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sujets exposés à la rage à Abidjan (Côte d'Ivoire) », Santé Publique 2009/6 (Vol. 21),
p. 595-603.
DOI 10.3917/spub.096.0595
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ÉTUDES
Résumé : Cette étude rétrospective à visée descriptive s’est déroulée d’août 2003 à
décembre 2003 au Centre Antirabique de l’Institut National d’Hygiène Publique d’Abidjan.
Elle concerne les sujets exposés au risque de transmission de la rage au cours de l’année
2002. Les consultants recensés au nombre de 533 en majorité de sexe masculin (54,6 %),
sans activité rémunératrice (57 %) avaient un âge moyen de 26,7 ans. Ceux qui résidaient
hors de la ville d’Abidjan représentaient 21,6 %. Dans 88,2 % des cas, ils ont été exposés
par morsure. Le chien (90,8 %) représentait la principale espèce animale à l’origine de
l’exposition. Seuls 3,2 % des animaux incriminés avaient un vaccin antirabique valide. Dans
71 % des cas le propriétaire n’était pas connu. Le schéma vaccinal à 4 doses représentait
53,1 %. Parmi les 533 consultants recensés dans l’étude, 46,9 % avaient abandonné le
Summary: This descriptive retrospective study ran from August 2003 to December 2003 at the
Rabies Center of the National Institute of Public Health in Abidjan. It covers subjects at risk of
rabies transmission during 2004. Identification of participants in the study was made via a
census of patients consulting the rabies clinic: a total of 533 subjects were included,
predominantly male (54.6%), without gainful employment (57%), with an average age of
26.7 years. Those who lived outside the city of Abidjan accounted for 21.6%. In 88.2% of
cases, they were exposed due to a bite. Dogs (90.8%) represented the main species
responsible for this kind of exposure. Only 3.2% of these animals had a current valid rabies
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vaccine. The owner of the animal was not known in 71% of cases. The observance of the
recommended immunization schedule for 4 doses was 53.1%. Of the 533 patients registered
in the study, 46.9% had stopped treatment vaccine. Some factors have been identified as
adversely affecting adherence, such as the vaccination treatment plan of 5 doses, exposure
outside the city of Abidjan, unemployment, incurrence of superficial injuries, exposure from
an animal bite and lack of immunization of the animal.
The results show that the strategies against rabies must focus increasingly on the importance
of adherence to treatment and education of the population vis-à-vis the risk of rabies.
Keywords: Adherence - post-exposure prophylaxis - rabies - Abidjan.
Introduction
La rage est une maladie virale connue depuis l’antiquité, tant en Asie, en
Afrique qu’en Europe [2, 4, 5, 16]. Transmise accidentellement à l’homme
par un animal enragé, elle réalise un tableau d’encéphalomyélite aiguë
d’évolution mortelle. Elle constitue un réel problème de santé publique dans
plus de 80 pays [13]. Elle est responsable de 55 000 décès annuels dont
31 millions en Asie. Chaque année environ 10 millions de personnes sont
soumises à un traitement après exposition à des animaux chez lesquels
on soupçonne la rage. Avec 24 000 décès annuels, l’Afrique est l’un des
continents les plus touchés par la rage [14]. La Côte d’Ivoire pays de l’Afrique
de l’Ouest n’est pas épargnée. En effet, une étude réalisée en 1992 par
Jamshid [10], sur une période de 5 ans, a relevé 11 000 cas annuels déclarés
de morsures d’animaux, 463 cas de rage animale confirmés par un laboratoire
et 68 cas de rage humaine. Cette prévalence de la rage est en réalité
largement sous estimée car toutes les morsures ne sont pas déclarées.
Devant ces nombreux cas de rage humaine et animale, le traitement
antirabique post-exposition (PET) associant vaccin et parfois sérothérapie
antirabique revêt une importance capitale. Malheureusement, la plupart des
traitements commencés après exposition restent inachevés. Le taux
Matériel et méthodes
Cette étude rétrospective à visée descriptive s’est déroulée d’août 2003 à
décembre 2003. Le Centre Antirabique (CAR), cadre de l’étude, est une unité
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Résultats
Après la 2e dose 34 22
Niveau d’abandon du traitement Après la 3e dose 29 18,8
Après la 4e dose 41 26,6
Total 154 100
Informations spécifiques à l’observance du traitement en cas de schéma à 4 doses
Complet 191 66,5
Traitement post-exposition Abandon 96 33,5
Total 287 100
Après les 2 premières doses 40 41,6
Niveau d’abandon du traitement Après la 3e dose 56 58,3
Total 96 100
OBSERVANCE DU TRAITEMENT VACCINAL ANTIRABIQUE À ABIDJAN 599
Dans cette étude, nous avons identifié des facteurs qui influaient sur
l’observance du traitement antirabique (tableau III). Il s’agit :
– du lieu de l’exposition (p = 0,000). L’abandon du traitement est plus
élevé lorsque le sujet a été exposé hors d’Abidjan (76,7 %). Il est de
20,4 % en cas d’exposition à Abidjan ;
parmi les sujets exposés au risque rabique [1, 6, 8, 10, 15]. L’âge moyen des
sujets était de 26,7 ans. Ceux qui avaient plus de 15 ans représentaient
62,3 %. Les adultes s’exposent-ils plus à la rage dans des circonstances qui
nécessitent une indication du traitement complet ? En effet, chez l’enfant
il s’agit généralement d’accidents domestiques. Par conséquent, l’animal
incriminé peut être mis sous surveillance vétérinaire. Ce qui pourrait éviter
une indication du traitement. Toutefois, il est important de signaler que
l’exposition chez les enfants est sous-estimée car toutes les morsures ne
sont pas signalées aux parents par peur ou par ignorance. Le sex ratio de 1,2
était en faveur du sexe masculin. Face aux animaux, les hommes prennent-
ils plus de risque que les femmes ? Ou bien s’agit-il d’une imprudence de
leur part ? Bien des morsures peuvent être évitées si les victimes adaptaient
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leur comportement aux signaux d’alarme envoyés par l’animal [4]. En effet,
l’exposition au risque de transmission de la rage est le plus souvent la
conséquence d’interactions comportementales dangereuses entre l’animal et
la victime, d’où une possible prévention. Par conséquent, il faut connaître les
règles pour prévenir et éviter les situations à risque [6]. Des campagnes de
sensibilisation doivent être initiées en vue de renforcer les connaissances
des populations vis-à-vis de la rage. Malheureusement en Côte d’Ivoire,
depuis des décennies, la rage ne bénéficie pas de campagne de
sensibilisation. Elle fait partie de la longue liste des maladies négligées.
Dans notre étude l’exposition au risque de contamination rabique
prédominait à Yopougon (21,8 %) et Abobo (20 %). Ces deux communes
cumulaient 41,8 % des victimes sur les 10 communes que compte Abidjan, la
ville d’implantation du CAR. La forte densité de la population d’une part et
la présence de nombreux chiens errants d’autre part, pourraient expliquer le
OBSERVANCE DU TRAITEMENT VACCINAL ANTIRABIQUE À ABIDJAN 601
Conclusion
Dans cette étude, nous avons pu analyser l’observance du traitement
antirabique au Centre Antirabique d’Abidjan. Seuls, 53,1 % des consultants
ont observé correctement leur traitement. Des facteurs ont été identifiés
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BIBLIOGRAPHIE
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