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ACTUALITÉ DE LA SOCIOLOGIE DU LANGAGE DE PIERRE ACHARD

François Leimdorfer

Éditions de la Maison des sciences de l'homme | « Langage et société »

2007/3 n° 121-122 | pages 69 à 82


ISSN 0181-4095
ISBN 9782735111022
DOI 10.3917/ls.121.0069
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FRAN OISLEIMDORFER UVSQFR

Il est aujourd’hui de plus en plus admis en sociologie que le langage


et le discours sont des éléments essentiels des processus et des rapports
sociaux. Certes, mais bien que l’analyse de contenu soit pratiquée depuis
les années cinquante et que plusieurs courants (ethnométhodologie,
sociologie interactionniste, analyses des représentations, des catégori-
sations sociales, des conversations, des récits de vie, ethnographie de la
communication) mettent au centre de leurs problématiques l’analyse du
langage et du discours1, celle-ci peine encore, en sociologie, à occuper
la place théorique, méthodologique et empirique qui lui revient. Or le
projet sociologique de Pierre Achard2 vise à intégrer langage, langue,
discours et société dans une même perspective, en considérant que
« le langage (dans un sens très large) est un constituant central et non
accidentel de tout processus social » (Achard et Wald 1992 : 6), en attri-
buant « au langage […] un rôle actif et structurant et non une valeur de
simple symptôme » (Achard 1989 : 40). Ce projet me paraît toujours
d’actualité, en tant qu’il articule les analyses linguistique et sociologique et
que par ailleurs le courant de l’analyse de discours est soutenu par de

1. Voir le dossier de Langage et société n° 114.


2. Une première approche de la sociologie de Pierre Achard avait été faite dans l’arti-
cle collectif paru après son décès en 1997 : Leimdorfer, Fenoglio, Varro, Wald, 1998,
Langage et Société n° 86.

© Langage et société n° 121-122 – septembre-décembre 2007


70 FRANÇOIS LEIMDORFER

nombreuses recherches en sciences du langage3, mais peu par celles en


sociologie. Je vais essayer ici de résumer – de manière sans doute réductrice et
partielle – quelques points centraux de sa sociologie dont l’originalité réside
en grande partie dans son effort systématique de relier une analyse énoncia-
tive formelle des discours à une analyse sociologique, et d’intégrer l’analyse
du discours et du langage dans le champ de la sociologie générale4.
De fait, Achard propose une théorie sociologique qui place le discours
comme « opérateur » des rapports et processus sociaux ; ce faisant, il
« remonte » de l’interaction discursive aux structurations sociales, dans
une dialectique entre le point de vue de l’observateur, les objets constitués,
les rapports sociaux instanciés par le discours. Entre le langage et la société,
l’articulation se fait par le sens - à l’instar de nombreux autres sociologues -,
et par les actes d’énonciation, ce qui est plus original en sociologie.
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¬2EMONTER¬DU¬DISCOURS¬Ì¬LA¬SOCIÏTÏ ¬EN¬PASSANT¬PAR¬LE¬SENS
Les définitions du « discours » sont, on le sait, nombreuses. Il nous semble
qu’il y a en fait trois manières différentes d’envisager le discours qui peuvent
être tour à tour adoptées, ce qui contribue souvent à une grande ambiguïté.
La première, empirique, consiste à considérer un ou des discours attestés, ce
qui suppose une certaine forme de limitation du (des) discours envisagé(s),
à partir d’un principe, quel qu’il soit (conditions de production, locuteur,
début et fin d’une interlocution, d’une situation par exemple). Cette
approche, nécessaire lorsque l’on veut constituer un corpus, est cependant
problématique dès que l’on envisage une suite de paroles dont les limites
ou dont les normes directrices ne sont pas clairement définissables : des
paroles en situation de travail par exemple (cf. les travaux du réseau Langage
et travail et de J. Boutet). La deuxième perspective constitue le discours
comme un espace langagier, un « plan », un « interdiscours », et permet
d’esquisser les relations entre énoncés proches et lointains ; il faut cependant
faire des hypothèses sur les conditions sociologiques de la production dis-
cursive. Pêcheux en particulier assignait à la sociologie la tâche de clarifier
ces conditions et les liens externes à la situation discursive entre rapports
de force et rapports de sens5 (Pêcheux 1990 : 115, 122, 128). Les rapports

3. Cf. par exemple le n° 9 de Marges Linguistiques sur l’analyse du discours.


4. Posture également adoptée par Lahire (1992 : 73). Achard est également intervenu
dans le champ de la sociolinguistique, du point de vue d’une « sociologie externe » sur
les catégorisations et les délimitations sociales des langues, développements que nous
n’aborderons pas ici (voir en particulier Achard 1993 : 20-71).
5. La sociologie générale de Pêcheux était contenue, on le sait, dans le matérialisme
historique.
ACTUALITÉ DE LA SOCIOLOGIE DU LANGAGE DE PIERRE ACHARD 71

de force sont envisagés en extériorité de la situation discursive6. Achard


pour sa part considère le discours comme une activité, en liant usage du
langage, actes, situation et rapport aux autres actes : « Nous appellerons
“discours” l’usage du langage en situation pratique, envisagé comme acte
effectif, et en relation avec l’ensemble des actes (langagiers ou non) dont il
fait partie. » (Achard 1993 : 10). Le discours n’est pas une entité, mais un
point de vue sur la production langagière, suivant en cela les positions de
Guespin (idem : 11 et Guespin 1971 : 10). Comme le soulignait Foucault,
le discours est « tantôt domaine général de tous les énoncés, tantôt groupe
individualisable d’énoncés, tantôt pratique réglée rendant compte d’un
certain nombre d’énoncés » (Foucault 1969 : 107).
Appréhender le discours comme activité est une définition intéres-
sante pour la sociologie, dans la mesure où elle inscrit le langagier dans
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les situations sociales concrètes et dans un réseau d’actes langagiers et non
langagiers. Elle est cependant plus un horizon théorique qu’un principe
méthodologique, l’analyse concrète devant saisir des discours empiriques
évoqués plus haut ou des interactions en situation. Remarquons dès main-
tenant que la sociologie d’Achard peut s’envisager comme une sociologie
de l’action, sans cependant s’y référer explicitement ni en reprendre les
concepts et les méthodes7. De plus, si Achard place le discours au centre
des structurations et régulations sociales, le social s’inscrit - et donc peut se
lire et s’interpréter – également dans les pratiques non langagières et dans
les matérialités physiques :
La sociologie […] doit supposer que les systèmes qu’elle décrit ont une maté-
rialité. Nous posons l’hypothèse qu’on peut penser cette “matérialité” comme
la dialectique entre deux types d’inscriptions simultanées et complémentaires :
une inscription dans l’environnement physique que le processus social façonne
(architecture, urbanisme, productions techniques, culture matérielle) ; une ins-
cription dans le langage, qui pour être plus abstraite, n’en est pas moins maté-
rielle et pour laquelle le terme de “matérialités discursives” dû à Michel Pêcheux
me semble parfaitement adéquat. (Achard 1989 : 39)

Les points nodaux à considérer ici sont les actes, la construction du sens
(de ce point de vue il partageait la préoccupation de Pêcheux), que ce soit
le sens « sémantique » des énoncés ou le sens des actes pour les sujets. Pour
Achard, le point de vue sociologique doit envisager la dimension sociale du
sens et des actes, même si ces derniers ne peuvent s’y réduire :

6. C’est également la posture de Bourdieu dans ses écrits, par exemple dans Ce que parler
veut dire, p. 14 et ailleurs.
7. Sur la place du langage dans une sociologie de l’action, voir Lahire 2001.
72 FRANÇOIS LEIMDORFER

L’acte de langage comporte de multiples aspects, du fait de la pluralité des séries


[des ensembles d’énoncés et d’actes auxquelles on peut le référer] dans lesquelles
il est pris. L’envisager comme acte social, c’est “filtrer” [n’envisager que] sa stabi-
lité [récurrences et similitudes] dans le système régulé des rapports sociaux [sta-
tuts, rôles, structures, activités régulières, institutions, etc.], cette composante de
son sens que le locuteur partage avec d’autres, dans la série des actes analogues,
en indépendance relative de la singularité du locuteur. (Achard 1995a : 82)
La circulation, le partage social ou le conflit à propos du sens sont à
prendre en considération :
la notion de dialogisme [Bakhtine] suppose que le sens n’est pas déjà là, dans une
signification déjà complète. Le sens est le résultat d’un affrontement pratique de
groupes sociaux autour de la signification et les “jeux de langage” [Wittgenstein]
sont le produit d’options ouvertes au sein d’une organisation discursive, ensemble
organisé de points de vue, de pratiques et d’intérêts. D’un point de vue dialogique,
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les processus sociaux ne se clôturent pas sous forme de société globale. La diglossie
[Fishman, Ferguson, Wald] montre qu’il n’y a pas de frontières naturelles aux lan-
gues, le dialogisme montre qu’il n’y en a pas aux sociétés. (Achard 1993 : 84)

En sociologie, la question du sens comporte trois aspects détermi-


nants. Tout d’abord le fait, suivant Weber (Weber [1921] 1971), que la
sociologie est une science interprétative. Ensuite, toujours selon Weber,
l’affirmation qu’un fait n’est social qu’en tant qu’il se réfère à des actes
et activités, et qu’en tant que ceux-ci ont un sens pour les acteurs et les
observateurs (Weber 1971 : 28), enjeu d’interprétations, et que ces der-
nières sont plus ou moins légitimes et partagées, distribuées socialement
et plus ou moins stables et récurrentes. Enfin le fait que les effets de sens
régulent les activités et les anticipations d’action des acteurs (Weber,
Parsons, Blumer8). Pour Achard le sens est un problème sociologique,
se basant sur la différence entre « signification » des énoncés, analysable
linguistiquement hors emploi et « sens » où les actes, en situation, jouent
un rôle majeur et dont les formes linguistiques sont variables :
deux formes qui n’ont aucun rapport de signification […] peuvent avoir le
même sens dans certaines situations. L’organisation du sens ne relève donc
pas de la linguistique mais des disciplines interprétatives, parmi lesquelles la
sociologie. (Achard 1993 : 18).

8. Parsons 1961 : 342 : « Le théorème le plus fondamental de la théorie de l’action me


paraît être que la structure des systèmes d’action consiste dans les modèles culturels de
signification, qui sont institutionnalisés dans le système social et la culture, et qui sont
intériorisés dans la personnalité et l’organisme » (trad. Guy Rocher). Blumer 1969 :
1 : « Symbolic interactionism rests in the last analysis on three simple premises. The
first premise is that human beings act toward things on the basis of the meanings that
the things have for them… ».
ACTUALITÉ DE LA SOCIOLOGIE DU LANGAGE DE PIERRE ACHARD 73

Une tâche essentielle de la sociologie serait donc de décrire les effets


de sens réguliers et leur distribution sociale, c’est-à-dire les attributions
récurrentes, par les acteurs, de sens analogues aux énoncés, aux actes et
aux situations.

¬2EMONTER¬DE¬LÏNONCIATION¬Ì¬LA¬SITUATION¬
ET¬AUX¬PLACES¬SOCIALES
Pour Achard, l’énonciation, en posant un lien entre les énoncés produits,
la situation et le locuteur, permet de faire des hypothèses sociologiques
fondées rigoureusement. Le lien n’est cependant pas direct. L’analyse
linguistique permet de déployer des contraintes à l’interprétation et à la
construction du sens (actes et énoncés), mais ce dernier ne peut être évalué
que dans les interactions et interrelations sociales effectives (proches et
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lointaines, car le sens ne se construit pas que localement, mais s’appuie
sur les savoirs, la mémoire, les discours, etc.) :
Les matérialités discursives reposent sur le fonctionnement langagier. Celui-ci
doit être envisagé comme une sorte de niveau zéro du fonctionnement discur-
sif ; il est ultra-social en ce sens qu’il échappe complètement à la maîtrise du
sujet, et de ce fait a-social en ce qu’il n’est pas en lui-même support de différen-
ciation de places sociales ou d’effet discursif. Ce qui signifie qu’il n’est pas en lui-
même porteur de sens mais seulement de virtualités de sens. On dira qu’il s’agit
d’un fonctionnement formel, et son étude est l’objet propre de la linguistique.
[…] Étudier le discours consiste à mettre en rapport des formes linguistiques et
des fonctionnements en situation. Nous nous intéresserons ici à la dimension
sociale de cette mise en rapport, ce qui suppose que les effets de sens envisagés
comportent des effets qui ne se limitent pas à la réorganisation des matérialités
discursives mais organisent et permettent de comprendre aussi la dimension de
l’inscription physique des processus sociaux. (Achard 1989 : 40)
L’analyse de l’énonciation (par le jeu des déictiques, des anaphores, des
modalités, des déterminations, etc.) permettra de décrire des « places énon-
ciatives » occupées par l’énonciateur, et des « situations » (abstraites, non
sociologiques9), dans la perspective initiée par Benveniste, puis Culioli :
Le point de vue de l’énonciation situe l’énoncé concret dans un espace compris
entre deux points extrêmes : la situation (Sit0) absolument embrayée, dont le
sens est entièrement déterminé par la situation de locution parce que sa signi-
fication ne renvoie qu’à la position singulière de l’énonciateur, et la situation
(SitW) absolument suspendue, où aucun lien n’est maintenu (au niveau de la
signification) entre énoncé et situation. (Achard 1993 : 80)

9. La clarification des rapports entre la notion de « situation » en linguistique (énonciati-


ve ou pragmatique) et en sociologie (École de Chicago, interactionnisme symbolique,
Goffman) resterait à faire.
74 FRANÇOIS LEIMDORFER

L’analyse sociologique proposée par Achard doit donc évaluer le jeu


entre les situations construites par l’énonciateur, selon qu’elles réfèrent
à un « ici et maintenant » partagé par les locuteurs présents ou à un
« ailleurs » réel ou imaginaire (un passé, un futur, un lointain, un récit, un
domaine discursif, une généralité, etc.). Il s’agit également de dessiner les
rapports entre « place(s) d’énonciation » et « place(s) sociale(s) », car :
Une sociologie est la description d’un système de places définies par leur rap-
port mutuel et permettant une description des processus sociaux non réducti-
bles à la sommation des psychologies personnelles des individus qui viennent
occuper ces places. (Achard 1989 : 39)
Le cadre social, la “société” […] c’est le système des relations établies, stabili-
sées, institutionnalisées qui assigne des places, des tâches, des statuts différen-
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ciés au sein d’une communauté. (Achard 1993 : 3)
Si la « place sociale » occupée par le locuteur n’est pas réductible aux places
d’énonciation, elles entretiennent des rapports réciproques. Car « l’énoncia-
teur » et le « locuteur » ne sont pas équivalents mais se correspondent lorsque
le locuteur prend en charge les places énonciatives proposées :
Il faut distinguer entre énonciateurs qui font partie de la signification [au
plan de la langue], et locuteurs qui appartiennent au sens [au plan de la
situation effective]. Il y a interaction sociale lorsque les locuteurs, en prenant
en charge les énoncés, établissent entre eux des rapports conformes à ceux que
l’appareil formel de l’énonciation implique entre les énonciateurs. (Achard
1993 : 78-79)
Plusieurs notions sont ici convoquées : celle de « prise en charge » qui
valide l’interaction (prise en compte, acceptation, distanciation, refus, etc.),
celle de « légitimité » (le droit reconnu à l’existence – objet, personne,
statut, rôle, activité, relation, etc. – ou à occuper une place et à y énoncer),
notion ayant été développée en sociologie par Weber, Habermas, Bourdieu,
entre autres auteurs. La notion de prise en charge permet d’évaluer le pou-
voir des catégorisations sociales (« l’ensemble des opérations par lesquelles les
acteurs différencient les statuts des autres acteurs en fonction de la relation
sociale qu’ils établissent avec eux », Achard et alii, 1996 ) :
La domination se marque par le pouvoir de catégoriser : un discours qui peut
catégoriser des allocutaires ou des tiers, sans en retour reposer sur une catégo-
risation équivalente de son locuteur, exerce sur ceux-ci une domination, dans
la mesure où cette situation apparaît comme “normale”. La catégorisation
apparaît alors comme un acte performatif dont une des conditions de félicité
est de pouvoir passer pour une simple assertion de fait. On pourra alors analy-
ser la relation de pouvoir sous les trois notions de catégorisation, de légitimité
[…] et de production pratique de norme (idem).
ACTUALITÉ DE LA SOCIOLOGIE DU LANGAGE DE PIERRE ACHARD 75

S’agissant de la légitimité, Achard se différencie de Bourdieu :


Le dit sur le monde a pour premier effet social de supposer la légitimité de la
place à partir de laquelle un tel dit peut se dire. Et quand bien même le locuteur
ne serait pas, à cette place, légitime, la place elle-même peut s’y trouver légiti-
mée […] On voit en quoi la sociologie du langage sur laquelle l’analyse énon-
ciative du discours [se fonde et] que je propose diffère de celle que P. Bourdieu
met en place : dans mon analyse, le texte analysé contribue à créer son propre
univers de légitimité, par les opérations qu’il exerce (à l’aide d’opérateurs lan-
gagiers analysables linguistiquement) sur une situation supposée déjà là (et
que l’énonciataire reconstruit dans la pratique sous la forme d’un point de
vue de lecture). Pour P. Bourdieu, l’univers de légitimité est pré-construit, re-
produit si l’on veut, mais ne peut être à proprement parler produit. (Achard
1984 : 68 et 76)
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La sociologie que propose Achard est donc une sociologie des « places
sociales », déterminée – en ceci il n’innove pas – par des statuts et des
rôles, à ceci près que, contrairement à Bourdieu qui conçoit rapports
sociaux et discours en extériorité les uns des autres, les rapports sociaux
étant préalables et déterminants, l’activité discursive crée ou contribue à
créer son propre univers de rapports sociaux et de légitimités. Le point de
vue est structuraliste (un « système des places définies par leur rapport
mutuel ») ; ce système permet « une description des processus sociaux »,
le discours étant lui-même un « processus langagier en tant que processus
social » (1989 : 39-40). On peut cependant regretter qu’Achard n’ait pas
expliqué comment décrire le passage d’un système de places aux processus
sociaux, dans une perspective dynamique.

¬3ITUER¬LOCUTEURS ¬ÏNONCIATEURS¬ET¬ÏNONCÏS¬
DANS¬DES¬ESPACES¬DISCURSIFS
Des structures peuvent être également dégagées à partir de l’analyse
des « formations discursives » : systèmes de répartition et de dispersion
d’énoncés (Foucault 1969 : 52-53) ou systèmes de contraintes et de
possibilités à la production des énoncés (Pêcheux 1975 : 144-145). Pour
Achard, la question de l’organisation sociale des énoncés et des discours
est un élément essentiel de sa problématique et doit figurer parmi les
tâches actuelles de la sociologie :
Du point de vue social, on appelle (à la suite de M. Foucault et de M. Pêcheux)
formation discursive l’organisation des discours, c’est-à-dire l’aspect langagier
des institutions sociales. On distinguera l’organisation institutionnelle et
sociale des formations (que nous appelons “registres discursifs”) et l’organi-
sation par les formes (que nous appelons “genres”). […] La structuration en
registres discursifs correspond donc à une différenciation des lieux et des places
76 FRANÇOIS LEIMDORFER

où les discours apparaissent. […] L’hypothèse de base sur laquelle repose la


théorie du discours est la suivante : il est possible de mettre en rapport les acti-
vités sociales (registres) et des contraintes de forme (les genres discursifs) que l’on
peut décrire en s’appuyant sur la linguistique de l’énonciation. » (Rapport Slade,
Achard et alii 1996 : 12)
Une formation discursive (Foucault ; Pêcheux) est la structuration de l’espace
social par différenciation des discours. Cette différence repose sur des accu-
mulations de “textes” dans un même voisinage, ce que j’appellerai registres
discursifs. (Achard 1995a : 84)

Ce qu’Achard appelle « registres discursifs » est une question à la fois


évidente et difficile à cerner : il est clair que des champs, des domaines, des
regroupements d’énoncés et de discours se constituent et sont reconnus
comme tels, historiquement et socialement (par exemple les champs du
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droit, de la médecine, du politique, du religieux, des techniques, etc.) à
partir de mises en relation d’activités « voisines » matérielles et langagières.
Ces dernières sont organisées par des pratiques énonciatives et matérielles
régulières (juger, soigner, ordonner, etc.). De plus, l’autonomisation et la
différenciation entre espaces discursifs sont variables selon les sociétés (par
exemple la non différenciation du juridique dans les activités collectives
des sociétés villageoises africaines). Ces champs10, en tant qu’entités, sont
d’autant plus observables qu’ils sont autonomisés, stabilisés, institution-
nalisés et que leurs limites ou leurs frontières, leurs conditions d’accès
(l’enseignement, les droits d’exercice des professions par exemple) sont
socialement définis. Ils sont également d’autant plus observables qu’ils
se particularisent, s’objectivent et se transmettent par des écrits, qui s’ac-
cumulent et qui définissent leurs propres situations abstraites de validité
(par exemple les catégorisations de personnes, de choses, de relations
et de processus dans le juridique). De ce point de vue, il s’agit bien de
« l’organisation institutionnelle et sociale des formations discursives ».
Les registres discursifs opèrent une structuration et une segmentation
du champ social.
Les choses se compliquent si l’on considère ces registres de manière
plus fluide, soit comme des espaces de variation d’un élément, quel qu’il
soit, selon l’usage courant ou littéraire du terme (mis à part le registre en
tant que document) : le registre des émotions, des couleurs, de l’ironie,
de la polémique, etc. ; soit comme des variétés linguistiques appropriées

10. Dont Bourdieu dit qu’ils « se présentent à l’appréhension synchronique comme des
espaces structurés de positions (ou de postes) » (Bourdieu 1980 : 113-114).
ACTUALITÉ DE LA SOCIOLOGIE DU LANGAGE DE PIERRE ACHARD 77

à des situations sociales particulières (Auger 1997 : 238) ; soit enfin que
l’on considère un jeu de registres à l’intérieur d’une situation discursive :
Un discours particulier se trouve toujours à l’intersection de plusieurs registres
dont il assure une articulation particulière. Ainsi, par exemple, le registre du
juridique donne-t-il aux registres de l’écrit et de l’oral des places fortement
différenciées, et le trajet partant de la loi écrite, passant par la citation orale
dans les plaidoiries, et aboutissant aux minutes et au jugement prononcé puis
enregistré, et dont la valeur performative dépend des conditions de l’enregis-
trement montre la complexité de cette articulation. (Achard 1998 : 72)

Le point de vue est alors interne à la situation, et ne pose pas des limites
précises à des ensembles qui restent vagues et divers, tout en pouvant être
– de manière explicite ou implicite – des espaces auxquels les locuteurs
peuvent se référer et dans lesquels ils peuvent se situer. Dans cette pers-
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pective, on peut faire des « hypothèses de registres », et considérer, par
exemple, la passation téléphonique d’un questionnaire comme registre :
cette situation a valeur de registre, sous l’hypothèse que la situation fait partie
d’une série socialement stable, et que l’enquêteur et l’enquêté y reconnaissent
leur place respective. (Achard 1995a : 87)

Les situations, à condition qu’elles fassent partie d’une série socialement


stable (régulière et reconnue comme telle) – des situations jugées sociolo-
giquement analogues – peuvent donc être considérées comme des lieux
d’émergence potentielle de registres, ces derniers pouvant se structurer
par « la différenciation des lieux et places où les discours apparaissent »
(cf. cit supra). De plus,
Un registre discursif fait correspondre l’énonciateur (formel) et le locuteur (place
sociale réelle). À partir de cette articulation initiale, l’analyse va se développer
dans deux directions : l’énonciation telle que le déroulement interne du dis-
cours la déploie ; les actions sociales dont le discours est le support. (Achard
1993 : 87)
La problématique de la place énonciative et de la place sociale se retrou-
vent donc ici intégrées à la problématique du registre, en tant que ce der-
nier les met en correspondance : c’est-à-dire en tant que la légitimité des
situations, des places, des locuteurs et des énonciations se correspondent.
Ajoutons que l’attribution d’un énoncé à un registre, sa mise en série poten-
tielle, dirige les interprétations et les significations attribuables aux énoncés.
De ce point de vue, la construction du sens est sociale, par les mises en
relation régulières des énoncés à des champs d’activités et de discours.
78 FRANÇOIS LEIMDORFER

Achard associe le registre au « genre discursif », ce dernier à entendre


non pas, communément et à la suite de Bakhtine, comme une catégorisa-
tion de discours s’appuyant – pour faire bref – sur des formes langagières
plus ou moins normées d’interlocution, de dialogisme (un débat, une
lettre, une annonce, etc.), mais, à la suite de Simonin (1975) comme :
« un type défini par ses caractéristiques énonciatives formelles » (Achard
1988 : 70) et par la construction des rapports aux situations.
On appellera registre discursif comme [étant] une zone de pratiques suffi-
samment voisines et cohérentes pour partager une même indexicalité [les
rapports à la situation] régulée par une répartition institutionnelle des rôles
sociaux. On est en droit de s’attendre à ce que ces contraintes institutionnel-
les se traduisent par des contraintes non arbitraires sur l’usage des marques
linguistiques, et notamment sur celles dont le fonctionnement est le plus
tributaire de l’indexicalité, à savoir les déictiques. On appellera genre discur-
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sif cet ensemble de contraintes non arbitraires. (Achard 1995b : 8-9)

L’espace de déploiement d’un registre est donc un espace de voisinage


de pratiques, ces dernières partageant des rapports analogues aux situa-
tions, à la condition que ces dernières, comme on vient de le voir, fassent
partie de séries sociales. Les rapports aux situations sont eux-mêmes
socialement contraints par la répartition institutionnelle des rôles sociaux.
On peut dès lors envisager que le registre se constitue à partir d’actes
énonciatifs réguliers, voire institutionnalisés (cf. par exemple les actes
énonciatifs et pratiques de la médecine et les rôles et statuts afférents),
des pratiques langagières. Achard fait l’hypothèse que les contraintes
institutionnelles exercent des effets sur l’énonciation. L’analyse pourra
donc se développer à partir des marques linguistiques, particulièrement
celles qui construisent un rapport à la situation, pour remonter à une
caractérisation des registres considérés.

¬0ERSPECTIVES
De manière synthétique, on peut dire que l’actualité et l’originalité de
la sociologie de Pierre Achard résident tout d’abord dans l’articulation
théorique et méthodologique entre le linguistique et le sociologique, par la
mise en rapport entre l’énonciation, les actes, les places énonciatives et
les places sociales. Elle réside ensuite dans le projet de mise au jour de
registres d’activités et de discours, de leurs clôtures sociales (leurs condi-
tions d’accès) ou de leurs fluctuations et enchevêtrements. Ces registres
peuvent être considérés comme des ensembles discursifs plus ou moins
institutionnalisés ou comme l’aspect langagier des institutions sociales,
avec des contraintes sur l’usage des marques linguistiques.
ACTUALITÉ DE LA SOCIOLOGIE DU LANGAGE DE PIERRE ACHARD 79

Enfin, on a dit plus haut que la sociologie proposée par Achard inclut
la place de l’observateur et la relation d’observation dans la constitution
des données (cf. notamment « le paradoxe de l’observateur », Labov 1976 :
289-290). Achard a esquissé, dans le Rapport Slade et dans un texte qu’il
travaillait au moment de son décès (Fondements de sémantique discursive,
non publié11) une sorte de « sociologie des points de vue ».
De quoi s’agit-il ? Il s’agit de déterminer des « espaces de points de vue ».
Le point de vue n’est pas assimilable à un locuteur-acteur-observateur mais
une place portée par celui-ci. Ces espaces distribuent les points de vue entre
ceux qui « voient » ou « ne voient pas », de manière « stable » ou « instable »
des relations entre signes, énoncés, propriétés sémantiques, objets du monde
ou processus. Les points de vue se caractérisent par le fait qu’ils différencient
ou assimilent ces relations (par exemple des synonymies) régulièrement
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(stabilité), ou encore les voient ou ne les voient pas « plus ou moins » (ins-
tabilité). La stabilité étant ici le fait qu’un même objet ou phénomène est
observé de manière identique par un ou différents locuteurs, lorsque l’on
fait varier – dans certaines limites – les conditions d’observation : temps
(époque), lieu (géographique et social), instruments (dont les concepts),
personne. Achard donne l’exemple d’un sondage d’opinion où les réponses
peuvent être de manière stable positives ou négatives lorsque la forme de
la question posée, la personne de l’interviewer, les temps et lieux changent
légèrement, ou instables si ces conditions sont modifiées (Rapport Slade).
Cette stabilité de points de vue, c’est-à-dire lorsque ceux-ci sont réguliers
et partagés, participe à la constitution sociale du sens. Elle ne doit pas être
confondue « avec la stabilité sociale, qui concerne le fait qu’un individu
ayant des caractéristiques sociales voisines aurait ou non été dans la même
situation de réponse (positive, négative ou instable). » (Rapport Slade).
Repérer ces différents points de vue permet dès lors de répartir, après
analyse, des énoncés et des discours dans une typologie sociologique
fondée sur la construction d’un sens et sur l’espace discursif dans lequel le
locuteur se situe, différente d’une typologie fondée sur des appartenances
sociales12. Resterait à déterminer si ce modèle, qui fonctionne de manière
heuristique sur des positions discursives, peut être appliqué à une analyse
des actes langagiers effectués et des pratiques.

11. Et un modèle d’analyse, le « modèle VOIR », décrit par Sassier 1998 et 2004 : 29-33.
12. On a pu ainsi montrer que des locuteurs dans des entretiens considéraient Saint-
Quentin-en-Yvelines comme un espace urbain englobant, comme un espace assimilé à
son centre-ville, comme un conglomérat de villages, etc., ou variaient leur position ; ces
points de vue permettent de déterminer le centrage du locuteur sur un type d’espace,
espace réel ou imaginaire de relations et d’activités sociales (Leimdorfer 2001).
80 FRANÇOIS LEIMDORFER

L’analyse de discours ouvre ainsi une direction de recherche stimulante


à une sociologie de ces espaces de points de vue (évoquée également par
Bourdieu dans son introduction à La misère du monde), où énonciateurs,
locuteurs et acteurs sociaux, tout en étant différenciés peuvent être mis en
correspondance. L’analyse de l’énonciation permet de cerner de manière
méthodique comment un énonciateur module les rapports qu’il tisse, dans
ses énoncés, avec le monde proche et lointain, les espaces de discours, les
situations, les interlocutions, les énonciataires et sa propre position.

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82 FRANÇOIS LEIMDORFER

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