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INTRODUCTION

L’un des principaux défis auxquels l’agriculture et les systèmes alimentaires sont confrontés
est de parvenir à satisfaire durablement les besoins alimentaires – qui croissent et évoluent –
d’une population en expansion, tout en attachant une attention particulière aux droits et aux
besoins des groupes les plus vulnérables (HLPE., 2017). Un système alimentaire est constitué
de l’ensemble des éléments et des activités liés à la production, à la transformation, à la
distribution, à la préparation et à la consommation des denrées alimentaires, ainsi que du
résultat de ces activités, sur les plans socioéconomique et environnemental» (HLPE., 2014).
Le second Objectif du Millénaire pour le développement durable est d’éliminer la faim,
l’insécurité alimentaire et toutes les formes de malnutrition et promouvoir l’agriculture
durable d’ici 2030. Dans un contexte de changement climatique et d’intensification de
l’exploitation des ressources naturelles, les données actuelles indiquent que le monde et en
particulier la côte d’ivoire ne progresse ni vers l’accès de tous les habitants de la planète à une
alimentation sûre, nutritive et suffisante tout au long de l’année, ni vers l’élimination de toutes
les formes de malnutrition (FAO, FIDA, UNICEF, PAM et OMS., 2020). Par ailleurs, les
mesures prises pour enrayer la pandémie du COVID 19 ont causé les ralentissements et les
fléchissements économiques d’une gravité sans précédent, mettant en péril les moyens
d’existence, en particulier des plus vulnérables et des personnes qui vivent dans des contextes
fragiles. La côte d’ivoire est face à un défi de taille pour surmonter la montée de l'insécurité
alimentaire et nutritionnelle sous toutes ses formes supposées. L’objectif de ce travail est de :

1 ▪ Comprendre les concepts de sécurité alimentaire et nutritionnelle

2▪ Analyser l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition en côte d’ivoire 2021

3▪ Expliquer l’impact de la COVID-19 sur la sécurité alimentaire en côte d’ivoire

4▪ Proposer des solutions pour améliorer d’avantage la résiliente des systèmes


alimentaires aux fins de la sécurité alimentaire et d’une meilleure nutrition

1. Comprendre les concepts de sécurité alimentaire et nutritionnelle


1-1. Sécurité alimentaire

Le concept de sécurité alimentaire a été constamment élargi depuis sa première définition en


1974. Axé initialement sur la quantité de nourriture disponible, il a évolué notamment vers la
notion d’accès des populations à l’alimentation. Au sommet mondial de l’alimentation en
1974, la sécurité alimentaire a été définit comme étant la capacité de tout temps
d’approvisionner le monde en produits de base, pour soutenir une croissance de la
consommation alimentaire, tout en maîtrisant les fluctuations et les prix des produits
alimentaires de base à l’échelon national et international. En 1983, les études de la FAO ont
conduit à une définition de la sécurité alimentaire qui est d’: «Assurer à toute personne et à
tout moment un accès physique et économique aux denrées alimentaires dont elle a besoin ».
Par la suite, en 1986, la banque mondiale a publié un très important rapport sur la pauvreté et
la faim qui faisait ressortir la dynamique temporelle de l’insécurité alimentaire. Ce rapport a
introduit les distinctions entre la sécurité alimentaire chronique, associé à des problèmes de
pauvreté permanente ou structurelle et à de faibles revenus, et l’insécurité alimentaire
transitoire liée à des périodes particulièrement critiques résultant de catastrophe naturelle,
d’un marasme économique ou d’un conflit. Ce point de vue a été complété par la théorie
révolutionnaire d’Amartya Sen prix Nobel en 1998 selon laquelle la faim et la famine
résultent du fait que certaines personnes n'ont pas accès à suffisamment de nourriture et non
parce qu'il n'y a pas suffisamment d'aliments disponibles dans leur pays ou leur région. La
définition la plus consensuelle aujourd’hui est celle du Sommet mondial de l’alimentation de
2009. La sécurité alimentaire est assurée lorsque toutes les personnes ont, à tout moment,
accès économiquement, socialement et physiquement à une nourriture en quantité et qualité
suffisantes, qui satisfait leurs besoins énergétique et préférences alimentaires, leur permettant
de mener une vie saine et active. La seule modification que l’on y apporte est l’ajout du
composant « social » à l’expression accès physique, et économique. Cette définition traduit la
reconnaissance du volet social comme un facteur déterminant dans la garantie de la sécurité
alimentaire.

Enfin La sécurité alimentaire a six dimensions dont la disponibilité, l’accessibilité,


l’utilisation, la stabilité, l’agencéité et la durabilité.

1-2. Sécurité nutritionnelle

Le concept de sécurité nutritionnelle englobe celui de sécurité alimentaire et dépasse celui en


y incluant différents facteurs qui affectent la santé. Il a été introduit suite au constat,
notamment après la crise de 2005 au Niger, que certaines personnes disposaient de
suffisamment de nourriture, mais souffraient de sérieux problèmes de malnutrition, avec des
conséquences de long terme, voire irréversibles, sur leur santé et leurs capacités physiques et
intellectuelles. Les causes immédiates sont des apports alimentaires inadéquats d’une part, la
diversité et l’équilibre nutritionnel du régime alimentaire en termes de constituants nutritifs
(glucides, lipides, protides, vitamines et oligoéléments) et, d’autre part, l’hygiène d’eau et des
aliments et d’assainissement. La sécurité nutritionnelle existe lorsque tous les êtres humains, à
tout moment, peuvent consommer en quantité suffisante une nourriture de qualité appropriée
en termes de variété, de diversité, de teneur en nutriments et de sécurité sanitaire pour
satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires et ainsi mener une vie
saine et active, tout en bénéficiant d’un environnement sanitaire et de services de santé et de
soins adéquats (Mehrabani et al., 2019)

2. L’état actuel de la sécurité alimentaire en côte d’ivoire

L'analyse des bilans alimentaires sur les dix dernières années montre que la Côte
d'Ivoire n'est pas confrontée à un problème de disponibilités alimentaires. Le pays est
autosuffisant en igname, manioc et banane plantain. Le déficit structurel en céréales est
compensé par les importations de riz et de blé.

En Côte d’Ivoire, la sécurité alimentaire repose sur une large gamme de produits vivriers
locaux, qui forment la base des plats traditionnels (attiéké, foutou, toh, etc.) : tubercules
(manioc, igname, patates douces), bananes plantains et céréales (maïs, mil, riz…) notamment.

Pour tous ces produits, le pays dispose de stocks de sécurité qui permettent de limiter les
ruptures d’approvisionnement en cas d’aléas. À l’heure actuelle, les données
gouvernementales indiquent, pour les tubercules et les bananes, une disponibilité de 3 à 6
mois.

Pour ce qui est du mil, du maïs et du riz local, la situation est plus délicate. Les stocks
n’offrent qu’un seul mois de disponibilité et les réserves de riz importé ne couvriront que
quatre mois de consommation.

Enfin, si les productions maraîchères du début de l’année peuvent répondre aux besoins de
la population jusqu’à la fin du deuxième trimestre, les plantations du mois de mars ont
néanmoins pris du retard en raison du contexte (i).

Afin de soutenir la production vivrière, maraîchère et fruitière, le gouvernement a


annoncé un plan exceptionnel de soutien d’un montant de 50 milliards de francs CFA.

Pour ce qui est des produits animaux, les Ivoiriens ne bénéficient que d’un mois – pour les
produits de la pêche – à trois mois de stock pour les animaux d’élevage. Les besoins carnés
sont néanmoins complétés par la viande de brousse (biches, agoutis…), toujours consommée
en dehors d’Abidjan malgré l’interdiction liée au virus. Ces produits sont également
largement importés, mais jusqu’à quand ?

3. L’impact de la COVID sur la sécurité alimentaire

Le Covid-19 est une maladie respiratoire pouvant être mortelle chez les patients fragilisés par
l'âge ou une autre maladie chronique. Elle se transmet par contact rapproché avec des
personnes infectées. La maladie pourrait aussi être transmise par des patients
asymptomatiques mais les données scientifiques manquent pour en attester avec certitude.
Elle fait référence à « Coronavirus Disease 2019 », la maladie provoquée par un virus de la
famille des Coronaviridae, le SARS-CoV-2. Cette maladie infectieuse est une zoonose, dont
l'origine est encore débattue, qui a émergé en décembre 2019 dans la ville de Wuhan, dans la
province du Hubei en Chine. Elle s'est rapidement propagée, d'abord dans toute la Chine, puis
à l'étranger provoquant une épidémie mondiale.

Le contexte de pandémie du Covid-19 génère-t-il des risques de pénurie des denrées


alimentaires de grande consommation en Côte d’Ivoire?

La disponibilité alimentaire est relativement satisfaisante, en raison des conditions agro


climatiques favorables, à l’issue de la campagne agro-pastorale 2020-2021. Il est ressorti en
général que les productions agricoles et pastorales sont en hausse comparées à la moyenne
quinquennale. Par contre, les conséquences de la pandémie de la COVID-19 ont conduit à des
baisses importantes de certaines productions de culture de rente, comme le Coton et le
Cacao, entraînant ainsi une baisse de revenus tirés de ces cultures et une dégradation
des moyens d’existence et des conditions de sécurité alimentaire de certaines
populations.

Avec la pandémie de la COVID-19, la situation des pays africains et principalement des pays
de l’Afrique subsaharienne tel que la côte d’ivoire a soulevé de nombreuses inquiétudes tant
au niveau économique que social et plus particulièrement son impact sur les populations en
général et les plus vulnérables en particulier. Pour jauger l’impact de la COVID-19 sur les
ménages, une enquête de référence auprès des ménages dans le district d’Abidjan relative à la
sécurité alimentaire a été initiée par le PAM. Elle visait spécifiquement à déterminer les
caractéristiques socio-économiques et démographiques des groupes vulnérables les plus
affectés ; évaluer leur niveau d’accès aux services sociaux de base : vivres, eau, soins de
santé, assainissement et hygiène, éducation, et protection, définir le niveau de vulnérabilité
alimentaire des ménages. Les résultats de cette étude de référence montrent que les ménages
sont majoritairement dirigés par des hommes (75,8 pour cent). L’âge moyen des chefs de
ménage est de 45,08 ans avec une étendue d’âges comprise entre 20 et 87 ans. Aussi, est-il
ressorti que les ménages enquêtés enregistrent un total de 28,5 pour cent de groupes cibles,
généralement les plus vulnérables aux chocs, soit 4,8 pour cent de femmes enceintes et
allaitantes, 14,3 pour cent d’enfants de moins de 5 ans et 8,2 pour cent de personnes âgées de
60 ans et plus. L’enquête a également montré que l’eau de robinet constitue pour 82,9 pour
cent des ménages la principale source d’approvisionnement en eau. De même, il ressort que
seulement 0,5 pour cent des ménages ont une consommation alimentaire pauvre et 5,4 pour
cent consommation alimentaire limite contre 94,1 pour cent ayant une consommation
alimentaire acceptable. Cependant la majorité des ménages recourt à des stratégies néfastes
d’adaptation aux impacts de la COVID-19. Au cours des 30 jours précédant l’enquête, 60
pour cent des ménages ont eu recours à des stratégies dites de stress dont par exemple
l’utilisation de leur épargne. Environ 20,7 pour cent des ménages ont eu recours à des
stratégies de crise et 7,8 pour cent des ménages ont adopté des stratégies d’urgence. Les
ménages sont également confrontés à des difficultés d’accès physique et surtout économique
aux marchés. Les difficultés d’accès physique ont été évoquées par 25,10 pour cent des
ménages interrogés tandis que plus de 60 pour cent ont signifié des difficultés d’accès
économique liés à la hausse des prix sur les marchés. De même, près de 64 pour cent des
ménages affirment qu’ils n’ont pas reçu de produits hygiéniques pour se protéger contre le
Coronavirus. Au niveau des études, une proportion relativement élevée des ménages (1/3) a
des enfants scolarisés qui n’ont pas accès aux programmes éducatifs. En effet, 87,2 pour cent
des ménages interrogés ont des enfants scolarisés dont 55,3 pour cent continuent de faire
bénéficier à leurs enfants de 6 à 18 ans des programmes éducatifs contre 32 pour cent des
ménages dont les enfants ne bénéficient pas de tels programmes. Il est préoccupant de noter
qu’une proportion importante des ménages (1/3) ayant enregistré une personne malade au sein
de leur ménage au cours des 30 derniers jours n’ont pas eu recourt aux services de santé. En
somme, cette enquête servira de base pour une meilleure surveillance et planification des
actions d’assistance dans le contexte de la COVID-19.

4. Proposer des solutions pour améliorer d’avantage la résiliente des systèmes


alimentaires aux fins de la sécurité alimentaire et d’une meilleure nutrition
Constats Recommandations
Les ménages ayant une consommation Prioritiser le ciblage et l’assistance
alimentaire pauvre sont confrontés à des alimentaire, en nature ou en espèces, dans
problèmes d’accès économique à la ces zones. Étendre le ciblage et l’assistance
nourriture. Par ailleurs les ménages ayant alimentaire dans les zones touchée.
une consommation alimentaire limite
pourraient être confrontés à des problèmes
d’accès économique à la nourriture.
Les difficultés d’accès aux marchés Mettre en place les mécanismes de
rencontrées par un ménage sur quatre et la surveillance des prix et de renforcement du
hausse des prix des denrées de base signalée système d’approvisionnement des marchés.
par plus de 60 pour cent des ménages
enquêtés constituent des défis pour l’accès à
l’alimentation.
Les ménages enquêtés enregistrent un total Les critères de ciblage dans les zones
de 27,3 pour cent de groupes cibles les plus d’assistance alimentaire devront tenir
vulnérables soit 4,8 pour cent de femmes compte des ménages ayant des enfants de
enceintes et allaitantes, 14,3 pour cent moins de 5 ans, des femmes enceintes et
d’enfants de moins de 5 ans et 8,2 pour cent allaitantes et des personnes âgées de plus de
de personnes âgées de 60 ans et plus. 60 ans. Ainsi, que de fournir des assistances
appropriées pour renforcer leur état
nutritionnel.
La majorité des ménages vivent de petits La reprise progressive des activités
commerces qui représentent leur principale commerciales, ainsi qu’une assistance ciblée
source de revenu : 70,7 pour cent des chefs pour renforcer leur résilience, telle qu’une
de ménages femmes contre 42 pour cent assistance de transfert monétaire ou des
pour les hommes. prêts à taux préférentiels.
Près d’un tiers des ménages interrogés ont Renforcer les sensibilisations et fournir les
leurs enfants qui ne bénéficient pas de moyens d’accès au plus grand nombre
programmes éducatifs. d’enfants aux programmes éducatifs : télé-
écoles
Un ménage sur trois ayant des personnes Renforcer les sensibilisations, en particulier
malades n’a pas recours aux services de avec le programme de la Couverture
santé. Maladie Universelle (CMU)
Au cours des 30 derniers jours, près de 64 Renforcer les sensibilisations à l’application
pour cent des ménages affirment qu’ils n’ont stricte des mesures barrières dont
pas reçu de produits hygiéniques. notamment le lavage régulier des mains
avec tous types de savons.

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