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SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT :

QUELLE CONTRIBUTION DES FILIÈRES D’EXPORTATION ?


Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore

Dalloz | « Revue d'économie politique »

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2015/4 Vol. 125 | pages 601 à 631
ISSN 0373-2630
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Pour citer cet article :


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Abdelhakim Hammoudi et al., « Sécurité alimentaire dans les pays en
développement : quelle contribution des Filières d’exportation ? », Revue
d'économie politique 2015/4 (Vol. 125), p. 601-631.
DOI 10.3917/redp.254.0601
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Sécurité alimentaire dans les pays en

• ARTICLES
développement : quelle contribution des
Filières d’exportation ?
Abdelhakim Hammoudi*
Oualid Hamza**

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Stefano Migliore**

L’article propose un modèle micro-économique pour analyser les interactions entre les
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filières domestiques et les filières d’exportation des pays en développement et leur rôle
dans la disponibilité de l’offre alimentaire sur les marchés domestiques. L’analyse
prend en compte la rareté du foncier agricole et évalue deux politiques publiques : un
quota minimal de production imposé aux exportateurs et réservé aux marchés domes-
tiques et une subvention à l’entrée des producteurs spécialisés dans les cultures
domestiques. Nous montrons comment un quota minimal de production imposé aux
exportateurs ne suffit pas, quand il est pratiqué isolément, à satisfaire à la fois l’objectif
de sécurité alimentaire et une participation importante de producteurs locaux. A
l’inverse, une subvention accordée aux filières domestiques conduit à satisfaire ces
deux objectifs. Une combinaison de ces deux instruments (subvention et quota de
production minimal) est plus efficace dans l’amélioration de l’offre totale disponible sur
les marchés domestiques que l’utilisation d’un seul type d’intervention mais induit une
moindre participation par rapport au cas où seule la subvention est utilisée.
filières d’exportation – filières domestiques – foncier agricole – régulation – Sécurité
alimentaire – pays en développement

Food security in developing countries: What is the


contribution of export sectors?

The paper proposes a theoretical model of Industrial Economics to analyze the interac-
tions between domestic and export sectors of developing countries and their role in the
availability of food supply in the domestic market sectors. The analysis takes into
account the scarcity of agricultural land and evaluates two public policies: a production
quota reserved for domestic markets and imposed to exporters and a subsidy to pro-
ducers specialized in domestic crop. We show how a minimum production quota
reserved for domestic markets does not suffice, when practiced separately, to simulta-
neously satisfy food security and producers participation objectives. Conversely, a sub-

*
INRA-ALISS (Alimentation et Sciences Sociales), Institut National de la Recherche Agro-
nomique, 65 Bd Brandebourg, 94205, Ivry sur Seine, France (hammoudi@ivry.inra.fr).
**
Auteurs correspondants : INRA-ALISS (Alimentation et Sciences Sociales), Institut Natio-
nal de la Recherche Agronomique, 65 Bd Brandebourg, 94205, Ivry sur Seine, France
(oualid.hamza@ivry.inra.fr et stefano.migliore@ivry.inra.fr).

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sidy for producers specialized in domestic crop can satisfy those two objectives. A
combination of these two instruments (subsidy and minimum domestic production
quota) is more effective than a single intervention to increase the total available supply
but less effective for improving the participation of local producers, which is better
when only subsidy is used.

export sector – domestic sector – land – regulation – food security – developing coun-
tries

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Classification JEL: L11, L50, Q17, Q18, D41
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1. Introduction1

Les praticiens et économistes du développement se montrent souvent


critiques vis-à-vis des schémas de développement agricole basés sur
l’encouragement des filières d’exportation des pays du Sud (Oxfam [2010],
IAASTD [2009]). L’argument principal est que les soutiens aux cultures
d’exportation accentueraient la dépendance des pays en développement
(PED) vis-à-vis des importations alimentaires et compromettraient les chan-
ces d’atteindre les objectifs de sécurité et d’autosuffisance alimentaire. Rela-
tivement plus rentables pour les producteurs, les cultures d’exportation
seraient de nature à évincer les cultures vivrières qui sont pour beaucoup de
PED, le seul moyen de subsistance de larges franges de la population
notamment rurale.
Cette thèse qui part de l’idée que les cultures vivrières et d’exportation sont
dans une relation de rivalité destructrice des capacités de développement
autonome des PED s’appuie sur quelques arguments clés. Le premier argu-
ment est lié à la rareté des facteurs de production. La rareté des facteurs induit
de facto une compétition très sévère entre les deux filières pour l’appropria-
tion des terres, des ressources et des services locaux disponibles (infrastruc-
tures, transport, logistique,...). Dotées de plus grandes capacités de finance-
ment, les filières d’exportation seraient ainsi mieux loties pour gagner cette
compétition et pour absorber une grande partie de ces facteurs (Fadani et
Temple [1997], Madeley [2002]). Enfin, l’autre argument important concerne la
concurrence pour la captation de la main d’œuvre disponible, pour l’achat des
intrants et pour l’accès aux circuits de commercialisation2 (Fontan [2006]).
Il est cependant incontestable que l’appropriation de l’espace agricole dispo-
nible, reste l’un des facteurs de rivalité les plus évoqués dans la littérature

1. Ce travail dans sa partie théorique a été conduit dans le cadre du projet européen
Safemed (programme ARIMNET).
2. Il faut également souligner la rivalité pour l’occupation des sols et l’emploi du temps
agricole (calendriers agricoles).

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(Chaléard [2003], Teddy et Botafogo [2003], Oxfam [2011])3. L’accès au foncier


est en effet un enjeu fondamental pour la majorité des PED. Exacerbé par la
rareté du foncier agricole, il est souvent source de grande tension entre les
acteurs du secteur agricole4 (Byamugisha [2013]). L’hétérogénéité des capaci-
tés financières entre les deux secteurs peut empêcher les producteurs spécia-
lisés dans la production locale de s’implanter en nombre suffisant et garantir
ainsi la sécurité alimentaire du pays grâce à ses capacités internes.
Cette thèse de rivalité est nuancée par une branche de la littérature qui note
que les filières d’exportation peuvent permettre indirectement, par un effet

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d’entraînement, le développement des filières domestiques via par exemple,
l’amélioration de leur productivité et l’évolution de leurs pratiques agricoles
(Basler [1986] ; Raymond et Fok [1995], PIP MAGAZINE [2011]). Des travaux de
la littérature citent ainsi plusieurs exemples de relations positives entre cultu-
res vivrières et d’exportation où l’augmentation de la production à l’exporta-
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tion a permis un accroissement de la production vivrière (voir par exemple As-


saba [1995], Chaléard [2003] pour le cas du Togo et de la Côte d’Ivoire).
Pour contribuer à ce débat, un certain nombre d’experts du développe-
ment ont proposé des instruments de politique économique pour concilier
les deux cultures et éviter les retombées négatives liées au développement
incontrôlé des exportations. De Schutter [2009], rapporteur spécial des
Nations Unies pour le droit à l’alimentation propose par exemple, pour faire
participer les filières d’exportation à l’effort d’amélioration de la sécurité
alimentaire dans les PED, que l’État impose dans chaque contrat d’investis-
sement dans le secteur, une part minimum de production à consacrer aux
marchés locaux. Il propose également, que ce quota minimum soit aug-
menté en cas d’élévation du prix du produit sur les marchés internationaux5.
L’expérience de la Fondation Aga Khan pour le développement économique
au Kenya constitue un exemple concret d’application d’une telle politique.
Cette entreprise, qui gère une production de haricots verts sur les plateaux
kenyans et exporte vers l’Europe, a passé des contrats avec de petits agri-
culteurs qui stipulent que les prix sont garantis sous réserve que 75 % des
terres soient consacrées aux cultures vivrières (Clavé et al. [2010])6.

3. L’Afrique possède la plus grande superficie des terres cultivables au monde (202 mil-
lions d’hectares) mais plus de 90 % des terres agricoles ne sont pas enregistrées et sont
administrées de manière informelle.
4. Madeley [2002] évoque le cas Kenyan de l’Afrique où l’expansion de l’horticulture
d’exportation est à l’origine de conflits récurrents liés à l’accès à la terre et à l’eau : « Au
Kenya, par exemple, la floriculture a connu une expansion considérable autour du lac Nai-
vasha, où les terres étaient auparavant consacrées à l’élevage et à l’exploitation de petites
fermes. Or, le Kenya manque déjà de terres pour se nourrir, et des conflits ont surgis entre
les floriculteurs et les éleveurs de bétail masai, qui revendiquent la propriété des terres
bordant le lac Naivasha » (Madeley [2002], p. 87).
5. Cette mesure est conçue pour encadrer les investissements à grande échelle dans des
terres agricoles où la production est très souvent destinée à l’exportation. Une telle politique
est à la fois réaliste et réalisable du fait que dans de nombreux pays en développement, en
particulier en Afrique subsaharienne, l’État est le propriétaire officiel d’une grande partie des
terres (De Schutter [2009], p. 12).
6. Cette entreprise est leader de l’industrie légumière en Afrique de l’Ouest et gère une
production massive de haricots verts « extra fins » sur les plateaux du Kenya. Chaque année,
15 000 tonnes de haricots conditionnés sont réexportées vers l’Europe. Cette production
repose sur des partenariats contractuels signés avec près de 60 000 petits exploitants agri-
coles (Clavé et al. [2010]).

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Un autre instrument consiste dans la mise en place d’une subvention pour


alléger le coût d’acquisition de la terre au bénéfice des producteurs qui
souhaiteraient entrer dans l’activité. L’idée est d’améliorer le niveau de parti-
cipation de petits producteurs au marché local et à plus long terme d’accroî-
tre la disponibilité de l’offre domestique. Un certain nombre d’exemples
montre l’intérêt accordé par les organismes internationaux et les pouvoirs
publics de pays en développement à ce levier d’action. Le Malawi, soutenu
par la Banque Mondiale (World Bank [2004]), a mis en place un programme
de réforme du droit foncier accompagné d’une subvention dont une partie
était destinée aux familles rurales pour l’acquisition de terres agricoles7. En

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2007, le Rwanda a mis en place un programme d’intensification des cultures
(Crop Intensification Program), dont l’un des objectifs était d’assurer la sécu-
rité alimentaire et d’accélérer la croissance de la productivité agricole du
pays. L’état rwandais a ainsi subventionné les agriculteurs pour l’achat des
semences et des engrais et a mis en place un système de formation destiné
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aux petits producteurs. Certains travaux (WFP [2012]) ont souligné le fait que
la production agricole a connu depuis cette date une croissance régulière,
culminant d’ailleurs en 2009, année où le pays est parvenu pour la première
fois à l’autosuffisance alimentaire8.
Cet article s’inscrit dans le cadre de ce débat et y contribue à travers une
approche théorique de la question. Nous proposons un modèle microéco-
nomique qui montre comment interagissent les filières d’exportation et les
filières domestiques et comment ces interactions impactent à la fois l’objec-
tif de sécurité alimentaire et celui de la participation à l’activité des produc-
teurs locaux spécialisés dans l’approvisionnement des marchés domes-
tiques. Le modèle met en présence, dans une relation d’interdépendance, ce
type de producteurs (spécialisés dans les marchés domestiques) et des pro-
ducteurs spécialisés dans l’activité d’exportation. Les exportateurs, en toute
rationalité peuvent, s’ils y trouvent un avantage stratégique, servir non pas
seulement les marchés d’exportation, mais aussi les marchés domestiques.
Le modèle intègre deux facteurs importants susceptibles d’exacerber la riva-
lité entre les filières domestiques et d’exportation : (i) la relative rareté de la
terre et la pression concurrentielle qui en résulte pour son acquisition (pro-
blématique foncière) et (ii) la plus faible productivité des filières domes-
tiques par rapport à celle des filières d’exportation. Nous analysons alors
l’impact sur les marchés domestiques de la coexistence de ces deux cultures
en partant des décisions stratégiques endogènes des acteurs en présence.
Nous nous interrogeons sur le rôle que peuvent éventuellement jouer les
filières d’exportation dans l’évolution, positive ou négative, des indicateurs

7. L’Objectif principal du projet est d’accroître les revenus de familles rurales pauvres dans
un certain nombre de districts pilotes dans le sud du Malawi. Chaque famille a reçu une
subvention de 1 050 $ US, gérée directement par les bénéficiaires, dont un maximum de
30 % était destiné à l’acquisition de terres agricoles. Selon Tchale [2012], le projet a obtenu
des résultats significatifs, dont une augmentation de 40 % des revenus agricoles pour les
bénéficiaires (par rapport au non bénéficiaires) entre 2005-2006 et 2008-2009, avec des amé-
liorations dans l’exploitation des terres, la sécurité foncière, la production agricole et la
productivité, et par conséquent un effet positif sur les revenus et la sécurité alimentaire.
8. Selon les données de le NSIR (National Institute of Statistics of Rwanda) en 2010, la
production vivrière et la production d’exportation (principalement du thé et du café) ont
augmentés respectivement du 5 % et de 14 %.

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micro-économiques associés à l’offre locale : disponibilité de l’offre domes-


tique, prix sur le marché, entrée ou sortie de producteurs dans les filières
domestiques.
Nous évaluons dans un deuxième temps, l’efficacité d’une régulation qui
consisterait à limiter, sans l’éliminer, la liberté stratégique des exportateurs à
décider de la proportion de leur exploitation à réserver à la culture domes-
tique. Le levier d’intervention consiste à faire bénéficier les marchés domes-
tiques d’une production issue de l’exploitation des exportateurs en imposant
un quota minimal de production à affecter à la culture vivrière. Dans un
deuxième temps, nous évaluons un deuxième type d’intervention qui

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consiste à subventionner l’accès à la terre des producteurs locaux. Nous
déterminons alors les conditions pour lesquelles ces mesures (quota mini-
mum ou subvention) prises isolément ou de façon combinée, pourraient
être souhaitables à la fois par rapport à l’objectif de sécurité alimentaire et
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par rapport à la participation du plus grand nombre possible de producteurs


locaux à l’approvisionnement du marché domestique.
Le reste de l’article est organisé comme suit. Nous présentons le modèle
d’analyse dans la section 2. Nous déterminons dans la section 3, les déci-
sions stratégiques des acteurs (exportateurs et producteurs) et leurs effets
sur le prix, sur la quantité de l’offre disponible dans les marchés domes-
tiques et sur l’entrée de producteurs spécialisés dans la culture domestique.
La section 4 est consacrée à l’analyse de l’intervention publique mise en
place pour faire contribuer les filières d’exportation aux marchés domes-
tiques et soutenir l’entrée de producteurs locaux dans l’activité. Nous don-
nons les principaux enseignements de l’article dans la conclusion.

2. Modèle

2.1. Présentation du modèle

On considère un pays en développement comprenant une structure mixte


de production où coexistent deux types de cultures. Une première culture
appelée « culture domestique » orientée vers le marché local et exploitée
par NL producteurs. Une deuxième culture dite « culture d’exportation »
destinée au marché international est exploitée par Ne producteurs/
exportateurs9. Nous retenons ici le cas de figure où tous les producteurs,
qu’ils soient exportateurs ou spécialisés dans le marché domestique, ont

9. Le nombre Ne d’exportateurs est ici exogène. Leur présence dans l’activité d’exportation
peut s’expliquer par des facteurs comme leurs plus fortes dotations initiales en capital, leur
connaissance des marchés et des réseaux commerciaux internationaux, leur savoir-faire
agricole, leur meilleur rendement etc. L’option qui consiste à introduire dans le modèle une
séquence supplémentaire dans le jeu pour endogénéiser le nombre d’exportateurs est par-
ticulièrement complexe sur un plan technique. Cette extension n’est pas à notre sens ici
nécessaire si l’on se restreint à la question qui nous intéresse à savoir la contribution du

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des exploitations de taille identique q. Le cas de référence ici est donc celui
de petits producteurs dont un certain nombre est spécialisé dans les filières
domestiques et l’autre doté de capacités suffisantes pour servir les marchés
d’exportation. Cette hypothèse, même si elle n’est pas représentative de la
situation majoritairement observée dans les pays en développement, corres-
pond cependant à la réalité d’un grand nombre de pays dans lesquelles
certaines filières (Fruit et légumes entre autres), les petits producteurs occu-
pent une place importante à la fois dans le secteur de l’exportation et des
cultures domestiques (Minot et Ngigi [2004])10.
Nous supposons que les NL producteurs correspondent à une typologie de

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producteurs qui ne peuvent pas, pour des raisons exogènes, accéder à l’acti-
vité d’exportation et de ce fait sont spécialisés dans les marchés domes-
tiques. Ils seront appelés dans toute la suite, producteurs locaux.
Les Ne exportateurs/producteurs peuvent à l’inverse, décider de consacrer
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une partie de leur production pour approvisionner les marchés domestiques


et l’autre partie, les marchés internationaux. Cette stratégie des exportateurs
(affectation de la production entre exportation et production locale) sera
appelée « stratégie polyvalente ».
On suppose ainsi que les exportateurs allouent une proportion d, 0 ≤ d ≤ 1
de leur exploitation pour le marché local. La proportion 共 1 − d 兲 est alors
destinée au marché d’exportation. La part affectée à l’exportation est straté-
gique, au sens où elle est décidée de façon rationnelle en fonction de ce que
l’exportateur anticipe comme gain dans l’un et l’autre des deux marchés
(exportation et domestique).
On suppose que les producteurs/exportateurs appliquent les mêmes tech-
niques de production pour la culture d’exportation et la production destinée
au marché local. Le rendement y est donc supposé identique pour les deux
cultures mais supérieur à celui des producteurs locaux (voir la formalisation
ci-dessous)11.
Soit N le nombre total de producteurs actifs dans le pays, avec :
N = NL + Ne [1]

On suppose comme souligné précédemment, que chaque producteur/


exportateur dispose d’une exploitation de taille identique q. Nous supposons

secteur de l’exportation aux marchés domestiques, une fois que celui-ci est établi et spécia-
lisé dans l’international.
10. On peut citer par exemple le cas des exportations de l’ananas et de la banane en Côte
d’Ivoire et des légumes au Ghana qui sont réalisées en grande partie par de petits agricul-
teurs (Minot et Ngigi [2004], Maertens et Swinnen [2009] et Minten et al. [2009]. On peut
également citer les exportations horticoles du Kenya qui constituent une véritable « success
story » de l’agriculture familiale africaine avec une majorité des exportations réalisée par des
petits exploitants (Minot et Ngigi [2004] ; HORIZONS [2013]).
11. L’existence d’une meilleure productivité dans les filières d’exportation est un fait lar-
gement reconnu dans la littérature. A titre d’exemple, Deininger et al. [2011] montrent qu’à
l’exception de l’Afrique du Sud, aucun pays africain ne parvient à atteindre le minimum de
25 % du potentiel de productivité des terres. Certains auteurs expliquent une telle asymétrie
par l’hétérogénéité des moyens et des niveaux de développement entre filières domestiques
et filières d’exportation (Basler [1986]), par exemple, l’introduction d’éléments de moderni-
sation, l’utilisation des engrais et de produits phytosanitaires de bonne qualité, une bonne
maitrise des pratiques de production etc.

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en outre que l’utilisation de techniques de production modernes et d’intrants


de meilleure qualité par les exportateurs/producteurs favorise un meilleur
rendement de leur exploitation par rapport aux producteurs locaux. Ainsi, à
une taille d’exploitation q correspond une production 共 1 + me 兲q, où me > 0 est
un indicateur de productivité de l’exploitation. Les exportateurs sont carac-
térisés par une meilleure productivité me, me > mL. Nous supposons que les
producteurs spécialisés dans l’approvisionnement du marché local ont un
niveau de rendement mL = 0.

Coût de production

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Disposant d’un meilleur savoir-faire technologique et managérial, les
exportateurs sont supposés plus efficaces que les producteurs locaux. Cette
efficacité se traduit par un coût variable moyen de production moyen ce plus
faible que celui d’un producteur approvisionnant exclusivement le marché
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local : ce < cL.


Pour un niveau de production donné q, un producteur local doit consentir
un coût de production :

cL q [2]

Pour une quantité 共 1 + me 兲q produite par un producteur/exportateur, le coût


variable de production associé est donné par :

ce 共 1 + me 兲q [3]

Accès au foncier
Pour entrer dans l’activité agricole, un producteur doit consentir un coût
correspond à l’achat d’une terre agricole. Nous appellerons ce coût, coût du
foncier qui varie à la fois en fonction de la disponibilité de ce facteur dans le
pays, de la taille de l’exploitation envisagée pour l’activité, et du nombre
d’exploitants déjà présents sur le marché au moment de la décision
d’entrée. Ainsi, le prix de la terre est plus élevé à mesure que les exploitants
deviennent plus nombreux et la surface q est plus grande.
Formellement, on suppose que si N est le nombre d’exploitants en activité
et q leur taille individuelle, le coût du foncier (coût d’accès à la terre) est
donné par :

G 共 ␣, q, N 兲 = ␣qN [4]

Le coût d’accès à la terre dépend en premier lieu des disponibilités ini-


tiales ␣ en surfaces cultivables (potentiel cultivable) dans le pays12. Plus le
potentiel en terres agricoles est important moins il y a, toutes choses égales

12. Ce paramètre est exogène et dépend de certaines considérations comme par exemple
le climat et niveau d’urbanisation qui varient d’un pays à l’autre. Ainsi, ␣ est d’autant plus
faible qu’un pays ou une sous-région dispose par exemple d’une grande réserve de terres
agricoles mobilisables pour la production. Ces réserves sont par exemple faibles dans les
zones où la densité de la population est forte et relativement faibles dans les zones arides et
désertiques.

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par ailleurs, de pression sur le foncier et plus le prix d’achat de la terre est
faible. Par ailleurs, une extension de la surface cultivée par producteur
(accroissement de q) ou une augmentation du nombre de producteurs en
activité (accroissement de N), engendrent une augmentation des surfaces
cultivées, induisant une élévation du coût foncier G 共 ␣, q, N 兲.
Au final, un exploitant doit donc supporter un coût d’entrée dans l’activité
agricole donné par :

G 共 ␣, q, N 兲 = ␣qN = ␣q 共 NL + Ne 兲 [5]

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Les prix
L’exportateur est supposé preneur de prix sur le marché d’exportation. Le
prix unitaire de chaque quantité exportée est donné par p.13
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Pour ce qui est du marché domestique, on suppose qu’un prix de marché


w émerge selon la loi d’offre et la demande locale14. La fonction de demande
domestique est donnée par :

D=a−w [6]

A nombre de producteurs/exportateurs Ne fixé le comportement des diffé-


rents producteurs est synthétisé dans le jeu suivant :
Etape 1 : Chaque producteur local choisit d’entrer ou non sur le marché
domestique. Simultanément, chaque exportateur choisit sa part d’exploita-
tion consacrée à la culture locale et celle consacrée au marché d’exportation.
Etape 2 : Les producteurs locaux écoulent, sur le marché local, toutes
leurs capacités de production q et les exportateurs la part de leur capacité
consacrée au marché local. Le prix dans le marché domestique se forme par
égalisation de l’offre et de la demande.
Si 共 1 − d 兲q est consacrée par chaque exportateur au marché international,
la quantité totale produite et destinée à ce marché est donnée par :

Q X = N e 共 1 + m e 兲 共 1 − d 兲q [7]

13. Nous considérons que le prix international est exogène car ses fluctuations ne dépen-
dent pas uniquement de l’offre des exportateurs représentés dans le modèle mais de l’offre
exogène d’une multitude de producteurs internationaux qui ne sont pas représentés et dont
il est difficile de tenir compte explicitement dans le cadre d’un modèle simple.
14. La structure du modèle donne la possibilité de déterminer de façon endogène le prix
qui émerge sur le marché domestique. En effet, à l’inverse du marché international où
d’autres producteurs internationaux (hors modèle) peuvent alimenter l’offre disponible sur
ce marché, tous les producteurs potentiels susceptibles d’intervenir sur le marché domes-
tique sont pris en compte dans le modèle. Nous écartons cependant de l’analyse des mar-
chés domestiques, la contribution éventuelle du secteur de l’importation. La prise en compte
de ce secteur introduirait de grandes difficultés techniques dues à la complexification du
modèle.

REP 125 (4) juillet-août 2015


Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore —————————— 609

La quantité totale produite par les Ne exportateurs pour le marché local est
donnée par :

QXL = Ne 共 1 + me 兲dq 15 [8]


Ainsi, la quantité offerte par les NL producteurs locaux est donné par :

QL = N L q [9]

Et en utilisant [8] et [9], la quantité totale offerte sur le marché local est

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donc :

QTL = NL q + Ne d 共 1 + me 兲q [10]

Étant donné l’offre totale donnée par l’expression [10], le prix d’équilibre
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sur le marché local w se réalise en égalisant l’offre à l’expression de la


demande [6].
En utilisant [2] et [4], le coût total payé par chaque producteur local est
donné par :

cL q + ␣qN [11]

Au final, le profit de chaque producteur local s’écrit alors :

pL = wq − cL q − ␣qN [12]

Avec l’hypothèse de libre entrée sur le marché domestique, le nombre NL


de producteurs locaux qui émerge à l’équilibre est celui pour lequel le profit
de chaque producteur (profit [12] exprimé avec le prix w* d’équilibre) est nul.
De [3] et [5], on déduit le coût total de chaque exportateur :

ce 共 1 + me 兲q + ␣qN [13]

A partir de [7], [8] et [13], le profit d’un exportateur i s’écrit alors :

pX 共 di 兲 = wdi 共 1 + me 兲q + p 共 1 − di 兲 共 1 + me 兲q − ce 共 1 + me 兲q − ␣qN [14]


i

Après avoir observé, les prix sur les marchés domestique et international,
un producteur/exportateur doit maximiser son profit par rapport à la part
d’exploitation d consacrée au marché domestique. La section suivante
donne l’issue de ce comportement rationnel et l’effet de ce comportement
sur les variables économiques associées au marché domestique : prix de
marché, incitations à l’entrée de producteurs domestiques et disponibilité de
l’offre alimentaire sur ce marché.

15. Quand d = 0, les exportateurs produisent alors uniquement pour le marché d’exporta-
tion.

REP 125 (4) juillet-août 2015


610 ————————————— Sécurité alimentaire dans les pays en développement

2.2. Interactions entre filières domestiques et


filières d’exportation

A la première étape du jeu, chaque exportateur observe les caractéris-


tiques associées à l’un et l’autre de deux marchés et détermine sa part
d’exploitation optimale consacrée à chaque culture.
Proposition 1. La part optimale d’exploitation consacrée par chaque

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exportateur au marché domestique est donnée par :

d 共 Ne, ␣, q, me 兲 = Max
*
再 0,
␣ 共 a + qNe 兲 − p 共 ␣ + q 兲 + cL q
qNe 共 1 + me 兲 共 2␣ + q 兲 冎
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Preuve : voir annexe


Le choix de l’exportateur dépend du potentiel cultivable, du nombre
d’exportateurs en présence et des caractéristiques du système de produc-
tion (taille, coût et rendement).
Quand d * > 0, l’exportateur choisit une stratégie polyvalente (production
pour le marché domestique et pour le marché d’exportation). On peut véri-
fier, à partir de l’expression d * 共 Ne, ␣, q, me 兲 qu’une telle stratégie polyva-
lente existe16.
Il peut arriver que l’exportateur choisisse d * = 0, c’est-à-dire une stratégie
de spécialisation dans le marché d’exportation. La figure 1 donne les condi-
tions d’émergence d’une stratégie polyvalente ou une stratégie de spéciali-
sation. Elle délimite la zone 共 Ne, ␣ 兲 pour laquelle la contribution des expor-
tateurs au marché domestique est nulle de celle où leur contribution est
positive. La frontière entre ces deux zones est représentée par la droite
d’équation Ne ≡ N√ e 共 ␣, q 兲 issue de la résolution de l’équation
d 共 Ne, ␣, q, me 兲 = 0 en fonction de Ne17.
*

Il apparaît donc que dans un pays à potentiel cultivable initial assez faible
共 ␣ > ␣fl 共 q 兲 兲, une seule stratégie émerge : les exportateurs adoptent tou-
jours une stratégie polyvalente et servent donc à la fois le marché domes-
tique et le marché d’exportation 共 d * > 0 兲. Ce résultat s’explique à travers
l’effet négatif exercé par la pression foncière du pays sur l’entrée de produc-
teurs locaux spécialisés dans les marchés domestiques. L’accès au marché
devient en effet très coûteux pour les producteurs locaux qui, contrairement
aux exportateurs, ne peuvent espérer d’autre revenu que celui qu’ils peu-
vent obtenir du marché domestique. Le nombre d’entrants locaux dimi-
nuant, il devient alors avantageux pour les exportateurs d’approvisionner le
marché local encouragés par un prix de marché domestique attendu relati-
vement élevé.

16. On peut en effet montrer facilement (voir détails en annexe) qu’il existe ␣fl 共 q 兲 et
N√ e 共 ␣, q 兲 tels que : d 共 Ne, ␣, q, me 兲 > 0 si et seulement si ␣ > ␣fl 共 q 兲 ou Ne > N√ e 共 ␣, q 兲.
*

17. Notons que N√ e ≡ N√ e 共 0, q 兲 alors que ␣fl 共 q 兲 est obtenu en résolvant l’équation


N√ e 共 ␣, q 兲 = 0.

REP 125 (4) juillet-août 2015


Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore —————————— 611

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Figure 1. Conditions d’émergence de filières polyvalentes

A l’inverse, dans un pays à fort potentiel cultivable 共 ␣ ≤ ␣fl 共 q 兲 兲 ; l’une ou


l’autre des deux stratégies possibles peut émerger. Cela dépend du nombre
d’exportateurs présent dans le pays. Quand le nombre d’exportateurs n’est
pas trop élevé 共 Ne ≤ N√ e 共 ␣, q 兲 兲, ces derniers ne servent que le marché
d’exportation 共 d * = 0 兲. Les exportateurs optent pour cette stratégie de spé-
cialisation en raison de l’entrée massive de producteurs locaux sur le mar-
ché domestique, qui devient facile d’accès. Cette entrée importante de pro-
ducteurs locaux génère en effet sur le marché domestique une baisse de
prix telle que les exportateurs renoncent à investir sur ce marché. Le méca-
nisme inverse explique pourquoi en présence d’un nombre d’exportateurs
assez élevé 共 Ne > N√ e 共 ␣, q 兲 兲, les exportateurs choisissent de servir le mar-
ché domestique à l’instar du marché d’exportation.
On peut vérifier que d * 共 Ne, ␣, q, me 兲 croit à mesure que le potentiel culti-
vable ␣ devient faible 冉
⭸d
⭸␣
*

> 0 . Une faible disponibilité en terre cultivable
augmente le coût d’accès à l’activité agricole, limite de facto l’entrée des
producteurs locaux et donc l’offre qui y issue, poussant ainsi les exporta-
teurs à s’y substituer en augmentant leur contribution.
Par ailleurs, on peut vérifier que d * 共 Ne, ␣, q, me 兲 est décroissant en Ne si et
seulement si ␣ > ␣fl 共 q 兲. L’augmentation du nombre d’exportateurs induit une
augmentation de leur contribution (individuelle) uniquement dans un pays
qui a initialement un potentiel cultivable assez important 共 ␣ < ␣fl 共 q 兲 兲. En
effet, dans un pays à faible potentiel en terres agricoles 共 ␣ > ␣fl 共 q 兲 兲, la
contribution individuelle de chaque exportateur est initialement élevée à
cause d’une faible participation de producteurs locaux (coût initial du foncier
élevé). Tout accroissement du nombre des exportateurs diminue la contri-
bution individuelle 冉 ⭸d
⭸Ne
*

<0 .

REP 125 (4) juillet-août 2015


612 ————————————— Sécurité alimentaire dans les pays en développement

Evaluons maintenant la participation des producteurs locaux à l’activité de


production du pays. L’éviction des producteurs locaux peut être provoquée
quand l’une ou l’autre des deux hypothèses suivantes sont vérifiées : un
coût exogène du foncier élevé ( ␣ élevé) ou (/et) un secteur d’exportation
développé ( Ne élevé).
Nous allons nous intéresser à l’impact d’un accroissement exogène du
secteur d’exportation à la fois sur l’évolution des quantités disponibles sur le
marché domestiques et sur l’entrée des producteurs locaux.

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Proposition 2. Une augmentation du nombre d’exportateurs dans le
pays induit une baisse de l’offre locale, une diminution du nombre de
⭸QT L ⭸N L
* *

producteurs exclusivement locaux ( < 0 et < 0) et une augmen-


⭸Ne ⭸Ne
冉 冊
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⭸N
*
tation du nombre total de producteurs actifs >0 .
⭸Ne
Preuve : voir annexe

La proposition 2 montre comment évoluent, en fonction de l’importance


du secteur de l’exportation, trois indicateurs essentiels pour un pays en
développement : le critère de sécurité alimentaire (offre disponible sur le
marché domestique), le critère de participation des producteurs locaux, qui
peut avoir un intérêt non seulement économique mais sociale pour un PED,
et la taille totale du système productif qui émerge dans le pays (producteurs/
exportateurs et producteurs locaux).
La proposition montre en premier lieu un résultat quelque peu intuitif : il y
a moins d’entrée de producteurs locaux quand le nombre d’exportateurs
augmente. L’augmentation du nombre d’exportateurs implique une aug-
mentation du coût total associé à l’accès au foncier et donc du coût d’entrée

avec au final l’exclusion de certains producteurs locaux 冉 冊⭸N L


⭸Ne
*

< 0 . Cette
exclusion de producteurs locaux n’a pas d’effet sur le niveau de participation
totale (nombre total de producteurs actifs dans le pays) qui est compensé
par le surplus de nombre d’exportateurs en activité 冉
⭸N
⭸Ne
*

> 0 . Cependant,
l’augmentation du nombre d’exportateurs fait baisser l’offre domestique

totale 冉 ⭸QT L
⭸Ne
*


< 0 et de ce fait génère mécaniquement une augmentation
du prix sur ce marché. Quand les paramètres sont tels que les exportateurs
adoptent une stratégie polyvalente 共 d * > 0 兲, on observe qu’une augmenta-
tion du nombre de ceux-ci augmente leur contribution au marché local

冉 ⭸Q XL
⭸Ne
*


> 0 . L’augmentation des exportateurs (et donc du coût foncier)
additionnée à l’augmentation de la contribution totale des exportateurs au
marché domestique freine l’entrée des producteurs locaux et entraine une
baisse de l’offre issue de ces producteurs sur le marché domestique. Cette
baisse de contribution des producteurs locaux ne va pas être compensée par
REP 125 (4) juillet-août 2015
Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore —————————— 613

l’augmentation de la contribution totale des exportateurs au marché domes-


tique. Cet effet négatif sur la sécurité alimentaire, observé quand il y a un
fort développement du secteur de l’exportation, n’est donc pas dû à une
plus faible participation des exportateurs à l’offre domestique, mais plutôt à
une forte exclusion des producteurs locaux.
Dans le cas de figure où les paramètres sont tels que les exportateurs
adoptent une stratégie de spécialisation 共 d * = 0 兲, toute augmentation du
nombre d’exportateurs en dessous du seuil, N√ e 共 ␣, q 兲 induit certes un
accroissement du coût foncier mais pas au point d’inciter les exportateurs à

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changer de stratégie et participer à l’offre domestique. L’augmentation du
nombre d’exportateurs induit moins d’entrée de producteurs locaux et une
diminution de l’offre domestique.
En revanche, quand l’augmentation du nombre d’exportateurs est suffi-
samment forte, au-dessus du seuil N√ e 共 ␣, q 兲, les exportateurs changent de
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stratégie et passent d’une stratégie de spécialisation à une stratégie polyva-


lente. On observera alors une augmentation du coût foncier et de l’offre des

exportateurs sur le marché domestique 冉 ⭸Q XL


⭸Ne
*


> 0 , avec comme consé-
quence, une baisse de l’offre issue des producteurs locaux, offre non
compensée par l’accroissement de l’offre des exportateurs.

Proposition 3. Une amélioration de la productivité des exportateurs n’a

pas d’effet sur la disponibilité de l’offre domestique 冉


⭸QT L
⭸me
*

=0 . 冊
Un accroissement du rendement par unité de surface d’exploitation des
exportateurs, n’améliore donc pas la sécurité alimentaire du pays. On peut
vérifier tout d’abord que, conformément à l’intuition, quand l’exportateur
choisit une stratégie de spécialisation 共 d * = 0 兲, l’augmentation de sa
productivité est bénéfique uniquement pour le marché d’exportation.
Dans le cas où initialement d * > 0, une amélioration de la productivité
induit un effet négatif sur cette part d’exploitation consacrée au marché
domestique 冉 ⭸d
⭸me
*

< 0 et nul sur la production totale et individuelle des
⭸ 共 d 共 1 + m e 兲q 兲
*

exportateurs destinée au marché domestique : = 0 et


⭸me
⭸Q XL
*

= 0. Ce mécanisme stratégique s’explique par la fait que quand la


⭸me
productivité de l’exportateur s’améliore, il reproduit ses choix antérieurs
(part affectée au marché domestique) car une déviation de ce choix (via une
augmentation de cette part), entraîne une diminution du prix du marché
domestique alors que celui du marché d’exportation est fixe : il serait donc
moins rémunérée sur la partie additionnelle de production affectée au mar-
ché domestique s’il décidait de l’écouler sur ce marché au lieu du marché
d’exportation.
REP 125 (4) juillet-août 2015
614 ————————————— Sécurité alimentaire dans les pays en développement

On peut donc retenir de la proposition qu’une modernisation du secteur


de l’exportation (amélioration de la productivité), ne bénéficiera pas à la
sécurité alimentaire du pays. Les exportateurs ajusteront leur contribution
au marché domestique de telle façon à faire bénéficier plutôt le marché
d’exportation de leur gain de productivité.

2.3. L’intervention publique

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Il s’agit dans cette section, d’évaluer deux formes d’intervention publique
qui peuvent être mises en place pour accroître simultanément l’offre dispo-
nible sur le marché domestique et le nombre d’entrants locaux sur ce mar-
ché. La première intervention consiste à imposer aux exportateurs la part
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(minimale) de leur exploitation à consacrer à la culture locale. La deuxième


intervention consiste à subventionner l’accès à la terre des producteurs
locaux. Nous étudierons dans un premier temps, l’effet de l’une et l’autre de
ces deux interventions et analyserons dans un deuxième temps s’il existe un
avantage à les appliquer simultanément.

2.3.1. Le cas d’un quota minimal de production


domestique

Dans le cas d’un quota minimal de production domestique imposé aux


exportateurs, l’État va déterminer le niveau du quota qui maximise le sur-
plus collectif W du pays, donné par l’expression :

W 共 d 兲 = SC 共 d 兲 + N L 共 d 兲pL + Ne pX 共 d 兲
*
[20]
* 2
共 QT L 共 d 兲 兲
Avec SC 共 d 兲 = , le surplus des consommateurs locaux.
2
Les pouvoir publics tiennent compte du surplus des consommateurs, des
profits obtenus par l’ensemble des exportateurs et des producteurs locaux
entrés dans l’activité.
En maximisant cette fonction (relation [20]), on peut facilement vérifier
(voir détails mathématiques en annexe) que la part de production sociale-
ment optimale à imposer aux exportateurs est donnée par :

␣ 共 ␣ + 2q 兲 共 a + qNe 兲 − p 共 ␣ + q 兲2 + cL q2
d√ 共 Ne, ␣, q, me 兲 =
␣ 共 1 + me 兲Ne q 共 ␣ + 2q 兲

On notera cette fonction, dans toute la suite, simplement d√ .


Il apparaît donc que pour un pays à (relativement) faible potentiel agricole
initial 共 ␣ > ␣ˆ 共 q 兲 兲 ou qui comprend initialement un nombre assez élevé
d’exportateurs 共 Ne > N̂e 共 ␣, q 兲 兲, le législateur a toujours intérêt à imposer un
REP 125 (4) juillet-août 2015
Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore —————————— 615

quota de production minimal (positif). On peut vérifier en effet que d√ > 0 si et


seulement si ␣ > ␣ˆ 共 q 兲 ou Ne > N̂e 共 ␣, q 兲. Il est à noter que dans ce cas, le
choix optimal de législateur est tel qu’il impose toujours un quota minimal
supérieure à celui que l’exportateur choisit spontanément, en absence
d’intervention ( d√ > d *, ∀Ne et ∀␣). On peut noter aussi qu’en présence d’un
important potentiel en terres agricoles et d’un nombre d’exportateurs assez
faible ( ␣ ≤ ␣ˆ 共 q 兲 et Ne ≤ N̂e 共 ␣, q 兲), le législateur choisit donc de laisser faire
et de ne pas intervenir. Dans ce cas de figure, le choix optimal du législateur
est compatible avec celui de l’exportateur puisque spontanément l’exporta-

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teur choisit de produire uniquement pour le marché d’exportation
共 d√ = d = 0 兲. La figure 2 illustre ces possibilités. Dans le même esprit que la
*

figure 1 précédente, la figure 2 délimite, les zones 共 Ne, ␣ 兲 où i) à la fois la


contribution spontanée (sans contrainte publique) des exportateurs et nulle
et le quota minimal optimal est nul, ii) la contribution spontanée (sans
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contrainte publique) des exportateurs et nulle et le quota minimal optimal


est positif, et iii) la contribution spontanée (sans contrainte publique) des
exportateurs et positive mais insuffisant, c’est-à-dire que le quota minimal
optimal est supérieur à la contribution spontanée des exportateurs. Les fron-
tières entre ces zones sont obtenues en traçant les droites issues de la
résolution des équations d * 共 Ne, ␣, q, me 兲 = 0 et d√ 共 Ne, ␣, q, me 兲 = 0 (en fonction
de Ne et de ␣).

Figure 2. Taille du secteur de l’exportation, disponibilité foncière et


quota minimal de production

On peut vérifier facilement que le quota minimum socialement optimal


d√ 共 Ne, ␣, q, me 兲 est croissant en ␣. Il croît donc à mesure que le potentiel en
terres arables est faible. Le quota minimum imposé par les pouvoirs publics
REP 125 (4) juillet-août 2015
616 ————————————— Sécurité alimentaire dans les pays en développement

varie donc dans le même sens que la contribution optimale choisie sponta-
nément par l’exportateur. Une plus faible disponibilité foncière induit une
faible entrée des producteurs locaux et donc une offre réduite provenant de
ces derniers. L’État doit corriger ce manque en faisant participer de façon
plus importante les exportateurs. Une telle correction, au nom de l’offre
globale coïncide avec la maximisation du surplus total.
On peut observer par ailleurs que le quota socialement optimal croît avec
le nombre d’exportateurs si et seulement si ␣ < ␣ˆ 共 q 兲. On peut observer que
ce seuil ␣ˆ 共 q 兲 est plus faible que le seuil ␣fl 共 q 兲 associé à la condition de

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croissance de la contribution optimale des exportateurs par rapport à Ne
(voir section 2.2). Quand ␣ > ␣fl 共 q 兲 les deux contributions (imposée ou non
imposée) suivent la même variation quand Ne varie. Par contre, pour un pays
de potentiel cultivable « modéré » 共 ␣ˆ 共 q 兲 < ␣ < ␣fl 共 q 兲 兲, la variation de la
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contribution des exportateurs au marché domestique quand Ne varie, diffè-


rera selon que cette contribution est fixée spontanément par les exporta-
teurs eux-mêmes ou imposée par les pouvoirs publics. Quand Ne augmente
par exemple, les exportateurs vont spontanément augmenter leur contribu-
tion individuelle optimale alors que les autorités publiques auront tendance
à baisser le quota minimum qu’elles imposeront aux exportateurs.

Proposition 4. L’imposition d’un quota minimal de production domes-


tique induit une amélioration de la sécurité alimentaire par rapport à la
situation non interventionniste mais conduit à l’exclusion d’une partie
des producteurs locaux.

En imposant aux exportateurs un quota de production minimal d√ , l’État


s’assure d’une augmentation de la quantité offerte par les exportateurs sur
le marché local 共 d√ > d * 兲. Une telle augmentation s’accompagne d’un effet
négatif sur l’accès au marché des producteurs locaux. Une meilleure parti-
cipation des exportateurs à la culture locale induit donc l’exclusion de cer-
tains producteurs à la suite d’une baisse du prix de vente sur le marché
domestique. L’ampleur de cette exclusion dépend à la fois de la consé-
quence de l’augmentation de l’offre sur le prix domestique mais aussi du
coût du foncier qui lui-même tend à baisser à mesure qu’il y a exclusion des
producteurs. Au final, à mesure que la part imposée aux exportateurs aug-
mente, la diminution du coût foncier due à l’exclusion limite l’ampleur de
celle-ci de sorte que le nombre de producteurs exclu baisse moins vite que
l’augmentation de l’offre des exportateurs. Ce mécanisme explique pour-
quoi l’offre totale augmente à l’issue de l’intervention publique.
La proposition précédente montre que les objectifs de sécurité alimentaire
et de participation peuvent être impossibles à atteindre simultanément à
travers un quota minimal de production domestique : une intervention de
l’État à travers cet instrument assure une plus grande offre locale mais une
moindre participation des producteurs locaux aux marchés domestiques.
Il serait donc intéressant de tester en quoi un autre type d’intervention
pourrait corriger ce résultat négatif. La section qui suit teste l’efficacité d’une
subvention accordée par l’État aux producteurs locaux pour entrer sur le
REP 125 (4) juillet-août 2015
Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore —————————— 617

marché. L’État va donc subventionner le coût du foncier agricole en faveur


des producteurs locaux. Dans cette proposition, nous supposons que l’État
utilise exclusivement cet outil, les exportateurs étant libres de fixer leur
contribution au marché domestique.

2.3.2. Cas d’une subvention au coût foncier

Supposons ainsi que l’État accorde à tout producteur local qui envisage

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d’entrer sur le marché, une subvention s qui représente un pourcentage du
coût total d’acquisition de la terre. Le coût total d’acquisition de la terre
acquitté par un entrant local est alors :

G 共 ␣, q, N 兲 = 共 1 − s 兲␣qN
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[21]

Compte tenu de cette subvention, la part d’exploitation consacrée par un


exportateur au marché local s’écrit alors (voir annexe) :

d 共 Ne, ␣, q, me, s 兲 = Max


*
再 0,
␣ 共 a + qNe 兲 共 1 − s 兲 − p 关 共 1 − s 兲␣ + q 兴 + cL q
qNe 共 1 + me 兲 关 2 共 1 − s 兲␣ + q 兴 冎
On dénotera plus simplement cette fonction d * 共 s 兲 dans toute la suite.

Proposition 5. Une subvention accordée aux producteurs locaux permet


d’améliorer à la fois la sécurité alimentaire et la participation de produc-
teurs.

La subvention au coût foncier attribuée aux producteurs locaux conduit


mécaniquement à une diminution du coût d’entrée sur le marché. Avec cette
subvention et sachant le meilleur accès des producteurs locaux au marché
domestique, les exportateurs vont préférer diminuer la part de leur exploi-

tation consacrée à la culture locale


⭸d 共 s 兲
*

ds
冉 冊
< 0 . Au total, il y a accrois-
sement du nombre d’entrants sur le marché domestique sous le double effet
d’une baisse du coût de production et de la contribution des exportateurs à
la culture domestique.
L’offre totale sur le marché local s’ajuste comme résultante de l’augmen-
tation de l’offre des producteurs locaux et de la baisse de l’offre des expor-
tateurs. Au final, l’augmentation de l’offre des producteurs locaux va plus
que compenser la diminution de la contribution des exportateurs au marché
domestique. Il ressort donc en résumé qu’avec une subvention au coût
foncier, et si cet instrument est le seul utilisé, l’offre domestique s’accroît
grâce à l’entrée de producteurs sur le marché domestique, le secteur
d’exportation contribuant faiblement à ce marché.

REP 125 (4) juillet-août 2015


618 ————————————— Sécurité alimentaire dans les pays en développement

2.3.3. Cas d’une combinaison des instruments


d’intervention

Compte tenu des résultats de la section précédente, il serait intéressant


d’évaluer si la combinaison des deux instruments (subvention et quota mini-
mal de production) seraient de nature à obtenir une meilleure offre domes-
tique que celle obtenue par la seule subvention, tout en assurant une parti-
cipation aussi satisfaisante de producteurs locaux.

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Supposons donc que l’État décide de combiner ces deux interventions.
Nous supposons que le couple 共 s, d 兲 choisi par l’État doit maximiser le
surplus collectif.
Utilisant [20] et [21], on peut vérifier que pour un montant s de subvention,
si le nombre d’exportateurs est relativement important 共 Ne > N
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x e 共 ␣, q, s 兲 兲
ou le potentiel cultivable relativement faible 共 ␣ > ␣˜ 共 q, s 兲 兲, le quota mini-
mal optimal décidé par les pouvoirs publics est fonction de s et est positif. Il
est donné par (voir annexe) :

d√ 共 Ne, ␣, q, me, s 兲 =
␣ 共 共 1 − s 兲2 ␣ + 2q 兲 共 a + qNe 兲 − p 共 共 1 − s 兲␣ + q 兲2 + cL q 共 q − 2␣s 兲
␣ 共 1 + me 兲Ne q 共 共 1 − s 兲2 ␣ + 2q 兲

On notera cette expression plus simplement d√ 共 s 兲 dans toute la suite.


Ce seuil imposé par les pouvoirs publics est toujours supérieur à celui
choisi par l’exportateur et supérieur à celui imposé par l’État en absence de
la subvention : d√ 共 s 兲 > d√ > d * > d * 共 s 兲.
Dans un premier temps, nous devons vérifier, si la combinaison des deux
instruments ne détériore pas le résultat positif obtenu avec la subvention
seule, c’est-à-dire l’accroissement simultané de l’offre et de la participation
(proposition 5).

Proposition 6. Une subvention s à l’entrée des producteurs locaux


combinée à l’imposition d’un quota minimal (aux exportateurs) ajusté
au montant de cette subvention, peut améliorer à la fois la sécurité
alimentaire et la participation des producteurs locaux. Pour cela il faut et
il suffit que le quota minimal soit ajusté à la subvention 共 d ≡ d√ 共 s 兲 兲 et
s1 共 Ne, ␣, q, me 兲 < s < s2 共 Ne, ␣, q, me 兲.

Nous pouvons montrer par ailleurs, qu’il y a une corrélation positive entre
⭸d√ 共 s 兲
la subvention et le quota minimal d√ 共 s 兲 : > 0.
ds
Nous avons montré précédemment à travers la proposition 4, que l’impo-
sition d’un quota minimal de production seul induit l’exclusion d’un certain
nombre de producteurs. A l’inverse, la proposition 5 montre que le soutien
à l’entrée de producteurs locaux via une subvention du coût foncier conduit
aussi, simultanément, à une augmentation de la participation de ces der-
niers. On peut donc maintenir ce résultat avec une combinaison de ces deux
REP 125 (4) juillet-août 2015
Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore —————————— 619

instruments sous la condition énoncée dans la proposition précédente, à


savoir une subvention ni trop faible ni trop élevée 共 s1 < s < s2 兲 et un quota
minimal adéquatement ajusté à cette subvention18. On peut expliquer ce
résultat de la façon suivante. L’augmentation de la contribution totale des
exportateurs au marché domestique suite à l’imposition du quota minimal
induit une diminution du nombre d’entrants locaux. Quand la subvention est
relativement faible 共 s < s1 兲, même si l’entrée est stimulée, elle ne l’est pas
suffisamment pour dominer l’effet négatif d’exclusion induit par l’accroisse-
ment de l’offre des exportateurs.
Par ailleurs, comme le quota minimal d√ 共 s 兲 croît avec la subvention, si

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l’État utilise une forte subvention 共 s > s2 兲, il doit donc imposer à l’exporta-
teur un quota minimal relativement élevé dont la conséquence est mécani-
quement, une forte contribution des exportateurs au marché domestique.
L’effet négatif d’un tel quota minimal sur le nombre d’entrants l’emportera
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sur l’effet positif qui y est généré via la subvention. Il faut noter que, quel
que soit le niveau de subvention, on obtiendra toujours une augmentation
de l’offre. Mais quand la subvention est trop faible ou trop élevée ( s < s1 ou
s > s2), l’augmentation de cette offre vient de l’augmentation de la production
des exportateurs sur le marché domestique. En revanche, quand la subven-
tion est médiane 共 s1 < s < s2 兲, l’augmentation de l’offre domestique vient à la
fois d’une meilleure participation de producteurs locaux et d’une augmen-
tation de la contribution des exportateurs au marché domestique.
Après avoir montré que sous certaines conditions, on peut générer avec
une combinaison des deux instruments une participation et une offre totale
meilleures que celles obtenues en absence d’intervention, le corollaire sui-
vant compare les niveaux de participation et d’offre obtenues avec cette
combinaison d’instruments et ceux obtenus avec une subvention seule.

Corollaire. La combinaison des deux instruments (subvention foncière


et quota minimal) garantit une meilleure sécurité alimentaire par rap-
port à une subvention seule mais une moindre participation de produc-
teurs.

Nous avons montré antérieurement (proposition 5) comment une inter-


vention axée seulement sur le foncier suffit à améliorer à la fois la sécurité
alimentaire et la participation de producteurs. Ce double résultat positif est
garanti en associant à la subvention, un quota minimal de production à
condition que le niveau de la subvention ne soit ni trop faible ni trop élevé
(proposition 6). Dans la figure 3 sont représentées les courbes des fonctions
* *
QTL 共 s 兲, QT L 共 s 兲, NL 共 s 兲, N L 共 s 兲 en fonction du seuil s. Comme illustré sur
cette figure, avec la combinaison des deux instruments, l’offre domestique
totale est plus importante que celle qui est associée à la seule subvention du
coût foncier 共 QTL 共 s 兲 > QT L* 共 s 兲 兲. Cependant, cette combinaison n’est pas
aussi efficace pour ce qui est de la participation qui demeure supérieure
dans le cas d’une subvention seule 共 NL 共 s 兲 < N L* 共 s 兲 兲.

18. Il est facile de montrer par ailleurs qu’il existe une subvention S√ pour laquelle la
participation atteint son niveau maximum (voir figure 3).

REP 125 (4) juillet-août 2015


620 ————————————— Sécurité alimentaire dans les pays en développement

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Figure 3. Intervention publique et amélioration de la disponibilité
de l’offre et de la participation des producteurs
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Ce résultat s’explique comme suit. Une subvention du foncier, utilisée à


elle seule, facilite l’accès au marché aux producteurs locaux tout en indui-
sant une baisse de la participation des exportateurs au marché local (on a
⭸d 共 s 兲
*
< 0). L’augmentation du nombre de producteurs s’explique d’une
⭸s
part, par la baisse du coût d’entrée sur le marché (grâce à la subvention) et
d’autre part, par la diminution de l’offre issue des exportateurs
冉 ⭸d 共 s 兲
*

⭸s

< 0 . Quand la subvention est accompagnée par l’imposition du
quota minimal aux exportateurs, ces derniers seront dans ce cas contraint
d’augmenter leur production réservée au marché domestique 冉 ⭸d√ 共 s 兲
⭸s

>0 .
Il en résultera l’exclusion de certains producteurs, ce qui explique la
meilleure participation obtenue avec une intervention publique basée exclu-
sivement sur la subvention du coût du foncier 共 N L* 共 s 兲 > NL 共 s 兲 兲.
Par ailleurs, comme nous l’avons illustré dans la proposition 6, la combi-
naison de deux instruments engendre l’augmentation de l’offre totale sur le
marché local. Cette augmentation est le résultat d’une meilleure offre des
exportateurs qui peut être aussi accompagnée, sous certaines conditions (si
s1 < s < s2), par une augmentation de l’offre des producteurs exclusivement
locaux.
En présence d’une intervention exclusive sur le foncier, l’augmentation de
l’offre résulte uniquement d’une meilleure offre des producteurs exclusive-
ment locaux. Les exportateurs sont incités à réduire leur offre sur le marché
local (proposition 5).
Par conséquent, la combinaison de deux instruments garantit une
meilleure sécurité alimentaire qu’une intervention exclusive sur le foncier.

REP 125 (4) juillet-août 2015


Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore —————————— 621

3. Conclusion

Les systèmes de production domestiques des pays en développement


sont confrontés à de lourdes contraintes qui freinent leur développement :
modes de production à faible productivité, infrastructure insuffisante, faible
accès au foncier, des intrants agricoles de mauvaise qualité ou inappropriés
(Calkins et al. [1996], Jaffee et al. [2011]) etc. Un certain nombre d’écono-

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mistes du développement soutiennent qu’un développement intensif des
cultures d’exportation au détriment des cultures domestiques ne fait
qu’aggraver cette situation et compromettre la capacité des filières domes-
tiques à assurer l’autosuffisance alimentaire de ces pays (Madeley [2002],
Kisare [2011]). A l’inverse, comme souligné en introduction ; un autre cou-
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rant de la littérature soutient que les filières d’exportation peuvent contri-


buer au développement des cultures locales19.
Dans ce débat, les opinions sont souvent très tranchées. Elles prennent
une connotation souvent idéologique notamment dans des contextes de
crise alimentaire comme ce fut le cas par exemple lors de la hausse des
cours mondiaux des denrées alimentaires en 2008 (Oxfam [2011], GRAIN
[2008]). A chaque crise, la légitimité des politiques d’encouragement des
filières d’exportation est remise en question. Ces politiques sont considérées
comme antinomiques avec l’objectif de souveraineté alimentaire, présenté
très souvent comme un critère incontournable pour parvenir à l’autosuffi-
sance alimentaire.
Nous avons contribué à ce débat en proposant une modélisation théo-
rique qui nous a permis de tirer un certain nombre d’enseignements norma-
tifs susceptibles d’éclairer la décision publique dans ce domaine. Nous
avons évalués l’interaction entre les cultures domestiques et d’exportation
par rapport à deux critères : celui de la sécurité alimentaire et celui de la
participation (ou d’entrée dans l’activité) de producteurs de cultures domes-
tiques. Nous avons tenu compte de la contrainte foncière qui est un des
facteurs importants de rivalité entre les deux filières.
Nous avons mis en évidence dans un premier temps, un certain nombre
de résultats que l’on peut qualifier de négatifs par rapport à la coexistence
des deux filières. Dans certains cas de figure, ces résultats confirment en
effet plus qu’ils n’infirment, la thèse de rivalité évoquée en introduction. Ils
suggèrent que le secteur de l’exportation pourrait ne pas contribuer de
façon satisfaisante à l’offre domestique d’un pays quand celui-ci est à fort
potentiel agricole mais où le secteur d’exportation est relativement impor-

19. Au-delà de l’existence d’un effet d’entrainement au bénéfice des filières locales, cer-
tains auteurs soutiennent également qu’un encouragement des cultures d’exportation est un
moyen pour le pays de dégager les revenus nécessaires pour financer les institutions en
charge de l’accompagnement agricole, de services de vulgarisation ou de recherche et pour
importer des biens intermédiaires qui permettent in fine d’améliorer la productivité des
cultures vivrières (Fadani et Temple [1997], Assaba [1995], Balat et al. [2009], Goetz [1992]).

REP 125 (4) juillet-août 2015


622 ————————————— Sécurité alimentaire dans les pays en développement

tant (nombre élevé d’exportateurs). Ce résultat s’explique par le mécanisme


de formation du prix sur les marchés domestiques : sous l’hypothèse d’une
offre foncière relativement importante et donc favorable à l’entrée de pro-
ducteurs locaux, l’évolution du prix sur les marchés domestiques réduit les
incitations du secteur d’exportation à contribuer à ces marchés. Nous avons
montré comment un développement important du marché d’exportation
peut être en opposition avec le développement de la production domes-
tique : baisse de l’offre locale et diminution du nombre de producteurs spé-
cialisés dans les marchés domestiques. Plus encore, l’augmentation de la
productivité du secteur d’exportation ne profite pas à l’offre totale (issue des

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deux secteurs) proposée sur les marchés domestiques.
Dans une deuxième étape, nous avons obtenu des résultats qui plaident,
pour sortir du schéma de rivalité, pour une régulation publique de la coexis-
tence des deux types de filières. En effet, la coexistence des deux filières
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peut être dans certains cas, plus ou moins compatible (voir les limites
ci-après) avec les deux critères publics (sécurité alimentaire et participation)
à condition que les autorités régulent l’activité d’exportation et soutiennent
l’accès au foncier des producteurs locaux. Nos résultats montrent cependant
que l’imposition d’un quota minimal de production domestique aux expor-
tateurs, s’il permet d’améliorer la disponibilité alimentaire dans le marché
domestique, induit une forte exclusion de producteurs locaux. A l’inverse,
l’intervention qui consiste à accorder aux producteurs locaux une subven-
tion au coût foncier permet, quand elle est appliquée seule, de corriger cet
effet négatif (exclusion) tout en satisfaisant le critère de disponibilité de
l’offre alimentaire. Par conséquent, les autorités publiques doivent au moins
renoncer à l’imposition d’un quota seul.
Le dilemme pour les autorités publiques est alors soit i) d’utiliser seule-
ment la subvention à l’entrée de producteurs locaux, subvention qui amé-
liore à la fois la sécurité alimentaire et la participation soit ii) à utiliser les
deux outils que sont le quota minimum et la subvention, combinaison qui
améliore davantage la quantité d’offre disponible mais induit une moindre
participation de producteurs locaux.
La satisfaction simultanée des deux critères publics précédents est bien
évidemment un enjeu important pour les PED. Ils doivent assurer l’autosuf-
fisance alimentaire tout en permettant au plus grand nombre de petits pro-
ducteurs locaux d’y participer et de tirer un revenu de cette activité. Ce qui
fait l’intérêt des résultats théoriques obtenus, au-delà des politiques écono-
miques qu’ils suggèrent, est de déterminer sous quelles conditions ces deux
objectifs peuvent s’opposer. Mais il est clair aussi que tous ces enseigne-
ments normatifs méritent d’autres développements notamment dans une
perspective d’évaluation empirique des politiques et résultats suggérés. Il
faut de ce point de vue souligner que les résultats sont obtenus avec l’hypo-
thèse d’une identité des tailles entre producteurs locaux et producteurs/
exportateurs. Cette hypothèse est simplificatrice même si elle n’est pas
irréaliste au regard de certains exemples cités en introduction. Cette simpli-
fication est compensée et dans une certaine mesure neutralisée par l’hypo-
thèse d’hétérogénéité des productivités (les exportateurs sont plus produc-

REP 125 (4) juillet-août 2015


Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore —————————— 623

tifs que les producteurs locaux et produisent au final une plus grande
quantité que les producteurs locaux, toute chose égale par ailleurs)20.
Il faut enfin souligner que le modèle ne prend pas en compte un élément
important du débat abordé en introduction de cet article : l’existence éven-
tuelle d’une externalité positive liée à un effet d’entrainement au profit des
filières locales. Les interactions entre ces deux filières, à travers entre autres
la mobilité factorielle et les spillovers technologiques peuvent favoriser la
diffusion vers les filières domestiques, des savoirs et des pratiques agricoles
plus productives acquises par les filières d’exportation. Un tel phénomène

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pourrait favoriser l’amélioration de la productivité des producteurs locaux et
in fine la diminution de la facture publique liée à la subvention foncière
analysée dans l’article. L’autre question non abordée dans ce travail
concerne l’éventualité d’externalités négatives associées à l’utilisation par
l’une ou l’autre des deux filières, de techniques de production moins sou-
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cieuses de critères de durabilité (environnement, sécurité sanitaire des pro-


duits, santé des travailleurs...). Il s’agirait dans cette optique, d’inscrire
l’objectif de sécurité alimentaire des PED dans une perspective de dévelop-
pement durable avec la minimisation des externalités négatives liées aux
pratiques agricoles (fertilisants, pesticides...). Le modèle proposé pourrait
prendre en compte cette problématique moyennant des hypothèses supplé-
mentaires qui associeraient par exemple, la typologie des pratiques agri-
coles utilisées et leurs effets sur l’environnement. Cette question mériterait
d’être explorée et constituer un développement futur à ce présent travail.

20. La généralisation au cas où existe une hétérogénéité de tailles (en faveur des expor-
tateurs) ne devrait cependant pas changer de façon drastique les résultats qualitatifs du
modèle. On obtiendrait a priori une accentuation des effets notamment ceux associés à
l’ampleur de l’exclusion des producteurs locaux et au niveau de la contribution des expor-
tateurs au marché domestique.

REP 125 (4) juillet-août 2015


624 ————————————— Sécurité alimentaire dans les pays en développement

Annexes

Annexe 1. Preuve de la proposition 1

En utilisant [6] et [10], le prix de marché w se fixe par l’égalisation de l’offre


QTL = NL q + Ne d 共 1 + me 兲q à la demande D = a − w :

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w = a − QTL = a − NL q − Ne d 共 1 + me 兲q [A1]

Sachant [A1] et en utilisant :


[14], le programme de maximisation du producteur/exportateur s’écrit
MaxpXi
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di
[12], le nombre de producteurs exclusivement locaux à l’équilibre est
obtenue pour pL = 0
On obtient :

d 共 Ne, ␣, q, me 兲 = Max
*
再 0,
␣ 共 a + qNe 兲 − p 共 ␣ + q 兲 + cL q
qNe 共 1 + me 兲 共 2␣ + q 兲 冎 [A2]

共 a + p − 2␣Ne 兲 − 2cL
N L 共 Ne, ␣, q, me 兲 = si d > 0
* *
[A3]
共 2␣ + q 兲

Par ailleurs, pour d * = 0, N L* est obtenu pour pL = 0 :


q 共 a − ␣ Ne 兲 − c L q
N L 共 Ne, ␣, q, me 兲 =
*
[A4]
q共␣ + q兲

En utilisant [A3] et [A4], on obtient :


a − ␣N e − c L
si d = 0
*
共␣+q兲
NL=
*
[A5]
a + p − 2␣Ne − 2cL
si d > 0
*
2␣ + q

En utilisant [A2], on vérifie que :


0 si ␣ ≤ ␣fl 共 q 兲 et Ne ≤ N√ e 共 ␣, q 兲
d =
*
␣ 共 a + qNe 兲 − p 共 ␣ + q 兲 + cL q [A6]
si ␣ > ␣fl 共 q 兲 ou Ne > N√ e 共 ␣, q 兲
qNe 共 1 + me 兲 共 2␣ + q 兲

− a ␣ + p 共 ␣ + q 兲 − cL q q 共 p − cL 兲
Où on dénote N√ e 共 ␣, q 兲 = et ␣fl 共 q 兲 =
␣q 共a−p兲
REP 125 (4) juillet-août 2015
Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore —————————— 625

Annexe 2. Preuve de la proposition 2

En substituant [A5] et [A6] dans [A1], [1], [7], [8] et [10], on obtient :

Tableau 1.

si d = 0 si d > 0
* *

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w 共 Ne, ␣, q 兲 =
* ␣ 共 a + qNe 兲 + cL q ␣ 共 a + p + qNe 兲 + cL q
共a + q兲 2␣ + q

N =
* a − Ne ␣ − cL a + p + Ne q − 2cL
␣+q 共 2␣ + q 兲
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QX=
* 共 1 + me 兲qNe 共 ␣ + q 兲 共 p + qNe 共 1 + me 兲 兲 + ␣ 共 me Ne q − a 兲 − cL q
共 2␣ + q 兲

Q XL =
* 0 ␣ 共 a + qNe 兲 − p 共 ␣ + q 兲 + cL q
共 2␣ + q 兲

QL=
* q 共 a − ␣Ne 兲 − cL q q 共 a + p − 2␣Ne 兲 − 2cL q
共␣ + q兲 2␣ + q

QT L =
* q 共 a − ␣Ne 兲 − cL q a 共 ␣ + q 兲 − ␣ 共 p + qNe 兲 − cL q
QL=
*
共␣ + q兲 共 2␣ + q 兲

On vérifie facilement que :


Si 关 ␣ > ␣fl 共 q 兲 兴 ou [ ␣ ≤ ␣fl 共 q 兲 et Ne > N√ e 共 ␣, q 兲] ou [ ␣ ≤ ␣fl 共 q 兲 et
⭸N L ⭸QT L ⭸Q XL
* * *
⭸N
*
Ne ≤ N√ e 共 ␣, q 兲], on a > 0, < 0, < 0 et ≥ 0.
⭸Ne ⭸Ne ⭸Ne ⭸Ne
Si ␣ ≤ ␣fl 共 q 兲 et Ne ≤ N√ e 共 ␣, q 兲, pour tout augmentation de Ne au-delà
du seuil N√ e 共 ␣, q 兲, les exportateurs changent de stratégie en passant
d’une stratégie spécialisée à une stratégie polyvalente. En utilisant
le tableau 1, on vérifie facilement que : N L* 共 d * = 0 兲 > N L* 共 d * > 0 兲,
QT L 共 d = 0 兲 > QT L 共 d > 0 兲, N 共 d = 0 兲 > N 共 d > 0 兲 et Q XL 共 d = 0 兲 < Q XL 共 d > 0 兲.
* * * * * * * * * * * *

⭸N L ⭸QT L ⭸Q XL
* * *
⭸N
*
On peut donc conclure que > 0, < 0, < 0 et ≥ 0 ∀␣ et ∀Ne.
⭸Ne ⭸Ne ⭸Ne ⭸Ne

Annexe 3. Preuve de la proposition 3

⭸d
*
En utilisant [A6] et le tableau 1, on vérifie facilement que : < 0,
⭸me
⭸QT L ⭸Q XL ⭸d 共 1 + me 兲q
* * *

= 0, = 0 et = 0.
⭸me ⭸me ⭸me
REP 125 (4) juillet-août 2015
626 ————————————— Sécurité alimentaire dans les pays en développement

Annexe 4. Preuve de la proposition 4

Le nombre de producteurs exclusivement locaux est obtenue pour pL = 0.


En utilisant [20], le programme de maximisation du bien-être collectif
s’écrit MaxW 共 d 兲.
d
On obtient ainsi la part d’exploitation d√ 共 Ne, ␣, q, me 兲 qui maximise le bien-
être collectif :

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␣ 共 ␣ + 2q 兲 共 a + qNe 兲 − p 共 ␣ + q 兲2 + cL q2
d√ 共 Ne, ␣, q, me 兲 = [A7]
␣ 共 1 + me 兲Ne q 共 ␣ + 2q 兲
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En utilisant [A6] et [A7], on vérifie que pour tout d√ > 0 et d * > 0, on a d√ > d *
∀␣ et ∀Ne.
En utilisant [A7], on vérifie que :

— Si ␣ > ␣ˆ 共 q 兲 on a d√ > 0, ∀Ne


— Si ␣ ≤ ␣ˆ 共 q 兲 on a d√ > 0 si et seulement si Ne > N
| e 共 ␣, q 兲

− a␣ 共 ␣ + 2q 兲 + p 共 ␣ + q 兲 − cL q
2 2

Où on dénote | e 共 ␣, q 兲 =
N et
␣q 共 ␣ + 2q 兲

␣ˆ 共 q 兲 = q 冉 冑 冊
−1+
a − cL
a−p
.

Sachant [A7], on obtient :

a 共 ␣ + 2q 兲 − p 共 q + ␣ 兲 − cL q
QTL = [A8]
␣ + 2q

共 ␣ + q 兲 共 p − cL 兲 − ␣ 共 ␣ + 2q 兲Ne
NL = [A9]
␣ 共 ␣ + 2q 兲

共 ␣ + q 兲 共 p − cL 兲
N= [A10]
␣ 共 ␣ + 2q 兲

En utilisant le tableau 1, [A8] et [A10], on vérifie que pour tout d√ > 0 et


d > 0, on a QTL > QT L et N < N ∀␣ et ∀Ne.
* * *

REP 125 (4) juillet-août 2015


Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore —————————— 627

Annexe 5. Preuve de la proposition 5

Sachant [21] et [A1] et en utilisant [12] et [14], on obtient :

d 共 s 兲 = Max
*
再 0,
␣ 共 a + qNe 兲 共 1 − s 兲 − p 共 共 1 − s 兲␣ + q 兲 + cL q
qNe 共 1 + me 兲 共 2 共 1 − s 兲␣ + q 兲 冎 [A11]


a − ␣ 共 1 − s 兲N e − c L

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si d 共 s 兲 = 0
*
共 1 − s 兲␣ + q
N L共s兲 =
*
[A12]
a + p − 共 1 − s 兲2␣Ne − 2cL
si d 共 s 兲 > 0
*
2 共 1 − s 兲␣ + q
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Avec

d 共s兲 =
*


0 si ␣ ≤ ␣ 共 q, s 兲 et Ne ≤ Ne 共 ␣, q, s 兲

␣ 共 a + qNe 兲 共 1 − s 兲 − p 共 共 1 − s 兲␣ + q 兲 + cL q [A13]
si ␣ > ␣ 共 q, s 兲 ou Ne > Ne 共 ␣, q, s 兲
qNe 共 1 + me 兲 共 2 共 1 − s 兲␣ + q 兲

− a ␣ 共 1 − s 兲 + p 共 共 1 − s 兲␣ + q 兲 − c L q
où on dénote Ne 共 ␣, q, s 兲 = et
␣ 共 1 − s 兲q
q 共 p − cL 兲
␣ 共 q, s 兲 =
共1 − s兲共a − p兲
En substituant [A12] et [A13] dans [10], on obtient :


q 共 a − ␣ 共 1 − s 兲N e − c L 兲
si d 共 s 兲 = 0
*
␣共1 − s兲 + q
QT L 共 s 兲 =
*

a 共 共 1 − s 兲␣ + q 兲 − ␣ 共 1 − s 兲 共 p + qNe 兲 − cL q
si d 共 s 兲 > 0
*
2␣ 共 1 − s 兲 + q
[A14]

⭸N L 共 s 兲
*

En utilisant [A12], [A13] et [A14], on vérifie facilement que > 0,


⭸s
⭸QT L 共 s 兲
*
⭸d 共 s 兲
*
> 0 et < 0.
⭸s ⭸s

REP 125 (4) juillet-août 2015


628 ————————————— Sécurité alimentaire dans les pays en développement

Annexe 6. Preuve de la proposition 6

En utilisant [20], la part d’exploitation d√ 共 s 兲 qui maximise le bien-être col-


lectif :

␣ 共 共 1 − s 兲 ␣ + 2q 兲 共 a + qNe 兲 − p 共 共 1 − s 兲␣ + q 兲 + cL q 共 q − 2␣s 兲
2 2

d√ 共 Ne, ␣, q, me, s 兲 =
␣ 共 1 + me 兲Ne q 共 共 1 − s 兲 ␣ + 2q 兲
2

[A15]

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En utilisant [A15] et [A2], on vérifie que d√ 共 s 兲 > d *.
En utilisant [A15], on vérifie que :
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— Si ␣ > ␣˜ 共 q, s 兲 on a d√ 共 s 兲 > 0, ∀Ne


— Si ␣ ≤ ␣˜ 共 q, s 兲 on a d√ 共 s 兲 > 0 si et seulement si Ne > N
x e 共 ␣, q, s 兲
− a␣ 共 ␣ 共 1 − s 兲 + 2q 兲 + p 共 ␣ 共 1 − s 兲 + q 兲 − cL q 共 q − 2␣s 兲
2 2

Où, on dénote x e 共 ␣, q, s 兲 =
N
␣q 共 ␣ 共 1 − s 兲 + 2q 兲
2

q 关− a + p − s共p − c 兲 + 公 共 a − cL 兲 共 a − p + 共 p − cL 兲s
2

et ␣˜ 共 q, s 兲 =
L

共a − p兲共1 − s兲
2

Le nombre de producteurs exclusivement locaux à l’équilibre est obtenue


pour pL 共 s 兲 = 0 :

共 共 1 − s 兲␣ + q 兲 共 p − cL 兲 − a 共 共 1 − s 兲 ␣ + 2q 兲Ne
2

NL 共 s 兲 = [A16]
a 共 共 1 − s 兲 ␣ + 2q 兲
2

Par ailleurs, en substituant [A15] et [A16] dans [10], on obtient :

共 a − p 兲 共 2q + 共 1 − s 兲 ␣ 兲 + 共 1 + s 兲 共 p − cL 兲q
2

QTL 共 s 兲 = [A17]
␣ 共 1 − s 兲2 + 2q

⭸QTL 共 s 兲 ⭸d√ 共 s 兲
En utilisant [A15] et [A17], on détermine > 0 et > 0.
⭸s ⭸s

⭸NL 共 s 兲
En utilisant [A16], on vérifie que > 0 si et seulement si s < sfl où sfl est
⭸s
␣ + q − 公q 共 2␣ + q 兲
donné par : sfl = .

En utilisant le tableau 1 et [A17], on vérifie que : pour tout d√ 共 s 兲 > 0 et
d > 0, on a QTL 共 s 兲 > QT L ∀␣ et ∀Ne.
* *

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Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore —————————— 629

− b1 − 公b 1 − 4a1 c1 − b1 + 公b 1 − 4a1 c1
2 2

On dénote : si = , sj = ,
2a1 2a1
− b2 − 公b 2 − 4a2 c2 − b2 + 公b 2 − 4a2 c2
2 2

sii = et sjj = .
2a2 2a2


a1 = − ␣ 共 a − cL + N e q 兲
2

Avec : b1 = ␣ 关 ␣ 共 2a − cL − p 兲 + q 共 2␣Ne + cL − p 兲 兴

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c1 = − ␣ 共 ␣ + 2q 兲 共 a + Ne q − p 兲 + q 共 p − cL 兲
2


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a2 = a 1 + ␣ 共 p − c L 兲
2

et b2 = b1 + ␣ 2 共 p − cL 兲

c2 = c 1 + ␣ q 共 p − c L 兲

En utilisant [A5] et [A16], on vérifie facilement que : NL 共 s 兲 > N L* si et seule-

ment si s1 < s < s2 avec : 冏


s1 = si et s2 = sj si ␣ ≤ ␣fl 共 q 兲 et Ne ≤ N√ e 共 ␣, q 兲
s1 = sii et s2 = sjj si ␣ > ␣fl 共 q 兲 ou Ne > N√ e 共 ␣, q 兲

Annexe 7. Preuve du Corollaire

En utilisant [A11] et [A15], [A14] et [A17], [A12] et [A16], on vérifie que


pour tout d * 共 s 兲 > 0, on a d√ 共 s 兲 > d * 共 s 兲, QTL 共 s 兲 > QT L* 共 s 兲 et NL 共 s 兲 > N L* 共 s 兲
∀␣ et ∀Ne.

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