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African Yearbook
of International Law
Abdulqawi A. Yusuf
LEIDEN | BOSTON
PART 1
Special Theme: Selected Papers on International Law and
Development in Africa Presented at the 2015 aail Conference,
Libreville (Gabon)
Introductory Remarks 3
Robert S.M. Dossou
7 The Law of the Sea’s Role in Steering Africa’s Blue Economy 214
Tafadzwa Pasipanodya
For use by the Author only | © 2017 Koninklijke Brill NV
viii Contents
PART 2
Notes and Comments / Notes et Commentaires
PART 3
Documents
Gérard Aïvo*
Introduction
« Aucun ordre social n’est possible dans un système de justice privée où p révaut
la loi du plus fort et le conflit permanent de tous contre tous »1. Cette affirma-
tion presque axiomatique du Professeur Robert Kolb concernant une réalité
générale fait penser à une autre à propos du continent africain. Il s’agit de celle
du Professeur Philippe Hugon qui affirme que : « Alors que le développement
est un processus long et endogène, l’Afrique est le continent des conflits, de
l’urgence et des tsunamis silencieux »2. Or, comme le précise avec pertinence
Kofi Annan, ancien Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies
(onu), dans son Rapport de 2005 : « il n’y a pas de développement sans sécuri-
té, il n’y a pas de sécurité sans développement, et il n’y a pas de sécurité, ni de
développement si les droits de l’homme ne sont pas respectés »3. Si la sécurité
comme une des conditions primaires du développement a toujours été une
évidence, à l’inverse, le développement comme une des garanties de la sécuri-
té, l’était moins.
Le développement peut être défini comme :
* Gérard Aïvo est Docteur en droit public de l’université Jean-Moulin Lyon 3 (France) et de
l’Université de Genève (Suisse), Enseignant-Chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi
(Bénin), et Chercheur associé au Centre de droit international de l’Université Lyon 3.
1 Kolb R., « Considérations générales sur la violence et le droit international », Annuaire fran-
çais des relations internationales, vol. 6, 2005, p. 28.
2 Hugon P., « Conflits armés, insécurité et trappes à pauvreté en Afrique », Afrique contempo-
raine, n° 218, 2006, p. 33.
3 Rapport du Secrétaire général de l’ONU : « Pour une liberté plus grande : développement, sé-
curité et respect des droits de l’homme pour tous », Document des Nations Unies, A/59/2005,
p. 6.
Quant à la sécurité, elle est perçue comme : « l’état d’un sujet (individuel ou
collectif) qui s’estime non menacé ou dispose de capacité de réponses face à
des dangers réels ou anticipés »5.
La question de l’interdépendance de ces notions se pose avec acuité dans
les pays sous-développés, notamment sur le continent africain en proie à des
conflits armés récurrents depuis la décolonisation des années 1950–1960, et
au terrorisme international depuis les années 1990. L’Afrique, relativement
épargnée jusque-là, est même devenue le « nouvel eldorado » du terrorisme
international suite au « printemps arabe » qui a conduit au début de l’année
2011 au basculement de certains pays arabes tels que la Tunisie et l’Egypte dans
des troubles internes sévères, et d’autres tels que la Libye, le Yémen et la Syrie
dans des conflits armés internes.
Un conflit armé peut être défini comme un affrontement armé entre deux
ou plusieurs Etats, ou des hostilités armées au sein d’un Etat entre les forces ar-
mées du gouvernement et des forces armées dissidentes ou des groupes armés
rebelles, ou uniquement entre des groupes armés6. Quant au terrorisme, il a
une connotation essentiellement politique qui lui confère une certaine sub-
jectivité, induisant une difficulté définitionnelle consensuelle et satisfaisante.
Cependant, des définitions parcellaires ou sommaires existent7 et permettent
d’avoir une idée de la notion. Selon le géostratège Gérard Chaliand, le terror-
isme désigne l’emploi de la terreur le plus souvent à des fins politiques ou reli-
gieuses8. Pour Jean Salmon, il s’agit d’un
tout acte, outre les actes déjà visés dans les conventions en vigueur sur
les différents aspects du terrorisme, les Conventions de Genève et la ré-
solution 1566 (2004) du Conseil de sécurité, commis dans l’intention de
causer la mort ou des blessures graves à des civils ou à des non combat-
tants, qui a pour objet, par sa nature ou son contexte, d’intimider une
population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation in-
ternationale à accomplir un acte ou à s’abstenir de le faire10.
Il faut dire que le terrorisme se distingue des conflits armés par sa méthode
et ses finalités, même si la frontière entre les deux notions devient de plus en
plus poreuse en raison du recours à la terreur par les belligérants dans certains
conflits armés11. En principe, les conflits armés sont régis par le droit interna-
tional humanitaire, alors que le terrorisme est soumis au droit international
des droits de l’homme. Cependant, en raison de l’enchevêtrement des deux
phénomènes dans certains contextes tels que les conflits en Irak, en Syrie, en
Palestine, en Libye, en Somalie et au Mali, l’application cumulative des deux
branches du droit international s’impose selon la Cour internationale de Jus-
tice (cij)12.
Il faut dire que ces deux thématiques, conflits armés et terrorisme, ont susci-
té un intérêt scientifique certain et ont fait l’objet d’une littérature foisonnante
notamment sur les aspects concernant leurs causes, leurs manifestations et
leurs conséquences humanitaires13, mais la doctrine s’est très peu intéressée
à leurs impacts socio-économiques, surtout en Afrique. Or, la multiplication
des conflits armés et le développement exponentiel du terrorisme ont des
conséquences dramatiques sur la stabilité des pays africains et entravent leur
développement structurel, institutionnel, social et économique14. On peut cit-
er les cas de conflits armés en Angola, au Nigéria, en République Démocratique
du Congo, en Sierra Leone, au Libéria, en Somalie, en Côte d’Ivoire, en Libye,
au Mali, en République Centrafricaine, et d’autres encore. A l’observation, il ap-
parait que ce sont, à quelques exceptions près15, des pays dotés d’importantes
ressources naturelles comme la République démocratique du Congo (rdc),
l’Angola, la Sierra Léone, le Congo-Brazzaville, le Nigéria, le Soudan et le
La plupart des économistes sont d’accord pour dire qu’après l’Europe, l’Amé-
rique et l’Asie, la prochaine zone de croissance et d’émergence économiques
dans les prochaines décennies est le continent africain16. Cependant, il faut
se rendre à l’évidence que le défi majeur de l’Afrique, depuis la décolonisation
jusqu’à aujourd’hui, est la stabilité politique sans laquelle aucune réforme éco-
nomique de fond ne peut être efficace et, par conséquent, le développement ne
peut être projeté de façon crédible et réaliste. Les conséquences économiques
des conflits armés et du terrorisme sur le développement des pays africains
s’observent sur les plans matériels (A) et des indicateurs économiques (B).
16 Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, Rapport économique sur
l’Afrique 2007. Accélérer le développement de l’Afrique par la diversification, Nations Unies,
2007 ; Bissog M., Chroniques pour l’émergence d’une Afrique rayonnante, Paris, L’Harmat-
tan, 2013, 196p. ; Ekanza S.-P., L’Afrique et le défi du développement. Des indépendances à la
mondialisation, Paris, L’Harmattan, 2014, 130 p. ; Remondo M., Sur le chemin du développe-
ment de l’Afrique, Paris, L’Harmattan, 2014, 217p. ; Kouassi R.N., Les chemins du développe-
ment de l’Afrique, Paris, L’Harmattan, 2008, 256p.
privées, 1.5 milliard de dollars pour les entités relevant de l’État et des col-
lectivités locales et 0.7 milliard pour l’État fédéral. Les dépenses de sau-
vetage et de déblaiement ainsi que les frais connexes ont été estimés à au
moins 11 milliards de dollars. La pointe de Manhattan a perdu environ 30
pour cent de ses superficies de bureau et de très nombreuses entreprises
ont disparu. Près de 200 000 emplois ont été anéantis ou délocalisés hors
de New York City, au moins temporairement23.
Certains auteurs estiment que les coûts directs de ces attaques du World Trade
Center aux États-Unis d’Amérique sont estimés entre 25 et 60 milliards de dol-
lars24. Ces importants dégâts matériels et financiers ont permis de prendre
conscience de la capacité de destruction massive des groupes terroristes
contemporains partout dans le monde.
En Afrique, ce sont les pays hautement touristiques qui sont les plus affec-
tés. En effet, lorsque les groupes terroristes attaquent les hôtels, les centres
commerciaux, les infrastructures balnéaires dans des pays dont l’économie
est essentiellement basée sur le tourisme tels que la Tunisie25, l’Egypte26, le
Kenya27, cela entraine un manque à gagner financier très important pour ces
pays. Il en est de même au Mali lorsque les mouvements du mnla, d’Ansar
Dine et d’AQMI ont détruit en 2012, au nord du pays, les monuments histo-
riques classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO et qui at-
tirent des milliers de touristes étrangers chaque année. Cette pratique n’est pas
spécifique aux mouvements terroristes en Afrique, elle s’observe également en
Irak et en Syrie où le groupe Etat Islamique en Irak et au Levant (eiil) procède
à la destruction systématique des moments historiques considérés comme
« anti-islamiques ».
Ces pratiques visent à faire fuir les touristes occidentaux que les groupes
terroristes considèrent comme des « infidèles aux mœurs légères » qui con-
tribuent à la corruption morale des cultures locales. Il apparait clairement que
les attentats contre les hôtels, les infrastructures balnéaires et la destruction
des monuments historiques et culturels affectent le développement du tour-
isme et des activités économiques connexes dans les pays cités, entravant ainsi
leur croissance économique.
29 Contrairement aux autres pays cités, ce ne sont pas les ressources énergétiques qui ont
aiguisé les appétits et exacerbé le conflit en Sierra Leone et au Libéria, mais surtout les
ressources diamantifères dont la commercialisation a permis de financer d’autres conflits
dans la région. La commercialisation de ces diamants mondialement connus sous le vo-
cable de « diamants de sang » est interdite par l’Accord de Kimberley adopté en mars 2002
et entré en vigueur en janvier 2003. Cf. (http://www.kimberleyprocess.com/).
30 La Chine, premier client du pétrole soudanais, est soupçonnée de soutenir les autorités
gouvernementales.
31 Agence France Presse, « L’Angola rêve d’être le premier producteur de pétrole en Afrique »,
Le Parisien, 29 avril 2014, disponible en ligne (http://www.leparisien.fr), consulté en avril
2014.
32 Kinua M., Ressources du Congo rdc, 2010. Document disponible en ligne (http://www
.partisocialistecongolais.com/index.php?option=com_content&task=view&id=19&Ite-
mid=35), consulté en mai 2014.
Plusieurs études ont montré le coût économique des conflits pour le dé-
veloppement de l’Afrique (Hiik, 2006). Ainsi, selon le rapport d’Oxfam, le
Raial et Saferworld (2007), environ 300 milliards de dollars ont été per-
dus, depuis 1990, en Algérie, en Angola, en Côte d’Ivoire, en République
Démocratique du Congo (rdc), en République du Congo, en Érythrée, en
Éthiopie, au Ghana, en Guinée, au Libéria, au Rwanda, en Sierra Leone,
en Afrique du Sud pour ne citer que ceux-là. Les pertes de l’Afrique dues
aux guerres civiles et insurrections s’élèvent à environ 18 milliards de dol-
lars par an. Ces conflits réduisent, en moyenne, l’économie africaine de
15%35.
33 Aïvo G., « La sécurité énergétique en situation de conflit armé », in Doumbé-Billé S., Défis
énergétiques et droit international, Bruxelles, Larcier, 2011, p. 319.
34 La Banque mondiale “Doing Business 2012” classe la rdc en 178ème position sur 183 pays.
35 Kinimo R.Y., « Impact du conflit armé sur l’accentuation de la pauvreté en Côte d’Ivoire »,
European Scientific Journal, vol. 9, n°8, mars 2013, p. 77.
36 On peut citer par exemple l’enlèvement d’Hervé Gourdel, d’origine française, le 21 sep-
tembre 2014 en Algérie par le groupe terroriste Jund Al-Khilafa qui a procédé à sa
décapitation.
terroristes du delta du Niger qui attaquent les compagnies étrangères et les in-
stallations pétrolières au Nigeria37. De même, les attentats du groupe terroriste
Boko Haram contre les entreprises nationales, mais surtout étrangères, les en-
lèvements de nationaux et d’étrangers, les attentats suicides dans les marchés
et les lieux publics38 ne sont pas de nature à faciliter le développement des ac-
tivités économiques au Nigéria et dans les autres pays africains tels que le Niger,
la Mauritanie, le Cameroun39 où le mouvement étend sa politique de la terreur.
L’on sait que l’insécurité est mauvaise pour les affaires parce qu’elle est
préjudiciable à la sécurisation des investissements. Les enlèvements, notam-
ment d’occidentaux, visent justement à les dissuader de venir investir dans
les pays en question, à limiter l’occidentalisation des cultures locales et à
créer une économie parallèle de financement du terrorisme, c’est-à-dire
« l’économie des rançons ». Or, les économies africaines ont, plus qu’ailleurs,
besoin d’importants investissements dans les différents domaines de la santé,
de l’éducation, de l’énergie, du transport, de l’agriculture, de l’industrie, pour
amorcer leur développement économique.
Au regard de ce qui précède, il ressort qu’aussi bien en période de conflit
armé qu’en situation de terrorisme la sécurité des ressources naturelles et
des activités économiques de l’Etat ne peut pas toujours être assurée, dans
la mesure où lorsque les groupes rebelles ou terroristes occupent une par-
tie du territoire national, ils exploitent anarchiquement les ressources qui
s’y trouvent.Les exemples de la République démocratique du Congo40, de la
37 Les groupes « Niger Delta People’s Volunteer Force (ndpvf) » et le « Movement of Eman-
cipation of the Niger Delta (mend) » ont organisé depuis 2006 des attaques contre les
installations pétrolières situées dans le Delta du Niger tout en exploitant illégalement
le pétrole qui s’y trouve. Or l’économie du Nigeria est dépendante de l’exploitation du
pétrole qui est sa principale ressource naturelle. Ce qui n’est pas rassurant pour les in-
vestisseurs et affaiblit le statut de puissance régionale du pays. Le Nigeria est le premier
producteur de pétrole du continent avec 2,2 millions de barils par jour et dispose des
dixièmes réserves mondiales. Il possède également les huitièmes réserves mondiales de
gaz. Cf. Sautreuil N., Delta du Niger : une lecture à l’échelle régionale d’un conflit interne
violent, Mémoire de Master 1 Relations internationales, Sécurité et Défense, Université
Jean Moulin Lyon 3, 2011, pp. 6–37.
38 Vicky A., « Aux origines de la secte Boko Haram : groupe religieux marginal dopé par la
misère, Boko Haram sème le chaos au Nigeria », Le Monde Diplomatique, avril 2012, dispo-
nible en ligne (http://www.monde-diplomatique.fr/2012/04/VICKY/47604), consulté en
juillet 2015.
39 Ngassam N.R., « Le Cameroun sou la menace de Boko Haram », Le Monde Diplomatique,
janvier 2015.
40 Rapport final du Groupe d’experts de l’ONU sur l’exploitation illégale des ressources natu-
relles et autres formes de richesse de la République démocratique du Congo, 2002.
41 Les rebelles occupaient entre autres les ports de Zwitina, d’Al-Hariga, de Ras Lanouf et
d’Al-Sedra, situés à l’Est du pays (la région du Cyrénaïque). Cela a entrainé la chute de
la production de 1,5 million avant la crise à 250 000 barils/jour. Cf. Agence France Presse,
« Libye : le pouvoir négocie avec les rebelles pour débloquer les ports pétroliers », Jeune
Afrique, 3 avril 2014.
42 Par exemple, l’ancien président libérien et chef de guerre Charles Taylor a été jugé par
le Tribunal spécial pour Sierra Leone. Reconnu coupable de crimes de guerre et crimes
contre l’humanité dont le trafic de « diamants du sang » et d’armes commis en Sierra
Leone entre 1996 et 2002, il est condamné à 50 ans de prison le 30 mai 2012 (tssl, Case
No. SCSL-03-01-T, para. 103) ; condamnation confirmée en appel le 26 septembre 2013. La
commercialisation de ces « diamants du sang » est interdite par l’Accord de Kimberley
adopté en mars 2002 et entré en vigueur en janvier 2003.
43 Sautreuil N., Delta du Niger : une lecture à l’échelle régionale d’un conflit interne violent, Mé-
moire de Master 1 Relations internationales, Sécurité et Défense, Université Jean Moulin
Lyon 3, 2011, pp. 6–37.
44 Sur les activités des sociétés militaires et de sécurité privées dans de nombreuses zones
de conflit, voir Adams T., Private Military Companies : Mercenaries for the 21st Century,
in : Bunker R.J. (éd.), Non-State and Future Wars, Frank Cass, Londres, 2003, pp. 54–67 ;
Hugo F., Lobjois P., Les mercenaires de la République, éd. Nouveau Monde, Paris, 2009,
pp. 224–226 et 355–412.
45 Cf., Olsson C., « Vrai procès et faux débats : perspectives critiques sur les argumentaires de
légitimation des entreprises de coercition para-privées », Conflits et Cultures, n°52, 2003,
pp. 20–21.
46 Selon Olsson C., « ces pratiques sont facilitées par les liens financiers et personnels étroits
existants entre certaines entreprises militaires et des entreprises d’extraction de res-
sources naturelles ». C. Olsson, op. cit., p. 20. Sur cette question, voir également Banegas
R., « De la guerre au maintien de la paix, le nouveau business mercenaire », Critique inter-
nationale, n°1, automne 1998, pp. 179 et ss.
Cette réalité n’a pas échappé à l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimen-
tation et l’Agriculture (fao) qui affirme dans son rapport de 2005 que :
Les conflits armés ont des répercussions aussi bien au niveau des moyens
d’existence des particuliers que de l’économie, dans son ensemble. Ils sont
synonymes d’insécurité alimentaire et entravent l’exécution des services
sociaux. Ils intensifient la pauvreté et la faim; privent les enfants d’école;
alourdissent le fardeau des responsabilités et la charge de travail des
femmes; augmentent la mortalité infantile et maternelle; contribuent à
la propagation du vih/sida, du paludisme et d’autres maladies et alour-
dissent les mesures prophylactiques et curatives; sont préjudiciables à
l’environnement, restreignent l’accès à l’eau potable et aux installations
d’assainissement et forcent les personnes déplacées à vivre dans des
abris insalubres et surpeuplés; ils minent la gouvernance, épuisent les
ressources nationales et creusent la dette nationale, entravant ainsi les
efforts déployés en vue d’atteindre les huit Objectifs du Millénaire pour
le développement50.
49 Kinimo R.Y., « Impact du conflit armé sur l’accentuation de la pauvreté en Côte d’Ivoire »,
op. cit., pp. 78–79.
50 Comité de la sécurité alimentaire mondiale de la fao, Rapport de la trente-unième ses-
sion, 23–26 mai 2005 : « Conflits et développement : un défi pour la réalisation des objectifs
du millénaire », p. 2.
53 Cf., Kinimo R.Y., « Impact du conflit armé sur l’accentuation de la pauvreté en Côte
d’Ivoire », op. cit., p. 72.
54 Pour plus de détails sur la notion, voir Duflot E., Lutter contre la pauvreté, Tome 1 : le dé-
veloppement humain, Paris, Seuil, 2015 ; Pallanca J.-L., Agir pour un développent humain
solidaire, Presse universitaire de Bordeaux, 2002, 196p.
55 Les pertes en vies humaines de la Première Guerre mondiale sont estimées à environ 9
millions, essentiellement des militaires, cf. le site du centre régional de documentation
pédagogique de Champagne-Ardenne (http://www.crdp-reims.fr/memoire/bac/1GM/
connaissances/bilan.htm). Le nombre morts de la Seconde Guerre mondiale est situé
entre 40 et 60 millions dont plus de la moitié était des civils, cf. le site de l’Académie de
Besançon (http://artic.acbesancon.fr/histoire_geographie/College/doccollege/troisieme/
H3NaBil.rtf), consulté en août 2015.
56 Par exemple, la première guerre du Golfe contre l’Irak (août 1990 à février 1991) n’a fait que
446 morts du côté de la coalition américaine et 170 000 à 250 000 morts irakiens (essentiel-
lement des militaires). Cf. « Le bilan de la guerre du Golfe », Le Monde diplomatique, ar-
chives 1990–2000, disponible en ligne (http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/irak/
bilan-guerre). La guerre russo-géorgienne d’août 2008 aurait fait 1008 morts selon le Cour-
rier International du 14 août 2009, disponible en ligne (http://www.courrierinternational
.com/breve/2009/08/14/bilan-humain), consulté en août 2015.
57 Cf. (http://www.afrique-express.com/archive/CENTRALE/rwanda/rwandapol/291ladiffi
culte.htm), consulté en août 2015.
58 Cf. (http://www.courrierinternational.com/breve/2011/02/11/des-combats-font-16-morts
-au-sud-soudan), consulté en août 2015.
59 International Rescue Committee (irc), « Mortality in the Democratic Republic of Congo »,
disponible en ligne (http://www.rescue.org/special-reports/congo-forgotten-crisis).
60 hcr, « Personnes déplacées internes », disponible en ligne (http://www.unhcr.fr/pages/
4aae621d3b0.html), consulté le 15 août 2011.
Ces personnes – en majorité des femmes et des enfants – qui ont été for-
cés de fuir la guerre, les violences ou les catastrophes naturelles, sont ex-
trêmement vulnérables et leur survie dépend souvent de la protection et
de l’assistance internationale61.
61 Document disponible sur le site du Département fédéral des affaires étrangères suisse
(http://www.eda.admin.ch/eda/fr/home/topics/human/hum/refco.html), consulté en
septembre 2011.
62 Il y aurait environ 2 millions de personnes qui essaient chaque année d’entrer illégale-
ment sur le territoire de l’Union européenne, dont 2000 périssent en Méditerranée et au-
tant dans l’Atlantique. Cf., Ziegler J., « Les réfugiés de la faim », Le Monde diplomatique,
mars 2008, p. 14.
63 Selon Amnesty International, depuis début 2014 à avril 2015, au moins 2000 femmes et
jeunes filles ont été enlevées par Boko Haram dont certaines sont soumises à l’escla-
vage sexuel, et d’autres contraintes au combat. Voir en ligne (http://www.amnesty.fr/
Nos-campagnes).
Conclusion
64 Selon le journal Le Parisien, Boko Haram aurait reçu 2,4 millions d’euros en 2013 pour la
libération de 7 otages français (la famille Moulin-Fournier). Voir en ligne (http://www
.leparisien.fr/).
65 Cf., Assemblée générale de l’ONU, « Les conséquences des conflits armés sur l’épanouis-
sement des enfants doit être au cœur des préoccupations nationales », Communiqué de
Presse, 9 mai 2002 (http://www.un.org/press/fr/2002/AG1287.doc.htm), consulté en août
2015.
66 Vicky A., « Aux origines de la secte Boko Haram : groupe religieux marginal dopé par la
misère, Boko Haram sème le chaos au Nigeria », Le Monde Diplomatique, avril 2012 (http://
www.monde-diplomatique.fr/2012/04/VICKY/47604), consulté en juillet 2015.
Les pays africains et les organisations régionales africaines, qui ont finale-
ment compris la nécessité de coordonner leurs efforts dans la lutte contre le
terrorisme et autres facteurs conflictogènes, doivent renforcer leur coopération
à travers une solidarité plus accrue pour éradiquer la pauvreté et la mal gouver-
nance qui en sont des terreaux fertiles. Les moyens économiques, techniques,
logistiques et humains adéquats sont également nécessaires pour le maintien
de la paix car l’Afrique ne peut exploiter tout son potentiel économique et
peser dans les relations internationales qu’après avoir rempli les deux condi-
tions primaires du développement que sont la paix et la sécurité. Dans cette
optique, la volonté politique affichée récemment par les gouvernements du
Nigeria, du Tchad, du Cameroun, du Niger, du Bénin et d’autres pays africains
de mettre en commun leurs moyens et de définir des stratégies communes
pour bouter le groupe terroriste Boko Haram67 hors du continent relève du
pragmatisme et du bon sens.
67 Le groupe terroriste Boko Haram s’est récemment rebaptisé « Organisation Etat Isla-
mique en Afrique », faisant ainsi allégeance au Mouvement terroriste international « Etat
islamique en Irak et au Levant (eiil) » très actif actuellement en Irak et en Syrie.