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Macroéconomie III: Croissance

Alain Paquet, Ph.D.

Département des sciences économiques


Université du Québec à Montréal
paquet.alain@uqam.ca

25 janvier 2021

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 1 / 71


Pourquoi la croissance économique

“La croissance ne permet pas seulement l’augmentation du niveau de vie, elle


contribue aussi à mettre en valeur le meilleur de la nature humaine. Dans un
monde sans croissance, comme dans un jeu à somme nulle, une personne ne peut
gagner que ce qu’elle prend aux autres. Pensez-y. Dans un monde sans croissance,
le seul moyen pour vous d’offrir à vos enfants une vie meilleure sera de forcer les
enfants des autres à une vie moins bonne. Notre histoire est jalonnée de ce type
de spoliations, petites ou grandes. Mais dans un monde en croissance, il n’est plus
illogique d’espérer l’ambition pour les siens et la générosité envers les autres.”
– Paul Romer
Risk and Return Hoover Digest, 1996

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Régularités empiriques sur la croissance
économiques
Faits et régularités empiriques sur la croissance économique 1

Soit un taux de croissance constant µ qui s’applique sur une variable x, par effet composé on a :
xt+1 = xt · (1 + µ) ⇒ xt+2 = xt+1 · (1 + µ) = xt · (1 + µ)2 ⇒ . . . ⇒

xt+z = xt · (1 + µ)z

Taux de croissance et période requise pour doubler le PIB réel per capita
Taux de croissance moyen de Nombre d’années ††

1960 à 2017†
Botswana BWA 6,60% 10 ans et 10 mois
Singapour SGP 6,16% 11 ans et 7 mois
Chine CHN ††† 4,56% 15 ans et 6 mois
Irlande IRL 4,36% 16 ans et 3 mois
Japon JPN 3,61% 19 ans et 7 mois
Allemagne DEU 2,79% 25 ans et 3 mois
France FRA 2,43% 28 ans et 10 mois
Grande-Bretagne GBR 2,25% 31 ans et 1 mois
Canada CAN 2,11% 33 ans et 3 mois
États-Unis USA 2,07% 33 ans et 11 mois
Afrique du Sud ZAF 1,32% 53 ans et 0 mois

Basé sur la série du PIB réel (approche des dépenses) en $ américains enchaı̂nés de 2011.
Source : Penn World Table, version 9.1
††
Le nombre d’années TT est calculé, par la formule, TT = loglog(2)
(1+µ)
.
Une mesure approximative peut être aussi employée, soit la règle du 70, c.-à-d. TT ≈ 70/µ.
†††
Avec un taux de croissance moyen de 7,71% entre 2001 et 2011, TT = 9 années et 4 mois.

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Faits et régularités empiriques sur la croissance économique 2
Classements relatifs 1960 et 2017 des pays en fonction de leur PIB réel par habitant exprimé
en fraction, x%, du PIB réel par habitant américain

Nombre Noms de pays Nombre Noms de pays


de pays de pays
1960 2017
0% < x ≤ 5% 11 Botswana, Éthiopie, Mozambique, Mali, Égypte, Burundi, Burkina Faso, Népal, 22 République Centre Africaine, Burundi, République Démocratique du Congo,
Ouganda, Lesotho, Malawi Niger, Malawi, Mozambique, Tchad, Éthiopie, Togo, Haı̈ti, Madagascar, Burkina
Faso, Guinée-Bissau, Ouganda, Rwanda, Bénin, Zimbabwe, Guinée, Gambie,
Mali, Népal, Tanzanie
5% < x ≤ 10% 29 Guinée Bissau, Indonésie, Congo, Rwanda, Cap Vert, Chine, Inde, Togo, 16 Comores, Kenya, Mauritanie, Lesotho, Sénégal, Cameroun, Bangladesh, Côte
Thaı̈lande, Corée du Sud, Mauritanie, Pakistan, Guinée Équatoriale, Haı̈ti, d’Ivoire, Zambie, Syrie, Nigeria, Honduras, Congo, Pakistan, Ghana, Nicaragua
Tanzanie, Niger, République Centre Africaine, Tchad, Maroc, Roumanie, Bolivie,
Cameroun, Bangladesh, Madagascar, Bénin, Paraguay, Tunisie, Comores, Kenya
10% < x ≤ 15% 14 Côte d’Ivoire, Philippines, Syrie, El Salvador, Honduras, Zimbabwe, Malta, Brésil, 10 Bolivie, Inde, Cap Vert, El Salvador, Guatemala, Philippines, Jamaı̈que,
Guatemala, République Dominicaine, Taı̈wan, Gambie, République Démocratique Venezuela, Maroc, Paraguay
du Congo, Iran
15% < x ≤ 20% 13 Pérou, Singapour, Zambie, Gabon, Malaisie, Fidji, Sénégal, Panama, Sri Lanka, 7 Fidji, Jordanie, Équateur, Égypte, Indonésie, Tunisie, Namibie
Jordanie, Guinée, Argentine, Colombie
20% < x ≤ 25% 7 Chypre, Île Maurice, Hong Kong, Équateur, Nigeria, Portugal, Ghana 8 Gabon, Pérou, Algérie, Afrique du Sud, Sri Lanka, Colombie, Chine, Barbade
25% < x ≤ 30% 8 Nicaragua, Namibie, Costa Rica, Turquie, Grèce, Chili, Algérie, Jamaı̈que 8 Brésil, République Dominicaine, Iran, Botswana, Costa Rica, Guinée Équatoriale,
Thaı̈lande, Argentine
30% < x ≤ 35% 5 Japon, Espagne, Afrique du Sud, Seychelles, Mexique 1 Mexique
35% < x ≤ 40% 1 Irlande 2 Uruguay, Panama
40% < x ≤ 45% 4 Uruguay, Venezuela, Italie, Trinité et Tobago 3 Île Maurice, Chili, Roumanie
45% < x ≤ 50% 2 Israël, Barbade 4 Grèce, Malaisie, Turquie, Portugal
50% < x ≤ 55% 2 Finlande, Autriche 1 Seychelles
55% < x ≤ 60% 3 Allemagne, France, Belgique 0
60% < x ≤ 65% 2 Islande, Norvège 1 Chypre
65% < x ≤ 70% 2 Pays Bas, Grande-Bretagne 4 Espagne, Corée du Sud, Israël, Nouvelle-Zélande
70% < x ≤ 75% 1 Danemark 4 Italie, Japon, France, Malta
75% < x ≤ 80% 3 Suède, Canada, Nouvelle-Zélande 4 Grande-Bretagne, Finlande, Trinité et Tobago, Canada
80% < x ≤ 85% 1 Australie 1 Belgique
85% < x ≤ 90% 0 6 Taı̈wan, Suède, Australie, Allemagne, Danemark, Pays Bas
90% < x ≤ 95% 0 2 Islande, Autriche
95% < x < 100% 0 0
x = 100% 1 États-Unis 2 États-Unis, Hong Kong
100% < x ≤ 105% 0 1 Norvège
105% < x ≤ 110% 1 Luxembourg 0
110% < x ≤ 115% 0 1 Suisse
115% < x ≤ 120% 1 Suisse 0
120% < x ≤ 125% 0 0
125% < x ≤ 130% 0 0
130% < x ≤ 135% 0 1 Irlande
135% < x ≤ 140% 0 0
140% < x ≤ 145% 0 1 Singapour
. . .
. . .
. . .
175% < x ≤ 180% 0 1 Luxembourg
Note : Tous les PIB réels sont mesurés selon l’approche des dépenses et exprimés en $ américains PPA enchaı̂nés 2011. Le PIB réel US par personne ($ américains enchaı̂nés de 2011) était de 17 499$ en 1960 et de 56 153$ en 2017.
Source : Penn World Table, Version 9.1 et calculs de l’auteur. (Pour les 111 pays avec données disponibles sur la période 1960-2017.)

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Faits et régularités empiriques sur la croissance économique 3

Taux de croissance moyen annualisé (x%) du PIB réel par personne entre 1961 et 2017

Nombre de Noms de pays


pays

−2, 5% < x < −2, 0% 1 République Démocratique du Congo


−2, 0% < x < −1, 5% 0
−1, 5% < x ≤ −1, 0% 1 République Centre Africaine
−1, 0% < x ≤ −0, 5% 2 Niger, Guinée
−0, 5% < x ≤ 0, 0% 2 Gambie, Zimbabwe
0, 0% < x ≤ 0, 5% 11 Tchad, Madagascar, Nigeria, Burundi, Venezuela, Sénégal, Malawi, Nicaragua, Ghana, Bénin,
Haı̈ti
0, 5% < x ≤ 1, 0% 6 Togo, Jamaı̈que, Zambie, Barbade, Kenya, Comores
1, 0% < x ≤ 1, 5% 10 Guinée-Bissau, Côte d’Ivoire, Tanzanie, Rwanda, Afrique du Sud, Cameroun, Ouganda, Syrie,
Honduras, Mozambique
1, 5% < x ≤ 2, 0% 9 Algérie, Bangladesh, Namibie, Burkina Faso, Équateur, Mauritanie, Nouvelle-Zélande, Uruguay,
Éthiopie
2, 0% < x ≤ 2, 5% 19 Suisse, Mexique, Jordanie, Fidji, Guatemala, États-Unis, Canada, Australie, El Salvador, Costa
Rica, Lesotho, Népal, Grande-Bretagne, Suède, Colombie, Danemark, France, Mali, Philippines
2, 5% < x ≤ 3, 0% 18 Pakistan, Bolivie, Pays-Bas, Gabon, Belgique, Israël, Sri Lanka, Pérou, Finlande, Chili, Islande,
Congo, Allemagne, Seychelles, Norvège, Luxembourg, Grèce, Paraguay
3, 0% < x ≤ 3, 5% 15 Italie, Autriche, Turquie, Argentine, Maroc, Trinité et Tobago, Île Maurice, Inde, Iran,
République Dominicaine, Brésil, Portugal, Espagne, Cap Vert, Tunisie
3, 5% < x ≤ 4, 0% 3 Japon, Panama, Chypre
4, 0% < x ≤ 4, 5% 3 Malaisie, Irlande, Indonésie
4, 5% < x ≤ 5, 0% 5 Chine, Guinée Équatoriale, Hong Kong, Thaı̈lande, Égypte
5, 0% < x ≤ 5, 5% 3 Roumanie, Malta, Taı̈wan
5, 5% < x ≤ 6, 0% 0
6, 0% < x ≤ 6, 5% 2 Singapour, Corée du Sud
6, 5% < x ≤ 7, 0% 1 Botswana
Source : Penn World Table, Version 9.1 et calculs de l’auteur. (Pour les 111 pays avec données disponibles sur la période 1960-2017.)

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Faits et régularités empiriques sur la croissance économique 4

PIB réels par personne (en $ américains PPA enchaı̂nés de 2011)


Taux de croissance PIB per cap 2017
Pays 1960 2017
cumulée 1960-2017 PIB per cap 1960
République du Congo COD 2 569.24 $ 798.68 $ −68.91 % 0.31
Madagascar MDG 1 498.12 $ 1 595.09 $ 6.47 % 1.06
Venezuela VEN 7 109.75 $ 7 925.13 $ 11.47 % 1.11
Afrique du Sud ZAF 5 793.04 $ 12 201.40 $ 110.62 % 2.11
Chine CHN 1 025.87 $ 13 051.32 $ 1 172.22 % 12.72
Botswana BWA 424.82 $ 16 235.75 $ 3 721.78 % 38.22
Argentine ARG 2 920.19 $ 16 771.37 $ 474.33 % 5.74
Mexico MEX 5 892.84 $ 18 360.42 $ 211.57 % 3.12
Corée du Sud KOR 1 113.75 $ 37 725.07 $ 3 287.21 % 33.87
Japon JPN 5 316.61 $ 40 063.53 $ 653.55 % 7.54
France FRA 10 423.84 $ 40 975.05 $ 293.09 % 3.93
Grande-Bretagne GBR 11 826.29 $ 42 137.82 $ 256.31 % 3.56
Canada CAN 13 556.88 $ 44 492.65 $ 228.19 % 3.28
Australie AUS 14 309.71 $ 48 141.94 $ 236.43 % 3.36
Allemagne DEU 10 257.57 $ 49 141.04 $ 379.07 % 4.79
États-Unis USA 17 499.07 $ 56 153.42 $ 220.89 % 3.21
Norvège NOR 11 238.09 $ 58 073.04 $ 416.75 % 5.17
Suisse CHE 20 199.26 $ 62 926.57 $ 211.53 % 3.12
Irlande IRL 6 427.46 $ 73 296.97 $ 1 040.37 % 11.40
Singapour SGP 2 641.90 $ 79 842.57 $ 2 922.16 % 30.22
Source : Penn World Table, Version 9.1 et calculs de l’auteur.
(Extrait des données disponibles des 111 pays sur la période 1960-2017.)

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Faits et régularités empiriques sur la croissance économique 5

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Faits et régularités empiriques sur la croissance économique 6

Quelques régularités empiriques sur la croissance


Sur une longue période, le PIB réel de la plupart des pays suit une tendance positive.
Certains pays affichent une croissance plus rapide que d’autres.
À long terme, le ratio capital physique/output (Kt /Yt ) est plutôt constant, même si Kt et
Kt par travailleur (Kt /Lt ) augmentent à un rythme soutenu.
Kaldor (1961) : Sur un long horizon :
la productivité du travail a augmenté à un rythme soutenu ;
le stock de capital par travailleur a également augmenté à un rythme soutenu ;
le taux d’intérêt réel ou le rendement du capital net de dépréciation est demeuré stable ;
le ratio capital/output K /Y est aussi resté stable ;
les parts associées à la rémunération du capital et du travail dans le revenu national sont
restées stables ;
parmi les pays à croissance rapide, il y a une variabilité significative du taux de croissance
du PIB réel par personne de l’ordre de 2 à 5%.

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Faits et régularités empiriques sur la croissance économique 7

Jones et Romer (2010) :


l’accroissement des flux de marchandises, des idées, de la finance et les gens (via la
mondialisation, ainsi que l’urbanisation) ont augmenté l’étendue et l’accessibilité aux
marchés pour tous les travailleurs et les consommateurs ;
pendant des milliers d’années, la croissance à la fois de la population et du PIB par
habitant s’est accélérée, passant de pratiquement zéro à des taux relativement élevés tels
qu’observés au cours du siècle dernier ;
la variation du taux de croissance du PIB par habitant augmente avec la distance d’une
économie par rapport à ce qu’est la frontière technologique ;
La frontière technologique correspond aux combinaisons d’intrants qui livrent les niveaux les plus élevés de
production atteignables, étant donné les technologies existantes et connues dans le monde.

les différences dans les quantités mesurées d’intrants expliquent moins de la moitié des
écarts substantiels entre les pays dans les PIB par personne (et donc dans la productivité
totale des facteurs) ;
le capital humain par travailleur augmente de façon spectaculaire à travers le monde ;
la quantité croissante du capital humain, par rapport à la main-d’œuvre non qualifiée, n’a
pas été compensée par une baisse continue de son prix relatif, c.-à-d. les salaires relatifs
demeurent plutôt stable à long terme.

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La fonction de production et le problème des firmes
(ou d’une firme représentative)
Introduction au rôle et à la nature d’une fonction de production

Les entreprises produisent des biens et services en combinant divers ingrédients ou intrants
en fonction d’une technologie représentée pour l’ensemble de l’économie par une fonction
de production agrégée

En pratique, chaque secteur et chaque entreprise a une fonction de production spécifique.


La même logique est vraisemblablement applicable à la production de l’ensemble des biens
et services en agrégé.

Exemple : soit une pizzéria avec deux fours à bois et quatre cuisiniers
En gardant constant le nombre de cuisiniers, si le restaurant ajoutait un troisième four à bois, puis un quatrième
four à bois, il est plausible d’imaginer que la quantité produite de pizzas augmenterait avec chaque four à bois
additionnel ⇒ La productivité marginale de cette pièce de capital physique est positive.
Pour un nombre donné de cuisiniers, l’apport additionnel de chaque four est de moins en moins grand ⇒ La
productivité marginale de cette pièce de capital physique est décroissante en capital.
En gardant constant le nombre de fours à bois, sir le restaurant ajoutait un cinquième, puis un sixième cuisinier,
la quantité produite de pizzas augmenterait avec le nombre de cuisiniers ⇒ la productivité marginale du travail
est positive.
Pour un nombre donné de fours à bois, l’apport supplémentaire de chaque nouveau cuisinier est de moins en
moins important ⇒ la productivité marginale du travail est décroissante en travail.
Une hausse de la quantité de travail devrait, ceteris paribus, augmenter la productivité marginale du capital, de
même qu’une augmentation de la quantité de capital physique, ceteris paribus, devrait augmenter la
productivité marginale du travail ⇒ le facteur travail et le facteur capital sont complémentaires, dans ce cas.

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Spécifications et propriétés d’une fonction de production 1

+ + + + γ
Sous une forme plutôt générale, Yt = F (At , Kt , Lt , Ktg ) = At Ktα Lβ g
t Kt
où Yt : la quantité produite de biens et service ;
At : le facteur de productivité totale des facteurs associé au niveau de technologie
et à l’état des conditions économiques de production ;
Lt : le nombre d’heures-personnes travaillées ;
Kt : la quantité réelle de capital physique privé (machinerie, équipement et bâtiments) ;
Ktg : le stock d’infrastructures ou capital physique public.
Les paramètres α, β et γ : les poids associés à chacun des intrants.
Faisant abstraction des infrastructures publiques, la fonction de production agrégée :
+ + +
Yt = F (At , Kt , Lt ) = At Ktα Lβ
t

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Spécifications et propriétés d’une fonction de production 2

+ + +
Yt = F (At , Kt , Lt )

Yt = At Ktα Lβt

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Spécifications et propriétés d’une fonction de production 3

La productivité marginale du
travail,
Représentations en deux dimensions de la fonction de ∆Yt
production et des productivités marginales par rapport au PmTt ≡ ∆Lt
>0
capital, puis par rapport au travail
est semi-positive :
↑ Lt ⇒↑ Yt

décroissante en Lt
(c.-à-d. ∆PmT
∆L
t
≥ 0) :
t
↑ Lt ⇒ ↓ PmTt

La productivité marginale du
capital,
∆Yt
PmKt ≡ ∆Kt
>0

est semi-positive :
↑ Kt ⇒↑ Yt

décroissante en Kt
(c.-à-d. ∆PmK
∆K
t
≥ 0) :
t
↑ Kt ⇒ ↓ PmKt

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Spécifications et propriétés d’une fonction de production 4

La productivité marginale du travail,


est semi-positive :
Représentations en deux dimensions de la
∂F (·)
fonction de production et des productivités PmTt ≡ ∂Lt
≥0
marginales par rapport au capital, puis par
décroissante en Lt
rapport au travail

∂ 2 F (·) ∂ ∂F (·)/∂Lt
=
∂L2t ∂Lt
∂PmTt
= <0
∂Lt
La productivité marginale du capital,
est semi-positive :
∂F (·)
PmKt ≡ ∂Kt
≥0
décroissante en Kt

∂ 2 F (·) ∂ ∂F (·)/∂Kt
=
∂Kt2 ∂Kt
∂PmKt
= <0
∂Kt

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Spécifications et propriétés d’une fonction de production 5

Le capital travail et le capital physique


sont complémentaires,
∆PmTt ∆PmKt
∆Kt
= ∆Lt
>0:

↑ Kt ⇒ ↑ PmTt

et

↑ Lt ⇒ ↑ PmKt

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Spécifications et propriétés d’une fonction de production 6

Représentations en deux dimensions de la


fonction de production et des productivités
marginales par rapport au capital, puis par
rapport au travail
Mathématiquement, en utilisant la
dérivée partielle croisée de la fonction de
production, la complémentarité entre les
facteurs de production s’exprime comme

∂PmKt ∂ 2 F (·) ∂ 2 F (·) ∂PmTt


= = = ≥0
∂Lt ∂Lt ∂Kt ∂Kt ∂Lt ∂Kt

Comment illustrer la propriété de


complémentarité ?

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Spécifications et propriétés d’une fonction de production 7

La rendements d’échelle d’une fonction de production :


Soit la forme générale d’une fonction de production, Yt = F (At , Kt , Lt )
si on multiplie tous les intrants de la fonction de production par un facteur λ, on
veut connaı̂tre quel est l’effet multiple résultant sur la quantité produite, c.-à-d. le
paramètre γ dans la formule

λγ Yt = F (At , λKt , λLt ) .

La fonction de production exhibe :


des rendements croissants à l’échelle si γ > 1 ;
des rendements constants à l’échelle si γ = 1 ;
et des rendements décroissants à l’échelle si γ < 1.

La fonction de production exhibe des rendements constants d’échelle si une hausse


simultanée de Lt et de Kt dans des proportions identiques augmente la production
totale dans la même proportion.

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Spécifications et propriétés d’une fonction de production 8

Soit la fonction de production Cobb-Douglas suivante, avec 0 < α < 1 et


0 < β < 1,
Yt = At Ktα Lβ
t
La productivité marginale du capital et la productivité marginale du travail sont
positives et sont données respectivement par

∂Yt At Ktα Lβ Yt
PmKt = = α At Ktα−1 Lβ
t =α =α > 0
∂Kt Kt Kt
et
∂Yt At Ktα Lβ Yt
PmTt = = β At Ktα Lβ−1
t =β t
=β > 0.
∂Lt Lt Lt

De plus, les productivités marginales du capital et du travail sont respectivement


décroissantes en capital et en travail puisque

∂PmKt ∂PmTt
= α (α − 1) At Ktα−2 Lβ
t < 0 et = β (β − 1) A Ktα Lβ−2
t < 0
∂Kt ∂Lt
Les deux intrants sont complémentaires puisque
∂PmKt Yt ∂PmTt
= α β At Ktα−1 Lβ−1
t = αβ = > 0.
∂Lt Kt Lt ∂Kt

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Spécifications et propriétés d’une fonction de production 9

Pour une fonction de production Cobb-Douglas, Yt = At Ktα Lβ t , si on multiplie


tous les intrants de la fonction de production par un facteur λ, on a :

At (λKt )α · (λLt )β = At (λα ) · Ktα · (λβ ) · Lβ


t =λ
α+β
At Ktα Lβ γ
t = λ Yt

Ainsi, la fonction de production Cobb-Douglas exhibe : des rendements croissants à


l’échelle si γ = α + β > 1 ; des rendements constants à l’échelle si γ = α + β = 1 ;
et des rendements décroissants à l’échelle si γ = α + β < 1.
En première approximation, l’évidence empirique plutôt compatible avec des
rendements d’échelle constant en agrégé ⇒ Yt = At Ktα L1−αt
(Ça ne veut pas dire que ce soit le cas dans tous les secteurs de l’économie.)

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Spécifications et propriétés d’une fonction de production 10

Les productivités moyennes du capital et du travail, définies respectivement comme


PMKt = Yt /Kt et PMTt = Yt /Lt , sont proportionnelles aux productivités
marginales correspondantes du capital et du travail pour une fonction de production
Cobb-Douglas, puisque

PmKt = α PMKt et PmTt = β PMTt .

Une autre propriété mathématique intéressante et utile de la fonction Cobb-Douglas


découle du fait qu’en prenant le logarithme naturel des 2 côtés de l’équation, on
obtient une représentation log-linéaire, soit

ln Yt = ln At + α ln Kt + β ln Lt .

Il est facilement démontrable que les paramètres α et β sont donc directement


interprétables respectivement en tant qu’élasticité-capital et élasticité-travail de la
production.
En effet, ηK = dd ln
ln Yt
K
%∆Yt
= %∆K = α et ηL = dd ln Yt
ln L
= %∆Y
%∆L
t
= β.
t t t t

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Le problème économique des firmes en concurrence parfaite 1

Le problème de la firme représentative en contexte de concurrence avec une


technologie donnée : est de choisir la combinaison de travail et de capital physique
de manière à maximiser ses profits réels de chaque période tout en respectant la
fonction de production.
En concurrence parfaite (en l’absence de pouvoir de marché), chaque firme est
individuellement preneuse :
du prix d’équilibre qu’elle peut charger pour son produit
du salaire réel par unité de travail, wt /Pt
Plus généralement c’est l’ensemble des compensations ou formes de
rémunération (prenant compte des fonds de pension, s’il y a lieu, etc.) pour
les heures de travail
du coût d’usage par unité de capital physique qt /Pt
Le coût d’usage marginal du capital peut être comprris comme le loyer ou la
rémunération que doit payer une entreprise par unité de capital physique aux
ménages propriétaires de ce capital physique qui, moyennant rémunération, lui
vend les services ou lui loue des unités de stock de capital physique.

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Le problème économique des firmes en concurrence parfaite 2

Le problème économique d’une firme représentative peut être représenté comme


wt qt
max Profitst = Yt − Lt − Kt sujet à Yt = F (At , Kt , Lt )
Lt ,Kt Pt Pt
⇔ wt qt
max Profitst = F (At , Kt , Lt ) − Lt − Kt
Lt ,Kt Pt Pt
Les conditions de premier ordre de ce problème sont :

∂Profitst ∂F (At , Kt , Lt ) wt
=0 ⇒ = PmTt = ⇒ la demande de travail des firmes
∂Lt ∂Lt Pt

∂Profitst ∂F (At , Kt , Lt ) qt
=0 ⇒ = PmKt = ⇒ la demande de capital physique des firmes
∂Kt ∂Kt Pt

Les conditions de deuxième ordre : les propriétés postulées quant à la forme de la


fonction de production, avec des productivités marginales positives, mais
décroissantes, assurent que les conditions de second ordre sont vérifiées afin que la
solution des conditions de premier ordre fournisse bien un maximum.

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 24 / 71


Le problème économique des firmes en concurrence parfaite 3

wt
PmTt = PmT (Lt ) =
Pt
Les firmes choisissent la quantité demandée de travail qui est déterminée par le fait
que la productivité marginale de la dernière unité de travail engagée est égale au
coût marginal de cette unité de travail, c.-à-d. le salaire réel : PmTt = W
P
t
.
t
Étant donnée la productivité marginale du travail décroissante, la quantité de travail
demandée varie donc négativement avec le salaire réel, ceteris paribus. D’où la
pente négative de la demande de travail par rapport au salaire réel.
qt
PmKt = PmK (Kt ) =
Pt
Les firmes choisissent la quantité demandée de capital qui est déterminée par le fait
que la productivité marginale de la dernière unité de capital employée est égale au
coût marginal de cette unité de capital, c.-à-d. le coût d’usage du capital :
PmKt = Pqt .
t
Étant donnée la productivité marginale du capital décroissante, la quantité de
capital demandée varie donc négativement avec qt /Pt , ceteris paribus. Le coût
d’usage marginal du capital physique est la rémunération marginale attendue
(rendement marginal attendu) par les propriétaires actionnaires du capital. D’où la
pente négative de la demande de capital par rapport au coût réel d’usage du capital.

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 25 / 71


Le problème économique des firmes en concurrence parfaite 4
Avec une fonction Cobb-Douglas avec rendements constants d’échelle, ( β = 1 − α), dans
une économie avec concurrence parfaite où les facteurs de production sont rémunérés à
leur productivité marginale respective ⇒ le profit économique d’une firme représentative
est wt qt
Profitst = At Ktα L1−αt − Lt − Kt ,
Pt Pt

= At Ktα L1−α
t − PmTt · Lt − PmKt · Kt ,

= Yt − (1 − α) PMTt · Lt − α PMKt · Kt ,
Yt Yt
= Yt − (1 − α) Lt − α Kt = 0 .
Lt Kt
En concurrence parfaite, les profits économiques d’une firme compétitive sont nuls :
le paiement des facteurs de production selon leur productivité marginale épuise la quantité
totale produite.
Si la firme dérogeait à ce choix optimal, en utilisant plus ou moins de travailleurs ou de
capital physique, son profit économique serait alors négatif.
ATTENTION : notion de profit économique 6= notion de profit comptable
Le profit comptable inclue la rémunération payée aux propriétaires du capital physique
sous forme de dividendes ou de gains en capital.
Même si le profit économique = 0, les livres comptables de la firme présenteront un profit
comptable > 0.
Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 26 / 71
L’équation d’accumulation du capital physique 1

L’accumulation du capital physique :


Kt = (1 − δ) Kt−1 + It−1 et Kt+1 = (1 − δ) Kt + It

Quelques définitions :
It : investissement privé brut en t
δ : le taux de dépréciation du capital physique
Kt : le stock de capital physique privé au début de
la période t
(1 − δ) Kt : le stock de capital physique restant à
la fin de la période t
It − δ Kt : investissement net en t
Kt+1 : le stock de capital physique au début de la
période t + 1
∆Kt+1 = Kt+1 − Kt = It − δKt : investissement
réel net en t
K
kt+1 ≡ L t+1 : le stock de capital physique par
t+1
travailleur au début de t + 1

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 27 / 71


L’équation d’accumulation du capital physique 2

L’accumulation du capital physique :


Kt+1 = (1 − δ) Kt + It

Il existe une période de gestation entre l’achat d’une pièce d’équipement et


de matériel et le moment où elle est opérationnelle et productive, qui varie
selon la nature du capital physique (p.ex. 1 période)
IMPORTANT : attention à la chronologie : Le stock de capital physique qui sera en
place et productif en t + 1 dépend des investissements (achat de capital physique) en t.

Stock de Stock de K à la fin de t Investissement


= +
K en t+1 après dépréciation brut en t
L’investissement brut en capital physique en t est une fonction de la
productivité marginale anticipée du capital de la (des) période(s) suivante(s),
c.-à-d. ici en t + 1, soit PmKt+1 .

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 28 / 71


La comptabilisation de la croissance
Déterminants de la croissance économique 1 : comptabilisation

Avec la fonction de production avec rendements constants d’échelle suivante :


Y = A K α L(1−α)
∆Y ∆A ∆K ∆L
⇒ Y
= A
+α· K
+ (1 − α) · L
⇒ gY = gA + α · gK + (1 − α) · gL
Croissance Croissance du Croissance du
Croissance du = du progrès + Part × stock de + Part × # de
PIB réel technologique de K capital de L
travailleurs
La croissance du PIB réel découle de la tendance de croissance de la productivité totale
des facteurs A, découlant du progrès technologique (gA ), du taux de croissance du stock
de capital physique (gK ) et de la croissance du nombre de travailleurs (gL )
Si on suppose que la quantité du facteur travail L est le produit d’un taux d’emploi, ζ, et
de la population totale, POP. Avec, disons ζ constant, le taux de croissance de la
population n déterminant le taux de croissance du nombre de travailleurs et des
rendements constants d’échelle :
⇒ gy = gA + α · gk
avec la production par travailleur : y ≡ Y /L et le stock de capital physique par travailleur
k ≡ K /L
Croissance Croissance du stock
Croissance du PIB réel Part ×
= du progrès + de capital
par travailleur de K
technologique par travailleur

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 30 / 71


Déterminants de la croissance économique 1 : comptabilisation

Avec la fonction de production avec rendements constants d’échelle suivante :


Y = K α (A L)(1−α)
∆Y ∆A ∆K ∆L
⇒ Y
= (1 − α) A
+α· K
+ (1 − α) · L
⇒ gY = (1 − α) gA + α · gK + (1 − α) · gL
Croissance du =
PIB réel
Croissance
Part du progrès Croissance du
× du progrès + Part de × + Part de × Croissance du #
technologique K stock de capital L de travailleurs
technologique
La croissance du PIB réel découle de la tendance de croissance de la productivité totale
des facteurs A, découlant du progrès technologique (gA ), du taux de croissance du stock
de capital physique (gK ) et de la croissance du nombre de travailleurs (gL )
Si on suppose que la quantité du facteur travail L est le produit d’un taux d’emploi, ζ, et
de la population totale, POP. Avec, disons ζ constant, le taux de croissance de la
population n déterminant le taux de croissance du nombre de travailleurs et des
rendements constants d’échelle :
⇒ gy = (1 − α) gA + α · gk
avec la production par travailleur : y ≡ Y /L et le stock de capital physique par travailleur
k ≡ K /L
Croissance du Croissance Croissance
Part du progrès
PIB réel = × du progrès + Part de × du stock de capital
technologique K
par travailleur technologique par travailleur

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 31 / 71


Un modèle de croissance exogène : le modèle de Solow
Déterminants de la croissance économique 1 de 8 : croiss. technologique exogène
gA
3 types d’influence du progrès technologique :
Le progrès est dit neutre au sens de Hicks, si le progrès technologique accroı̂t l’efficacité du travail et du
capital dans la même proportion :

Yt = At F (Kt , Lt ) ⇐ Yt = At Ktα Lt1−α .

Le progrès est dit neutre au sens de Solow, si le progrès technologique accroı̂t l’efficacité du capital
uniquement :

Yt = F (At Kt , Lt ) ⇐ Yt = (At Kt )α Lt1−α .

Le progrès est dit neutre au sens de Harrod, si le progrès technologique accroı̂t l’efficacité du travail
uniquement :

Yt = F (Kt , At Lt ) ⇐ Yt = Ktα (At Lt )1−α .

Pour des valeurs exogènes données des taux de croissance du progrès technologique à long terme (gA ) et du nombre de
travailleurs (gL ), on définit un sentier de croissance équilibré à long terme, appelé aussi sentier de croissance d’état
stationnaire, par la relation gy = gk = g , conformément à l’observation que le ratio Yt /Kt a été relativement
t t
stable sur une longue période.
L’existence d’un sentier de croissance équilibrée compatible avec les faits stylisés de Kaldor exige uniquement que
l’apport des changements technologiques dans la fonction de production soit neutre au sens de Harrod à long terme.
(C’est un condition suffisante si c’est le cas à chaque période et à court terme).

Intuition du modèle de croissance de base (Solow) :


L’intuition de base d’un modèle de croissance obtenue en considérant une économie fermée, sans gouvernement
est assez facilement transposable dans un modèle plus général.
Pour comprendre la croissance économique à court et à long terme, il faut donc expliquer la croissance du
progrès technologique (gA ) et la croissance du stock de capital par travailleur (gk ) à court et à long terme !
Long terme ⇔ ss ≡ steady-state ≡ état-stationnaire
Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 33 / 71
Déterminants de la croissance économique 2 de 8 : croiss. techn. exogène (suite)

Soit Yt = Ktα (At Lt )1−α

K
À partir d’un niveau initial existant de stock de capital per capita k0 = L 0 , “trop faible”, pour un taux d’épargne s
0
donné, un taux de dépréciation δ donné, et un taux de croissance de la population n donné, tant que le niveau de
capital par travailleur n’a pas atteint le sentier de croissance équilibrée de long terme, l’économie croı̂t plus rapidement à
court terme sera plus élevé qu’à long terme, parce que l’épargne générée sert à augmenter plus rapidement le stock de
capital par travailleur.
Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 34 / 71
Déterminants de la croissance économique 3 de 8 : croiss. technologique exogène
Soit Yt = Ktα (At Lt )1−α
À long-terme, puisque
Y ss Y ss /Lss ss
K ss
= K ss /Lss = ky ss est constant,
alors gyss = gkss
⇒ gyss = (1 − α) gA + α · gkss
⇔ gyss = (1 − α) gA + α · gyss
⇔ gyss = gkss = gA
À long terme, le modèle prédit que le
taux de croissance du PIB réel par
travailleur dépend fondamentalement du
taux de croissance de la technologie, via
gyss = gA .
À long terme, le taux de croissance du
ss
PIB réel est donnée par ∆Y
Y ss
= gA + n.

Pour représenter le modèle de Solow avec progrès technologique, on peut normaliser les variables
y , k en les divisant par A pour les exprimer en unités d’efficience. Ainsi, en posant
y̆ = Ay = AYL et k̆ = Ak = AKL , la fonction de production par unité effective de travail A L est
donnée par
y̆ = k̆ α .

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 35 / 71


Déterminants de la croissance économique 4 de 8 : croiss. technologique exogène
gA

À court et moyen terme, en plus de la contribution de gA via le progrès technologique, une autre source de croissance
tendancielle de l’économie provient de la contribution du taux de croissance du stock de capital par travailleur, gk .
Or, d’après l’équation décrivant l’accumulation du capital, la variation dans le stock de capital entre deux périodes est
donnée par l’investissement agrégé net de la dépréciation,

∆K = I − δK .
∆K I
K = K −δ
Par ailleurs, en économie fermée, sans gouvernement, l’équilibre dans le marché des biens et services entre la quantité
demandée et la quantité offerte, c.-à-d. Y d = Y s = Y , implique que

Y = C + I.
De plus, toute la production (Y ) est soit consommée (C ), soit épargnée (S), ainsi si on suppose que l’épargne totale des
ménages dans l’économie est une fraction constante s de la production, on a que

Y = C +S = C +s ·Y.
Ainsi, à l’équilibre, l’investissement réel doit être égal à l’épargne réelle I = s · Y et
∆K Y
gK = K =s · K −δ
∆k ∆K Y
gk = k = K −n = s· K −δ−n
Le taux de croissance du stock de capital physique réel par travailleur est déterminé par l’investissement net par
travailleur qui résulte de l’excédent de l’épargne par unité de capital par rapport la fraction du capital déprécié par
travailleur à remplacer et du capital à ajouter pour accommoder l’accroissement du nombre de travailleurs.

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 36 / 71


Déterminants de la croissance économique 5 de 8 : croiss. techn. exogène (suite)

Représentation graphique des déterminants de la croissance Représentation graphique des déterminants de la croissance
dans le modèle de Solow (avec Yt = Ktα (At Lt )1−α , sans dans le modèle de Solow (avec Yt = Ktα (At Lt )1−α et
progrès technologique, gA = 0) progrès technologique, gA > 0)

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 37 / 71


Déterminants de la croissance économique 6 de 8 : croiss. techn. exogène (suite)

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 38 / 71


Déterminants de la croissance économique 7 de 8 : croiss. techn. exogène (suite)

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 39 / 71


Déterminants de la croissance économique 8 de 8 : croiss. techn. exogène

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 40 / 71


Convergence ou non convergence ? 1 de 2

Représentation graphique de la convergence absolue Représentation graphique de la convergence conditionnelle

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 41 / 71


Convergence ou non convergence ? 2 de 2

L’expérience de croissance du tigre irlandais : un exemple de convergence conditionnelle

Source : Crafts, N. et O’Rourke, K.H. (2014). Voir aussi Bolt, J. et J.L. Van Zanden (2013) The First Update of the Maddison
Project : Re-estimating Growth Before 1820, Maddison Project Working Paper.

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 42 / 71


Déterminants de la croissance économique 10 : croiss. techn. exogène (suite)

Croissance du PIB réel (Y ) et du PIB réel par travailleur (Y /L) :


Court et moyen termes : gY = (1 − α) gA + α · gK + (1 − α) · gL et gy = (1 − α)gA + α · gk
Long terme : gYss = gK
ss
= gA + gLss et gyss = gkss = gA

Croissance du stock de capital (K ) et du stock de capital par travailleur (K /L) :


Court, moyen et long termes : gK = s · Y
K
− δ et gk = gK − n = s · ky − δ − n
ss ss
ss
Long terme : gK =s· Y
K ss
− δ et gkss = gK
ss
− n = s · ky ss − δ − n

À court et à moyen termes :


y
Si le taux d’épargne augmente (↑ s) ou si la valeur de la productivité moyenne du capital augmente (↑ K )
⇒↑ gk et ↑ gK ⇒↑ gy et ↑ gY .
En particulier, puisque les valeurs de Pmk et de PMk sont décroissantes en k ⇒ une valeur plus faible de k0
y
signifie que la valeur de y0 /k0 est plus grande et que s k0 est plus élevée ceteris paribus ⇒↑ gk et ↑ gK
0
⇒↑ gy et ↑ gY .
y y
Aussi, ceteris paribus, une valeur plus élevée de A ⇒↑ k0 ⇒↑ s k0 ⇒↑ gk et ↑ gK ⇒↑ gy et ↑ gY
0 0
Enfin, ceteris paribus, des valeurs plus faibles de δ ou de n ⇒↑ gk et ↑ gK ⇒↑ gy et ↑ gY

À long terme
Une hausse du taux de croissance du progrès technologique (↑ gA ) ⇒↑ gkss et ↑ gK
ss
⇒↑ gyss et ↑ gYss .

K0 : stock de capital physique initial ; L0 : # travailleurs initial ; k0 = K0 /L0 : stock de capital par travailleur initial ;
s : taux d’épargne ; A : niveau de la technologie ; δ : taux de dépréciation ; n : taux de croissance du # de travailleurs ;
gA : taux de croissance du progrès technologique

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 43 / 71


Déterminants de la croissance économique 11 : croiss. techn. exogène (suite)

Avec un niveau de la technologie A ↑ ou un stock de capital par travailleur k ↑, alors le


niveau du PIB réel per capita est plus élevé.
Étant donné PmK décroissant, avec un stock initial de capital par travailleur k0 en deçà
de sa valeur correspondante sur le sentier de long terme, ∆y y
plus élevé à court terme qu’à
long terme.
Étant donné PmK décroissant, une économie plus pauvre (avec k0 plus faible) affichera
ceteris paribus un taux de croissance à court et à moyen terme plus élevé qu’une
économie plus riche.
Une économie avec un taux d’épargne (s) plus élevé connaı̂tra ceteris paribus un taux de
croissance plus élevé à court et à moyen terme qu’une économie avec un taux d’épargne
plus faible.
Croissance Croissance
Conditions du PIB Croissance du PIB réel Croissance
économiques par travailleur du PIB réel par travailleur du PIB réel
à court terme à court terme à long terme à long terme

↑ K0 ou ↓ L0 ⇒ k0 ↑ ↓ ↓ nil nil
s↑ ↑ ↑ nil nil
A↑ ↑ ↑ nil nil
δ↑ ↓ ↓ nil nil
n↑ ↓ ? nil ↑
gA ↑ ↑ ↑ ↑ ↑

K0 : stock de capital physique initial ; L0 : # travailleurs initial ; k0 : stock de capital par travailleur initial ;
s : taux d’épargne ; A : niveau de la technologie ; δ : taux de dépréciation ; n : taux de croissance du # de travailleurs ;
gA : taux de croissance du progrès technologique

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 44 / 71


Déterminants de la croissance économique du progrès technologique gA (1 de 6)

Déterminants du taux de croissance du progrès technologique


l’accumulation du stock de connaissances, fruit d’investissements en innovation
(notamment en éducation, en R&D, en adoption et en adaptation de nouvelles
technologies)
des droits de propriété et de propriété intellectuels bien définis et bien protégés
des conditions favorables de santé
un environnement à la fois propice au développement et à la diffusion des nouvelles
idées
À noter une “tension créatrice” entre ces deux aspects qui exige le développement
des institutions appropriées
rôle des idées et du capital humain : dans un environnement d’innovation ouverte,
de nouvelles idées peuvent générer d’autres nouvelles idées, ce qui s’apparenterait à
des rendements croissants à l’échelle : croissance endogène
Croissance extensive : ajouter plus et/ou mieux en termes de travail, de capital et de
ressources naturelles (p. ex. hausse de la participation des femmes au marché du travail et
de la scolarité)
Croissance intensive : découvertes de meilleures façons d’utiliser les ressources et les
travailleurs (par des avancées technologiques, dans un meilleur environnement législatif et
réglementaire, etc.)

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 45 / 71


Vers des modèles de croissance endogène
Déterminants de la croissance économique du progrès technologique gA (2 de 6)

Sur un plus long horizon, l’économie croı̂t avec la croissance du stock de capital physique
(machinerie et équipements privés et infrastructures publiques), la croissance de la
population et le progrès technologique (stock des connaissances) en suivant un
mouvement tendanciel.
À la base de la croissance économique et du développement durable, l’élément le plus
important demeure sans doute le capital humain. Cette richesse n’est l’apanage exclusif
d’aucun pays et est accessible à tous. C’est dans un tel contexte que qu’au lieu d’être
subie comme une menace, la mondialisation est alors source de possibilités où un plus
grand nombre participe et partage les fruits de la croissance.
Allégories de Paul Romer, professeur à NYU, un des fondateurs de la nouvelle théorie de
la croissance endogène et prix Nobel 2018. Lorsqu’on parle des sources de production
économique et donc de croissance économique, il fait référence au  hardware ,
autrement connu comme le capital physique, la machinerie et l’équipement, le
software, le facteur travail plus connu traditionnellement et le  wetware , soit la

matière grise. Les théories traditionnelles de la croissance avaient bien reconnu la


contribution des deux premiers facteurs, mais elles avaient négligé le 3ème facteur qui peut
être la source de rendements d’échelle croissants, à la base de la création de la richesse.

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 47 / 71


Déterminants de la croissance économique du progrès technologique gA (3 de 6)

Parabole de Romer sur la croissance économique et la cuisine :


– Si la croissance économique ne pouvait résulter qu’en répétant plus ou moins toujours le
même type de recette, éventuellement, toutes les matières premières seraient épuisées et
nous souffririons de niveaux inacceptables de pollution et d’inconvénients. En fait,
l’histoire de l’humanité nous enseigne que la croissance économique découle davantage de
meilleures recettes pas juste de cuisiner plus. De nouvelles recettes occasionnent
généralement moins d’effets négatifs et génèrent plus de valeur ajoutée par unité de
matière première.
– Les grandes classes d’ingrédients sont : le capital humain, le capital physique privé, les
infrastructures publiques et la technologie, fruit de l’innovation. Il faut donc s’assurer
d’avoir accès aux meilleurs ingrédients et de les combiner optimalement dans un
environnement économique (la cuisine des plus modernes et de première classe) qui
permet d’en tirer la plus grande valeur.
Ainsi, à travers un processus de création, la connaissance est augmentée en ajoutant de la
valeur à ce qui est déjà connu. Les idées les plus importantes sont celles qui permettent de
stimuler davantage comment développer et transmettre d’autres idées nouvelles.

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 48 / 71


Les modèles schumpétériens de croissance endogène
Introduction

Schumpeter (1942) Capitalisme, socialisme et démocratie :


La croissance économique peut résulter d’entreprises innovantes qui entrent
en jeu sur le marché en déplaçant et en rendant obsolète les produits
d’entreprises en place, mais associées à des technologies plus vieilles
⇔ concept de ‘destruction créatrice’
En raison d’un avantage conféré par leur innovation, naissance de nouvelles
entreprises
qui exercent, pour un temps, un pouvoir de marché
qui collectent une rente de type monopolistique (dont une part peut
être investie en recherche d’innovations)
⇒ Repris, modélisé (avec de nombreuses extensions) par Philippe Aghion et
Peter Howitt et de nombreux chercheurs inspirés par leurs travaux

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 50 / 71


Dépenses comparatives en R&D pour quelques pays

Les dépenses intérieures brutes de R&D désignent la dépense totale (courante et en capital) afférente aux travaux de R&D
exécutés par l’ensemble des entreprises, instituts de recherche, laboratoires universitaires et publics, etc., résidents d’un pays.
Cette dépense intègre la R&D financée à l’aide de fonds provenant de l’étranger, mais exclut le financement d’activités de R&D
exécutées à l’étranger. Cet indicateur est mesuré en prix constants en USD en utilisant 2010 comme année de référence et les
parités de pouvoir d’achat (PPA) et en pourcentage du PIB.
Source : OCDE (2021), Principaux indicateurs de la science et de la technologie, Dépenses intérieures brutes de R&D
(indicateur). doi : 10.1787/49ef953e-fr (Consulté le 24 janvier 2021)

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 51 / 71


Observations sur la croissance économique, la concurrence,
la dynamique des entreprises et les institutions (1 de 2)

Rappel : La frontière technologique correspond aux combinaisons d’intrants qui


livrent les niveaux les plus élevés de production atteignables, étant donné les
technologies existantes et connues dans le monde.
L’étendue de la concurrence et la croissance économique affichent une corrélation positive ;
Pour les entreprises opérant près de la frontière technologique, la concurrence et l’entrée
de nouvelles firmes encouragent l’innovation et la croissance de la productivité chez les
firmes existantes et déjà établies, de même que les entreprises qui concurrencent coude à
coude avec rivales ;
Les entreprises faisant initialement face à un faible niveau de compétition sont fortement
incitées à innover et à croı̂tre lorsque la concurrence devient plus intense, mais cet effet
est plus faible, voire négatif, si les entreprises opéraient déjà dans un environnement
fortement concurrentiel ;
Les taux de roulement associés à la création et à la disparition des entreprises et des
emplois sont souvent plus élevés dans un contexte d’accélération de la croissance due à
l’innovation ;
La distribution des entreprises selon leur taille est asymétrique où les petites entreprises
représentent une très grande proportion ;

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 52 / 71


Observations sur la croissance économique, la concurrence,
la dynamique des entreprises et les institutions (2 de 2)

La taille et l’âge des entreprises sont corrélés ;


Le taux de sortie des petites entreprises a tendance à être plus élevé que celui des grandes
entreprises, mais les petites entreprises qui survivent ont généralement un taux de
croissance plus grand que la moyenne ;
Les entreprises déjà en place sont responsables d’une forte proportion de la R&D aux
États-Unis ;
La réallocation des intrants entre les entreprises en place et les nouvelles entreprises sur le
marché contribue significativement à la croissance ;
Pour les pays et les secteurs plus près de la frontière technologique, une plus grande
ouverture au commerce extérieur, la diplomation aux niveaux d’études supérieures et un
régime démocratique contribuent particulièrement à la croissance ;
Pour les pays situés plus loin de la frontière technologique, l’éducation primaire, secondaire
et au premier cycle universitaire ont davantage de retombées en termes de croissance.

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 53 / 71


Un modèle schumpétérien sans concurrents avec innovation drastique (1 de 9)

Présentation heuristique et intuition des composantes essentielles et des implications


logiques de modèles schumpétériens (modèle simplifié)
Les ménages :
vivent une période ;
consomment du bien final ;
offrent une quantité d’heures-personnes travaillées Lt = L, supposée exogène
pour simplifier.
La production de bien final
dans un environnement de concurrence parfaite
en utilisant une fonction de production exhibant des rendements constants
d’échelle
Yt = (At Lt )1−α Xtα (?)
où 0 < α ≤ 1 ;
Lt : la quantité de travail utilisée comme intrant ;
Xt : la quantité de biens intermédiaires utilisée comme intrant ;
Hypothèse clé :
la productivité du bien intermédiaire détermine la valeur de At

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 54 / 71


Un modèle schumpétérien sans concurrents avec innovation drastique (2 de 9)

La comptabilité de la croissance dans ce modèle :


l’équation (?) Yt = (At Lt )1−α Xtα ⇒
gY = (1 − α) gA + (1 − α) gL + α gX
⇔ gy = gY − gL
⇒ gy = gA + α (gX − gL − gA )
⇔ gy = gA + α (gx − gA )
À long terme ou état stationnaire, ici gx = gA :
⇔ gy = gA = gx
Ainsi, le taux de croissance de la production par travailleur yt est égal au taux de
croissance de At , c.-à-d. gy = gA pour L donné.
La production du bien intermédiaire (intrant dans la production de bien final)
dans un environnement où l’entreprises productrice de bien final est en situation de
“monopole” : elle détient un pouvoir de marché
la quantité de bien intermédiaire produite est égale à la quantité de bien final
employée à cette fin.
Le PIB réel dans cette économie = valeur ajoutée = Yt − Xt , car pour chaque
unité de bien intermédiaire produit, le monopole dans ce secteur doit utiliser une
unité de bien final comme intrant. Autrement dit, la fonction de production du
bien intermédiaire est donnée par Xt = Xt .
Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 55 / 71
Un modèle schumpétérien sans concurrents avec innovation drastique (3 de 9)
Dans une première version du modèle schumpétérien de base, nous considérons le cas d’un
producteur de bien intermédiaire en situation de monopole
dans un environnement où peut survenir une innovation drastique ;
⇔ qui peut vendre sa production à tout prix qui maximise son profit, aux
producteurs du secteur final sans risque de voir poindre un concurrent
L’activité de recherche et ses résultats sont connus et implémentés, s’il y a lieu, à
l’intérieur de la même période.
Dans un modèle plus général et réaliste, on supposerait une période de gestation entre l’investissement en R&D
et les résultats.

Partie #1 du problème de la firme intermédiaire en situation de monopole exerçant son


pouvoir de marché :
max Πt ≡ pXt Xt − Xt
Xt
sujet à la demande du bien Xt provenant des firmes productrices de bien final, qui
dépendra du prix relatif du bien intermédiaire par rapport au bien final, qui génère un
mark-up de monopole tel que pX > CmX :
c.-à-d. pour que le prix fixé par le monopole soit égal à la productivité marginale du
produit intermédiaire dans le secteur final, qui exprime la demande du bien
intermédiaire par le secteur final :
pXt = PmXt = ∂Yt
∂Xt
= α (At L)1−α Xtα−1
En effet, rappelons que puisque les firmes du secteur final sont en concurrence
parfaite, la quantité demandée d’un intrant est donnée par la productivité marginale
de cet intrant.
Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 56 / 71
Un modèle schumpétérien sans concurrents avec innovation drastique (4 de 9)

max Πt ≡ pXt Xt − Xt
Xt

sujet à la demande du bien Xt



max Πt ≡ α (At L)1−α Xtα−1 Xt − Xt = α (At L)1−α Xtα − Xt
Xt
2
1−α
⇒ ∂Πt
∂Xt
= α2 (At L)1−α Xtα−1 − 1 = 0 ⇒ Xt = α At L

h 2 iα 2 h 2α i 2
1−α 1−α 1−α 1−α
Πt = α (At L)1−α α At L − α At L = α α At L − α At L
h 1−α+2α 2 i h 1+α 2 i h 1+α 1+α+1−α i
1−α 1−α 1−α 1−α 1−α 1−α
= α −α At L = α −α At L = α −α At L
1−α

h 1+α 1+α i 1+α  
1−α 1−α 1−α 1−α
= α −α α At L = α 1 − α At L


1+α  
1−α
⇒ Πt = π A t L où π≡α 1−α .

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 57 / 71


Un modèle schumpétérien sans concurrents avec innovation drastique (5 de 9)

En résolvant explicitement la partie #1 du problème de la firme intermédiaire, on


trouve que :
La quantité produite de bien intermédiaire est proportionnelle à la quantité d’unités
effectives de travail Xt = α(2/1−α) At L ;
La rente du monopole à l’équilibre est proportionnelle à la quantité d’unités
effectives de travail At L : Πt = π At L ;
En agrégé, la production finale Yt est aussi ultimement proportionnelle à la quantité
d’unités effectives de travail : Yt = (At Lt )1−α Xtα = α(2α/1−α) At L ;
Le PIB réel est aussi proportionnel à la quantité d’unités effectives de travail :
PIBt = Yt − Xt = α(2α/1−α) (1 − α2 ) At L

Partie #2 du problème de la firme intermédiaire : quelle quantité Rt investir en


R&D ? :
Objectif : Produire une innovation pour créer une version améliorée du bien
intermédiaire (ou, de alternativement qui peut être fabriquée avec un coût marginal
réduit) en consacrant des ressources à la R&D
Enjeu : Ex ante, les résultats de la recherche revêtent un caractère incertain.

Note : Dans cette variante du modèle :


PIBt = Ct + Rt = Consommation en t + Investissement en R&D en t
Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 58 / 71
Un modèle schumpétérien sans concurrents avec innovation drastique (6 de 9)
Soit At−1 : le niveau de productivité du secteur
intermédiaire prévalant en t − 1.
Soit At : le niveau de productivité du secteur
intermédiaire prévalant en t :
Ex ante : probabilité µN d’innover et d’atteindre
un niveau de productivité At = γ At−1 .
L’ampleur de l’avancée technologique ≡ (γ − 1).
Ex ante : probabilité 1 − µN de ne pas innover et
de rester au niveau de productivité At−1 .

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 59 / 71


Un modèle schumpétérien sans concurrents avec innovation drastique (7 de 9)

Soit la probabilité de faire une découverte novatrice exprimée comme une fonction
de production de l’innovation :

+ - - +
µNt = µN Rt , At−1 , γ , λ .
où
Rt représente les dépenses consenties à la recherche, mesurée en quantité du bien
final qui lui est consacré, avec ∂µMt /∂Rt > 0 ceteris paribus ;
At−1 est le niveau préalable de productivité du bien intermédiaire hérité de l’état de
la technologie, avec ∂µMt /∂At−1 < 0, car il est vraisemblablement plus complexe et
difficile d’améliorer une technologie initialement plus productive ceteris paribus ;
γ est associé à l’ampleur espérée de l’avancée technologique, avec ∂µMt /∂γ < 0,
car il est plus difficile d’obtenir des avancées plus importante ceteris paribus ;
λ est un paramètre autre, avec ∂µMt /∂λ > 0, pouvant représenter l’effet positif
d’un autre facteur exogène sur la probabilité d’innover, ceteris paribus.
De manière équivalente, +

Rt + 
+ +

µNt = µN , λ = µN ıt , λ .
γ At−1
où
Rt
ıt ≡ γ At−1
représente l’intensité de l’effort de recherche,
avec ∂µNt /∂ıt > 0 et ∂ 2 µNt /∂ı2t < 0 ceteris paribus.
Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 60 / 71
Un modèle schumpétérien sans concurrents avec innovation drastique (8 de 9)

Problème de l’entrepreneur-innovateur :
Choisir la quantité de ressources à consacrer à la recherche, Rt (et donc l’intensité en
recherche ıt ), qui maximise le profit escompté d’une recherche fructueuse (µNt · Π) nette
du coût en ressources à consacrer à la recherche.  
Rt
max Rente escomptée nettet = µN , λ · Πt − Rt .
Rt γ At−1
sujet à Πt = π · At · L, h i
⇔ max Rente escomptée nettet = µN ıt , λ · π · At · L − Rt .
Rt

⇒ ∂ Rente escomptée nettet ∂µNt ∂ıt ∂Rt


=0 ⇒ · · π · At · L − =0,
∂Rt ∂ıt ∂Rt ∂Rt

∂µNt 1 ∂µNt
· · π · At · L − 1 = 0 ⇔ ·π·L=1 ,
∂ıt γ At−1 ∂ıt

Effet marginal sur la


Valeur marginale
Rentabilité probabilité de faire une Coût
d’une innovation
marginale de ≡ dévouverte avec 1 unité de ×
obtenue
= 1 ≡ marginal de
la recherche ressource en recherche la recherche
(π · L)
(∂µNt /∂ıt )

À l’optimum, le bénéfice marginal net attendu d’une unité de production finale consacrée
à la recherche doit être égal à son coût marginal, d’où l’arbitrage qui sous-tend les efforts
consacrés à la recherche.
Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 61 / 71
Un modèle schumpétérien sans concurrents avec innovation drastique (9 de 9)

Ainsi, ceteris paribus, puisque ∂ 2 µNt /∂ı2t < 0,



↑π 
 
↑L



∂µNt (ı∗t ) ∂µNt (ı∗∗

 t )

↑λ ⇔ · π · L > 1 ⇔ Incitatif à ↑ Rt pour que ·π·L=1
) ∂ıt ∂ıt
↓γ 




↓ At

Implications d’un modèle schumpétérien pour la croissance économique : le caractère


aléatoire de la croissance endogène :
gy = E [ga ]
hA − A i
t t−1
=E
At−1
t−1 − At−1 t−1 − At−1 t−1 − At−1
hγ A i hA i hγ A i
= µN · + (1 − µN ) · = µN ·
At−1 At−1 At−1
= µN · (γ − 1)
Fréquence
Ampleur de l’innovation
= d’innovation ×
(γ − 1)
(µN ) 
+ + +
Le caractère endogène de la croissance :E [gAt ] = gA ıt , γ , λ

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 62 / 71


Un modèle schumpétérien
avec présence de concurrents avec produit innovants d’imitation

Introduction de concurrents avec produits innovants d’imitation


Une firme intermédiaire novatrice est maintenant menacée de voir apparaı̂tre
un concurrent avec un produit d’imitation
Le coût de lancer une entreprise concurrente est fixe et est donné par ζ.
⇒ Plus ζ est élevé, moins grand est le risque pour la firme
intermédiaire d’être concurrencée ⇔ plus grand est le pouvoir de
marché de la firme intermédiaire en place
⇒ Plus ζ est faible ⇔ moins grand est le pouvoir de marché de la
firme intermédiaire en place
+
∂µNt
Ainsi, Πt = πt γ At−1 L = π(ζ) γ At−1 L ⇒ ∂ı
· π(ζ) · L = 1
∂µNt (ı∗
t )
⇔↑ ζ ⇒ ∂ıt
· π · L > 1 ⇔ Incitatif à ↑ Rt pour que
∂µNt (ı∗
t ) ∂µNt (ı∗∗
t )
↑ µN ⇒↓ ∂ıt
·π·L jusqu’à ce que ∂ıt
·π·L=1

Ainsi, nous avons démontré que ↑ R ⇔↑ µN ⇔ E [gA ].


Notez que l’analyse et ses conclusions sont robustes à l’existence de plusieurs
secteurs distincts de biens intermédiaires.
Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 63 / 71
Innovations de pointe versus innovations d’implémentation

Prise en considération de la diffusion de la technologie


∴ 2 canaux de transmission d’une innovation verticale
‘innovation de pointe’ :
une avancée technologique d’ordre γ − 1, à une fréquence µN ⇔ associée au
déplacement de la frontière technologique
‘innovation d’implantation’
adoption et adaptation de technologie innovantes existantes, à une fréquence
µM ⇔ associée au rapprochement de la frontière technologique
Soit At : le niveau de productivité à la frontière technologique déterminé par le
stock de savoir mondial connu dans tous les secteurs ;
Soit at : la distance moyenne du secteur des biens intermédiaires par rapport à la
frontière technologique : (at−1 − 1 = AAtt − 1).
Raisonnablement, plus la distance at est grande, plus importante la contribution de
l’innovation d’implantation au taux de croissance.
⇒ une forme généralisée de l’équation de la croissance :
gy = µn · (γ − 1) + µm · (at−1 − 1) .

On pourrait dériver de façon endogène les valeurs de µN et µM .


Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 64 / 71
Innovations par bonds versus innovations par étapes incrémentielles (1 de 3)

Toutes les firmes doivent choisir leur intensité respective en R&D pour maximiser
leurs profits
Innovations par bonds
des entrepreneurs-innovateurs remplacent des firmes existantes et surpassent la
technologie existante
Innovations par étapes incrémentielles
des entreprises qui accusent un retard sur les leaders technologique doivent
intensifier leurs efforts pour rejoindre les leaders
⇒ 2 effets :
Effet schumpétérien
Une concurrence accrue réduit la rente monopolistique escomptée qui est
tirée d’une innovation par une firme ⇒ ex ante, ceci décourage l’innovation
Effet de préemption de la concurrence
Pour se démarquer et devenir, sinon demeurer, ex post, en situation de
pouvoir de marché ⇒ une incitation à innover

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 65 / 71


Innovations par bonds versus innovations par étapes incrémentielles (2 de 3)

La force relative de ces deux effets peut varier dans différentes situations.
Pour des entreprises opérant au coude à coude et qui ont accès à des technologies
similaires, l’effet de préemption de la concurrence est le seul en cause alors qu’une
hausse de la concurrence crée une incitation plus forte à innover pour se
démarquer et prendre les devants sur ses rivales dans son secteur d’activités.
Pour des entreprises en positions inégales face à l’état de la technologie, les deux
effets s’exercent, mais c’est plutôt l’effet schumpétérien qui domine.
Les firmes en avance retirent déjà une rente qui sera réduite par la concurrence,
alors que la firme en retard doit d’abord combler son déficit technologique (à la
condition qu’elle réussisse à innover).
–Si la taille de l’incrément n’est pas très grande, une fois le retard comblé, la
concurrence accrue chez les firmes maintenant au coude à coude réduit le profit. Ces
firmes sont en effet contraintes d’afficher un prix inférieur à celui d’un monopole.
–Si l’amélioration incrémentielle de qualité est trop petite et que le retard de la
firme est grand, l’augmentation de la concurrence ne fournit pas suffisamment
d’incitation à innover pour rejoindre le leader.

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 66 / 71


Innovations par bonds versus innovations par étapes incrémentielles (3 de 3)
L’impact de la concurrence sur la croissance agrégée dépend notamment de la proportion
de l’économie où les entreprises sont au coude à coude par rapport à la proportion où elles
sont inégalement pourvues du point de vue technologique.
Soit un secteur avec un degré de concurrence initialement faible, une ↑ de la
concurrence → ↑ taux de croissance en moyenne.
Menacées, les entreprises au coude à coude veulent se démarquer.
Parmi les entreprises technologiquement inégales, les retardataires vont
chercher à rejoindre les leaders, si l’ampleur de l’amélioration technologique
est suffisante pour leur attribuer une rente intéressante.
Soit un secteur avec un degré de concurrence initialement très élevé, une ↑ de la
concurrence → le taux d’innovation sera plus faible en moyenne → ↓ taux de
croissance en moyenne.
Les entreprises au coude à coude tentent déjà de se surpasser en recherchant
des innovations, mais parmi les entreprises technologiquement inégales, la
concurrence plus vive renforce l’effet schumpétérien

Les implications du modèle avec innovations de pointe


par étapes incrémentielles concordent avec les éléments
d’évidence empirique à savoir que la croissance de la
productivité suit une courbe en U inversée par rapport à
l’intensité de la concurrence.

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 67 / 71


Quelques remarques additionnelles sur la croissance
Autres observations sur la croissance du progrès technologique gA (1 de 3)

Chercher ne garantit ni de trouver, ni de le faire rapidement même si on innove.


La probabilité d’innover dépend de l’intensité de l’investissement en R&D et du bond à
faire. Certaines innovations sont plus perturbatrices que d’autres.
L’investissement en R&D dépend de la valeur actualisée des profits escomptés suite à une
innovation incertaine
Ne pas oublier le rôle des institutions : droit de propriété, stabilité politique et de
l’environnement économique, etc.
La valeur de gA est directement tributaire de la probabilité d’innover, ainsi que de la
propension à implémenter (adopter et adapter) des technologies découlant d’innovations
découvertes par d’autres (dans le domaine public ou dans le respect de la propriété
intellectuelle, s’il y a lieu)

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 69 / 71


Autres observations sur la croissance du progrès technologique gA (2 de 3)

Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 70 / 71


Autres observations sur la croissance du progrès technologique gA (3 de 3)

6e ou 7e vague :
Internet des objets
Intelligence artificielle
Impression 3D
Médecine personnalisée
Les nanotechnologies
...
Alain Paquet, Ph.D. (ESG-UQAM) ECO3023 Macro III 25 janvier 2021 71 / 71

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