale. On pourrait voir là une piste vers un renouveau des travaux sur la
nomination. D’une manière générale, l’ouvrage, touffu, regorge de pistes suggérées aux
spécialistes du discours (usage de nébuleuse dans le discours médiatique ; expression des
groupes de deux : paire, tandem, trio ; disparition de cellule dans le vocabulaire des partis
politiques, etc.). Par ailleurs, l’ouvrage apporte des clarifications, incidentes au propos
mais bienvenues, sur des notions de linguistique très utilisées en analyse de discours. Il
en est ainsi de la supposée opposition entre nomination et prédication que M. Lecolle
suggère de relativiser quelque peu (chapitre 12). L’ouvrage propose aussi des outils
métalinguistiques qui témoignent d’un souci d’exhaustivité : un index des noms
collectifs humains, des listes de ces noms classés selon les trois profils et la liste des
noms de membres associés aux noms collectifs.
9 Au-delà de ces considérations, l’intérêt de cet ouvrage, à mon sens, ne réside pas tant
dans l’articulation – encore programmatique – avec d’autres disciplines évoquées par
l’autrice (sociologie, anthropologie) mais bien plutôt dans la mise au jour de
phénomènes sémantico-discursifs (indétermination référentielle, polysignifiance…)
qui, s’ils ont souvent le statut de conclusions dans les études discursives, gagnent,
comme c’est le cas ici, à être traités pour eux-mêmes, comme des phénomènes réguliers
qui doivent être abordés en prenant en compte le caractère multi-dimensionnel
(morphologie, lexique, syntaxe, texte, discours) des faits linguistiques et langagiers.

AUTEURS
MARIE VENIARD
Université Paris Cité, laboratoire EDA
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