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QUID

Afrique

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Table des matières

Table des matières..................................................................................................................................... 2

Les Enjeux...................................................................................................................................................... 3

Problématiques de l’Afrique................................................................................................................... 4

Ta dissertation déjà rédigée <3.............................................................................................................. 5

Le Cours.......................................................................................................................................................... 7
L’histoire de l’Afrique entre dépendance et liberté................................................................................................ 7
L’Afrique dans la mondialisation................................................................................................................................. 11
La mondialisation a creusé les inégalités sur le continent................................................................................16
L’Afrique de nouveau au cœur des luttes d’influence.......................................................................................... 19
Les relations intra-africaines :...................................................................................................................................... 22
Une mauvaise gouvernance africaine........................................................................................................................ 24
Le continent du sous-développement........................................................................................................................ 26
L’instabilité en Afrique..................................................................................................................................................... 29
Les défis africains............................................................................................................................................................... 32

Cartographie.............................................................................................................................................. 36

Plans pour s’entraîner............................................................................................................................ 37


L’Afrique peut-elle émerger ?........................................................................................................................................ 37
L’Afrique entre les puissances...................................................................................................................................... 39
L’Afrique dans la mondialisation................................................................................................................................. 40
L’Afrique, un continent indépendant ?...................................................................................................................... 42
La place de l’Afrique du Sud en Afrique.................................................................................................................... 44
La France et l’Afrique noire : out of Africa ?............................................................................................................ 46
Afrique et Migrations........................................................................................................................................................ 48
L’Afrique, le continent de la faim................................................................................................................................. 51

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Les Enjeux
- Apparemment continent aux « sept plaies » par contraste vitalité du continent … Jusqu’où ses
a prioris sont-ils fondés ?

- Question de la marginalisation (comm, financ, pol) de l’Afrique dans la mondialisation et du


désintérêt (réel ? temporaire ?) des grandes puissances.

- Thème des flux illégaux de la mondialisation

- Responsabilités du retard africain: facteurs externes (colo, neocolo, rivalités entre puissances
et internes (mauvaises voies de développement..)

- La nature des conflits : « artificielle » héritée ou non de l’époque colo, ethnie, enjeux
socioeco relevant ou non de la mondialisation, affront de régimes dictatoriaux..

- Question de l’Etat et de la démocratie : multipartisme rendu difficile par le caractère


multiethnique des pop ou des Etats, conflits internes liés à des Etats trop forts (dictatures) ou
trop faibles (..clanisme, failed states, porosité des frontières) corruption

- Question de l’unité du continent et même de la légitimité d’en faire une zone géopolitique 

- Le sous-développement par rapport aux autres zones du sud : simple retard conjoncturel,
cumul durable de handicaps structurels, invention de nv formes de développement
(informelles) ou de micro-développement

- Savoir si l’Afrique est un enjeu géopolitique: si l’Afrique ne semble guère pouvoir vivre sans
le monde, le monde peut-il vivre sans l’Afrique ? on peut en douter : capacité de nuisance des
problèmes internes pour le nord, intéressant laboratoire pour de la coexistence des cultures
(apartheid afs démantelée), éventuel relais de puissance pour l’Europe entre autre.

- Débat autour des effets pervers ou bénéfiques de l’aide venant du nord (apd, ong dettes) :
sauvetage humanitaire ou prime à la dépendance et à l’absence d’effort local ?

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Problématiques de l’Afrique
 La désertification, la déforestation et la dégradation du sol, dénoncés par toutes les
organisations internationales n’indiquent-elles pas que les pauvres seraient les principaux
responsables du gaspillage des ressources, ce qui ne peut qu’accroître à terme leur pauvreté et
celle de leurs descendants ?
 Faut-il y voir les pesanteurs traditionnelles de l’Afrique entretenues par les pouvoirs publics
africains, ou au contraire la réalité locale interdit-elle une opposition si abrupte entre deux
cultures ?

 Partenariat renforcé dans le sens d’une relation « gagnant

 -gagnant » comme le présente la Chine, qui s’inscrit dans le cadre d’une coopération Sud-
Sud ? Ou bien pratiques néocolonialistes qui marchent sur les traces de la « Françafrique »,
mais dont les conséquences pourraient être pires que celle de la colonisation au vu de la
voracité de la Chine pour les matières premières ?

 En quoi le NEPAD entend-t-il proposer une solution nouvelle aux problèmes africains ?
Quelles sont les propositions et les résultats de ce projet ?

 Alors même que le golfe de Guinée semble rester une des plus instables du continent le plus
instable, cette région n’est pas un miroir fidèle de l’Afrique dans la mesure où ce continent
semble sortir d’une « décennie du chaos » qui n’est pas encore achevée ici.
Alors même que cette région concentre des pays pouvant être des pôles de dynamisme et de
stabilité potentielle, pourquoi est elle en fait en réalité une des zones forte d’instabilité?

 Une France historiquement présente en Afrique avec laquelle elle a noué des relations
d’amitié qui ont perduré avec des « colonisations injustes » (Sarkozy) et/ou des
décolonisations parfois difficiles mais oubliées (guerre de Madagascar en 1947 et Cameroun).
 Depuis les années 1990’s, cette présence française semble être remise en cause…
Comment l’expliquer ?
Manque de moyens face à la nouvelle concurrence, manque de volonté car la France a
d’autres horizons, savoir-faire ?

 Existe t-il un lien entre les éléments de la double spécificité africaine : continent sous-
développé et le seul à avoir connu la traite et l’esclavage massif pratiqués par arabes et
occidentaux ? Ou bien s’agit-il surtout d’une stratégie de victimisation menée par certains
dirigeants africains cherchant à obtenir des compensations (financières ou autres) en
exploitant la mauvaise conscience européenne, mais voulant aussi cacher la réalité africaine
de la persistance de l’esclavage malgré la décolonisation ?

 L’Afrique du Nord n’est-elle que la partie septentrionale de l’Afrique ou bien une autre
Afrique au nord, offrant des perspectives de développement et de coopération avec d’autres
espaces géoéconomiques et géopolitiques qui pourraient constituer un modèle de
développement pour l’Afrique subsaharienne ? A moins que la conclusion récente de l’Union
pour la Méditerranée ne confère au Sahara une fonction de frontière géopolitique et
géoéconomique isolant l’Afrique du Nord du reste de l’Afrique lui ôtant la possibilité de
servir de modèle ?

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 L’Afrique est en apparence le continent des crises. Dans la sortie de la « décennie du chaos »,
L’efficacité de l’ONU en Afrique n’est elle pas une efficacité invisible ?

 Dans le cas africain, les migrations sont-elles une véritable solution au problème du
surpeuplement et permettent-elles la mise à profit de son potentiel démographique OU ne
font-elles que déplacer ses problèmes vers d’autres destinations ?

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Ta dissertation déjà rédigée <3
Introductions

L’Afrique peut-elle émerger ?


Se demander si l'Afrique peut émerger revient à s'interroger sur les capacités d'un continent à
converger vers les structures des pays développés tant sur le plan économique et financier que social
mais aussi en termes géopolitiques. Mais la croissance est-elle suffisante pour combler un tel retard
de niveau de vie ? Quand bien même le retard serait-il résorbé, l'affirmation géopolitique sur la scène
mondiale peut-elle surgir d'une nouvelle phase économique que d'aucuns assimilent à un
néocolonialisme ? Car dans une Afrique Sub-Saharienne que la "balkanisation" coloniale a divisé en
53 États, l'émergence continentale qui permettrait de s'affirmer face aux grandes puissances et aux
BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine) est-elle envisageable ou l'émergence se réduit-elle à quelques
espaces peut-être voués à rester de simples périphéries ?
<-> eco émergente donc pk le A de NPIA est sans aucun doute asiatique et pas africain
pb : qu’en est-il de l’Afrique ? indicateurs pessimistes mais il convient d’examiner les atouts et les
handicaps du continent le moins développé du monde, afin de montrer qu’il n’existe pas de fatalité
africaine.

Le rôle de la traite esclavagiste dans le sous-développement du contient africain


D’un côté, l’Afrique est le continent le plus en retard de développement et le plus marginalisé
dans les flux actuels de la mondialisation ; d’un autre côté, l’Afrique a, comme l’Asie ou l’Amérique
latine un processus de colonisation qui a jeté les bases d’une ouverture au monde et elle a connu une
décolonisation plus tardive qu’ailleurs et généralement plus pacifique. Les retards de développement
de l’Afrique s’expliquent-ils alors par des héritages coloniaux plus lourds qu’ailleurs, d’où la phrase
de N’Krumah «  donnez-nous l’indépendance et le reste suivra » ? Ou bien ces retards de
développement s’expliquent-ils par une décolonisation en trompe l’œil, l’Afrique étant peut-être ?
Ou à l’inverse comme l’a évoqué récemment le discours polémique de Nicolas Sarkozy à Dakar, cela
s’explique-t-il par des responsabilités endogènes dues à une mauvaise gouvernance endogène
prenant l’héritage colonial en alibi ?

Conclusions
A la lumière du cas est-asiatique, avec une Corée du Sud moins développée que la Côte
d’Ivoire dans les années 1950 (750$/hab. contre 1040$/hab., Afrique : 850$/hab, Asie sans le Japon :
630$/hab.) il est évident que le sous-développement africain est moins causé par le néocolonialisme
que par une mauvaise gouvernance rendant d’ailleurs les Etats africains moins crédibles dans leurs
exigences d’un nouvel ordre économique mondial. Sylvie Brunel souligne même que la tendance à
l’afro-pessimisme est le principal péril auquel doit faire face l’Afrique, d’autant que certains pays
sont bien entrés dans l’histoire.

L’Afrique dispose bien de très nombreuses ressources naturelles inexploitées, exportées


brutes, et très souvent pillées ou dilapidées. Dans le même esprit, l’économie de rente n’arrive
toujours pas à céder la place à une économie plus diversifiée, permettant une montée en gamme de la
production des pays africains, voire de remontée de filière. Donc construire le développement sur la
seule promotion sur la seule condition géoéconomique actuelle semble encore être une impasse, que
l’on dénonce le pillage des ressources par les Africains eux-mêmes ou qu’à l’inverse on dénonce la
mondialisation libérale. La responsabilité des pauvres dans la dilapidation des ressources naturelles
doit être fortement nuancée par le fait que ce sont les conditions mêmes de termes de l’échange, la
nécessaire lutte pour la survie dans les conditions de vie peu sécurisées, ou l’extrême pauvreté qui
favorisent le maintien de pratiques menaçant l’équilibre des écosystèmes africains. Cette situation

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pose la question à l’Afrique des choix technologiques les plus adaptés, des savoirs à mobiliser, peut-
être en s’appuyant sur des traditions ancestrales, des investissements productifs pour créer un cercle
économique vertueux et de mieux répartir les fruits de la croissance. La polarisation sur l’épuisement
des ressources est nécessaire mais non suffisante : il faut d’abord s’appuyer sur les ressources des
humains et des sociétés pour inventer un nouveau cadre social et politique. Il est donc temps pour les
africains de répondre localement à ces questions, sans attendre la réunion d’une nouvelle conférence
internationale sur le climat et la biodiversité, sinon beaucoup de pays africains deviendront
structurellement indéveloppables, si le processus de dilapidation des ressources naturelles atteint son
terme.

Tous ces exemples montrent mieux qu’à l’époque coloniale la complémentarité et


compatibilité des cultures vivrières et d’exportation, beaucoup plus que leur concurrence. Les
agricultures africaines ne sont plus exclusivement tournées soit vers l’autoconsommation soit vers la
commercialisation. Dans les pays dont la situation est verrouillée sur le plan politique, la culture
d’exportation perpétue la domination et un système clanique, ce qui s’accompagne de disettes en
période de soudure alimentaire. Même dans ces cas, on ne peut attribuer à une culture symbolique
des dégâts qui appartiennent en fait à une mauvaise gouvernance politique et à des sociétés
inégalitaires. Beaucoup de cultures vivrières africaines sont aujourd’hui des plantes orphelines
délaissées par la recherche. La disparition progressive des politiques agricoles, du STABEX et
l’incapacité mondiale à mettre en place des accords favorables, au coton africain par exemple. Près
de la moitié des Africains vivent dans des pays en forte tension politique interne ce qui contraint les
agriculteurs de ces pays à se replier sur le vivrier de survie. Au fond, plutôt que de prôner le retour
aux cultures vivrières au détriment des cultures d’exportation, il semble que les paysans africains
aient compris que le mieux est de jouer sur toute la palette des productions possibles pour assurer la
sécurité alimentaire en combinant une autoconsommation élevée, et des achats sur les marchés
réalisés grâce au bénéfices du vivrier marchand local.

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Le Cours

L’histoire de l’Afrique entre dépendance et liberté

 La colonisation et la présence des Européens : de la fin du 19ème siècle


jusqu’au milieu du 20ème siècle, l’Afrique est sous la domination des
métropoles européennes
 L’Afrique est le théâtre des rivalités européennes  : France, RU, Allemagne, Italie,
Portugal, Belgique. En effet, à partir de la Conférence de Berlin (1884-1885), les
puissances européennes se lancent dans une « course au clocher », c’est-à-dire une
course à la colonisation dans l’objectif d’acquérir le plus de territoires possibles sur le
continent, si bien que l’intégralité de l’Afrique exceptés le Libéria et l’Ethiopie est
colonisée en 1914. Cette course à la colonisation est source de tensions entre les pays
européens : exemple de l’incident diplomatique de Fachoda au Soudan en 1898 entre
les Anglais et les Français. Dès lors, le partage de l’Afrique est organisé grâce à 249
traités entre la France et le RU autour de deux axes : Ouest-Est (Dakar – Djibouti)
pour la France et Nord-Sud (Le Caire – Le Cap) pour les Anglais.

 Le continent africain est ainsi morcelé en empires coloniaux  : AOF (Afrique


Occidentale Française) en 1895, AEF (Afrique Equatoriale Française) en 1910, etc.)
sans prendre en compte les réalités ethniques, linguistiques ou religieuses des
populations locales : par exemple, le peuple des Luba (20 à 25% de la population du
Congo) fut partagé entre le Congo et l’Angola en 1897 par Léopold II (roi de
Belgique).

 Mise en place d’économies prédatrices avec le pacte colonial (système par lequel


une métropole maintient un monopole commercial avec ses colonies) : les colonies
sont contraintes de vendre la totalité de leur production de matières premières à leurs
métropoles. Inversement, la métropole y exporte ses produits manufacturés sans
concurrence étrangère. Cette économie a conduit à un aménagement territorial tourné
vers les littoraux grâce aux emporia (les comptoirs commerciaux) reliés
perpendiculairement à des hinterlands par des chemins de fer dans l’objectif de
drainer les matières premières : l’exploitation du cuivre a commencé en 1910 a
commencé à Lubumbashi (Congo) dès qu’un raccordement ferroviaire avec le réseau
d’Afrique d’australe a permis le transport du cuivre vers les ports d’Afrique du Sud
(East London et Port Elizabeth). Ainsi, en 1933, la part du commerce colonial dans le
commerce extérieur européen représente 27%. Les colons exploitent sans développer
les pays, du coup infrastructures uniquement autour des lieux de production et des
ports. Mise en place de monoculture (agrumes en Algérie, huile de palme et café au
Nigéria, …).
 L’Afrique fut un réservoir de soldats pendant la Première Guerre mondiale  : 600
000 soldats issus des colonies françaises et 2M des colonies anglaises. Ce réservoir de
soldat est aussi une des raisons pour laquelle le continent est apparu stratégique aux
Européens.
 La colonisation africaine est aussi passée par une domination culturelle
européenne : les Européens pensent avoir un réel devoir civilisateur du continent,

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devoir que l’anglais Kipling appelle dans l’un de ses poèmes le « fardeau de l’homme
blanc ». Les Européens tentent ainsi de diffuser leur culture et leur religion
(christianisme) à travers le continent. Ainsi le christianisme est la religion la plus
pratiquée en Afrique subsaharienne avec 65% de la population. La colonisation a nié
l’histoire africaine, les arts et les religions. Mais les universités, IFAN (institut
francais d’Afrique noire de Théodore Monod). La négritude de Léopold Sédar
Senghor, mais aussi Anta Diop, historien sénégalais de l’Afrique noire. Grands
empires au Xème siècle avec le royaume du Ghana et celui su Mali.

 L’affirmation des indépendances politiques à partir des années 1950 :


 Les indépendances nationales : L’Afrique est le dernier continent a avoir retrouvé
son indépendance. Il profite d’un environnement géopolitique favorable, la guerre
froide a en effet reléguer les métropoles au second rang, comme en témoigne le
règlement par les Russes et les Américains de la crise du canal de Suez. Mais si celle-
ci a été globalement pacifique, il serait niait de penser que tout c’est fait dans la joie et
la bonne humeur.
 La majorité des indépendances d’Afrique noires ont été obtenues sans
guerre : Les colonies françaises de l’AEF/AOF ont profité des leçons de la
guerre d’Algérie/Indochine et ont eu une indépendance ménagée dès 1956
avec les lois Defferre avec une large autonomie qui va conduire à
l’indépendance en 1960.
 D’autres on été plus violentes : Au Kenya révolte des Mau Mau qui va
conduire à l’indépendance en 1960, mais les gagnants ont accaparé toutes le
richesses et provoqué la frustration des minorités. Dans les colonies
portugaises, les portos sont partis tard, mais sont partis tout seuls. Le problème
se pose après avec la guerre civile de 25 ans en pleine guerre froide ce qui va
renforcer sa violence car soutien important des communistes cubains et des
EU. Fin du conflit en 2002 avec la mort de la figure emblématique Savimbi.

 Conférence de Bandung (18 au 24 avril 1955) et le tiers-mondisme, une inspiration


pour l’Afrique : objectif des pays anciennement colonisés africains et asiatiques de
s’unir autour d’un passé commun pour dénoncer la colonisation et défendre le « droit
des peuples à disposer d’eux mêmes ».
 Refus de dépendre d’un des deux blocs de guerre froide  : création du mouvements
des non-alignés (en 1961 à Belgrade) sous l’initiative de certains présidents africains
comme Nasser (Egypte). Deux limites cependant… Tout d’abord il est difficile de
résister aux avances des deux grands comme en témoigne la position de Nasser
(Barrage d’Assouan) ou encore l’intervention de l’URSS (par le biais de Cuba) en
Angola et au Mozambique. De plus, comme l’Afrique n’est pas un enjeu central dans
la guerre froide, celle-ci va être quelque peu marginalisée et oubliée.
 Le recouvrement symbolique des souverainetés : Nationalisation du Canal de Suez
par Nasser en 1956  alors qu’il était auparavant administré par la France et le
Royaume-Uni. Il s’agit d’avoir la main mise sur ce passage stratégique et de profiter
de cette manne financière considérable.

 L’Afrique se détourne des modèles de développement hérités de la


colonisation :
 Mise en place de stratégies ISI et autocentrés pour de nombreux pays africains . En
Tanzanie est initié un modèle de développement autocentré par Julius Nyerere (1964-
1985) : l’ensemble des activités de production est nationalisé et les paysans sont

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amenés à se regrouper dans des communautés villageoises (les Ujamaas)). De même
le Ghana ou le Togo adoptent la stratégie ISI (déf.), qui passe donc par une
planification des économies (plan septennal ghanéen de 1963-1970), une priorité à
l’industrie (la part de l’industrie dans l’économie du continent passe de 17 à 34%
entre 1969 et 1979). NUANCE : certains pays fondent leur développement sur les
exportations de matières premières comme la Côte d’Ivoire sous Houphouët-Boigny
(1960-1993). Le pays est le premier exportateur de cacao dans les années 1960 : la
production est entièrement géré par l’Etat notamment grâce à la mise en place de la
Caistab (1960) : Caisse de stabilisation et de soutien des prix des productions
agricoles. Cette organisation a rendu possible le « miracle ivoirien » (taux de
croissance qui a oscillé entre 5 et 7% pendant les 1960s).

 Création de l’OPEP en 1960, vers une meilleure gestion de la rente  ? : elle reflète la
volonté d’indépendance économique des pays producteurs de pétrole comme
l’Algérie, la Libye, l’Angola ou le Nigéria, qui dépendaient jusqu’alors des majors
pétrolières occidentales (les 7 sisters comme la British Petroleum Company exploitent
en 87% des réserves mondiales de pétrole en 1959). De plus, l’affirmation politiques
des Etats passe par une nationalisation de leur production : en 1971, Boumédienne
nationalise les hydrocarbures (du transport terrestre, du gaz naturel) ; la participation
algérienne dans toutes les sociétés pétrolières est porté à 51%. Le secteur des
hydrocarbures devient pour ses pays un secteur stratégique à la fois pour leur
développement mais aussi pour leur poids géopolitique : « Il faut semer le pétrole
pour récolter de l’industrie », Besaïd Abdelassam, ministre de l’énergie en Algérie,
1977.

 L’euphorie des années 1970 : Entre 50 et 80 c’est le grand boom des matières
premières dans le cadre de la guerre froide. Progressivement les pays vont reprendre
le contrôle de leurs ressources et constituer des économies de rentes. Les pays qui ont
fondé leur développement sur l’exportation de matières premières ont bénéficié dans
un premier de la hausse du prix des commodités dans les années 1970. En effet, entre
1973 et 1980, les prix des MP hors pétrole ont augmenté de 180%, et le prix du baril
passé de 2$ en 1973 à 34$ en 1980 dans le cadre des deux chocs pétroliers de 1973 et
1979. Ce mal-développement est aussi poussé par l’extérieur par ex. aides des
Européens avec STABEX.

 L’échec de ses stratégies plonge l’Afrique dans la décennie du chaos


(années 1990) :
 Les causes : La rente des matières premières disparaît avec l’effondrement des prix du
début des années 1980 (en 1982, les prix des produits de base sont à leur niveau de
1950). L’Afrique, elle, n’a pas diversifié ses exportations (à 90% des matières
premières) ni développé un secteur productif capable de relayer le secteur primaire.
Fort endettement des pays africains dans le cadre des stratégies ISI qui ont renforcé la
dépendance alimentaire du continent. En effet, en se focalisant sur l’industrie, ces
pays ont sacrifié leur agriculture. Ainsi, la production agricole du Ghana a chuté de
27% entre 1971 et 1980. De même, les pays qui se sont appuyés sur l’exportation ont
sacrifié leur agriculture vivrière. Par ailleurs, l’endettement des pays aux stratégies ISI
provient d’un besoin d’importer des technologies ou des biens d’équipements pour
assurer leur industrialisation. Ainsi, ces emprunts, ayant été libellé en dollar à taux
variables, ont rendu dépendants les pays africains à la politique monétaire américaine
si bien que lorsque le président de la Fed Paul Volcker a réhaussé le taux de change

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dollar de 30% entre 1978 et 1982, la dette africaine s’est alourdie. Ainsi, la dette des
pays africains est passé de 10 à 150MM$ entre 1971 et 1992.

 Les manifestations : le FMI impose des PAS en échange de l’allègement de la dette,


le premier au Sénégal en 1979 puis en Tanzanie en 1984. Ces PAS, qui suivent le
consensus de Washington, imposent une libéralisation des économies, une ouverture
aux échanges et une rigueur budgétaire. Les IFI exigent une épuration des comptes, fin des
déficits publics, réduction de la fonction publique, privatisation des entreprises publiques les
plus rentables, suppression des autres, fin des subventions aux produits alimentaires, …

 Les conséquences :
 Crise Economique : l’ouverture à la concurrence a entrainé la destruction
d’un tissu industriel non compétitif (la croissance du PIB africain a chuté de 4
points de pourcentage entre les périodes 1965-1979 et 1990-1994)
 Crise sociale : les difficultés économiques ont eu un impact lourd dans la
structure des sociétés africaines, notamment sur le clientélisme. Si dans les
années 1970, le versement des salaires aux fonctionnaires représentait entre 40
et 70% du budget des Etats, ils ne représentent plus que 15% dans les années
1980, cela étant surtout dû aux licenciements massifs de fonctionnaires
imposés par le FMI dans le cadre des PAS. Par ailleurs, la rigueur budgétaire
imposée par le FMI est passé par une baisse des dépenses sociales (au
Burundi, le PAS de 1986 a provoqué la baisse des dépenses dans l’éducation
de 215 MM de francs burundais en 1986 a 79 de FBu en 1988.
 Crise politique: les dirigeants politiques perdent la clientèle autrefois
entretenue grâce à des versements des salaires en tant que fonctionnaires, alors
que cette clientèle était garante d’une stabilité urbaine et politique. Ainsi,
éclatent de nombreux conflits dans la décennie 1990 (souvent ethnique) : 10
conflits par an entre 1995 et 2000.

 L’Afrique perd de son intérêt stratégique à la fin de guerre froide  : L’aide publique
au développement perd son influence stratégique dans ce contexte. Ainsi, la France
(premier bailleur de fond du continent) conditionne en 1992 son aide à la mise en
place de la démocratie (processus de la Baule). L’APD perd son unité géopolitique en
se redéployant vers l’Europe de l’Est notamment et baisse de 30% entre 1992 et 2002.
cela se manifeste par une crise de l’aide internationale qui passe de 40MM$ en 1990 à
24MM$ en 2000.

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L’Afrique dans la mondialisation

 L’Afrique est à priori en marge de la mondialisation 2% PIB mondial, 3%


des exportations et importations à l’échelle planétaire, 3% des IDE.

 L’interprétation et la pertinence des données disponibles : Difficulté de cerner les


problèmes de l’Afrique à partir de données chiffrées, car pas très précis et situations
très différentes. Approche monétaire avec seuil de 1,25$/jour par la BM en PPA. En
suivant ces chiffres 50% de la pop africaine vit sous ce seuil. Etude qui s’affine depuis
1990 avec l’IDH (passage de 0,290 à 0, 380), mais aussi avec l’Indice de Pauvreté
Humaine calculé par le PNUD (programme des NU pour le dév) avec IDH + nutrition,
conditions de vie,… Etude sur les phénomènes d’exclusion, pas d’étude directe de la
pauvreté mais de ses causes. Populations très solidaires avec un lien familial et social
très fort ce qui échappe aux calculs comptables. Toutefois le constat du retard ne peut
être nié.

 L’Afrique a vu s’accroître son retard sur le reste du monde depuis 40 ans  : le revenu
moyen représentait 14% de celui des pays développés, contre 7% aujourd’hui. 34 pays
africains sur 53 sont des PMA.

 Les structures économiques reflètent elles aussi ce retard de développement  :


L’agriculture emploie 50% de la pop. active mais ne fournit que 1/3 du PIB, ratio qui
stagne depuis 1970 et indique la faible productivité du secteur agricole. Les produits
primaires représentent 90% des exportations (2/3 miniers, 1/3 agricoles) avec
rémunération qui baisse : détérioration des termes de l’échange de 25% depuis 1960
(Samir Amin).

 Un continent sous perfusion : Un continent répulsif pour les IDE : moins de 2% des
IDE mondiaux, concentrés sur l’Afrique du Sud+ Golfe de Guinée malgré de
nombreuses dispositions commerciales (accords de Cotonou, etc.). Elle bénéficie
souvent de mesures d’allégement de dette mais encore 60% des PNB. Elle a triplé
depuis les années 1980. Ainsi, l’Afrique est sous perfusion : l’aide assure 8,5% du
PNB des PMA (maintien des services publics, paiement de la dette) mais les 2/3 au
Mozambique et 40% en Tanzanie. Ces dispositions favorables sont contrebalancées
par 2 données. Le protectionnisme des pays du Nord prend la forme de subventions
agricoles et fait baisser les prix mondiaux, ce qui pénalise les exportations des pays
africains et les ventes intérieures. Le processus de libéralisation expose ses industries
fragiles et ses agriculteurs à des exportations plus compétitives.
Une dépendance technologique, financière et culturelle. Outils et matos nécessaires
proviennent des pays du nord (et aussi d’Asie). En revanche la majorité des opérateurs
sont des locaux. Mais depuis l’essor de la technologie, de plus en plus de rachat par
des grands groupes. Dépendance culturelle avec l’afflux d’information, de films, de
séries dans toutes les langues

 Aussi, l’Afrique est très vulnérable à la conjoncture extérieure  : croissance


dépendante des cours mondiaux, où elle s’est d’ailleurs marginalisée. En effet, elle
assurait 17% des exportations des PVD dans les années 70, contre 8% aujourd’hui.

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Elle est passée de 5% des échanges mondiaux en 70 à 2,4% et 2,6% du PIB mondial,
alors qu’elle regroupe 15,5% de la pop. mondiale.
 Une région encore à l’écart des nouvelles technologies  : Plus faible télédensité du
monde (lignes téléphone, TV, ordi). Les réseaux (sauf AS/Sénégal) sont vétustes et
partiels. Forte hétérogénéité spatiale qui a deux conséquence : abandon de la pose de
fils trop couteuse et lente,  du téléphone portable. Réseau cellulaire qui consomme
moins, plus fiable et plus rapide. Explosion du nombre de téléphone avec 500M,
fonctionnent avec des cartes prépayées, et servent aujourd’hui aussi à payer dans les
magasins. Utilisation d’internet progresse rapidement avec plus de 100M
d’internautes, multiplication des cybercafés qui crées de nouvelles formes de
sociabilité notamment en rapprochant les migrants et les personnes restées au bled.
Nouveaux câbles de fibre optique SAT 3 entre Le Cap et le Portugal, ou réseaux
satellites.

 L’échec humain du développement africain : Echec de la lutte contre la pauvreté : le


PNB/hab. a reculé de 1,2% entre 1980 et 1990, et continue à baisser. Mortalités
infantile (décès avant 1 an) et juvénile (décès avant 5 ans) records : 100 ‰ et 175 ‰.
Echec sanitaire : 1 médecin pour 24 000 hab. (cent fois moins qu’en France, cinq fois
moins que dans les PVD). Ainsi, l’espérance de vie recule : 43 ans en 1965, 52 ans en
1992, mais 46 ans aujourd’hui contre 64 ans dans les PVD. Echec éducatif : taux de
scolarisation plus bas du monde (70% dans le primaire). 50% des Africains et 2/3 des
femmes sont analphabètes. Pourtant, l’effort financier est important, mais concentré
sur l’enseignement secondaire et supérieur. Mais l’absence de débouchés pour les
diplômés entraîne leur fuite vers l’Occident.

 Le risque d’une fuite des élites et des cerveaux dramatique pour l’Afrique  : Le
départ des plus dynamiques a un coût économique et social pour l’Afrique (obstacle
au développement) qui perdrait 20 000 cadres par an. Ils sont attirés par les meilleures
conditions de vie et de rémunération : ingénieurs, médecins, sportifs, … La tendance
devrait s’accentuer avec le vieillissement de l’Europe : le CES préconise le recours à
l’immigration pour compenser la baisse du nombre de diplômés et la pénurie de main
d’œuvre.
Pour plus d’informations voici deux liens de l’émission des enjeux internationaux de France
culture : bonne écoute  La multiplication des Etats faillis africains et sa conséquence sur les
flux migratoires

 Néanmoins l’émergence de l’Afrique depuis les années 2000 est réelle


 « Avantage de l’arriération » : du fait d’un retard de développement, l’Afrique évite
les coûts de renouvellement des infrastructures et peut directement acquérir les
technologies et les équipements de pointe : la croissance de la 3G s’élève à 44% entre
2010 et 2014 – installation câbles utilisant la fibre optique dont le débit d’information
est nettement supérieur à celui des câbles coaxiaux (câble de télécommunication SAT
3 reliant le Cap au Portugal).
De plus l’Afrique a de nombreuses potentialités encore inexploitées « Un continent
riche peuplé de pauvres » (Edem Kodjo) avec 30% des ressources minérales de la
planète : 97% du chrome, 90% du platine, 60% du cobalt, 54% du manganèse, 40% de
l’or, 20% du fer, 23% de l’uranium, 12% pétrole. L’agriculture fait face à l’explosion
démographique alors que les rendements n’ont pas augmenté (« en réserve
d’intensification ») avec 15% des terres arables du monde (4% mises en valeur), 20%
du potentiel hydroélectrique.

13
 Des taux de croissance importants : l’Afrique est la deuxième aire de croissance
mondiale derrière l’Asie du Sud-Est (depuis les années 2000, le taux de croissance du
continent est supérieur à 5,4%). Le cabinet McKinsey prévoit que d’ici 2015, sur les
10 pays à plus forte croissance, 7 seront africains. L’Afrique s’est engagée dans la
deuxième phase de la transition démographique malgré la pauvreté et la natalité. Ce
qui signifie une croissance des classes moyennes et du marché de consommation
intérieur.
 Des progrès réels intensifiés par l’ampleur de l’économie informelle  : Les
indicateurs socio-économiques sont meilleurs qu’il y a 40 ans, malgré des défis
considérables : explosion démographique, urbanisation exponentielle, construction
d’Etat-nations nouveaux. En réalité, 70% de l’économie est informelle. Ce
développement spontané regroupe des activités caractérisées par la « taille réduite de
l’unité de production, capital réduit, emploi souple, productivité faible ». Aussi, les
statistiques n’appréhendent que 30% de la réalité africaine : produits revendus en
contrebande à l’étranger, branchements illicites en eau potable et électricité, écoles
privées, caisses d’épargnes parallèles, …

 Le dynamisme des marges et des espaces transfrontaliers  : Les mutations et


mobilités qui viennent de l’adaptation de l’Afrique à la mondialisation ont lieu dans
des zones de transition : les espaces transfrontaliers abritent d’intenses activités.
Certains Etats comme le Bénin, Djibouti, Zanzibar, portes d’entrée vers le MO et
l’Asie sont de véritables zones de transit des marchandises : l’Afrique est ainsi
connectée au système-monde. A l’inverse, la fermeture d’une frontière entraîne la
réorganisation de l’espace frontalier. La guerre civile en Côte d’Ivoire (2002-2003) a
privé le nord du pays, le Mali et le Burkina de leurs débouchés naturels (liaisons
routières et ferroviaires)nord du pays paralysé, mais au Mali et au Burkina les flux
se sont réorganisés : trafic de camions au Ghana, au Togo, au Bénin, au Nigéria
Ainsi, la rapidité d’adaptation est une des forces majeures de l’Afrique : le chaos
apparent est organisé, les dysfonctionnements officiels compensés par des stratégies
qui s’organisent d’autant plus vite qu’elles se déploient sans réglementations. C’est à
la fois un avantage et un inconvénient car cela empêche la mise en place de politiques
de développement durable par les Etats.

 Nouvelle terre des délocalisations : l’Afrique semble être le nouvel atelier du monde
avec une main d’œuvre bon marché. Ainsi au Maroc, hausse des délocalisations de
15% en 2010 (ex : Renault implante une usine Dacia à Meloussa en 2010 car les coûts
salariaux y sont 4 fois inférieurs au SMIC français). Le Maghreb bénéficie également
d’une proximité géographique avec l’Europe, ce qui permet une réduction des coûts
de fret). Les Etats sont acteurs dans l’ouverture aux IDE étrangers, notamment par la
création de technopoles comme celui le parc des télécommunications tunisien El
Ghazala qui accueille 90 entreprises et 12 filiales des plus grands groupes mondiaux
(Microsoft, Ericsson, etc.).

 Insertion dans le système financier mondial  : d’abord par l’ouverture de bourses


notamment la bourse de Johannesburg en 2002, aujourd’hui 16ème bourse mondiale.
De plus, les monnaies locales prennent de l’influence dans les échanges financiers
internationaux. Transnet, société sud-africaine de transport, est la première à inscrire
des titres obligataires en monnaie locale africaine sur les marchés internationaux en
2013 à la London SE (de l’ordre de 5MM de rands). On assiste aussi à l'unification
progressive du secteur bancaire. First Rand, cinquième banque sud-africaine, se retire

14
ainsi des marchés développés en 2008 et 2009 pour se redéployer en Afrique. mais les
banques nigerianes sont en difficulté, elles aussi. Car emportées dans leur désir de
croissance externe, elles ont surinvesti (Intercontinental Bank et Oceanic Bank par
exemple) et sont fragilisées par les désordres mondiaux. Seules les plus grandes
(Zenith Bank Group dont les publicités squattent les écrans de CNN et First Bank)
échappent à la tourmente.

 La conséquence une sortie du sous-développement  : entre 1990 et 2010, l’IDH de


l’Afrique subsaharienne est passé de 0,29 à 0,39. Certains pays ont effectué des
réussites spectaculaires comme le Botswana avec sortie des PMA en 1994 et dont
l’IDH est passé de 0,4 en 1980 à 0,6 en 2010. Une mortalité infantile en baisse mais
toujours élevée (au-dessus de la moyenne des pays du Sud) : entre 1970 et 2003, elle
est passée de 145 à 105 pour mille.

 L’émergence d’une voix et d’une voie africaine  : De part sa taille et son potentiel de
croissance l’Afrique a l’opportunité de faire entendre sa voix dans les institutions
internationales (56 pays tout de même). Elle revendique un siège permanent au
Conseil de Sécurité et pratique une « diplomatie de l’extorsion », fondée sur sa
capacité de nuisance (immigration, terrorisme, …) En 2001, l’Algérie, l’Egypte, le
Nigéria, l’Afrique du Sud et le Sénégal lancent de NEPAD dont le but est de proposer
à la communauté internationale un plan de développement du continent, supportés par
des fonds publics et privés. Neuf domaines prioritaires sont définis : Etat de droit,
sécurité des investissements, services publics, … Il veut mettre en avant l’unité d’un
continent doté depuis 2002 d’une « union africaine » sur le modèle de l’UE.
Mais les limites sont nombreuses :
 Ce plan fait suite à une quarantaine d’autres depuis le début des années 1960
(du plan d’action du Lagos en 1980 à la Communauté économique africaine en
1995), objectifs du millénaire de l’ONU irréalisables.
 Politique peu crédible : soutien de l’Afrique du Sud au Zimbabwe, stratégie
des membres à conclure des traités bilatéraux avec leurs partenaires
économique au lieu de promouvoir la solidarité africaine

 Une émergence culturelle : essor de l’industrie cinématographique au Nigéria qui


devient le 2ème centre cinématographique du monde en terme du nombre de
productions par an (2000 films par an) derrière le Bollywood indien. On parle de
Nollywood à titre de comparaison. De plus, cette production est largement diffusée
par des compagnies africaines comme la société nigériane Iroko Partners qui met en
ligne des émissions et des films africains
Pour plus d’informations voici deux liens de l’émission des enjeux internationaux de France
culture : bonne écoute  Quelle intégration économique pour l'Afrique centrale?/ L'Etat de
l'industrialisation en Afrique subsaharienne

 Typologie de ouf sur l’émergence de l’Afrique : Les échelles du possible


 Les espaces de l'émergence locale : À échelle fine : villes territoires de la modernité
et de l'adaptation où les puissances extérieures investissent dans l'intelligence : cf
Suffolk University à Dakar, première université américaine ouverte en Afrique de
l'Ouest en 1999. Des campagnes aussi ont les moyens de s'adapter (cas des Bamilékés,
exemple du NERICA). Mais chaque fois : le rôle des puissances du Nord et des BRIC
reste essentiel : cf subventions sur le riz américain qui détruit une partie du potentiel

15
du NERICA. On trouve à ces échelles fines une image de l'Afrique qui s'assume elle-
même et tourne le dos à la malédiction d'une Afrique paralysée par la célébration
mémorielle de ses blessures pour imaginer sa voie. Seules face aux marchés, ces
forces vives ne seraient rien. Il leur faut encore des relais pour assurer un semblant de
protection. La situation, au niveau supérieur est alors toute aussi variée.

 Les pays émergents ou potentiellement émergents : Deuxième petite typologie entre


les émergents jugés comme tels : la seule Afrique du Sud et pourquoi. Les États
rentiers qui ont une chance de le devenir si la manne est mieux partagée et distribuée à
tous les niveaux (cf les taux de croissance des États pétroliers et miniers tout en notant
que cela ne suffit pas). Insister sur le problème des États sans rente importante ou
encore les États arachidiers et/ou cotonniers dont les matières premières agricoles ne
connaissent pas l'embellie des cours de la spéculation internationale.  Pour ces
États, une émergence ne pourra passer que par des structures régionales élargies,
seules capables de les protéger et d'assurer à l'Afrique un statut de puissance
indispensable à la conquête de l'émergence.

 L'Union, seule voie vers l'émergence ? Des Unions peu efficaces (tour d'horizon). Du
NEPAD vers l'APCN (Agence de Planification et de Coordination du NEPAD) :
renforcement des liens. Vers plus d'intégration au sein de l'UA. Poids de l'Afrique du
Sud, leader contradictoire (cf attitude sur le Zimbabwe ...). De même pour le Nigéria :
J. Igué, Le territoire et l’Etat en Afrique, les dimensions spatiales du développement
(1995) : THESE : Il parle de Afrique du Sud et le Nigéria « pôles structurants » de
l’Afrique; ce sont 2 puissances économiques, à l’influence régionale. Mais
(paradoxe…) le Nigeria et aussi un « pôle déstructurant » : pôle de pauvreté (70% de
la population sous le seuil de pauvreté), pôle déstabilisant pour la région (corruption,
contrebande avec les pays voisins, Etats entrepôts dont les finances varient au gré des
fluctuations monétaires et économiques).

Pour plus d’informations voici deux liens de l’émission des Dessous des Cartes d’Arte : bon
film  Afrique : les zones de croissance/ Le développement en Afrique

 Cette intégration est permise par l’intervention de puissances extérieures


 La demande en matières premières des pays émergents et développé a fait de
l’Afrique un continent exportateur : ex. 5 FTN dont Nestlé (suisse), Lavazza
(italien), Procter & Gamble (USA) achètent 50% du café vert produit en Afrique, ce
qui montre que la croissance africaine est plus due à la demande des marchés
extérieurs qu’à la consommation de son marché intérieur. La croissance africaine est
notamment nourrie par la demande croissante des économies émergentes qui
cherchent à sécuriser leurs approvisionnements alimentaires : les IDE en provenance
des BRICS ont été multipliés par 10 depuis 2000.

 Pour développer des économies compétitives, les Etats africains ont été contraints
d’importer des technologies et des savoir-faire des pays développés  : par exemple, les
agriculteurs africains dépendent des firmes agro-agroalimentaires du Nord. Ainsi,
l’américain Monsanto fournit 75% des semences de blé plantées en Afrique
subsaharienne.

 Un continent mondialisé… pour le meilleur et pour le pire, l’Afrique s’insère dans


la mondialisation grise : comme nouvelle plaque tournante des flux de marchandises
illicites, notamment la drogue, les trafic d’ivoire et d’animaux : en 1990, 10% des

16
saisies de cocaïne sont effectuées en Afrique contre 35% en 2010. Le Maroc est le
premier producteur de cannabis mondial. Elle est à l’écart de la mondialisation légale,
mais intégrée à l’économie mondiale par de nombreux réseaux : réseaux commerçants
des diasporas anciennes (Libanais et Syriens en Afrique de l’Ouest, Indiens à l’est) ;
réseaux illicites profitant du manque d’emprise territoriale des Etats ; déchets
toxiques, narcotrafics, médicaments, cigarettes, armes

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La mondialisation a creusé les inégalités sur le
continent

 Inégalités entre les pays 

 Economiques : Angola, Nigéria, Maroc, Algérie, Egypte et Afrique du Sud


représentent à aux six 60% PIB africain. PIB du Nigéria de 260MM$ en 2012 contre
celui du Burundi (2,5MM$ en 2012)
 Développement : IDH du Gabon de 0,73 contre 0,35 pour le Burundi en 2012
 Ces inégalités économiques et de développement stimulent les migrations intra-
africaines (80% des migrations sur le continent) avec un schéma des migrations qui
se fait des pays pauvres vers les plus riches. Ainsi, lors du « miracle » économique de
la Côte d’Ivoire (années 1970 et révolution cacaoyère), la Côte a attiré de nombreux
étrangers africains qui composent aujourd’hui ¼ de sa population)

 L’Afrique du Sud aspire à être le leader du continent  : Puissance économique du


continent : l’Afrique du Sud représente plus de 30% du PIB de l’Afrique, elle
appartient aux BRICS depuis 2010. C’est le seul pays émergent du continent, et le
seul à disposer d’une économie diversifiée (les services de haut niveau représentent
2/3 du PIB africain).
Puissance monétaire : Domination de la monnaie sud-africaine, le rand, dans le cadre
de la zone monétaire commune australe (Common Monetary Area, CMA) avec le
Botswana, le Lesotho et le Swaziland. Puissance géopolitique : aura de Nelson
Mandela qui joue en la faveur du pays, ainsi que l’intense activité diplomatique de son
successeur Thabo Mbeki qui dénoue la crise congolaise (2ème guerre du Congo
(1998-2003)) avec les accords de Pretoria en 2002.
Pour plus d’informations voici deux liens de l’émission des Dessous des Cartes d’Arte : bon
film  L'Angola, eldorado africain ?/Nigéria, Etat riche, pays pauvre.

 Inégalités régionales de deux types :


 Inégalités entre les littoraux et les arrière-pays  : largement hérité des politiques de
« mise en valeur » des littoraux pendant l’époque coloniale : au Nigéria, le taux
d’alphabétisation dans la capitale (Lagos) située sur le littoral, est de 92% contre 49%
dans l’Etat de Kano, situé au Nord du pays. Entre 1950 et 00 le nombre de villes
millionnaires est passé de 0 à 35, avec un doublement à prévoir d’ici 2020. Lagos
entre 12 et 16M, le Caire ≈ 10M, Kinshsa≈10M, Gauteng ≈10M. Mais beaucoup
d’approximations et croissance forte. Les plus grosses villes sont sur les côtes 
métropolisation +littoralisation

 Des inégalités villes-campagnes : Les disparités entre les villes et les campagnes sont
visibles de par leurs niveaux de modernité distincts : 90% des espaces urbains
couverts par des réseaux de téléphonie mobile contre 40% dans campagnes.
Néanmoins, les croissances des villes tirent celles des campagnes en tentant de les
intégrer au réseau urbain. Ainsi Roland Pourtier évoque l’essor d’un vivrier marchand
qui se développe grâce à l’exploitation agricole des espaces périurbains dont la
production est vendue en ville. Ainsi se met en place une synergie entre les villes et
les campagnes, visibles au niveau des migrations pendulaires importantes entre ces

18
deux espaces ainsi qu’au niveau des transferts monétaires des villes vers les
campagnes (45% des entrepreneurs d’Abidjan envoient des fonds vers les campagnes)

 L’exode rural, une tendance encore forte en Afrique


 Le facteur principal de croissance urbaine et l’attractivité urbaine  : Raisons : éco
(on gagne + en ville) ; importance fonction publique (rêve des jeunes) ; agri extensive
dans les campagnes (pas de moyens fi pour intensifier) donc surpeuplement dont seule
solution est exode rural. Déstructuration des communautés rurales mise en place avant
la colo, surtout en Af centrale (Nigeria, Cameroun, RDC) : colo ont obligé villageois à
déménager à côté des routes, regrouper ethnies … La ville est aussi le lieu du possible,
échapper contraintes villageoises et régulation sociale contrôlée par anciens.

 Les conséquences sur la campagne : Déprise rurale (abandon terres), vieillissement,


féminisation, atonie (hommes jeunes, entreprenants migrent en premier). Mais exode
rural moins marqué qu'en Europe car liens maintenus avec campagne (envois
financiers, diffusion idées). Parfois, aspiration des populations de l'aire de
rayonnement : Afrique centrale où densités faibles, hyper-urbanisation (Roland
Pourtier) : ville stérilise région. Gabon : Libreville (1/1,5M) : macrocéphalie urbaine.
Tripoli en Libye (60% pop). Réseaux urbains différents selon pays : Maroc: réseau
relativement équilibré, Tanzanie poids extrêmement important de Dodoma et Dar El
Salam, Burundi réseau urbain lâche.
 Les conséquences sur les villes  : Dakar : ½ pop urbaine, Conakry 2/3; grands
déséquilibres du réseau urbain, beaucoup plus qu’en Af du N/S. Af centrale : réseau
urbain réduit à ville coloniale, macrocéphalie urbaine. Ruraux qui arrivaient en ville
'60/70 habitat spontané, a modifié le tissu urbain : à la ville coloniale (plan en damier)
investie ensuite par élites locales entourée par ville indigène à la structure – planifiée
puis habitat informel (chiffon-villes). Af N : ≠ car médina. Ex. habitat informel :
Dagoudane Pikine (Dakar), créé dans '50 (exode rural) puis grossit dans '60/70. Pikine
a certaines infrastructures urbaines (voirie, égouts, électricité) mais rien n’est planifié
ni entretenu ; en tout, 800000 hab ( aussi grand que Dakar-ville).

 Des flux qui ne sont plus unidirectionnels  : Flux de population qui se rééquilibrent.
Les effets néfastes du départ de mains d’œuvre pour les campagnes sont compensés
par les flux de remise et les investissements dans les campagnes : 70% du cheptel
nigérien possédé par des urbains. Flux de biens qui vont dans les deux sens : En Côte
d’ivoire nord qui produit de l’igname pour fournir les villes et le sud du pays qui
s’occupe des cultures d’exportations. Les flux culturels sont cependant toujours dans
un seul sens (film, musique) Même chose pour les médocs, les ONG, les vêtements…
la grande ville diffuse des modèles et des modes de consommation (ex. médicaments :
antalgiques, amphétamines, biens culturels : reggae, Nollywood, vêtement : du pagne
à la tunique, pantalon, tee-shirt). Différence importante persiste au niveau de la
fécondité et de la santé : ISF diminue lorsqu'une africaine passe de la campagne à la
ville.
 La revanche des villes petites et moyennes  : Les villes petites et moyennes croissent
plus rapidement à partir des années 1990 se qui atténue la macrocéphalie. Il en résulte
une exurbanisation : « rétro-migrations » vers les villes moyennes voire la campagne.
Ceci permet un renforcement des liens entre espaces ruraux et urbains : création
d’entreprise rurales, allers-retours entre les

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 Des inégalités entre les villes et au sein des villes :
 Les mégalopoles africaines sont les moteurs de son émergence et concentrent les
pouvoirs : Elles réunissent les sièges des FTN africaines (cf. siège de la compagnie
aérienne Kenya Airways à Nairobi, ancienne capitale du Kenya), ainsi que des
organisations régionales (cf. siège de l’Union africaine à Addis Abeba, capitale
l’Ethiopie). Ces villes concentrent ainsi les richesses produites (Pretoria et son
agglomération représentent 40% du PIB de l’Afrique du Sud) et dès lors, leur
développement contraste avec les villes mineures et les campagnes. Elles sont les
vitrines de la modernité africaine notamment par leur CBD à l’architecture moderne
verticale (gratte-ciels comme Hillbrow Tower, 270 mètres). Les opérateurs
internationaux privilégient les grandes villes, et mêmes les quartiers aisés, qui
atteignent le seuil de rentabilité de 300 000 habitants. Ainsi, on constate de grandes
disparités d’infrastructures entre les villes moyennes et les grandes villes, avec des
services résultant de l’économie informelle pour les villes moyennes, et des services
élaborés pour les grandes. Par exemple, Suez gère le réseau d’eau potable de
Casablanca depuis 1998 tandis que les bidonvilles de Nouakchott, 80% des ménages
sont alimentés en eau par des revendeurs informels.

 Au sein des villes, l’Afrique montre le paradigme traditionnel des Sud d’une
ségrégation socio-spatiale urbaine : La ségrégation est l’objectif des concepteurs
urbains. Entre les deux, des zones tampons (voies ferrées, entrepôts, marécages,
fleuve). Au Maghreb, cette ségrégation doit faire avec la ville ancienne habitat très
concentrée, peu adaptée à la circulation et abritant un tissu artisanal/commercial
dense. Les Européens la réhabilitent (Fès, Marrakech) ou l’encerclent et la laissent se
dégrader (quartier pop. L’indépendance accentue la ségrégation selon le critère de
richesse et de proximité du pouvoir, au point qu’on parle de dualisme urbain opposant
quartier riches et populaires.
En Afrique du Sud, l’apartheid a mis en place une morphologie ségrégative
spécifique : les communautés sont rejetées dans des townships excentrés. Les squatter
camps (bidonvilles) viennent combler les interstices (urbanisation illégale) Par
exemple, à Abidjan, la patinoire de l’hôtel Ivoire contraste avec le bidonville de
Gobelet.
Ainsi Alain Dubresson affirme : « après avoir été un lieu d’intégration, la mégapole
est en train de devenir un lieu d’exclusion ».
 Ces inégalités causent la hausse de la criminalité  : en Afrique du Sud, le taux
d’homicide par an est de 62 pour 100 000 habitants contre 0,7 en France. Cape Town
est la ville la plus dangereuse mondiale, elle rassemble plus de la moitié des
homicides annuels d’Afrique du Sud. Parmi les classes aisées  psychose
sécuritaire, gated communities. Fin de la ségrégation en Afrique du Sud mais les
blancs ne s’aventurent pas dans les townships, moins un problème d’image que de
biens matériels.

Focus : Abidjan : capitale économique de la Côte d’Ivoire, deuxième ville francophone du monde après
Kinshasa (hors France). 4 millions d’habitants.
Ville coloniale, interface Afrique subsaharienne/reste du monde. Elle fut le modèle de la réussite des
politiques de développement (bonnes infrastructures etc.)
Capitale politique et administrative de facto du pays (même si officiellement Yamoussoukro). Elle
concentre gouvernements, institutions, Banque Africaine de développement, organismes financiers.
Abidjan a bénéficié de nombreuses exportations, services et activités de transformation se sont
développés après la décolonisation.
Mais paraît en relatif déclin: désorganisation des infrastructures à cause de la population croissante,

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économie illégale, tensions sociales car radicalisation nationaliste. Baisse de l’activité d’exportation.
Renforcement de la présence chinoise car vide laissé par la France.
Focus : Ceuta et Melilla, les deux Européennes de l’Afrique
Enclaves esp au Nord du Maroc. Ports sous souveraineté esp depuis resp. 1415 et 1496. 70 000 hab
chacune, 85% esp. Avant-postes de l'espace Schengen.
Tentatives de passage collectif des frontières par migrants (surtout subsahariens)  renforcement
dispositif de surveillance
Pour Rabat, symbole d'une décolonisation inachevée et atteinte à l'intégrité territoriale du Maroc.
Madrid refuse toute discussion au sujet de leur statut. Visite historique de Juan Carlos en 2007 dans
les deux villes a ravivé le contentieux, cœur des tensions Maroc/Esp.
L’Afrique de nouveau au cœur des luttes d’influence
En guise de préambule voici un lien de l’émission des Dessous des Cartes d’Arte : bon film 
Afrique nouvel enjeu de l'économie mondiale

 Une zone d’approvisionnement stratégique en matières premières  : depuis 2009, la


Chine est le 1er partenaire commercial de l’Afrique et les échanges de l’Afrique vers
la Chine sont composés à 80% de matières ou agricoles. Pékin va dans les zones plus
risquées et un peu moins rentables et profite de l’affaiblissement des anciennes
puissances coloniales pour créer de nouveaux partenariats comme avec l’Angola
(construit d’un train). Chine joue la carte de l’ONU (Soudan). Mais met aussi en place
des partenariats avec les occidentaux pour exploiter des grands gisements comme
pour le gisement d’Akpu au Nigeria.
La Chine échange donc la construction d’infrastructures contre des matières
premières : en 2007, en RDC, elle a construit des infrastructures pour une valeur de
3,8MM$ contre 9M de tonnes de cuivre via la concession des mines du Katanga.
L’Afrique représente donc un moyen pour la Chine d’assurer sa croissance
économique et de diversifier ses fournisseurs en pétrole, notamment le MO. Ainsi,
elle investit d’abord dans les pays pétroliers africains et notamment ceux du Golfe de
Guinée. Par exemple, le Nigéria est la 1er récepteur des investissements chinois
(113MM$ en 2013) mais aussi 2ème producteur de pétrole en Afrique (derrière
l’Angola) la même année. Le marché pétrolier est d’autant plus attractif que de
nombreux pays producteurs (Guinée Equatoriale, Gabon, Congo) hors OPEP n’ont
pas de quotas limitatifs de production. Cette richesse en matières premières a entrainé
des investissements massifs ces 10 dernières années. De 1990 à 2010, les IDE sont
passé de 2MM à 35MM$.
Informations tirées de Le temps de la Chine en Afrique, collectif sous la direction de
Jean-Jacques GABAS.

Focus : Le Golfe de Guinée : une zone pétrolière d’importance stratégique

Huit pays : Nigeria, Cameroun, Guinée Equatoriale, Sao Tomé, Gabon, Congo, RDC et Angola 
tiers de la pop. d’Afrique subsaharienne et 5% de la prod. mondiale de pétrole. Mais instabilité,
manque d’homogénéité et domination du Nigéria (production plus importante que les sept autres
pays réunis).
Développement de l’off-shore pour contrer l’insécurité du transport.
Stratégies d’influences des puissances étrangères. Représente aujourd’hui 15% (25% d’ici à 2020)
des importations américaines => besoin de coopération avec les puissances pour la sécurité.

21
 La course aux terres africaines  : depuis les années 2000, suite à la hausse des prix
alimentaires mondiaux et des inquiétudes sur la sécurités alimentaires (et notamment
depuis la crise alimentaire mondiale de 2007-2008), l’Afrique a connu la
recrudescence de l’accaparement de terres agricoles, dit land grabbing. Les pays
acquéreurs créent sur ces terres des exploitations agricoles destinées à l’alimentation
de leur propre population. Ainsi, l’entreprise sud-coréenne Daewoo, entreprise
coréenne, avait obtenu un bail pour l’exploitation de plus de 1,3 millions d’hectares de
surfaces agricoles en 2009 à Madagascar

Focus : Main basse sur la terre, Stefano LIBERTI.

Livre sur les acquisitions massives de terres arables dans les pays du Sud par des investisseurs
internationaux, dénoncée par les organisations internationales comme l’ «accaparement des terres».
Raconte à quel point les terres sont devenues un véritable marché. Il évoque aussi la complicité des
élites locales qui viennent convaincre les petits agriculteurs de céder leurs terres ! Pour lui, «les
principaux responsables de ce bradage tous azimuts des terres sont les gouvernements nationaux».
Les investisseurs eux-mêmes sont parfois persuadés d’agir pour le bien de l’humanité!
 Un continent servant de relais de croissance pour les FTN des pays développés et
émergents, notamment grâce à l’essor de sa classe moyenne aujourd’hui estimé à
300M par Rolan Berger et qui devrait atteindre 1MM en 2060: le groupe français
L’Oréal entend accélérer sa croissance se tournant vers le marché prometteur africain.
Le marché des cosmétiques africain évalué à 2,7MM€ croit en effet à un rythme deux
fois plus rapide que celui du marché mondial. Ce marché devrait ainsi atteindre
10MM€ en 2017, une aubaine pour le numéro 1 mondial des cosmétiques.
Pour plus d’informations voici deux liens de l’émission des Dessous des Cartes d’Arte : bon
film  Que fait la Chine en Afrique ? / Les terres arables, un marché pas comme les autres

 Emergence de nouveaux acteurs :


 Les pays émergents : le régime chinois courtise l’Afrique avec ses instituts Confucius
(université de Stellenbosch en Afrique du Sud et de Yaoundé II au Cameroun) et ses
bourses d’études. En 2012, 18 0000 bourses sont accordées à des étudiants africains
pour être formés en Chine. La Chine use de la propagande notamment contre le dalaï
lama (interdiction d’évoquer et d’inviter le dalaï lama sur les campus des instituts
Confucius).
L’Inde, a une longue histoire avec l’Afrique du fait de la révolution pacifique de
Gandhi, un modèle pour l’Afrique+ Nehru et leader du TM. Mais attitude ambiguë car
ne rompant pas ses liens avec les occidentaux ce qui affaibli sa diplomatie. Diaspora
de plus de 2M de personnes surtout en Afrique Australe avec des responsabilités
économiques fortes : Kenya 80% du bétail. Attitude plus conciliante que la Chine
avec de véritables investissements productifs notamment en Afrique francophone
(Madagascar). Forces armées relativement importantes : 5 000 hommes en
RDC/Ethiopie. Elle entend participer au développement du continent notamment par
des aides financières comme les 200M$ versés au NEPAD en 2012 (Nouveau
Partenariat Economique pour le Développement Afrique).
De même pour le Brésil, l’Afrique représente de nouveaux enjeux géostratégiques
dans le cadre de la construction de sa puissance et d’un partenariat sud-sud (sur les 35
ambassades brésiliennes ouvertes à l’étranger depuis 2003, 16 ont été construites en
Afrique). Le Brésil est particulièrement tournée vers les pays lusophones, avec qui il
partage un passé commun de colonie portugaise (Angola, Mozambique).
Pour plus d’informations voici deux liens de l’émission des enjeux internationaux de France
culture : bonne écoute  Pourquoi New-Dehli s'investit-il en Afrique subsaharienne ?

22
 Le rôle croissant des EU : les Etats-Unis prennent conscience de l’enjeu stratégique
que représente l’Afrique dans la lutte contre le terrorisme, notamment depuis les
attentats contre l’ambassade américaine à Nairobi en 1998, et ceux du World Trade
Center le 11 septembre 2001. Leur influence est de ce fait d’abord sur le plan
militaire, avec la présence de la 5ème flotte dans le Golfe d’Aden, de bases
américaines comme celle du Djibouti (créée en 2002, regroupant 1000 soldats).
Cependant, selon les Américains, la lutte contre le terrorisme passe par le
développement économique des Etats. Ceci explique la croissance des APD en
provenance des EU (elle s’est multipliée par 4 entre 2001 et 2011) ainsi que la
signature de nouveaux partenariats économique, notamment dans le cadre de
l’AGOA : American Growth and Opportunity Act sous Bill Clinton en 2000. Il s’agit
d’une loi commerciale avec une quarantaine de pays d’Afrique Subsaharienne dans
l’objectif de créer une vaste zone de libre-échange bilatérale (facilitant ainsi la
diffusion des produits africains sur le marché américain).

 L’Europe en perte d’influence : Conférence de Yaoundé en 1963 (facilité


commerciales pour les produits des APC, coopération financière et infrastructures). Se
poursuit avec les accords de Lomé en 1975 avec 4 plans de 5 ans pour la coopération
–règles commerciales, STABEX et SYSMIN. Met fin au STABEX avec les accords
de Cotonou qui contrevenait à l’OMC, mais nouveaux mécanismes de protection avec
les Accords de Partenariat économiques (APE). Mais sont des accords bilatéraux et
pas encore beaucoup de signatures (CV, Séné, Mozam,…). L’UE est concurrencée par
de nouveaux acteurs les BRICS et les EU. Pression migratoire qui renforcement les
tensions entre les deux régions+ problèmes terroristes.

 Déclin des influences historiques le cas francais : 40% des exportations françaises
sont dirigées vers l’Afrique en 1960 contre 1% en 2009. On parle d’un déclin de la
Françafrique, mais en réalité, il s’agit seulement d’une perte de liens économiques due
à une diversification des partenaires commerciaux de l’Afrique. D’ailleurs les intérêts
éco de la France restent portés par les grands groupes (Total, Areva, Orange).
Car malgré cet éloignement économique, la France garde une influence dans de
nombreux domaines :
 D’abord géopolitique en tant que garante de la stabilité sur le continent :
opération Serval (intervention de 2500 hommes) au Mali en 2013 pour lutter
contre la guérilla dans le Nord du pays fomentée par les rebelles Touareg et le
mouvement sadafiste Ansar Dine). Aucun pays africain ne fabrique d’armes
(sauf l’AS) besoin des grandes puissances pour assurer la sécurité du territoire.
Anciennes métropoles ont gardé des droits d’ingérences et un devoir d’aide en
cas de menace pour la sécurité nationale (Mali). France 1ère force militaire
étrangère en Afrique avec 10 bases en 10 000 soldats. Risque de
néocolonialisme. EU qui renforcent leur présence avec l’ouverture de la base
de Djibouti en 2010, et renforcement de Abricot (commandement à Stuttgart)
 Culturelle dans le cadre de la francophonie (220 000 millions de
francophones en Afrique, et sommet de l’Organisation internationale de la
francophonie qui se tient tous les 2 ans et qui rassemble tous les chefs d’Etat
des pays membres comme le Sénégal, Tunisie, Maroc, etc.).
Pour plus d’informations voici deux liens de l’émission des enjeux internationaux de France
culture : bonne écoute  L'avenir de l'Algérie et de ses relations avec la France

Canal de Suez : veine jugulaire de l’occident

23
161km, Ferdinand de Lesseps 1869 ; relie Méditerranée, mer Rouge et Océan Indien.
Crises : 1956 (alors régi par la Compagnie universelle du Canal Maritime de Suez, avec capitaux
français et britanniques, 7% des bénéfices allant à l’Egypte ; 26 juillet 1956 : Nasser
nationalisation) ; Guerre des Six Jours (fermeture du canal entre 1967 et 1975). Convention de 1957
et traité de Washington 1979 : voie internationale neutralisée et contrôlée par l’Egypte. 7% du
commerce mondial. Poumon économique de l’Egypte (troisième source de devises étrangères,
10millions$ par jour).

24
Les relations intra-africaines :
 Faible intégration commerciale du continent : c’est le continent où l’intégration
régionale est la plus faible. Le commerce intra-africain ne représentent que 11% du
commerce totale du continent contre 54% pour le commerce intra-asiatique et 71%
pour le commerce intra-européen. L’Afrique est le seul continent du monde où la
mondialisation ne s’est pas manifestée par une régionalisation accrue. En réalité,
l’Afrique est plus insérée dans des échanges internationaux que régionaux :
Croissance de 8% du commerce intra-africain depuis 1996 tandis que commerce
africain avec le reste du monde enregistre une croissance de 12%. Nuance nécessaire :
importance d’une économie informelle qui joue un rôle dans l’intégration du
continent : on estime a 17MM$/an la valeur des échanges informels au sein de la
SADC.

 Cette faible intégration est expliquée par les nombreuses tensions qui fracturent le
contient. Par exemple, conflit autour du partage des ressources hydriques entre les
pays riverains du Nil : Morsi en 2013 déclare « si une seule goutte du Nil est perdue,
notre sang sera la seule alternative » à propos de la construction du méga-barrage
éthiopien « Grande Renaissance » remettant en cause le partage des eaux de 1959 qui
était au profit de l’Egypte. Mais le règlement des conflits est inversement l’un des
vecteurs de l’intégration africaine : par exemple, la Nile Basin Initiative fut créée dans
l’objectif d’apaiser les tensions autour du Nil. L’organisation organise des rencontres
entre les 13 ministres des pays traversés par le Nil.

Focus : le Sahara occidental, l’impossible dilemme de l’Afrique du nord

Tensions qui commencent dans les 60 avec la découverte de gisements de phosphate et d’eaux
poissonneuses dans le sud. Mouvement pour l’indépendance soutenu par le Polisario (Algé), mais
annexion par le Maroc le 6 novembre 1975 avec la marche verte. Révolte de la Mauritanie et de
l’Algérie (veut un accès à l’océan et le respect de ses frontières sahariennes). Montre bien la volonté
de leadership du Maroc et d’hégémonie de l’Algérie.
En 1975 le Polisario instaure la RASD reconnue par 74 pays, avec des attaques surprise au Mar et
en Mau. Construction d’un mur en 1988 qui isole le Sahara utile du reste de la région. Guerre
d’usure très couteuse pour la Maroc qui maintien en permanence 150 000 soldats.
Conflit qui enveniment toute la région avec l’aide de l’Algérie au Polisario depuis 1975, accord de
coopération entre Hassan II et Kadhafi en 1984. Algérie isolée au Maghreb.

Pour plus d’informations voici deux liens de l’émission des Dessous des Cartes d’Arte : bon
film  Le Sahara occidental

 Multiplication d’organisations régionales dont l’action est limitée par


l’hétérogénéité des niveaux de richesses et les divergences d’intérêts nationaux  :
L’Afrique compte plus d’une centaine d’organisations régionales mais seules quelques
unes présentent une réelle efficacité : Session Extraordinaire de la CEDEAO à Dakar
en Octobre 2013 : après la création d’une passeport commun au sein des pays
membres de la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest
créée en 1974), les pays membres projettent de lancer une monnaie commune et une
levée des barrières tarifaires. Cette organisation a mis en place une opération militaire
commune déployant 3300 hommes au Mali en 2013.

25
 Le partenariat intra-africain est largement renouvelé autour de la lutte commune
contre le sous-développement impulsée par l’extérieur : Ce renouveau a été
encouragé par les Programmes stratégiques pour la réduction de la pauvreté (PSRP,
2000) qui s’inscrivent dans les objectifs du millénaires pour le développement (ONU :
baisse de la moitié de la pauvreté entre 2000 et 2015). Ces programmes ont pour
objectifs de faite des Etats africains les principaux acteurs dans leurs stratégies de
développement, et s’opposent donc directement aux PAS des années 1980.
Conséquence : création du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de
l’Afrique) au sommet de l’Union Africaine de Lusaka en 2001, réunissant l’Algérie, le
Sénégal, le Nigéria, l’Afrique du Sud et l’Egypte. Le NEPAD a notamment lancé
l’initiative E-écoles pour développer l’enseignement des TIC au sein des lycées
africains (80 établissements ont été dotés d’un laboratoire comptant au moins 20
ordinateurs).

Focus : l’Union Africaine, succès ou échec ?

Organisation fondée en 1963 sous le nom Organisation de l’unité africaine pour renforcer la
coopération régionale et lutter contre le colonialisme. Objectif : solidariser les pays africains
confrontés à des problèmes similaires  Aboutissement du panafricanisme de Senghor
Mais fonctionnement difficile pendant la guerre froide car idéologies concurrentes. Nouveau départ
en 2002 avec sommet de Durban et changement de nom (passage à l’UA). Création d’un fond
monétaire africain pour limiter la dépendance aux capitaux du nord. Tentative de mettre ne place le
même système que l’UE, mais pas mal de divergences.
L’UA garde un droit d’ingérence dans les Etats  intervention au Darfour en 2007, et médiation
lors des élections de Ouattara (contre Gbagbo) en CV en 2011. Toutefois l’UA manque de moyens
pour atteindre tous ses objectifs.

26
Une mauvaise gouvernance africaine
L’environnement économique et politique n’est pas favorable pour attirer les investisseurs. Selon le
classement Doing Business de la Banque Mondiale, le continent ne compte que 8 pays parmi les 100 premiers
pays à l’environnement économique le plus favorable.

 Une mauvaise gestion des ressources


 Des investissements non-productifs, inadaptés et coûteux: exemple de la Basilique
Notre-Dame-de-la-Paix inaugurée en 1989 à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire par
Houphouët-Boigny, qui a coûté 120M$, soit 6% du budget de l’Etat. Des
investissements inadaptées comme une usine de beurre de karité au Burkina Faso
construite dans les années 1990 alors qu’il n’y avait pas de cultures de karité ni d’eau
dans la zone.
 Un Etat peu développeur : les Etats ont tendance à reposer sur des économies de
rentes au lieu de diversifier leurs économies : exemple du Nigéria, premier producteur
de pétrole brut en 2010, importe actuellement 80% de sa consommation local
d’hydrocarbures raffinées. Ainsi, l’industrialisation peine à s’enclencher dans cet Etat.
 Un manque de cohérence au sein des organisations régionales  : les Etats
privilégient encore leurs intérêts nationaux au détriment d’une véritable intégration.
Par exemple, le Maroc s’est retiré de l’Union Africaine en 1984 pour protester contre
l’admission en son sein de la République Arabe Sahraouie Démocratique, cette
dernière lui disputant la souveraineté sur le Sahara Occidental.
 La fragilité de l’Etat distributif : Modèle de captation de la rente et de la
redistribution (dépenses sociales mais aussi gonflement du secteur public). Or  prix
mat 1ère a fait s’effondrer les budgets des Etats et donc leur capacité de soutenir l’éco.
De plus fin de la guerre froide=fin de aides.

Focus : La difficulté des réformes : La panne des économies du «printemps arabe» : Les
islamistes n’ont su régler aucun problème structurel !

Renversement de Morsi alors que près de la moitié de la population vivait avec moins de 2 $/j. Mais
le nouveau pouvoir en place n’a pas de plan cohérent de relance de l’économie, le prêt du FMI ne
suffira pas. En Tunisie, les déséquilibres qui ont été au coeur du malaise de 2011 (diplômés-
chômeurs, déséquilibre de la croissance entre les régions côtières et les autres) sont toujours
présents, même si le pays renoue avec une croissance modérée en 2012. Situation aggravée par les
difficultés que rencontre l’UE, leur premier partenaire commercial.
Problème : Les partis islamistes au pouvoir n’ont aucune expérience politique et les coalitions qu’ils
ont créées pour accéder au pouvoir sont très hétéroclites. Les déceptions et frustrations suscitées par
ces gouvernements issus de la volonté populaire sont à la hauteur des espoirs qui ont été placés en
eux. Les pays de la région restent caractérisés par une captation des ressources économiques et
financières au profit d’une oligarchie rentière. Les banques distribuent toujours aussi peu de crédits
aux PME industrielles. La formation professionnelle n’est pas assez développée. Faible productivité
de l’agriculture en raison d’un sous-investissement chronique et d’un sous-emploi. Le maintien de
taux de change et la suppression des barrières tarifaires dans le cadre des PAS en 1980’s -1990’s ont
empêché toute spécialisation industrielle et ont encouragé l’importation au détriment de la
production locale.
Plusieurs stratégies pourraient être une solution pour le développement de ces pays sans compter
que le développement des échanges Sud-Sud permettrait aussi des gains de productivité
considérables. Surtout dans le secteur agricole (expertise du Brésil et de l’Inde) Ont beaucoup à
apprendre de l’Asie. Enfin, les pays arabes doivent développer une vision plus ambitieuse de

27
l’intégration régionale (s’inspirant de l’ASEAN par exemple)

 Etat peu vertueux


 Milieu politique corrompu : le diamantaire Beny Steinmetz a obtenu la concession de
la mine de fer de Simandou par le gouvernement de Guinée pour 150M$ en 2008, loin
d’être le prix véritable. Celui-ci l’a revendu en 2010 pour 2,5MM$.

 Collusion avec des réseaux mafieux et de contrebande : Dans son ouvrage Les
gemmocraties. L’économie politique du diamant en Afrique, Desclée de Brouwer
explique comment les minerais à haute valeur spécifique sont dans les mains de
réseaux mafieux ou de contrebande. « Gemmocratie » : terme inventé pour désigner
les Etats où les sociétés douteuses et le pouvoir politique sont très étroitement liés. Par
exemple, Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, est lié au réseau mafieux dans
son pays. En 2003, l’ONU l’accuse de trafic de pierres précieuses et de trafic d’armes
avec les rebelles du FNPL (Front National Patriotique du Libéria). Pendant que le
« pays légal » se rétrécie, le « pays réel » échappe à son contrôle : développement des
mafias et réseaux illicites qui prennent pied sur es territoires les moins contrôlés.
L’Etat se criminalise pour tenter de trouver les ressources qui lui permettent d’assurer
sa fonction « patrimoniale » (L’Etat ne peut tailler dans certaines dépenses sous peine
de déstabilisation politique).

 Détournement de fonds par l’ethnie dirigeante  : L’ethnie désigne un groupe aux


caractéristiques culturelles communes et dont les membres se sentent liés par un
sentiment d’appartenance ; affirmation africaine de l’identité collective. Les
Européens vont classifier les populations pour faciliter l’administration. Ils
subdivisent la société en ethnies S’ils ne peuvent s’appuyer sur un pouvoir déjà
structuré dominé par des élites, ils créent des ethnies (Linglas au Congo). Si cela
s’appuie sur la logique hiérarchique africaine, ce système est source de corruption voir
de luttes sanglantes pour le pouvoir (cf Rwanda). Le général Mobutu, président de la
république du Zaïre de 1965 à 1997 a ainsi accumulé 6MM$ pendant ses mandats.
L’accaparement des richesses se fait au détriment d’une redistribution équitable (cf.
continent de la pauvreté).

 Une dangereuse montée des communautarismes, conséquence de la


mondialisation : La xénophobie se répand : « l’ennemi extérieur » (diasporas et
travailleurs immigrés) est la cause de tous les maux, d’anciens premiers ministres sont
accusés d’être étrangers (Togo, Côte d’Ivoire), la xénophobie est relayée par les
médias contrôlés par le pouvoir politique qui profitent de l’ignorance : « idéologie de
temps de disette » (A. Mbembé). Elle subit une récupération politique : Certains Etats
veulent remplacer le modèle colonial par un découpage selon le sur le critère ethnique
(exemple de l’ex-Yougoslavie). Mais cette recomposition aboutirait à une
fragmentation infinie. Le fait ethnique est plus présent aujourd’hui qu’après les
indépendances et permet parfois une meilleure gestion des territoires et des hommes :
une particularité de l’Afrique qui lui permettra de relever les défis de la
mondialisation ?

28
Le continent du sous-développement

 Les causes :
 Les choix économiques désastreux (cf. économie de rente et échec des stratégies ISI)
 Instabilité sur le continent (cf.) : elles sont responsables de famines (famine de l’Ogaden en
2000 organisée par l’Ethiopie afin de recevoir de l’aide financière internationale et de pouvoir
financer sa guerre contre l’Erythrée
 Mauvaise gouvernance (cf.) : la croissance économique n’a pas entrainé le développement.
Les revenus des économies rentières n’ont pas été mis au profit des populations (cf.)
 L’explosion démographique et le budget restreint des Etats  : Pop d’Af a doublé en 30 ans
et devrait atteindre 2MM en 2050 (230M pour le Maghreb). Mais données peu fiables
et recensements de population quasi impossibles dans les zones reculées. Exemple du
Nigéria : recensement de 63 après l’indépendance  chiffres gonflés par les chefs
locaux pour obtenir plus de postes administratifs. Nouveau recensement en 1995 
pop qui perd 30M d’hab comparé aux estimations. Aujourd’hui 160M mais peut être
moins quien sabe ? Cela pose un vraiment problème de développement … Au Bénin,
où la population a été multipliée par 3 entre 1960 et 2000, 40% du budget de l’Etat est alloué
à l’éducation mais seulement ¼ des enfants sont scolarisés.

 Les manifestations du sous-développement :


 Des indicateurs sociaux dramatiques : Taux de mortalité infantile en Afrique qui est
de 105‰ en 2012 contre 60‰ dans le reste des pays en développement. la BM utilise
la barre de 1$ par jour et par personne pour définir le seuil de pauvreté absolue : plus
de 50% de la population subsaharienne vit en dessous du seuil de pauvreté. Les 30
pays les plus en retard sont tous africains (sauf Haïti, Afgha), meilleur classement
Gabon 93ème … Mortalité infantile (80‰, 55‰ dans les PED ) en baisse mais toujours
la plus importante du monde, signe d’un système de santé décrépi et d’un manque
d’hygiène. Analphabétisme important à cause du manque d’infrastructures et du faible
taux de scolarisation. Efforts fait dans les 70, mais guerres en 80 ont beaucoup affaibli
les Etats et les budgets. Même si l’on peut constater des progrès depuis 05 avec
intervention des ONG ajrd : Scolarisation primaire 80% (86 monde), secondaire 30%
(60 m). Problème plus qualitatif que quantitatifs  Aujourd’hui alpha de 60% en
moyenne (=Inde).

 Le fléau de la malnutrition : selon la FAO, la malnutrition affecte plus de 200M


d’africains (contre 100M dans les années 1970). Causes : explosion démographiques,
faibles rendements agricoles et instabilité. De plus, les défaillances des infrastructures
africaines sont la cause d’un gaspillage de la production agricole (1/3 de la production
annuelle est perdue selon la FAO, faute de capacités de stockage).
Echec de la révolution verte en Afrique par rapport à l’Asie du Sud et de l’Est dans les
années 1960 : pas de subventions aux agriculteurs africains (à l’inverse de l’Inde) ce
qui a empêché la mise en place de systèmes d’irrigation et l’utilisation de fertilisants,
d’autant plus que la composition chique des sols ne s’est pas prêté aux semences
hybrides plantées en Asie.

 Des catastrophes sanitaires :

29
 Paludisme (ou malaria) : 1ère cause de mortalité en Afrique qui provoque la mort de
900 000 personnes par an en Afrique subsaharienne selon l’OMS. La maladie est
responsable de 12MM$ de perte annuelle du PIB. La défaillance des services publics
et d’infrastructures d’assainissement des eaux (seulement 2% des eaux sont traités en
Afrique) favorisent la diffusion des épidémies. 60% de la pop d’Afrique
subsaharienne n’a pas accès à l’eau potable. Ainsi, selon Roland Pourtier (géographe
et historien français), Yaoundé (capitale du Cameroun) devient une « ville poubelle »
où « le péril fécal » propage le choléra.

 Fléau du Sida : Premiers foyers dans les années 1980 en Afrique orientale qui suit 2
grands axe N/S et E/O avec comme centre les grands lacs. 1990 : basculement avec
recul des taux de contaminations Ouganda de 30% de la pop à 10% entre 92-02. En
revanche explosion du nombre de cas en Afrique australe 9 pays, 2% de la pop
mondiale pour 30% des cas de SIDA. Première cause de mortalité infantile, AS plus
grosse population avec 5M de séropositifs. En tout l’Afrique rassemble 2/3 des cas, et
70% des décès, pour seulement 14% de la pop mondiale. Mais gros progrès sur
l’accès aux trithérapies tous les pays africains <10% en 2002, aujourd’hui seulement
7/40 et 20>50%
La croissance démographique a été freinée par le SIDA, espérance de vie qui stagne
autour de 50-55 ans (70 monde) avec des reculs spectaculaires : Botswana 65 ans en
90 55 ans en 2010. Mortalité infantile qui est revenue au niveau de 90 (60‰ en AS)
Met à mal la solidarité des populations d’Afrique noires, avec le rejet des malades. Or
ces malades se regroupent en groupes parfois violents (orphelins) ou dans des sectes
ce qui renforce encore un peu plus leur isolement. (mais au moins il peuvent copuler
tranquilles).
Retombées aussi économiques avec une pénurie de main d’œuvre notamment
qualifiée (prostitution), baisse des revenus des exploitants mais aussi des ménages car
nouvelles dépenses (médoc, obsèques,…) et pas de nouveaux revenus.

 L’essor de l’habitat informel, fléau des Sud : 72% de la population urbaine d’Afrique
vit dans des bidonvilles, souvent au pourtour des grandes mégalopoles. Habitat
informel : Kibera = le plus grand bidonville africain (entre 700 000 et 1M d’habitants,
250Ha)
Dangerosité des espaces urbains sur lesquels sont installés les bidonvilles : les pluies
torrentielles provoquent régulièrement des glissements de terrain. En 2012, 6
personnes ont été tué par un glissement de terrain dans le bidonville de Mathare
Valley à Nairobi. L’absence de voiries empêche toute intervention des services
publiques.

 Les acteurs pour la sortie du sous-développement


 Vers un Etat développeur : l’exemple du Botswana et de l’effort porté sur
l’enseignement (les dépenses pour l’enseignement atteignent 9% du PIB, ceci a
favorisé une augmentation de la scolarisation notamment par l’augmentation du
nombres de professeurs passés de 1600 en 1966 à 10 000 en 1996.

 L’action humanitaire des ONG : Dans les années 1990, l’Afrique se couvre d’ONG
qui vont propager dans les médias l’image d’un continent dévasté (notamment pour
obtenir les dons les occidentaux). Au Kivu, l’ONG Adikivu rachète des terres
agricoles et les revend à crédit à de jeunes agriculteurs qui en sont privés. Cela permet
d’empêcher l’enrôlement dans les milices, et même dans ce cas précis une coopération

30
entre rwandais et burundais, passerelle de paix entre les 2 pays en conflit (garant de
stabilité) 5) L’échec du « containment humanitaire ».

 Mais l’action des ONG peut être fortement nuancée (Sylvie Brunel)Trop de
programmes d’aide inadaptés : Le Sahel est une région pauvre mais en mouvement,
dont les pays ont reçu une aide importante (10 à 15% de leur PNB) mais seulement
5% de l’APD. Cependant, M.-C. Gueneau et B. Lecomte accusent les ONG et les
agences d’aide dans la région d’imposer aux paysanneries leur propre système de
valeur (« biens fondamentaux ») pour le développement sans tenir compte des
priorités réelles des bénéficiaires, fondées sur les liens sociaux. Certes, l’aide a connu
des succès (infrastructures, hydraulique, santé publique, formation). Mais les plus
pauvres ne sont pas atteints par les programmes parce qu’ils sont trop peu organisés
collectivement, que leur vulnérabilité n’incite pas à prendre des risques. De plus, les
ONG éclipsent les services publics, ce qui compromet la construction des Etats.
L’aide peut gagner en efficacité si elle cesse d’être délivrée sans conditions et si les
pays la coordonnent eux-mêmes et l’inscrivent dans une planification globale.
L’ingérence humanitaire aide les populations abandonnées par les services publics. Ce
qui dispense les Etats de remplir cette mission (image d’une Afrique
dépendante)absence de politiques de développement.

 Combattre la faim, un défi loin d’être gagné : On constate une tendance inquiétante à
l’accroissement de la vulnérabilité et de la dépendance. La production africaine
augmente de 2% par an depuis les années 1960 grâce à l’extension des surfaces. Mais
croissance démographique de 3%  baisse de la disponibilité alimentaire. Mais il
existe un écart entre les données officielles et une réalité plus rassurante d’une Afrique
qui peut se nourrir et échanger en temps de paix. Selon P. Coulomb, 17 pays en
majorité africains (340 millions d’hab. en 1995, 1,1 milliards en 2050) forment un
« espace du risque majeur » (insécurité alimentaire), une diagonale de la faim de
l’Ethiopie au Mozambique en passant par les 2 Congos. Ils cumulent les déficits
alimentaires anciens et une transition démographique retardée.
Il s’agit de mettre en œuvre les conditions de la souveraineté et de l’indépendance
alimentaire. Conditions commerciales (revendications au sommet de l’OMC de Doha
et de Cancun) = fin des obstacles tarifaires et non tarifaires à l’exportation vers les
pays développés, fin des subventions massives (1 milliard par jour pour l’OCDE) à
l’exportation de denrées agricoles ; constitution du marché intérieur. Renforcement de
la recherche agronomique capable de promouvoir la petite agriculture familiale par la
formation, le soutien des prix, la mise à disposition de variétés améliorées. « Bonne
gouvernance » : avec la politique de privatisation, les paysans sont livrés à des
entreprises ou des intermédiaires qui les rémunèrent moins que des sociétés d’Etat
(moins de 15% du prix mondial)

 Des entreprises actives : Nestlé (Suisse) a mis en place le programme « Creating


Shared Value » qui a pour objectif de fonder 40 écoles en Côte d’Ivoire d’ici 2016

31
L’instabilité en Afrique 
La multitude de conflits à toutes les échelles freinent l’essor économique de l’Afrique et la maintient
dans le sous-développement Un bilan : En 2005, plus de 50% du total mondial de réfugiés se
trouvent en Afrique. L’ONU considère la corne de l’Afrique comme « le plus vaste camp de réfugiés
du monde ».

 Le continent des guerres civiles avec différents facteurs de conflits :


 Fragilité interne des Etats et pluri-ethnisme : La guerre civile opposant le
gouvernement rwandais constitué de hutus au front patriotique rwandais a eu pour
conséquence directe le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 (800 000 morts). Le
conflit s’est rapidement élargi aux pays voisins (Tchad, la Namibie, l’Angola et le
Zimbabwe) faisant de l’Afrique centrale le théâtre d’une véritable guerre continentale.
L’Afrique est le continent des guerres civiles fomentées par la diversité ethnique des
pays, héritage du découpage arbitraire de la colonisation. Ces guerres civiles ont des
conséquences majeures sur la croissance économique et le développement des pays.
Ainsi, au Mali, alors que le PIB avait augmenté de 4,6% par an entre 2006 et 2010, il
a diminué de 1,5% en 2012 suite à la guerre civile (cf.).

Focus : Le drame du génocide rwandais, la première « guerre mondiale africaine »

D’avril à juin 1994, plus de 800 000 personnes sont massacrées au Rwanda (sur une population de 8
millions)
Origine du génocide : la majorité démographique hutue, longtemps dominée par la minorité tutsie
qui a pris le pouvoir aux indépendances.
Le 6 avril 1994, un attentat détruit l’avion transportant les présidents rwandais et burundais 
génocide méthodique organisé par les hutus extrémistes contre tutsis et hutus modérés ; l’ONU
quitte le pays quand 10 casques bleus sont tués ; la France est mandatée par l’ONU au mois de juin
pour diriger une zone de sécurité ; une armée tutsie prend le pouvoir en juillet à Kigali.
Bilan : 110 000 génocidaires présumés sont emprisonnés, 2,5 millions de déplacés (Zaïre et
Tanzanie) dans des camps, où une épidémie de choléra fait 450 000 morts et fait affluer les agences
d’aide du monde entier.
En novembre 1996, le nouveau gouvernement rwandais forme une coalition armée dirigée par
Kabila. L’alliance vide les camps de réfugiés de la frontière. Bilan : 300 000 personnes sont
éliminées comme génocidaires au Kivu ; Rwanda, Burundi, et Ouganda (pauvres en matières
premières) prennent possession des richesses minières et diamantaires.
Une diagonale de la guerre coupe le continent en deux de l’Ethiopie (en guerre contre l’Erythrée)
jusqu’à l’Angola  les pays sur sa trajectoire sont déstabilisés (trafics, mafias, influences
internationales) par des convoitises sur les ressources géologiques.

 Les richesses naturelles, exemples du Katanga et du Biafra : Sécession du Katanga


pour préserver ses intérêts du communisme (riche en minerais) en 60 qui va
déstabiliser toute la région. Encore des velléités d’indépendance du Kivu avec le M23.
En 1967 les Ibo (SE) du Nigéria réclament leur indépendance avec comme enjeu
central des gisements de pétroles  soutien des compagnies pétrolières (Elf pour le
Biaf, Shell pour Lagos) victoire de Lagos et morcellement du pays pour réduire le
pouvoir des régions.
Par ailleurs, les matières premières et notamment le pétrole et les minerais, ont permis
de financer des guérillas. Exemple des « diamants de sang » qui alimentent de
nombreuses guerres comme au Sierra Leone (guerre civile de 1991 à 2002). Le

32
président libérien Charles Ghankay Taylor soutenait l’insurrection au Sierra Leone
voisin en fournissant des armes en échange de diamants.

 Au sein des villes : à Brazzaville, des milices ethniques s’affrontent entre d’une part
les Poto Poto (les migrants du Nord du pays) et les Bakongo (migrants du Sud). La
ville est donc fragmentée par ces conflits ethniques qui empêchent un environnement
économique stable et la construction d’infrastructures modernes.

Pour plus d’informations voici deux liens de l’émission des enjeux internationaux de France
culture : bonne écoute  Sahel : l'évolution de la conflictualité./Le Sinaï : nouvelle zone de non
droit
Pour plus d’informations voici deux liens de l’émission des Dessous des Cartes d’Arte : bon
film  Le conflit au Soudan

 L’échec des pacifications imposées par l’extérieur : L’ONU prend en charge les
opérations de paix directement (envoi de casques bleus), ou par mandat d’une force
étrangère (France Co) Mais les acteurs internes et externes des conflits ne veulent pas
la paix : la guerre permet l’exploitation des rentes et de s’assurer le contrôle des
richesses et des populations échec des processus de paix. Les instabilités et les
tensions sont responsables d’une grande partie des migrations sur le continent.

 Des conséquences dramatiques sur les pays de départ et d’arrivé  : La fuite des
populations d’un pays en guerre entraine d’une part des problèmes démographiques
pour ces pays (sous le joug de Macias Nguema (1968-1979), la Guinée Equatorial
perd 1/3 de sa population) mais également des problèmes sociaux pour les pays qui
accueillent ces réfugiés (gestion de quantités importantes de populations pauvres).
Des projets politiques peuvent aussi être la source de déplacements forcés ou
volontaires  Mugabe et sa politique de nettoyage des « ordures » a conduit à l’exil
de 4M de personnes
Dans le monde 10M de réfugiés+15M de déplacés25% en Afrique Sub-saharienne,
19% au MO.

 Les conséquences des printemps arabes : l’instabilité qui a éclaté au lendemain du


Printemps Arabe (2011 : renversement de Ben Ali en Tunisie, Kadhafi en Libye et
Moubarak en Egypte) a entrainé une diminution du tourisme dans les pays d’Afrique
du Nord, alors que le tourisme représente une manne financière considérable (9% du
PIB égyptien) : ex. le nombre de visiteurs au temple de Louxor a chuté de 70% entre
2011 et 2013.

Focus : l’Egypte, une transition ratée ?

L’Egypte dans l’engrenage de la violence et de la répressionL’Etat d’urgence a été prolongé de deux


mois, alors que l’armée tente de réduire par la force les derniers bastions des Frères musulmans
Le pays sombre dans l’engrenage de la violence. La répression s’est intensifiée face à une révolte
des partisans des frères musulmans qui ont investi plusieurs bourgades. L’opération de reconquête
se fait dans le sang.
Depuis le renversement de Morsi, 2000 membres des frères musulmans ont été arrêtés dont le porte-
parole qui manifestait pacifiquement.
Les partisans de Morsi s’en sont également pris aux minorités coptes: 3 églises incendiées, plusieurs
coptes tués.
Arguant de cette insécurité permanente, le gouvernement égyptien a prolongé l’état d’urgence qui

33
lui permet de maintenir la répression.
Le pouvoir en place, très critiqué, tente de limiter l’expression des médias notamment étrangers:
arrestations de journalistes, perturbation des émissions d’Al-Jazeera ou TRT...

 Terrorisme et piraterie : Après avoir été le point chaud de la piraterie mondiale, la


corne de l’Afrique est de plus en plus calme alors que le Golfe de Guinée est devenu
plus exposé que les côtes somaliennes !!! À raison de 300 bateaux attaqués en 2012
contre 440 en 2011, les actes de piraterie sont en recul sur la planète. S’explique en
partie par la diminution des attaques au large de la Somalie. L’opération «Atalante»
lancée en 2010 par l’UE et la présence accrue de marines de guerre dans la zone y ont
contribué. À l’inverse, d’autres zones connaissent un essor de piraterie. Ex : le Golfe
de Guinée, où 60 incidents ont été enregistrés en 2012 et 210 membres d’équipage
pris en otage. Coût des marchandises volées entre 25et75Md’€. D’ou une forte
inquiétude de la France, qui a 1 500 entreprises et 90 000 ressortissants en Afrique. La
zone est devenue l’une des priorités stratégiques de la défense française. Les
principaux types de navires attaqués sont les pétroliers, suivis des vraquiers et des
porte- conteneurs.

 La pacification de l’Afrique est un enjeu continental mais aussi mondial :


 Les acteurs internationaux cherchent à sécuriser l’Afrique et ses voies maritimes
stratégiques pour assurer le bon fonctionnement du commerce international  :
opération Atalante dans le Golfe d’Aden mise en place en 2008 par l’UE pour lutter
contre la piraterie dans la zone.

 Endiguer le terrorisme dans le monde devient un enjeu primordiale (surtout EU


depuis 9/11) pour assurer leur sécurité intérieure, l’exemple de la Somalie  : Les
chababs somaliens sont un facteur d’instabilité régionale. Evincé du pouvoir à
Mogadiscio, le groupe islamiste radical multiplie les attentats en Somalie et dans les
Etats voisins. Ces attaques sanglantes rappellent que malgré l’intervention française
au Mali, l’Afrique reste traversée par un arc d’insécurité. L’attaque a causé 70 morts
et 200 blessés. Le premier objectif de la récente attaque du mall Westgate de Nairobi
semble être de châtier le Kenya pour son intervention en 2011 en Somalie, qui a
permis de chasser en partie les Chabab du pouvoir. Aujourd’hui, ces derniers exigent
que Nairobi retire toutes ses forces. Le message est adressé aussi aux puissances
occidentales qui ont soutenu cette intervention. Faute de pouvoir continuer le combat
frontal, les chabab, chassés de Mogadiscio et de la quasi-totalité du pays, multiplient
les attentats.

 En plus de la paix, il y a une enjeu de développement  : les pays africains ont pris
conscience de la nécessité de la pacification de leur continent pour assurer leur
croissance économique et leur sortie du sous-développement : la création de l’UA en
2002 s’est accompagné de la création des Forces africaines de maintien de la paix (25
000 hommes déployés au Darfour en 2010).

Un bilan positif: Alors que 35 pays sur 53 étaient en guerre en 1995, ce nombre s’est réduit à 4
grandes zones d’instabilités aujourd’hui : Soudan (partition N-S, instabilité au Darfour) – Corne de
l’Afrique (Somalie) – Est du Congo (guerre issue du génocide rwandais de 1994) – Sahara
(sanctuaire d’Al-Qaida Maghreb islamique).

34
Les défis africains

 Défis externes : réduction de la dépendance économique par la


diversification des économies
 Le piège de la rente est un héritage du passé colonial : l’économie prédatrice mise en
place à l’époque coloniale par les puissances européennes a été un frein à
l’industrialisation du continent. La colonisation directe a en effet mis en place une
économie fondée sur l’exploitation des ressources naturelles et l’agriculture
d’exploitation. Ainsi se sont instaurées des spécialisations durables dans des produits
à faible valeur ajoutée (cacao en Côte d’Ivoire, le palmier à huile au Nigéria, etc.). Ces
spécialisations ont été maintenues après les indépendances sous forme d’économies
rentières. Ceci explique une dégradation des termes de l’échange depuis l’avènement
de la mondialisation où les pays africains importent des produits manufacturés à forte
valeur ajoutée tandis qu’ils continuent d’exporter des produits bruts à faible valeur
ajoutée.
Ainsi, l’économie de rente est omniprésente en Afrique. 90% des exportations
africaines sont constitués de produits bruts non transformés. Des pays africains sont
encore mono-exportateurs (la noix de cajou en Guinée-Bissau = représente 90% des
recettes d’exportations).
Conséquence : cela entraine une triple vulnérabilité de ces pays exportateurs :
Philippe Chalmin (historien et économiste français spécialiste des marchés des
matières premières) définit les matières premières comme une « malédiction »
 D’abord à l’égard de la volatilité des marchés mondiaux des matières agricoles
(cf. endettement années 1980-1990)
 Une dépendance à l’égard des FTN étrangères, maillons incontournables des
filières rentières (cf. café vert par 5 FTN). Ingérence économique des FTN
notamment pétrolières et minières qui exploitent des territoires au nom de
concessions, sécurisant leur activité avec l’armée nationale ou des sociétés de
mercenaires. Les privatisations imposées par les IFI ont entraîné un dépeçage
du patrimoine national par l’extérieur.
Puis à l’égard de la concurrence étrangère :
 Vis-à-vis des émergents : Entre 1960 et 2005, la production d’huile de palme
africaine dans la production mondiale est passée de 83% à 10%. Inversement,
l’huile de palme asiatique est passée de 16 à 85%.
 Vis-à-vis du Nord : les agricultures du Nord sont productivistes et donc plus
compétitives que les agricultures africaines (les rendements français s’élèvent
en moyenne à 125 quintaux par hectare contre 5 au Sahel). De plus, les
agricultures du Nord sont fortement subventionnées ce qui leur donne
l’avantage dans les marchés mondiaux (172MM$ versés aux paysans
américains en 2010 ou Europe dans le cadre de la PAC). Ainsi l’agriculture
africaine fait face à la concurrence déloyale de l’agriculture des pays
développés.

Focus : Les brillants représentent 50 % des revenus du Botswana

50% des revenus du pays, 30% du PIB et 80% des devises étrangères. OR d’ici 15 ans, les mines
atteindront leur pic de production !! DONC les autorités évoquent depuis déjà 30 ans la nécessité de
diversifier leur économie... Le développement d’un filière de taille et de polissage du diamant va

35
dans cette direction, mais il n’est pas certain qu’elle survive à l’assèchement des mines. Le Pays a
certes d’autres ressources comme le charbon, le cuivre, le nickel ou l’uranium, mais est enclavé et
ne possède pas assez d’infrastructures de transport pour atteindre la côte. D’autre part, grâce à sa
faune, l’industrie touristique pourrait se développer
Des constructeurs automobiles ont essayé de s’y implanter, mais le coût du travail est relativement
élevé et le marché intérieur est faible contrairement à l’Afrique du Sud.
Cher et lent, le réseau Internet local est aussi un frein aux investissements.
En 40 ans, 40 % des revenus tirés de l’exploitation des diamants ont été dépensés dans l’éducation,
dispense même des bourses pour que les étudiants aillent à l’étranger. Mais une partie en profite
pour émigrer définitivement...

 Défis internes :
Economiques
 Amélioration de l’environnement économique pour attirer les investisseurs : à cause
des infrastructures vétustes, et d’une main d’œuvre peu qualifiée, l’Afrique peine à
s’insérer dans la DIPP ainsi qu’à mettre en place une DAT à l’inverse de l’Asie. Par
exemple, la zone franche de Dakar créé en 1967 n’accueille que 8 entreprises, la
dernière s’étant installé en 1986. Néanmoins pour assainir son milieu des affaires et
mettre en place un environnement économique favorable, les pays africains ont pris
des initiatives comme celle de l’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en
Afrique du Droit des Affaires), créée en 1993 et qui a pour but d’améliorer le cadre
juridique. Les coûts de production se révèlent vite élevés. Causes : manque
d’infrastructures, insuffisante formation de la main d’œuvre, taxes et impôts, rôle des
entreprises publiques (paiement de hauts salaires, aménagement). Le marché intérieur
est trop réduit par la démographie et la faiblesse du pouvoir d’achat. Les élites locales
et bourgeoisies urbaines préfèrent les fabrications et les produits occidentaux importés
ou produits sur place plutôt que les produits locaux.
 Le problème de l’économie informelle qui est endémique en Afrique (80% des
créations d’emplois à Lomé se font dans le secteur informel) et qui a une triple
conséquence : d’abord, c’est une économie qui n’est pas fiscalisée et donc l’Etat ne
perçoit pas de recettes sur ces activités. De plus, les travailleurs ne sont pas protégés
par la législation du travail. Enfin, l’économie informelle peut entrainer des tensions
urbaines entre travailleurs informels et des entreprises formelles qui se plaignent
d’une concurrence déloyale. On peut retrouver tensions dans les CBD des
mégalopoles où des vendeurs informels sillonnent les rues : par exemple, pour régler
ces tensions entre les entrepreneurs et les Hawkers (vendeurs de rues) de Kampala en
Ouganda, les autorités de la ville ont mis en place un « plan de nettoyage de la ville »
en 2002 qui provoque l’expulsion des Hawkers du CBD. Cela montre aussi la grande
précarité du secteur informel.

Focus : une autre vision du secteur informel

L’emploi informel, clé du développement : Un ouvrage de référence sur les marchés du travail dans
les villes d’Afrique : Les Marché urbains du travail en Afrique subsaharienne par les chercheurs du
DIAL (Développement, institutions et mondialisation), mars 2013
Pour réduire la pauvreté en Afrique, il faut comprendre les ressorts de la croissance africaine. Il
rappelle que l’essentiel des créations d’emploi dans les villes africaines est informel : 55 % à

36
Antananarivo (Madagascar) et 80 % à Lomé (Togo)... L’exode rural n’alimente pas l’emploi salarié
non agricole mais le secteur informel !
L’urgence des politiques de l’emploi en Afrique est d’accroître la productivité du travail, plus que
de le réguler. Car le secteur formel n’est pas capable d’absorber la croissance de la population active
urbaine.

 Le problème du brain drain et de la fuite des élites africaines  : la fuite des élites
africaines coûte au continent d’abord parce qu’elles sont une source de création de
richesses manquante, et aussi parce que l’Afrique est obligé en contrepartie d’importer
des experts étrangers. Exemple de la fuite des médecins : 20 000 professionnels de la
santé émigrent chaque année de l’Afrique vers l’Europe ou l’Amérique Nord. Par
conséquence, ¾ des pays d’Afrique se situent en dessous du seuil minimum fixé par
l’OMC de 20 médecins pour 10 000 habitants. Les déficits de compétences qui
découlent de ces départs obligent l’Afrique à employer des experts médicaux
étrangers pour un montant de 4MM$ par an.
 Plus d’informations dans le Quid Migrations

Sociaux
 Une redistribution plus équitable : (cf.) le clientélisme lié au pluri-ethnisme des Etats
entraine un accaparement de la rente par l’ethnie au pouvoir, et ce au détriment des
nombreuses autres ethnies qui composent le pays.
 Amélioration du niveau de vie : (cf.) 3) L’ampleur des mécanismes de redistribution
 Les inégalités de revenu sont extrêmes (les 10% les plus riches disposent de 45% des
revenus) mais les mécanismes de redistribution atténuent ces clivages même si le
clientélisme est roi.
 Les transferts financiers concernent aussi l’étranger  : 1/3 des revenus de Cap-Vert
proviennent de remises
 Gérer l’explosion démographique : la croissance économique est absorbée par le coût
des investissements sociaux. L’explosion démographique devient un défi
incontournable pour certains pays comme le Nigéria. Avec le 38ème PIB mondial, le
pays n’est classé que 142ème au rang des IDH. Malgré ses revenus pétroliers
importants, le Nigéria peine à assurer le développement d’une population qui croît à
vitesse exponentielle : il naît chaque année plus d’enfants au Nigéria qu’en Europe et
à ce rythme, on estime que le pays devrait passer de 175M d’habitants en 2013 (7ème
population) à 433M en 2050 (3ème derrière Chine et Inde)
 Gérer l’urbanisation incontrôlée : (cf. bidonvilles). En 1950, l’Afrique ne compte
aucune ville e plus d’1M d’habitants. En 2010, elle en compte 38, dont certaines font
même partie des villes les plus peuplées au monde : Lagos (21M d’habitants), Le
Caire (16M)
 La protection de l’environnement : l’extraction du pétrole et des matières premières
ainsi qu’une agriculture exportatrice fortement consommatrice de produits chimiques
a entrainé la dégradation de l’environnement. Ainsi, 10% des sols sont dégradés en
Afrique. Les FTN sont responsables en partie de cette pollution : Total est condamné
à 200M€ d’amende en 2011 suite à la fuite d’un oléoduc à Djibouti. Le défi
environnemental concerne également les populations locales qui se voient menacées
par la pollution : la ville de Kabwe (Gambie) qui fait partie des 10 sites les plus
pollués de la planète et où les habitants ont en moyenne un taux de plomb dans le sang
40 fois supérieur à la limite fixée par l’OMS.
Problème des 3 D : désertification, déforestation, dégradation des sols

37
 Désertification : problème local aux niveaux des franges du Sahara, mais pas
généralisé. Souvent cyclique et pas irréversible
 Déforestation : intenses défrichements pour l’agriculture, la vente de bois et
l’extension des villes. Massifs attaqués seulement dans les zones de grandes
plantations, mais pas dramatique au niveau local (Europe au MA), problème
seulement dans les zones désertiques. Problème plus mondial avec moins
d’absorption du CO2
 Dégradation des sols : agriculture extensive sans intrants peut affaiblir les
sols, ruissèlement,… mais limité quand même car soins apportés par les pop
10% des terres abimées.
 L’aide écologique une nouvelle forme d’ingérence : Croissance démo, défrichements
agricoles, guerres dangers susceptibles pour l’environnement. Sommet de la Terre de
Rio en 92, protocole de Kyoto en 97 écologie enjeu mondialisé, multiplication des
ONG, comportements de conso des pays du nord (menace de boycott des bois du
Congo en Allemagne si mauvaise exploitation). Mais arrivée des Chinois fait reculer
les projets car pas de demande des consommateurs pillages des ressources. Risque
de « colonialisme vert » avec les nouvelles normes du marché du carbone qui
poussent les grands groupes européens à acheter des la forêt par exemple en Afrique.

38
Cartographie

39
Plans pour s’entraîner

L’Afrique peut-elle émerger ?


I. L’Afrique pénalisée par de nombreux handicaps
A) Des problèmes démographiques, socio-économiques et culturels internes à l’Afrique
 Continent en retard dans la transition démographique, doublement de sa pop en 25 ans empêche
tout dev
 Epidémie de Sida ou de palu qui affaiblissent les pop
Des économies en retard de dév
 Structures agri en retard qui ne permettent pas de dégager des excédents, pas d’agri intensive,
irrigation,..
 Déficit en infrastructures pas/peu d’industrie et IDE
 Secteur tertiaire improductif
Freins culturels
 Religions, statut de la femme, importance du clan

B) La responsabilité des gouvernements dans le non développement


 34/50 PMA sont en AF.
 Pays riches mais corruption, détournement des aides, clientélisme de la part des élites
 Essor incontrôlé des trafics et des guerilla
 Instabilité politique effraie les investisseurs.

C) Une top forte dépendance internationale


 Héritage de la colonisation, Détérioration des « termes de l’échange » Samir Amin
 Dépendance sur les cours et les techniques d’extraction
Dépendance politique
 Plan d’ajust struc imposés par le FMI
 APD, aides bilatérales
 Chinafrique  dépendance politique

II. Mais a des atouts importants à valoriser


A) Des avantages comparatifs réels
 Pop nombreuse, jeunes, langues inter, manque juste la formation  début au Maghreb
(téléphone)
 Main d’œuvre la moins chère du monde sans revendication (entrain de changer ex AF sud)
 Marché AF en plein essor notamment dans les villes, pour les petits services.
 Mais aussi des biens de consommations qui concurrencent aujourd’hui les produits chinois.
 Des ressources hors du commun potentiellement développantes (Botswana)

B) Liens avec l’extérieur enrichissants et susceptibles de contribuer à l’émergence


 Proximité des foyers de consommation, pétrole de Guinée
 Organismes de coopération Cotonou, AGOA
 Importance de la remise
 Entrepreneurs étrangers, Indiens, Chinois, Brésiliens, Japonais (Voitures en Af du Sud)

40
 Potentiel touristique important, contre saison.

C) Grande capacité d’adaptation des sociétés


 Secteur informel très dev donc économie souple
 Mobilité importante des pop africaines à la fois villes/campagnes mais même d’un pays à l’autre
 Adaptation aux nouvelles technologies avec internet, le paiement mobile,…
 Femmes de plus en plus dynamiques

III. Il existe cependant trop de disparités pour parler


d’un développement global de l’Afrique
A) Quelques pays émergent
 Ile-Maurice, Botswana seuls a avoir quitté la liste des PMA, politique distributives, MAIS peu
peuplés,…
 AS avec une industrie de plus en plus développée et diversifiée, bon système éducatif, alternance
politique,… MAIS beaucoup d’inégalités sociales
 Maroc/Tunisie seuls à réellement décoller sans trop d’inégalités. Proximité culturelle de l’Europe
aidant.
B) Des pays rentiers disparates
 Mauvaise redistribution de la rente
 Mauvais choix de développement  Algérie et le socialisme
 Infrastructures inadaptées
 Rentes agricoles incertaines CV

C) Une grande majorité d’Etats en crise


 IDH toujours très faible
 Crises politiques sans fin empêchant tout développement
 Kystes de développement

41
L’Afrique entre les puissances
Problématique : situation de dépendance géopolitique et économique, mais aussi indifférence du
Nord envers l’Afrique. Cela peut-il expliquer le maintien du contient dans le sous-dev ?
I. L’Afrique est le continent qui a le moins la maitrise
de son espace géopolitique et économique
A) Une situation de dépendance dans les termes de l'échange avec une détérioration de ces derniers.
FTN, bourses de mat premières, agri subventionnées au nord, pas de poids dans les négociations inter
B) Dépendance financière envers les bailleurs de fonds occidentaux, privés ou publics avec l’APD ou
les PAS. Combat de coqs par exemple avec la Banque des BRICS
C) Dépendance géostratégique avec la Francafrique, les accords militaires ou les interventions des
pays du nord (ONU, OTAN ,…)
II. Cela s’explique par les appétits des grandes
puissances mais aussi par des facteurs endogènes
A) Ambitions impérialistes des puissances du nord. Appétit pour les matières premières (golfe de
Guinée), volonté de se rassurer pour les puissances en déclin. Lutte contre le terrorisme et les trafics
pousse à l’ingérence. Conscience humanitaire
B) Faiblesse des structures étatiques, erreurs dans les sorties de sous-développement. Par exemple
fuite de cerveaux
C) Incapacité des pays africains à se regrouper et à rentrer ensemble dans le jeu des puissances, échec
du panarabisme. Pas de vrai leader de l’Afrique et guerres d’influence régionales
III. La sortie du sous-dev implique peut-être moins la
quête de l’indépendance que de l’interdépendance
A) La dépendance est la source du non dév avec le maintien de mono-exportation, appauvrissement
des pop, dette.
B) Ingérence du nord permet qq fois la résolution des conflits grâce à la médiatisation
C) Vrai problème est plus la marginalisation (2%du PIB) que la dépendance

42
L’Afrique dans la mondialisation
Problématique : intro sur les deux visites de Barack, celle de juin 2013 qui montre la nouvelle
importance du continent en tant que partenaire. Afrique apparait comme victime mais ne participe
t’elle pas à la mondialisation sous d’autres formes que la dépendance commerciale ?
I. L’insertion de l’Afrique dans la mondialisation est
limitée et inégale
A) L’Afrique marginalisée à l’échelle internationale
 Période coloniale qui a certes développé les infrastructures, mais qui a mis en place une structure
des échanges non développante
 Il y a même régression dans la part des échanges mondiaux 5% PIB en 70, 2,5% aujourd’hui et
1% de la prod industrielle
 Seulement 2% des échanges (PIB<Pays Bas).
 Zone d’ombre pour les IDE, 3% du stock

B) La dépendance
 Activité de mono-exportation, dépendance aux cours mondiaux.
 90% des exportations africaines sont le produit d’exportation de produits bruts
 FTN qui ont le pouvoir, Firestone Libéria 20% PIB
 plus de marge de manœuvre
 APD ≈ 5% du PIB
 Plans d’ajustement structurels dans les 70
 Néocolonialisme des infrastructures

C) Quelques pays sortent la tête de l’eau


 Avantages comparatifs : main d’œuvre nombreuse, jeune, la moins chère du monde, parle
francais, anglais
 Maroc : Dacia à Tanger, centre télé
 Des conditions favorables, accords de Lomé/Cotonou, African growth opportunity 2000.
 NEPAD, Af Sud premier investisseur du continent.
 Pôles touristiques importants

II. Crée de nouveaux problèmes et déséquilibres


A) Mondialisation est concurrente
 Importation de produits chinois/européens qui concurrencent l’industrie mais aussi au niveau de
l’agro alimentaire (cultures vivrières, tomates au Ghana)
 Marché du travail inter qui entraine un brain drain

B) Problèmes politiques
 Crises des dettes africaines dans les 80, avec parfois plus de 100% du PIB
 Corruption à grande échelle de la part des dirigeants  biens mal acquis par le clan Obiang saisis
par la justice française

C) Des dangers sociaux et environnementaux

43
 Extrémisme religieux qui se renforce et qui trouve de nouveaux canaux Mohammed VI sur YT
par AQMI
 Trafics illégaux de plus en plus importants, Golfe de Guinée plaque tournante de la cocaïne,
Cannabis, Diamants de sang, Piraterie
 Risques environnementaux car FTN peu regardantes sur les conditions de travail et d’extraction

III. Mais la mondialisation peut aussi se révéler


positive pour l’Afrique
A) Permet un certain développement
 Botswana qui réinvesti 40% de la rente diamantaire dans l’éducation avec le programme « un
ordi  pour un enfant ».
 Consommation de plus en plus diversifiée tant au niveau de la nourriture que des biens de
consommation
 Remise facilitée et encouragée avec le réseau Western Union
 NTIC d’un secteur prometteur, 500M de portables, 100M d’internautes en avance sur
l’occident Kenya 60% des transferts d’argent se font par portable, 5% en France

B) Développement culturel
 Sport avec la CAN ou le mondial de 2010 en Afrique du Sud
 Cinéma avec Nollywood qui produit plus de films de Hollywood
 Musique avec Mawasine à Rabat
 Littérature avec la négritude de Léopold Sendar Sengor
 Dynamique dans la Francophonie, tous les présidents de l’organisation sont africains : Bourguiba,
Senghor, Abdou Diouf

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L’Afrique, un continent indépendant ?
I. SUITE A LA COLONISATION, L’AFRIQUE CHERCHE A AFFIRMER SON INDEPENDANCE
POLITIQUE ET ECONOMIQUE
A. Jusqu’au 20ème siècle, l’Afrique est sous la domination directe des métropoles européennes (cf.) (éco,
politique, culturelle)
B. Les pays africains accèdent à l’indépendance et affirment leur autonomie géopolitique : (cf.
indépendances) – conférence Bandung et non-alignés
C. De nombreux pays se détournent du modèle de développement hérité de la colonisation (cf.)

II. MAIS LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT LANCEES DANS LES ANNEES 1970 N’ONT
FAIT QUE RENFORCER LA DEPENDANCE DU CONTINENT
A. Les stratégies ISI se soldant par un échec renforcent la dépendance financière et alimentaire du continent
- Dépendance alimentaire envers les grandes puissances : Earl Butz, secrétaire général américain de l’agriculture
en 1975 déclare « l’alimentation est une arme, c’est l’un de nos principaux instruments de négociations », créant
ainsi le principe de l’arme alimentaire
- Dépendance financière : mécanisme du surendettement des pays africains pendant les stratégies ISI qui les
rendent dépendants à la politique monétaire américaine (cf. Paul Vocker). Conséquence : (cf.) dépendance à
l’égard des institutions internationales qui réduisent la dette à des niveaux supportables contre PAS (cf.)

B. Les pays ayant fondé leur développement sur l’exportation de matières premières restent dépendants de
la conjoncture mondiale et de l’aide technologique (cf.)
- les économies rentières dépendent des accords tarifaires préférentiels qui leurs sont accordées (SPG : système de
préférences généralisées mis en place en 1968 par la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le
Développement Economique) : objectif de mieux intégrer les pays africains dans le système économique
mondial via la réduction de droits de douanes et des accords de préférences pour certains produits sans exiger de
contreparties de la part des pays bénéficiaires).

C. Enfin les économies africaines sont largement dépendantes des FTN (cf.) : de leurs achats et de leurs
technologies
- pour les achats : cf. café vert
- pour les technologies : le continent africain a besoin du savoir-faire des pays développés pour construire des
installations portuaires efficaces indispensables à l’exportation de leurs matières premières. Ainsi le Golfe de
Guinée est surnommé le Golfe Bolloré car le groupe français Bolloré Logistics possède et entretient la plupart
des infrastructures portuaires du Golfe (Douala au Cameroun, Lomé au Togo, et Free Town au Sierra Leone)

III. EN REALITE, DES LIENS D’INTERDEPENDANCE S’IMPOSENT ENTRE L’AFRIQUE ET LE


MONDE A PARTIR DES ANNEES 2000

A. L’ordre mondial a fomenté de nouvelles formes de dépendance depuis les années 2000
- L’attractivité des matières premières africaines a précipité la croissance de l’Afrique mais aussi une
nouvelle forme de colonialisme (cf. land grabbing & matières premières & sécurisation nécessaire qui passe
par l’intervention croissante des grande puissances) (expliquer le jeu de dépendances qui se fait des deux côtés)
- L’insertion dans la mondialisation des populations africaines qui a créé de nouvelles dépendances : les
remises : elles représentent 20% pour des revenus du Rwanda et sont en forte croissance (elles sont passées de
4MM$ en 2004 à 20MM$ en 2008). Création de dépendance qui se créé à l’égard d’une source de devises
variables, et qui est durable car il y a rarement un transfert de compétence des travailleurs émigrés qui envoient
les remises.
- Colonialisme vert et rente écologique : on peut observer le mécanisme d’interdépendance autour de l’enjeu
environnemental. D’une part, des pays européens mettent place des politiques vertes qu’elles imposent à des
pays en développement au risque d’entraver leur développement. Par exemple le projet REDD de Réduction des

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Emissions dû à la Déforestation et à la Dégradation des Forêts (2009) est un véritable cas d’ingérence qui vise à
réduire l’industrie du bois en échange de compensations financières. Certains pays africains ont tourné cette aide
en rente écologique, se rendant ainsi dépendants d’une nouvelle source de devises. La dépendance est également
au niveau du nord à l’égard de ces pays, car ils veulent réduire la hausse des gaz à effets de serre à l’échelle
planétaire. Sylvie déclare ainsi dans son ouvrage A qui profite le développement durable ? (2008) « le
développement durable est une machine contre le développement ».
B. Malgré la croissance économique, l’Afrique reste un continent sous développé tributaire de l’aide
international
- L’aide internationale économique est même devenu une véritable rente pour certains pays représentant
une source de revenus considérable : l’APD représente 23% du PNB du Burundi
- Ces aides créent une dépendance d’autant plus lourdes que 2/3 d’entres elles sont bilatérales et
conditionnées : depuis le discours de La Baule de François Mitterrand en 1990, l’aide internationale des pays
développés devient conditionnée notamment par la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme par
les pays récepteurs. Perte de souveraineté par l’ingérence des pays pourvoyeurs de l’aide humanitaire.
- La dépendance au niveau de l’aide internationale se fait également à l’égard de nouveaux acteurs,
notamment les ONG. Les ONG ont tendance à maintenir les pays africains dans l’assistanat. Par exemple, 74%
des rétroviraux distribués au Botswana sont fournis par des ONG dont Médecins Sans Frontières. Cette
dépendance est ainsi décrite par Marie-Christine Guéneau dans son ouvrage (Sahel : les paysans dans les
marigots de l’aide, 2000) : « la meilleure aide que l’on puisse apporter est une aide intellectuelle : faire cadeau
d’un savoir. Donner en cadeau des biens matériels, c’est rendre les gens dépendants. Par contre, leur donner le
savoir, c’est les rendre libres. » Elle oppose donc une aide matérielle des ONG qui maintient les Etats africains
dans un état de dépendance, et l’aide intellectuel permettant une formation de la population et la sortie du sous-
développement.

C. Les réactions des pays africains face à cette nouvelle dépendance ont entrainé des degrés de dépendance
en réalité variables
- L’Afrique du Sud est l’exception africaine car elle est à seule à disposer d’une économie diversifiée (cf.). Elle
bénéficie donc d’une indépendance économique plus affirmée, ce qui est d’ailleurs confirmé par son appartenant
au groupe des émergents (BRICS depuis 2010)
- Il y a une réelle fracture continentale entre une Afrique du Nord plus développée (IDH de 0,75) et donc moins
dépendante à l’égard des acteurs mondiaux, et une Afrique subsaharienne encore frappée par le sous-
développement (IDH de 0,39) et dont la dépendance économique et politique restent forte (excepté Afrique du
Sud).
- Enfin, les populations et les Etats africains rejettent ce néocolonialisme :
 En 2013, le président du Kenya Kenyatta a expulsé l’USAID (United States Agency for International
Development) car d’après lui, l’organisation agit selon une visée politique et non humanitaire
 La Chine peut être perçue comme une puissance néocoloniale : Tension due aux migrations importantes de
travailleurs chinois en Afrique (1M y vivent) et face à l’importation massive de produits manufacturé
chinois qui détruit le tissu industriel et l’artisanat locaux. Les conditions de travail exigées par les
compagnies chinoises ne sont pas acceptées : un gérant chinois d’une mine de charbon a été tué en 2012 en
Zambie lors d’une grève.

46
La place de l’Afrique du Sud en Afrique
Problématique : Depuis l’apartheid, elle cherche à s’ouvrir et devenir une puissance continentale
(investissement diplomatique, ambitions, volonté d’être un modèle de réconciliation) Est-ce suffisant
pour en faire une puissance émergente et « utile » ?
I. L’Afrique du sud apparait comme une puissance
régionale crédible
A) Elle a longtemps été marginalisée, l’empêchant de répondre à ce statut de leadership
 1910 : Union Sud-Africaine avec les ex-colonies
 1912 : Africain National Congress (messianisme noir)
 Reste un dominion du RU jusqu’au traité de Westminster de 1931 avant d’intégrer le Common
 Logique coloniale avec structures des échanges
 Ségrégation : 90% des Terres aux blancs, victoire du parti national en 1948, début de l’apartheid,
lois racistes
 Radicalisation du mouvement après les émeutes de Sharpville 1960 et l’interdiction de l’ANC
 1974 exclusion de l’ONU, boycott des JO par les af
B) En abolissant ce statut dans les 1990’s, l’AS peut prétendre incarner un modèle de réconciliation pour une Afrique
déchirée par les conflits
Transition exemplaire :
 Légalisation de l’ANC 89, libération de Mandela 90, Apartheid abolit par référendum 92 (70% de
Oui), élection de Mandela en 94.
 Nouvelle hymne avec un couplet en chaque langue

C) D’autant que l’Afrique du Sud dispose d’un potentiel évident pour être une puissance régionale
 7ème plus grand pays d’Af, 47M d’hab
 ¼ du PIB af, 350/500 FMN Africaines dans le Gauteng
 Atouts : capacités industrielles et ressources minières, structure bancaire, place boursière, maitrise
des transports
 Cf sectorisation : 9% 25% 66%
 2ème dépenses militaires du continent capacité de projection, discipline, armement

II. Elle a l’attitude d’une grande puissance africaine


A) Une ambition messianique de jouer un rôle à l’échelle africaine
 Destinée manifeste à l’Africaine (M’Béki)
 Veut être un modèle : la "nation arc-en-ciel"
 Coopération régionale politique et juridique
B) Des ambitions économiques élevées dans le cadre de projets régionaux privilégiant les intérêts nationaux
 SASU : union douanière en 1969
 NEPAD : 01, Nigéria, Egypte, Algé, Séné, condition favorables pour accueillir les IDE, dev
durable
 Souhaite faire entendre la voie de l’Afrique dans les instances inter
C) Des engagements diplomatiques et militaires spectaculaires…
 Coupe du monde 10, ouverture réussie

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 Diplomatiquement : s’oppose à l’unilatéralisme US, contre la guerre en Irak, veut un rééquilibrage
dans les institutions, médiation dans les conflits
 Militairement : intervention en Angola, Mozam, RDC
III. Mais l’Afrique du Sud apparait encore comme
une puissance et un modele a consolider pour
pouvoir vraiment jouer un role en afrique
A) Elle ne peut prétendre au statut de modèle sans avoir résolu ses problèmes de mal-développement
 Sida (6M) EDV  14 ans depuis 90
 30% de chômeurs, 1/2 sous le seuil (70% noirs)
 Violence endémique 30 000 meurtres/an
 Economie encore trop axée sur la rente

B) La précarité de l’équilibre interne ou les difficultés à s’émanciper de l’héritage de l’apartheid


 Echelle urbaine : ségrégat° socio-spatiale, gated townshi
 Exploitation agricoles blanches : 15000 ha, noires 3ha 30% de paysans sans terre
 Risques politiques avec le Zimbabwe, luttes au sein de l’ANC (Zuma à gauche, Patrick Lekota
fonde le congrès du Peuple contre Zuma)

C) Elle souhaite devenir une grande puissance, certes, mais il existe des limites quant à ses engagements de
puissance
 Interventions militaires pas hyper efficaces
 D’autre pays ont une vocation régionale (Nigéria, Maroc), influence des anciennes métropoles
 Perception de néocolonialisme (Eskom, Shoprite), tensions avec les voisins car fermeture des
frontières
 Intégration plus difficile car asymétrie avec un modèle centre-périphérie (Swazi, Botswa,
Namib//Zimb, Mozam//Angola, Tanzanie)

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La France et l’Afrique noire : out of Africa ?
Problématique : Une France historiquement présente en Afrique avec laquelle elle a noué des
relations d’amitié qui ont perduré avec des « colonisations injustes » (Sarkozy) et/ou des
décolonisations parfois difficiles mais oubliées (guerre de Madagascar en 1947 et Cameroun).
 Depuis les années 1990’s, cette présence française semble être remise en cause… Comment
l’expliquer ?
Manque de moyens face à la nouvelle concurrence, manque de volonté car la France a d’autres
horizons, savoir-faire ?

I/ UNE LONGUE TRADITION DE PROXIMITÉ AVEC L’AFRIQUE NOIRE A LONGTEMPS PU APPARAITRE


PROFITABLE

A/ L’Afrique noire a toujours fait partie des horizons géopolitiques français

Confère les arguments classiques de la colonisation du débat Ferry-Clemenceau (le dernier contre)
- Economiques : Matières premières, marché captif, profits espérés des IDE des colonies et/ou Etats indépendants
- Puissance : Renforcée Même si l’impérialisme peu à peu se révèle plus efficace (Cf : thèse de J. Marseille)
- Stratégique : apports pendant les guerres (tirailleurs), relais de puissance
- Civilisationnel et humanitaire : « le devoir de civiliser les peuples inférieurs »  Volonté d’apporter l’avancée
technologique au peuple : messianisme

Un intérêt géopolitique d’autant plus important car :


- Pas de puissances concurrentes
- Dépasse le clivage gauche-droite
- Peu coûteux par rapport au rendement

B/ En conséquence, la présence française est multiforme : référence au système de la


Françafrique

Il faut noter la capacité à rester malgré une décolonisation difficile en AN :


- Des Elites plus francisées qu’au Maghreb ou en Indochine + Pas de colons blancs
- Moindre attachement à l’AN  Espoir de partir pour mieux rester

Une France qui se maintient de diverses manières


- Humaine (200 000 expatriés dont 50 000 en CI) et militaire (bases à Djibouti et Centrafrique  Gendarme)
- Economique : Elf + entreprises industrielles (armes)
- Liens étroits avec les dirigeants : Bokassa, Mobutu, Bongo au Gabon, Houphouët Boigny) avec des partenariats
pour la sécurité au frontières, les flux migratoires,…
 Dozon évoque la naissance d’un Etat franco-africain : système Foccart

C/ Cette présence a pu apparaitre comme profitable autant pour la France que l’AN

Pour la France :
- Un pré carré qui lui offre une carte dans le contexte de la guerre Froide
- Zone Franc CFA (1% Franc) avantageuse pour le commerce
- Rayonnement culturel : Lingua Franca + Sert son image de terre des DDH, d’aide au Tiers monde (Cf Bokassa
83)

Pour l’Afrique :
- Un soutien qui empêche de basculer dans la GF (comme Angola et Mozambique) NOEI en 1975 (VGE)
- Aide profitable : APD, Lomé et Cotonou, accueil d’immigrés, Club de Paris pour alléger la dette

II/ MAIS DEPUIS LES 1990’S, LA REMISE EN CAUSE DE LA PRESENCE FRANÇAISE SEMBLE
INDENIABLE

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A/ Les manifestations du repli français sont assez spectaculaires
Deux raisons : La mort d’Houphouët Boigny en 1994 et les dévaluations du Franc CFA
- Présence amoindrie : 100 000 expatriés (CI : 20 000 en 1990 et 8 000 en 2005)
- Retrait des coopérants civils et militaires : Budget / 2 + plus que 5 bases +  coopérants civiles de 8 000 à 1 500
- Diminution de l’APD de 50% entre 1994 et 2003 (malgré les progrès démocratiques)

B/ Une France qui a une moindre capacité à imposer ses vues avec une succession
d’échecs
Echecs au Rwanda + incapable de résoudre la crise Ivoirienne + échec au Zaïre
 Perd son rôle de gendarme

C/ Cependant, La France n’est pas complètement partie de l’Afrique


Une volonté de rester (discours de Chirac et Sarkozy) et encore des intérêts économiques (zone
Franc = 17% exportations et 30% des importations + Elf) Une nouvelle politique Africaine et
envisageable

Les puissances concurrentes n’ont pas expulsé la France


- Afrique du Sud n’a pas les moyens de s’imposer à l’échelle Française
- Eu ne s’intéressent qu’aux espaces pétroliers et la Chine suscite de + en + de réactions
négatives

III/ CE REPLI S’EXPLIQUE PAR LE FAIT QUE LA FRANCE AIT DE PLUS EN PLUS DE MAL A MAITRISER
LES LEVIERS DE LA PUISSANCE EN AFRIQUE NOIRE

A/ En terme de volonté pour maintenir une politique africaine


- Une évolution des IDE manifeste : (30% en 9520% en 2000 10% en 2003)
- D’autres horizons : l’UE et PECO, voire l’UM + puissances asiatiques
- Une politique africaine de la France de plus en plus dénoncée par les français eux-mêmes
(réseaux, scandales Elf…)

B/ Parce-que la France est de plus en plus contestée par une Afrique changeante
- Ouverture à la mondialisation, urbanisation, démocratisation « Renaissance Africaine » de
Mandela
- Déception des Africains : la Pauvreté ne diminue pas,  délinquance, chômage, Sida, une
jeunesse frustrée + « des PAS qui conduisent à l’impasse »
 Incriminent les pays du Nord : soutien des dictateurs de la Françafrique (N’Guesso au
Congo, Biya Cameroun…)
Reproches de ne pas aider dans l’ouverture : fermeture des frontières, protectionnisme
agricole…

C/ Parce-que la donne géopolitique de l’Afrique a changé, ce qui affaiblit les moyens Français
La fin de la GF a eu un impact considérable :
- Accélère l’ouverture à la mondialisation et aux autres puissances Chine (« péril jaune » +
EU tournée des Grands Lacs de Clinton en 1998 pour  le pétrole :réserves importantes et
offshore facile à contrôler + lutte vs islamisme
- Remet en cause la légitimité de gendarme de la France (plus d’URSS)
- Possibilité pour de nouvelles puissances de s’affirmer contre la France (Mugabe spolie les
Blancs)

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 Cf Desmond Tutu : « Quand les blancs sont arrivés, nous avions la terre et ils avaient la
Bible, nous avons fermé les yeux quelques secondes, puis quand nous les avons rouvert, ils
avaient la terre et nous avions la Bible »

Conclusion : Précoce de considérer que la France a perdu l’Afrique même si certains faits
l’attestent. Finalement, elle finit par payer les turpitudes d’un système colonial qui a su prospérer
dans un contexte postcolonial de GF.
Une inversion est possible si l’on arrive à convaincre les Africains de pouvoir conduire une autre
politique
Mais … en a-t-on la volonté et les moyens ??

51
Afrique et Migrations
Intro :
 Attention à ne pas oublier les migrations internes
 Possibilité de parallèle avec l’Europe ou l’Asie (diasporas qui participent au développement)

Problématique : Dans le cas africain, les migrations sont-elles une véritable solution au problème du
surpeuplement et permettent-elles la mise à profit de son potentiel démographique OU ne font-elles
que déplacer ses problèmes vers d’autres destinations ?
I – Les migrations sont une solution valable au problème du sous-développement
A – Une réponse à l’accroissement démographique et à l’agriculture extensive
1) L’accroissement démographique 
L’Afrique représente 13% de l’humanité avec un taux d’accroissement record de 2.4%
→ Entraîne des migrations internes et internationales, notamment dans une Europe qui manque de
main-d’œuvre.

2) Le choix de l’agriculture extensive entraîne la nécessité de plus grands espaces agricoles, ce


qui peut entraîner un problème de manque de place pour les populations

3) De plus, les pays récepteurs sont attractifs du fait des progrès techniques

Ex : réseau de transport efficace en Espagne (sorte de « porte d’entrée » de l’Europe, ou encore
l’accès à l’information en grâce à Internet et aux téléphones portables qui permettent aux
migrants potentiels de s’informer sur les politiques migratoires des différents états et d’organiser
des réseaux de passeurs

B – Une réponse au problème de la mauvaise gouvernance en Afrique


1) La colonisation puis la décolonisation ont généré des flux migratoires vers l’Europe
(notamment l’arrivée de 1,5 millions de pieds noirs en 1962)

2) Les dictatures ou à l’inverse la quasi-absence de structures étatiques fortes en Afrique ont


entraîné de nombreux exils politiques du fait de la terreur imposée par les milices locales ou
par les armées (Liberia, Sierra Leone)

3) En conséquence de cette mauvaise gouvernance, des conflits éclatent et entraînent des


migrations internes et vers l’Europe.
Ex : Migrations intra-nationales en Ouganda où la population va à Kampala
Migrations continentales : la population du Darfour se déplace vers le Tchad

C – Les atouts des 3 types de migrations


1) L’atout de l’exode rural est l’urbanisation qui entraîne une augmentation de la scolarisation et
des facilités d’accès aux ressources
Néanmoins, il y a débat entre ceux qui voient la montée de l’urbanisation comme une chance
pour l’Afrique (comme Philippe Hugon qui pense qu’elle débarrasse les campagnes d’un
trop-plein de ruraux qui provoquent un afflux d’aide internationale avec tous les effets
pervers qu’on lui connaît, de plus, la ville est le lieu des nouvelles techniques et du haut
niveau socioculturel (émancipation des femmes)

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2) Atouts des migrations entre Etats d’Afrique 
Ex : En Libye : peu d’habitants et beaucoup de pétrole → Manque de main-d’œuvre
3 pays d’immigration nette : l’Afrique du Sud (du fait de son industrialisation), le Gabon et la
Libye (pétrole, économie de rente)
Tous ces facteurs économiques créent des éléments d’intégration plus forts que les
institutions
Ex : Golfe de Guinée : de grands ports exportateurs créent un marché intégré, et ainsi apparaît
une communauté économique entre l’Hinterland et les ports, sans structures institutionnelles.

3) Atouts des migrations Nord-Sud


Pour le Nord : la main-d’œuvre
Pour le Sud : transferts d’argent, souvent supérieurs aux montants de l’APD + apport culturel

II – Mais les migrations n’apportent que des solutions temporaires


A – Les migrations ne font que déplacer les problèmes au niveau intra-étatique
1) Les migrations de fronts pionniers ne font qu’encourager une logique extensive de
l’agriculture
Ex : En Tanzanie est menée dans les 70s une politique de front pionnier et de
« villagisation » : des regroupements étaient forcés dans les villages pour plus de peuplement
et un meilleur contrôle sur les populations (cf. maoïsme)

2) Les revers de l’urbanisation (thèse de Paul Bairoch, opposée à celle de Hugon exposée plus
haut)
Il y a un manque d’infrastructures dans les villes africaines, ce qui entraîne des risques de
pandémie (SIDA) et des problèmes de logement (bidonvilles). Aujourd’hui ¾ des migrants
campagnes/villes vivent dans des bidonvilles

3) De plus, l’urbanisation accélérée renforce la dépendance du Sud envers le Nord en renforçant


la logique d’enclave des économies (autre argument de Bairoch)
Ex : l’urbanisation s’accompagne souvent d’une occidentalisation de l’alimentation
→ Renforce la dépendance envers l’agriculture du Nord

B – Les migrations politiques (souvent entre Etats africains) sont source de tensions et
n’améliorent ni la gouvernance économique ni la gouvernance politique
1) La majorité des flux sont des flux de réfugiés (7 millions) : ils vivent dans des conditions
lamentables (des camps mal gérés par les ONG où règnent les mafias, la prostitution, la
criminalité… Le plus grand de ces camps se trouve en Guinée Bissau)
2) L’afflux de populations dans d’autres provinces aggrave les tensions sur le marché de
l’emploi et provoque des rejets xénophobes (parfois même à l’encontre de personnes
appartenant à la même ethnie)
Ex : concept d’Ivoirité en Côte-d’Ivoire

3) Et tout ceci peut créer des tensions entre les Etats africains
Ex : Au Darfour, le conflit oppose le Tchad et le Soudan, et chacun cherche à utiliser les
réfugiés pour soutenir son pouvoir.

C – L’envers des migrations Sud/Nord : une fausse solution au problème du sous-


développement
1) Les migrations clandestines ne font que déplacer les problèmes, d’autant que les conditions
de vie des migrants sont lamentables (misère, arrestations, expulsions…)

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2) Effet pervers des transferts financiers
Ex : localité de Kayes au Mali : les transferts financiers de maliens immigrés en France sont
importants mais ils donnent lieu à des dépenses improductives (conso de produits européens,
et dépenses somptuaires qui de plus favorisent les tensions entre les familles qui ont un des
leurs en Europe (et qui veulent montrer leur richesse) et les autres

3) Le Brain Drain est une véritable fuite des cerveaux, d’autant que le Reverse Brain Drain est
très limité

III – Pire encore, les migrations ne font en fait qu’aggraver les problèmes de l’Afrique, et ce à
toutes les échelles
A – Villes/campagnes : le problème du surpeuplement des villes
La création de ces ilots rend le territoire hétérogène, d’autant que les réseaux de transports sont
assez limités et que même si des capitaux reviennent vers les campagnes, ils ne favorisent pas
leur développement.
Mais les migrations campagnes/villes n’ont pas de caractère définitif : alternance ville/campagne
selon les périodes de l’année qui s’explique par la désillusion temporaire des bidonvilles

B – A l’échelle régionale : Afrique vide / Afrique pleine


1) Aggravation du phénomène car les migrations se font toujours vers les mêmes pays, d’où un
problème de surpeuplement et d’insertion des masses sur le marché du travail. De plus, les
pays de départ perdent une main-d’œuvre importante

2) Conséquences politiques et géopolitiques : expulsion des immigrés par les populations


Ex : Le Nigeria expulse des immigrés ou des réfugiés selon les retournements conjoncturels
(cacao..). Idem en Côte-d’Ivoire.

3) Tout ceci handicape fortement la solidarité panafricaine : appel à l’APD, aucune politique
migratoire commune au sein des organisations sous-régionales (les décisions se prennent
donc de manière unilatérale)

C – A l’échelle continentale : une perte de dynamisme pour l’Afrique entière


1) L’appel au Nord concerne d’abord les pays du Nord : l’Europe accuse les pays de transit
(ayant des problèmes de clandestinité) de passoire

2) Le potentiel démographique fuit vers le Nord, d’où des tensions car cela détermine des
formes de relations qui ressemblent à du néo-colonialisme : envoi de douaniers et de policiers
pour surveiller les frontières en Afrique du Nord.

3) Ces migrations vers l’Europe entretiennent l’afro-pessimisme dans les pays occidentaux :
image de misère et de cercle infernal de misère, d’où fatalisme, d’où désintérêt → Afrique
seulement vue comme pourvoyeur de pauvreté pour les pays du Nord, idée que l’APD ne sert
plus.

54
L’Afrique, le continent de la faim
Problématique : Un potentiel agricole conséquent, et parfois exportateur, par le passé elle parvenait
à subvenir à ses besoins, comment expliquer cela ? Responsabilité internes ou externes, ou
addition des 2 ?
I. Plus que tout autre continent, l’Afrique est
concernée par la faim
A) La situation alimentaire ne s’améliore pas
 Une spécificité qui perdure : 30M d’enfants, 25% de la pop
 Mal-nourris deux fois plus nombreux que dans les PED
 Aggravation depuis 10 ans 27/42 pays en état d’urgence, disponibilités alimentaires stagnent ou
régressent alors que la pop augmente
 Coût élevé : absentéisme, santé, moins de productivité
B) Cette malnutrition aboutit à des situations de dépendance réelle, mais différente selon les espaces
 Dépendance avec  des importations, situation aggravée par la mauvaise qualité des
infrastructures
 Afrique 30% des aides humanitaires
C) La carte du risque alimentaire montre que la situation n’est pas homogène
 Phénomène surtout rural (75%), <2500 kcal. Au Sahel, Madagascar
 Insuffisance du marché, des transports, frigos.
II. Les facteurs sont à differencier selon l’importance
de l’insecurité alimentaire
A) Plus que les conditions naturelles, les conditions sociales ou culturelles sont décisives
 Certes la nature joue un rôle important, sécheresse voire anthropisation
 Pression démographique croissante
 ¾ des pauvres sont ruraux, malnutrition, maladies et faible initiative de développement
B) Des conditions économico-juridiques
 Agriculture extensive insuffisamment productive, agriculture pluviale et exposée aux aléas
 Culture sur brûlis, pas d’intrants, rendements qui stagnent alors que X3 dans le monde depuis 60
 Minimisation des risques et diversification des plants
 Concurrence des importations (poulet UE Séné)
 Conditions juridiques peu favorables, dualisme entre grands domaines très productifs pour
l’exportation VS petites exploitations peu productives
 Agri peu présente dans les stratégies de développement, même les PAS
C) Des conditions politiques et géopolitiques
 Conflits et logiques de prédation
 Des interventions politiques peu concluantes : Mugabe, Tanzanie
 Instrumentalisation des aides, captation des aides, clientélisme

III. Les solutions sont difficiles à trouver en raison


des implications politiqueset géopolitiques

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A) Pas de fatalité à ce que l’Afrique possède des problèmes liés à la faim
 La famine a quitté les zones à risque (Sahel)
 Possibilité d’avoir une agriculture performante, on peut concilier vivrière et commerciale. Le
climat n’est pas un problème  Brésil
 Climat med favorable à tout type de culture, mais aussi hauts plateaux (fleurs coupées et haricots
Kenya)
 Terres en réserve d’intensification (4% des terres cultivées pour 15% des terres arables)
B) Mais il est nécessaire de réfléchir à une meilleure utilisation de l’aide
 Elle est parfois indispensable en cas de crise grave (depuis le Biafra) Intérêt des pays du Nord
(sympathie, géopolitique…)
 Mais elle a des effets pervers, longue et coûteuse, tue le marché, modifie les habitudes
alimentaires
 Il faut peut être la repenser : financière plus qu’alimentaire, acheter des produits en Afrique pour
participer à la croissance
C) Cela suppose de revenir à des solutions plus globales
 Libéralisation des échanges dans le cadre de l’OMC, avec ouverture des pays occi (normes
sanitaires) et la fin des subventions des pays développés.
 Remettre l’agri au cœur des politiques de développement (rév verte pour  productivité) nécessite
une meilleure gouvernance

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