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COMMENT (NE PAS) PRODUIRE UNE CRITIQUE SOCIOLOGIQUE DE LA

POLICE

Cédric Moreau de Bellaing

Presses de Sciences Po | « Revue française de science politique »

2012/4 Vol. 62 | pages 665 à 673


ISSN 0035-2950
ISBN 9782724632606
DOI 10.3917/rfsp.624.0665
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2012-4-page-665.htm
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COMMENT (NE PAS) PRODUIRE
UNE CRITIQUE SOCIOLOGIQUE
DE LA POLICE1
Cédric Moreau de Bellaing

n peut parfois regretter que les notes de lecture soient publiées tardivement au regard

O de la date de parution des ouvrages sur lesquels elles portent. Dans le cas de la présente
note, qui porte sur le livre de Didier Fassin, La Force de l’ordre. Une anthropologie de
la police des quartiers, publié en octobre 2011, ce décalage s’avère au contraire bienvenu. En
effet, cet ouvrage a connu une ample réception : chroniqué à de multiples reprises dans des
revues de sciences sociales, il a aussi été l’objet d’un débat médiatique. Il a ainsi fait la une d’un
quotidien national, son auteur a été interviewé par plusieurs grands médias audiovisuels, radio-
phoniques et écrits. L’ouvrage a même été évoqué, du bout des lèvres, par un ministre de
l’Intérieur qui ne l’avait très probablement pas lu mais qui avait compris qu’il fallait en dire du
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mal. Et il faut ajouter à cette large couverture médiatique les droits de réponse de l’auteur, qui
se multiplient aussi bien dans les revues académiques que dans la presse, comme l’attestent la
réponse que D. Fassin a adressé à Claude Guéant dans Le Monde du 6 décembre 2011, ou l’article
qu’il a signé et dans lequel il répond aux centaines de commentaires qui ont été laissés sur un
précédent article portant sur son livre sur le site d’informations Rue89.
Dès lors, rédiger le compte rendu d’un tel ouvrage, près d’une année après sa parution, s’appa-
rente moins à la reproduction de la trilogie « résumé-critiques-pistes » qui forme l’ossature
classique des notes de lecture qu’à un exercice – certes minimal – de sociologie des disputes qui
prendrait ensemble le contenu du livre, les critiques qui lui ont été adressées et les réponses
apportées par l’auteur. Cette démarche semble d’autant plus indiquée que D. Fassin l’annonce
d’emblée dans le livre – et ne cesse de le répéter par la suite dans ses interventions médiatiques :
il souhaite moins engager la discussion avec ses collègues spécialisés en sociologie de la police
que lancer, par le biais d’un livre « accessible » (on reviendra sur les présupposés implicites
d’une telle démarche) au grand public un « débat » (p. 29) sur le fonctionnement quotidien
d’un service bien particulier de la police nationale : les brigades anti-criminalité (ci-après BAC).

Une sociologie de la routine policière, entre ennui et coups d’éclat


e nombreux résumés du livre sont désormais disponibles (y compris ceux effectués

D par l’auteur dans la presse nationale), il est donc inutile de trop s’y appesantir.
Rappelons toutefois que l’ouvrage de D. Fassin repose sur une ethnographie qui

1. À propos de Didier Fassin, La Force de l'ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, Paris, Seuil, 2011
(La couleur des idées), 406 p., bibliographie.

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s’est étalée entre 2005 et 2007 au sein d’un service de la BAC de la région parisienne. Les
BAC sont ces services de policiers, en tenue ou en civil, circulant de jour et de nuit, qui sont
spécifiquement dédiés à l’intervention urgente et à l’interpellation sur un territoire donné.
S’ils ne sont pas dégagés du travail administratif (rédaction de procès-verbaux d’intervention,
etc.), ils sont en revanche la plupart du temps épargnés par les servitudes de l’accueil au
commissariat ou, pire, des patrouilles déambulatoires qui n’ont pas nécessairement vocation
à déboucher sur des interpellations. Rappelons aussi que cette ethnographie est mise au
service d’une « anthropologie politique » du travail policier dans les quartiers populaires et,
in fine, de l’État, et que l’on peut résumer en une formule les résultats de cette enquête, sans
faire sursauter l’auteur : les policiers de la BAC, en exerçant leur métier tel qu’ils l’exercent,
maintiennent l’ordre public de telle manière qu’il est indissociablement un ordre social, au
sens où, sous couvert de travailler à faire respecter le premier, les policiers rappellent conti-
nûment, en réalité, les citoyens qui croisent leur chemin à leur position sociale.
Comme le relève à juste titre D. Fassin, il s’agit d’un de ces services policiers qui jouissent
d’une image largement importée du cinéma, de la production télévisuelle et, bien entendu,
de la littérature policière1. Ces représentations dessinent la figure d’un policier isolé et incom-
pris de tous – à l’exception notable de ses collègues qui affrontent les mêmes expériences
que lui –, assoiffé de justice et qui met au service de la lutte contre le crime un courage
certain, un physique imposant et un enthousiasme sans réelle reconnaissance, que ce soit de
la part de l’institution ou du public. La sociologie étasunienne a utilement documenté cette
figure du policier, aussi bien ses modes de construction que la manière dont elle rend effec-
tivement compte de certaines pratiques policières. On ne fera donc ici qu’effleurer cette
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longue bibliographie, pour mentionner les travaux portant sur l’activité policière et qui se
réfèrent, pour les discuter ou, à l’inverse, pour s’en servir comme marqueurs de différen-
ciation, à des catégories de policiers aux intitulés aussi explicites que « Dirty Harrys » en
référence au film éponyme avec Clint Eastwood, « Crusaders » ou encore « Noble Causers »2 ;
ces catégories ont pour fonction de désigner les policiers qui, peu ou prou, ont pour charge
occupationnelle outre-Atlantique ce qui compose le quotidien de nos BAC nationales.
Or, D. Fassin montre de manière très convaincante que l’activité routinière des BAC se trouve
bien loin de ces images cinégéniques tout à fait étrangères à la réalité concrète du travail
policier de ces brigades. Cette réalité est ainsi avant tout marquée par l’ennui et par l’attente.
Si l’auteur affirme de manière un peu cavalière que la sociologie a produit peu de choses
avant lui sur ces services (la liste – partielle – des travaux sociologiques qui y sont consacrés
fait tout de même l’objet d’une note de bas de page), il n’en reste pas moins que La Force
de l’ordre documente à profusion l’ampleur du désœuvrement dans lequel se trouvent sou-
vent plongés les policiers des BAC, état qui a ensuite des conséquences décisives sur le
déroulement même des interventions quand elles ont finalement lieu. L’auteur montre ainsi
comment l’ennui et l’attente, en se télescopant directement avec la conception plus aventu-
rière du métier policier partagée par les policiers qu’il a suivis, produisent une forme de
proactivité policière agressive, qui incline alors les agents de la force publique à faire un

1. Sur l'écart entre fiction et réalité policière, on se reportera utilement à l'article classique de Jean-Paul Brodeur,
« Police : mythes et réalités », Criminologie, 1984, repris par Les Cahiers de la sécurité intérieure, 6, 1991,
p. 307-337.
2. Une référence, tout de même : pour une discussion critique de ces catégories, voir Maurice Punch, Police
Corruption. Deviance, Accountability and Reform in Policing, Portland, William Publishing, 2009, en particulier
le premier chapitre.

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usage inadéquat et/ou disproportionné de la violence (notamment p. 124 et suiv.). Ce qui


en revanche correspond mieux aux canons fictionnels du policier-bras-armé-de-la-loi et qui
se vérifie empiriquement, c’est la solidarité de groupe et la loi du silence, qui s’imposent à
tous et dont des exemples se donnent régulièrement à voir dans les récits transcrits par
l’auteur. Ce constat s’inscrit ainsi dans la longue lignée des travaux de sociologie de la police
qui ont montré comment les policiers se vivaient comme appartenant à une citadelle assiégée1
et comment cette loi du silence est un obstacle majeur à un contrôle de l’activité policière2.
Plus novatrice, l’intéressante analyse des conditions de résidence des policiers permet à D.
Fassin de montrer que nombre d’éléments composant la BAC profitent de la forme parti-
culière de leur emploi du temps hebdomadaire (souvent quatre jours de travail et deux de
récupération, ou trois lorsque le service est effectué de nuit) pour n’habiter que partiellement
sur place et continuer à vivre dans leurs régions d’origine, lorsque celles-ci ne sont pas trop
éloignées (p. 73 et suiv.). Cette pratique de résidence ne manque pas d’avoir des effets mas-
sivement délétères sur le rapport que les policiers de la BAC entretiennent au territoire et
aux populations qui y habitent.
Les BAC posent ensuite, presque naturellement, la question de l’emploi de la force, que D.
Fassin explore dans un chapitre spécifique, mais qui surgit aussi, régulièrement, tout au long
de l’ouvrage. Hormis les descriptions de ses occurrences, elle apparait notamment lorsque
l’auteur amorce une discussion quant à la martialité avérée de certaines pratiques (p. 71) et
plus globalement sur la militarisation de la police, dont les policiers des BAC sont autant
des symptômes que des agents catalyseurs (p. 294-296), ou encore lorsque l’auteur s’intéresse,
et c’est heureux, aux techniques de réfutation de l’accusation de violences illégitimes. D.
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Fassin montre ainsi que les policiers des BAC recourent aux figures de la relativisation et de
la contextualisation, de la même manière que les policiers qui sont soumis à l’investigation
de l’Inspection générale des services3. La question de la violence exercée par les policiers
apparaît aussi lorsque l’auteur se penche sur la manière dont les catégorisations des popu-
lations ciblées qui circulent au sein du service facilitent l’usage de la force, par des techniques
que l’on pourrait appeler avec Catherine Rémy de « subjectivation négative »4. Par ailleurs,
l’auteur cherche à s’extraire du carcan d’une définition de la violence qu’il juge trop restric-
tive parce que fondée sur l’occurrence d’une atteinte physique (et qu’il reproche à la socio-
logie de la police de reprendre telle quelle des mains du droit et de l’institution policière)
et propose de l’étendre à d’autres formes d’actes, moraux ou psychologiques, qui méritent
d’être décrits comme violents au même titre que les coups et blessures. La violence policière
se trouve enfin abordée à travers le repérage des formes de discrimination à l’œuvre dans
l’activité quotidienne des BAC ou à travers l’usage policier des accusations d’outrage qui
visent souvent à couvrir une intervention trop musclée5. L’étude de ces outrages permet

1. Voir notamment le premier travail de sociologie mené sur la police : William Westley, Violence and the Police.
A Sociological Study of Law, Custom and Morality, Cambridge, MIT Press, 1970.
2. Pour ne prendre qu'un exemple parmi d'autres de travail relatant les effets du code du silence sur le contrôle
de l'activité policière, voir Jerome H. Skolnick, James J. Fyfe, Above the Law. Police and the Excessive Use of
Force, New York, The Free Press, 1993.
3. Je me permets de renvoyer à mon travail de thèse : Cédric Moreau de Bellaing, « La police dans l'État de droit.
Les dispositifs de formation initiale et de contrôle interne de la police nationale dans la France contemporaine »,
thèse de doctorat en science politique, Paris, Institut d'études politiques, 2006, p. 440 et suiv.
4. Catherine Rémy, La fin des bêtes. Une ethnographie de la mise à mort des animaux, Paris, Economica, 2009.
5. Là encore, D. Fassin documente utilement ce que la sociologie de la police a déjà montré. Voir Fabien Jobard,
Marta Zimolag, « Quand les policiers vont au tribunal », Questions pénales, 97, 2006.

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d’ailleurs à l’auteur d’ouvrir, plus largement, une interrogation sur la manière dont les poli-
ciers ont été constitués comme victimes (p. 276 et suiv.) par les pouvoirs publics.
Extrayons-nous maintenant quelques instants de ce livre très bien écrit, qui recèle peu de
longueurs et qui repose sur une enquête consistante, pour nous intéresser à la dispute
publique à laquelle il a donné lieu. Je voudrais ici me concentrer sur trois points. Les deux
premiers s’appuient sur certaines critiques qui ont été adressées au travail de D. Fassin (et
sur les réponses qu’il a apportées), visant d’une part la montée en généralité qu’il opère à
partir de son terrain et, d’autre part, la normativité de sa démarche. Puis je conclurai sur
un troisième point, placé sur un autre plan, qui concerne précisément l’ambition du livre
d’ouvrir un débat critique sur la police.

Une ambition anthropologique contrariée par des descriptions


approximatives
evenons d’abord sur une critique récurrente opposée à l’ouvrage de D. Fassin, que

R l’on retrouve notamment de manière condensée dans la recension de Fabien Jobard


publiée sur le site de La Vie des idées1. Elle porte sur le type de montée en généralité
effectuée par l’auteur à partir d’un cas particulier pour produire, selon ses mots, une anthro-
pologie politique de l’ordre dans les quartiers populaires. Plus précisément, ce sont les condi-
tions au principe de cette généralisation qui sont questionnées : les sceptiques mettent ainsi
en doute la possibilité d’interroger les formes générales d’un ordre public à partir de cette
brigade, sans au moins avoir effectué au préalable un travail – présenté comme incontour-
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nable – de contextualisation. Et de fait, la BAC que D. Fassin a eu l’occasion de suivre est
singulière : les opinions politiques d’extrême droite n’y sont pas tues – c’est un euphé-
misme –, la violence y est un moyen privilégié de régulation de l’ordre et l’exacerbation de
la virilité est plus qu’explicite. Ceci amène, par exemple, F. Jobard à indiquer qu’un travail
fin de contextualisation (des relations de la brigade avec les autres services de police ; de la
police nationale avec les pouvoirs locaux, mais aussi par l’inscription dans une histoire longue
des services de sécurité) aurait évité à D. Fassin d’impétueuses inférences, comme celles qui
l’amènent à tenir pour caractéristique des BAC ce qui marque le quotidien de cette BAC et,
dans un mouvement symétriquement inverse, à expliquer ce qui se passe dans cette BAC par
un contexte national détaché des contraintes – institutionnelles, policières, politiques, urba-
nistiques, sociales – locales dans lesquelles elle se trouve prise. À ces remarques, D. Fassin a
répondu – de manière fort peu amène – en deux temps. D’abord en rappelant qu’il souhaitait
initialement adjoindre à cette ethnographie une autre enquête sur une autre BAC mais que
l’autorisation lui a été refusée ; en en appelant ensuite à la tradition anthropologique qui a
patiemment construit les outils scientifiques et les formes de montée en généralité qui per-
mettent de passer d’un cas empirique à un diagnostic portant sur les normes qui rendent
possible ledit cas. Le premier argument n’est pas complètement convaincant : il ne fait pas
de doutes que D. Fassin avait l’intention de faire une comparaison et qu’il ne peut être tenu
pour responsable du refus policier de le laisser mener à terme son investigation, mais cela
ne saurait soustraire le chercheur aux exigences de scientificité sur lesquelles repose sa
démarche. En l’occurrence, tout chercheur a fait l’expérience de la redéfinition du périmètre

1. Fabien Jobard, « Anthropologie de la matraque », La Vie des idées, 29 novembre 2011,


<http ://www.laviedesidees.fr/Anthropologie-de-la-matraque.html>.

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de sa démonstration en fonction des données auxquelles il a eu accès ; rien n’aurait donc


empêché D. Fassin de revoir à la baisse ses ambitions théoriques en fonction du terrain
effectué.
Ceci étant, le deuxième argument, quoique énoncé de manière un peu grandiloquente, est
assez juste1. Si je peux me permettre de traduire ce point épistémologique dans les termes
de la sociologie pragmatique, les activités de la BAC, de cette BAC en particulier, sont bien
les épreuves de quelque chose qui ne se laisse pas réduire à une pure logique locale. De ce
point de vue, il est parfaitement possible de s’appuyer sur cette BAC, quand bien même il
s’agirait d’un cas-limite (ce qui reste à prouver, comme le remarque D. Fassin), pour asseoir
une anthropologie politique. Mais la sociologie pragmatique apprend aussi qu’afin de savoir
ce qui est effectivement mis à l’épreuve, pour identifier les contours de ce quelque chose, il
faut en passer par une description mince2 de ces épreuves, aussi microsociales soient-elles.
Après tout, on ne sait pas, avant la description, ce dont les activités routinières des BAC
sont les épreuves. Or, les descriptions qui ponctuent le livre de D. Fassin sont très souvent
sommaires, pour ne pas dire pauvres, et servent rarement à autre chose qu’à illustrer le
propos de l’auteur. Ainsi, pour ne prendre que quelques exemples, les récits que l’on trouve
pages 101, 102, 106 ou 117 (pour ne rien dire de celles qui concernent les scènes qui ont
abouti au déclenchement des révoltes de 2005, mais auxquelles, à la décharge de l’auteur, il
n’a pas assisté) peuvent difficilement prétendre être des descriptions, qu’elles soient
« épaisses », « fines »3 ou « minces ». Il s’agit avant tout d’anecdotes dont la logique interne
est toujours fournie par un argument formulé par l’auteur en extériorité par rapport à la
scène décrite. L’auteur fait ainsi souvent l’économie d’une description complète de la scène
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au profit des quelques interactions qui servent son argument, sans restituer les dynamiques
situationnelles dans lesquelles elles sont prises et sans s’astreindre à une symétrie dans la
description du point de vue des policiers et de celui des personnes confrontées à eux.
Il ne s’agit pas ici d’incanter à nouveau le rituel de la recontextualisation (qui n’est souvent
qu’un moyen implicite pour le chercheur de relativiser ce qu’il observe) mais de rappeler la
nécessité impérieuse de se soumettre à un impératif méthodologique minimal pour qui veut
effectuer une montée en généralité, celui de produire des descriptions précises, denses et
dans lesquelles l’ethnographe se tient à une description symétrique de ce à quoi il assiste.
D. Fassin aurait ainsi été bien inspiré d’entendre la formule latourienne selon laquelle on ne
monte jamais en généralité, mais que l’on y descend : les données empiriques doivent être
restituées de manière complète pour pouvoir prétendre prendre appui sur elles afin d’en
extraire un argument plus général. Si l’on n’en passe pas par une description exigeante, on
se condamne à juxtaposer des points de vue théoriques et des illustrations empiriques. Écarter
– ne serait-ce qu’involontairement – les données qui n’alimentent pas l’argumentation prin-
cipale ou, comme l’auteur se laisse aller à le faire à quelques reprises, décrire ce qu’aurait
été le comportement du policier si l’ethnographe n’avait pas été là (il va sans dire que
D. Fassin ne s’y autorise que dans les cas où il a anticipé un comportement condamnable

1. Même si Fabien Jobard n'a jamais prétendu qu'il était impossible en sciences sociales de monter en généralité
à partir d'un cas, mais simplement qu'il y a des exigences préalables à une telle opération (ainsi que le fait,
dit-il, Alain Dewerpe dans son étude sur Charonne qui lui sert de tremplin pour mener une « anthropologie
historique d'un massacre d'État »).
2. C'est ainsi que Cyril Lemieux traduit le concept de thick description forgé par Gilbert Ryle : Cyril Lemieux, Le
devoir et la grâce. Une analyse grammaticale de l'action, Paris, Economica, 2009, p. 50-52.
3. Les références renvoient au travail anthropologique de Clifford Geertz : voir en particulier The Interpretation
of Cultures. Selected Essays, New York, Basic Books, 1973, p. 3-30.

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du policier qui n’est finalement pas advenu, réserve qu’il saisit comme une autocensure)
mutilent alors la possibilité d’une analyse compréhensive, démarche que l’auteur revendique
pourtant dès l’introduction (p. 28). Une démarche compréhensive implique une exigence de
description symétrique dont l’auteur, encore une fois, se dispense, probablement parce que
les policiers qu’il observe, par leurs comportements politiquement et moralement inadmis-
sibles, rendent difficile la conduite de ce type d’enquête. Mais c’est précisément en l’appli-
quant à des objets pour lesquels on a une répulsion, aussi fondée soit-elle, que l’on peut être
en mesure de formuler une critique qui porte.

À critique, critique et demi


eci nous amène à un deuxième point remarquable de la dispute publique autour

C du livre ici chroniqué. D. Fassin s’est vu reprocher, parfois à demi-mots, parfois


plus explicitement, la normativité assumée de sa démarche et de son propos. C’est
là un reproche parfaitement infondé. La démarche inhérente aux sciences sociales est celle
d’une critique portant sur la société qu’elles étudient et à laquelle elles sont consubstan-
tielles. Cette ambition se trouve historiquement au cœur de l’émergence des sciences
sociales au 19e siècle et elles ne s’en sont jamais départies1. La normativité qui porte
l’enquête de D. Fassin est donc toute à son honneur. Mais assumer la démarche critique
ne signifie pas qu’elle peut être menée à tort et à travers : elle doit être inféodée, dans la
démarche sociologique tout autant que dans la démarche anthropologique, à l’exigence
descriptive2. Or, il faut y revenir, le dénuement des descriptions restituées dans l’ouvrage
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et l’absence de traitement symétrique des observations s’expliquent précisément par le fait
que l’auteur ne retient que les données qui lui permettent d’affirmer que tout ordre public
est un ordre social (qui est aussi parfois dépeint comme un ordre postcolonial) et que les
policiers de la BAC, en prétendant faire respecter le premier, sont en réalité au service du
second. Or, disons-le un peu abruptement : affirmer que la police sert un certain type
d’ordre social en menant ses missions d’ordre public, c’est un truisme. Un truisme tel qu’il
devient un obstacle à la réflexion critique sur ce que font concrètement les policiers
puisqu’il prétend être l’aboutissement d’une démonstration alors qu’il ne saurait être autre
chose qu’un commencement. Basculer sur une telle « conclusion » empêche alors à coup
sûr de comprendre ce qui se passe concrètement dans les scènes qui sont décrites. L’auteur
n’accorde ainsi aucune importance aux logiques situationnelles alors que l’ensemble de la
sociologie de la police a montré qu’elles étaient déterminantes pour saisir le déroulement
des interventions policières. À cet égard, l’interprétation par l’auteur de l’article séminal
« The Asshole » de John van Maanen est symptomatique : il écarte l’argument principal
qui consiste à dire que si la catégorisation du citoyen par le policier en « connard » repose
partiellement sur des typifications professionnelles, elle ne prend sens qu’en situation car
c’est dans le déroulement de la situation que le policier procède à la typification3. Bien
évidemment, cela ne signifie pas que les policiers ne fonctionnent avec aucune catégori-
sation qui guiderait leur action ; voilà qui serait bien naïf. En l’occurrence, les « bâtards »,
comme les appellent les policiers des BAC, sont bien plus socialement identifiés que les

1. Sur ce point, cf. Danny Trom, « Critique et diagnostic. Deux styles de sociologie », Divinatio, 33, 2011, p. 73-84.
2. Sur l'exigence de la description en sciences sociales, voir C. Lemieux, Le devoir et la grâce..., op. cit.
3. John van Maanen, « The Asshole », dans Peter Manning, John van Maanen, Policing. A View from the Street,
Santa Monica, Goodyear Publishing Company, 1978, p. 221-238.

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« assholes » des policiers étasuniens. Mais une démarche de recherche qui postule plus
qu’elle ne montre l’influence décisive de ces catégorisations perd en justesse ce qu’elle
prétend gagner en réalisme. D. Fassin, dans les réponses qu’il rédige à destination de ses
critiques, est souvent prompt à dévoiler les soubassements politiques qui expliqueraient le
sens de leur critique ; en l’occurrence ici, ce sont ses propres principes qui doivent être
mis en cause, non pour leur teneur – que je partage sans nul doute – mais en raison de
leurs effets sur sa démarche de recherche.
Si l’auteur n’avait pas renoncé à des exigences minimales de description, il aurait sans doute
évité d’utiliser un certain nombre de notions, comme par exemple celle de discernement
policier (en l’occurrence pour en pointer le manque) sans envisager la possibilité qu’elle
mériterait elle-même d’être sociologisée dans la mesure où elle est mobilisée par les acteurs
eux-mêmes. Plus important encore, il aurait certainement davantage pris au sérieux les com-
pétences pratiques des acteurs qu’il a suivis. Il aurait ainsi, par exemple, pu interroger la
topique du soupçon qui habite les policiers de la BAC et qui finit par générer des schèmes
pratiques aux conséquences redoutables. Il aurait aussi pu faire un tout autre traitement de
ces scènes où les policiers de la BAC racontent leur nostalgie de « la délinquance à
l’ancienne », c’est-à-dire des délinquants qui, une fois qu’ils étaient pris, acceptaient de
« jouer le jeu ». D. Fassin n’aurait alors probablement pas commencé le paragraphe qu’il
consacre à cette question par « paradoxalement, la population que les policiers considéraient
comme la plus fiable en termes de coopération était celle des gens du voyage » (p. 161).
L’emploi de cet adverbe témoigne en effet moins d’un paradoxe du point de vue de l’action
policière que de celle du chercheur qui, sachant déjà ce qu’il a à dire sur le sujet, se trouve
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interdit face à ce qu’il perçoit comme une contradiction.
Mais c’est sur la question de la violence que la supériorité des préjugés moraux de l’auteur
sur l’exigence de description pose le principal problème. Si son souhait d’élargir les frontières
de la notion de violence pour l’extraire des seuls coups et blessures et l’étendre aux humi-
liations et aux formes de violences morales peut s’entendre, il n’en reste pas moins que la
question de l’exercice de la violence physique est éminemment centrale pour qui veut tra-
vailler sur l’institution policière. D’une part parce qu’elle se trouve au cœur de la définition
de la mission policière1 et d’autre part parce qu’elle pose directement la question de la
légitimité de son exercice. En effet, il n’y a, du point de vue policier et surtout du point de
vue du droit, aucune humiliation légitime ; alors qu’il y a effectivement des violences légi-
times et des violences illégitimes. Or, l’extension de la violence physique à la violence sym-
bolique (puisque c’est bien de ce mouvement qu’il est question) a pour effet immédiat
d’extirper de l’objet d’étude la question de la frontière incertaine qui sépare les violences
légitimes des violences illégitimes. La question est sans doute d’importance secondaire pour
D. Fassin : l’usage de la force se fait, sous sa plume, presque mécaniquement violence illé-
gitime. Ce n’est pourtant pas le cas pour les acteurs, qu’il s’agisse des policiers ou des
personnes confrontées à la police, et la question du partage entre violence légitime et violence
illégitimes les intéresse vivement. De ce point de vue, elle aurait dû aussi intéresser au premier
chef l’ethnographe compréhensif : non pas parce qu’il devrait faire siens les intérêts des
acteurs, mais parce qu’investiguer ce qui compte pour les acteurs renforce la démarche
sociologique et affûte la possibilité d’une critique.

1. Pour ne citer qu'un texte paru en français, voir Egon Bittner, « Florence Nightingale à la poursuite de Willie
Sutton. Regard théorique sur la police », Déviance et Société, 25 (3), 2001, p. 285-305.

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La distinction entre recours à la force légitime et exercice de la violence illégitime n’est pas,
comme l’affirme D. Fassin, « essentiellement normative » (p. 193). Elle est essentiellement
pratique d’une part, et formellement juridique d’autre part. Elle est ainsi indexée à la fois à
des exigences situationnelles et à des rapports de droit. Si bien que, de la sorte, elle participe
largement de la détermination du « professionnalisme » des policiers. Si D. Fassin avait
approfondi cette question, il aurait pu alors questionner, avec un horizon normatif que l’on
partage, ce qui fait que les policiers de cette BAC sont considérés comme de bons profes-
sionnels alors même qu’ils se comportent manifestement en rupture avec le modèle du
policier exigé dans un État démocratique. L’auteur effleure la question page 89, lorsqu’il cite
plusieurs responsables policiers qui prennent leur distance avec les méthodes des BAC tout
en réaffirmant leur nécessité. Mais il ne peut pas creuser cette question, puisqu’il se prive
d’enquêter sur les incertitudes qui caractérisent les pratiques policières, en particulier l’usage
de la force. De la même manière, D. Fassin aurait davantage pu prendre au sérieux le fait
que, quand bien même les policiers des BAC bénéficient d’une autonomie forte au regard
de la morphologie de leur activité, ils n’en sont pas moins contraints, dans une certaine
mesure, par des dispositifs de droit qui ont bel et bien des effets sur leurs pratiques. Voilà
qui est regrettable dans la mesure où une analyse compréhensive des BAC qui aurait exploré
l’hypothèse selon laquelle ces brigades sont d’autant plus utiles à l’institution que ses mem-
bres ne se comportent pas en professionnels – alors même, comme l’auteur le remarque
page 125, que l’équipage le plus « efficace » est celui qui, manifestement, se soustrait le moins
aux exigences professionnelles et déontologiques – aurait ouvert une piste plus qu’intéres-
sante pour le débat public que D. Fassin appelle de ses vœux.
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De l’accessibilité des sciences sociales et des compétences
attribuées à leurs publics
ous voilà au troisième point – conclusif – de cette recension. L’auteur annonce dès

N l’introduction qu’il a conçu ce livre dans l’objectif d’ouvrir un débat public, mais
aussi un débat au sein de l’institution policière. Il appuie cette volonté légitime sur
l’indignation toute aussi légitime qui a été la sienne face aux agissements des policiers suivis.
Et il est à première vue arrivé à ses fins puisque, comme je le soulignais en introduction, le
livre a eu un succès retentissant dans les médias. Libération en a fait sa une (et il faut saluer
ici le travail de Sylvain Bourmeau qui promeut au sein du journal une approche qui prend
au sérieux le travail des sciences sociales), D. Fassin est passé sur France 3, sur France Inter,
a été chroniqué par Télérama, Le Monde et tant d’autres qu’il est effectivement possible
d’affirmer qu’un débat public a été suscité. Et c’est déjà beaucoup plus que ce que provoquent
les centaines de livres de sciences sociales publiés chaque année. C’est, de ce point de vue,
une réussite. Mais ce succès apparent, dont l’acmé a sans nul doute été la bénédiction négative
accordée par le ministre de l’Intérieur (qui ne rêve pas de voir son livre frappé d’anathème
par Claude Guéant ?), ne doit pas dissimuler une question : à quoi un tel débat a-t-il abouti ?
Il s’agit là d’une authentique question. D’une part, l’activité médiatique autour de ce livre
a-t-elle eu pour effet d’aiguiser le sens critique des personnes à l’encontre de l’institution
policière ? Et, d’autre part, des responsables policiers ont-ils été en mesure de se saisir des
résultats du livre pour en faire quelque chose en interne ?
Si la réponse à ces deux questions est positive, D. Fassin pourra toujours répondre aux deux
premiers points soulevés dans cette recension qu’il ne s’agit là que de débats scolastiques qui
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UNE CRITIQUE SOCIOLOGIQUE DE LA POLICE ❘ 673

pèsent bien peu face à la nécessaire transformation sociale à laquelle le chercheur souhaite
participer et il aura raison. Mais si tel n’est pas le cas, ce que je crains, si le livre n’a eu pour
effet que de convaincre un peu plus les convaincus, d’une part, que la police est un ramassis
de fascistes violents et, d’autre part, que la recherche en sciences sociales est un amas d’uto-
pistes malveillants, on pourra regretter que l’objectif premier du livre n’ait pas été atteint.
L’explication de cet échec pourrait alors bien se loger au cœur des deux premiers points, qui
ne seraient dès lors peut-être pas uniquement de la capillotraction académique. Car si le
livre offre quelques prises critiques sur la BAC, il offre aussi de nombreux moyens de rela-
tivisation, en particulier la singularisation de ce qui a été observé (« c’est cette BAC qui est
comme cela mais pas les autres », ce qui dispense d’une réflexion générale sur les BAC au
profit d’une stigmatisation localisée), précisément parce que la montée (ou la descente) en
généralité n’a pas été menée correctement et que les descriptions ne permettent pas de
dessiner un espace commun, fût-il d’affrontement, avec les policiers. Voilà qui serait regret-
table pour qui a voulu rendre son livre « accessible » pour susciter un débat. C’est qu’une
conception spécifique du monde académique (et, finalement, du public auquel l’auteur
s’adresse) se donne à lire ici en filigrane : D. Fassin pense que les sciences sociales sont par
définition inintelligibles au commun des mortels et qu’il faut donc opérer une traduction
pour pouvoir atteindre celles et ceux qui se trouvent « au-delà du lectorat habituel des
sciences sociales » (p. 29). Ce qui, au final, métamorphose une ethnographie en succession
d’anecdotes d’où a disparu toute forme d’incertitude alors que c’est exactement le contraire
de ce que devraient faire les sciences sociales soucieuses de participer à un débat public
démocratique : radicaliser l’exigence descriptive pour faire émerger des situations observées
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les points d’appui à partir desquels une critique peut correctement être adressée dans un
horizon de transformation sociale et, qui sait, entendue par, au moins, certaines fractions
de l’institution policière.

Cédric Moreau de Bellaing

Cédric Moreau de Bellaing est maître de conférences en science politique et en sociologie du droit à
l’École normale supérieure – Paris. Son doctorat a donné lieu à plusieurs publications récentes portant
sur la formation policière (« Comment la violence vient aux policiers. École de police et enseignement
de la violence légitime », Genèses, 75, 2009, p. 24-44 ; « De l’obligation à la ressource. L’apprentissage
différencié du droit à l’école de police », Déviance et Société, 34 (3), 2010, p. 325-346), sur le contrôle
interne de l’institution policière (« Violences illégitimes et publicité de l’action policière. Une sociologie
des déviances policières », Politix, 87, 2009, p. 119-141) et sur la sociologie de l’État (avec Dominique
Linhardt, « Légitime violence ? Enquêtes sur la réalité de l’État démocratique », Revue française de science
politique, 55 (2), avril 2005, p. 269-298 ; « L’État, une affaire de police ? Ce que le travail des dispositifs
policiers de discipline interne nous apprend de l’État », Quaderni, 78, 2012, p. 85-104). Tout en conti-
nuant à travailler sur l’institution policière, sur le maintien de l’ordre et sur ses mises à l’épreuve,
l’auteur amorce une recherche collective portant sur des configurations socio-historiques ne se rendant
pleinement descriptibles ni sur le registre de la paix, ni sur celui de la guerre (École normale supérieure,
48 boulevard Jourdan, 75014 Paris <cedric.moreau.de.bellaing@ens.fr>).

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