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COURS DE LA GÉOGRAPHIE RÉGIONALE

COURS DE PREMIÈRE ANNÉE UE 122 : GÉOGRAPHIE RÉGIONALE DE L’AFRIQUE


INTRODUCTION
CONCEPT DE LA GÉOGRAPHIE RÉGIONALE

CHAPITRE 1 LE CONTINENT AFRICAIN


INTRODUCTION
1-DESCRIPTION PHYSIQUE
2-DESCRIPTION HUMAINE
3-PRINCIPAUX TRAITS ÉCONOMIQUES DU CONTINENT AFRICAIN
4-CONTEXTES HISTORIQUE ET GÉOPOLITIQUE
5-ENVOL POSSIBLE DE L’AFRIQUE

CHAPITRE 2 L’AFRIQUE ORIENTALE


INTRODUCTION
1-RELIEF ET CLIMAT
2-LA VARIÉTÉ HUMAINE
3-LES POTENTIALITÉS ÉCONOMIQUES DES PAYS DE L’AFRIQUE ORIENTALE
4-INTÉGRATION DES PAYS DE L’AFRIQUE ORIENTALE

CHAPITRE 3 LE NIGERIA
INTRODUCTION
1-LE MILIEU PHYSIQUE
2-LE MILIEU HUMAIN
3-LES GRANDS TRAITS ÉCONOMIQUES
Bibliographie

1- AFRICASCOPE Paris
2- AFRIQUE CONTEMPORAINE N° 204
3- ATLAS DE LA BANQUE MONDIALE
4- BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT (2002). Rapport sur le développement en
Afrique, Economica, Paris.

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5- BANQUE MONDIALE (1996). Résumé analytique de la Banque mondiale - faire reculer la
pauvreté en Afrique subsaharienne.
6- BATAILLON C(1999). Pour la géographie .Flammarion, Paris
7- BETHELEMY J-C et SODERLING L (2001). L’Afrique émergente, OCDE, coll. Études du Centre
de développement, Paris.
8- BRUNET R (1990). Géographie universelle. Hachette, Paris.
9- CLAVAL P JUILLARD E (1967). Région et régionalisation dans la géographie française. Dalloz,
Paris.
10- ENCYCLOPÉDIE GÉOGRAPHIQUE (1991)
11- GRAND ATLAS UNIVERSEL (1989) l’Afrique
12- HUGON P (2001). L’économie de l’Afrique, la découverte, coll. Repères, Paris
13- JEUNE AFRIQUE L’ÉTAT DE L’AFRIQUE. (2006, 2007, 2008, 2009)
14- JEUNE AFRIQUE N° 2907
15- LE GROUPE JEUNE AFRIQUE (b2000, 2009) Atlas de l’Afrique Éditions Jaguar, Paris
16- LE POINT N° 2082 et N° 2166
17- STIGLITZ J E (2002) La grande désillusion Fayard, Paris
18- UNEP(2008) Afrique-Atlas d’un environnement en mutation
19- WILLIAM A. HANCE (1977). géographie économique de l’Afrique moderne
20- Site http:/www.nepad.org

Objectif global

Ce cours vise à présenter dans son ensemble les énormes potentialités matérielles et humaines dont
l’Afrique dispose et le peu d’usage qu’elle a fait, et tenter une brève analyse des raisons qui expliqueraient
l’écart entre les potentialités et les réalisations ; en somme, expliciter les raisons qui font que l’Afrique reste
en marge du développement dans divers domaines par rapport à d’autres continents. Cette illustration sera
démontrée aussi dans certains pays ou régions africaines

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INTRODUCTION

À bien des égards, l’Afrique est un des continents les plus émouvants. C’est probablement le
berceau de l’humanité. À cet effet, l’histoire de l’Afrique est extrêmement riche. Grâce à ses nombreuses
richesses du sol, la soif de conquête et le besoin des ressources par les puissances européennes et
asiatiques ont conduit à l’occupation de vastes territoires africains et ont déclenché de nombreux conflits
internes importants. Ainsi, l’Afrique a connu une partition entre les nations étrangères lors de la
conférence de Berlin. En outre, l’époque coloniale a laissé de profondes marques dans la société africaine
actuelle, accentuée par l’impérialisme, le néocolonialisme et le fanatisme religieux.

Dans le troisième millénaire, le monde s’est engagé au milieu d’une révolution économique qui
pourrait fournir à la fois le contexte et les moyens de modernisation de l’Afrique. Cette révolution
économique est possible, en partie, par les progrès dans le domaine des technologies de l’information.
L’intégration des systèmes nationaux de production et de finance a été réalisée et une très forte croissance
de l’échelle des flux transfrontaliers, des biens, de services et de capitaux est patente. Aujourd’hui, le
continent possède la population la plus jeune du monde avec approximativement 200 millions d’habitants
âgés de 5 à 24 ans; un nombre qui devrait atteindre 330 millions d’ici à 2034. L’Afrique a aussi le taux de
croissance démographique le plus élevé du monde. Dans moins de trois générations, 41% des jeunes de la
planète seront africains. D’ici à 2050, plus du quart de la population active du globe sera africaine. Entre
2010 et 2020, l’Afrique verra sa main d’œuvre potentielle augmenter de plus de 163 millions d’actifs. Au
XXe siècle, l’Afrique sera le seul continent dont la population de jeunes continuera à accroitre fortement.
L’Afrique constitue l’une des rares réserves de ressources naturelles les mieux gardées, qui attirerait les
investissements publics et privés étrangers. L’expansion minière pousse les pays du continent à se doter
d’infrastructures (routières, ferroviaires, portuaires, etc.) et à améliorer l’environnement des affaires.
L’Afrique sera indéniablement l’une des zones les plus dynamiques au monde, mais malheureusement
portée par l’extérieur.

Cette Afrique fascinante reste un sujet des études à travers différentes sciences. Aussi, la
géographie s’intéresse-elle à cette partie du monde aux contradictions pertinentes, car l’Afrique reste l’un
des continents où le changement des chefs d’État et des représentants politiques est susceptible de
modifier profondément les rapports de force entre les organisations politique, sociale et économique. Entre
1990 et 2005, 23 pays africains ont connu des conflits dont le coût a été estimé au total à 214x109 euro
(214 milliard d’euro), de quoi faire diminuer la pauvreté d’une manière significative.

Comment se fait-il que les populations d’un continent si riche soient pauvres ? La réponse n’est
pas simple. Aussi, la riche documentation existante expliquerait-elle l’intérêt porté à ce continent :
L’Afrique malade d’elle-même, repenser l’aide à l’Afrique, l’Afrique maintenant, un destin pour
l’Afrique, l’Afrique, où va l’Afrique ? Que peut faire l’Afrique ? L’Afrique est-elle le berceau de
l’humanité, l’état de l’Afrique, Afrique des ténèbres, un continent en deuil… Cette riche littérature justifie
une étude plus précise et compréhensible de la situation générale de l’Afrique (politique, économique et
culturelle). De gros espoirs sont placés dans sa capacité à trouver une meilleure voie pour son
développement, car elle reste à la traîne des continents.

Aujourd’hui, grâce aux réformes amorcées par les pays africains, le continent présente un aspect
nouveau et est promu à un développement rapide. L’Afrique est désormais le continent de l’espoir et de

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l’opportunité. Toutefois, il faut craindre la montée en puissance des mouvements intégristes religieux qui
font de plus en plus parler d’eux.

CONCEPT DE LA GÉOGRAPHIE RÉGIONALE

1- La place de la géographie
2- Définition de la géographie régionale
3- Région, concept dynamique

1- La place de la géographie

Autrefois, simple description des phénomènes naturels, la géographie est devenue progressivement
l’étude des rapports des groupes humains avec leur milieu physique. Elle a ainsi défini une approche
nouvelle et s’est acquise une place centrale parmi les sciences de l’homme. Aussi, la géographie nous
permet d’appréhender la lutte constante de l’être humain avec son milieu qu’il subit et maîtrise en une
série de combats alternés et permanents.
À la différence de certaines sciences, la science géographique se limite à l’étude de la Terre, et plus
précisément à l’étude de son aspect extérieur, en somme son système terrestre (hydrosphère, cryosphère,
biosphère, lithosphère, atmosphère, anthroposphère). Mais dans ce domaine, elle est peut-être la plus
étendue de toutes les sciences. La géographie a pour tâche d’analyser les phénomènes concernant la nature
et l’être humain dans leurs rapports réciproques au sein de l’espace, d’appréhender et de comprendre les
diverses différences spatiales en se fondant sur l’interférence des phénomènes physio-abiotiques,
biologiques et culturo-économiques.
En général, il est usage de diviser la géographie en géographie physique et géographie humaine et
d’opposer à la géographie générale et la géographie régionale.
Dans la géographie physique, on traite aussi bien de phénomènes soumis à la causalité physique
(relief, climat…) qu’étudient l’hydrologie, la climatologie, la géomorphologie et autres, que les
communautés vivantes (végétation, animaux, biocénoses) dans leurs relations fonctionnelles ou
écologiques avec le milieu physique.
Pour sa part, la géographie humaine étudie les activités de l’homme sur la Terre et le dialogue de
l’homme avec le milieu naturel, qui change de place en place. L’homme , en tant qu’agent modificateur , y
est envisagé moins comme individu que dans le cadre des formes générales de la civilisation, dans son
genre de vie particulier adapté au milieu, ainsi que par rapport aux fonctions qu’exercent les divers
groupes sociaux, les races et les peuples, les groupes linguistiques, les communautés religieuses, les
groupes économiques et professionnels, les formations administratives , politiques et publiques
(géographie sociale, géographie agricole, géographie politique , géographie culturelle…).
C’est pourquoi la géographie a pour tâche centrale d’appréhender en les classant les phénomènes de
la nature et ceux de la culture humaine, et de bien faire comprendre leurs causes respectives. Ainsi, on
peut analyser au moyen des méthodes scientifiques l’ensemble des interactions qui régissent la division
des paysages ou des régions naturelles; la compréhension de l’aménagement des régions et des paysages
cultivés, tâche de la géographie humaine, est extrêmement plus ardue, car elle est soumise à un ensemble
de motivations émanant d’hommes, de peuples et de groupes sociaux au cours d’un long processus
historique. Il faut dire que la géographie n’étudie pas les phénomènes pour eux-mêmes, mais elle cherche

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plutôt à saisir les relations réciproques de phénomènes différents, à les envisager dans leur ensemble et
dans leur alternance fonctionnelle dans l’espace, qui trouve son expression visible dans les paysages
naturels et humanisés.
2- Définition de la géographie régionale

La géographie est l’une des disciplines pour laquelle la région soit une notion centrale, celle-ci insiste
sur l’importance de la délimitation, de la caractérisation et de la classification en régions (formes
d’organisation spatiale, sous-ensembles territoriaux, ensembles territoriaux, structures ou simplement
subdivisions, division de nations ou d’aires de plus vaste étendue).

Dans le souci de satisfaire aux diverses sollicitations, les observations à un niveau régional paraissent
avantagées. Aussi, la géographie à plusieurs échelles permet-elle de cerner de manière synthétique les
rapports hommes-milieux ou bien d’identifier des entités d’organisations territoriales des sociétés à mi-
chemin entre le niveau local et les espaces divers.
La géographie régionale se définira comme l’identification d’espaces bien définis dans l’ensemble (à
l’échelle infranationale et à l’échelle infracontinentale). Cette approche s’applique à l’identification des
composantes et formes d’organisation d’espaces à ces échelles. Les démarches peuvent en être variées,
selon que l’on privilégie tels ou tels fondements.
En conséquence, l’étude régionale peut se faire à plusieurs dimensions :
- dimension macroscopique : entité continentale
- dimension mésoscopique : espace réduit, région des hauts plateaux
- dimension microscopique : ville et sa banlieue.

Le concept de la région et son évolution restent ardus. En effet, plusieurs écoles scientifiques se sont
confrontées tout au long de son évolution scientifique :

• L’école française a insisté longtemps à décrire et expliquer la mosaïque des paysages,


reconstitués minutieusement dans leur genèse et leurs évolutions dans des cadres admis
intuitivement ou en fonction de traits privilégiés. belles

• Dans le même temps, l’école géographique allemande a suivi des chemins assez voisins. Une
primauté est accordée à la définition d’unités homogènes et à leur classification selon les
modalités d’articulation entre facteurs, physiques et facteurs humains et à des régions
idéographiques.

• Dans les pays anglo-saxons, l’orientation des études régionales a davantage été marquée par les
démarches d’économistes (la théorie des lieux centraux, l’économie des entités semblables…).
Par exemple sur le continent américain, la région est plus orientée vers les différences d’intensités
de mise en valeur et d’intervention des techniques.

• Aujourd’hui, des approches nouvelles ont été mises en œuvre. Les préoccupations sont
désormais tournées vers les transformations de l’organisation des sociétés et des flux spatialisés

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vers les entités bien caractérisées en mutation et plus généralement vers la définition des cadres de
vie des populations.

3-La Région, concept dynamique

Plusieurs démarches ont engendré divers concepts. Certains ont visé à renforcer la méthodologie,
d’autres ont cherché à placer leurs analyses dans des démarches comparatives ou à identifier des
domaines ou des modèles d’organisation. Aujourd’hui, la différenciation régionale tend à se fondre sur les
caractéristiques combinées des multiples trames et réseaux sur lesquels les facteurs exogènes et endogènes
se mélangent. Toutefois, deux grandes pensées divergentes s’entrecroisent :
- La pensée subjective;
- La pensée objective.

La pensée subjective voit la région comme une idée, un modèle qui aide à étudier le monde. C’est une
méthode de classification, un dessin pour séparer les traits de surface de la seule région naturelle, la Terre.
Les facteurs les plus indiqués sont :
- facteurs artificiels (langues, tradition, folklore) ;
- facteurs sociaux (politique, fonction), etc.

La pensée objective adopte une position opposée, voyant la région en elle-même comme une réelle
entité qui peut être identifiée et cartographiée. Les régions sont vues comme des outils de description
définis par un critère particulier ou dominant. Dès lors, la région formelle est une surface géographique
uniforme ou homogène selon le critère de sélection choisi. Les critères sont à prédominance physique
comme la topographie, le climat, le relief, la végétation, le milieu, etc.
La géographie nous permet de mieux connaître et comprendre les différentes régions du monde.
L’Afrique, qui occupe un cinquième de l’espace terrestre, est considérée comme le berceau de l’humanité
et, aujourd’hui, ses terres abritent plus d'un milliard d’habitants. La population du continent a connu de
grands changements au fil des temps. Ces changements démographiques ont modifié les paysages et
écosystèmes africains.

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CHAPITRE 1 LE CONTINENT AFRICAIN

Introduction

Au début du 3e millénaire, la situation de l’Afrique s’avère critique à plusieurs d’égards (plus


de 500 millions de personnes, soit la moitié de la population, vivent avec moins d’un dollar par jour ; le
taux d’alphabétisation des personnes de plus de 15 ans dépasse plus de 40%). L’Afrique reste
largement une économie de rente spécialisée dans les produits agricoles, miniers et pétroliers.

L’échec patent des politiques diverses, la paupérisation du continent et l’alourdissement de la


charge de la dette ont conduit les pays riches, les institutions internationales et les gouvernements
étrangers à réagir et proposer de nouvelles solutions certains pays africains (PPTE, C2D, etc.).
Aujourd’hui, grâce aux actions sociopolitiques entreprises par les pays africains avec l’appui extérieur,
l’Afrique se métamorphose.

De sommets en conférences , de rapports d’institutions internationales en ouvrages d’experts,


le débat sur la réalité du potentiel africain ne cesse de rebondir ; après des décennies de clichés
cantonnant le continent à une région marginalisée, gangrenée par la pauvreté, les guerres et les
épidémies , apparut , vers la fin des années 2000, la vision d’une autre Afrique, nouvelle frontière de
l’économie mondiale et continent à l’avenir radial promis à une émergence à portée de main. Ainsi, le
devenir de l’Afrique, berceau de l’humanité, suscite un intérêt accru et des inquiétudes réelles. Aussi,
un nouvel éclairage sur la complexité de l’Afrique et ses facteurs d’évolution est-il nécessaire. Avec la
chute des cours des matières premières, conjuguée à une croissance mondiale en berne, de nombreuses
interrogations apparaissent. Alors, où va réellement le continent africain ?

1-Généralités

Le continent africain s'étend des latitudes moyennes de l'hémisphère septentrional aux latitudes
moyennes de l'hémisphère méridional ; il est limité au nord par la Méditerranée, à l’ouest par
l'Atlantique et à l'est par l'océan Indien. Les points extrêmes du continent sont : au nord le cap
Blanc (37° 21' de latitude nord), au sud le cap des Aiguilles (34° 51' de latitude sud), à l'ouest le cap Vert
(17° 32' de longitude ouest) et à l'est le cap Gardafui (51° 28' de longitude est).

L'Afrique, qui par son étendue est le troisième continent après l’Asie et l’Amérique,
représente environ 1/5 environ des terres émergées avec une superficie de 30 281 454 km2 (tableau
2). Elle forme avec l'Eurasie ce qu'on appelle l'Ancien Continent, mais elle constitue en réalité une entité
en soi, puisqu'elle se trouve complètement entourée par la mer, si ce n'est sur la brève distance de
l'isthme de Suez (coupé cependant par le canal artificiel du même nom).

Tableau 1 : Taille des continents de la Terre

Continent Superficie, Km % environ


Asie 44 485 900 30
Afrique 30 269 680 20
Amérique du Nord 24 235 280 16
Amérique du Sud 17 820 770 12

7
Antarctique 13 209 000 9
Europe 10 530 750 7
Océanie 8 924 100 6
Total 149 475 480 100
Source: Cally Hall et Scarlett O’hara (2002)

Les îles représentent moins de 2 % de la surface totale, parmi elles seule Madagascar s'impose
par ses dimensions (587 041 km2). Les principaux groupes insulaires sont disséminés dans l'Atlantique
(îles du Cap-Vert, Madère, Canaries, Sao Tomé, Sainte-Hélène, Ascension) et dans l'océan indien
(Mascareignes, Comores, Seychelles, Amirantes).

2 - Description physique

A- Les côtes
L'Afrique présente un développement côtier modeste par rapport à sa superficie (28 000 km env.).
Les côtes ne sont pas très découpées, en général basses et dépourvues de ports. Les seules découpures
notables sont : en Méditerranée, la péninsule de la Cyrénaïque qui délimite le golfe de la Grande
Syrte, et l'éperon de la Tunisie (golfe de Gabès ou de la Petite Syrte); dans l'océan Indien la baie de
Maputo, le golfe de Sofala et la péninsule somalienne qui forme, avec la côte asiatique, le golfe
d'Aden.

B- Orographie
Le relief est constitué par un seul système montagneux de type alpin, celui de l'Atlas, qui
culmine à plus de 4000 m au Maroc. Le reste du continent est dépourvu de vraies chaînes de
montagnes ; c'est un immense plateau relevé sur ses bords, où se succèdent confusément hauts plateaux,
dépressions, littoraux montagneux et massifs volcaniques. Parmi ces groupes de montagnes, on note
: le massif du Hoggar et les monts Tibesti (dépassant 3000 m) au Sahara, le Fouta - Djalon en
Guinée, le groupe volcanique du Cameroun, près des côtes du golfe de Guinée ; les Serras en
Angola; les monts des Dragons qui s'élèvent à plus de 3 500 m, parallèlement aux côtes sud-
orientales de l'océan Indien ; en Afrique orientale, on rencontre les hauts plateaux les plus importants, ils
sont accompagnés de massifs volcaniques élevés (haut plateau éthiopien, Kilimandjaro, Kenya,
Ruwenzori) et interrompus par des fosses tectoniques occupées par les Grands Lacs. Les bassins du
Congo, du Nil Blanc et du lac Tchad forment de vastes cuvettes au cœur du continent.

Un tiers du continent est formé d'aires désertiques parmi lesquelles la plus étendue est le
Sahara, qui va des côtes de la mer Rouge aux côtes de l'Atlantique (avec une large prépondérance
du désert de sable (erg), mais aussi de parties rocheuses (hamadas), ou caillouteuses (serir).

C- Hydrographie

L'étendue du continent et sa structure font que de vastes zones sont dépourvues de circulation
d'eau (40 % de la surface totale) ou n'ont pas d'écoulement vers la mer (12 %). L’essentiel de réseau
hydrographique est concentré dans les régions pluvieuses. Pour ces mêmes raisons, elles n'ont ni
lignes de partage des eaux bien nettes ni nœuds hydrographiques importants. Les couples de fleuves
qui, prenant leur source dans le même lieu, ont un cours divergent sont donc fréquents (Niger-
Sénégal, Lualaba-Zambèze, Orange- Limpopo).

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- Les fleuves. Les cours d'eau pérennes les plus importants naissent et coulent dans la zone
intertropicale, plus riche en pluies; ils doivent presque tous traverser la bande de hautes terres qui
borde le continent pour atteindre la mer, ils forment donc des rapides et des cascades qui rendent la
navigation difficile, voire impossible. Les fleuves les plus importants sont : le Congo ou Zaïre, le Niger,
le Zambèze.
Dans les zones arides du nord et du sud, en revanche, on trouve seulement de larges sillons, les
oueds, habituellement secs et qui recueillent les eaux des rares orages. Dans les bassins fermés (sans
débouché vers la mer), les eaux s'évaporent ou stagnent dans de profondes cuvettes (par exemple, le lac
Tchad, les chotts algériens).

- Les lacs. L'Afrique possède quelques grands lacs, concentrés principalement dans les fosses
tectoniques d'Afrique orientale : parmi les plus importants, le lac Victoria (troisième du monde par sa
superficie) et le lac Tanganyika, l'un des plus profonds.

Les ressources en eau de l’Afrique sont en permanence affectées par des sècheresses à répétitives
ainsi que par les changements dans l’utilisation des sols. Dans le même temps, la demande d’une
population en forte croissance est toujours plus forte alors que les ressources sont très limitées, en
particulier dans les zones victimes de pénuries régulières. On estime aujourd’hui que plus de 400
millions de personnes doivent faire face à des situations de pénuries en Afrique.

D- Climat.
Sa situation (environ 4/5 du territoire africain sont situés entre les deux tropiques) fait que
la majeure partie du continent présente des températures moyennes annuelles supérieures à 20 °C
(les plus élevées du globe).

Le régime thermique présente des différences notables entre les aires désertiques qui ont de
forts écarts de température entre le jour et la nuit, et les régions intertropicales dont les amplitudes
annuelles sont presque négligeables. La région équatoriale est toujours caractérisée par des zones de basse
pression qui sont à l'origine de la formation des alizés; les régions de l'est et du sud-est sont soumises
aux moussons; à l'intérieur, la présence d'immenses déserts détermine la formation de vents chauds
et secs (ghibli. khamsin). Les précipitations sont particulièrement abondantes dans la zone équatoriale,
notamment dans les régions côtières de l'Atlantique, où il pleut presque chaque jour, en toute saison (sud-
ouest du Cameroun); le versant oriental est, par contre, beaucoup moins pluvieux. En général, au fur et à
mesure que l'on s'éloigne de l'équateur, les pluies diminuent et se concentrent sur une période plus ou
moins longue, correspondant à l'été, et qui tend à devenir plus brève en allant vers l'intérieur du continent
aux deux extrémités (nord et sud) les pluies tombent pendant tout l'hiver. Selon les conditions
climatiques, on peut distinguer les types fondamentaux de climats suivants : climat chaud et humide, en
Afrique centrale entre 6° de la latitude nord et 3° de la latitude sud (exceptées les régions des hauts plateaux
orientaux) et le long du littoral E. de Madagascar; climat humide et tempéré, le long des côtes sud-
orientales; climat périodiquement sec dans la plus grande partie du Soudan, aux limites du bassin du Congo
(Angola, Zambie) ; dans les plaines d'Afrique orientale et dans celles de la partie occidentale de
Madagascar (les hauts plateaux d'Éthiopie, du Zimbabwe, du Transvaal ont un climat analogue, avec des
températures plus basses); climat chaud et sec dans les régions prédésertiques (par exemple entre l'Atlantique
et le Sahara et aux confins de la province du Cap) ; climat chaud et très sec, au Sahara et en Namib ;

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climat aux étés chauds et secs et aux hivers doux et humides, dans les extrémités nord et sud du
continent.

E- Flore
De très vastes zones conservent leur manteau végétal original. Sa distribution dépend notamment
de la latitude, du milieu, des critères physionomiques et du climat.

La forêt équatoriale ou pluviale s'étend autour de l'équateur, sur la façade atlantique (bassin du
Congo-RDC, côtes du golfe de Guinée, delta du Niger où prospèrent les mangroves), ainsi que le long du
littoral est de Madagascar. La forêt équatoriale est riche en bois précieux comme le palissandre, l'ébène, le
teck et l'acajou, etc.

La forêt-parc est presque toujours située aux confins de la forêt pluviale (dans une bande qui va du
golfe de Guinée à l'Ouganda, mais aussi le long des côtes de l'océan Indien), elle est plus dense le long des -
cours d'eau (forêt-galerie) et plus clairsemée dans les zones intermédiaires et vers l'intérieur.

La savane domine au Soudan, en Ouganda, en Tanzanie, au Katanga en République démocratique


du Congo (RDC), en Angola, en Zambie et au Mozambique ; le baobab est très répandu ainsi que les
acacias et les palmiers «dum»; dans les régions les plus arides (par exemple, Kalahari) les euphorbes et les
espèces xérophiles sont nombreuses (savane aride et savane épineuse).

La steppe occupe de vastes zones (dans le nord du Soudan, le Soudan du Sud en Somalie, au Kenya,
dans une partie de la Tanzanie, dans le bassin de l'Orange). Les espèces floristiques, les
plus caractéristiques sont l'alpha et l'armoise, mais on trouve également des arbustes et des arbres isolés
(euphorbes, acacias).

Les régions désertiques sont naturellement caractérisées par leur extrême pauvreté en végétation,
on note cependant la présence de différentes espèces de xérophytes qui s'adaptent en fonction du type
de désert où elles poussent (buissons épineux, etc.).

En Afrique du Nord, prospère une végétation de type méditerranéen, notamment au Maroc et


en Algérie (sur les versants septentrionaux de l'Atlas poussent des chênes-lièges. des cèdres, des pins et des
sapins) ; en Cyrénaïque, on trouve également des cyprès. À l'extrémité méridionale (région sud-occidentale de
la province du Cap), le manteau végétal présente des aspects analogues, avec, en outre, des espèces
typiquement australes (protées, callas).

Au cœur de l'Afrique, les hautes montagnes accueillent une végétation tropicale de montagne ;
les espèces sont très variées et souvent caractéristiques (bruyères, fougères arborescentes, bambous,
conifères).

F- Faune.
La faune est d'une richesse exceptionnelle. Elle est abondante et diversifiée. C’est pourquoi les pays
africains ont consacré une grande partie de leurs territoires à la conservation (parc de Waza, réserve du
Dja…).

En Afrique du Nord vit une faune de type eurasiatique à laquelle s'ajoutent quelques espèces tropicales
et équatoriales : hyènes, chacals, quelques singes, lions (dans les régions montagneuses très retirées de l'Atlas, au
Maroc). Le reste du continent forme une seule province zoologique, qui, toutefois, présente des aspects
différents.

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Dans la zone équatoriale (de la Guinée aux grands lacs) vivent des gorilles et des chimpanzés, et, un
peu dans toutes les régions, diverses espèces de singes. Dans la zone comprise entre les deux tropiques on
trouve des buffles (également plus au sud), des éléphants (sous-espèce dite africaine) et de girafes, ces
dernières avec les chacals et les hyènes (qui ne font défaut qu'en Angola et au Congo), les gazelles et les
antilopes (40 espèces), bien qu'elles vivent également en d'autres lieux, constituent la faune caractéristique
de la savane. Dans ce milieu vivent de préférence : les léopards (17 espèces connues), et les lions (10-11
espèces que l'on trouve jusqu'au Transvaal) alors que les zèbres préfèrent l'Afrique méridionale et orientale.
Les hippopotames et les sangliers sont présents sur tout le continent, tandis que les rhinocéros (à deux
cornes) vivent dans sa partie orientale. Les loups sont complètement absents ; les dromadaires ne vivent
qu'en Afrique septentrionale et au Sahara. En Afrique méridionale et centrale, on rencontre des pangolins et
des fourmiliers africains.

Parmi les reptiles les plus caractéristiques, on trouve le boa, dans le nord de l'Afrique, en Égypte, en
Éthiopie, en Somalie et à Madagascar; les pythons dans le centre et le sud de l'Afrique, le cobra, un peu en
toute région, alors que les crocodiles peuplent toutes les eaux intérieures.

Parmi les insectes les plus dangereux, on peut noter, dans la zone équatoriale, la mouche tsé-tsé (qui
inocule les germes de la maladie du sommeil) et les moustiques (porteurs de malaria) ; dans la savane, les
termites et les sauterelles.

La faune aquatique et les oiseaux offrent une grande diversité d'espèces spécifiques de ce continent ;
parmi les oiseaux notons : les perroquets (très nombreux à Madagascar) et les autruches vivant dans les
savanes et aux limites des déserts.

3- Population

A-Composition

L'Afrique a une population totale estimée aujourd’hui à plus d’un milliard cent millions d’habitants.
Elle représente plus de 15 % de la population mondiale. La division de la population entre Afrique blanche et
Afrique noire, ou subsaharienne, remonte à l'Antiquité. La population de l'Afrique noire est très fragmentée,
elle comprend de nombreux groupes ethniques (soudanais, bantous, pygmées, bochimans, hottentots, etc.) qui
sont concentrés en Afrique centrale, australe et occidentale. Les régions de l'Afrique blanche c'est-à-dire celles
qui donnent sur la Méditerranée sont surtout constituées par des populations arabes et berbères (chamites,
hamites, sémites). Mais il existe également de nombreux groupes ethniques qui sont le résultat de
complexes croisements entre peuples différents : c'est le cas des habitants de l'Afrique orientale, au
nord de l'équateur (éthiopiens, somaliens) ou de ceux de Madagascar ou du Sahara.

La population blanche d'origine européenne atteint environ 5 millions d'individus (anglais,


hollandais, français. portugais, espagnols, italiens, grecs) qui, pour la plupart, est établie en Afrique
australe et septentrionale.

Les colonies asiatiques sont également bien représentées (indiens, pakistanais, arabes, chinois)
dans 'es îles et le long de l'océan Indien.

B- La densité de la population

Elle est très faible (plus de 37 hab. /km2), ce qui s'explique par l'étendue des régions
désertiques et équatoriales.

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On note, depuis le début du siècle, une croissance rapide de la population malgré des conditions
défavorables inhérentes au milieu et malgré une situation sanitaire extrêmement mauvaise.

Environ 1/4 des Africains vivent septentrional sont concentrés sur les côtes algériennes,
tunisiennes et marocaines, mais surtout dans la vallée du Nil. Au sud du Sahara, les zones les plus
densément peuplées sont : les côtes du golfe de Guinée et quelques zones de l'intérieur (en
particulier les hauts plateaux qui jouissent d'un meilleur climat), les hautes terres de l’Afrique orientale,
les vallées des grands fleuves.

Le nomadisme a aussi une importance notable; les migrations d'une région à l'autre (notamment
pour des travaux saisonniers) sont, par ailleurs, non négligeables.

C- Différents types d'habitat

Les formes traditionnelles de l'habitat indigène (villages, centres fortifiés, villes marchandes) sont
encore très bien représentées, mais les villes grossissent toujours davantage (particulièrement sur la côte) :
elles doivent leur premier développement, sinon leur origine, à la colonisation blanche. Aujourd’hui, on
note plusieurs villes de plus de 5 millions (Le Caire, Lagos, Kinshasa, etc.).Toutefois, l’Afrique reste le
moins urbanisé des continents. Elle connaît cependant le taux d’exode rural le plus élevé du monde et un
taux d’accroissement de la population urbaine de près de 4,5%.

D- Langues

Les différents groupes humains possèdent plusieurs langages. Les idiomes de la population
subsaharienne sont regroupés en deux grandes familles : les familles soudanaise ou nilo-saharienne
(langues nilotiques du Soudan central et occidental) et bantoue nigéro-kordofanienne (langues
congolaises et swahilies, etc.). Les populations d'Afrique du Nord et du Sahara parlent des idiomes
sémitiques (Arabes) ou chamitiques (Berbères, Touaregs); celles de race éthiopienne de l'Afrique
orientale au nord de l'équateur parlent des idiomes sémitiques (Abyssins) ou chamitiques de la famille
couchitique (gallas, somali). Les habitants de l'Afrique du sud-ouest (Hottentots et Bochimans) parlent
des langues khoisanes ou clics et ceux de Madagascar,' une langue présentant des affinités avec
l'indonésien (famille malayo-polynésienne ou malgache).

Les langues des pays colonisateurs (anglais, français, italien, portugais, espagnol) sont très
répandues, notamment dans les centres urbains et dans les régions qui eurent des contacts plus
constants et plus profonds avec les Européens.

L'afrikaans, la langue des Boers (Afrique du Sud), est un cas particulier puisque c'est
principalement le hollandais qui lui fournit son lexique.

E- Religion

Une grande partie de la population professe des formes traditionnelles de religiosité


(animisme, fétichisme, totémisme, etc.); il s'agit de cultes très différents selon les régions et les
groupes ethniques : la recherche d'un contact direct avec la nature et le recours à des rituels magiques
en sont pourtant les constantes.

Les musulmans sont largement majoritaires dans le nord de l'Afrique; l'islam connaît toutefois
une forte expansion dans les régions subsahariennes. Le christianisme est présent en Éthiopie (coptes) et

12
dans les pays de population noire et blanche (Congo, RDC, Afrique du Sud, Zimbabwe, etc.). Ailleurs,
les chrétiens constituent des minorités, parfois assez nombreuses.

F. La formation et l’éducation en Afrique

Le continent africain a accompli d’immenses progrès, malgré la politique hésitante et les efforts
budgétaires réalisés par les gouvernements, mais insuffisants dans le domaine de la formation et de
l’éducation pendant ces dernières années dans l’ensemble. Mais beaucoup restent à faire face à un défi
démographique inédit tant par son ampleur que par sa vitesse. En moyenne, le taux de scolarisation est de
78% dans le primaire, 32% dans le secondaire et 6% dans le supérieur. Les inégalités persistent :

1. L’analphabétisme touche 35% des hommes et 55% des femmes de plus de 15 ans ;
2. Les disparités sont grandes d’un pays à un autre. Ex : primaire : 90-100% en Afrique du Sud,
40% au Niger ;
3. L’inégalité de l’éducation dans des régions (départements, provinces, régions…) d’un même
État ;
4. La politique budgétaire des États pour l’éducation et la formation est relative: plus de 5% du
PNB et 15% de dépenses publiques : Libye, Maroc. Moins de 1% du Nigeria du PNB ;
5. Les conflits et les guerres (Coups d’État, guerres tribales) réduisent les possibilités à l’accès à
l’éducation : Somalie, République centrafricaine.

D’autres éléments non des moindres nuisent à la qualité de l’éducation :


- L’orientation et l’élaboration des programmes sont loin de répondre aux besoins économiques
des États africains ;
- L’inégalité des enseignements dans des institutions entre les enseignements généraux et les
enseignements techniques et productifs ;
- Le manque de documentation (rareté des bibliothèques dans les centres urbains et les
campagnes) ;
- La faiblesse de l’édition : 20 titres/1.106 habitants (Afrique) contre 800 en Europe ;
- Et enfin, le manque de formateurs (enseignants : 1 scientifique et 1 ingénieur sur 10 000 habitants
en Afrique).

G- La santé en Afrique

L’Afrique demeure à nos jours, le continent le plus touché par le paludisme qui représente plus de 10 % de
l’incidence de toutes les maladies. Depuis l’année 1980 et à la fin des années 90, les pays africains, sortis
de la guerre froide et des ajustements structurels, font face à la pandémie du VIH/SIDA et aux
conséquences de terribles guerres civiles et transfrontalières. Le virus de l’immunodéficience humaine
(HIV) et la maladie qui est associée, le SIDA, apparaissent comme la principale menace pour la santé des
populations africaines. Le faible taux de couverture sanitaire (la densité médicale très faible, formations
sanitaires inégalement réparties, absence de lits …), la malnutrition, la mauvaise politique sanitaire
(système de santé, système des soins), le sous-équipement expliquent la situation sanitaire actuelle de
l’Afrique (Persistance des maladies endémiques, évolution du SIDA, taux de mortalité infantile très
élevée).

13
4-L’économie africaine

A- Quelques paramètres économiques du continent

En Afrique, la situation économique fait apparaître des différences énormes d’un pays à l’autre.
Et aussi, dans la plupart des pays, on note des variations et des contrastes très marqués d’une région à
l’autre. La structure politique actuelle (multitude des Etats) et la nature de l’économie par les formes
revêtues expliquent largement l’importance des plantations (cacao, coton, café …), de l’extraction
minière (cuivre manganèse …) et l’exploitation des sources énergétiques. L’insuffisance récurrente des
cultures vivrières et la présence très remarquée des industries de transformation (légères) sont très
distinctes. L’ascension à l’indépendance presque totale des États africains n’a pas modifié ces données
faisant ressurgir les disparités ethniques, politiques et religieuses (égoïsme, clivages politiques). Les
économies des États restent faibles et leur PIB représente moins de 3% du total mondial (proche de celui
de l’Espagne).

Néanmoins, certaines données restent encourageantes, les échanges de l’Afrique avec l’extérieur
se font en majorité par voie maritime (800 x106 tonnes). Les réseaux routiers (1 500 000 km) et
ferroviaires (85 000 km) du continent sont les moins denses du monde, mais en nette progression. Le
trafic aérien bien que concentré sur des lignes plus rentables (internationales et transcontinentales) est en
progression. Malgré la présence des compagnies africaines, 2/3 des profits reviennent aux compagnies
dites étrangères. Avec la forte liaison entre les continents, le tourisme africain a évolué très rapidement.
Ce secteur reste une source prometteuse pour les pays africains (Kenya, Maurice, Tunisie, Égypte…).
Plus de 40 x 106 touristes visitent le continent chaque année avec un taux de croissance de plus de 5%.

Le réseau des télécommunications a été sensiblement élargi et amélioré depuis les années 1980
(20 téléphones fixes pour 1 000 habitants). Au début du 3e millénaire, la téléphonie mobile connaît une
progression fulgurante. Aussi, les liaisons internet se sont nettement améliorées.

L’Afrique dispose actuellement de sources d’énergie abondantes, diversifiées et mal exploitées :


- 8% du pétrole et du gaz ;
- 28% d’uranium ;
- 6% de charbon ;
- 1/3 du capital hydroélectrique du monde.

Les autres énergies renouvelables (éolienne, solaire, géothermique, marémotrice) sont aussi
importantes, mais pas très développées. Le bois reste le combustible le plus utilisé par les populations
africaines. Ces sources sont toutefois mal réparties sur le continent africain. La consommation
énergétique annuelle par habitant stagne et demeure faible : 0,62 tep par habitant contre 4,2 tep dans les
pays industrialisés.

L’Afrique assure une production mondiale de minerais et minéraux de moins de 15% malgré une
recherche très faible. Celle-ci ne favorise guère l’industrialisation qui souffre encore des handicaps très
accrus :
- Pénurie des capitaux ;
- Manque d’entrepreneurs, de chercheurs et de main-d’œuvre qualifiée ;

14
- Insuffisance des infrastructures et communication ;
- Marchés très limités ;
- L’agriculture très mal adaptée, etc.

Néanmoins, le sous-sol représente la première richesse de l’Afrique qui correspond près de 30 % des
ressources minières de la planète.

L’agriculture occupe près de 60% de la population active et contribue à 20% du PIB du


continent, elle reste très faible et surtout adaptée à la production traditionnelle. Les performances de
l’agriculture africaine sont dans l’ensemble médiocres. L’élevage repose essentiellement sur la
transhumance (650 106 de tête de bétail). Comme l’élevage, l’Afrique valorise encore très mal ses
ressources halieutiques qui sont quasi exploitées par les navires étrangers. Et aussi, le continent est
devenu de plus en plus dépendant du reste du monde, à la fois pour l’écoulement de ses produits et pour
la satisfaction de ses besoins alimentaires.

Après les indépendances, la structure économique de l’Afrique n’a pas beaucoup évolué. Les
exportations de l’Afrique vers les autres pays restent autour de 3% et sont constituées des produits
primaires (hydrocarbures, minerais, agricoles). Dans la plupart des pays, les produits manufacturés
constituent plus de 50% des importations. Le secteur artisanal et l’informel en Afrique sont très
développés. Dès les années 1970, l’Afrique a commencé à changer et se moderniser à un degré, avec une
rapidité et selon des modalités politiques, sociales et culturelles qui nous échappent souvent, mais le plus
souvent ce changement n’est pas un développement: l’économie était orientée au service des stratégies
d’accaparement de rentes par les élites politiques, la productivité croupissait à des niveaux très bas,
l’accumulation du capital se limitait aux enclaves des industries pétrolières et gazières, l’offre de services
publics était indigente, la durée et la qualité de vie des africains ne progressaient pas, les inégalités se
creusaient entre États , entre communautés, etc.
Selon certains critères économiques établis par l’Organisation des Nations Unies et ses organes
annexes, l’Afrique se situait vers le bas de l’échelle du développement économique. Nous pouvons citer :

- Sécurité alimentaire ;
- Santé ;
- Suivie et développement de l’enfant ;
- Évolution du développement urbain ;
- Évolution du revenu par habitant ;
- Tendances du développement et croissance économique
- Disparités dans l’enseignement ;
- Urbanisation croissante ;
- Jeux de ressources ;
- Utilisation de l’énergie ;
- Emploi ;
- Accès aux moyens de communication, etc.

Pour résoudre certains problèmes posés au début des années soixante, plusieurs organisations
furent créées : OUA (organisation de l’Unité africaine), BAD (Banque africaine de développement)…

15
afin de renforcer la coopération et l’intégration interafricaines, de nombreux organismes inter- étatiques
ont vu le jour sur le continent africain pour intervenir dans des domaines divers : technique, industrie,
sanitaire, culturel, agricole. Ces organisations se sont développées et renforcées. Nous citerons : UMA
(Union du Maghreb Arabe), CEAO (Communauté économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest),
CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale), SACU (Union Douanière de
l’Afrique Australe), SADC (Communauté économique des États d’Afrique australe). Les résultats de
tentatives intégratrices sont décevants à cause :

- Insuffisance des moyens ;


- Politiques inappropriées ;
- Structures inadéquates ;
- Manque de volonté politique ;
- Égoïsme ;
- Absence de complémentarité entre les productions nationales, etc.

Au début, du 3e millénaire, les responsables africains, conscients de la nécessité de formuler une


nouvelle politique et économie africaine, ont créé l’Union africaine (UA) et des plans énormes
économiques sont énoncés : plan Omega (Wade), NEPAD, etc. En effet, ils préconisent l’appropriation
par l’Afrique de son développement, en permettant à celle-ci de déterminer elle-même ses objectifs et ses
approches.

B-L ’Afrique et la révolution mondiale

1. Les potentialités de l’Afrique

L’Afrique, continent de plus de 30 x 106 km² occupe la 3e position par ses dimensions. Elle est
constituée de 53 États indépendants. La structure africaine (administrative) résulte de la colonisation et
des influences géopolitiques. L’enclavement et la faiblesse de la densité rendent difficile la viabilité
économique de certaines régions.

Le continent africain couvre plus de 22% de la superficie mondiale et plus 15% de la population
mondiale (tableau 2). En 2030, la population passera à 1,700 milliards d’habitants. Et en 2050, elle en
comptera 2,435 milliards, soit une augmentation de près de 122 %. Sachant que l’actuel taux de
fécondité du continent est de 4,8 enfants par femme, contre 2,5 du taux mondial. Certes, ces chiffres sont
impressionnants et présentent une importance relative, car la densité démographique sera inférieure à la
moyenne mondiale. Et la superficie de l’Afrique est assez vaste pour absorber l’augmentation de cette
population annoncée pour les imminentes années et décennies.

Le problème ne sera pas l’étendue territoriale, mais la progression économique. Car elle n’a ni les
infrastructures, ni la croissance économique indispensable pour nourrir, loger, soigner et éduquer, au
cours de ces prochaines décennies, soit près de 50 millions d’habitants supplémentaires chaque année.

Tableau 2 : population approximative des continents dans les années 2010

16
Continent Population
Afrique 1 200 106
Asie 3 600 106
Europe 800 106
Amérique 900 106

L’accroissement de la population africaine est en recul, mais avoisine en moyenne plus de 2,5
pour 1000 avec un taux de mortalité très élevé. Jeffrey Sachs (américain) écrivit que « c’est de pauvreté,
et pas seulement du SIDA que meurent les Africains. Ils sont victimes de maladies qui seraient faciles à
éradiquer, mais les moyens (autochtones) d’y parvenir font cruellement défaut, parce que la croissance
économique est si faible sur le continent ». Le produit national brut (PNB) par habitant en Afrique est de
1254 dollars $ en moyenne, inférieur à la moyenne mondiale 5 170 dollars $. Il existe de grandes
disparités entre les États. Ainsi, les pays africains sont caractérisés par la coexistence et souvent la
juxtaposition d’économies hétérogènes.

L’économie africaine est faible. Son PIB africain est estimé à près de 29 000 x109$, mais en forte
progression, il atteindra en 2050 près de la moitié de l’actuel PIB mondial (71 000 x 109 milliards de
dollars). La majorité des populations africaine travaille dans l’agriculture peu productive et ne parvient
pas à satisfaire ses besoins propres. En outre, les cours mondiaux des produits dans lesquels l’Afrique
s’est spécialisée sont orientés à la baisse (14 x 109$ en 1980 et 10 x 109 en 1990). Le continent est devenu
de plus en plus dépendant du reste du monde (vente des produits et satisfaction de ses besoins
alimentaires).

L’Afrique représente plus de 16% de cheptel mondial bovin et 22% des ovins et 6% des captures
de pêche. Les ressources sont nombreuses et importantes, mais la mise en valeur reste peu effective.

L’exploitation des ressources du sous-sol a pris une place primordiale pour les économies de
l’Afrique. Les échanges mondiaux de minerais sont passés de 6% en 1980 à 13,5% en 1995. Les
exportations africaines sont dominées par les minerais et les hydrocarbures. Le sous-sol représente la
première richesse de l’Afrique, qui compte 30% des ressources minerais de la planète. Mais son
environnement souffre de plus en plus de l’exploitation désordonnée des ressources naturelles. Avec la
crise alimentaire de 2008, les pays d’autres continents sont venus trouver des terres arables pour
sécuriser leurs approvisionnements alimentaires, et donc privilégier les cultures d’exportation. Ces
derniers se distinguent par la dimension des acquisitions. Cet engouement pour les terres fertiles de
l’Afrique est bien réel et pourrait changer la donne des échanges agroindustriels dans les années avenirs.
Toutefois, grâce à l’expansion des échanges, en 2040, les ports africains assureront le transit de plus de 2
milliards de tonnes de marchandises par an, soit à peu près la même quantité que celles transportées par
les ports américains en 2012.

Malgré les nombreuses difficultés qui se dressent devant eux, les pays d’Afrique ont déjà fait de
grands pas vers la protection et l’amélioration de leur environnement. À cet effet, plusieurs États exigent
désormais des études d’impacts environnementaux pour la mise en place des projets importants afin
d’assurer pour les générations un environnement plus sain.

2. l’Afrique et la révolution mondiale

17
Dans ces années de début du 21e siècle, les pays du monde ont entamé une révolution
économique de grande envergure qui donnerait à la fois les dispositions et les systèmes de
modernisation au continent africain. Cette évolution économique est possible, en partie, par les progrès
dans les domaines aussi variés (plus d’un milliard de connexions de téléphones mobiles en Afrique en
2016). L’unification des systèmes nationaux de production et de finance a été effectuée et une très forte
croissance de l’échelle des échanges transcontinentaux de produits divers est désormais rapide et
possible.

Si aucune fraction du monde n’a pas été épargnée aux conséquences de mondialisation, les
apports des États ont distinctement diffèrent. Les pays fortement à grand potentiel économique ont été
les meneurs de cette évolution fulgurante, mais de nombreux pays à faible potentiel surtout africains y
ont participé modestement par leur richesse environnementale et naturelle.

Toutefois, l’incapacité de l’Afrique à exploiter davantage les processus de mondialisation


découle en partie d’obstacles structurels à la croissance et au développement (sorties incontrôlées de
ressources et termes défavorables de l’échange). Et en outre, les échecs des leaderships politiques et
économiques africains empêchent la mobilisation forte et cohérente des ressources dans les domaines
d’activités de plus en plus indispensables pour attirer et faciliter les investissements locaux et étrangers.

Aussi, les divers acteurs doivent-ils s’engager à mettre en œuvre une intégration authentique de
toutes les nations dans l’économie et dans la vie politique mondiales. La communauté internationale a la
capacité de créer des conditions justes et équitables dans lesquelles l’Afrique peut participer réellement à
l’économie et à la vie politique mondiales.

C- La nouvelle volonté politique des acteurs africains

Si, dans le passé, des tentatives visant à formuler les programmes de développement au niveau du
continent ont été faites, elles n’ont pas été couronnées de succès pour diverses raisons internes et externes
(impérialisme, guerres froides, coups d’État, apartheid, intégrisme religieux, etc.) Une nouvelle solution
se trouve maintenant dans le cadre de la restructuration des relations internationales : le NEPAD.

Le programme NEPAD (nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) constitue un


nouveau cadre d’interaction avec le reste du monde, notamment avec les pays industrialisés et les
organisations multilatérales. Les dirigeants africains doivent désormais assurer en commun un certain
nombre de responsabilités : consolider les mécanismes de prévention, de gestion et de résolution des
conflits ; promouvoir et protéger la démocratie et les droits de l’homme ; restaurer et maintenir la stabilité
macroéconomique ; instaurer des cadres juridiques et réglementaires à l’intention des marchés financiers;
revitaliser et élargir la prestation des services d’enseignement, de formation technique et de santé;
promouvoir le rôle des femmes dans le développement socioéconomique ; renforcer la capacité des états
africains d’instituer des lois, de faire respecter la législation et de maintenir l’ordre et la paix ; promouvoir
le développement des infrastructures , de l’agriculture et de sa diversification vers les agro-industries et les
manufactures au service des marchés locaux comme de l’exportation ; etc.

Cette nouvelle approche est l’expression de l’engagement des dirigeants africains à traduire en
actions concrètes les aspirations profondes des peuples africains. Toutefois, le succès de ces efforts
dépend de l’engagement des peuples concernés à prendre en main leur propre destin. Face à la gravité de

18
la situation, les pays africains doivent se mobiliser pour mettre un terme à la marginalisation continue de
cette partie du monde et promouvoir son développement en réduisant le fossé qui la sépare du monde
développé.

5 -Contextes historiques et géopolitiques

A- Contexte historique

On ne peut saisir les problèmes de développement sans analyser l’histoire du continent africain dans
ses relations avec les autres continents. Le continent africain a pu être au long de l’histoire un berceau
de la civilisation. Et plus, l’Égypte ne fut-il pas un pays culturellement, historiquement, économiquement
développé dans un passé récent. Il a aussi constitué un vivier de sciences et de découvertes. Les
dynamiques historiques ont néanmoins déplacé la puissance vers l’Europe, puis vers les Amériques et
aujourd’hui vers l’Asie, ce qui a réduit l’Afrique à une position subalterne. Les facteurs historiques sont
primordiaux parce qu’ils ont marqué la conscience africaine. Cette histoire est irrémédiablement liée à
l’histoire de l’esclavagisme, de la colonisation et d’autres doctrines.

B - Contexte géopolitique

Les relations entre les pays du Nord et les pays du Sud ont été symbolisées par les relations entre les
pays nantis et les pays africains pauvres. Ses relations n’ont pas toujours été en faveur des Africains. Elles
constituent une domination injuste et une appropriation induite des ressources de l’Afrique. La théorie du
système -monde de Wallerstein définit les relations nord-sud en termes centre – périphéries et apporte une
explication compréhensible de la condition africaine. En effet, le développement du centre (les pays
nantis) dépend étroitement de l’exploitation des périphéries (les pays africains). Ainsi, le centre se sert des
périphéries pour asseoir son développement. Est- ce que le monde peut se construire sans centre et
périphéries ? En réalisant le bilan des siècles écoulés, on pourrait penser que l’Afrique est un grand
perdant de la compétition internationale, mais ce serait oublier maints aspects du développement qui vont
compter de plus en plus dans le futur.

6- L’envol possible de l’Afrique

À l’aube du 21e siècle, l’Afrique ne serait –elle pas l’un des continents qui contient les principaux
atouts de la croissance ? L’Afrique est la seule région du monde, où la pauvreté s’étend et aussi c’est la
seule à ne pas être parvenue à enclencher le processus de développement avec certaines apparences
comme le recul de la démocratie africaine et la persistance de la grande pauvreté. Une grande partie de la
population est encore engluée dans un état de grande pauvreté soit plus de 400 millions de personnes. On
peut avancer des explications économiques, qui font appel aux raisonnements classiques pertinents et
politiques ainsi que des raisons culturelles, qui permettent de comprendre pourquoi l’économie classique
ne fonctionne pas sur le continent africain comme ailleurs. L’Afrique est le continent de la misère et de la
pauvreté. C’est vrai. Mais cette réalité masque une autre Afrique, plus nombreuse plus puissante. Mais
aujourd’hui, la situation de l’Afrique commence à évoluer et à changer (facteur principal du
développement la croissance – PIB est en hausse). Certains facteurs sociaux connaissent des améliorations
(un allongement de l’espérance de vie, la baisse de la mortalité infantile, la réduction des conflits, la
maîtrise de certaines pandémies ...).

L’Afrique, troisième continent par son étendue géographique, possède des ressources naturelles
nombreuses et abondantes qui constituent une ‘’trésorerie de ressources naturelles’’. Ce continent est

19
également un importateur des produits agricoles et un fournisseur essentiel de matières premières
industrielles pour le monde entier. Aussi, il reste un pilier indispensable assurant le bon fonctionnement
de l’économie mondiale et un contributeur pour la croissance économique planétaire. Grâce aux réformes
amorcées par les pays africains, le continent présente un aspect moderne.

L’Afrique a renoué avec la croissance :

• L’Afrique profite du « basculement de la richesse mondiale entre l’Europe et l’Asie »: l’envolée


soutenue du niveau de la demande et des prix mondiaux des matières premières est un facteur essentiel de
la bonne performance récente des économies africaines, mais aussi l’ouverture à de nouvelles sources
d’investissement, de commerce, d’idées ...
• La poussée par la croissance démographique du continent, la demande intérieure est un des principaux
moteurs de la croissance africaine.
• Dans de nombreux pays, la «gouvernance économique» connaît une amélioration notable, notamment
pour la partie macroéconomique.
• La nature des tensions civiles change petit à petit : la part des revendications exprimées par les voies
démocratiques pour plus de transparence, d’équité et de probité dans la gestion des affaires publiques
progresse au détriment de la part des violences politiques.

En ce siècle débutant, l’Afrique est entrée dans un processus de construction politique et


économique. Les institutions en Afrique ont entamé un travail extrêmement positif pour la pacification des
conflits, la prospérité humaine et économique du continent. Conscients des avantages possibles, les États
africains prennent graduellement conscience de leurs intérêts communs dans le jeu de la mondialisation. Si
l’Afrique attire tant, c’est parce qu’elle est un continent en pleine croissance économique, avec un taux de
croissance 5% par an en moyenne depuis plus d’une décennie, juste derrière l’Asie et loin devant
l’Europe. La croissance du PIB africain reste progressive (5,6 % en 2013 et 6,1% en 2014). Même si elle
ne représente encore que 2% du commerce mondial, l’Afrique a connu la plus forte croissance dans les
échanges internationaux entre 2000 et 2010. L’Afrique est le continent qui épargne le plus après l’Asie ;
les réserves de change y sont estimées à 500 millions de dollars US. La capitalisation boursière a «été
multipliée par neuf depuis les années 90, et plus de 2000 entreprises sont désormais cotées. La part de
l’Afrique dans les investissements directs étrangers (IDE) mondiaux est passée de 1,2% en 2007 à 3,1%
en 2012. L’Afrique est même l’une des rares régions à avoir enregistré une des rares régions à avoir
enregistré une hausse des entrées d’IDE en 2011 et 2012, alors que les flux mondiaux baissaient sur la
même période. Dans ce réveil, tous les pays ne connaîtront pas le même succès, tant leurs situations
politiques, économiques et démographiques diffèrent. Plus leurs économies sont diversifiées, les pays en
trieront mieux que d’autres, pourtant elles aussi sont en croissance rapide, mais politiquement fragile. Les
gouvernements africains ont su conduire un assainissement douloureux dans les années 2000 en réduisant
les déficits et en renforçant la gestion des entreprises. La productivité en déclin depuis 1980, a commencé
à croître avec un rythme de plus de 2%. Malgré ses relents de guerre (intégrisme religieux) et de
corruption, l’Afrique semble enfin bien partie (tableau 3).

Tableau 3 : Évolution d du taux de croissance africaine

2010,% 2011,% 2012,% 2013,%

20
Afrique 5 3,4 4,5 4,5
Afrique du Nord 4,1 0,5 3,1 4
Afrique occidentale 6,9 6,3 6,9 6,4
Afrique centrale 5,7 5,1 4,9 4,9
Afrique australe 3,5 3,5 4 4,4
Afrique orientale 7,1 6 5,1 5,6
Pays exportateurs de pétrole 5,3 2,9 4,7 5
Pays importateurs de pétrole 4,5 4,1 4,2 4,7
Source : BAD, 2012

7-Le réveil possible de l’Afrique


L’Afrique poursuit sa route sur le chemin du développement et offre d’énormes circonstances
opportunes. En effet, dans moins de 100 ans, elle sera le continent le plus peuplé du monde, et cela
impliquerait d’immenses marchés. Néanmoins, aujourd’hui, le continent possède la population la plus
jeune du monde avec approximativement 200 millions d’habitants âgés de 5 à 24 ans; un nombre qui
devrait atteindre 330 millions d’ici à 2034 et jouerait un rôle majeur dans la dynamique des économies
des pays africains. Et de fait, le continent disposera de la force de travail la plus importante, dépassant
celle de l’Inde ou de la chine Du Ghana au Mozambique, l’Afrique pourrait connaître un décollage
économique comme la Chine il y a trente ans ou l’Inde il y a vingt ans. Certes, aujourd’hui, l’Afrique de
l’Ouest n’est pas aussi évoluée que l’Afrique de l’Est, elle-même en retard sur l’Afrique australe. Ces
Afriques ont pourtant un point commun depuis le début du siècle, elles sont en pleine métamorphose avec
une croissance de plus de 4% en général. Cette mutation économique présente deux conséquences
positives majeures :
- la grande pauvreté a commencé à reculer. En 2008, 47,5% de la population vivaient avec moins de
1,25 dollar par tête et par jour, contre 58,1 % en 1999 ;

- la classe moyenne devient peu à peu une réalité. La croissance ces dix dernières années est nette,
soit plus de 4%. Et en outre, plus de 65 millions d’Africains ont un revenu supérieur à 3000
dollars. Ils sont plus de 100 millions en 2015.

L’Afrique constitue l’une des rares réserves de ressources naturelles les mieux gardées, car moins
exploitées à cause de manque d’infrastructures adéquates. Or cette situation attire les investissements
publics et privés de plus en plus. Plus de 735 millions d’Africains, urbains ou ruraux, sont actuellement
clients d’entreprises de télécommunication, faisant de l’Afrique le second marché mondial de la
téléphonie après l’Asie. Ceci démontre le pourquoi, ce continent aussi pauvre, attire tant de capitaux
étrangers en dépit des crises diverses (pour les cinq dernières années 2010-2014, les entreprises africaines
ont levé sur les marchés financiers près de 135 milliards de dollars). L’expansion de l’exploitation minière
encourage les pays africains à se doter d’infrastructures importantes (routières, ferroviaires, portuaires,
etc.), à améliorer l’environnement des échanges.
Les moteurs de la croissance demeurent intacts, voire s’affirment de plus en plus. Certains aspects
comme la démographie contrairement aux idées conçues de la baisse de la fécondité, mais l’augmentation
de l’espérance de vie démontre le bon état de cette population ; le développement des marches et des
services financiers et d’autres outils comme l’épargne ou les valeurs foncières ; la constitution de classes
moyennes et supérieures ; l’urbanisation, l’amélioration évidente du secteur agricole, l’industrialisation et
la transformation locale des matières premières. L’extraordinaire révolution numérique en cours modifie

21
radicalement les modes de consommation et concourt à pallier une multitude de freins et d’écueils qui
naguère étaient insurmontables.
Conclusion
L’Afrique est indéniablement l’un des continents les plus dynamiques dans les prochaines années
malgré les difficultés sociopolitiques présentes et futures. Aussi sur le long terme, l’Afrique est parée pour
devenir l’une des locomotives de la croissance mondiale en ce 21e siècle. Et elle sera sans aucun doute au
cœur du développement économique mondial. Aussi, observons-nous ces dernières années un partenariat
Torres poussé avec certains pays comme la France-Afrique, chine –Afrique, États-Unis –Afrique, Japon
Afrique, etc.
L’analyse économique confirme que les conditions sont bien plus favorables aujourd’hui pour un
décollage économique qu’au cours des décennies écoulées, mais qu’à quelques exceptions près, la
transformation des économies du continent n’est pas irrémédiablement enclenchée. Les conditions d’un
décollage sont peu à peu réunies, mais quand le seront-elles, dans quels pays, et à quel moment les
sociétés saisiront-elles ces circonstances opportunes pour opérer la profonde mutation des institutions
sociales et politiques qu’elle implique? Assistons-nous actuellement dans les pays aux systèmes de
gouvernance centralisés à l’avènement d’états «développementalistes» africains? D’autres modèles plus
décentralisés peuvent- ils émerger ? Aussi, distinguons-nous des groupes de pays selon les performances :
les économies stagnantes ; les économies en difficultés et les lions africains.

Aussi, le débat sur la réalité du potentiel africain ne cesse de rebondir : après des décennies d’
images cantonnant l’Afrique à un continent marginalisé , gangrené par la pauvreté et les guerres et les
épidémies , apparaît déjà vers la fin des années 2000 , la vision d’une autre Afrique, nouvelle frontière de
l’économie mondiale, continent à l’avenir étincelant et promis à une émergence à portée de main.

CHAPITRE 2 L’Afrique orientale

Introduction

Les crises alimentaires et les conflits permanents ont poussé les nations du monde entier à cet effet
d’essayer de comprendre cette partie de l’Afrique. L’Afrique orientale est déchirée depuis des décennies
par de nombreux conflits d’origine diverse : entre Asmara (Érythrée) et Addis – Abeba (Éthiopie), la
guerre de reconnaissance du Darfour au Soudan, la lutte pour l’indépendance du Sud - Soudan, la lutte
contre le pouvoir en Ouganda, la guerre religieuse et tribale en Somalie, les émeutes de la faim au Kenya,
la révolte de l’île de Zanzibar pour son autodétermination, etc. Dans un tel contexte de fragilité régionale,
les États de la région demeurent en proie à toutes formes de crises et d’insécurité.

1- présentation de l’Afrique orientale

L’Afrique orientale, située à l’est du continent, est constituée de plusieurs pays. Elle comprend: les
pays de la corne de l'Afrique (l'Érythrée, l'Éthiopie, Djibouti, la Somalie), les pays soudanais (le Soudan
du Sud, le Soudan), les pays des Grands Lacs faisant également partie du Grand Rift (le Kenya, l'Ouganda,
la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi), les îles de l'océan indien (les Seychelles, les Comores, Île Maurice).

22
Elle occupe une superficie de plus de 17 millions km2 et la population est estimée à plus 350
millions d’habitants, majoritairement anglophones.

Les pays de l’Afrique orientale forment un groupe hétérogène. Cinq pays sont enclavés, trois
constituent des états insulaires et les autres forment des états littoraux. La région présente une diversité
de cultures, d’identités ethniques et religieuses, de langue et de revendications territoriales ou
d’autonomie. L’un des défis à l’intégration dans ce contexte est d’interconnectivité et les courants
d’échanges commerciaux au-delà des blocs sous régionaux actuels. La quasi-totalité des pays est membre
des organismes régionaux (CEEAC, COMESA, COI, EAC, SADC, UA, etc.) entraînant souvent des
doubles emplois de ressources et conflits au niveau des objectifs et des politiques. Toutefois, la région a
réalisé des progrès en matière de renforcement de la stabilité politique, des libertés civiques et de
l’ouverture. Néanmoins, le système démocratique reste fragile.

2- Relief et climat

Peu disposée à la centralisation, l’Afrique orientale est une région avec une répétition des mêmes
associations de paysages. Le relief est le plus compartimenté en Afrique. Son socle a été disloqué.
L’Afrique de l’Est connaît les plus grands bouleversements, avec de vastes déchirures qui s’étendent de la
mer rouge au Zambèze .les parties effondrées forment les rifts valleys ; alignées sur plus de 4000 km dans
le sens nord- sud. Les parties surélevées forment de hauts plateaux situés à plus de 1000 m d’altitude et
surmontés de hauts massifs comme celui du Ruwenzori (5119 m) en Ouganda. Le volcanisme a donné
naissance aux plus hauts sommets du continent (mont Kilimandjaro, 5895 m ; mont Kenya, 5194 m) et
formé les hauts plateaux basaltiques d’Éthiopie. Les déformations du socle ont troublé le réseau
hydrologique. Une longue série de lacs ont comblé le fond des zones effondrées au pied des montagnes
ou des bassins des hauts plateaux ; se succédant du nord au sud souvent des lacs étroits et parfois très
profonds (1435 m au lac Tanganyika,) les lacs couvrent jusqu’ à 83000 km2 (lac Victoria). L’Afrique
orientale est dominée par un climat tropical .Il fait chaud à faible altitude. Dans des zones à haute altitude,
la température moyenne baisse et atteint quelques fois à certains endroits les zéros. Les pluies sont plus
variées .Cette partie du continent est modestement arrosée moins 1500 mm. Les régimes pluviométriques
ont une tendance générale à deux maxima (aux équinoxes) et deux minima de pluies. Toutefois, il existe
des zones à une saison de pluies et une saison sèche. Cette dernière s’allonge à mesure qu’on s’approche
de l’océan indien. L’aridité est la grande faiblesse de l’Afrique de l’Est. L’incertitude des pluies et la trop
grande brièveté de la saison pluvieuse entravent le développement de l’agriculture dans certaines zones.
La forêt dense et la mangrove couvrent une partie de la- bordure côtière. La forêt claire domine les hauts
plateaux de l’Afrique orientale. Dans les régions de montagnes, l’altitude et l’orientation des versants
entraînent des modifications importantes des paysages végétaux : au-dessus de 1000 m, la forêt est
composée de petits arbres ; au-delà de 2000 la prairie alpine, la forêt de brouillard, puis se succède une
végétation herbeuse courte et clairsemée.

3-La variété humaine

L’Afrique orientale est d’une variété humaine plus grande que par rapport aux conditions naturelles
modérément tranchées. Les populations sont un mélange de peuples. La pigmentation varie du noir épais
au brun clair. Les tailles sont très hétérogènes. Les éthiopides occupent la corne de l’Afrique et les
plateaux éthiopiens. Leurs caractères physiques (peau foncée) et leurs cultures les rapprochent à l’Afrique
noire, mais les langues sont apparentées à celles des populations blanches. Les Bantous sont repartis sur la
partie sud de l’Afrique orientale. Les nilotiques sont établis dans la région du haut – Nil. Les Sémites

23
arrivés par vagues successives ont apporté à toute cette partie de l’Afrique leur culture actuelle (langue
arabe et la religion musulmane). À côté de cette diversité de peuples, on trouve d’autres populations issues
des brassages, des métissages et des migrations récentes : les Européens, les Indiens, des minorités
asiatiques. On note la présence des religions telles que : les religions islamiques (sunnites, chiites et
autres), les religions traditionnelles (animistes, sectes autochtones…), les religions chrétiennes
(catholiques, les protestants…). La diversité des langues dans cette partie est exceptionnelle. Les
principales langues parlées sont les suivantes : la famille afro-asiatique, la famille nilo-saharienne et la
famille nigéro- kordofanienne. Toutefois, le français, l’anglais, l’arabe et le swahili sont devenus des
langues nationales et administratives. La population reste surtout rurale contrairement à d’autres parties de
l’Afrique, et sa composition est marquée par une jeunesse nette (près de 40 %). La densité moyenne n’a
pas de signification réelle. Elle reste autour de 30 hab /km2). La plus grande partie de la population
s’assemble en noyaux isolés (villes, régions côtières, régions littorales des fleuves et des lacs, zones
autour des montagnes).

4- Les potentialités économiques de l’Afrique orientale

Bien qu’elles ne soient pas encore totalement recensées, les ressources en minerais de l’Afrique
orientale sont considérables. Faute d’investissements et d’innovations techniques, les exploitations restent
très faibles. Depuis une décennie, l’exploitation des ressources du sous-sol a pris une place grandissante
dans les économies de certains pays tels que le Soudan. L’exploitation minière est en général coupée des
autres secteurs de l’économie ce qui ne favorise pas à l’essor de l’industrialisation. L’industrialisation de
l’Afrique orientale souffre encore du manque des capitaux, l’absence des voies de communication et
autres. Cette situation explique la prolifération des activités artisanales et du secteur informel.

La production énergétique est mal repartie, car les cours d’eau ne sont pas importants comme
dans d’autres parties de l’Afrique, il existe néanmoins quelques barrages hydroélectriques au Soudan, en
Ouganda et en Éthiopie. Le gaz naturel est pour le moment absent, la grande majorité des populations est
contrainte d’utiliser d’autres formes d’énergie. Les économies des États de l’Afrique orientale continuent
à dépendre fortement des cultures d’exportation. Malgré la forte proportion de la population rurale, la
production ne parvient pas à satisfaire les besoins alimentaires de sa population entière .l’ élevage du
bétail repose essentiellement sur la transhumance. Il est pratiqué dans les régions montagneuses. Les
déplacements n’ont pas le caractère régulier du nomadisme classique. La plaine étant plus aride que la
montagne, et particulièrement en saison sèche, le bétail passe la saison des pluies dans la plaine et la
saison sèche dans la montagne. Ceci a créé des peuples de pasteurs reconnus mondialement les Massai, les
Nandi. La pêche offre un potentiel énorme, notamment dans les zones littorales. Toutefois, les captures
intérieures proviennent des lacs et rivières. Néanmoins, certains états de cette partie de l’Afrique comme
la Tanzanie, l’Éthiopie et le Kenya dominent la production mondiale en thé avec plus de 16 % et en sisal
d’environ 25 %. Le café et le tabac représentent les produits de rente du Kenya, l’Ouganda et de
l’Éthiopie. Les performances de l’agriculture de l’Afrique de l’Est restent insuffisantes au vu des
potentialités. L’archaïsme des techniques de production agricoles, les accidents climatiques, la médiocrité
des voies de communication, l’insuffisance des systèmes de commercialisation, la croissance
démographique, l’instabilité politique et sociale ont eu des conséquences inquiétantes créant une insécurité
alimentaire. Ainsi, au Soudan et en Somalie, la guerre civile a engendré de graves pénuries voire des
famines et le nombre de réfugiés augmente de façon élastique. Certaines régions de l’Afrique orientale

24
dépendent des aides diverses, surtout alimentaires. Car elle reste secouée par les conflits et des intempéries
climatiques.

Les pays de l’Afrique de l’Est présentent des économies agricoles où certains produits dominent le
marché extérieur. Toutefois, le tourisme procure de substantiels revenus. Le domaine touristique reste le
secteur où l’Afrique de l’Est a le plus progressé. Par exemple, dans les années 2010, plus deux millions
d’arrivées. Elle possède de nombreuses réserves naturelles et de faunes uniques au monde. Par exemple,
le Kenya a fondé sa réussite sur ses réserves naturelles et la compagnie Kenya Airways apporte un
concours décisif au développement du tourisme. Les échanges intrarégionaux sont souvent circonscrits
dans des zones monétaires et linguistiques héritées de la période coloniale. Toutefois, une partie de ces
échanges échappe aux statistiques douanières du fait du caractère souvent insaisissable, le manque de
lisibilité et la porosité des frontières. De nombreuses régions enclavées ne disposent pas pour leurs
échanges avec les régions voisines que des pistes de mauvaise qualité. Les seules voies entretenues
(routes, oléoducs, voies ferrées) assurent le drainage des productions agricoles et minérales vers le marché
international et vice versa. Il est assez développé pour aider les pays enclavés d’évacuer leurs productions
(Ouganda, Éthiopie). Certains pays ne disposent pas jusqu’à ce jour de voies ferrées (Somalie, Érythrée).
Le trafic aérien bien que concentré sur des lignes peu nombreuses est en nette amélioration (Kenya,
Éthiopie).Le commerce avec l’extérieur se fait surtout par voie maritime. Le volume du trafic est en
hausse. Les principaux ports sont : Djibouti -Éthiopie, Mombassa- Ouganda, Dar es Salam – Zambie. La
voie fluviale est utilisée dans cette partie de l’Afrique particulièrement au Soudan sur le Nil. Le réseau
des télécommunications s’est élargi avec la téléphonie mobile et connaît une nette progression.

5- Les freins des économies des pays de l’Afrique orientale

Les balances commerciales sont dans l’ensemble déficitaires qui peuvent se chiffrer à de 10-15 %.
Les pays de cette partie de l’Afrique sont essentiellement agricoles, ce qui les rend tributaires des cours
des produits agricoles. L’essor de leurs économies est très limité par l’absence des moyens de transport, le
manque de complémentarité entre les productions nationales, la faiblesse des industries manufacturières.
La répartition de la population est très inégale, ce qui fait apparaître des zones inhabitées et des zones
très peuplées entraînant alors un déséquilibre de développement (apparition des métropoles – Khartoum).
L’Afrique de l’Est connaît l’une des densités les élevées en Afrique. Toutefois, la mortalité infantile reste
très élevée, la durée de vie très demeure coutre et aurait tendance à régresser 46 ans. Les rivalités
religieuses et tribales ralentissent la croissance économique. Les pays de l’Afrique orientale ont accompli
d’importants progrès dans le domaine de la formation et l’éducation, mais l’insuffisance de la scolarisation
ralentit son épanouissement dans sa relance économique. L’orientation et le contenu des programmes sont
loin de répondre aux besoins des économies de ces États.

Aujourd’hui, cette partie de l’Afrique connaît un essor économique très apprécié par les
institutions internationales. L’Éthiopie est de plus en plus citée comme un nouveau dragon économique
africain .Elle construit actuellement l’un des plus grands barrages du monde.

6 - Intégration des pays de l’Afrique orientale

Le développement de l’Afrique de l’Est exige le dépassement du cadre national et nécessite des


ouvertures au monde extérieur. L’intégration dans cette partie de l’Afrique est confrontée aux maux qui

25
existent dans la plupart des régions africaines : le problème religieux, les héritages de la colonisation
(langues, monnaies), les rivalités politiques, les conflits entre les tribus, la guerre entre les États de la
sous-région, etc. Toutefois, des organisations ont été créées : la EAC (Communauté de l’ Afrique de
l’Est ) en 1967, puis dissoute en 1977 à des problèmes divers. Elle est néanmoins relancée en 1996
entre l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie. Certains pays participent à d’autres organisations ACP
(Afrique – Caraïbes – Pacifique) pays associés à l’Union européenne (E-U). Quelques années plus tard, la
COMESA, marché commun de l’Afrique australe et orientale, a vu le jour avec 21 pays ; elle vise à la
création d’une zone de libre-échange sans l’Afrique du Sud. Toutefois, la plus importante organisation
reste la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) qui s’est fixé des objectifs plus
larges. Les résultats des tentatives intégratrices restent insuffisants.

Conclusion

Tout comme les autres régions africaines, l’histoire de l’Afrique orientale fut rythmée par divers
conflits, des guerres et la colonisation. Ainsi, les puissances coloniales vinrent marquer ces territoires à
jamais, et ce, dès le 15e siècle. Outre la colonisation, plusieurs conflits significatifs eurent lieu au fil des
ans. Coups d’État, oppression et intolérance issus des divers gouvernements ont causé des ravages
incommensurables à l’Afrique orientale. Parmi ceux-ci, on compte la guerre civile éthiopienne, la guerre
entre l’Érythrée et l’Éthiopie, le génocide rwandais, la guerre civile somalienne, la guerre ethnique au
Soudan du Sud et le conflit au Darfour. Ces différents conflits et guerres auraient jusqu’à maintenant coûté
la vie des millions de personnes. Ses causes sont tout aussi variées qu’en relation les unes avec les autres.
Ethnies diverses, explosion démographique, changements climatiques et environnement inquiétant, entre
autres, font partie des motivations. Toujours actifs et meurtriers, ils font encore beaucoup de ravages.

Les différentes situations conflictuelles ont consommé des ressources qui pourraient être
canalisées dans des activités productives. Les efforts de collaboration menant à la résolution ultime de
détente et résolution des conflits renforceront le processus d'intégration régionale. Les pays de la région
ont des ressources similaires et leurs économies sont en grande partie basées sur des activités similaires.
Dès lors, le manque de complémentarités et d’avantages comparatifs similaires entrave le progrès très net
de l’Afrique orientale.

26
CHAPITRE 3 Le Nigeria

Situé en Afrique du Centre-ouest, le Nigeria est limitrophe à l’ouest, avec le Bénin, au nord avec le
Niger, au nord-est avec le Tchad et à l’Est avec le Cameroun ; et fait face, au sud à l’océan atlantique
(golfe de Guinée). Le Nigeria est composé de 36 États et du territoire de la capitale Abuja. Ce pays est
loin le peuplé d’Afrique. Il est un géant à la fois au plan financier, économique et démographique ? Mais il
se trouve malheureusement confronté à des contradictions d’ordre tribaliste et religieux, ainsi qu’à de
nombreux problèmes de gestion économique, de corruption et de gouvernance. Ces difficultés
l’empêchent de donner le meilleur de lui-même et d’assumer son leadership dans la sous-région.

1- Description physique

A- Morphologie

Quoique l’un des plus vastes pays d’Afrique avec 923 768 Km2, le Nigeria n’a pas une structure
géomorphologique très complexe et la notable variété de ses climats découle plutôt de l’ampleur des
transitions climatiques intérieures qui sont effectivement liées à la vaste étendue du territoire.

L’élément morphologique prédominant reste une grande pénéplaine, partie d’un ensemble de
structures tabulaires de l’Afrique guinéenne, qui se prolonge également dans les pays limitrophes sans
qu’aucun facteur particulier ne caractérise physiquement les frontières nigériennes. Ces plateaux s’élèvent
un peu dans la partie septentrionale, où apparaissent, plus présentes, les roches cristallines typiques de tout
le soubassement continental. Ainsi se dessine un immense haut plateau, qui ne dépasse que rarement 1000
m d’altitude, avec un versant plutôt abrupt au sud, tandis que dans les autres directions, il descend
imperceptiblement vers de bas plateaux.

Ce haut plateau est profondément marqué par l’érosion et par les sillons des vallées formés par les
fleuves, généralement courts, qui se déploient presque en étoile depuis ses versants. Les affleurements
rocheux sont beaucoup moins imposants et élevés dans les régions méridionales, vers la côte, où
prédominent des formations sédimentaires, engendrées par d’anciennes transgressions marines et par
d’incessants apports fluviaux.

Les plaines couvrent toute la partie méridionale du pays, et s’élargissent au maximum dans le très
vaste delta du Niger. Les bassins se retrouvent à l’intérieur, tout en conservant leur ampleur le long des
deux principaux cours d’eau. C’est ainsi qu’à l’ouest, le Niger scinde cette continuité du haut plateau en
détachant la portion occidentale, tandis qu’à l’Eest la vallée de la Bénoué marque la transition entre les
plateaux centraux et les monts du Shebshi, à la frontière avec le Cameroun, où l’on trouve les principaux

27
sommets (un peu plus de 2000 m). Les régions nord-orientales sont aussi des zones de plaines : là les
plateaux montagneux se dégradent vers la dépression du Tchad en une monotone succession de dunes.

B- Hydrographie

La structure hydrographique est plutôt simple ; elle est dominée par le Niger, qui pénètre au
Nigeria par le nord-est et qui, après avoir dessiné trois grandes courbes (Y) avec son affluent principal, la
Bénoué à l’est, dans le massif montagneux, se jette dans l’Atlantique en un très vaste delta.

Dans le Niger, plutôt riche en eaux, mais difficilement navigable en raison de sa tendance à se
transformer en marécages, se jettent des fleuves aux cours généralement brefs qui descendent des versants
occidentaux du haut plateau. L’apport des versants occidentaux se fait au contraire par la Bénoué qui,
coulant du nord-est vers le sud-ouest, reçoit de nombreux sous-affluents et conflue finalement avec le
Niger près de Lokoja.

De nombreux cours d’eau, presque tous brefs, qui descendent des reliefs plus proches de la côte,
se jettent directement dans l’Atlantique. Enfin, les deux bras du Komadougou recueillent les eaux de la
partie nord-orientale du pays et se jettent dans le bassin du Tchad.

C- Climat et végétation

Les caractères climatiques du Nigeria sont très différenciés d’une région à l’autre, passant en effet
des types subéquatoriaux dans le sud aux types sahéliens au nord. Une amplitude aussi large est liée à la
différence des expositions aux vents humides qui, notamment durant la période estivale, engendrent une
abondante pluviosité sur les régions méridionales (autour de 2500 mm par an).

Plus à l’intérieur, les effets des alizés marins s’atténuent tandis que s’impose l’harmattan, vent sec
et continental : du coup, les précipitations s’amenuisent progressivement et se concentrent sur une saison
(de juin à septembre). Il est toutefois rare de descendre sous la barre des 500 mm par an : l’ensemble du
territoire nigérian reste donc hors des régions proprement désertiques ou désertiques. Les températures,
élevées en général, varient en fonction de la continentalité : généralement fixes autour de 25°C dans le
sud, on note des amplitudes qui vont jusqu’à 30°C dans l’extrême nord.

Dans la zone subéquatoriale, malgré la considérable extension des plantations, la forêt humide est
encore très répandue, dense surtout le long des fleuves; dans les zones de delta, ce sont au contraire les
mangroves qui s’imposent ainsi que les cocotiers. Plus au nord, la végétation se raréfie pour laisser place à
la savane arborée, toujours plus steppique et stérile et, pour l’essentiel, réduite à l’état de pâturages et de
culture.

2- Population

A- Composition ethnique

La structure ethnique du Nigeria est très composite, et cela est à mettre en relation avec les
différents cadres climatiques et avec le fait que le territoire nigérian doit être considéré comme un
intermédiaire entre l’Afrique soudanaise et l’Afrique équatoriale. On trouve donc des populations à demi
Bantoues, comme les Ibos (18% de la population), installés dans le sud-est, mais aussi des groupes
soudanais, comme les Yoruba (21%) concentrés dans le sud-ouest, les Haoussas et les Peuls
(respectivement 21 et 11%), qui habitent les régions septentrionales, de même que des groupes

28
minoritaires non négligeables comme les Tivs, les Iganus, les Idos, les Kanouris et les Jos, qui
représentent des réminiscences paléo négroïdes résiduelles et isolées.

À cette fragmentation ethnique (on a répertorié plus de 250 groupes différents) correspondent,
évidemment, des structures socioéconomiques diverses qui vont des modèles agricoles et sédentaires des
Ibos aux modèles nomades et pastoraux des Peuls, d’une économie équatoriale fondée sur la cueillette à
l’organisation féodale berbère des Kanouris. La gamme des cultures est tout aussi vaste, que reflètent plus
de 300 dialectes parlés en plus de l’anglais, langue officielle, et des croyances religieuses, avec une nette
prédominance islamique chez les populations arabisées du nord et de l’ouest (47% de musulmans) et la
persistance d’un animisme traditionnel dans les régions du centre (9%). Dans les zones méridionales, les
plus intensément colonisées, c’est le christianisme qui prévaut.

L’évolution de la société nigériane n’a pas étouffé les rivalités tribales. Le pays continue à être
déchiré par de forts antagonismes, comme en témoigne la sanglante tentative de sécession des Ibos au
Biafra (1967-70). Parmi les motifs de friction, il faut retenir surtout les migrations intérieures,
l’appropriation des ressources régionales et, en définitive, l’accession au pouvoir fédéral, que se dispute
les Haoussas, groupe traditionnellement dominant, les Yorubas, le groupe le plus dynamique et le plus
évolué, et les Ibos qui, cependant, après l’échec de la sécession, semblent se réveiller.

B- Cadres régionaux et structure sociale

Les données relatives à la démographie sont discordantes, et oscillent aujourd’hui autour de 150
millions, avec une densité moyenne d’environ 160 hab. / Km2, chiffre relativement élevé, qui fait du
Nigeria de loin le pays le peuplé du continent. Le taux de croissance annuelle de la population est très
soutenu, à plus de 3%, quoique la mortalité reste forte.

D’après les prévisions démographiques les plus récentes, le Nigeria d’ici à 2030 serait le
quatrième pays le plus peuplé du monde.

Son organisation régionale présente quelques déséquilibres (les régions méridionales, par
exemple, ont une densité démographique deux fois plus importante qu’au nord), mais les dualismes
intérieurs ne semblent pas insurmontables comme ailleurs, et ceci est lié aux traditions historiques du
pays : si dans l’ouest, Yorubas, une grande civilisation assez développée a su également se doter d’une
solide structure urbaine centrée sur Ibadan l’une des villes les plus peuplées d’Afrique noire ; le Nord,
quant à lui, a hérité des sultanats Haoussa un dynamisme certain, fondé sur la ville de Kano.

La pénétration coloniale s’est donc trouvée face à une organisation territoriale déjà relativement
évoluée et n’a donc pas déterminé un vrai bouleversement, se limitant plutôt à privilégier de nouvelles
aires de développement, notamment côtières, autour de la capitale, Lagos et à Port Harbour, ainsi que dans
la région pétrolière sud-orientale autour de Enugu, centre vital du pays Ibo.

Ces nouvelles aires sont allées s’ajouter à celles plus traditionnelles et, même si de nos jours les
anciennes et les nouvelles régions prédominantes du sud dépassent celles du nord, qui n’ont cessé de voir
décroitre l’importance de leur rôle, l’organisation territoriale nigériane est dans son ensemble évoluée,
grâce notamment à des infrastructures non négligeables pour les transports et les communications
intérieures.

29
Le taux d’urbanisation, désormais d’environ 23% (il est beaucoup plus fort dans le sud-ouest) est
assez élevé, à cause de l’abandon des régions les plus pauvres et des campagnes. Les populations rurales
représentent plus de 50%. Toutefois, le Nigeria possède de grandes villes : Lagos, Kano, Ibadan.

L’urbanisation revêt toutefois des caractères de paupérisation en raison de l’incapacité des


secteurs productifs modernes à absorber le nouvel afflux de main-d’œuvre. On a eu une dramatique
démonstration de cette incapacité au début de 1983 lorsque les autorités, à cause de la crise de l’industrie
pétrolière et des services qui en dépendent, ont expulsé du pays plus de 2 millions d’immigrés venus du
Ghana, du Bénin et du Togo, et qui y avaient été attirés par d’illusoires espoirs de prospérité que semblait
offrir le boom de la production et de l’exploitation du pétrole.

La population active représente presque 40% de la production totale. La plupart (60% env.) de la
population comptée comme active est encore liée à l’agriculture, mais ce chiffre atteint les 80% si l’on
considère l’ensemble de la population liée à une situation agricole ou rurale. Des 30 millions de personnes
qui constituaient en 1981 la population active, 2,5 millions seulement étaient des salariés indépendants
dont 60% travaillaient dans l’agriculture, 18% dans l’industrie et le reste dans les services, tandis qu’une
large part des actifs reste liée à la propriété terrienne.

Cette simultanéité de facteurs anciens et nouveaux à l’origine d’une évolution dynamique, mais
difficile, est à la base des déséquilibres, souvent très graves, de la structure sociale aux côtés d’une élite
restreinte, liée à la bureaucratie et au commerce, qui a su profiter des développements en cours, on trouve
en effet d’une part, un prolétariat toujours croissant un sous-prolétariat urbain frappé par le chômage, et,
de l’autre, des masses rurales qui, en raison de la position secondaire de l’agriculture, ont vu leurs
conditions de vie se détériorer, jusqu’aux limites de la simple autosuffisance alimentaire.

L’effort accompli pour améliorer les infrastructures sociales, qui a obtenu quelques succès dans
l’instruction notamment (mais plus de la moitié de la population est toujours analphabète), s’est vu
considérablement réduit après le choix pétrolier. L’économie, frêle au cours des années 1990 à la suite
d’un manque organisationnel et d’une grande instabilité politique (plusieurs changements à la tête de l’état
fédéral), connaît depuis un rétablissement encouragé par la détente politique, la réduction de l’inflation et
la dette extérieure et le retour des investisseurs extérieurs. Les années 2010 connaissent une situation
sociopolitique délicate (changement à la tête de l’état, insurrections de la région de delta du Niger, les
conflits interreligieux, etc.).

En définitive, les facteurs du retard restent prédominants ; même le revenu par tête, quoique
supérieur à celui de plusieurs autres pays africains, s’est effondré ces dernières années (passant de 800 S
en 1985 à moins de 500 en 2000), plaçant le Nigeria, déjà reconnu par la Banque Mondiale comme l’un
des pays à revenu moyen à faible, parmi les pays à bas revenu. Toutefois, pendant les années 2010, les
efforts consentis par les autorités ont permis de hisser le Nigeria comme première puissance économique
d’Afrique.

3- Conditions économiques

A- Caractères structuraux

La structure de la production nigériane est l’un des plus diversifiés de tout le continent africain,
grâce à l’ampleur du pays et à ses excellentes ressources de base (agricoles et minières), à l’intense
peuplement et donc aux possibilités du marché intérieur. Tous ces facteurs, en liaison avec le progressif,

30
mais lent essor d’une structure industrielle moderne, permettent au Nigeria de jouer un rôle de premier
plan dans les relations économiques à l’intérieur de l’Afrique occidentale.

Malgré ces éléments favorables, de gros problèmes persistent, aggravés à partir de 1981 par le
déclin des exportations pétrolières, et les difficiles efforts pour casser le vieux cercle vicieux du sous-
développement. Actuellement, après l’enthousiasme optimiste et les ambitieux plans d’investissement qui
ont suivi la brutale hausse des prix du pétrole (1973, 1979, 2008), la préoccupation essentielle du pays est
de réduire les dépenses publiques et a consommation intérieure.

Les récents réajustements des programmes de développement visent à éliminer les causes les plus
graves des déséquilibres qui sont apparus durant le boom économique (1974-78). Il s’agit surtout de
trouver un remède aux difficultés du monde rural, où vient 60% de la population qui fournit un peu plus
de 20% du revenu (tandis qu’en 1966 encore les deux tiers du produit national brut provenaient de
l’agriculture). C’est-à-dire d’une agriculture jusqu’à il y a peu fortement exportatrice, est désormais
incapable de satisfaire la demande intérieure.

C’est dans ce contexte que le Nigeria a mis en place un programme de relance agricole de 1
milliard d’euros en 2009. Les objectifs de cet ambitieux programme sont, entre autres, le développement
de la recherche agronomique, le soutien au crédit des producteurs, la formation des agriculteurs et la
construction de pistes rurales.

Il est également prévu d’améliorer la productivité et la rentabilité agricoles en développement des


cultures spécifiques aux trois principales zones agroécologiques du Nigeria : mais et igname dans la partie
centrale du pays (zone de savane humide) ; igname et manioc dans le sud (forêt humide).

Par ailleurs, la lutte contre l’inflation a conduit à une politique d’austérité, de type déflationniste.
L’inflation galopante, du reste, est l’un des motifs des difficultés conditions des salariés de l’industrie et
des services, ce qui a conduit à d’aigus conflits syndicaux (2011-2012). Les gouvernements qui se sont
succédé ont dû par ailleurs affronter le problème d’un lourd endettement. Jusqu’en 1986, ils ont refusé
d’engager des pourparlers avec le FMI (Fonds Mondial International), mais ils adoptent après une attitude
plus souple.

Un dernier élément, qu’il ne faut pas sous-estimer, reste la nécessaire moralisation de la vie
publique, caractérisée par une corruption qui constitue indubitablement un facteur de gaspillage des
ressources et donc de dégradation générale de toute l’économie.

Même en ce qui concerne les relations économiques internationales et la gestion autonome des
ressources nationales, on enregistre des modifications significatives de l’orientation générale. On entend,
en effet, continuer une politique de réorganisation des secteurs productifs, qui s’est déjà traduite par a
participation, majoritaire de l’État dans les entreprises pétrolières, et qui prévoit à court terme pour toute
initiative industrielle, une participation minimale des capitaux nigérians dans la proportion de 40%.

On a tendance cependant à réduire les aspects les plus rudes de cette politique qui risqueraient
d’éloigner les investisseurs étrangers, en leur garantissant des profits plus intéressants.

Quoiqu’il parvienne à maintenir un contrôle suffisant sur son système de production, le Nigeria
entretient d’étroites relations avec les pays exportateurs de technologie et d’usine « clés en main ».

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En définitive, même si les prévisions de croissance annuelle de la production nationale brute ne
sont que très difficilement atteintes, et même si les perspectives d’industrialisation sont encore lointaines,
il semble que les directives actuelles tendent, non sans difficultés, à l’élimination des déséquilibres
économiques et territoriaux, et à une évolution progressive de la structure productrice.

B- Agriculture

Ce secteur emploie près de 60% de la population active. En relation avec la diversité des climats,
il offre une vaste gamme de productions et d’organisations agricoles ; en général, l’utilisation des sols est
assez courante (pour l’Afrique), atteignant, entre les pâturages et les cultures plus de 50% de la superficie
du territoire. Par ailleurs, quoique partagée entre les traditionnelles productions commerciales et vivrières,
l’agriculture offre une division moins nette qu’ailleurs entre ces deux branches, surtout parce que le pays
n’a pas connu la diffusion massive des grandes plantations, et parce que la distribution des terres aux
paysans et l’organisation en coopératives de production sont relativement efficaces.

Malgré ces aspects favorables, le secteur tend toutefois vers une grave crise liée à des choix
politiques globaux qui ont ôté toute volonté d’innovation rurale ; ajoutons que les régions septentrionales
ont souffert dans les années 70 et puis durant la moitié des années 80 de la terrible sècheresse qui a frappé
une grande partie de la frange subsaharienne. Ces dernières années, toutefois, le gouvernement a modifié
ses orientations et engagé un programme favorable aux initiatives agricoles.

Le Nigeria est un de plus grands producteurs agricoles mondiaux ; parmi les cultures
commerciales, le palmier à huile, très courant dans le delta du Niger, joue un rôle prépondérant ; à noter
aussi le cacao, qui a cependant enregistré une chute nette et une reprise ces dernières années, compensées
néanmoins par la forte augmentation des prix internationaux ; la production des arachides, jusqu’à il y a
peu en crise, est en phase de reprise, tout comme celle du coton qui n’a toutefois pas retrouvé ses niveaux
antérieurs ; le café et la canne à sucre n’ont qu’une importance secondaire. Le pays est le premier
producteur africain d’ananas, d’arachides, d’ignames, de gombos, etc.

Parmi les cultures vivrières, les produits traditionnels prévalent : des céréales pauvres comme le
sorgho et le mil dans les zones les plus arides ; le maïs dans les zones intermédiaires et le manioc dans la
frange équatoriale ; la culture du riz favorisée surtout dans les régions humides se diffuse. Les ressources
forestières sont énormes dans le sud, et assez bien exploitées.

L’élevage joue un grand rôle dans le nord, surtout chez les Peuls, tandis qu’il est presque
inexistant dans le sud à cause de la persistance de graves maladies du bétail. Les caprins prédominent, car
ils sont liés à un artisanat traditionnel de la peau ; nombreux également sont les ovins et les bovins, mais
les conditions générales du secteur restent plutôt archaïques.

On pratique la pêche surtout dans les eaux intérieures et son produit est destiné essentiellement à
l’autoconsommation.

C- Industrie

Malgré les efforts entrepris pour la fortifier, l’industrie manufacturière nigériane est restée faible,
mal organisée, orientée vers la production des biens de consommation. L’essor de ce secteur dépend les
possibilités d’importations des matières premières que les restrictions de ces dernières années ont
considérablement réduites. En 1982 toutefois, on a construit à Abuja une usine de production d’acier. En

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1983, une autre usine a été construite avec l’aide des Soviétiques, à Ajaokuta. La production d’acier est
restée toutefois jusqu’à présent sporadique et la capacité productive est demeurée souvent sous-utilisée.

Les secteurs textiles (coton surtout) et alimentaires (raffinerie de sucre, huileries, manufactures de
tabacs) sont présents ; on produit par ailleurs des matériaux de construction. À Lagos et à port Harcourt, il
y a des usines de montage de véhicules. Au débit des années 80, on a mis en route à port Harcourt un
grand ensemble pour la liquéfaction du gaz naturel, dont le Nigeria possède les plus grands gisements
d’Afrique.

D- Mines et énergie

Les ressources minières sont très abondantes et représentent une grande richesse pour le pays. La
production de colombium (dont on extrait un métal rare, le niobium, utilisé pour des alliages spéciaux) est
considérable, soit 80% environ de la production mondiale ; mais il ne faut pas négliger non plus l’étain, le
plomb et le zinc, le fer, etc.

Les combustibles restent cependant prédominants : outre les grandes quantités de pétrole du sud-
est, on extrait également du charbon et du gaz naturel. Après vingt ans de croissance, seulement
interrompue en 1968 par la guerre civile du Biafra et en 1975 par la crise de l’énergie, durant les années
1977-82, la production de pétrole a diminué à cause de la baisse de la consommation des pays
importateurs, mais aussi à cause des conditions défavorables qu’imposaient les compagnies d’extraction
(le pétrole nigérian est, avec le pétrole algérien, le plus cher du monde, mais d’excellence qualité) qui ont
négligé la prospection. La baisse des ventes a conduit le Nigeria à diminue ses prix. Toutefois, le pétrole
est devenu la première production du pays et représente 95% des recettes d’exportation.

Les besoins intérieurs sont satisfaits par les raffineries de port Harcourt, Warri et Kaduna ; mais
l’apport des centrales hydroélectriques et notamment du grand barrage de Kainji sur le Niger, reste
important

E-Commerce extérieur

Après une longue période largement bénéficiaire en 1978, la balance commerciale s’est avérée
déficitaire pour la première fois. Elle est aujourd’hui encore largement déficitaire, à cause notamment des
énormes dépenses dues aux importations de biens d’équipement, de produits semi-finis des produits
alimentaires. La composition des échanges - dans laquelle le pétrole brut constitue plus de 95% de la
valeur des exportations tandis que presque la moitié des importations est constituée de machines et de
moyens de transport, de produits manufacturés de base et de produits alimentaires- traduit encore la
dépendance du Nigeria. Ses principaux clients sont les États-Unis, suivis des pays de l’UE et du Brésil,
tandis que les pays de l’UE sont ses premiers fournisseurs.

F-Communications

La structure des communications est plutôt bien développée et efficace pour un pays africain. Le
réseau routier, dense notamment dans la région yoruba, est suffisamment développé (plus de 110 000 km
dont plus de 33 000 asphaltés) et se fonde sur 3 axes principaux dont 2 des 3 partent de Lagos et de Port
Harcourt qui se rejoignent à Kaduna pour atteindre Kano et un axe relie Lagos à Port Harcourt

Les principales routes sont doublées par des lignes ferroviaires (plus de 3 600 km), construites par
les Anglais au début du siècle. Les ports principaux sont Lagos, Warri, Port Harcourt, Calabar qui

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souffrent de saturation en raison de l’insuffisance de leurs équipements et pour lesquels ont été lancés des
plans d’agrandissement. Le pays est desservi par plusieurs aéroports internationaux (Lagos, Kano…) et
des aéroports secondaires (Jos, Yola) à travers la compagnie nationale Nigeria Airways et les compagnies
privées ou étrangères.

4- Les problèmes du Nigeria

L’une des particularités du Nigeria est d’avoir été construite par l’Angleterre sur la base de la
juxtaposition au sein d’un même espace géographique 2 entités distinctes et associées par des liens
soutenus (soudanaise et guinéenne). Ces 2 parties ont été maintenues dissociées au niveau géographique,
politique et administratif jusqu’à l’indépendance du pays. Cet aspect demeure un obstacle dans la
recherche de la cohésion nationale accentue par des problèmes religieux. En effet, Le Nigeria est partagé
en trois, avec au nord les Haoussas et les Foulanis avec 28 % (musulmans), à l’est les Ibos avec 20%
(chrétiens) et à l’ouest les Yorubas avec 20% (composés autant de musulmans que de chrétiens), auxquels
nous devons ajouter près de 250 ethnies. Les intérêts du colonisateur, l’Angleterre ont été variés. Les
régions littorales étaient exploitées directement par les Anglais, alors que les régions internes se faisaient
indirectement c’est-à-dire par l’intermédiaire des autorités locales. Aujourd’hui comme hier, le problème
récurrent est donc de maintenir l’unité entre ces 3 grands groupes qui luttent pour le contrôle du pouvoir
central. Par ailleurs, il convient de relativiser le modèle d’opposition géopolitique présent, car au sein
même des régions, les divisions sont courantes (Biafra, création d’un état fédéral islamique, aujourd’hui le
califat du Nigeria).

Avec ses 36 états et ses 74 gouvernements locaux, le pays reste fragile, les forces centrifuges et le
pouvoir central sont constamment en lutte, et l’état fédéral a été remanié à plusieurs reprises depuis 1967
afin de satisfaire les demandes de partage des minorités désireuses d’avoir un état propre (tableau 1). Cette
fragilité du pouvoir suprême provient de la méfiance réciproque entre les principaux socioculturels du
pays (Yoroubas, Ibos et Haoussas-Fulanis). Le choix de la forme fédérale aujourd’hui n’a pas suffi à créer
le sentiment d’un partage équilibre du pouvoir.

Tableau 1 : Évolution du nombre des états fédérés au Nigeria

Année Nombre
1967 12
1976 19
1988 21
1991 30
1996 36

La population nigériane est autant un élément de puissance qu’un facteur déstabilisateur. Les
problèmes ethnicoreligieux internes renforcent l’idée que le Nigeria ne saurait réguler les comportements
régionaux tant que sa situation interne n’est pas stable. Mais une telle nécessité ne séduit pas les
intégristes des différentes religions, notamment les fondamentalistes islamiques qui veulent installer la
charia dans les États du Nord et exportent leurs idées vers les états frontaliers (Cameroun, Niger…). Nous
assistons ainsi à une radicalisation de l’islam nigérian avec Boko Haram et son expansion vers d’autres
régions. Le pays concentre un nombre important de mouvements islamistes de la sous-région. Ces
mouvements représenteraient environ 20% de la population musulmane. Un des grands enjeux du pouvoir

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central reste la bonne intégration du nord Nigeria et quelques zones appartenant à des minorités, qui voit à
la fois progresser l’intégrisme religieux et la lutte contre la pauvreté dans certaines zones et en général
contre la pauvreté de la population.

En Afrique centrale et occidentale, le Nigeria est doté d’un fort potentiel au regard des facteurs
traditionnels de la puissance (démographie, espace, dispositif militaire, ressources) ; le pays est considéré
comme un poumon économique en Afrique de l’ouest en particulier et en Afrique en général. Sa
population représente plus de 20% de la population africaine (tableau 2). Aussi, le Nigeria aspire-t-il à
devenir le leader des pays qui l’entourent. La contribution du Nigeria au maintien de la paix en Afrique
n’est pas indéniable et il souhaiterait être récompensé de son investissement en obtenant un siège comme
membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU (tableau 3).

Tableau 2: Potentialités actuelles du Nigeria

Caractéristiques Chiffres
Population 175 000 000 hab. (444 000 000 hab. en 2050)
Réserves brutes de pétrole 37 000 000 000 barils (10e rang mondial)
Rang d’exportateurs de gaz naturel liquéfié 4e rang mondial
PIB 405 000 000 000 $ américains
Seuil de pauvreté 63% de la population vit avec moins de 2 dollars
par jour
Taux de croissance 6,2 % en 2013
Source: CIA 2014

Tableau 3: principaux repères de l’État Nigeria

Paramètres / année 1960 1985 2010


PIB (109$ 4,2 28,4 214
américains)
Population (106) 45,2 85,2 156
PIB par habitant 93 334 1375
($ américains)
Espérance de vie à 38 45 48
la naissance
‘années)
Importations de 0,6 8,9 39
biens (109$
américains)
Exportations de 0,5 12,5 52,5
biens (109$
américains)
Source : Banque Mondiale, FMI, OMC. 2010

L’économie du Nigeria est fortement dépendante de l’industrie pétrolière qui représente près de la
moitié du PIB, 95% des exportations et plus de 70% des recettes budgétaires. Les potentialités
économiques et le poids démographique du pays tranchent avec son état général.

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Le Nigeria a pris une nouvelle option politique avec l’élection présidentielle et l’arrivée d’une
nouvelle équipe ayant à sa tête, Muhammad Buhari. L’organisation de ce scrutin mérite d’être saluée, car
les principaux acteurs ont travaillé de manière courageuse pour éviter l’éclatement du pays. Cette élection
a prouvé la solidité du pluralisme nigérian et permis aux différents responsables émanant des suffrages
populaires d’exercer leur mandat en toute responsabilité. Il est souhaitable que ce mandat soit celui de la
clarification des rapports et celui de la réconciliation entre les intégristes et les modernistes, les personnes
lésées et les personnes aisées voire celui du rapprochement entre les états épanouis et les états faiblement
développés pour privilégier l’intérêt supérieur du Nigeria.

Conclusion

Le Nigeria apparaît comme un géant aux pieds. Il possède beaucoup des atouts traditionnels de la
puissance (espace, population, richesses naturelles). Toutefois, sa dépendance au pétrole et l’instabilité des
cours mondiaux de l’or noir rendent ses ressources financières extrêmement fluctuantes. Le pays est très
peu compétitif dans les secteurs industriel et agricole. Il lui manque surtout naturellement aujourd’hui, des
atouts nouveaux et en particulier la technologie. Bien que l’agriculture représente 45% du PIB, le pays est
importateur net de produits alimentaires. La pauvreté est devenue structurelle et n’a cessé de progresser en
termes de pourcentage depuis les années 80 pour affecter aujourd’hui 64% des habitants du pays. Le pays
dispose d’un tel poids démographique et économique que son influence sur l’ensemble du continent est
déterminante. Mais il lui manque comme hier pour le fondement essentiel de sa puissance, la cohésion
nationale.

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