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Langues de travail et pratiques langagières dans les

enquêtes statistiques
Rouard Françoise, Frédéric Moatty
Dans Langage et société 2016/1 (N° 155), pages 61 à 98
Éditions Éditions de la Maison des sciences de l'homme
ISSN 0181-4095
ISBN 9782735120888
DOI 10.3917/ls.155.0061
© Éditions de la Maison des sciences de l'homme | Téléchargé le 17/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 41.92.96.144)

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Langues de travail et pratiques langagières
dans les enquêtes statistiques

Rouard Françoise
Conservatoire National des Arts et Métiers /Dicen EA 4420.
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francoise.rouardtolila@gmail.com
Moatty Frédéric
Centre d’études de l’emploi/Tepp (FR 3435, CNRS),
frederic.moatty@gmail.com

Introduction
Dans un pays comme la France où il existe une langue nationale majori-
taire, supposée commune entre l’enquêteur et l’enquêté, la question des
langues n’est pas centrale dans les enquêtes statistiques sur le travail. Cer-
taines études s’intéressent aux difficultés liées aux situations d’illettrisme
(El Hayek, 2000) pour les populations les moins qualifiées ou à la diffu-
sion de la pratique de l’anglais dans l’entreprise (DGLFLF, 2008) pour les
plus qualifiées. Les pratiques de la langue française au travail de la plus
grande masse des actifs sont peu explorées, comme si elles allaient de soi.
Au-delà de l’étude des langues, l’usage du langage au travail reste
peu enquêté de manière quantitative alors que les analyses qualitatives
des pratiques langagières au travail se sont développées dans les années
récentes. Les pratiques langagières désignent les verbalisations produites
en situation de travail, discours oraux ou écrits circulant dans le cadre du
travail et qui sont liés à l’activité de travail qu’ils accompagnent ou qu’ils
réalisent. Ces pratiques langagières vont de pair avec des manifestations
non verbales telles que gestes ou intonation. Dans le système productif
taylorien, la parole était interdite car considérée comme du bavardage
(Teiger, 1995). Les années récentes ont vu sa reconnaissance dans les
nouvelles formes d’organisation du travail pour les activités de contrôle,
d’évaluation, de coordination et de communication et, simultanément

© Langage & Société n° 155 – 1er trimestre 2016


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le développement de l’écrit (textes, tableaux ou graphiques) sur papier


ou sur écran. La part langagière du travail a été réévaluée en lien avec
l’évolution des modes de gestion, les dispositifs technologiques et l’in-
formatisation (Boutet et Gardin, 2001 ; Boutet, 2008).
Cet article rassemble en premier lieu les résultats disponibles sur le
sujet des langues et des pratiques langagières au travail dans les enquêtes
statistiques, et les complète. Il montre ce que l’analyse du travail et des
situations sociales qui lui sont liées apportent à la connaissance des pra-
tiques langagières. Il présente ensuite les apports, les manques et la métho-
dologie de ces enquêtes et la façon dont les dimensions langagières y sont
questionnées. Enfin, l’article formule des préconisations dans la construc-
tion de catégories pertinentes pour des questionnements quantitatifs en
vue de futures enquêtes.

1. Les langues et les pratiques langagières dans les enquêtes


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statistiques sur le travail : un inventaire des résultats
Avant d’analyser l’apport des enquêtes statistiques sur le travail concernant
les langues et les pratiques langagières, il faut rappeler un double paradoxe.
Le premier porte sur la contrainte d’avoir un objet d’étude, la langue, qui
est également l’outil de l’étude : dans quelle langue interroger un enquêté
sans connaître au préalable sa langue usuelle ? Ce premier paradoxe est
souvent masqué par un second, lié à la représentation du français comme
une langue commune et partagée sur le territoire national, y compris entre
l’enquêteur et l’enquêté. Nous verrons plus loin que l’enquête statistique
elle-même doit être analysée comme un dispositif langagier.
Certaines enquêtes statistiques sur le travail abordent depuis peu la
dimension des langues et des pratiques langagières. Cette partie inven-
torie et complète les résultats disponibles en s’appuyant sur l’enquête
Changements Organisationnels et Informatisation (COI) de 2006 ainsi
que sur les enquêtes Conditions de Travail (CT) de 2005 et 2013, qui ont
intégré dans leur questionnement des items concernant le langage. Nous
aborderons également quelques résultats sur les compétences langagières
au travail issus d’enquêtes internationales consacrées aux compétences
des adultes (PIAAC, 2012).

1.1. Les langues de travail : les usages du français et de l’anglais


Le dispositif d’enquêtes sur les Changements Organisationnels et Infor-
matisation (COI) de 2006 qui interroge simultanément entreprises et
salariés a intégré des questions sur la dimension des langues étrangères
dans l’entreprise. Ce questionnement a été financé par la Délégation
Langues, travail et pratiques langagières / 63

Générale de la Langue Française et des Langues de France (DGLFLF)1


qui cherchait à mesurer la présence de l’anglais dans l’entreprise. Dans
le secteur marchand, c’est-à-dire l’industrie et les services, le champ de
l’enquête concerne les salariés stables (au moins un an d’ancienneté)
d’entreprises de 20 salariés ou plus. 14 331 salariés représentatifs d’une
population de 7,3 millions d’individus ont ainsi été interrogés.
Parmi ces salariés, les trois quarts n’utilisent que le français, tandis
qu’un quart seulement ont un « travail qui implique, fréquemment
(11 %) ou occasionnellement (14 %) de parler ou d’écrire une autre
langue que le français ». Le français reste donc et de loin, la première
langue de travail en France.
Sans surprise, l’anglais est la langue étrangère la plus utilisée au travail
(89 %), suivi des langues de pays frontaliers : l’allemand (4,7 %), l’espa-
gnol (1,8 %) et l’italien (1,4 %). Les autres langues (3 %) ainsi que les
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langues régionales et dialectes de France sont très peu représentées (0,4 %)
(DGLFLF, 2008). Au-delà de ces premiers chiffres, grâce à une nouvelle
exploitation de cette enquête, nous présentons ici des résultats inédits
pour compléter cet état des lieux.

1.1.1. Langues de travail et langues de l’enfance


dans l’enquête COI
Sur le plan de leur identité linguistique, 78 % des salariés n’ont « appris
qu’une langue y compris le français à la maison dans l’enfance et la com-
prennent encore ». Ils sont 18 % à avoir appris deux langues et 4 % trois
langues ou plus. Plus d’un sur cinq (22 %) a donc appris au moins deux
langues à la maison dans l’enfance et les comprend encore. Ces résultats
montrent la diversité du capital linguistique familial pour cette fraction
de salariés, au-delà du capital linguistique scolaire.
Au total, 94 % des salariés ont appris le français à la maison dans
l’enfance et ils ne sont que 3,3 % à citer les langues régionales et
dialectes de France2. Viennent ensuite les langues des pays voisins :
7,9 % pour l’anglais, 3,8 % pour l’espagnol, 2,9 % pour le portugais,

1. Redevenue DGLF en 2015.


2. Dans l’enquête COI, la formulation de la question inclut la compréhension actuelle
des langues parlées à la maison dans l’enfance. Elle diffère donc de celle de la question
des « « langues, dialectes ou patois » que le père ou la mère parlait « d’habitude » vers
l’âge de cinq ans », posée dans l’enquête Famille de l’Insee de 1999. 26 % des adultes
déclaraient que « leurs parents leur parlaient une autre langue associée ou non au
français » et dans la moitié des cas, il s’agissait de « langues régionales ou frontalières »
(Héran, Filhon et Deprez, 2002).
64 / Rouard Françoise et Moatty Frédéric

2,5 % pour l’allemand, 2 % pour l’italien et 1,7 % pour le flamand.


Par ailleurs, l’arabe et « les autres langues arabes » sont cités par 4,1 %
des salariés et les « autres langues d’Afrique » par 1,2 %.
L’ordre des listes des langues familiales et des langues étrangères du
travail apparaît comme très différent. L’anglais a une place de langue
internationale de travail comme langue véhiculaire, sans aucune mesure
avec son importance en tant que langue vernaculaire transmise à la mai-
son dans l’enfance. Dans une moindre mesure, il en est de même pour
l’allemand, dont la place comme langue de travail reflète l’importance
des échanges économiques franco-allemands.
Enfin, les langues de l’enfance apprises à la maison sont-elles des lan-
gues utilisées au travail ? Parmi les salariés qui utilisent l’anglais au travail,
seulement 12 % « l’ont appris à la maison dans leur enfance ». L’anglais
diffère des autres langues de travail qui ont largement, voire majoritaire-
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ment, été apprises à la maison dans l’enfance : l’allemand, 41 %, l’italien,
48 %, le portugais, 55 % et l’arabe, 72 %. Ces résultats confirment
l’usage véhiculaire de l’anglais et montrent également les rôles respectifs
de la maison et de l’école dans les apprentissages des langues. Cependant,
le travail joue également un rôle puisque l’activité professionnelle permet
de développer ses connaissances en langues étrangères, notamment en
anglais (Bodier, 1998).

1.1.2. Un usage situé des langues étrangères au travail


selon l’activité du salarié
L’activité du salarié renvoie ici à trois variables : la fonction exercée, la
qualification professionnelle et l’exercice de responsabilités.
L’usage des langues étrangères est très contrasté suivant les fonctions
exercées par les salariés. La fonction R & D « études, recherche et déve-
loppement, méthodes » est celle où l’usage d’une langue étrangère est
la plus répandue, il est même majoritaire avec 60 % des salariés (voir
tableau 1, en annexe). De plus, c’est la seule fonction où cet usage est
plus souvent fréquent qu’occasionnel. La fonction « commerciale, tech-
nico-commerciale » est en seconde position (35 %) avec des résultats
proches selon l’intensité de l’usage. Ces mesures rendent visibles l’in-
ternationalisation de la R & D tandis que le lien avec le marché peut se
décliner au niveau local, national ou international. La fonction « gestion
comptabilité » nécessite l’usage d’une langue étrangère pour 28 % de
ses salariés, résultat qui peut paraître surprenant mais qui rend compte
des normes internationales de « reporting et tableaux de bord » et du
poids des actionnaires dans l’organisation financière d’une entreprise.
Langues, travail et pratiques langagières / 65

Enfin, l’usage est plus rare et généralement occasionnel dans les autres
fonctions. Ces résultats montrent l’importance jouée par la fonction,
qui renvoie à l’activité exercée, sur la nécessité de parler ou d’écrire une
autre langue que le français pour le travail.
L’usage professionnel de « documents comme des notices, des modes
d’emploi » non rédigés en français peut être précisé selon les fonctions.
Il concerne près de la moitié (48 %) des salariés de la fonction « installa-
tion, réparation, maintenance », ce qui la situe juste après la fonction R
& D (74 %) mais nettement au-dessus de la fonction « gestion, compta-
bilité » (35 %) et « technico-commerciale » (30 %). Cet usage de docu-
ments non rédigés en français concerne en particulier les utilisateurs d’une
informatique connectée, contrairement à ceux qui ont recours à une
informatique peu ou pas connectée (Greenan N. et alii, 2012). Les modes
d’emploi et notices accompagnent les produits complexes manufacturés
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et l’importance des langues étrangères dans ce genre d’écrits s’explique
par l’importation de produits et de savoir-faire d’origine étrangère sur le
territoire français. Pour les salariés concernés, cet usage de langues étran-
gères se révèle gênant « pour le bon déroulement du travail » dans 23 %
des cas, tout particulièrement dans les fonctions de « production, chantier,
exploitation » (37 %) et « installation, réparation, maintenance » (33 %).
L’usage des langues étrangères augmente avec les qualifications pro-
fessionnelles. Les cadres sont de loin les plus concernés : 57 % d’entre eux
doivent en faire usage et cet usage est plus souvent fréquent qu’occasion-
nel (tableau 1). Les professions intermédiaires se retrouvent à un niveau
proche de celui des employés, avec un usage le plus souvent occasionnel.
Enfin, l’exercice de responsabilités conduit à utiliser plus souvent les
langues étrangères. C’est le cas de 36 % des responsables hiérarchiques
et de 55 % des salariés qui animent un groupe de travail. Les responsabi-
lités liées à l’activité priment donc sur celles liées au statut hiérarchique.
Ce résultat est important, car il souligne le poids de l’activité pour l’étude
de l’usage des langues étrangères au travail. Ce que l’on fait est plus
important que ce que l’on est.

1.1.3. Un usage différencié


selon les caractéristiques personnelles du salarié
L’usage des langues étrangères au travail dépend également des caractéris-
tiques personnelles du salarié : son niveau scolaire, son âge et son sexe. Sans
surprise, cet usage augmente avec le niveau scolaire (tableau 1). Il s’accroît
selon le cycle de l’enseignement supérieur et devient majoritaire pour
les diplômés du 3e cycle ou des grandes écoles. Il est également un peu
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plus répandu chez les salariés de moins de 40 ans (28 %) que chez les sala-
riés plus âgés (23 %). Par ailleurs, les plus jeunes sont moins gênés (16 %)
que les plus âgés (28 %) lorsqu’ils doivent utiliser des « documents comme
des notices, des modes d’emploi qui ne sont pas rédigés en français ». Le
rapport des jeunes aux langues étrangères apparaît à la fois plus étroit et
surtout plus aisé. Enfin, d’autres caractéristiques personnelles du salarié
comme le sexe présentent peu de différences.

1.1.4. Des variations selon les caractéristiques


de l’entreprise et de ses marchés
La localisation de l’entreprise, sa taille et son secteur d’activité détermi-
nent également l’usage des langues étrangères au travail (tableau 1).
Cet usage est faible (17,5 %) dans les zones rurales et dans les petites
agglomérations de moins de 10 000 habitants. Avec 23 %, il est proche
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de la moyenne dans les agglomérations entre 10 000 et 2 millions d’habi-
tants. Il est notable que la taille de l’agglomération n’ait pas d’incidence.
Par contre, l’usage des langues est répandu dans l’unité urbaine de Paris
(44 %) et il est plus souvent fréquent (24 %) qu’occasionnel (20 %).
Si la composition socioprofessionnelle parisienne explique en partie ce
résultat, cette zone est la seule unité urbaine significativement orientée à
l’international du point de vue des langues. Paris et son agglomération
jouent un rôle de capitale et de métropole mondialisée située à l’interface
des échanges internationaux.
L’usage des langues étrangères est plutôt le fait des grandes voire très
grandes entreprises, les plus à même de s’implanter sur les marchés inter-
nationaux. La part des salariés concernés s’accroît suivant la taille de
l’entreprise.
Cet usage contraste les secteurs d’activité des entreprises. Il est élevé
dans les services aux entreprises, dans les transports et les services aux par-
ticuliers3. Ces niveaux d’usage renvoient au degré d’internationalisation
des différentes branches d’activité.
Enfin, il correspond le plus souvent à des relations externes à l’en-
treprise : les clients (55 %), d’autres personnes extérieures y compris
appartenant à des filiales du groupe (46 %), ou les fournisseurs (35 %).
En interne, l’usage d’une langue étrangère est plus rare et concerne plus
souvent la relation avec les collègues (24 %) que celle avec la hiérarchie
(13 %). Dans un contexte d’internationalisation, ces résultats identifient

3. Dans la nomenclature Insee, ces activités regroupent les hôtels et restaurants, les acti-
vités récréatives, culturelles et sportives, les services personnels et domestiques.
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les situations dans lesquelles les salariés doivent user d’une langue étran-
gère et montrent l’importance des relations avec les marchés extérieurs
dans la vie d’une entreprise.

1.1.5. Les modes d’adresse avec le supérieur hiérarchique


Si l’enquête COI s’intéressait principalement à l’usage des langues
étrangères dans l’entreprise, une question portait sur l’usage du tutoie-
ment ou du vouvoiement avec le supérieur hiérarchique direct, c’est-
à-dire sur les façons de s’adresser à son supérieur hiérarchique4. Le
tutoiement est la norme dans 66 % des cas, ce qui renvoie au fait qu’il
s’agit d’une hiérarchie de proximité. Le tutoiement s’accroît avec la
taille des firmes avec 58 % pour les petites entreprises de 20 à 49 sala-
riés pour atteindre 71 % dans celles de mille salariés et plus. Au sein des
catégories professionnelles, les cadres (76 %) sont les plus nombreux à
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tutoyer leur responsable, suivis des professions intermédiaires (68 %)
et des ouvriers qualifiés (67 %). À l’inverse, les employés (55 %) et les
ouvriers non qualifiés (50 %) ont un moindre recours au tutoiement.
Ces résultats recoupent les observations d’ethnographes du travail dans
les bureaux où « ceux d’en bas » préfèrent le vouvoiement envers le
chef pour « garder leurs distances » tandis que les cadres utilisent le
tutoiement pour marquer la familiarité (Guigo, 1991).
Les modes d’adresse dépendent fortement des caractéristiques des
personnes dans la relation hiérarchique. L’âge du subordonné influe peu
mais les résultats sont très clivés suivant le genre : les hommes tutoient
dans près de ¾ des cas alors que seulement la moitié des femmes le font.
Si le sexe du supérieur hiérarchique n’a pas d’incidence, son âge en a une.
On tutoie plus souvent un chef de la même génération qu’un chef moins
âgé ou qu’un chef plus âgé (voir tableau 2, en annexe).
Si l’on croise les caractéristiques du subordonné et de son chef,
on constate que le tutoiement est la norme lorsque les individus sont
de même sexe, entre hommes et entre femmes. C’est également le
cas lorsqu’un homme est le subordonné d’une femme. Par contre,
lorsqu’une femme est la subordonnée d’un homme, le tutoiement est
beaucoup plus rare. Ce résultat reflète une différence entre les sexes,
mais surtout une mise à distance du supérieur hiérarchique chez les
femmes qui limitent le registre de la familiarité dans les relations pro-
fessionnelles.

4. La question ne précise pas la langue utilisée, rappelons que pour le cas de l’anglais le
problème se pose différemment.
68 / Rouard Françoise et Moatty Frédéric

Ces résultats se retrouvent si l’on examine le croisement des carac-


téristiques d’âge et de sexe des personnes dans la relation hiérarchique.
Lorsqu’il y a similitude d’âge et de sexe, le tutoiement est plus fréquent.
Il est plus rare lorsque le chef est plus âgé et surtout lorsqu’il s’agit d’un
homme qui encadre une femme. Dans la langue, le genre s’imbrique avec
d’autres variables comme l’âge ou l’ethnie (Labov, 1976). Au total, le
tutoiement ou le vouvoiement dans la relation hiérarchique renvoient aux
marques de respect ou de politesse liées à l’âge ou à la mise à distance par
les femmes à l’égard d’un chef masculin. Ces différences suivant l’identité
d’âge ou de genre dans les pratiques langagières renvoient à la fonction
identitaire de la variation linguistique.

1.2. Les pratiques langagières et les usages de l’écrit


en français au travail
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Parallèlement à l’usage des langues étrangères, d’autres compétences lan-
gagières concernent les pratiques de l’écrit en français, en écriture et lec-
ture, sur papier ou sur écran. Ces pratiques sont étudiées dans l’enquête
Conditions de travail 2005 pour l’ensemble des salariés, c’est-à-dire sur
un champ comprenant le secteur marchand, le secteur hospitalier et les
administrations. 16 998 personnes ont été ainsi interrogées correspon-
dant à une population de 22 millions de salariés après pondération.
Les enquêtes Conditions de travail visent à cerner le travail en se
basant sur les déclarations des travailleurs, salariés et non salariés, qui sont
interrogés à leur domicile par des enquêteurs de l’Insee. Dans l’enquête de
2005, quatre questions s’intéressent directement aux pratiques langagières
en interrogeant la lecture et l’écriture en français selon leur durée ainsi que
l’envoi et la réception de la correspondance électronique selon le volume.
Par ailleurs, l’enquête interroge des situations supposant des interactions
langagières, comme les échanges avec des interlocuteurs appartenant ou
non à l’entreprise, ou des situations de contact avec le public.
L’enquête a permis de vérifier l’hypothèse d’une mise à l’écrit généra-
lisée5. En 2005, sept salariés sur dix déclarent des activités d’écriture et de
lecture au travail avec des durées quotidiennes élevées ou moyennes, res-
pectivement 31 % et 39 % chez les rédacteurs (voir tableau 3 en annexe).
Les durées de lecture et d’écriture sont proches. La lecture ou l’écriture
de courriels concernait déjà 43 % des salariés en 2005. On constate
enfin le lien entre les pratiques selon les différents supports. Parmi les

5. Ces travaux ont été initiés dans le cadre d’une convention de recherche de la Dares
avec le laboratoire Cnrs LISE du Cnam ( Moatty, Rouard, 2010).
Langues, travail et pratiques langagières / 69

salariés recevant quotidiennement dix courriels professionnels ou plus,


une majorité (51 %) appartient au groupe des forts lecteurs. Ces résultats
montrent l’importance quotidienne prise par les activités de lecture et
d’écriture au travail, alors que les travaux français du réseau Langage et
Travail ont montré l’invisibilité de ces pratiques, et plus particulièrement
de la lecture (Moatty, Rouard et Teiger, 2004).
Au total, il n’y a pas de fracture entre la lecture et l’écriture, entre les
supports papier et électroniques (Moatty, Rouard et Teiger, 2007), même
si l’accès aux outils informatiques tend à renforcer les clivages existants.
Ces clivages sont liés aux principaux déterminants des activités de lec-
ture/écriture : la catégorie socioprofessionnelle, la fonction exercée et le
diplôme d’une part, et la taille et le secteur de l’établissement d’autre part
(Moatty et Rouard, 2010). Il est notable que les caractéristiques d’activité
du salarié sont premières relativement au diplôme qui n’apparaît qu’en
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quatrième position.
Nos résultats révèlent également l’importance des enjeux des pratiques
de l’écrit sur l’emploi et les conditions de travail des salariés (Moatty et
Rouard, 2010). Les emplois à forte intensité de pratiques de l’écrit sont en
moyenne des emplois plus stables tandis que les emplois précaires exigent
moins souvent une pratique de l’écrit. Par ailleurs, les pratiques intenses
de l’écrit sont associées à des conditions de travail spécifiques : un travail
plus cadré (objectifs, procédures, évaluation…), avec une autonomie plus
grande mais des contraintes temporelles plus fortes et sous la pression de
la demande.
Ces constats peuvent être complétés par des résultats inédits sur
deux aspects peu traités dans la littérature. Les compétences en matière
d’écrit sont le plus souvent évaluées uniquement sur la lecture et de façon
décontextualisée à partir de tests. Qu’en est-il des compétences d’écriture
lorsqu’elles sont mobilisées dans des situations de travail supposant des
interactions avec autrui ? Par ailleurs, les difficultés langagières se limitent-
elles aux salariés les moins dotés sur le plan du langage ?

1.2.1. Pratiques intenses de l’écrit et interactions langagières


L’enquête conditions de travail 2005 permet de relier les pratiques de l’écrit
à des situations de travail qui supposent des interactions orales ou écrites
avec autrui, telles que le contact avec le public, les situations de tension ou
les réunions. Ces situations mobilisent la dimension dialogique du lan-
gage à l’œuvre dans la circulation des discours (Bakhtine, 1984) ainsi que
les dimensions interactives et performatives de l’écrit au travail, à l’œuvre
dans « ce que les écrits font au travail » (Rot, Borzeix et Demazière, 2014).
70 / Rouard Françoise et Moatty Frédéric

Un travail en contact avec le public


Loin d’être enfermés dans leur tour d’ivoire, les salariés forts rédacteurs,
sont dans les trois quarts des cas en contact avec le public, qu’il s’agisse
d’usagers, de clients, de patients, d’élèves… (voir tableau 4 en annexe). Si
l’oral de vive voix en face à face prédomine dans ces contacts, l’intensité
des activités de lecture/écriture va de pair avec l’intensité de contacts mé-
diatisés par le téléphone. Pour les salariés émetteurs de courriel, le contact
avec le public est maximal pour une intensité moyenne de courriel et
les contacts s’effectuent plus souvent par téléphone. Contrairement aux
idées reçues, l’écrit va donc de pair avec le contact avec le public, mais ce
contact s’effectue plus souvent à distance et de façon médiatisée.

…qui va de pair avec des compétences langagières


pour gérer les situations de tension
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L’une des caractéristiques marquantes des forts lecteurs/rédacteurs, lors
de ces contacts avec le public, est qu’ils vivent dans la moitié des cas des
situations de tension qui perturbent leur travail (tableau 4). Ils sont très
souvent amenés à être en contact avec des personnes en situation de dé-
tresse et à devoir calmer des gens. Enfin, ils sont fortement exposés à des
agressions verbales ou physiques. Nous faisons l’hypothèse qu’ils sont sé-
lectionnés pour ce type d’activités de travail dans la mesure où la maîtrise
du langage qu’atteste la pratique de l’écrit constitue une ressource permet-
tant de gérer les situations relationnelles qui sont génératrices de tensions
(Bué et Sandret, 2007). En effet, les compétences langagières qui suppo-
sent d’articuler les trois registres linguistique, culturel et social (Moatty et
Rouard, 2009 ; 2010), permettent de s’adapter à ces situations.
Les salariés ayant une pratique intense du courriel sont moins exposés
aux situations de détresse et aux agressions verbales et physiques, car leur
travail à distance les protège de ces situations. Mais à l’inverse, les salariés
équipés d’ordinateur sans boîte à lettre électronique, par exemple dans
un poste de travail au guichet, y sont particulièrement exposés en raison
d’un travail moins médiatisé. Les agressions physiques concernent ainsi
particulièrement ces salariés de même que les moyens rédacteurs. Les
salariés utilisant un ordinateur ou l’écrit papier, par exemple à travers un
formulaire ou un procès-verbal, dans une situation de face à face doi-
vent écouter l’interlocuteur et faire entrer ses propos dans des catégories
préétablies. Ce décalage entre le dit et le saisi (ou le noté) renvoie à une
situation de communication inégale, au cours de laquelle se négocient
les catégories langagières, entre celles inscrites dans la machine ou dans le
formulaire, celles professionnelles du salarié liées au métier ou à l’organi-
Langues, travail et pratiques langagières / 71

sation et celles profanes de son interlocuteur. Cette inégalité de postures


peut être source d’une violence que le langage aide à maîtriser, grâce à
des procédés tels que l’euphémisation (Rouard, 2008) et les savoir-faire
dialogiques (Peluau et Rouard, 2007).

Un travail qui se discute


Aujourd’hui, le travail nécessite dans près de trois quarts des cas des
échanges langagiers de nature collective sur des questions d’organisation
et de fonctionnement de l’unité de travail (voir tableau 5 en annexe).
Ces discussions collectives avec des personnes du service ou de l’ate-
lier sont beaucoup plus fréquentes chez les forts rédacteurs et les forts
émetteurs de courriel, elles correspondent à « la mobilisation de « com-
pétences » naturalisées en termes de « bonne volonté » à faire fonction-
ner le collectif » (Montchatre, 2011). Plus les pratiques de l’écrit sont
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intenses en durée ou en volume, plus ces discussions se déroulent dans
le cadre de réunions organisées, ce qui renvoie au fait que l’organisation
du travail prévoit explicitement des temps d’échanges langagiers comme
temps de concertation collective venant outiller le travail. Ces résultats
précisent la complémentarité des usages de l’oral et de l’écrit (Grosjean
et Lacoste, 1998) et leur imbrication (Rouard, 2001) qui s’explique par
le fait que les échanges peuvent être outillés par différents supports écrits
comme les ordres du jour, les comptes rendus de réunion ou les dossiers.

Et des réseaux d’entraide et d’échanges


L’aide en cas de travail délicat compliqué nécessite généralement des
échanges langagiers. Elle est ordinairement fournie par les collègues et les
supérieurs hiérarchiques et provient plus rarement d’autres personnes de
l’entreprise ou de personnes extérieures. Les forts rédacteurs/émetteurs de
courriel se différencient par un réseau d’aide qui déborde le collectif de
travail et s’étend à l’extérieur. Écrire est souvent une activité collective qui
va de pair avec des « chaînes d’écriture » (Fraenkel, 2001) et de validation
comme en témoignent les « écrits à plusieurs mains » (Moatty, Rouard et
Teiger, 2004) ou les « écrits gris » (Pène, 1995) (tableau 5).

1.2.2. L’écrit, les changements de l’environnement


de travail et les possibilités d’apprentissage
Les pratiques de l’écrit s’observent dans des environnements de travail
évolutifs (voir tableau 6, en annexe). Les salariés ayant des pratiques
intenses de l’écrit sont environ deux fois plus concernés que ceux qui
n’ont pas d’activité rédactionnelle par un changement de poste ou de
72 / Rouard Françoise et Moatty Frédéric

fonction, de technique ou d’organisation du travail, ou une restructu-


ration ou un déménagement de l’entreprise. Ils sont dans des métiers
évolutifs nécessitant des capacités d’adaptation rendues possibles par
une formation générale de base. Ces résultats confirment d’un point
de vue statistique le lien entre la montée de l’écrit et les changements
économiques, technologiques et organisationnels. L’écrit et la culture
écrite sont en effet au cœur des transformations actuelles du travail :
prescription et normes qualités, reporting et formalisation des outils
de gestion et d’évaluation (Moatty, Rouard et Teiger, 2005). Symétri-
quement, les entreprises et les secteurs engagés dans une dynamique
de changement et d’innovation sélectionnent des salariés maîtrisant les
activités de lecture et d’écriture (Zamora, 2006). Il y a donc une inte-
raction entre les compétences générales à l’œuvre dans l’écrit au travail
et les changements : d’une part, les changements s’appuient sur des sa-
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lariés maîtrisant ces compétences et d’autre part, celles-ci permettent
la mise en œuvre et l’appropriation des changements. On constate en
effet que les forts rédacteurs/émetteurs de courriel ont dans 9 cas sur 10
un travail qui leur permet d’apprendre des choses nouvelles (tableau 6).
Les compétences générales sont centrales dans l’adaptation mais la for-
mation continue privilégie généralement les formations aux outils in-
formatiques ou à une langue étrangère au détriment des formations au
langage. Pourtant, la maîtrise des langues orales et écrites (compétences
linguistiques), l’acquisition de techniques rédactionnelles ou d’exposi-
tion (compétences rhétoriques), la connaissance des usages des genres
d’écrit et des styles d’écriture dans l’entreprise (compétences culturelles)
et la prise en compte des règles de circulation des documents (com-
pétences sociales) (Moatty et Rouard, 2009) constituent le socle des
qualifications nécessaires à la dynamique des changements.

Pratiques intenses de l’écrit et difficultés de compréhension


Les difficultés langagières ont été étudiées essentiellement pour les sala-
riés en situation d’illettrisme ou éloignés d’une culture écrite, celles de
l’ensemble des salariés restant peu connues. Pourtant, si l’on s’intéresse
aux difficultés de compréhension, on constate que leur intensité va de
pair avec celle des pratiques de l’écrit et du courriel, les forts rédacteurs
sur papier ou par courriel déclarant plus de difficultés que les non rédac-
teurs, quels que soient les interlocuteurs (voir tableau 7, en annexe). La
fréquentation de l’écrit n’est donc pas synonyme d’absence de difficulté,
ce qui paraît paradoxal.
Langues, travail et pratiques langagières / 73

Des difficultés selon le contexte


Les difficultés augmentent avec le degré d’éloignement des interlocu-
teurs. Elles sont rares avec les collègues, c’est-à-dire des pairs, contraire-
ment à la sphère des personnes extérieures où elles sont plus fréquentes
(tableau 7). Une deuxième différence concerne le degré de proximité,
les salariés ont moins de difficultés avec les subordonnés qu’avec les su-
périeurs et les extérieurs. Pour l’écrit, ces difficultés de compréhension
renvoient à deux catégories distinctes : les « écrits pour soi », entre pairs
et les « écrits pour autrui » dont le degré de formalisme diffère ainsi que
les difficultés de réalisation (Moatty, Rouard et Teiger, 2004).
Si l’on croise les cercles d’interlocuteurs et l’intensité des pratiques
de l’écrit, on constate que les écarts sont plus importants lorsqu’il s’agit
d’échanges avec les personnes extérieures à l’entreprise et les difficultés sont
deux fois plus fréquentes chez les forts rédacteurs que chez les non rédac-
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teurs. Les échanges entre soi posent moins de problèmes. Si les échanges
entre pairs reposent en partie sur de l’implicite, du non-dit, la distance géo-
graphique ou positionnelle induit des difficultés de compréhension liées
à la nécessité d’expliciter le contexte sans en avoir forcément conscience
ni les mots pour le dire (Rouard, 1997). L’intensité des difficultés dépend
donc de la nature des interactions et des interlocuteurs en jeu.

En lien avec un travail plus complexe


L’intensité des pratiques d’écriture va de pair avec des tâches plus com-
plexes et un travail plus varié, c’est-à-dire moins répétitif et moins mo-
notone. Les difficultés de compréhension s’expliquent donc en partie
par les caractéristiques du travail : elles augmentent avec sa complexité.
Cependant, à niveau de complexité égal, les forts lecteurs/rédacteurs
déclarent davantage de difficultés. Les difficultés déclarées par « les tra-
vailleurs de l’écrit » renvoient à la fois aux difficultés objectives du travail
et à la perception de ces difficultés (tableau 7).

Et des ressources
La déclaration de difficultés peut s’interpréter comme une meilleure ap-
préciation de la tâche attendue chez les forts lecteurs rédacteurs en lien
avec les ressources disponibles. Ils sont en effet plus nombreux à considérer
qu’ils n’ont pas une formation suffisante et adaptée ou des informations
claires et suffisantes pour effectuer correctement leur travail. Ils déclarent
également plus souvent ne pas disposer d’un temps suffisant. Par contre,
ils ont plus souvent la possibilité de coopérer et des logiciels adaptés (voir
tableau 8, en annexe).
74 / Rouard Françoise et Moatty Frédéric

1.3. Les comparaisons internationales de la littératie


D’autres enquêtes mesurent les compétences des adultes à des fins de
comparaison internationale. L’enquête « Programme pour l’évaluation
internationale des compétences des adultes » (PIAAC) coordonnée par
l’Organisation pour la Coopération et le Développement Économique
(OCDE) concerne pour la France 7000 personnes âgées de 16 à 65 ans en
2012. Les caractéristiques personnelles des enquêtés sont interrogées, no-
tamment les langues parlées pendant l’enfance et la langue la plus parlée au
foyer. Les compétences sont analysées à partir de deux types d’évaluation.
La première évaluation mesure des scores à partir d’exercices portant
sur trois compétences du traitement de l’information : la littératie, la
numératie et la résolution de problèmes dans des environnements à forte
composante technologique. Par rapport aux définitions usuelles comme
celles de l’UNESCO (2005), la définition de la littératie est tronquée car
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elle n’inclut pas la dimension de l’écriture en raison de « la difficulté à
évaluer l’expression écrite (écriture) de manière fiable et valide dans une
évaluation comparative internationale » (OCDE, 2014, p. 20). La mesure
de la littératie porte sur différents textes en lecture, caractérisés par leurs
« contenus », les « stratégies cognitives » à mobiliser dans quatre types de
« contextes ». Parmi ceux-ci, le « professionnel » est décliné sur 10 items
seulement, alors que le « personnel » est détaillé en 29 items, la « société
et collectivité » en 13 items et l’« éducation et formation » en 6 items.
Les textes à caractère professionnel traitent de recherche d’emploi, de
rémunération et autres avantages, et de l’expérience du travail.
Cette évaluation à partir de scores est complétée par une seconde
évaluation basée sur les déclarations de l’enquêté à propos de l’utilisa-
tion de ses compétences en traitement de l’information (lecture, écri-
ture, numératie, compétences en TIC et résolution de problèmes) dans
le cadre professionnel ou la vie quotidienne6. La lecture interroge le fait
de lire des directives ou des instructions ; des lettres, des mémos ou des
courriels ; des articles ; des livres ; des manuels ou des documents de réfé-
rence ; des factures ou des états financiers ; des diagrammes, des cartes,
des schémas. L’écriture s’intéresse au fait d’écrire des lettres, des mémos
ou des courriels ; des articles ; des rapports ; remplir des formulaires.

6. L’OCDE entend par « « Par vie quotidienne » toutes les activités non liées au travail,
y compris les études » (OCDE 2014, p. 49). Les enquêtes sur la vie quotidienne peu-
vent s’intéresser aux langues dans différents contextes mais dans ces enquêtes, le travail
est exclu ou constitue une partie congrue de la vie quotidienne, ce qui constitue de
notre point de vue un paradoxe vu l’importance du travail dans la vie des actifs.
Langues, travail et pratiques langagières / 75

Résultats pour la France


La partie mesure de la littératie de l’enquête montre que « les compé-
tences en littératie et en numératie des Français se situent parmi les plus
basses des 24 pays participant à l’évaluation. Ainsi en 2012, seuls 7,7 %
des adultes français (âgés de 16 à 65 ans) se situent aux deux niveaux
les plus élevés de compétence en littératie (niveaux 4 et 5) et 34 % au
niveau 3, contre respectivement 11,8 % et 38,2 %, en moyenne, dans
les pays de l’OCDE participants » (OCDE, s.d.).
La partie déclarative de l’enquête identifie que dans le cadre profes-
sionnel, les travailleurs français lisent, résolvent des problèmes complexes7
et utilisent les Tic à une fréquence inférieure à la moyenne des pays parti-
cipant à l’évaluation. En revanche, l’utilisation de l’écriture et, davantage
encore de la numératie dans le cadre professionnel, est plus fréquente
qu’ailleurs (OCDE, s.d.).
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Les faibles scores de la littératie pour la France, qui rappelons-le ne
comprend pas l’écriture, sont cohérents avec les déclarations de faible
usage de la lecture au travail. Mais la divergence en France dans les
déclarations concernant l’usage de la lecture et de l’écriture au travail
est contradictoire avec la similitude des temps quotidiens consacrés aux
activités de lecture et d’écriture chez les salariés constatée dans l’enquête
CT 2005. À ce propos, rappelons que les études qualitatives montrent
qu’en France, la lecture n’est souvent pas considérée comme du travail,
en particulier « la lecture pour soi » renvoyant à la lecture ou à la relecture
de notes, de documentations… et qu’elle est souvent effectuée en dehors
des temps de travail (Moatty et Rouard, 2006). On peut ainsi s’interroger
sur la pertinence de faire figurer la série de questions sur la lecture avant
celle sur l’écriture. On peut surtout s’interroger sur la signification des
résultats concernant la littératie en France, avec une mesure de la littératie
réduite à la lecture et agrégeant des contextes aussi différents que celui du
travail et de la vie quotidienne.

2. Apports et limites des enquêtes statistiques


pour la connaissance des langues et des pratiques langagières
du point de vue professionnel
Cette seconde partie aborde les apports, les limites et les manques des
enquêtes statistiques que nous venons de présenter pour la connaissance
des langues et des pratiques langagières du point de vue professionnel.

7. L’intitulé « problèmes complexes » renvoie dans l’enquête à des « problèmes dans des
environnements à forte composante technologique » (OCDE, 2014, p. 20).
76 / Rouard Françoise et Moatty Frédéric

Nous examinons ensuite comment sont questionnées les langues et les


pratiques langagières au travail dans ces enquêtes.

2.1. Ce que les enquêtes sur le travail nous ont appris


sur les langues et les pratiques langagières
Les différentes enquêtes présentées ici ont en commun de montrer à des
degrés divers l’influence des caractéristiques personnelles des individus,
ou celles de leur entreprise sur les langues et les pratiques langagières.
Le poids de l’activité et donc de la dimension du travail ressort égale-
ment pour les enquêtes COI et CT. Nous allons maintenant souligner
les principaux résultats inédits de ces enquêtes.

2.1.1. Apports de COI sur l’anglais :


L’enquête COI de 2006 a permis de mesurer les variations de l’usage des
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langues au travail selon les caractéristiques professionnelles et linguis-
tiques du salarié et de l’entreprise. Contrairement à l’idée reçue d’une
anglicisation du monde du travail, le français reste très majoritaire même
si l’anglais est dominant parmi les langues étrangères. Le capital linguis-
tique familial n’est pas négligeable, puisque plus d’un salarié sur cinq a
appris au moins deux langues à la maison dans l’enfance et les comprend
encore. Ce capital est peu connu et il faudrait sortir de la logique d’une
identité menacée par l’anglais, considérée à la fois comme « l’ennemi et
le dénominateur commun » (Scheidhauer, 2008) pour entrer dans une
analyse approfondie des langues et du langage au travail. En effet, ce ca-
pital familial est généralement une ressource importante pour les salariés
utilisant une langue étrangère au travail tandis qu’à l’inverse, l’usage de
l’anglais ressort pour l’essentiel d’un apprentissage scolaire.
Enfin, un résultat important concerne Paris et son agglomération, qui
est la seule unité urbaine française significativement orientée à l’interna-
tional du point de vue des langues au travail.

2.1.2. Apports de CT sur les pratiques du français


L’enquête CT 2005 a permis pour la première fois d’étudier les pratiques
langagières en français de l’ensemble des salariés actifs. Elle a confirmé les
travaux qualitatifs montrant que ces pratiques sont une dimension essen-
tielle de l’activité de travail, pour une majorité de salariés. Elle a révélé des
résultats originaux comme le lien entre difficultés et pratiques intenses.
De même l’enquête a révélé l’importance de la maîtrise des compé-
tences liées à l’écrit dans les situations de travail avec le public. Ces situa-
tions font partie des situations d’interaction ordinaires où il est nécessaire
Langues, travail et pratiques langagières / 77

de « travailler par le langage » (Falzon, 1995). Ce sont les salariés dotés


de compétences langagières attestées par leur pratique de l’écrit que les
entreprises choisissent de mettre en contact avec le public. Les pratiques
de l’oral et de l’écrit ne sont donc pas séparées mais présentent un che-
vauchement entre sémiotiques.
Enfin, grâce à des modélisations, cette enquête a permis de hiérar-
chiser une variété de déterminants, – liés à la personne à son activité ou
à son entreprise – des pratiques langagières. Les résultats invitent, pour
étudier les compétences des adultes, à entrer principalement par l’acti-
vité de travail plus que par le diplôme. Les linguistes du travail (Boutet,
2001) ont d’ailleurs dû pour étudier le langage au travail intégrer dans
leurs questionnements les concepts d’action et d’activité, qui étaient plus
familiers aux sociologues du travail, dans une perspective ouverte par
Leroi-Gourhan (1964) sur les liens entre le geste et la parole.
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Enfin, l’enquête CT 2005 montre pour les pratiques de l’écrit des
résultats différents de ceux obtenus pour l’usage de langues étrangères
au travail dans l’enquête COI 2006. Certaines activités comme les acti-
vités financières et l’énergie nécessitent un fort usage de l’écrit pour des
raisons juridiques, de contrôle ou de sécurité, mais un usage modéré ou
faible des langues étrangères. Des activités internationalisées comme les
biens d’équipement ou les transports ont un usage moyen de l’écrit et un
fort usage des langues étrangères. Ce sont pourtant deux compétences
langagières utilisées dans le cadre du travail, qui vont souvent de pair.
Ainsi, dans les entreprises de 20 salariés ou plus du secteur marchand,
ceux dont le « travail implique de rédiger ou renseigner des textes, fiches,
consignes, courriers » sont 31 % à avoir « un travail qui implique de parler
ou écrire une autre langue que le français » soit deux fois plus que les non
rédacteurs (15 %).

2.1.3. Apports de PIACC


Les enquêtes de l’OCDE comme PIACC ont comme intérêt d’abor-
der la question des comparaisons internationales des compétences des
adultes en littératie et d’en construire le cadre conceptuel.

2.2. Les limites et les manques : l’écriture sous le tapis


Une première limite de l’étude des langues et des pratiques langagières
dans les enquêtes sur le travail est le faible nombre d’enquêtes abordant
ces questions, l’absence de données récentes pour certaines d’entre elles,
voire leur abandon pour l’enquête COI qui interrogeait en 2006 les
langues utilisées au travail. Cette absence de continuité interdit toute
78 / Rouard Françoise et Moatty Frédéric

vision diachronique. Une seconde limite est la faible place accordée à


ces questions au sein des questionnaires, voire leur disparition comme
pour les questions sur la lecture et l’écriture dans l’enquête CT de 2013.
Au-delà de la maîtrise du code, l’usage des langues est peu ques-
tionné. On ne sait pas à quel registre renvoient les difficultés de com-
préhension relevées chez les forts lecteurs/rédacteurs. L’étude éventuelle
du code utilisé ne renseigne pas sur les pratiques langagières devenues
essentielles au travail.
L’enquête PIAAC sur la littératie chez les adultes ne mesure que la
lecture. Ni l’écriture ni la parole ne sont mesurées. Le contexte pro-
fessionnel est peu détaillé et se centre plus sur les caractéristiques de
l’emploi que sur celles du travail. On est loin du travail, des échanges
collectifs et des interactions qui caractérisent « la vie verbale au travail »
(Boutet, 2008). La forme de questionnement est également probléma-
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tique. Les tests de compréhension dans lesquels la réponse est incluse
mot pour mot dans l’énoncé de la question, sont des artefacts pour
mesurer l’activité de lecture. Au travail, la compréhension de ce qui
est dit ou écrit repose sur la connaissance du contexte, l’interprétation
de l’implicite et les savoirs partagés dans l’objectif de produire du sens.
Enfin, la littératie est traitée comme une compétence des individus, de la
même façon que dans le système scolaire, alors qu’au travail les situations
sont collectives. Ce type de mesure est plus adapté pour quantifier les
compétences d’un individu en recherche d’emploi, mais n’est pas adapté
pour mesurer celles d’un travailleur en activité.
Enfin, les questionnements des enquêtes examinées étant centrés sur
d’autres objets prennent insuffisamment en compte les langues au travail
et leurs déterminants.

2.3. D’importants problèmes méthodologiques


Une des limites importantes des enquêtes statistiques est liée à des pro-
blèmes méthodologiques. Ces problèmes diffèrent selon que les enquêtes
s’appuient principalement sur les déclarations des enquêtés ou sur des
tests visant à mesurer les compétences.

2.3.1. Les enquêtes déclaratives : COI et CT


Les enquêtes COI et CT sont des enquêtes déclaratives à distance du
travail. Les déclarations des enquêtés peuvent refléter des représentations
plus ou moins éloignées des situations réelles. Pour limiter la subjec-
tivité dans les réponses, la plupart des questions sont factuelles et les
questions d’opinion sont rares. De plus, le degré de détail des questions
Langues, travail et pratiques langagières / 79

vise à éviter des représentations globalisantes et normatives ou officielles


du travail. De leur côté, les réponses résultent de l’état d’objectivation
des conditions de travail, produite à travers différents processus sociaux
comme les mobilisations syndicales, les travaux scientifiques et médi-
caux ou les débats dans les médias (Gollac, 1997).
Les pays n’adoptent pas les mêmes positions concernant la mesure
des conditions de travail. Par exemple, le fait de devoir porter des charges
lourdes renvoie en France à la subjectivité du salarié alors que certains
pays préfèrent chiffrer les charges que les salariés doivent porter. Or, dans
la mesure où la difficulté à soulever les charges varie selon la posture, le
sexe ou la force physique du salarié, les experts français considèrent qu’une
représentation subjective est plus pertinente qu’une mesure chiffrée mais
décontextualisée (Gollac et Volkoff, 2000).

2.3.2. Les tests et la méthodologie de PIAAC


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Des critiques ont déjà été apportées à ce type d’enquêtes (Fraenkel et
Moatty, 2000), sur la spécificité des enquêtes sur les compétences des
adultes (Murat et Rocher, 2015) et sur la collecte, la conception et l’exploi-
tation des données (Jonas et Lebrere, 2012). Les premières critiques sont
liées à la collecte des données avec l’implication des enquêtés face au ques-
tionnaire, sur deux modes : leur relation au passé scolaire, et la question de
la rémunération de l’enquêté dans certains pays. Une deuxième critique,
fondamentale pour la validité des résultats et l’estimation des scores de
compétences, concerne l’exploitation des données et notamment le traite-
ment des non-réponses. L’équivalence faite entre non-réponse et réponse
fausse est contestable et les effets de cette équivalence sont d’autant plus
importants que la propension à répondre peut dépendre de la rémunéra-
tion ou non des enquêtés. Par ailleurs, s’ajoutent des objections d’ordre
technique, comme la pratique typographique du surlignage effectuée sur
ordinateur. Or le manque d’habileté technique à pratiquer cette opération
provoque plusieurs erreurs et donc plusieurs résultats traités comme faux.
De plus, cette pratique du surlignage n’existe pas pour les adultes dans
les démarches usuelles de questionnaires ou de formulaires pratiquées en
France comparativement à celles de cocher, souligner, barrer, entourer.
Une des objections les plus essentielles concerne la conception cultu-
relle du questionnaire. Cette conception induit d’importants problèmes de
traduction et d’adaptation à des contextes nationaux possédant de fortes
différences socioculturelles, déjà repérés dans les enquêtes qui ont précédé
PIAAC (Guérin-Place et Blum 1999). Les problèmes de traduction sont
évidents pour les unités de mesure (Fahrenheit/Celsius, gallon/litre, etc.) et
80 / Rouard Françoise et Moatty Frédéric

de façon encore plus nette sur les questions portant sur les langues parlées
dans telle ou telle région du monde. Dans la vie de tous les jours et la vie
professionnelle notamment, le vocabulaire technique ou la langue de spé-
cialité (telle que celle de la métrologie ou de la géographie) sont considérés
comme ne posant pas de problèmes de traduction. Or, leur usage est aussi
contextualisé et suppose un effort de transposition. Les difficultés de traduc-
tion ont ainsi entraîné une variation dans le niveau de difficulté des questions
pour plus d’un tiers des exercices psychométriques de l’enquête précédente
IALS8 (Guérin-Pace et Blum, 1999) qui ont pourtant été repris en grande
partie par PIAAC (2013). Cette variabilité de la difficulté des questions selon
les langues entraîne des disparités dans les réponses « justes » et « fausses » et
les non-réponses d’un pays à l’autre, ce qui rend les comparaisons difficiles.
Sur un autre plan, alors que les enquêtes sur la littératie, en particulier
PIAAC, excluent explicitement l’écriture comme domaine mesurable de
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compétences, les enquêtés sont tenus de répondre par écrit, ce qui élimine
les réponses informelles apportées dans la vie quotidienne. De plus, le
recours à un double support, papier ou informatisé, selon les compétences
de l’enquêté en informatique, introduit de nouveaux biais comme celui
indiqué précédemment sur le surlignage. Au total, il est paradoxal que
l’écriture soit exclue de l’objectif de l’enquête, alors que l’écrit est l’outil
fondamental de sa réalisation.
PIAAC aborde « la résolution de problèmes dans un environnement
à forte composante technologique » comme le troisième domaine de
l’évaluation des compétences des adultes, aux côtés de la littératie et de la
numératie. Cette évaluation ne tient pas compte de la dimension relation-
nelle de cette activité. Or, les travaux sur la cognition située et distribuée
ont montré que la résolution de problèmes dans ce type d’environnement
suppose des échanges langagiers, dans la mesure où il s’agit d’activités
collectives où les savoirs sont distribués entre les acteurs (Hutchins, 1990).
PIAAC ne prend pas en compte les situations d’interaction où le langage
est un outil essentiel du travail. Sur un autre plan, nous avons vu que les
difficultés de compréhension des salariés augmentent dès que l’on sort
des relations entre pairs. On ne peut donc pas traiter des compétences
des adultes sans tenir compte des dimensions relationnelles du travail
et du langage. La relation de l’enquêté aux tests de compétence et à la
technologie ne permet pas d’inférer sur ses difficultés langagières dans
les situations de travail. Des scores de compétences sont ainsi attribués
à des individus en dehors de toute situation, comme on le fait à l’école.

8. International Adult Literacy Survey.


Langues, travail et pratiques langagières / 81

On peut légitimement se poser la question de savoir si l’enquête


PIAAC est une enquête internationale ou supranationale. Le premier cas
aurait supposé la prise en compte des réalités culturelles et sociohistoriques
des différents pays, que ce soit en termes linguistiques, historiques et de
mécanismes sociaux, notamment les phénomènes d’intégration sociale.
Dans le cas d’une enquête supranationale, on construit spontanément un
nouvel étage spécifique de normes et de références supposé intelligible par
tous les enquêtés comme référent universel. C’est ce que pose clairement
la définition de PIAAC sur le site de l’OCDE dès les premières lignes
de la présentation : « Dans les pays de l’OCDE, les gouvernements sont
confrontés à divers défis : maintenir la compétitivité dans une économie
du savoir mondiale ». La notion d’économie mondiale du savoir ouvre
la possibilité d’un arasement de toutes spécificités linguistique, culturelle
et sociohistorique dans les pays enquêtés au profit d’un universalisme
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abstrait. Cet universalisme présuppose l’existence d’une compétence
générique dans les deux domaines de la littératie et de la numératie « aussi
objective que des données physiologiques » (Jonas et Lebrere, 2012).

2.4. Les façons de questionner les langues


et les pratiques langagières au travail
Cette partie dresse un premier bilan descriptif des façons de questionner
les langues et les pratiques langagières au travail. Elle vise à identifier
comment les dimensions langagières sont questionnées dans ces en-
quêtes, de manière implicite ou explicite, ou encore purement technique
comme outil de l’enquête. Mais, au préalable, revenons sur le dispositif
langagier d’une enquête statistique.
L’enquête statistique d’un point de vue langagier se caractérise par un
dispositif à trois dimensions : les concepteurs de l’enquête, les enquêtés et
l’enquêteur, intermédiaire et « porte-parole » de l’enquête. Contrairement
aux enquêtes qualitatives de terrain, les concepteurs n’interrogent pas
eux-mêmes les enquêtés, mais ont recours à des enquêteurs. Il faut donc
distinguer les relations entre concepteurs et enquêteurs des relations
enquêteurs/enquêtés. D’un point de vue langagier, le questionnaire écrit
est central dans l’enquête en raison de la construction de l’enquêté dans le
questionnement (Gardin et Richard-Zapella, 1999) et de l’importance des
formulations (Grémy, 1987). Mais il n’est pas le seul élément de la rela-
tion concepteur/enquêteur, il est accompagné d’un lexique, de consignes
écrites de passation et également d’une formation orale sur l’enquête,
durant laquelle sont précisés ses objectifs, la population concernée et les
éventuelles difficultés de la passation liées par exemple à des questions
82 / Rouard Françoise et Moatty Frédéric

complexes ou des questions intimes. Le questionnaire fourni à l’enquêteur


sous forme papier ou informatique est le résultat d’un processus langagier
destiné à cadrer et standardiser la construction et le recueil de l’informa-
tion. Il existe également des rétroactions, les enquêteurs pouvant faire
remonter lors des enquêtes tests des difficultés ou des incompréhensions
liées à des problèmes de formulation. Enfin, des post-enquêtes peuvent
permettre d’approfondir la signification des réponses.
Si entre concepteur et enquêteur, la question de l’idiome ne se pose
pas, elle peut se poser entre l’enquêteur et l’enquêté. Rappelons qu’une
enquête suppose un langage commun entre l’enquêteur et l’enquêté :
soit la langue est commune, soit il faut un interprète ou un dispositif de
traduction. Par ailleurs, le mode de communication entre l’enquêteur et
l’enquêté est un élément du dispositif de l’enquête. Renseigner un ques-
tionnaire lors d’un entretien en face-à-face ou à distance via le téléphone
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ne relève pas des mêmes interactions langagières. Le face-à-face aide à
suivre la bonne compréhension des questions grâce aux mimiques de
l’enquêté ou à vérifier la construction du sens dans l’interaction.

2.4.1. Les langues comme questions de l’enquête


Aussi codifié soit-il, le dispositif de l’enquête n’élimine pas tous les
risques langagiers même lorsque la langue est interrogée de manière ex-
plicite. Par exemple, la non prise en compte du langage et de ses pro-
priétés introduit des erreurs dans le traitement des réponses. Ainsi un
questionnaire comme PIACC a recours à un dispositif langagier dans
lequel les questions sont formulées comme des énoncés encyclopédiques
dans lesquels l’enquêté doit extraire la réponse. Prenons l’exemple de la
question concernant la langue parlée en Guadeloupe citée par Guérin-
Pace et Blum (1999) : « La Guadeloupe est un territoire français franco-
phone. Quelle est la langue parlée en Guadeloupe ? ». Un non-français
ne connaissant pas cette île puisera logiquement dans l’énoncé du pro-
blème la réponse « le français », alors qu’un français face à l’évidence de
l’énoncé aura tendance à chercher la difficulté cachée du questionnaire
et pourra aisément répondre le créole en mobilisant ses connaissances.
Sa réponse est considérée comme fausse, car elle n’est pas prévue dans le
guide de correction. Ce défaut du guide de correction signale une vision
taxinomique de ce qu’est une langue alors que l’activité de langage est
essentiellement une activité d’ajustement, d’approximation, c’est-à-dire
une activité épilinguistique de synonymie.
Au-delà d’un questionnement explicite, les pratiques langagières peu-
vent être présentes de manière implicite dans les questionnaires. Ainsi dans
Langues, travail et pratiques langagières / 83

le questionnaire CT2005, en dehors de questions interrogeant directement


l’écrit, la dimension langagière orale et écrite est présente plus largement,
avec 47 questions sur un total de 80, dont 29 comportant une référence à
l’écrit avec la présence d’un mot lié à l’écrit dans la question ou dans l’une
de ses modalités : par exemple, la modalité « signature, fiche horaire… »
dans la question sur le contrôle des horaires. Malgré cette présence, l’écrit
n’était pas questionné directement jusqu’en 2005.

2.4.2. La langue comme outil de l’enquête


La nécessité d’un idiome commun entre un enquêteur et un enquêté
conduit à poser la langue comme un outil constitutif de l’enquête.
La question des langues n’est pas centrale dans les enquêtes statistiques
sur le travail, mais, au-delà de la phase de prise de contact, elle peut se
poser à l’enquêteur par exemple au début de l’enquête si l’entretien s’avère
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impossible à réaliser. Ce peut être le cas si « la personne présente ne parle
pas le français et le protocole d’enquête ne prévoit ni d’interprète ni de
traduction » (CT 2013). En effet, les « enquêtes ménage » prévoient
rarement d’interprètes pour des raisons de coût.
L’enquête CT 2013 a introduit une partie auto-administrée infor-
matiquement à la fin du questionnaire, pour des questions sensibles liées
notamment aux risques psychosociaux. Les adaptations des questions
posées par l’enquêteur que permet la modalité linguistique de l’entretien
telles que les reformulations d’une question ne sont plus possibles, mais
une version traduite est proposée pour les langues les plus courantes. Par
ailleurs, pour interroger sur des questions sensibles, mettant en jeu l’in-
timité de la personne, il vaut mieux avoir recours à la langue usuelle de
l’enquêté. L’enquêté renseignant seul le questionnaire dans sa langue, l’en-
quêteur peut se tenir à l’écart. L’ajout d’un questionnaire auto-administré
a conduit à interroger la langue des enquêtés pour ceux qui ne sont pas
« en mesure de comprendre et répondre seul au questionnaire sous casque
en français », soit 0,8 % des enquêtés. Pour ces derniers, parmi les langues
citées, le portugais arrive en premier avec 18,5 %, suivi de l’arabe 13 %,
du turc et de l’anglais 11 %, les 46 % restants relevant d’autres langues.
L’enquête CT 2013, pour sa partie auto-administrée s’intéresse donc aux
modalités linguistiques de passation d’un questionnaire et quantifie les
locuteurs ayant en français des compétences passives et actives suffisantes
pour comprendre les questions et y répondre.
84 / Rouard Françoise et Moatty Frédéric

3. Préconisations
Le langage et les langues apparaissent comme un angle mort des en-
quêtes sur le travail. Ils sont pourtant un outil essentiel du travail, en
particulier intellectuel, et devraient être enquêtés en tant que tels dans
toutes les enquêtes nationales sur le travail au même titre que les équipe-
ments informatiques ou l’organisation du travail. De plus, une enquête
nationale focalisée sur les langues et le langage au travail permettrait de
construire des connaissances dans un domaine qui n’a pas été enquêté
quantitativement. Cette connaissance des pratiques sur le territoire est
le socle indispensable pour l’interprétation des résultats des enquêtes in-
ternationales.
Ces enquêtes devraient être approfondies et régulières pour avoir
une vision dynamique. Elles devraient également permettre la compa-
raison avec d’autres pays. Si la diffusion de l’anglais au travail peut être
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connue en France, on ne peut pas la comparer avec celle de pays voisins
par exemple.
Il nous semble par ailleurs que le travail fait partie intégrante de la vie
quotidienne pour une majorité d’adultes en France et devrait donc être
enquêté plus largement dans les enquêtes sur la vie quotidienne. De plus,
il faut distinguer les questions concernant le travail de celles concernant
l’emploi.
Les enquêtes sur les pratiques langagières au travail devraient associer
les différentes disciplines s’intéressant au travail : ergonomie, sociologie,
psychologie, économie et linguistique. Elles devraient également être
articulées avec les enquêtes qualitatives. De plus, le questionnaire devrait
être co-construit avec des panels d’enquêtés de façon à recueillir les caté-
gories et les pratiques indigènes. Nos enquêtes qualitatives ont montré
que les salariés enquêtés qui appartenaient à l’industrie ne parlent pas
d’écriture mais de « production de documents » et qu’ils produisent une
masse d’écrits intermédiaires jamais questionnés car invisibles puisqu’il
ne s’agit pas de documents finalisés.
Les enquêtes à venir devraient enquêter simultanément les langues
maternelles et étrangères au travail, les activités de parole, d’écriture et
de lecture et leurs interactions selon les supports utilisés. Concernant
les langues, il est important de ne pas se limiter à la seule mesure de la
compétence passive de compréhension. Il est indispensable de pouvoir
mesurer les compétences actives d’expression que ce soit à l’oral ou à
l’écrit. Par ailleurs, il faudrait tenir compte de l’identité linguistique des
salariés, et traiter leur capital linguistique comme une ressource mobili-
sable dans l’activité professionnelle.
Langues, travail et pratiques langagières / 85

Enfin, le travail doit être enquêté finement à partir de différentes


situations : l’activité de guichet, la relation de service, le travail collectif,
le travail informatisé, le plurilinguisme dans l’activité, etc. Les « tours de
main langagiers » tels que les savoir-faire dialogiques de l’euphémisation
« diplomatique » ou de la reprise du discours d’autrui qui sont mobili-
sés dans ces situations devraient pouvoir être déclinés comme les règles
de circulation des documents. Cette connaissance fine permettrait de
mesurer les difficultés des salariés dans l’acquisition de ces compétences
en vue d’une formation permanente et professionnelle des adultes au
langage et aux langues.

Conclusion
La revue sur l’usage des langues et du langage au travail que nous ve-
nons d’effectuer confirme la dimension économique des compétences
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langagières comme ressources sollicitées, développées et éventuellement
valorisées selon la diversité de l’activité des enquêtés. Elle conclut en rap-
pelant la dimension politique des questions de langues et de langage au
travail, puisque les investigations futures supposent des enquêtes natio-
nales approfondies ainsi qu’une coordination des États pour les enquêtes
internationales. Curieusement, les études sur l’envahissement de l’an-
glais sont récurrentes alors que les études sur l’usage du français en entre-
prise restent un domaine en friche, tantôt parce qu’elles sont considérées
comme acquises, tantôt parce l’école est accusée de faillir à ses missions,
alors que les compétences langagières mobilisées au travail relèvent aussi
du milieu professionnel et dépassent largement la maîtrise de l’écriture et
de la lecture acquise à l’école. Il faut sortir d’une représentation de l’an-
glais comme menace pour la langue française pour étudier les pratiques
langagières au travail de façon approfondie.

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90 / Rouard Françoise et Moatty Frédéric

Tableau 1 : L’usage des langues au travail (en %)

Travail qui implique de parler


ou d’écrire une autre langue
que le français
Fréquem- Occasion- Ensemble
ment nellement
• Catégorie socioprofessionnelle
Cadres 30,1 27,2 57,3
Professions intermédiaires 10,4 17,0 27,4
Employés 8,6 13,6 22,2
Ouvriers qualifiés 1,7 4,6 6,3
Ouvriers non qualifiés 1,6 2,7 4,3
• Fonction dans l’emploi principal
R & D, études, méthodes 31,7 27,9 59,6
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Gestion, comptabilité 12,5 15,2 27,7
Accueil, saisie, secrétariat 8,7 13,1 21,8
Commerce, technico-commercial 17,4 17,6 35,1
Autres fonctions (ou sans objet) 14,3 16,7 31,0
Manutention, magasinage, logistique 5,6 10,6 16,1
Installation, réparation, maintenance 7,3 12,3 19,6
Production, chantier, exploitation 3,4 8,6 12,0
Nettoyage, gardiennage, entretien ménager 2,2 7,2 9,4
• Diplôme le plus élevé obtenu
Grande école, école d’ingénieur 47,5 26,1 74,6
ou de commerce
Supérieur 3e cycle 29,8 30,9 60,7
Supérieur 2nd cycle 20,9 25,6 46,4
Supérieur 1er cycle (y compris BTS, IUT,…) 14,1 22,0 36,1
Secondaire général (seconde à la terminale) 7,2 16,1 23,3
ou préparation d’un bac professionnel
Inférieur au secondaire 3,2 5,4 8,7
• Effectif de l’établissement
1000 salariés et plus 13,8 16,7 30,5
500-999 salariés 11,0 13,7 24,7
50-499 salariés 10,4 12,5 22,9
20-49 salariés 7,0 11,7 18,7
• Activité de l’établissement
Activités financières 10,7 13,3 24,0
Énergie 1,5 14,2 15,7
Langues, travail et pratiques langagières / 91

Services aux entreprises 13,5 16,9 30,4


Industries des biens de consommation 9,5 13,7 23,1
Industrie automobile 4,5 11,8 16,4
Industries des biens d’équipement 19,7 18,1 37,7
Activités immobilières 6,0 5,4 11,4
Industries des biens intermédiaires 11,4 12,4 23,8
Transports 17,7 15,9 33,6
Commerce et réparations 9,0 14,3 23,3

Industries agricoles et alimentaires 5,1 10,3 15,4


Construction 2,5 5,7 8,2
Services aux particuliers 17,5 19,3 36,8
Ensemble 11,2 14,1 25,3
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Champ : salariés (ayant au moins un an d’ancienneté) des entreprises de 20 salariés et plus
du secteur marchand
N=14331. Données pondérées
Source : Fichier couplé de l’enquête Changement Organisationnel et Informatisation
2006 (DARES/INSEE/CEE)/Traitement CEE-CNAM.
Lire ainsi : 30,1 % des cadres déclarent avoir un travail qui implique de parler ou d’écrire
une autre langue que le français. (En raison des arrondis le chiffre indiqué sous la colonne
ensemble peut différer de 0,1 % de la somme des parties).
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92

Tableau 2 : Tutoiement avec le supérieur hiérarchique direct

Taux de tutoiement avec le supérieur hiérarchique direct (en %)


Homme Femme
Ensemble
dont le supérieur hiérarchique direct dont le supérieur hiérarchique direct
est est
un homme une femme une femme un homme
Supérieur hiérarchique

De la même génération 82 79 78 49 74
Moins âgé(e) 76 74 65 48 69
Plus âgé(e) 66 59 53 37 58
Ensemble 73 69 64 44 65
/ Rouard Françoise et Moatty Frédéric

Champ : salariés (ayant au moins un an d’ancienneté) des entreprises de 20 salariés et plus du secteur marchand
N=14331. Données pondérées
Source : Fichier couplé de l’enquête Changement Organisationnel et Informatisation 2006 (DARES/INSEE/CEE)/Traitement CEE-CNAM.
Lire ainsi : 82 % des salariés masculins dont le supérieur hiérarchique direct est un homme de la même génération déclarent le tutoyer.

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Tableau 3 : Intensité des durées de lecture et d’écriture selon les volumes de courriel en 2005 (en %)
1
Volume de courriel reçu Volume de courriel envoyé  Info. sans Bal : équipé
en informatique sans
Messages reçus Equipement Messages envoyés Equipement boîte à lettre électro-
quotidiennement informatique quotidiennement informatique En-
sem- nique
Durée quotidienne de lecture 10 et Moins Info. Non 10 et Moins Info. Non ble Champ : ensemble
ou d’écriture plus de 10 sans équipé plus de 10 sans équipé des salariés
Bal1 Bal1 Source : Enquête
• Lire des documents, textes, Conditions de tra-
fiches, consignes pour le travail vail 2005, DARES/
Forts lecteurs (le ¼ de la journée 51 39 29 11 53 40 29 11 28 Traitement CEE-CNAM
ou plus) Lire ainsi : En 2005,
parmi les salariés rece-
Moyens lecteurs (moins du ¼ de 42 52 52 39 39 51 52 39 45
la journée) vant quotidiennement
10 courriels ou plus
Non lecteurs (jamais) 7 10 19 50 7 9 19 50 27 (messages à caractère
100 100 100 100 100 100 100 100 100 professionnel), 51 %
• Écrire ou renseigner des sont de forts lecteurs
documents, textes, fiches, (lisant le quart de la
consignes pour le travail journée ou plus pour
Forts rédacteurs (le ¼ de 57 47 32 10 59 48 32 10 31 le travail).
la journée ou plus)
Moyens rédacteurs (moins 35 41 46 37 33 41 46 37 39
du ¼ de la journée)
Langues, travail et pratiques langagières

Non rédacteurs (jamais) 8 11 21 54 8 11 21 54 30


/

100 100 100 100 100 100 100 100 100


93

Ensemble 18 25 16 40 13 30 16 40

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Tableau 4 : Intensité des pratiques de l’écrit, interactions langagières et situations de tension (en %)
94

Durée de rédaction Volume de courriel


Rédacteurs Émetteurs de Equipement
courriel informatique Ensemble
Forts Moyens Non Forts Moyens Info. Non équipé
sans
Bal1
• Est en contact direct avec le public (usagers, clients, 74 72 58 67 73 72 64 68
patients, élèves…)
Toujours ou souvent de vive voix en face à face (*) 82 86 86 71 82 90 89 85
Toujours ou souvent par téléphone (*) 71 51 29 87 69 54 24 52
• Vit des situations de tension qui perturbent le travail
Dans les rapports avec le public (usagers, clients, 49 44 30 43 47 49 34 42
patients….) (*)
• Au cours du travail, est amené à
Être en contact avec des personnes en situation de 46 42 24 33 46 43 31 38
détresse
Devoir calmer des gens 56 52 30 51 56 53 36 47
/ Rouard Françoise et Moatty Frédéric

• Au cours du travail, est exposé à


Des agressions verbales, des injures, des menaces 44 42 29 30 43 47 35 39
Des agressions physiques 13 16 8 6 13 17 13 13
1
 Info. sans Bal : équipé en informatique sans boîte à lettre électronique
* si concerné
Source : Enquête Conditions de travail 2005, DARES/Traitement CEE-CNAM.
Champ : ensemble des salariés
Lire ainsi : En 2005, 74 % des salariés forts rédacteurs (écrivant le quart de la journée ou plus pour le travail) étaient en contact direct avec le public (usagers,
clients, patients, élèves…).

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Tableau 5 : Intensité des pratiques de l’écrit, échanges collectifs et réseaux d’entraide (en %)
Durée de rédaction Volume de courriel
Rédacteurs Émetteurs de Equipement
courriel informatique Ensemble

Forts Moyens Non Forts Moyens Info. Non


sans équipé
Bal1
• A l’occasion d’aborder collectivement des 83 78 54 87 83 76 58 72
questions de travail
Ces échanges se déroulent dans le cadre de 71 67 51 78 70 62 55 65
réunions organisées (*)
• Aide en cas de travail délicat, compliqué
par les collègues de travail habituels (*) 84 85 80 83 86 86 80 84
par les supérieurs hiérarchiques (*) 67 65 64 68 68 69 61 65
par d’autres personnes de l’entreprise (*) 53 50 40 53 52 47 40 48
par des personnes extérieures à l’entreprise 28 24 12 35 29 18 14 22
1
 Info. sans Bal : équipé en informatique sans boîte à lettre électronique
* si concerné
Langues, travail et pratiques langagières

Source : Enquête Conditions de travail 2005, DARES/Traitement CEE-CNAM.


/

Champ : ensemble des salariés


Lire ainsi : En 2005, 83% des salariés forts rédacteurs (écrivant le quart de la journée ou plus pour le travail) ont l’occasion d’aborder collectivement
des questions de travail.
95

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96

Tableau 6 : Intensité des pratiques de l’écrit, changements et possibilités d’apprentissage (en %)


Durée de rédaction Volume de courriel
Rédacteurs Émetteurs de Equipement
courriel informatique Ensemble

Forts Moyens Non Forts Moyens Info. Non


sans équipé
Bal1
Au cours des 12 derniers mois, votre environnement
de travail a-t-il été fortement modifié ?
par un changement de poste ou de fonction 15 12 7 17 15 12 7 11
par des changements dans les techniques utilisées 17 15 8 16 18 16 9 14
par une restructuration ou un déménagement 15 11 6 19 14 11 6 11
de l’entreprise où vous travaillez
par un changement dans l’organisation du travail 21 18 11 24 20 19 12 17
au sein de l’entreprise
/ Rouard Françoise et Moatty Frédéric

par une autre raison 6 5 3 7 6 5 3 5


• Le travail permet d’apprendre des choses nouvelles 88 79 58 91 89 77 60 76
1
 Info. sans Bal : équipé en informatique sans boîte à lettre électronique
Source : Enquête Conditions de travail 2005, DARES/Traitement CEE-CNAM.
Champ : ensemble des salariés
Lire ainsi : En 2005, 15% des salariés forts rédacteurs (écrivant le quart de la journée ou plus pour le travail) ont eu un environnement
de travail fortement modifié par un changement de poste ou de fonction.

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Tableau 7 : Intensité des pratiques de l’écrit et difficultés de compréhension (en %)


Durée de rédaction Volume de courriel
Rédacteurs Émetteurs de Equipement
courriel informatique Ensemble
Forts Moyens Non Forts Moyens Info. Non
sans équipé
Bal1
• A des difficultés à comprendre ce que disent
ou écrivent
les collègues* 13 9 8 15 12 9 8 10
les subordonnés* 19 17 12 20 18 15 14 17
les supérieurs hiérarchiques* 24 19 15 23 24 20 14 20
les personnes extérieures à l’entreprise* 30 23 15 29 29 27 14 23
• Complexité du travail
Le travail implique des tâches complexes 42 29 14 54 36 27 16 29
(toujours ou souvent)
Le travail implique des tâches monotones 11 13 22 7 10 18 20 15
(toujours ou souvent)
Le travail consiste à répéter une même série 18 27 40 9 16 36 40 28
de gestes ou d’opération
1
 Info. sans Bal : équipé en informatique sans boîte à lettre électronique
Langues, travail et pratiques langagières

* si concerné
/

Source : Enquête Conditions de travail 2005, DARES/Traitement CEE-CNAM.


Champ : ensemble des salariés.
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Tableau 8 : Intensité des pratiques de l’écrit et ressources (en %)


Durée de rédaction Volume de courriel
Rédacteurs Émetteurs de Equipement
courriel informatique Ensemble
Forts Moyens Non Forts Moyens Info. Non
sans équipé
Bal1
En général, pour effectuer correctement  
son travail
N’a pas un temps suffisant 32 25 16 39 28 25 18 25
N’a pas des informations claires et suffisantes 25 20 11 29 24 18 13 19
pour effectuer correctement son travail
N’a pas une formation suffisante et adaptée 25 22 18 21 28 24 17 22
N’a pas des logiciels et des programmes 23 24 30 17 24 30 0 24
informatiques bien adaptés (*)
/ Rouard Françoise et Moatty Frédéric

N’a pas la possibilité de coopérer (échanges 7 8 19 6 6 8 18 11


d’information, entraide,…)
1
 Info. sans Bal : équipé en informatique sans boîte à lettre électronique
* si concerné
Source : Enquête Conditions de travail 2005, DARES/Traitement CEE-CNAM.
Champ : ensemble des salariés.

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