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Evangelia Adamou
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Éditions de la Maison des sciences de l'homme | « Langage et société »
2002/1 n° 99 | pages 77 à 95
ISSN 0181-4095
ISBN 273510950X
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2002-1-page-77.htm
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De la stabilité de l’Imaginaire Linguistique
Adamou Evangelia
Laboratoire THEDEL
Université René Descartes-Paris V
INTRODUCTION
78 EVANGELIA ADAMOU
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pas à s’opposer à l’enquêteur ; d’autre part, des cas de fluctuation,
mais qui ne vont pas sans de multiples résistances des sujets
devant une modification radicale de leur attitude. Enfin, nous
observons des cas de fluctuation spontanée que nous interprétons
comme une tension à l’intérieur même de l’Imaginaire du sujet.
2. La fluctuation dans les attitudes a été abordée notamment par Cécile Canut (2000)
qui propose une dimension interlocutive dans l’ajustement des imaginaires linguis-
tiques et par Jacques Brès (1996) qui parle d’une dimension interpersonnelle.
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sens où « la socialisation est le processus moyennant lequel la psyché
est forcée d’abandonner (jamais complètement) son sens originel
monadique pour le sens participé fourni par la société, et de
subordonner ses créations et ses poussées propres aux exigences de la
vie sociale » (Castoriadis, 1997 : 257). Une lecture attentive d’A.-M.
Houdebine montre qu’elle envisage un sujet parlant socialisé,
construit par le discours de l’Autre familial et social, par son époque et
par les rationalisations, voire les fictions, de la société linguistique dans
laquelle il s’inscrit. Pour autant, le sujet parlant n’est pas seulement un
porteur de normes sociales (Boyer, 1990), ou d’idéologies (Eloy, 1999).
C’est ce qu’indique l’hétérogénéité des attitudes des membres d’un
même groupe social. Cette position théorique a un impact
méthodologique évident. Elle conduit à commencer par l’analyse
individuelle des discours et à ne regrouper les sujets dans des
catégories sociologiques, que dans un deuxième temps, et seulement
si l’analyse montre qu’ils partagent des attitudes identiques.
Enfin, A.-M. Houdebine, en définissant l’I.L. comme le « rapport
du sujet à la lalangue (Lacan 3) et la Langue (Saussure) », rappelle
l’importance du système linguistique qui se trouve à la base de
toute définition du sujet parlant. Ce dernier hérite entre autres
3. Avec ce concept lacanien, A.-M. Houdebine réintroduit les équivoques dans l’étude lin-
guistique. Par équivoque, on entend la capacité du signifiant de représenter le sujet
par un autre signifiant. Cette possibilité, offerte essentiellement à l’oral, est très
exploitée en psychanalyse. Par exemple, dans le discours d’un sujet évoquant le désir
d’un/nuvone/, il peut y avoir équivoque entre “nouveau né” et “nouveau nez”.
Le sujet inconscient fait irruption dans la séquence de langue et « tout bascule : la
calculabilité syntaxique cesse, la représentation grammaticale cède et les éléments
articulés tournent en signifiants » (Milner, 1978 : 104) ; on voit apparaître ce désir du
sujet : « Lalangue est […] l’ensemble virtuel des dires du désir. » (Milner, 1978 : 105).
Si, en psychanalyse, la voie vers l’inconscient passe par le rêve, les actes manqués et
les lapsus, le linguiste, lui, ne peut avoir accès à l’inconscient que par ces traces lin-
guistiques. Il peut se pencher sur les lapsus (Fenoglio, 1997), ou sur les autres traces
de l’inconscient, impliquant toutefois également la participation du conscient, telles
que le mot d’esprit (Freud, [1940] 1988) et la métaphore, ou encore sur les attitudes
des sujets parlants vis-à-vis des langues.
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80 EVANGELIA ADAMOU
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analyse. La pertinence linguistique des facteurs externes fonde la
particularité de l’I.L. ; les facteurs subjectifs et sociaux sont étudiés
afin de montrer leur rôle dans l’explication et dans la prédiction de
la synchronie dynamique (Martinet, 1975).
L’ENQUÊTE
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en français. Nous avons focalisé sur des lexèmes spécialisés
conformément au constat, apparu très tôt dans les études
attitudinales, selon lequel les évaluations des locuteurs concernent
essentiellement les usages les plus marginaux, comme c’est le cas
ici avec ces lexèmes rares. Les formes lexicales bien intégrées ne
suscitent au contraire que des évaluations neutres (ex.4 « ben
c’est/disons que c’est un mot qui fait partie du langage courant//
donc c’est comme une armoire ou un tableau/pédiatre c’est la
même chose » (24/14) ; ou bien que des évaluations qui
concernent les signifiés (ex. [un tremblement de terre ou un
séisme] « pour moi ça a la même signification/c’est l’inquiétude la
terreur// angoisse// ben la révolte avec une révolution des + des
systèmes actuels/euh électroniques » (16/5).
Les évaluations relevées dans les entretiens ont été réparties en
trois classes de normes subjectives : les normes prescriptives, pour les
évaluations étayées par un discours institutionnel, les normes
fictives, pour les arguments esthétisants non étayés par un
discours antérieur scolaire ou grammatical et les normes
communicationnelles, pour les arguments qui mettent l’accent sur la
compréhension et l’intégration au groupe. Pour notre objet lexical,
nous avons repéré plus précisément :
4. Les énoncés sont identifiés par deux chiffres; le premier correspond au code de l’in-
formateur dans notre corpus et le second au rang dans l’entretien. Signes de trans-
cription:/ = pause brève,// = pause longue, + = allongement phonique, * = élément
indéchiffrable, [ ] = chevauchement d’énoncés. I = informateur, E = enquêtrice.
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82 EVANGELIA ADAMOU
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évaluations témoignent, pour une part, d’une vision fictive, parce
qu’elles opèrent des distinctions qualitatives entre les langues et
les moyens qu’elles utilisent. Pour une autre part, elles témoi-
gnent d’une vision prescriptive, parce qu’elles s’inscrivent dans
une reprise approximative du discours institutionnel, qui véhicule
l’idée d’une précision obtenue en terminologie par le recours aux
mots d’origine grecque, ce que signale déjà Claude Hagège : « un
terme qui se rapporte facilement à des racines connues éveille
des associations qui peuvent altérer le sens requis, alors qu’un
terme international opaque, précisément parce qu’il n’est pas lesté
de ces différences locales, est un instrument adéquat : démotivé,
il peut s’appliquer à un objet ou à un concept précis » (Hagège,
1992 : 180).
b. Pour traiter de la fiction d’origine qui inscrit le français dans
un rapport de filiation au grec, manifeste dans l’héritage lexical,
et qui refoule l’usage que les scientifiques ont fait du grec pour
la création terminologique : « oui on est les héritiers/pour une
certaine partie de la langue » [grecque] (41/12).
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mal : ex. « parce qu’au moins même les gens qui ne sont pas
instruits pourront comprendre ».
Les normes subjectives ont été mises en relation avec les usages,
afin de repérer leur dynamique, et de noter d’éventuelles corréla-
tions entre variables sociales et Imaginaire Linguistique. Ces
aspects ne seront pas abordés dans cet article qui analyse les entre-
tiens sous l’angle de la fluctuation des attitudes entre les différen-
tes normes subjectives.
1.
même locuteur, objets différents,
instabilité attitudinale
circonstances et moments variés
84 EVANGELIA ADAMOU
Instabilité attitudinale
A.-M. Houdebine avance le concept d’instabilité attitudinale pour
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décrire la modification de l’attitude (prescriptive, communica-
tionnelle, fictive) d’un informateur. Plus précisément, l’instabilité
attitudinale se manifeste « selon que les “jugements” sont sponta-
nés ou extorqués (c’est-à-dire demandés par questionnaires ou
tests de normativité), tant en ce qui concerne l’auto-évaluation de
l’informateur, que celle d’un autre sujet (technique du locuteur
masqué), ou d’autres groupes de locuteurs » (Houdebine, 1995).
En outre, l’Imaginaire Linguistique des locuteurs varie en fonction
des langues à évaluer et dépend notamment du « statut du parler,
eu égard aux contacts d’idiomes ou de variétés, et de son rôle d’in-
tégration, voire de promotion sociale, dont dépendent en partie
les macro-représentations du sujet et ses rationalisations. Celles-ci
pouvant différer de micro-repérages normés, plus ou moins
prescriptifs » (Houdebine, 1995). L’instabilité attitudinale remet en
question la notion de communauté linguistique telle qu’elle a été
proposée par William Labov, puisque la communauté supposerait
des normes et des idéalisations partagées par tous les membres de
la communauté.
Nous devons nous interroger sur les effets qu’un décalage
chronologique important peut avoir sur la stabilité de l’Imaginaire
Linguistique, lorsque change la situation socioprofessionnelle des
locuteurs. Comme nous n’avons pas encore mené ce type
d’enquête, qui suppose un grand laps de temps entre chaque
entretien avec un même informateur, nous préférons rester
prudente. Nous nous contentons de citer un extrait dans lequel la
locutrice songe à l’attitude fictive de dénomination mystificatrice,
qui était à son avis la sienne lorsqu’elle était étudiante à
l’Université, et à l’attitude communicationnelle qu’elle manifeste
maintenant qu’elle est journaliste :
4/62 : ah oui ah oui/moi quand j’étais à la fac et que je lisais pas mal de
choses assez intellectuelles etc. à la limite je pouvais avoir du plaisir à lire des
textes difficiles avec des mots difficiles parce que moi je les comprenais aussi
je me sentais incluse dans le cercle de ceux qui sont capables de comprendre
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peu/à l’époque ça * si j’en ai pu en inventer des mots j’aurais été la première à
le faire aussi hein (rires)
Fluctuation attitudinale
Nous empruntons le terme de fluctuation aux études phonolo-
giques, où l’on a repéré « la possibilité pour le même locuteur, dans
les mêmes circonstances, de faire alterner librement deux ou plus
de deux phonèmes dans la même unité significative, et cela seule-
ment pour certaines unités du lexique » (Clairis, 1981 : 103). Nous
utilisons le terme de fluctuation attitudinale lorsqu’on observe
la possibilité pour le même locuteur, dans les mêmes
circonstances, de faire alterner son attitude pour un seul objet. Il
s’agit pour nous de savoir si la fluctuation attitudinale a lieu sous
la pression de l’interaction, de façon sollicitée, ou non, et si elle
suppose une modification radicale de l’attitude exprimée en
premier lieu.
Nous avons donc analysé plusieurs types d’interactions de type
métalinguistique, afin d’apprécier l’influence du discours d’autrui
sur la stabilité de l’Imaginaire Linguistique.
86 EVANGELIA ADAMOU
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14 I A : médecin/c’est vrai que le mot
19 E : phytorinaire
20 I A : phytorinaire c’est peut-être mieux [ah bon] ben rinaire ça fait penser
à vétérinaire/ça concerne déjà pas des individus/pas des animaux
non plus/mais c’est dans le domaine de la nature quand même//
donc phytorinaire ouais
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communicationnelles initialement exprimées sont remises en
question par la fiction à tension mystificatrice de l’autre locuteur,
qui intervient sur le “charme” perdu lorsqu’on vise une
compréhension optimale. La fluctuation d’attitude de la locutrice
se manifeste quand elle admet que le mot « simple » et
« compréhensible » est chargé de négativité car « trop simplifié ».
À première vue son attitude semble modifiée, mais on note que le
terme « compliqué » ne trouve de légitimité que du moment où il
est susceptible de devenir communicationnel par suite de
l’habitude langagière. Ainsi, le facteur initialement pertinent de
“communicabilité” est maintenu. Une telle contradiction,
probablement ressentie par la locutrice même, l’oblige à rechercher
une autre solution, mais elle est apparemment peu convaincue de
ce choix biaisé. Elle reprend un troisième terme, parmi ceux qui lui
ont été proposés, terme qui pourrait représenter le juste milieu
entre l’aspect communicationnel et la mystification. La fiction à
tension mystificatrice est remise de nouveau en question, lorsque
l’enquêtrice (E) insiste sur le critère qui a induit dans un premier
temps la fluctuation attitudinale. La locutrice tente alors
d’expliquer comment c’est « prendre les gens pour des imbéciles »,
en concluant : « c’est ça en fait », une remarque qui à nos yeux
semble s’adresser à elle-même dans son effort pour stabiliser son
attitude. Suivent les énoncés contradictoires 24 et 26, où l’on voit
de façon assez nette que les facteurs de communication et de
compréhension persistent. Tout au long de cet extrait, on voit que
la déstabilisation, provoquée par l’attitude opposée d’un
interlocuteur, n’aboutit pas à une modification radicale de
l’attitude de la locutrice. À notre avis, ceci s’explique par son
Imaginaire Linguistique, antérieur à la situation d’interlocution, et
qui subsiste malgré les pressions de l’interaction.
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intervention de l’interlocuteur n’est pas toujours nécessaire pour
provoquer une fluctuation attitudinale; celle-ci peut advenir dans
le cas où l’Imaginaire Linguistique est lui-même divisé. Dans
l’exemple suivant, nous avons affaire à un type de fluctuation
attitudinale spontanée, construite autour de la norme
communicationnelle et de la norme fictive de valorisation sociale.
La locutrice, âgée de 27 ans, est doctorante en astronomie et n’a pas
connaissance du grec ancien, ni du grec moderne:
parallèlement// ben il y en a deux en fait// médecin de plantes je trouve
que c’est bien/parce que c’est clair et + tu vois c’est simple et puis c’est + trans-
parent/sinon c’est/ouais c’est phytopathologue/je crois je trouve ça un peu
compliqué quoi/mais bon ouais ça serait le terme + ouais/je sais pas// au
niveau tu vois/terme correct quoi/mais moi je préfère médecin de plan-
tes/mais bon ça fait un peu// [non non] c’est pas assez scientifique quoi
médecin de plantes/alors que phytopathologue * ça fait plus sérieux [2/16]
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démenti de la façon la plus récurrente en matière lexicale. Le pas-
sage d’un rapport individuel et intime à la langue à un rapport
social, à tension prescriptive, déclenche une déstabilisation du
locuteur. Nous considérons que se manifestent ainsi deux types de
rapport du sujet à la langue ; un rapport individuel et un rapport
socialement déterminé et prescriptif. Le locuteur privilégie tantôt
l’un, tantôt l’autre, en tendant vers une stabilité attitudinale, même
s’il conclut parfois sur une attitude souple qui prend en compte les
deux types de rapports à la langue :
je prendrai quand même médecin de plantes parce que les gens
comprendraient tout de suite de quoi il s’agit/qu’ils se sentiraient peut-être
pas impressionnés + par un titre enflant/maintenant mon but c’est de me
faire reconnaître dans une communauté scientifique + je prendrais pas le
deuxième phytiatre (rires)/ mais éventuellement le + premier qui était
+ phyto + [32/24]
Stabilité attitudinale
Le point de vue théorique de l’antériorité de l’Imaginaire Linguistique
par rapport à la situation d’interlocution est soutenu par des contre-
exemples concernant des locuteurs qui persistent dans leur attitude
initiale, sans le moindre signe de fluctuation. Dans les deux exem-
ples qui suivent, les informateurs sont fermes, quant à l’attitude
exprimée, communicationnelle pour le premier et prescriptive pour
le second, car elle découle de leur vision de la langue.
90 EVANGELIA ADAMOU
36 I : oui c’est beaucoup plus comme on dit + à la portée de tout le monde hein?
37 E : aha
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38 I : oui oui
39 E : et toi tu préférerais lequel/en fait
40 I : eh bien pour faire passer un message/médecin de plantes ça passe mieux
[oui] on est sûr que même le français moyen peut comprendre
41 E : mais au niveau de prestige ?
43 E :c’est vrai ?
44 I : ben oui// ben le prestige + c’est d’être compris quand même // si on est
pas compris et ça sonne scientifique */ c’est quoi le but?/ si c’est de vendre
// je pense/hein [30]
pas un nom/c’est pas un terme qui existe/il est pas courant/j’ai jamais
vu écrire phytiatre// médecin de plantes phytopathologue j’ai vu mais
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phytiatre phytiatre jamais
19 E : ah bon// et bon à la fin phytorinaire
20 I : phytorinaire c’est + euh + soigner les plantes/les animaux par les plantes?
22 I : oui bien sûr mais + phytorinaire c’est pas du français/c’est pas accep-table
en français// phytorinaire non phytorinaire non/parce que phytori-
naire ça veut dire aussi qu’on soigne les plantes/c’est plutôt soigner
les plantes qu’être soigné par les plantes
23 E : tout à fait
25 E : des ?
26 I : des précieuses ridicules
27 E: ah ouais// et sinon est-ce que vous pensez que les mots d’origine grecque
gênent les Français/ils arrivent pas à les + comprendre tout à fait
28 I : ben les Français ne sont pas gênés par les mots d’origine grecque parce
que déjà les mots français ils les comprennent pas/alors les mots d’ori-
gine grecque ça les gêne pas du tout
29 E: ah oui? (rires) parce que j’ai remarqué dans les entretiens que quand même
ça +/ ça leur pose énormément de problèmes/c’est à dire que médecin de
plantes ils préfèrent quephytopathologue/phytopathologue ils ont beau-
coup de mal
92 EVANGELIA ADAMOU
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n’existe pas, c’est pas du français ») sont maintenues en situation
d’allo-évaluation, lorsque l’enquêtrice met en avant le critère de
compréhension et de communication. L’attitude puriste de ce
médecin se manifeste par des commentaires sur la décadence du
niveau de maîtrise de la langue par les locuteurs français. Nous
avons donc dans cet extrait un exemple de stabilité attitudinale,
tant en auto-évaluation qu’en allo-évaluation. L’énoncé 30
explique l’attitude puriste adoptée par le locuteur en l’inscrivant
dans une vision, qui – contrairement à celle de l’informateur
précédent – conçoit une langue régulée essentiellement par des
hiérarchisations d’ordre social, où la communication n’a que peu
d’importance, face au prestige social véhiculé par la langue.
CONCLUSION
6. Les courants discursifs proposent, à divers degrés, une approche des représenta-
tions comme objets de discours interactivement construits, donc de nature fonda-
mentalement dialogique. Voir, entre autres, Bruno Maurer, 1998.
e) Adamou 19/07/2007 11:29 Page 93
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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ADAMOU Evangelia (2001) – Imaginaire linguistique et dynamique lexicale : les
mots d’origine grecque en français. 2 vols. Thèse, ss. la dir. d’Anne-Marie
Houdebine, Paris V.
AUTHIER-REVUZ Jacqueline (1995) – Ces mots qui ne vont pas de soi. Boucles
réflexives et non-coïncidence du dire. 2 vols. Paris, Larousse.
BOYER Henri (1990) – « Matériaux pour une approche des représentations socio-
linguistiques », Langue française, « Les représentations de la langue : approches
sociolinguistiques », 85. Paris, Larousse : 102-124.
94 EVANGELIA ADAMOU
ÉLOY Jean-Michel (1999) – « Pourquoi il nous faut mieux connaître la place des
représentations - imaginaire ou idéologie - dans le fonctionnement de la
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langue », Limbaje si communicare, Colloque international de Suceava, 1997.
Iasi, Editura Junimea : 97 - 113.
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MESCHONNIC Henri (1997) – De la langue française. Paris, Hachette.