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«UNIGOM»
BP : 204/GOMA
DECEMBRE 2023
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DEDICACE
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier toutes les autorités de l’Université de Goma en général et en particulier celles du
domaine des Sciences Economiques et de Gestion pour avoir mis à notre disposition les enseignements
indispensables à notre formation scientifique.
Mes vifs remerciements s’adressent à mon encadreur le chef des travaux AXEL BARENGEKE, qui
m’a accompagné pour la réalisation de ce présent travail en dépit de leurs multiples charges.
Pour finir, je remercie mes camarades et compagnons de lutte avec qui, solidairement, avons
traversé des moments de peine et de joie spécialement : MUTUMAYI GENTIL Josué, MUSEME
Jean, MATHE Crispin pour leur encouragement et assistance.
Que tous ceux qui, de près ou de loin ont contribué à la mise au point de ce travail et qui n’ont
pas été cités trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude.
RESUME
L’objet de cette présente étude est de vérifier le comportement de la pauvreté en présence de l’aide
publique au développement. En effet, ce travail veut montrer une possibilité de réduire la pauvreté à
partir d’un financement extérieur comme l’aide au développement en RDC. Soulignons de ce fait que
les données chronologiques allant de 1995 à 2021 ont été recueillies dans la base des données de la
banque mondiale ainsi que dans différents rapports annuels de la Banque Centrale du Congo, traitées
économétriquement par la méthode des moindres carrés ordinaires. Le résultat principal à retenir de
l’étude est que pendant la période prise en compte, la variable taux de croissance annuel de l’Aide
Publique au Développement par habitant a eu un effet moins significatif et négatif sur le taux de
croissance annuel de l’Indice de Développement Humain. Enfin, cette étude exhorterait les autorités
compétentes à faire une élaboration et un suivi de la mise en œuvre des projets jugés prioritaires pour
la société dans le souci d’assurer du bien-être de la population (sa santé, son éducation et élever son
niveau de revenu).
ABBREVIATIONS ET ACRONYMES
FC : Franc Congolais
0. INTRODUCTION
La République Démocratique du Congo figure parmi les plus grands pays bénéficiaires de l'Aide
Publique au Développement (APD) et est comptée simultanément parmi les pays les plus pauvres du
globe. Cela soulève de sérieuses questions sur l'efficacité de l'APD à promouvoir la croissance
économique et à rompre le cycle de la pauvreté dans le pays.
Après plus de 60 années d'aide au développement internationale, son efficacité à améliorer des
conditions économiques et sociales dans la réduction de la pauvreté est encore vague. En République
Démocratique du Congo, en dépit de la croissance observée vers les années soixante notamment la
croissance économique et celle en APD, la pauvreté demeure un aspect figurant parmi les causes
menaçant la stabilité socioéconomique du pays depuis de lustres.(Banque mondiale, 2016)
Le Ministère du Plan dans son rapport national : « Contextualisation et Priorisation des Objectifs de
Développement Durable (ODD) en République Démocratique du Congo » produit en 2016 montre
différentes fluctuations d’incidence de pauvreté qu’a connues la RDC au fil du temps. Après avoir
atteint son niveau le plus élevé de l'histoire économico-sociale du Congo en 1990 de 85% d’incidence
de la pauvreté, décennie pendant laquelle la population vivait en moyenne de 0.20$ par tête et par jour.
En 2012, il y a eu tendance à la baisse de cette incidence soit 64,4 % en passant par 69.3% en 2004 ;
65.5 % en 2007 ; 64% en 2010 toujours avec des résultats critiques selon lesquels 8 habitants sur 10
vivaient en dessous du seuil de pauvreté absolu soit 1.25$ par personne et par jour. C’est à l’an 2016,
qu’elle a atteint un niveau de 63% où la population vivait sous le seuil de pauvreté de 1.9$ par jour en
parité du pouvoir d’achat.
L'étude de cette évolution assez irrégulière et paradoxale par rapport aux moyens mis en place d’Aide
Publique au développement en soutient au budget de l’Etat pour le développement du pays ainsi que
l’éradication de la pauvreté, fait l'objet de nos recherches. De ce fait, le rapport des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) en RDC détaille la situation de pauvreté dans le pays à
l’aide de certains indicateurs entre autres : la proportion des ménages qui ont une consommation
alimentaire inadéquate a diminué passant de 43% en 2007-2008 ; à 38 % en 2010 ; le taux chômage
très élevé, surtout pour les jeunes (INS, 2012). Aussi, les inégalités de niveau de vie qui demeurent
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criante entre milieu urbain et milieu rural, aussi entre provinces. Cette situation fait suite notamment
à l’existence d’un cadre public peu stable, de l’insécurité juridique et d’une fiscalité lourde et
complexe, avec une myriade de petites taxes et redevances, Les déficiences relevées en termes
d’allocation des ressources tirant en grande partie leur origine de l’absence d’une véritable politique
de redistribution des ressources de l’Etat (BM, 2016). Ainsi, les ressources demeurent insuffisantes et
allouées de façon non optimale afin de répondre aux besoins de lutte contre la pauvreté. (DSCRP2,
octobre 2011, p. 38-44)
De ce fait, la Déclaration de Paris prévoit dans son paragraphe 38 que les pays partenaires s'engagent
à progresser dans la mise en place d'institutions et de structures de gouvernance propres à assurer une
bonne gestion des affaires publiques et à garantir à leur population protection, sécurité et accès
équitable aux services sociaux1.
Egalement, les règles de comptabilisation de l’aide, définie par le CAD / OCDE de manière précise,
sont restées stables depuis leur création au début des années 1960 soit 0,7% du RNB des pays membres
du CAD, l’argumentation initiale ayant prévalu pour fixer l’objectif de 0,7% était le modèle de
croissance économique basé sur l’accumulation du capital des années 60. (Jean Jacques Gabas,
Vincent Ribier, 2013)
Depuis les 1990, l’aide au développement en faveur de la RDC ne cesse d’augment. Dans ce cadre,
l’analyse de l’effet de l’aide publique au développement sur la pauvreté requiert l’attention de cette
étude. Il consiste à l’étude de l’évolution de l’APD et son impact sur la pauvreté en RDC en vue de
la réalisation des OMD.
0.2. Problématique
Dans les années 1960, les pays africains accédant aux indépendances et, se voient confier la destinée
de leurs Etats. C'est parmi tant d'autres responsabilités, l'appropriation des africains eux-mêmes de leur
politique économique. Ils sont désormais donc les responsables de leur futur désiré BERG ELIOT ET
AL. (1997). Animés par l'esprit nationaliste, les nouveaux dirigeants africains vont œuvrer tous à
1
Adoptée en 2005, la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au développement présente des moyens pour
améliorer la coordination et la répartition des tâches entre les donateurs et accroître la responsabilité des
bénéficiaires de l'aide publique.
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asseoir leur économie. Ils se lancent donc dans des grands projets d'investissement, notamment la
construction d'habitats et des routes, la création des sociétés d'Etat. En somme, on assiste à la réalisation
d'un ensemble d'objectifs de croissance accélérée qui nécessite la mise en place des investissements en
infrastructures.
Malheureusement la plupart de ces pays n’ont pas réussi à éradiquer la pauvreté et assurer le
développement de leurs populations. Il s’observe dans ces pays une pauvreté absolue affectant des
millions des personnes au point qu’ils sont devenus dépendant de l’Aide Publique au Développement
provenant des donateurs divers.
Ainsi donc, l'aide a pris le chemin de l'Afrique pour de multiples raisons, une d'entre elles étant le
développement. Les pays africains comptent parmi les bénéficiaires d'aide les plus importants au
monde. Beaucoup d'entre eux reçoivent un montant net d'aide au développement qui équivaut à 10%
de leur Produit National Brut (PNB).
En effet, sur la période 2000-2010, les principaux pays bénéficiaires de l'aide publique au
développement en Afrique sont notamment la Mozambique, la République Démocratique du Congo
(RDC), la Tanzanie et l'Ethiopie avec respectivement 1286,9 ; 1773,8 ; 1396,8 et 1269 millions de
Dollars en moyenne (Statistiques UNCTAD, 2006.). En outre, ces pays, du fait des difficultés
d'absorption des ressources extérieures, enregistrent une aide par habitant en moyenne très faible soit
17,6 Dollars par habitant pour l'Ethiopie et 38,6 Dollars par habitant pour la Tanzanie.
De plus en plus, il est reconnu que le versement de l'aide extérieure n'a pas eu les résultats positifs
escomptés tant sur la croissance économique que sur la réduction de la pauvreté dans la majorité des
pays en développement, y compris africains. Bien sûr, il peut toujours être évoqué que les résultats
auraient pu être pires (notamment en termes de recul de certaines maladies) en l'absence de cette aide,
mais il n'en reste pas moins que le bilan global est décevant (Fatou 2006). En outre, les fondements
économiques et les justifications de l'aide au développement étaient attaqués, avec la publication à la
fin des années 1980 et au début des années 1990, d'études très critiques, soulignant son absence
d'efficacité macro-économique (Mosley et al., 1987, 1992 ; Boone, 1996), ses effets potentiellement
pervers pour les structures incitatives des pays en développement (Bauer, 1993; Berg, 1993 ; Thiel,
1996), les coûts sociaux et humains des ajustements structurels (Cornia et al., 1987), et l'échec des
conditionnalités (Guillaumont et Guillaumont-Jeanneney ,1995 ; Berg, 1997 ; Collier, 1997 ; Collier
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et al., 1997). La remise en cause des fondements de l'aide, associée à la crise économique et aux
contraintes budgétaires fortes pesant sur de nombreux pays donneurs, notamment les pays européens,
ont entraîné à partir de 1992 une chute brutale des flux d'aide en direction des pays en développement.
C'est dans cette conjoncture défavorable à l'aide internationale que la Banque Mondiale a relancé le
débat sur l'efficacité de l'aide avec la publication de son rapport Assessing Aid (1998). Fondé sur les
travaux de Burnside et Dollar (1997, 2000), ce rapport soutient que l'efficacité de l'aide en matière de
croissance dépend de la qualité des politiques économiques des pays en développement, ouvrant ainsi
la voie au principe de sélectivité des pays receveurs sur la base de ce critère. En outre, le rapport de
Helleiner sur l'aide à la république-unie de Tanzanie et son suivi et le projet conjoint OCDE/PNUD
concernant l'aide au Mali ont marqué le début d'une nouvelle approche « officielle » de l'évaluation de
l'efficacité de l'aide en Afrique, très différente de celle fondée sur le modèle de la conditionnalité.
Face à cela, on est en droit de penser que l'aide internationale n'a donc pas profité à l'Afrique en quête
de son décollage économique. Cette situation des Etats africains, est attribuée par de nombreux
africains à la mauvaise utilisation des ressources. A ce sujet, la sociologue camerounaise Axelle
Kabou(CAPO A, 2004) dira « l'argent disponible dans les années 1970 a été dépensé n'importe
comment ».
La République Démocratique du Congo, à l'instar des pays de la sous-région a bénéficié de ces appuis
financiers que constitue l'aide publique au développement. Cette aide accompagne la RDC dans la
mise en œuvre de ses politiques de développement.
L’aide publique au développement (APD) est souvent perçue comme peu efficace et rime pour certains
avec gaspillage de l’argent du contribuable. Plusieurs auteurs ont récemment publié des ouvrages
soulignant que l’aide peut avoir des effets néfastes et agir comme un frein au développement des pays
destinataires (Monga 2009 ; Moyo 2009 ; Nwokeabia 2009 ; Tandon 2008). Le renouvellement de
cette critique radicale interpelle d’autant plus qu’elle émane cette fois-ci d’intellectuels africains.
Même si le ton et l’origine des auteurs changent, les critiques ne disent rien de fondamentalement
nouveau. Dès les années 1960, l’aide au développement est remise en cause par divers courants de
pensée. Les termes du débat n’ont que peu changé depuis un demi-siècle et, malgré les critiques, l’aide
au développement demeure un instrument privilégié « par défaut »
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Dans ce vaste ensemble, l’APD joue toutefois un rôle essentiel. Elle permet d'amorcer des
projets dans des secteurs ou des zones délaissés. Elle initie des logiques de développement
vertueuses et crée des dynamiques susceptibles d’entraîner tous les autres acteurs, notamment
les entreprises. Elle crée un effet de levier qui décuple les impacts. Au total, depuis les années
60, l’aide au développement a démontré son efficacité : elle est un puissant facteur de
changement pour les populations les plus vulnérables (BURNSIDE et DOLLAR, 1996).
Dans la plupart des pays de l'Afrique au Sud du Sahara, force est de constater que les fonds provenant
de l'aide ont souvent été gérés par des organisations bureaucratiques hypertrophiées, et peu soucieuses
des principes économiques élémentaires. Dans un tel contexte, il est difficile d'apprécier l'apport réel
de l'aide qui reste influencé par des pratiques inadéquatesBURNSIDE et DOLLAR, 1996).
En effet, l'Etat Congolais devant les difficultés financières et poussée par la volonté d'assurer le
développement, n'a cessé de solliciter les financements extérieurs à travers l'aide publique
audéveloppement. L'engagement le plus important a été pris en 2003, année où l'APD versée a aussi
atteint son niveau le plus élevé.
Globalement, l'APD a connu une croissance progressive puis une chute brutale à partir des années 90
en RDC. Elle a repris en 2003 avec un pic de 5 milliards des dollars américain (MOI YOPAANG M.
et NAOUTEM D.J, 2009).
Par ailleurs, après les programmes d'ajustement structurel, qui ont occasionné le recentrage du rôle de
l'Etat à travers des politiques telles que les privatisations des sociétés d'Etat, il est désormais question
de lutter contre la pauvreté. Les institutions de Brettons Woods et les autres partenaires techniques et
financiers dans leur ensemble, s'étant rendu compte des limites des politiques d'ajustement, ont
désormais orienté leurs aides pour des politiques ciblées sur le relèvement du niveau de la croissance
économique et la réduction de la pauvreté.
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Aujourd'hui, l'aide s'inscrit dans le cadre des ODD, les Objectifs de développement
durable définis par les Nations unies pour la période 2015-2030. Il s’agit de répondre à des
enjeux qui concernent tous les pays, des plus pauvres aux plus prospères, et tous les domaines,
pour construire ensemble un monde pacifié, prospère, égalitaire et durable.
La RDC est l'une des cinq nations les plus pauvres du monde. Les résultats du Rapport sur l’évaluation
de la pauvreté en RDC présenté par la Banque Mondiale, le 14 mai 2019 à Kinshasa, couvrant la
période de 2005 à 2012, montrent que le taux de pauvreté en RDC a diminué de 5,3 points de
pourcentage (quittant 69,3% pour 64%) alors que le nombre de pauvres a augmenté d’environ 7
millions (passant de 38 millions à 45 millions). Parallèlement, la pauvreté alimentaire, la profondeur
de la pauvreté (écart de pauvreté) ainsi que sa sévérité ont baissé respectivement de 6,8% ; 4,3% et 3%
sur la même période (PNUD, 2021)
En plus de cela, selon les statistiques de la Banque Mondiale, en 2015 la RDC est, en valeur absolue,
le deuxième pays africain et le troisième au monde à avoir plus de pauvres (55,11 millions) après
l’Inde (90,17 millions) et le Nigeria (86,54 millions). Selon les mêmes statistiques, 85% des pauvres
de la planète se retrouvent dans les régions de l’Asie du sud-est et l’Afrique subsaharienne : 629
millions sur les 736 millions de personnes qui vivaient dans l’extrême pauvreté. La moitié du total des
pauvres se concentre dans 05 pays : Inde, Nigéria, RDC, Ethiopie et Bangladesh. (HADJIMICHAEL
M.T., et al. 1995),
Il y a donc lieu de s’interroger sur les causes de l’échec de la plupart des politiques et surtout des
stratégies appliquées par les décideurs économico-politiques congolais dans l’allocation de ces
ressources particulièrement d’APD car l’objectif censé être atteint qui est le développement et la lutte
contre la pauvreté ; cette dernière persistant toujours malgré toutes ces donations. Cependant, nous
voudrions, à travers cette étude, tenter d'analyser et de mesurer la contribution de l’APD prise sous
différents programmes OMD, ODD en RDC au processus de réduction de la pauvreté. Pour l’adoption
2
Banque mondiale, vue d’ensemble de la RDC, 2022
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La présente étude se propose de répondre à la question opératoire ci-après : Quel est l’impact de
l’aide au développement sur la pauvreté en RDC ? En d’autres termes, l’octroi de l’APD en RDC a-
t-il des effets significatifs sur la pauvreté ?
0.3. Hypothèses
1) Objectif global
Globalement, cette étude a pour objectif d’analyser l’impact de l’Aide Publique au Développement
sur la réduction de la pauvreté en RDC.
2) Objectifs spécifiques
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Le concept ‘’Etat Fragile’’ englobe plusieurs dimensions et surtout l’efficacité dans la mise en œuvre des politiques et
programmes de l’Etat et l’équité en termes d’opportunités économiques. Cette fragilité concerne aussi bien le niveau de
pauvreté et des inégalités.
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Ce thème n'a pas été un fait de hasard. Il a bien sûr été motivé par plusieurs raisons notamment des
raisons personnelles, scientifiques et sociales. Du point de vue personnel, le choix de ce thème a été
motivé par notre aspiration ardente et longue de pouvoir avoir une image nette de l'impact de l'aide sur
le développement de la RDC et ce, du fait de plusieurs slogans entendus à ce sujet. Pour des raisons
scientifiques, nous devons noter qu'en ce siècle où la RDC demeure instable politiquement et
économiquement, tout Economiste averti devrait se pencher sur la question des différentes assistances
reçues afin de vérifier leur efficacité ou inefficacité. Enfin,
socialement, la pauvreté du congolais ne fait que s'empirer alors que des sommes importantes sont
versées à la longueur des journées pour juguler ce fléau. D'aucuns se demanderaient si réellement ces
sommes ne sont que des simples chiffres sur papier.
Le choix de ce sujet est dicté et motivé par le souci de soulever quelques obstacles majeurs auxquels
se heurtent la RDC dans la gestion et l’affectation de l’APD lui octroyée en vue d’une éventuelle
réduction de la pauvreté à son sein. En plus, cette étude permettra aux cadres politico-administratifs,
aux spécialistes des finances et aux étudiants non seulement d’élargir leur connaissance dans les
mécanismes et articulations de la gestion de l’APD mais aussi faire une étude de la relation existant
entre l’évolution de l’APD et de la pauvreté en RDC. Ensuite, cette étude par sa démarche quantitative
(analyse économétrique) vient contribuer à enrichir et actualiser la littérature sur l'éventuel rôle que
l'APD pourrait jouer dans l'amélioration de la croissance économique
Dans cette recherche, nous allons faire usage de deux méthodes ; la méthode analytique qui va nous
permettre d’analyser les données relatives l’APD octroyé au pays et de les expliquer par rapport à
celles liées à la pauvreté en RDC pendant la période considérée, c’est ainsi que la méthode
économétrique sera d’usage et elle va nous permettre d’appliquer de la Statistique mathématique aux
données économiques afin d’en donner un contenu empirique aux théories économiques. D’où il va
falloir passer par la spécification du modèle ; l’estimation du modèle ; l’évaluation des résultats de
l'estimation. Ainsi, le matériel de collecte des données de notre recherche est la base des données
élaborées par la Banque mondiale en collaboration avec d’autres organismes notamment IDA, EPIN,
OIT, OMC, BAD, FMI, etc., dans le calcul des certains indicateurs. Egalement, quelques données sont
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provenues des différents rapports annuels de la Banque Centrale du Congo et le rapport de l’enquête
1-2-3 de l’INS en collaboration avec. AFRISTAT.
La technique documentaire quant à lui va nous d’exploiter les données et des résultats des travaux
relatif à la pauvreté afin de données un éclaircissement général sur l’étude
Ce travail comprend trois grandes parties. La première passe en approche théorique de l’étude en vue
d’une compréhension élargie des concepts clés de notre étude entre autres, l’aide publique au
développement et la pauvreté ; nous avons pris en compte la littérature empirique afin d’élucider et de
voir d’avance à quelle conclusion ont abouti les recherches des autres auteurs qui ont déjà traité des
sujets ayant trait au notre. La deuxième partie porte sur le cadre méthodologique de l’étude dans
laquelle son présente les différentes procède utilise pour atteindre les fins de ce travail ainsi que
l’aperçu général de la RDC qui est notre zone d’étude Enfin, la troisième partie porte sur l’analyse de
l’efficacité de l’aide au développement dans la lutte contre la pauvreté RDC.
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Il s'agit dans ce chapitre de faire un tour d'horizon sur les définitions pour se familiariser aux différents
concepts liés à l'APD. Aussi, il sera passé en revue les différentes réflexions, les analyses et les
controverses des auteurs sur l'aide publique au développement et la pauvreté.
L'aide internationale est l'ensemble des ressources, publiques ou privées, transférées à l'échelle
internationale, dans le but de favoriser le progrès économique et social des pays bénéficiaires (JACKY
Amprou et LISA Chauvet., 2004).
Le concept « Aide Publique au Développement » peut être appréhendé comme tous les apports de
ressources qui sont fournis par les pays développés ou les institutions internationales aux pays en voie
de développement. Ces aides émanent d'organismes publics, y compris les Etats et les collectivités
locales, ou d'organismes agissant pour le compte d'organismes publics.
L'Institut pour le Développement Durable, définit l'APD comme étant le budget alloué à la coopération
au développement par les vingt-deux (22) pays du Comité d'Aide au Développement (CAD) suivant
trois canaux de distribution : la coopération bilatérale directe, la coopération bilatérale indirecte et la
coopération multilatérale (OCDE/CAD (2005):
Il faut noter qu'aux côtés des acteurs étatiques, on trouve, de plus en plus, des collectivités locales au
titre de la « coopération décentralisée » et des acteurs privés (organisations non gouvernementales
(ONG), fondations). Ces derniers entrent en contact direct avec les populations à travers des
organisations de la société civile ou élus locaux.
L'importance théorique de l'APD pour une économie en besoin de financement remonte aux travaux
sur le « Big push » de ROSENSTEIN-RODAN (MALAM M. N, 2009). Cet auteur souligne en
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substance que des apports massifs en capitaux extérieurs doivent permettre aux pays pauvres de
financer leurs investissements et de brûler des étapes préalables au décollage. L'idée clé est qu'il faut
réaliser, de façon simultanée, un grand nombre d'industries qui se tiennent mutuellement par leurs
clientèles, de telle sorte que la demande existe et soit suffisante.
Dans leur analyse, lorsque l'épargne intérieure est insuffisante, on est à mesure de déduire le montant
d'épargne étrangère nécessaire pour atteindre un taux d'investissement compatible avec le taux de
croissance désiré. Le retard d'un pays s'explique par une insuffisance de capital et le rattrapage est bien
possible. Ces premiers travaux considéraient la possibilité de rattrapage et acceptaient les hypothèses
d'analyse néoclassique, notamment l'hypothèse de rendements décroissants du capital et un progrès
technique exogène.
En définitive, l'objectif assigné à l'APD est d'accompagner les pays en voie de développement dans le
financement des investissements publics en l'occurrence les infrastructures. De ce point de vu, l'APD
complète une épargne locale qui du reste est insuffisante pour soutenir l'effort d'équipement, base de
la promotion du développement.
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Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l'aide s'efforce d'élever le niveau de vie et de réduire la
pauvreté dans les pays en développement. Mais l'idée qu'on se faisait des différentes formes de
contribution de l'aide pour la réalisation de ces objectifs a varié considérablement.
Au cours des années 1950 et 1970, l'accès au capital était considéré primordial pour l'investissement
et la croissance dans les pays pauvres. On ne considérait que l'insuffisance de l'épargne, et la capacité
d'importation de biens d'équipement comme étant des principaux obstacles à l'investissement. Il fallait
donc réunir des capitaux internationaux publics de préférence à des conditions hautement favorables
c'est-à-dire une aide extérieure. L'aide était censée stimuler l'investissement et résoudre le problème
de développement. Ainsi, les besoins en matière d'aide étaient estimés à partir d'un taux de croissance
ciblé, d'un coefficient marginal de capital et des fonds dégagés de l'épargne nationale et
l'investissement international. Le manque de devises était considéré comme une autre contrainte, de
sorte que les besoins en aide étaient aussi calculés au moyen des écarts de balance des paiements. Ce
type d'aide était appelé une aide-projet visant à appuyer les plans d'investissement du pays bénéficiaire.
Dans la plupart des cas, le gouvernement du pays bénéficiaire établissait un plan d'investissement puis,
sur la base de ce plan, une liste de projets, parmi lesquels les donateurs choisissaient ce qu'ils
souhaitaient financer. Il s'agissait de la plupart des cas de projets clé en main ; l'aide finançait ainsi
l'importance de biens d'équipement et une assistance technique et administrative, qui étaient
complétées par la création d'emploi et une production locale financée par les états destinataires. Donc
l'aide-projet consistait essentiellement à soutenir le financement des projets.
Cependant, l'idée qu'on se faisait de l'aide a changé de façon marquante au cours des années 80. Suite
à la flambée du prix du pétrole des années 70, un nouveau consensus apparu, traduit dans les
programmes d'ajustement structurel inspirés par le FMI et la Banque Mondiale. Ce consensus faisait
preuve de l'inefficacité de l'aide par l'application de politiques économiques erronée des pays
bénéficiaires. L'aide-projet est alors abandonnée au profit d'une stratégie, visant à inciter les pays à
mettre en oeuvre des réformes économiques, appelée aide-programme. Dès lors, l'aide a cessé d'être
considérée comme un moyen de transferts des ressources pour financer l'investissement mais plutôt
elle est devenue un moyen d'imposer des réformes. C'est ce qu'on a appelé la conditionnalité c'est-à-
dire l'obtention de l'aide a été subordonnée à l'adoption de politiques jugées appropriées. Ainsi, la
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Au cours des années 1990, la notion de développement a connu un autre virage. Des spécialistes du
développement ont commencé à se demander pourquoi l'investissement et la croissance demeuraient
faibles dans les pays en développement, malgré l'appui de l'aide extérieure et après même des réformes
économiques. La réponse qu'elles ont pu apporter à cette question tenait à la qualité de la gouvernance.
En effet, lorsque les institutions publiques sont faibles, incomplètes ou corrompues, lorsque la gestion
publique manque de transparence et de prévisibilité, les meilleures réformes et quel que soit le volume
d'aide resteront impuissantes à opérer une croissance quelconque. Dès lors les donateurs se sont mis à
repenser en profondeur de leur politique d'aide au développement. Cette réflexion est inachevée, mais
il y a quand même espoir que cela déboucherait sur un nouveau modèle d'aide. Par ailleurs, l'échec de
plus en plus évident des programmes d'ajustement dans les pays pauvres a d'abord incité à repenser la
conditionnalité. Cette remise en question a été motivée surtout par les préoccupations des praticiens
de l'aide au développement travaillant pour les agences de coopération de donateurs bilatéraux, ou des
organismes multilatéraux comme l'OCDE/CAD, le PNUD et le département de l'évaluation des
Opérations de la Banque Mondiale. Le rapport de HELLEINER P. (1975) sur l'aide à la république-
unie de Tanzanie et son suivi et le projet conjoint OCDE/PNUD concernant l'aide au Mali ont marqué
le début d'une nouvelle approche « officielle » de l'évaluation de l'efficacité de l'aide, très différente
de celle fondée sur le modèle de la conditionnalité. Cependant l'ouvrage critique de la Banque
Mondiale intitulé Assessing Aid formule trois thèses principales :
- L'aide ne peut servir de carotte pour inciter les pays bénéficiaires à appliquer de bonnes
politiques.
- Les politiques appliquées par les pays bénéficiaires ne semblent pas avoir beaucoup d'influence
sur la répartition de l'aide.
Ainsi, la Banque avait conclu qu'il serait possible d'accroître l'efficacité de l'aide en la réservant aux
pays qui appliquent les bonnes politiques, et de convaincre les autres de s'approprier ces bonnes
politiques en leur donnant des conseils et en les privant d'aide tant qu'ils ne font pas les bons choix.
C'est ce qu'on a appelé la conditionnalité à postériori ou sélectivité.
L'aide aujourd'hui est l'un des principaux variables que les gouvernements comptent de manière
considérable pour réaliser les objectifs du développement. Elle l'a été toujours dans les pays en
développement. Mais, l'idée qu'on se faisait des différentes formes de contribution de l'aide pour
réaliser ces objectifs a largement évolué depuis des décennies. C'est ainsi, de plus en plus,
l'augmentation du volume d'aide revient sur la discussion entre pays bénéficiaire et donateurs. Pour la
réalisation de ces objectifs il faut une nécessaire maîtrise des systèmes d'allocation de l'aide. Si bien
que le débat sur l'efficacité de l'aide s'est concentré sur son impact sur la croissance avant de tourner
vers les années 90 sur la réduction de la pauvreté.
Plusieurs contributions vont accepter l'hypothèse de rendement croissant du capital et d'un progrès
technique endogène. Elles conditionnent l'efficacité de l'aide à la bonne gouvernance et aux institutions
saines. Les pays aidés doivent alors avoir de bonnes institutions pour que l'aide améliore le bien-être
de leurs populations. D'une manière générale, les nouvelles approches insistent sur les problèmes
d'appropriation, de sélectivité, de la bonne gouvernance et de durabilité de l'aide, aussi bien à l'échelle
locale qu'au niveau des politiques nationales (SVENSSON, BURNSIDE et DOLLAR, KAUFMANN,
2001).
Longtemps le débat sur l'efficacité de l'aide s'est toujours focalisé sur son impact sur la croissance. De
plus en plus la relation entre l'aide et la réduction de la pauvreté revêt une grande importance.
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Pour comprendre l'effet de l'aide sur la réduction de la pauvreté, certains auteurs ont évoqué son impact
sur la croissance économique Selon eux, si l'aide contribue à la croissance et que la croissance
contribue à la réduction de la pauvreté, alors l'aide permet de lutter contre la pauvreté. Cependant, ce
raisonnement repose sur l'hypothèse que l'aide n'a pas d'effet direct sur la pauvreté et que son effet
passe essentiellement par la croissance. Cette approche est remise en cause par les résultats d'un certain
nombre d'études, qui soulignent un effet direct de l'aide sur des indicateurs de développement humain,
ou encore un effet indirect qui passe par d'autres canaux que celui de la croissance.
Ainsi par exemple, BURNSIDE et DOLLAR (2000), analysent l'effet de l'aide sur la baisse de la
mortalité infantile, un indicateur de bien-être des populations très fortement corrélé aux niveaux de
pauvreté et dont les données sont disponibles pour de nombreux pays. Leur étude économétrique
suggère que dans un bon environnement de politiques économiques, l'aide permet de réduire la
mortalité infantile. GOMANEET et al(2003), mettent en évidence une influence positive de l'aide sur
l'indicateur de développement humain et sur la réduction de la mortalité infantile, effet qui passe par
le financement de dépenses publiques favorables aux plus pauvres. Il faut toutefois rappeler que des
résultats sensiblement différents ont été mis en évidence par MOSLEY et al(1987) et BOONEP
(1996). ces auteurs suggèrent au contraire que la contribution marginale de l'aide à la réduction de la
mortalité infantile est plus importante dans un mauvais environnement de politiques économiques et
leurs analyses économétriques suggèrent l'absence d'effet de l'aide sur la mortalité infantile. Enfin,
KOSACK31 souligne que l'aide n'a d'effet sur l'indicateur de développement humain que dans les
régimes démocratiques.
En définitive, l'on retient de ce qui précède que les auteurs s'accordent dans une moindre mesure sur
l'impact positif de l'aide sur la réduction de la pauvreté, même si cela n'est pas direct et exige qu'il y
ait une bonne gouvernance.
COLLIER et DOLLAR développent un modèle d'allocation d'aide dont l'objectif est de maximiser la
réduction de la pauvreté. Leur modèle se fonde sur deux idées : (i) l'aide a un effet positif sur la
croissance dans les pays ayant mis en place de bonnes politiques économiques ; et (ii) la croissance
entraîne une réduction de la pauvreté. Le cœur de leur analyse réside alors dans l'idée suivante : « pour
16
maximiser la réduction de la pauvreté, l'aide devrait être allouée aux pays ayant de graves problèmes
de pauvreté et de bonnes politiques économiques ».
L'allocation géographique de l'aide qui permet de maximiser la réduction de la pauvreté est identifiée
par les auteurs en égalisant, pour tous les pays receveurs, le nombre de personnes sortant de la pauvreté
grâce à un dollar supplémentaire d'aide. Pour procéder à cet exercice de maximisation de la réduction
de la pauvreté par l'allocation d'aide, Collier et Dollar ont mesuré d'une part l'effet marginal de l'aide
sur la croissance et d'autre part l'effet de la croissance sur la réduction de la pauvreté.
L'analyse de BURNSIDE et DOLLAR, (2004), est au cœur du débat sur l'efficacité de l'aide qui a
animé la communauté internationale dans les années 1990. Ainsi, cette analyse marque un tournant
dans l'étude de l'efficacité de l'aide, puisqu'elle aborde la question des conditions macroéconomiques
favorables à une plus grande efficacité ouvrant ainsi la voie à un vaste champ de recherche, alors
inexploré. Ensuite, la recherche menée par ces auteurs a eu des implications politiques très
importantes, puisqu'elle fonde les recommandations exprimées dans le rapport Assessing Aid publié
par la Banque mondiale en 1998. Elle est également une avancée majeure de la réflexion menée par la
Banque sur une allocation sélective de l'aide fondée sur les performances et dont certains bailleurs de
fonds bilatéraux se sont inspirés pour élaborer leurs stratégies d'aide au développement.
Depuis le début des années 1990, l'aide internationale était fortement en baisse et traversait une crise
de légitimité liée notamment à la fin de la guerre froide et à la recrudescence des études critiques de
son efficacité. En effet, les conclusions pessimistes des analyses de l'efficacité macro-économique de
l'aide, combinées à la mise en lumière des coûts sociaux et humains des programmes d'ajustement
structurels ont amené la Banque Mondiale à relancer le débat sur l'efficacité de l'aide. C'est justement
suivant ce contexte que les travaux de Burnside et Dollar ont été élaborés.
L'idée développée, par Burnside et Dollar et repris dans le rapport Assessing Aid de la Banque
Mondiale, est que l'efficacité de l'aide en termes de croissance dépend de la qualité des politiques
économiques mises en œuvre par les pays en développement. Cette réflexion se fonde sur des travaux
17
économétriques dans lesquels les auteurs estiment des équations de croissance incluant une variable
aide et un terme d'aide en interaction avec un indicateur de politique économique. Cependant, la qualité
des politiques macro-économiques est appréhendée par la maîtrise de l'inflation, l'équilibre budgétaire
et la mise en œuvre d'une politique d'ouverture commerciale.
La conclusion selon laquelle l'efficacité de l'aide dépend de la qualité des politiques économiques
résulte alors de la mise en évidence, dans les estimations de croissance, d'un effet significativement
positif du terme croisé de l'aide avec l'indicateur de politique économique.
La principale conclusion de l'analyse de Burnside et Dollar est que si l'aide est plus efficace dans un
bon environnement macroéconomique, elle devrait alors cibler les pays les plus pauvres et ayant de
bonnes politiques économiques. C'est ainsi, s'esquisse alors un principe de sélectivité des pays
receveurs dans la logique d'une conditionnalité ex-ante fondée sur la qualité des politiques
économiques. Peut-être parce qu'elle avait de telles implications politiques, l'analyse de Burnside et
Dollar a fait l'objet de nombreuses critiques dont l'hypothèse de sélectivité et les conditionnalités.
Selon le rapport Assessing Aid, l'hypothèse de sélectivité de l'aide est justifiée par deux arguments
majeurs : l'aide est fongible et elle est sans effet sur la politique économique. Le concept de fongibilité
de l'aide fait référence à la possibilité, pour le gouvernement receveur, de réduire ses propres dépenses
dans le secteur ciblé par l'aide pour transférer ses fonds à d'autres secteurs. Elle a donc pour
conséquence un relâchement de la contrainte budgétaire du pays receveur et l'aide s'ajoute simplement
aux ressources totales de l'Etat. Elle empêche ainsi les bailleurs de fonds de cibler l'aide comme ils
l'entendent.
L'analyse économétrique menée par FEYZIOGLU, SWAROOP et Zhu aborde la question suivant trois
dimensions. Tout d'abord, les auteurs tentent de déterminer si l'aide augmente les dépenses du
gouvernement ou permet au contraire au pays de réduire les taxes ou le déficit public. Sur un
échantillon de 38 pays, les résultats de l'étude montrent qu'un dollar d'aide n'augmente les dépenses du
gouvernement que de 33%, suggérant un degré élevé de fongibilité. Ensuite, les auteurs examinent si
l'aide finance les dépenses d'investissement ou de consommation. Des estimations sur l'échantillon
restreint de 14 pays en développement mettent en évidence que seul 29% d'un dollar d'aide sont dirigés
18
Cette étude a toutefois fait l'objet de nombreuses critiques le pouvoir explicatif de leur modèle
économétrique est très faible et le caractère significatif des coefficients est discutable. De plus, les
analyses transversales de la fongibilité ne laissent pas transparaître les fortes différences existant au
sein des pays en développement. Par ailleurs, Pack et Pack soulignent l'importance des caractéristiques
des systèmes budgétaires de chaque pays en montrant que l'aide est fongible dans le cas de la
République dominicaine, mais pas dans celui de l'Indonésie.
Cependant les fondements des modèles de réponses fiscales ont été étudiés par MCGILLIVRAY et
MORRISSEY. Ces modèles examinent les mécanismes par lesquels l'aide peut engendrer des
comportements du gouvernement qui sapent l'effet même de l'aide sur la croissance. Ils ont donné lieu
à des applications économétriques qui suggèrent en général une certaine proportion de fongibilité dans
les flux d'aide, mais dont l'ampleur varie. Par exemple, les estimations de FRANCO-RODRIGUEZ,
MORRISSEY et MCGILLIVRAY(1998) mettent en évidence dans le cas du Pakistan, sur la période
1965-1995, que la moitié de l'aide a un impact sur la consommation du gouvernement et qu'elle a eu
un effet faible mais positif sur l'investissement public et un impact négatif sur l'effort de taxation.
Enfin, de nombreuses critiques soulignent que la fongibilité ne constitue pas un problème. Selon
HJERTHOLM, LAURSEN et WHITE(1995), si le pays receveur possède une plus grande
connaissance de la façon à maximiser l'impact de l'aide, la fongibilité est susceptible d'être en fait un
facteur positif pour la croissance sous l'hypothèse que le pays receveur poursuit des objectifs de
croissance et de développement efficace. Ainsi, la question de l'influence positive ou négative de la
fongibilité dépend des caractéristiques propres de chaque pays et des interactions entre les objectifs
des pays donneurs et receveurs.
19
Le deuxième argument développé pour justifier l'idée d'une sélectivité plus grande des pays receveurs
en fonction de leurs politiques économiques est que l'aide n'a pas d'effet sur la qualité de ces politiques.
Plusieurs arguments théoriques ont été avancés concernant l'effet de l'aide sur les réformes de
politique. Tout d'abord, SACHS, LAFAY et Morrison, ALESINA et DRAZEN, NELSON,
WATERBURY, AMPROU et DURET ont développé l'idée selon laquelle l'aide peut permettre à un
gouvernement de lancer les réformes en compensant leurs coûts d'ajustement, notamment si ces coûts
sont supportés par un segment particulier de la population (AMPROU J. et E. DURET et al. 2000).
En effet, les mesures de stabilisation et d'ajustement imposent des coûts immédiats, souvent concentrés
sur des catégories de la population facilement identifiables et mobilisables, tandis que les bénéfices
attendus de ces mesures sont différés, incertains et diffus.
A l'opposé, selon RODRIK et BERG(1961), les ressources extérieures réduisent à la fois le coût des
réformes et le coût de l'inertie c'est-à-dire le coût d'éviter les réformes. Pour la Banque mondiale, l'aide
n'a pas été l'élément principal des réformes économiques. Les raisons de cet échec sont les
dysfonctionnements dont souffre l'instrument permettant à l'aide d'influencer les orientations de
politiques économiques à savoir la conditionnalité attachée aux déboursements. Ce diagnostic est
largement partagé par l'ensemble des bailleurs mais les stratégies pour y remédier diffèrent. Ainsi, la
Commission européenne vise une réforme de la conditionnalité, consistant à prendre en compte des
indicateurs de résultats. Tandis que la Banque Mondiale, elle, propose une sélectivité ex-ante des pays
receveurs basée sur la qualité des politiques économiques comme indicateur instrument.
Cependant, les deux points suivants développent l'argument que l'aide n'a pas d'effet sur les réformes.
Cet argument est analysé à travers les dysfonctionnements des conditionnalités et les analyses
empiriques sur l'inefficacité de l'aide en matière de promotion des réformes.
Pour Collier, deux éléments principaux sont à la base de ces dysfonctionnements : la politique du
gouvernement déterminée par les forces politiques intérieures et la formulation des conditionnalités
n'est pas appropriée.
Suivant cette perspective, l'engagement formel à opérer des réformes est devenu le prix à payer pour
obtenir de l'argent. Ainsi, la réforme est perçue comme un coût et non comme un avantage. Face à la
réticence des pays, à la lenteur des réformes qui en a résulté et à l'échec de nombreux programmes, la
confiance des bailleurs de fonds a largement baissé. Ceux-ci, devenus acheteurs de programmes, ont
alors été conduits à formuler des conditions de plus en plus particulières et à s'impliquer davantage
dans les réformes pour en garantir la mise en œuvre. Les programmes sont ainsi devenus l'affaire des
bailleurs de fonds, plus que celle des Etats receveurs.
Les études économétriques suggèrent que le succès des programmes de réformes dépend
principalement des caractéristiques institutionnelles et politiques des pays receveurs, les variables sous
le contrôle de la Banque mondiale n'étant, quant à elles, pas significatives.
Il apparaît donc que la conditionnalité macro-économique, qui est aujourd'hui l'instrument principal
permettant aux bailleurs de fonds de promouvoir ou d' « acheter » les réformes de politique
économique dans les pays receveurs, souffre de nombreux dysfonctionnements. Ces derniers
constituent l'un des éléments à l'origine des performances largement discutées de l'aide en matière de
promotion des réformes.
Au vu de la littérature sur l'aide, les points de vue des uns et des autres conduisent à affirmer que
l'efficacité de l'aide est fonction de l'environnement dans lequel elle est appliquée. Autrement dit l'aide
atteint ses objectifs précomptés si certaines conditions sont réunies. Ainsi, d'aucuns soulèveront la
question de la gouvernance et la gestion des institutions comme préalable à l'efficacité de l'APD.
D'autres auteurs s'attardent sur le volume de l'aide qui doit être consistant pour voir son effet substantiel
sur la croissance. Un troisième groupe d'économistes a pu remarquer l'apport de l'aide dans les zones
de grave pauvreté. C'est ainsi que RAVALLION et CHEN, DOLLAR et KRAAY résument en ces
termes : « Pour maximiser la réduction de la pauvreté, l'aide devrait être allouée aux pays ayant de
graves problèmes de pauvreté et de bonnes politiques économiques » (RAVALLION M., S. CHEN et
al. 1997).
Il est difficile d'évaluer exactement l'effet de l'aide publique au développement sur l'amélioration de la
situation dans les pays aidés. Les pays les moins avancés (PMA) ne disposent souvent pas des
instruments statistiques permettant d'obtenir des indicateurs satisfaisants. Certains spécialistes
remettent en cause l'aide publique au développement sous sa forme actuelle.
22
L'adoption des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) au début des années 2000, a
incité les bailleurs de fonds à réhabiliter l'APD comme outil de développement à condition que celle-
ci soit plus efficace. Les Nations unies estiment que le montant de l'APD devrait doubler en 2009 afin
de remplir les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Les pays développés
devraient consacrer 0,7 % de leur revenu national brut à l'aide publique au développement en 2009.
Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) insistent sur l'importance de l'aide publique au
développement et militent pour le respect des recommandations onusiennes. Elles soulignent toutefois
qu'une partie importante de cette aide n'a pas de portée effective : les annulations de dette, par exemple,
gonflent les chiffres de l'APD.
L'économiste hongrois Peter Thomas BAUER a également émis un critique ardent du principe de l'aide
publique au développement. Il estime qu'il était abusif d'appeler aide au développement les flux de
capitaux transférés du Nord vers le Sud à ce titre, alors qu'il s'agit selon lui d'une entrave au
développement qui tend à maintenir les pays sous-développés dans leur condition.
La richesse de la littérature sur l'APD, conforte tout un chacun sur non seulement l'importance de la
question de l'aide, mais aussi la complexité de l'analyse de son effet sur la croissance ou la pauvreté.
Les arguments sur la capacité de l'aide vont difficilement dans le même sens. Les pays développés
devraient consacrer 0,7 % de leur revenu national brut à l'aide publique au développement.
Pour répondre à ce qui parait comme un handicap à l'action de l'APD, une nouvelle orientation est
donnée lors de la déclaration de Paris.
23
La déclaration de Paris en 2005, peut être vue comme une prise de conscience des bailleurs de fonds
de « l'inefficacité », ou du moins du faible impact de l'APD dans les pays en voie de développement.
C'est aussi la manifestation de la volonté des bailleurs d'être plus regardants dans l'octroi de l'aide,
mais aussi et surtout une responsabilisation des bénéficiaires de l'APD. Il est question dorénavant de
traiter les bénéficiaires de l'APD comme des « partenaires », d'où la nouvelle appellation des bailleurs
de fonds désormais par le terme « partenaires techniques et financiers ».
La Déclaration de Paris comprend cinq principes autour desquels sont articulés les engagements pris
conjointement par les donateurs et les pays partenaires en matière d'efficacité de l'aide
Dans le cadre de ces principes, la Déclaration de Paris prévoit dans son paragraphe 38 que les pays
partenaires s'engagent à progresser dans la mise en place d'institutions et de structures de gouvernance
propres à assurer une bonne gestion des affaires publiques et à garantir à leur population protection,
sécurité et accès équitable aux services sociaux. Cette déclaration est venue pour répondre à certaines
critiques portant sur l'APD. Ces critiques sont parmi tant d'autres, il y a l'absence de responsabilisation
des bénéficiaires et le manque de concertation entre les différents bailleurs pour un meilleur ciblage
des projets à soutenir dans les pays bénéficiaires.
4
Déclaration de Paris portant sur le doublement des efforts pour accroitre l'efficacité de l'aide publique au développement.
24
L'aide peut toutefois se présenter sous d'autres formes : attribution de bourses d'études, envoi de
techniciens dans le cadre d'une coopération technique bilatérale ou multilatérale, aide hors projet par
l'assistance technique. L'assistance technique se présente sous forme de coopération technique
autonome, la coopération technique liée à des projets d'investissement, aide aux programmes/aide
budgétaire ou appui à la balance des paiements, aide alimentaire et assistance et secours d'urgence.
Les projets d'investissement quant à eux se présentent comme le financement en espèces et en nature,
des projets d'équipement précis, par exemple des projets créateurs de capital productif susceptibles de
produire de nouveaux biens et services. Aussi, appelée assistance financière, la catégorie des projets
d'investissement peut comporter un élément de coopération technique. Tandis que l'aide aux
programmes/ aide budgétaire ou appui à la balance des paiements correspond à l'assistance qui s'inscrit
dans le cadre des objectifs plus larges de développement macroéconomiques et/ou qui est fournie dans
le but d'améliorer la balance des paiements du pays bénéficiaire et de mettre à sa disposition des
devises. Cette catégorie comprend l'assistance en nature pour les apports de produits de base autres
qu'alimentaires et les dons et prêts financiers permettant de payer ces apports. Elle comprend aussi les
ressources correspondant aux annulations de dette publique.
En outre, l'aide alimentaire se présente sous forme de fourniture de vivres pour l'alimentation des
hommes à des fins de développement, y compris les dons et prêts pour l'achat de vivres. Les dépenses
comme le transport, le stockage, la distribution... figurent dans cette rubrique, ainsi que les articles
apparentés fournis par les donateurs, la nourriture pour animaux et les intrants agricoles, par exemple,
pour les cultures vivrières lorsque ces apports font partie d'un programme alimentaire.
partie de cette rubrique. L'assistance et les secours d'urgence ne sont généralement pas liés aux efforts
de développement du pays et ne visent pas à accroître les moyens d'action de ce dernier. Ils ne relèvent
donc pas de la coopération pour le développement. Par ailleurs, l'aide a pour principaux objectifs :
- Surmonter les obstacles financiers qui maintiennent les pays en développement dans une
situation de dépendance.
- Répandre les bienfaits de l'intégration au niveau mondial.
- Renforcer le partage de la prospérité.
Réduire de manière considérable la pauvreté de masse et l'inégalité qui menacent de plus en plus la
sécurité collective de la communauté internationale.
Les principaux donateurs de l'APD en Afrique et plus généralement dans les pays en développement
sont notamment les pays industrialisés du G20. Dans le cadre de cette étude, nous citons, à titre
illustratif les pays suivants:
Les canaux de distribution de l'APD désignent l'ensemble d'agences, d'institutions et organismes qui
facilitent la collecte, la distribution, l'acheminement et éventuellement le suivi des ressources
extérieures. Il existe en effet plusieurs agences au niveau national, régional et international qui se
charge de la distribution de l'APD. Parmi ces agences, nous citons :
Le Comité d'aide au développement a été crée au sein de l'OCDE par résolution ministérielle le 23
juillet 1961. Un forum international unique, le CAD réunit des quelques plus grands fournisseurs de
l'aide, y inclus ses 28 membres. La Banque mondiale, le Fonds Monétaire International et le
Programme des Nations Unies pour le développement sont des observateurs.
Son mandat est de promouvoir des politiques, de coopération pour le développement et autres, qui
contribuent à l'instauration d'un développement durable, y compris à une croissance économique pro-
pauvre, à la lutte contre la pauvreté et à l'amélioration du niveau de vie dans les pays en développement,
ainsi qu'à un avenir où plus aucun pays ne sera tributaire de l'aide.
Le Fonds monétaire international (FMI) est une institution internationale regroupant 188 pays, dont le
rôle est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la stabilité financière, de
faciliter les échanges internationaux, de contribuer à un niveau élevé d'emploi, à la stabilité
économique et de faire reculer la pauvreté ».
27
L'institution a été créée en 1944 et devait à l'origine garantir la stabilité du système monétaire
international, dont l'écroulement après le krach de 1929 avait eu des effets catastrophiques sur
l'économie mondiale. Après 1976 et la disparition d'un système de change fixe, le FMI a hérité d'un
nouveau rôle face aux problèmes d'endettement des pays en développement et à certaines crises
financières.
4) Banque mondiale
Son siège est à Washington. Le président est élu pour cinq ans par le Conseil des Administrateurs de
la Banque. Elle fait partie des institutions spécialisées du système de l'Organisation des Nations unies
(ONU).
Elle fut créée le 27 décembre 1945 sous le nom de Banque internationale pour la reconstruction et le
développement après signature de l'accord Bretton Woods du 1er au 22 juillet 1944. Le 9 mai 1947,
elle approuva son premier prêt, qui fut accordé à la France pour un montant de 250 millions de dollars
(en valeur actualisée, il s'agit du plus gros prêt consenti par la Banque).
La Banque mondiale a été créée principalement pour aider l'Europe et le Japon dans leur
reconstruction, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais avec le mouvement de
décolonisation des années 1960, elle se fixa un objectif supplémentaire, celui d'encourager la
croissance économique des pays en voie de développement africains, asiatiques et latino-américains.
Une personne en situation de pauvreté ne dispose pas des ressources financières suffisantes et vit
dans des conditions qui ne lui permettent pas d'exister dignement selon les droits légitimes et vitaux
de la personne humaine et qui la condamnent à survivre péniblement au jour le jour.
Selon le PNUD dans le rapport Vaincre la pauvreté humaine (2000), le PNUD définit spécifiquement
l’« extrême pauvreté », la « pauvreté générale » et la « pauvreté humaine ». Ainsi, « une personne vit
dans la pauvreté extrême si elle ne dispose pas des revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins
alimentaires essentiels – habituellement définis sur la base de besoins caloriques minimaux […]. Une
personne vit dans la pauvreté générale si elle ne dispose pas des revenus suffisants pour satisfaire ses
besoins essentiels non alimentaires – tels l’habillement, l’énergie et le logement – et alimentaires ».
La « pauvreté humaine », quant à elle, est présentée comme l’« absence des capacités humaines de
base : analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé maternelle, maladie pouvant
être évitée ».
La pauvreté humaine est intrinsèquement liée à la notion de développement humain, qui voit le jour
au début des années quatre-vingt-dix, à la suite des travaux d’Amartya Sen. Le développement humain
représente, selon les termes du PNUD, l’élargissement des possibilités et des choix offerts aux
individus. Plus précisément, « les trois possibilités essentielles sont celles de vivre longtemps et en
bonne santé, d’acquérir des connaissances et un savoir, et de pouvoir accéder aux ressources
nécessaires pour vivre dans des conditions décentes ». C’est par rapport au développement humain
29
que la pauvreté humaine est définie : « elle signifie la négation des opportunités et des perspectives
fondamentales sur lesquelles repose tout développement humain, à savoir vivre une vie longue, saine,
constructive, et jouir d’un niveau de vie décent, ainsi que de la liberté, de la dignité, du respect de soi-
même et d’autrui ».
Le PNUD évoque également dans ce rapport la pauvreté monétaire, sans toutefois en donner une
définition précise. La pauvreté monétaire relève plutôt de la démarche de la Banque mondiale, alors
que la pauvreté humaine semble être un concept spécifiquement onusien.
Toutefois, la Banque mondiale ne s’en tient pas à cette analyse simpliste. Elle n’omet pas d’évoquer
les interrelations entre les différentes facettes de la pauvreté, et explique que l’étude approfondie de
certains secteurs – ou domaines – est fondamentale pour saisir la pauvreté dans sa complexité. Ces
domaines sont la santé et l’éducation, la vulnérabilité (l’incertitude et le risque frappant
particulièrement les populations pauvres), le manque de parole (voicelessness) et le manque de
pouvoir (powerlessness).
Pour évaluer ces divers domaines, la Banque mondiale passe en revue une série d’indicateurs ou
« pistes de réflexion » possibles. En ce qui concerne la santé, l’indicateur retenu est quasiment le même
que celui du PNUD. Elle opte en effet pour le taux de mortalité infantile, et celui des moins de 5 ans.
Dans le domaine éducatif, les indicateurs adoptés sont soit le taux d’inscription brut, soit, lorsque les
données sont disponibles, le taux d’inscription net.
Parmi les « nouveautés » du rapport 2000, il y a la vulnérabilité, dont la Banque mondiale précise
qu’un indicateur ne saurait l’évaluer dans sa dimension dynamique (les taux de fréquence d’entrée et
30
de sortie de la pauvreté). Face à cela, elle préconise de mener des études à partir des données fournies
par les enquêtes de consommation ou les recensements (tout en admettant que ces informations sont
souvent insuffisantes). « Comme ce concept est dynamique, il ne peut être mesuré en observant les
ménages une fois seulement […]. Il existe maintenant un consensus croissant sur le fait qu’il n’est ni
possible ni souhaitable d’appréhender la vulnérabilité par un seul indicateur. ». La Banque mondiale
n’évoque toutefois pas les indicateurs susceptibles de constituer une approche plus satisfaisante. Pour
cette institution, la « vulnérabilité » ne semble donc pas être mesurable à proprement parler.
Pour l’école Welfarist la chose en question est le bien-être économique. Ce dernier est défini
indirectement via l’utilité générée par la consommation totale. Cette approche est, donc, associée
au niveau de revenus ou de dépenses de consommation des personnes.
L’école des besoins de base considère que la chose manquante est un sous-ensemble de certains
besoins de base et services qui sont jugés un préalable pour l’atteinte d’une certaine qualité de vie
31
tels que être adéquatement nourri, habillé et logé. Ils ne sont pas perçus contribuant nécessairement
au bien-être.
Pour l’école des capacités c’est des habilités ou les capacités d’atteindre un certain sous-ensemble
de fonctionnements qui manquent à un pauvre
Les indicateurs monétaires utilisés pour mesurer le bien-être ou la pauvreté sont le revenu et la
consommation. Il existe principalement deux méthodes pour mesurer ces indicateurs à savoir : les
mesures quantitatives et objectives d'une part et les mesures qualitatives et subjectives d'autre part.
Les mesures quantitatives et objectives sont issues des statistiques nationales. Les mesures subjectives
et qualitatives de la pauvreté en termes de revenus et de consommation sont fondées sur des questions
posées aux ménages à propos de (a) leur situation telle qu'ils la perçoivent, comme « Avez-vous assez
pour vivre ? » « Estimez-vous que votre revenu est très bas, plutôt bas, suffisant, plutôt élevé, ou élevé
? » (b) une opinion à l'égard des standards minima de revenu et de besoins, telles que « Quel est le
montant minimum nécessaire pour permettre de vivre à une famille composée de deux adultes et trois
enfants ? » ou « Quel est le minimum nécessaire pour votre famille ? » ou (c) des classements de la
pauvreté dans la communauté, tels que « Quels sont les groupes les plus vulnérables du village ? » Sur
base des réponses à ces questions, des lignes de pauvreté peuvent être fixées.
Bien que la pauvreté ait été mesurée traditionnellement en termes monétaires, elle possède de
nombreux autres aspects. La pauvreté n'est pas seulement liée au manque de revenus ou de
consommation, mais aussi à des performances insuffisantes en matière de santé, d'alimentation et
d'alphabétisation, à des déficiences de relations sociales, à l'insécurité, à une faible estime de soi-même
et à un sentiment d'impuissance.
a. Indicateurs alimentaires
32
L'état de sous-développement se traduit généralement par des insuffisances alimentaires tant sur la
plan quantitatif que qualitatif. L'insuffisance quantitative se présente lorsque la ration alimentaire par
individu est inférieure à 2400 calories par jour; dans ce cas on parle de "sous-alimentation". En 1996,
les apports journaliers de calories par habitant s'élevaient, selon le PNUD, à 1845 en Ethiopie, 2844
en Chine, 3250 en Tunisie et 3642 aux Etats-Unis. L'insuffisance qualitative traduit des carences
alimentaires bien que le nombre de calories de ladite ration soit jugé suffisant; dans ce cas on emploie
le terme « malnutrition ». La validité des indicateurs nutritionnels se fonde sur la corrélation existant
entre le niveau de développement et l'amélioration de l'alimentation.
b. Indicateurs démographiques
c. Indicateurs d'accessibilité
Certaines institutions internationales proposent également des indicateurs fondés sur le pourcentage de
la population totale ayant accès : aux soins de santé, à des points d'eau aménagés, aux médicaments et
vaccins essentiels.
L'état de santé des membres d'un ménage peut être considéré comme un indicateur important du bien-
être. Dans ce domaine les indicateurs sont nombreux, on peut toutefois citer : l'espérance de vie à la
naissance, le nombre d'habitants par médecin, par infirmier, par lit d'hôpital, le nombre
d'accouchements assistés par le personnel de santé...D'autres indicateurs sont également employés, tel
le taux de mortalité infantile qui exprime le nombre de décès d'enfants de moins de un an pour mille
naissances vivantes au cours d'une année donnée, la régularité des vaccinations des enfants, dans la
mesure où celle-ci détermine leur état de santé futur.
L'éducation et la formation ont un impact important sur l'accumulation du capital humain et par là-
même sur le processus de développement économique et social. Ainsi, sont proposés des indicateurs
33
L'accès à la technologie et sa maîtrise apparaissent comme des éléments qui suscitent et accompagnent
le processus de développement. Des indicateurs mesurent la diffusion et la production de technologies.
Récepteurs de radios, de télévisions, téléphones et voiture télédensité : nombre de lignes téléphoniques
pour 100 habitants, nombre d'internautes pour 1000 habitants, nombre de brevets par million
d'habitants
Ils sont censés rendre compte de la structure d'une économie et par là-même de l'état de développement.
L'indicateur principal s'intéresse à la répartition sectorielle des activités. Le développement d'une
économie serait caractérisé par la croissance progressive de certains secteurs ainsi que par le transfert
corrélatif de main d'œuvre du secteur primaire vers le secteur secondaire puis vers le secteur tertiaire
en raison de gains de productivité successifs au
sein de ces trois secteur ». Cette analyse a fait l'objet de critiques tenant généralement à la division de
l'économie en trois secteurs jugée arbitraire, et plus particulièrement en ce qui concerne le secteur
tertiaire dans les PVD artificiellement gonflé par l'exode rural et le chômage.
L'indicateur statistique de consommation d'énergie (globale et par tête) d'un pays fonde sa validité sur
l'existence d'une forte corrélation entre la dite consommation et le niveau de l'activité économique.
Toutefois, cette forte corrélation mise en lumière dans les années cinquante et soixante par E.S. Mason
(1955), Y. Mainguy (1967) et J. Darmstadter (1971) à été peu à peu nuancée pour être mise en doute
après les deux chocs pétrolier.
La Banque mondiale fournit deux indicateurs directs de la productivité agricole : la valeur ajoutée
agricole par travailleur agricole et la valeur ajoutée agricole par hectare de terre agricole.
Une alternative à l'utilisation d'un seul paramètre de pauvreté pourrait être de combiner les
informations relatives à différents aspects de la pauvreté. Une autre possibilité consisterait à créer une
mesure qui prenne en compte le revenu, la santé, les actifs et l'éducation. Il est important de remarquer
qu'une des principales limites des indices composites réside dans la difficulté de définir une ligne de
pauvreté.
Un seuil de pauvreté (ou ligne de pauvreté) est un niveau de bien-être en dessous duquel un ménage
ou une personne déterminée sera considérée comme pauvre. Les lignes de pauvreté sont des points
limites qui séparent les pauvres des non pauvres. Elles peuvent être de nature monétaire (par exemple,
un certain niveau de consommation) ou non monétaire (par exemple, un certain niveau d'éducation).
L'utilisation de plusieurs lignes permet de distinguer différents niveaux de pauvreté. Le seuil de
pauvreté varie fortement selon la catégorie à laquelle appartient le pays, pays développés ou pays en
développement. Le seuil de pauvreté peut être défini de deux manières : le seuil de pauvreté absolue
et le seuil de pauvreté relative.
Il s'agit d'une valeur discriminante, qualifiée comme le minimum vital à avoir par une personne pour
qu'elle soit considérée non pauvre. Ce minimum vital couvre le coût d'un panier de produits
alimentaires jugés nécessaires pour le maintien en bonne santé auquel s'ajoute une certaine provision
pour la couverture des besoins non alimentaires. Cette définition correspond à la pauvreté absolue.
Pour l'ONU, un individu est dit en état de pauvreté absolue quand il n'a pas les moyens de se procurer
un "panier" de biens considérés comme indispensables à sa survie. En France, en 2002, l'estimation
était d'environ 10 euros par jour. Bien que les Etats-Unis et le Canada utilisent cette méthode, celle-ci
est davantage appropriée aux pays en développement. La Banque mondiale détermine deux seuils de
pauvreté absolue pour caractériser la nature de la pauvreté. Le seuil de « l'extrême pauvreté » et le seuil
de pauvreté générale.
35
Le seuil de « l'extrême pauvreté » : c'est le seuil qui ne couvre que les besoins essentiels alimentaires
ou besoins de subsistance alimentaire. Il est aussi connu sous le nom de « seuil de 1$ par jour » (en
réalité il correspond à un niveau de 1,08$ selon les prix de 1993). Ce seuil est calculé en fonction d'un
panier annuel de consommation minimale pour assurer un niveau de vie tolérable. Il est utilisé dans les
pays en développement et dans quelques pays développés comme les Etats-Unis. Pour la Banque
mondiale, l'extrême pauvreté se situe à 1,25 dollar par jour (selon les prix de 2005). Le nombre de
personnes vivant sous ce seuil est souvent difficile à évaluer : (manque de statistiques détaillées, - prise
en compte des activités non marchandes (autoconsommation), accès à des services publics). Pour que
des comparaisons internationales puissent être effectuées en s'affranchissant du pouvoir d'achat des
différentes devises, les seuils de pauvreté sont exprimés en parité de pouvoir d'achat. Le seuil de «
l'extrême pauvreté » est aussi appelé seuil de pauvreté alimentaire (SPA) correspond à la dépense
minimale nécessaire à un individu ou un ménage pour se procurer un panier de biens alimentaires qui
respecte à la fois les normes nutritives d'un régime alimentaire équilibré (2400 Kcal/jour par équivalent
adulte) et les habitudes de consommation de la population.
Le seuil de « pauvreté générale » : c'est le seuil qui couvre les besoins essentiels alimentaires et certains
besoins essentiels non alimentaires. Il correspond au Le seuil de pauvreté global est obtenu en faisant
la somme des seuils de pauvreté alimentaire et non alimentaire (SPA et SPNA). Le seuil de pauvreté
non-alimentaire (SPNA) correspond à la dépense minimale nécessaire à l'acquisition des biens non-
alimentaires et les services publics essentiels à la population. Il est estimé (i) en calculant l'importance
relative des dépenses non-alimentaires par rapport aux dépenses alimentaires pour l'ensemble des
ménages et (ii) en multipliant le seuil de pauvreté alimentaire déterminé par le ratio calculé
précédemment. Il est aussi connu sous le nom de « seuil de 2 $ par jour » qui est égal au double du
seuil de « l'extrême pauvreté ».
Le choix de l'un ou de l'autre dépend du niveau de développement. S'agissant des pays à revenu
intermédiaire, comme l'Amérique latine ou certains pays d'Asie, le second seuil est considéré comme
étant un meilleur indicateur de la pauvreté réelle des populations. Le premier seuil est, quant à lui,
adapté aux pays les moins avancés, dont l'Afrique subsaharienne
.
36
Il est égal à une proportion ou pourcentage du niveau de vie médian ou moyen du pays dans lequel on
se trouve. Le revenu ou la consommation sont les principales variables utilisées pour approcher le
niveau de vie. En France, l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques)
considère qu'un ménage est pauvre si son revenu est inférieur à 50% du revenu médian français. Au
sein de l'Union européenne, Eurostat fixe ce seuil à 60%. Cette méthode donne une connaissance
objective de la pauvreté ressentie par une fraction de la population, mais mesure surtout les inégalités
dans la répartition des revenus.
Étant donné que de larges proportions des populations habitant dans les pays en développement
survivent avec le strict minimum ou moins encore, le choix d'une ligne de pauvreté absolue plutôt que
relative s'avère souvent plus indiqué.
En dernière analyse, le choix d'une ligne de pauvreté est arbitraire. Afin d'assurer une large
compréhension et l'acceptation d'une ligne de pauvreté, il est important que celle-ci soit choisie en
accord avec les normes sociales et la notion généralement admise d'un minimum vital. Par exemple, il
peut être logique d'utiliser, dans certains pays, le salaire minimum ou la valeur d'un avantage social
existant et largement admis comme le minimum vital. L'utilisation de données qualitatives peut
également s'avérer avantageuse au moment de décider des produits à intégrer dans le panier des besoins
fondamentaux pour la construction d'une ligne de pauvreté absolue.
Quelle que soit la méthodologie retenue, les lignes de pauvreté comporteront toujours une forte
connotation arbitraire ; par exemple, le seuil calorique retenu dans les deux cas peut être considéré
comme variant avec l'âge. Le classement ordinal du bien-être, essentiel à la définition d'un profil de la
pauvreté, est plus important que le classement cardinal qui situe simplement un ménage au-dessus ou
en dessous de la ligne. Pour les comparaisons en fonction du temps, cependant, la stabilité et la
cohérence de la ligne de pauvreté doivent être assurées.
37
Ils sont au nombre de trois à savoir : l'incidence de pauvreté, la profondeur de la pauvreté et la sévérité
de la pauvreté.
H=q/n
Cet indicateur est facile à interpréter et à présenter mais il n'est pas sensible aux différences d'intensité
de la pauvreté ; il ne variera pas si la situation de la pauvreté s'aggrave au sein de la population pauvre.
Le taux de pauvreté ne donne aucune information sur les différences de revenus au sein de la population
pauvre. Face à cela, le poverty gap, c'est-à-dire la distance des personnes par rapport au seuil de
pauvreté, vise à déterminer la « profondeur » de la pauvreté. Il rend ainsi compte du niveau de revenu
dont disposent les pauvres, et le compare avec le seuil de pauvreté fixé.
Cette mesure indique la distance moyenne qui sépare les personnes pauvres du seuil de pauvreté (une
distance zéro étant attribuée aux non-pauvres). Elle enregistre le déficit global moyen de revenu ou de
consommation par rapport à la ligne de pauvreté pour l'ensemble de la
population pauvre. En ce sens, cet indicateur est meilleur que l'incidence de la pauvreté, en revanche
il ne donne que la situation moyenne des pauvres. Dans le cas d'un ciblage parfait des pauvres, cet
indicateur permet d'évaluer les ressources nécessaires pour éradiquer la pauvreté, c'est à dire le montant
des transferts nécessaires pour ramener l'ensemble de la population pauvre au niveau du seuil de
pauvreté. La profondeur de la pauvreté P1 est définie comme suit:
38
Où z : seuil de pauvreté et yi : indicateur de mesure de pauvreté pour l'individu i qui est pauvre. Le
revenu moyen des pauvres est égal à :
I= (z-y-q)/z
L'écart de pauvreté peut être considéré comme le produit du ratio de l'écart de revenu et de l'indice de
pauvreté en nombre d'habitants :
P1 = I*H
Enfin, le squared poverty gap évalue le degré d'inégalité des revenus au sein de la population pauvre.
La répartition du revenu parmi les pauvres peut en effet constituer une information utile pour
comprendre leurs convergences ou divergences d'intérêt.
Cette mesure tient compte non seulement de la distance séparant les pauvres de la ligne de pauvreté
(l'écart de pauvreté), mais aussi de l'inégalité entre les pauvres. Elle attribue une pondération plus
importante aux personnes situées à plus grande distance du seuil de pauvreté. Toutes ces mesures
peuvent être calculées par ménage, c'est-à-dire par l'évaluation de la part des ménages qui se situent en
dessous de la ligne de pauvreté dans le cas de l'indice en nombre d'habitants. Cependant, il peut s'avérer
préférable d'établir les mesures sur base de la population (en nombre d'individus) afin de prendre en
compte le nombre de personnes qui compose chaque ménage. Il est considéré comme l'indicateur de
parfait ciblage des pauvres. La formule de calcul d'indice de sévérité P2 est la suivante:
Alors que la profondeur (écart de pauvreté) prend en compte la distance qui sépare les pauvres de la
ligne de pauvreté, la sévérité (écart de pauvreté au carré) considère le carré de cette distance.
L'utilisation de l'écart de pauvreté au carré revient situation d'extrême pauvreté.
39
La Banque mondiale distingue les économies à faible revenu, à revenu intermédiaire et à revenu élevé.
Au 1er juillet 2011, les économies à faible revenu sont celles qui, en 2010, ont un revenu moyen par
habitant de 1 005 dollars ou moins ; les économies à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont
un revenu moyen compris entre 1 006 et 3 975 dollars ; les économies à revenu intermédiaire de la
tranche supérieure ont un revenu moyen compris entre 3 976 et 12 275 dollars ; et les économies à
revenu élevé ont un revenu moyen de 12 276 dollars ou plus. Les économies à faible revenu et
intermédiaire sont généralement qualifiées d'économies en développement ; cependant, cela ne signifie
ni que les économies d'un même groupe de revenu ont atteint le même stade de développement, ni que
les économies à revenu élevé ont atteint un stade de développement souhaité ou final.
L’efficacité de l’aide extérieure prête à controverse depuis des décennies. Ainsi, Milton Friedman
(1958), Peter Bauer (1972), William Easterly (2001) et d’autres économistes y sont allés de critiques
cinglantes, affirmant que l’aide avait contribué à l’expansion de la bureaucratie étatique, avait perpétué
la mauvaise gouvernance, avait enrichi l’élite des pays pauvres, ou avait tout simplement été gaspillée.
Ils ont fait remarquer que malgré trois décennies d’aide, la pauvreté demeurait généralisée en Afrique
et en Asie du Sud et que des pays qui avaient bénéficié d’une aide substantielle affichaient un bilan
désastreux au chapitre de la croissance et de la réduction de la pauvreté, notamment la République
centrafricaine, la République Démocratique du Congo (le cas spécifique de notre présente étude),
Haïti, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Somalie. Ses détracteurs recommandent que les programmes
d’aide fassent l’objet d’une refonte en profondeur, soient considérablement amputés, voire carrément
éliminés.
Les partisans de l’aide ont rétorqué que, s’ils sont en partie justes, ces arguments portent la marque de
l’exagération. Jeffrey Sachs (2004), Joseph Stiglitz (2002), Nicholas Stern (2002), entre autres, ont
soutenu que, en dépit de certains échecs, l’aide a contribué à la réduction de la pauvreté et à la
croissance dans certains pays et que, en son absence, certains pays auraient obtenu des résultats encore
pires. Ses défenseurs croient également que bon nombre de ses lacunes sont davantage imputables tant
aux bailleurs de fonds qu’aux bénéficiaires, d’autant plus que l’aide vise dans une large mesure à
cimenter des alliances politiques plutôt qu’à financer le développement. Ils citent en exemple la
40
réussite de nombreux pays bénéficiaires tels que le Botswana, la Corée, Taiwan, l’Indonésie, et,
récemment, l’Ouganda et le Mozambique, ainsi que d’initiatives à grande échelle, notamment la
Révolution verte, la campagne contre la cécité des rivières et la thérapie de réhydratation orale. Ils ont
souligné que, depuis 40 ans, soit depuis que l’aide est fournie sur une grande échelle, les indicateurs
de pauvreté se sont repliés dans de nombreux pays et les indicateurs de santé et d’éducation ont connu
une croissance sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
Selon certains auteurs, si l’aide contribue à la croissance économique, alors elle permet de lutter contre
la pauvreté. Cependant le raisonnement repose sur l’hypothèse que l’aide n’a pas un effet direct sur la
pauvreté et que son effet passe par la croissance. Cette approche est remise en cause par les résultats
d’un certain nombre d’études, qui souligne un effet direct sur les indicateurs de développement
humain. Ainsi par exemple Burnside et Dollar (1998) analysent l’effet de l’aide sur la baisse de la
mortalité infantile, un indicateur fortement corrélé aux niveaux de pauvreté. Leur étude économétrique
suggère que dans un bon environnement de politique économique, l’aide permet une réduction de la
mortalité infantile. Ensuite, Kosack (2003) souligne que l’aide n’a d’effet sur l’indicateur du
développement humain que dans des régimes démocratiques. Egalement Collier et Dollar (2001, 2002)
développent un modèle d’allocation d’aide dont l’objectif est de maximiser la réduction de la pauvreté.
Pour eux, l’aide devrait être alloué aux pays ayant des graves problèmes de pauvreté et de bonnes
politiques économiques en mesurant l’effet marginal de l’aide c’est-à-dire le nombre de personnes
sortant de la pauvreté grâce à un dollar supplémentaire d’aide. En somme, l’on retient de ce qui précède
que les auteurs s’accordent dans une moindre mesure sur l’impact positif de l’aide sur la pauvreté,
même si cela n’est pas direct mais exige qu’il y ait une bonne gouvernance.
Les chercheurs qui partagent ce point de vue ont tenté de faire ressortir également les caractéristiques
fondamentales susceptibles d’expliquer l’accélération ou la nonaccélération. Cette thèse de l’efficacité
de l’aide a deux corollaires : l’efficacité de l’aide dépend des caractéristiques du pays bénéficiaire ; et
des pratiques et des procédures des bailleurs de fonds.
− Caractéristiques des pays bénéficiaires. Isham, Kaufmann et Pritchett (1995) ont constaté que les
projets de la Banque mondiale affichaient un meilleur rendement dans les pays où les libertés civiques
étaient mieux respectées. L’attrait de cette approche tient au fait qu’elle peut expliquer pourquoi l’aide
semble d’une part, avoir favorisé la croissance dans des pays tels que la Corée, le Botswana,
l’Indonésie et, récemment, le Mozambique et l’Ouganda et d’autre part, ne pas avoir stimulé la
41
croissance dans des pays comme Haïti, le Libéria, le Congo RDC et les Philippines. Ces conclusions
ont eu un impact énorme sur les bailleurs de fonds car le principe a été directement appliqué par la
Banque mondiale lors de l’élaboration du mécanisme de distribution des fonds de l’IDA, International
Developpement Association en fonction des résultats selon Radelet (2003), cité par D. Cogneau, et S.
Lambert (2006).
−Pratiques des bailleurs de fonds. De nombreux analystes n’ont soutenu que les pratiques des bailleurs
de fonds aient une grande influence sur l’efficacité de l’aide. Par exemple, l’aide multilatérale pourrait
être plus efficace que l’aide bilatérale. Nombre d’observateurs ne croient également que les bailleurs
de fonds qui ont mis en place une imposante bureaucratie, qui n’harmonisent pas leurs pratiques avec
celles des autres donateurs ou qui ont négligé le système de suivi et d’évaluation nuisent à l’efficacité
de leurs programmes. Suivant deux opinions influentes qui se recoupent, l’aide serait plus efficace si
les pays bénéficiaires internalisaient davantage les programmes et si leur gouvernement et groupes
communautaires participaient plus étroitement à l’établissement des priorités et à l’élaboration des
programmes. Radelet (2003)
42
METHODOLOGIQUE D’ETUDE
Pourtant, la plupart des habitants de RDC ne profite de ces richesses. Une longue succession de
conflits, d’instabilité, de troubles politiques et de régimes autoritaires a conduit à une crise humanitaire
aussi sévère que persistante, à laquelle s'ajoutent des déplacements forcés de populations. Et la
situation ne s'est guère améliorée depuis la fin des guerres du Congo en 2003.
La RDC est l'une des cinq nations les plus pauvres du monde. En 2022, environ 62 % de la population
du pays soit 60 millions de personnes vivait avec moins de 2,15 dollars par jour. Ainsi, près d'une
personne sur six en situation d'extrême pauvreté en Afrique subsaharienne vit en RDC.
En 62 ans d'indépendance, la RDC n'a connu sa première transition pacifique du pouvoir qu'en janvier
2019, avec L’accession au pouvoir de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui a remporté l’élection
présidentielle de décembre 2018 et a succédé à Joseph Kabila, qui avait dirigé le pays pendant 18 ans.
Il semble qu'un nouveau contrat social soit en train de se dessiner entre l'État et les citoyens, à travers
la généralisation de l’enseignement primaire gratuit, une plus grande transparence, des réformes du
secteur public, l’engagement pour la couverture sanitaire universelle et à travers l’importance accordée
à la prévention des conflits et à la stabilisation dans l’Est du pays.
Cependant, malgré les efforts de prévention des conflits et de stabilisation, des poches d'insécurité
persistent dans le pays, particulièrement dans sa région orientale. La RDC continue de se préparer aux
43
prochaines élections générales prévues pour la fin de l'année 2023. Ces derniers mois, la situation
sécuritaire s'est toutefois gravement détériorée dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où des
milliers de personnes ont dû fuir les affrontements entre l'armée congolaise et des groupes armés.
D'autres foyers d'insécurité ont également émergé dans le pays, notamment en raison de conflits
intercommunautaires. Le bon déroulement du scrutin permettrait à la RDC de continuer sur la voie de
la stabilité politique et de poursuivre des réformes nécessaires pour permettre à la majorité de sa
population de bénéficier des immenses atouts que possède le pays.
La croissance économique a grimpé à 8,9 % en 2022 et devrait atteindre 6,8 % en 2023. Le secteur
minier reste le principal moteur de la croissance, bien qu’il devrait ralentir pour atteindre 11,7 % en
2023 (contre 22,6 % en 2022) La croissance des secteurs non miniers (notamment les services) devrait
atteindre 4,2 % en 2023, contre 2,7 % en 2022. Compte tenu du coût élevé des importations et de la
dépréciation de la monnaie, l'inflation augmente plus rapidement et devrait atteindre 20,7 % (moyenne
de la période) en 2023, contre 9,2 % en 2022.
L’augmentation des recettes d'exportation n’a pas permis de compenser le renchérissement des factures
d'importation de denrées alimentaires et de carburant, ce qui conduit à un creusement du déficit des
transactions courantes, estimé à 4.7 % du PIB en 2023. Les investissements directs étrangers devraient
conduire à l'accumulation de réserves internationales, estimées à 10 semaines d'importations en 2023
(2022 : 7,9 semaines).
Malgré une politique budgétaire prudente, la poursuite des dépenses exceptionnelles pour la sécurité
et les élections entraîne un creusement du déficit budgétaire en 2023 (-1,3 % du PIB), dans un contexte
de baisse des recettes (environ 0,3 point de pourcentage de moins qu'en 2022).
Les perspectives de croissance à moyen terme restent favorables, bien que des vulnérabilités
considérables liées aux chocs des prix des produits de base et aux perturbations de la chaîne
d'approvisionnement persistent. La croissance du PIB devrait progressivement ralentir pour atteindre
6,2 % d'ici 2025.
Compte tenu des conflits persistants à l'Est, le défi immédiat de la RDC est de renforcer la sécurité et
de maintenir la stabilité politique et macroéconomique pendant la période électorale, tout en accélérant
les réformes en cours pour assurer une croissance durable.
La RDC se classe au 164e rang sur 174 pays selon l'indice de capital humain 2020, conséquence de
décennies de conflits, de fragilité et de développement compromis. L'indice de capital humain de la
RDC s'établit à 0,37, au-dessous de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne (0,40). Cela signifie
qu'un enfant congolais né aujourd'hui ne peut espérer réaliser que 37 % de son potentiel, par rapport à
ce qui aurait été possible s'il avait bénéficié d'une scolarité complète et de qualité, et de conditions de
santé optimales. Les principaux facteurs à l'origine de ce score sont le faible taux de survie des enfants
de moins de cinq ans, le fort taux de retard de croissance des enfants et la piètre qualité de l'éducation.
Le taux de retard de croissance en RDC (42 % des enfants de moins de cinq ans) est l'un des plus élevés
d'Afrique subsaharienne et la malnutrition est la cause sous-jacente de près de la moitié des décès dans
cette classe d’âge. Et contrairement à d'autres pays africains, la prévalence du retard de croissance en
RDC n'a pas diminué au cours des vingt dernières années. En raison d’un taux de fécondité très élevé,
le nombre d'enfants souffrant d'un retard de croissance a augmenté de 1,5 million.
La RDC abrite diverses populations autochtones dont l’existence est marquée par un grand nombre de
difficultés : expulsion de leurs terres ancestrales, discriminations ou encore manque d’accès à des
services de base comme les soins de santé et l’éducation. Ces populations continuent malgré tout de
jouer un rôle important dans la préservation de la diversité culturelle du pays et la promotion de
pratiques de gestion durable des ressources. Et si des efforts existent pour reconnaître et protéger les
droits des populations autochtones, il reste encore beaucoup à faire pour assurer leur pleine
participation à la société et la protection de leurs modes de vie traditionnels.
L'accès à l'éducation s'est considérablement amélioré au cours des deux dernières décennies, en
particulier chez les filles et les plus jeunes. Entre 2000 et 2017, le taux net de scolarisation dans le
primaire a augmenté de 50 %, passant de 52 à 78 %. Mais le taux d'achèvement du primaire reste bas
45
(75 %), et la qualité de l'éducation extrêmement faible : on estime que 97 % des enfants de dix ans en
RDC sont en situation de pauvreté des apprentissages, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas en mesure de lire
et comprendre un texte simple.
Le taux d'activité des femmes en RDC est estimé à près de 62 %, la plupart d'entre elles travaillant
dans l'agriculture. Bien que ce taux soit relativement élevé, les femmes gagnent beaucoup moins que
les hommes et possèdent moins d'actifs. Un rapport réalisé en 2021 recense trois grands facteurs à
l'origine des écarts persistants et significatifs entre les sexes dans le pays : le contrôle des terres, la
capacité d'expression et d'action, et le risque et l'incertitude, en particulier la vulnérabilité aux chocs et
aux violences de genre.
Les systèmes de santé de la RDC ont été durement touchés par le conflit prolongé qui sévit dans le
pays et par des crises humanitaires complexes qui perdurent de longue date dans le monde. Cette
situation a en outre été considérablement aggravée par la pandémie de COVID-19 et, avant elle, par
les épidémies récurrentes de choléra, de rougeole ou d’Ebola. La demande de vaccins anti-COVID a
été relativement limitée en raison de fortes réticences dans la population. Il apparaît par ailleurs que la
pandémie a eu un impact négatif sur le degré d'utilisation des services de santé depuis mars 2020 :
baisse des consultations hospitalières et prénatales, accès réduit au planning familial et à la
contraception, augmentation de l'insécurité alimentaire et hausse des cas de violences sexuelles et
sexistes. En raison de la pandémie, près de 23 millions d'enfants n'ont pas été vaccinés comme ils
l’auraient dû en 2020, soit le nombre le plus élevé depuis plus d'une décennie selon des données
récentes de l'OMS et de l'UNICEF. Tous ces éléments mettent en lumière l’impact de la COVID-19
sur les systèmes de santé, laissant à craindre que l'interruption temporaire des services de santé de base
entraîne, faute d’action, une crise sanitaire secondaire.
46
Après une série de conflits dans les années 1990, suivis de conséquences économiques et sociales
néfastes, l'économie de la RDC connaît une reprise depuis 2001. Avec une croissance économique
moyenne de 7,4 % sur la période 2010-2013, la RDC enregistre la croissance la plus rapide du
continent africain. Cette performance résulte de la forte croissance des secteurs de l’exploitation
minière et des services et de l’évolution favorable des prix des matières premières. À partir de la
deuxième moitié des années 2000, la croissance économique s'est accélérée et s'est accompagnée
d'une réduction de la pauvreté de 5,3 points de pourcentage, ramenant le taux de pauvreté à 64 % en
2012.
Les résultats de l’enquête 1-2-3 de l’INS montrent que Les dépenses totales de consommation des
ménages par équivalent adulte ont augmenté de 5,2 %, passant de 747 734,8 CDF en 2005 à 786
912,7 CDF en 2012 en termes réels, ce qui correspond à un taux de croissance annuel de 0,7 %. Au
cours de la période 2005-2012, la croissance de la consommation des 20 % des ménages les plus
pauvres était supérieure à celle des 20 % des ménages les plus riches. La consommation des plus
pauvres a connu une lente augmentation (1,1 %), tandis que celle des ménages du quintile supérieur
de richesse a diminué de 5,3 %. La croissance de la consommation des ménages au niveau national
masque des disparités régionales. Par exemple, la consommation des ménages a augmenté de 4,7 %
dans les zones rurales, tandis que celle des ménages à Kinshasa a diminué de 2 %, indiquant que
leurs revenus ont augmenté plus lentement que le coût de la vie à Kinshasa. Toutefois, dans les villes
secondaires, la consommation des ménages a augmenté de près de 10 %.
L’incidence de la pauvreté dans le pays a diminué de 5,3 points de pourcentage, passant de 69,3 %
en 2005 à 64 % en 2012. Une diminution légèrement plus importante de la pauvreté a été observée
dans les zones rurales (-5,6 points de pourcentage, contre -4,1 points de pourcentage dans les zones
urbaines). Parallèlement à la réduction de la pauvreté nationale, l'incidence de l'extrême pauvreté ou
de la pauvreté alimentaire, définie comme la part de la population dont la consommation totale est
47
inférieure au seuil de pauvreté alimentaire (438 165,8 CDF en 2012), a baissé, passant de 33,8 % à
27 % au cours de la même période.
L’amélioration observée dans la réduction de la pauvreté n’est pas homogène entre les régions. Les
ménages de certaines provinces sont devenus plus pauvres en 2012 qu’en 2005. Alors que tous les
indicateurs de pauvreté se sont améliorés dans les provinces du Nord-Est (orientale et Nord-Kivu),
combinant à la fois une réduction de l'incidence de la pauvreté et du nombre de personnes vivant en
dessous du seuil de pauvreté (724 506), le niveau de vie s’est dégradé dans les provinces du Kasaï et
de Maniema, où l'incidence, la profondeur et la gravité de la pauvreté ont augmenté entre 2005 et
2012.
Le niveau de pauvreté extrême évalué selon les normes internationales est encore très élevé. Comme
pour les taux de pauvreté nationaux, les taux de pauvreté internationaux ont considérablement
diminué, mais sont restés élevés par rapport aux normes internationales. Le seuil international de
pauvreté, correspondant à 1,90 USD par jour et par personne en PPA de 2011, est utilisé pour évaluer
et comparer la pauvreté entre les pays. En RDC, la part de la population extrêmement pauvre selon
les normes internationales et vivant avec moins de 1,90 USD par jour PPA a chuté de 94,3 % en
2005 à 76,9 % en 2012.
Bien que l'extrême pauvreté ait considérablement diminué par rapport au taux de 17,4 % entre 2005
et 2012, le taux de pauvreté reste élevé en RDC par rapport à la plupart des pays. La RDC figure à
l’extrême droite de la répartition mondiale de la pauvreté. Cela indique que la prévalence de l'extrême
pauvreté en RDC arrive au deuxième rang mondial en termes de normes internationales, dépassée
seulement par Madagascar.
Entre 2005 et 2012, l'incidence de la pauvreté a diminué, mais le nombre de pauvres a augmenté.
Bien que le taux de pauvreté ait diminué de 5,3 points de pourcentage entre 2005 et 2012, le nombre
48
de pauvres a en réalité augmenté de 7 millions. Cette augmentation du nombre de pauvres est due
aux deux provinces du Kasaï, qui ont enregistré 4 millions de pauvres supplémentaires en 2012, et à
Kinshasa, où le nombre de pauvres a augmenté de 1,2 million par rapport à 2005. On a pu observer
une augmentation substantielle du nombre de pauvres dans les provinces du Bandundu et de
l’Équateur entre 2005 et 2012.
Cette section analyse les tendances de la pauvreté non monétaire en RDC sur la base des enquêtes
démographiques et de santé de 2007 et 2013 et des Enquêtes 1-2-3 de 2005 et 2012. Dans un premier
temps, cette section vise à analyser les tendances de certains indicateurs de pauvreté non monétaire
sélectionnés séparément. Dans un deuxième temps, elle fournit une analyse multidimensionnelle des
tendances de la pauvreté en RDC pour la période 2005-2012, en utilisant les deux Enquêtes 1-2-3, qui
combinent plusieurs dimensions de la pauvreté dans un seul indice. Les dimensions de la pauvreté sont
choisies pour correspondre à celles utilisées par le Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) pour le calcul de l'Indice de pauvreté multidimensionnel (IPM).
Globalement, la RDC a connu une amélioration des indicateurs de santé entre 2007 et 2014 pour tous
les groupes de revenus. Les taux de vaccination (pour un ensemble complet de vaccins : BCG, DTCoq,
5
Le taux de fécondité total correspond au nombre d'enfants qu'une femme pourrait avoir au cours de sa vie reproductive si
elle présentait les taux de fécondité par âge observés au cours d'une année civile donnée.
49
polio et rougeole) ont globalement progressé, passant de 31 % en 2007 à 45 % en 2013 tandis que la
proportion d'enfants non vaccinés a baissé de 17,6 % à 6 % (Figure 7.a et 7b) durant la même période.
La proportion d'enfants ayant reçu un ensemble complet de vaccins a régulièrement augmenté, passant
de 36 % pour le quintile le plus pauvre à 65 % pour le quintile le plus riche.
La malnutrition globale est restée quasi stable sur six ans, avec plus de 2 enfants sur 5 souffrant d'un
retard de croissance. Entre 2007 et 2013, le pourcentage d'enfants âgés de moins de 5 ans souffrant
d'un retard de croissance ou d’insuffisance pondérale a diminué de 2 points de pourcentage, passant
respectivement de 45 % à 43 % et de 25 % à 23 %. Toutefois, la malnutrition reste un défi, en
particulier dans la province du Maniema où la proportion d'enfants souffrant d'insuffisance pondérale
a augmenté de 14 points de pourcentage par rapport à 2007, pour atteindre 31,9 % en 2013. Une légère
augmentation avait été enregistrée au Bas-Congo (+1,7), au Nord-Kivu (+1,4), au Kasaï-Occidental
(+0,2) et au Katanga (+0,1).
Entre 2007 et 2013, la proportion d'enfants souffrant d’insuffisance pondérale a diminué à tous les
niveaux de bien-être, à l'exception du quintile le plus pauvre. Les preuves tirées des données de l'EDS
de 2013 ont montré que la proportion d'enfants souffrant d'insuffisance pondérale a diminué
régulièrement du quintile de bien-être le plus pauvre au quintile le plus riche. La Figure 1.10 montre
que le pourcentage d'enfants de moins de 5 ans présentant une insuffisance pondérale était de 29,1 %
pour les ménages les plus pauvres, de 23,9 % pour le troisième quintile de bien-être et de 8,1 % pour
les plus riches en 2013.
–13 )
Figure 3. : La malnutrition chez les enfants, 2007
(%
Figure 10a. Accès aux infrastructures de base, Figure 10 b. Évolution des ménages ayant accès aux
2005 et 2012 (%) infrastructures de base(%)
Source : Calcul des auteurs à partir des enquêtes 1 -2 Source : Calcul des auteurs à partir des enquêtes 1 -2-3,
3, 2005 et 2012. 2005 et 2012.
Figure 11a. Taux de scolarisation chez Figure 11b. Évolution du taux de scolarisation par
les enfants âgés de 6 à 15 ans quintile de richesse (%)
Source : Calcul des auteurs à partir des enquêtes 1 Source : Calcul des auteurs à partir des enquêtes 1 -2-3,
2-3, 2005 et 2012. 2005 et 2012.
2005 2012
Zone urbaine 63,4% 56,3%
Les données utilisées dans ce travail sont celles en série temporelle. En effet, la série de l'indice
de développement humain (IDH) et des variables explicatives provient de la base de données
de la Banque Mondiale (World Development Indicators,) actualisée en fin 2022. Etant donné
que cette dernière pour certaines variables se limite à quelques années, faute de statistiques
irrégulières pour le pays, nous avons procédé à une consultation de différents autres documents
entre autres les rapports annuels de la BCC ; le DSCRP 1&2 dans le but d’obtenir une série
complète. Pour une période d'étude allant de 1995 à 2021, le traitement des données a été fait
via les logiciels stata 16.0 et SPSS.23.
Le modèle se fonde sur les travaux de KOSACK en 2003. Il établit une relation entre l'aide et
l'Indice de Développement Humain (IDH), reconnu comme étant une bonne mesure du niveau
du bien-être. Le modèle de KOSACK a été repris par Pasteur E. AKPO 2006, son étude se
consacra à l’évaluation de l’efficacité de l’aide, sous la contrainte de la bonne gouvernance.
Dans ses travaux, il s'appuie respectivement sur l'indice de pauvreté humaine comme variable
55
dépendante et concept gouvernance qui est l’un des facteurs déterminants dans l'atteinte de
l'efficacité de l'aide dans le pays bénéficiaire. L'objectif essentiel étant de pouvoir mettre en
relation l'aide publique et les variables de la pauvreté. (E. J. AKPO, M. S. SOMAKPO, A.
TCHOKPON, 2006)
Comme variable dépendante, nous avons utilisé l’indice de développement humain afin de nous
renseigner sur le niveau de pauvreté au sein de notre pays. Notre choix s’est porté sur l’indice
de développement humain (IDH) en tant que variable endogène car dans son calcul, il englobe
à la fois trois variables à savoir :
- Le niveau de vie mesuré par le logarithme du revenu national brut par habitant
(niveau de vie). L’Indicateur (IDH) a pour objectif de mesurer le niveau de
développement des pays et exprime le niveau de bien-être de la population d’un pays.
Cet indicateur a comme limite, une impossibilité de désintégration de chacun de ces
trois éléments après calcul et une difficulté de savoir la part ou la proportion de
chaque élément après calcul.
Ainsi, d’après le classement annuel 2016 sur base de l’Indice de Développement Humain
(IDH), publié par le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), la RDC
occupe la 176ème place sur 188 pays membres des Nations-Unies classés. La Norvège conserve
la tête et le Zimbabwe clôture la liste.
- Le produit intérieur brut par habitant (PIB) variable quantitative, qui permet
d'apprécier l'évolution du niveau de revenu de la population et qui a un effet sur le
niveau de vie de la population. Il mesure la production nationale par habitant. Cette
dernière influence le revenu moyen par habitant du pays, par conséquent, sa croissance
a des effets positifs sur l’indice de développement humain.
- L’indice d’allocation des ressources (INDALL) variable qualitative, calculé par l’IDA
(International Developpement Association) pour désigner le niveau dont différentes
ressources d’un pays sont affectées ou allouées à leurs fonctions afin d’atteindre un
but préétabli et bien déterminé. Selon l’IDA, 1=faible, 3= niveau moyen et 6=élevé.
En effet, dans le cadre d’une bonne répartition des revenus au sein d’un pays,
l’accroissement de la production nationale ou des ressources s’accompagne d’une
amélioration du niveau et de la qualité de vie (IDH).
- L'aide publique au développement par habitant (APDHB), c’est l’ensemble des dons
et prêts accordés au pays et exprimée en dollar Américain. C’est notre variable
indépendante principale. Il devrait affecter positivement le taux de croissance annuel
de l’indice de développement humain.
57
1.2.3.3.Spécification du modèle
En effet, notre équation se doit de traduire une relation aide-pauvreté, dans le but de tester
l’effet de l’aide sur l’agrégat de la pauvreté. L'équation à estimer est de la forme suivante :
β2, β3, β4, β5, β6 représentent les coefficients des variables exogènes. Il exprime le poids de
chaque variable dans le modèle.
Ut représente les perturbations aléatoires, Il est possible qu'il y ait d'autres variables susceptibles
d'expliquer la réduction de la pauvreté mais donc nous avons considéré comme ayant un effet
négligeable dans l’explication de la pauvreté en RDC. Ces variables sont captées par le terme
d’erreur Ut (les inégalités sociales, la qualité de l’Administration Publique, l’indice de
gouvernance, l’indice de corruption, etc.)
58
Variables indépendantes
TxAPDHB +
TxESPVI +
TxPIBHB +
TxINDINST +
TxINDALL +
Il existe plusieurs méthodes d'estimation des paramètres d'un modèle : la méthode des moindres
carrés ordinaires, la méthode de maximum de vraisemblance, etc. La méthode des moindres
carrés ordinaires est souvent appliquée dans l'ajustement linéaire et sera d’application dans cette
présente étude.
𝐴𝑃𝐷
𝑅𝑎𝑡𝑖𝑜 = ∗ 100
𝑃𝐼𝐵
Où APD est l’aide publique au développement et PIB est le produit intérieur brut. Les
données utilisées pour ces calculs sont : (i) Le PIB courant (en dollar américain) et (ii) APD
courant nette reçue (en dollar américain) . Toutes ces données proviennent essentiellement de
la base des données de la Banque Mondiale
59
Cette section est consacrée à la description des différentes variables de notre étude. Plus
précisément, il est question de présenter d’une part les mesures de tendance centrale et de
dispersion de différentes variables et d’établir les corrélations entre les différentes variables de
notre étude.
Tableau 6 : Matrice des corrélations
Correlation matrix
Le tableau ci-dessus montre que l'APD est corrélée positivement à l'IDH. C'est à dire l'aide
publique et l'IDH évoluent dans le même sens. Autrement dit une action qui tend à augmenter
l'APD va faire augmenter aussi l'IDH. Aussi le PIBHB est positivement corrélé à l'IDH.
Par contre les autres variables (ESPVI et INDINST) sont négativement corrélées à l'IDH.
Si la valeur du test ADF < à la valeur critique de Mackinnon alors l'hypothèse nulle H 0 est
accepté par conséquent la série est non stationnaire.
Par contre lorsque la valeur du test ADF > à la valeur critique de Mackinnon alors l'hypothèse
nulle H0 est rejetée. Cela traduit la stationnarité de la série. Les tests sont appliqués à niveau
puis en différence première au cas où il y aurait présence de racine unitaire à ce premier stade.
(TAYEB Meryem) De ce fait, présentons la synthèse du test de stationnarité de variables prises
en compte ;
Il ressort de ce tableau que les variables Indice de développement humain, taux de croissance
de l’APD par habitant, le taux de croissance de l’indice d’instruction, celui de l’indice
d’allocation des ressources sont stationnaires en niveau car leurs valeurs respectives de la
statistique ADF sont toutes supérieures à la valeur critique au seuil de 5%, nous rejetons donc
l'hypothèse nulle de l'existence de racine unitaire pour toutes ces variables tandis la statistique
ADF calculée sur les variables taux de croissance du PIB par habitant, le taux de croissance de
l’Esperance de vie à la naissance, devient stationnaire en différence première étant donné que
leurs valeurs ADF sont supérieures à la valeur critique au seuil de 5%. Nous pouvons donc
conclure que les séries IDH, txAPDHB, txINDINST, txINDALL sont stationnaires en niveau
61
et intégrées d’ordre 0 tandis que les variables txPIBHB, Tx ESPVI sont non stationnaires et
intégrée d'ordre 1.
Après avoir vérifié la stationnarité des variables, il est impérieux de procéder aux différentes
estimations à Long terme et par élimination afin d’aboutir à une estimation idéale qu’il faudra
retenir pour les discussions.
C’est ainsi que le tableau 2 nous montre qu’à ce niveau les variables : TxAPD par habitant,
TXINDINST, TxESPVIt, ainsi que la constante (0.9284) ne sont pas significatifs parce que leurs
probabilités associées à leur valeur statistique sont supérieures à 0,05. D’où les résultats de la
première estimation donnent naissance à une deuxième estimation, avec élimination, tout
d’abord, de la constante
62
La constante éliminée tel que nous indique le même tableau, nous remarquons toujours que les
variables TxINDINST, TxAPDHB et TxESPVI maintiennent des probabilités associées à leurs
valeurs supérieures à 0.05. Ce qui cède place à la troisième estimation par élimination de la
variable TxINDINST en nous référant à la condition ci précédemment annoncée car sa
probabilité est supérieure par rapport à celles des autres.
La troisième estimation nous donne celle présumée idéale, ne restant qu’avec les variables
TxPIBHB, TxINDALL influençant significativement la variable endogène car leurs
probabilités associées à leur valeur statistique sont tous inférieurs à 0,05 ; ainsi que les variables
TxESPVI et TxAPDHB étant la variable d’intérêt du modèle, mais ayant une influence minime
sur le TxIDH, alors l’équation du modelé se présente comme suit :
63
Cette équation nous indique que durant le période sous étude, lorsque le taux de croissance
annuel de l’Aide publique au développement, le taux de croissance annuel du PIB par habitant,
le taux de croissance de l’Esperance de vie à la naissance et de l’indice d’allocation des
ressources haussaient de 1%, respectivement, le taux de croissance annuel de l’Indice de
Développement Humain, tout d’abord, diminuait de 0.000145% ; ensuite augmentait de
0.088404%, de 0.071383% et de 0.087419%
H0 : significativité de la variable
H1 : significativité minime de la variable
Partant du tableau 3, notre modèle est globalement significatif au seuil de 5% car 0.0438 est
inférieur à .0.05
Mais aussi, la statistique de R2 fournit le degré d'explication du modèle. Dans notre estimation,
nous ne constatons que le coefficient de détermination R2 est de
78.5981%. Ceci nous pousse à dire que l’IDH est expliquée à 78.5981% par les variables du
modèle.
Pour étudier la stabilité du modèle, nous avons appliqué le test de CUSUM qui permet de
détecter les instabilités structurelles. Lorsque la courbe reste dans le corridor, le modèle
structurellement stable.
Partant de la figure 1, nous remarquons que les résidus récursifs sont situés à l’intérieur d’un
corridor défini par les deux droites d’où le modèle est stable sur toute la période.
Pour tester la normalité des résidus, le test de JARQUE-BERRA est utilisé. Ce test suit une
distribution de chi-deux à deux degrés de liberté.
8
Series: Residuals
7 Sample 1996 2021
Observations 25
6
Mean -6.71e-05
5 Median -0.000152
Maximum 0.009867
4 Minimum -0.005581
Std. Dev. 0.003937
3 Skewness 0.638287
Kurtosis 3.079888
2
Jarque-Bera 1.704189
1 Probability 0.426521
0
-0.005 0.000 0.005 0.010
Partant de cette, on remarque que la statistique de J-B est de 1.704189<2,87 avec une
probabilité de 0,426521>0,05. On conclut que les résidus sont normalement distribués.
66
Pour tester l’hétéroscédasticité des résidus, nous avons utilisé le test de White. Il s'agit de voir
si les séries sont homoscedastiques afin de s'assurer d'avoir de meilleurs estimateurs.
H0 : homoscédasticité
H1 : hétéroscédasticité
Tableau 14: Extrait du test d’heterosedasticité
Du tableau 6, nous constatons que la statistique de White est de 2.602125 <2,87 avec une
probabilité critique de 0.6264 >0,05. On accepte l’hypothèse nulle d’homoscédasticité des
résidus.
Le résultat présenté au tableau 1 montre que, l’APD reste une ressource externe indispensable
dans l’économie congolaise. Dans l’intervalle de confiance de 95 %, l’APD a représenté en
moyenne près de 10% du PIB et un congolais a reçu en moyenne, près de 27 dollars américains
d’aide publique au développement entre 1995 et 2021
Ratio APD/PIB
95% Intervalle de confiance
Moyenne
Minimum Maximum
C’est depuis l’an 2000 que l’aide publique a connu une reprise fulgurante en RD Congo. Elle a
atteint en 2003 un record historique de plus de 60% du PIB, soit plus de 105 dollars par habitant.
Cette hausse résulte de la reprise de la coopération structurelle avec les institutions
internationales (Banque mondiale, FMI, etc.).
De part les résultats de cette étude, il y a une relation négative entre l’aide au développement et
l’indice de développement Humain. Bien que cette dernière soit à une proportion minime de
part le coefficient ressorti de ce modelé, depuis les années 1995, l’aide malgré son évolution
aurait produit un impact non significatif à la pauvreté en RDC. Ces résultats confirment les
conclusions de la banque en 2016 sur l’analyse faite à partir de données issues de l’enquête 1-
2-3 de l’INS sur l’évolution de la pauvreté en RDC. Ces analyses qui montrent une évolution
positive par rapport à la sévérité de la pauvreté entre 2005 et 2012 mais remarque une
augmentation du nombre des pauvres a l’échelle nationale.
Néanmoins on remarque dans ce modèle une relation positive de l’indice d’allocation des
ressources et du PIB par habitat sur l’indice de développement humain.
Ces résultats viennent confirmer les propos de plusieurs sur l’efficacité de l’aide au
développement entre autres :
KOSACK de son côté souligne que l'aide n'a d'effet sur l'indicateur de développement humain
que dans les régimes démocratiques.
Enfin, L'économiste Hongrois Peter Thomas Bauer a également émis un critique ardent du
principe de l'aide publique au développement. Il estime qu'il était abusif d'appeler aide au
développement les flux de capitaux transférés du Nord vers le Sud à ce titre, alors qu'il s'agit
selon lui d'une entrave au développement qui tend à maintenir les pays sous-développés dans
leur condition. Et William EASTERLY, professeur à l'Université de New York et ancien
collaborateur de la Banque Mondiale, estime que la plus grande partie des aides apportées
depuis cinquante ans ont été inefficaces. L'une des raisons serait le manque de contrôle sur les
personnes chargées de gérer cette aide.
Le résultat relatif à l’aide publique par habitant montre la sur-dépendance de la RDC à l’aide
et donc une forte contrainte des conditions imposées par les bailleurs de fonds. Ce résultat est
un signal d’une forte dépendance à l’égard de l’aide extérieure subséquent à l’incapacité pour
la RDC à financer ses propres stratégies de développement. Plusieurs auteurs dont Griffin et
Enos (1970); Moyo (2009) ont montré que la dépendance vis-à-vis de l'aide est désavantageuse
pour l'économie car elle tend à saper la qualité de la gouvernance, en encourageant la corruption
et en provoquant des conflits sur le contrôle des fonds d'aide. L’étude de Gueye (2006) a montré
que les pays africains comptaient parmi les bénéficiaires d'aide les plus importants au monde
69
et beaucoup d'entre eux recevaient un montant net d'aide au développement qui équivaut à 10%
de leur Produit National Brut (PNB)
Les études empiriques ont dans l'ensemble montré que l'APD participe à la réduction de la
pauvreté, tout en émettant des réserves en cas d'absence d'une bonne gouvernance dans un pays
bénéficiaire. Certes la prise en compte de cet aspect pourrait donner encore une meilleure
visibilité de sa contribution à la lutte contre la pauvreté à travers l'augmentation de l'IDH. Car
Selon KOSACK (2003), c'est à cette condition que l'aide peut lutter contre la pauvreté.
Même si l'étude a montré une relation négative entre l'aide et l'IDH en RDC, cela pourrait
s'expliquer par la qualité de la gouvernance.
Il est toujours possible de présenter des échecs, mais l’histoire de l’aide est plutôt une
histoire de succès. Localement, bien sûr, mais aussi plus largement. Inversement,
l’absence d’aide peut être durement ressentie.
Comme démontre la littérature sur la réduction de la pauvreté en RDC, l’aide est inégalement
repartie sur l’ensemble du territoire national. Ainsi la définition de stratégie de l’aide dans la
lutte contre la pauvreté devra tenir compte de la répartition des pauvres sur le territoire national.
Ces points pourraient répondre en partie aux deux préoccupations dont soulève l'APD en
général: celle des canaux de transmission et celle de la qualité des institutions.
71
CONCLUSION
La République démocratique du Congo a depuis longtemps bénéficié de l’aide publique au
développement de la part de ses partenaires multilatéraux et bilatéraux qui l’accompagnent dans
ses objectifs de croissance économique et de réduction de la pauvreté. Ce travail a mesuré et
analysé les effets de l’aide publique au développement sur la réduction de la pauvreté en RD
Congo. Du point de vue méthodologique, nous avons fait usage de la méthode économétrique
qui nous a permis d’appliquer de la Statistique mathématique aux données économiques afin
d’en tirer un contenu empirique aux théories économiques. D’où il a fallu passer par la
spécification du modèle ; l’estimation du modèle ; l’évaluation des résultats de l'estimation en
passant par plusieurs tests économétriques. Les résultats ont mis en évidence la forte
dépendance du pays à l’aide publique au développement et celle-ci n’a théoriquement pas
contribué positivement à la réduction de la pauvreté en République Démocratique du Congo.
Après calcul, et traitement de nos données, nous sommes aboutis à la troisième estimation du
modèle selon laquelle :
Cependant, les observations directes sur terrain et nombreux travaux soutiennent que la
croissance économique cache encore beaucoup d’inégalités et de la misère dans la société
congolaise. L'amélioration de la gestion de l'aide et l'harmonisation des procédures des bailleurs
constituent les solutions essentielles pour rendre l'aide publique plus efficace.
En RD Congo, l’aide n’aura d’effet sur l’indicateur du développement humain que lorsqu’elle
sera allouée d’une manière optimale dans les secteurs jugés prioritaires du développement
humain, socioéconomique et non dans ceux visant à cimenter des liens politiques entre pays..
Nos résultats obtenus ci-haut, rejoignent les travaux de Peter Bauer (1972), William Easterly
(2001) qui ont montré dans leurs études cette relation négative entre l’octroi de l’APD et la
réduction de la pauvreté et y sont allés par des critiques cinglantes, Ils ont fait remarquer que
malgré trois décennies d’aide, la pauvreté demeurait généralisée en Afrique et en Asie du Sud
et que des pays qui avaient bénéficié d’une aide substantielle affichaient un bilan désastreux au
chapitre de la croissance et de la réduction de la pauvreté, notamment la République
démocratique du Congo (le cas spécifique de notre présente étude) en faisait partie.
72
La négativité de l’effet du TxAPDHB sur le TxIDH en RDC de 1995 à 2021 emboite le pas à
la théorie des nombreux chercheurs ayant fait écho à la conclusion, soutenant que la relation
entre l’APD et l’IDH était ténue inexistante parmi eux Mosley ; Dowling, Hiemenz, Singh ; et
Boone. En plus de ce que fut annoncé par nos prédécesseurs chercheurs, nous pouvons aussi
signaler que cette négativité entre ces deux variables peut également être due à des charges
financières liées aux prêts projets qui deviennent exorbitantes au fil du temps. Ceteris paribus,
ce qui influencerait négativement, à long terme, le revenu futur par habitant comme nous le
montre cette relation ci-dessous :
PIB futur par habitant = PIB par habitant – le service de la dette par habitant
Ce qui réduit le bien-être, le niveau de vie des générations à venir sur le long terme, d’où la
négativité de l’APDHB sur l’IDH.
L’impact moins significatif de l’APD sur l’IDH est expliqué par le fait que la plus grande
portion de cette APD octroyée au pays est utilisée à des faits autres que ceux du développement
humain au sein de notre pays, ce dernier étant déstabilisé par plusieurs obstacles au
développement qui la maintiennent dans une situation de pauvreté grandissante : le manque
d’infrastructure de base adéquat, l’instabilité politique, les guerres et rebellions qui y surgissent
malgré ces aides que reçoit le pays, force est de constater que cet effort reste insuffisant et
encore moins, insignifiant pour le développement humain en RDC. Ceci rejoint les études de
Gomanee et alii en 2003, qui ont porté leur attention sur la relation existant entre l’aide, les
dépenses gouvernementales pro pauvres et l’indice de développement humain. Leurs études
ont abouti à la conclusion que la corrélation entre l’aide et l’IDH est très élevée lorsque les
dépenses gouvernementales au profit des pauvres sont importantes, contrairement, cette
corrélation est faible. Dans le cas de la RDC, c’est encore pire, où les actions publiques en
faveur des pauvres, les vulnérables sont presque quasi inexistants et sont souvent supportés par
des Eglises, des Associations caritatives et autres organismes souvent non gouvernementaux.
Bien que du point de vue méthodologique, notre étude s’est heurtée contre des obstacles
d’abord, dans sa technique documentaire lors de la récolte des données chiffrées se traduisant
par leurs non-conformité dans différents documents (WDI, rapport annuel BCC, etc.) pour les
périodes similaires ainsi que des données manquantes pour certaines années que nous avons dû
surmonter par extrapolation( ou méthode de prévision statistique) ; ensuite, de celui théorique,
les limites se traduisent par le fait que notre littérature théorique est une petite synthèse d’une
73
Quant aux implications liées de notre travail aux recherches futures se situant dans le même
angle d’idées que la nôtre, cette dernière leur constitue un point de départ, contenant une idée
directrice de la situation non seulement socioéconomique de la RD Congo mais aussi de celle
de l’octroi d’APD au pays de 1995 à 2021 ce qui leur deviendra indispensable pour leur
estimation tant analytique qu’économétrique. Quant au prolongement possible de notre étude,
nous suggérons aux futurs chercheurs de désintégrer notre variable à expliquer l’indice de
développement humain (IDH) et de prendre une par une ses différentes composantes entre
autres l’Esperance de vie à la naissance, l’indice d’instruction ainsi que le produit intérieur brut
par habitant en tant que variable endogène enfin de bien cerner la pauvreté.
74
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