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MINISTЀRE DE LA FONCTION PUBLIQUE RÉPUBLIQUE DE CÔTE D'IVOIRE

------------------------- Union - Discipline - Travail


ÉCOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION ----------
------------------------
COURS DE PRÉPARATION AUX CONCOURS
D’ENTRÉE A L’ENA - SESSION 2022-2023
------------------------
DIRECTION DE LA FORMATION CONTINUE (DFC)
UP : RESUMÉ

CORRECTION DE SUJETS: RÉSUMÉ

Texte 1 : « Gagner la guerre contre le terrorisme »


De plus en plus, et en se rappelant les attentats spectaculaire du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, les
récents attentats de novembre dernier en France, les attaques quasi-quotidiennes au Nigéria, les
groupes terroristes démontrent leur capacité à déjouer tous les services de renseignements et les systèmes
de sécurité pour frapper très loin de leurs bases en diversifiant les méthodes. Même les pays développés
peinent à trouver la bonne formule dans cette guerre non conventionnelle contre un ennemi qui est
invisible et partout à la fois. Souvent, ces attentats sont dirigés ou perpétrés par des jeunes nationaux
issus des pays visés. L’Afrique n’échappe pas à cette triste réalité. Le Nigéria subit régulièrement les
attentats suicides et les enlèvements perpétrés par la secte islamiste Boko Haram rebaptisé Etat Islamiste
en Afrique de l’ouest. Le 15 janvier 2016, le Burkina Faso, qui sort fraichement d’une élection présidentielle,
vient de subir des attaques terroristes contre l’hôtel Splendid et le Café Cappucino à Ouagadougou. Ce
massacre revendiqué par Aqmi (Al Qaïda au Maghreb Islamique) a fait trente morts de dix nationalités
différentes.
Face à toutes ses attaques auxquelles même les pays développé ont du mal à faire face, on se
demande comment l’Afrique, déjà confrontée aux défis du sous-développement et aux crises à répétition,
avec une population de plus en plus exigeante, peut-elle réussir à gagner la guerre contre le terrorisme ?
La paix et la sécurité sont les préalables à toute action de développement. C’est p ourquoi l’Afrique a le
devoir d’ériger la lutte contre le terrorisme aux rangs des priorités.
Premièrement, il est clair que les pays ou régions en proie à l’instabilité politique et aux crises auront
plus de difficultés à faire face aux actions terroristes. Il est donc plus qu’indispensable pour l’Afrique de
soutenir et d’encourager le processus démocratique sur le continent par la participation effective de
tous les acteurs politiques en privilégiant le dialogue et les médiations africaines pour le règlement des
conflits et des crises.
Deuxièmement, la solidarité internationale doit être le maître-mot dans la lutte contre le
phénomène. Et cela passe par des échanges de renseignement, d’une part entre pays développés et pays
sous-développés, d’autre part entre les pays africains, ainsi qu’une mobilisation sans faille en rangeant
au placard les barrières idéologiques et les guerres d’intérêt économique. La solidarité internationale
contre le terrorisme devrait également prendre en compte la mise en place d’armées africaines, sous-
régionales dont l’efficacité reposera non pas uniquement sur la puissance de feu, mais aussi et surtout
sur la connaissance réelle du terrain ainsi que la confiance, la collaboration et l’implication effective des
populations.

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Troisièmement, les pays africains devraient accroître leurs efforts pour l’éducation, la formation et
l’emploi de la jeunesse. Il est évident qu’une jeunesse désœuvrée et sans éducation constitue une proie
facile pour les groupe terroristes dont les objectifs et les revendications restent souvent difficiles à
cerner. Aujourd’hui, force est de constater que les terroristes recrutent également sur internet, passe-
temps favori de notre jeunesse. C’est pourquoi, dans la course au numérique, les Etats africains
devraient se donner les moyens juridiques et technologiques pour empêcher la radicalisation des jeunes
africains.
Quatrièmement, au vu des méthodes utilisées et des revendications politico-religieuses émises par les
terroristes, on comprend que le terrorisme n’a ni nationalité, ni religion, ni parti politique. C’est
pourquoi la lutte contre ce phénomène doit transcender les considérations politiques et religieuse sen
impliquant, en première ligne, les autorités politiques, religieuses, coutumières, ainsi que les leaders
d’opinion. En effet, la vraie religion, épouses des vertus de la tolérance, du pardon, du vivre-ensemble et
le respect de la vie humaine qui est sacré, tout en évitant la stigmatisation, il appartient surtout aux
chefs religieux sans exception de donner des signaux forts par la solidarité dans l’engagement l’action
en apportant un soutien clair aux autorités politiques dans la lutte contre le terrorisme.
Enfin, aucun système de sécurité n’est infaillible à cent pour cent. Cependant, l’efficacité de toutes
ces mesures doit reposer sur le refus de la psychose qui est la première arme contre les terroristes.
ADJENBGE Koffi Victor, Fraternité Matin n°15 344 du 2 Février 2016, 667 mots

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Etude du texte 1
1-Thème
A partir les réseaux lexicaux, tels que le champ lexical de la lutte : -faire face à - Gagner la guerre -
Lutte contre - Accroitre leurs efforts –Empêcher - L’engagement - L’action - Première arme contre … ;
des répétitions de mots ou d’expressions comme Contre le terrorisme - Contre le phénomène –
Terroristes - Afrique, africains on peut conclure que le thème du texte est : la lutte contre le
terrorisme en Afrique.
2-Thèse
A la question quel point de vue l’auteur défend-il à propos de la lutte contre le terrorisme en Afrique
? La réponse est que L’Afrique a le devoir d’ériger la lutte contre le terrorisme au rang des priorités.
Cette thèse est mise en évidence par une phrase déclarative emphatique : « C’est pourquoi »
3-La visée argumentative
Convaincre les Africains -autorités politiques, religieuses, leaders, populations- l’urgente
nécessité d’agir contre le terrorisme
4-Schéma argumentatif
On peut recourir aux paragraphes pour déterminer le schéma argumentatif du texte. Par exemple :
Paragraphe 1 : Eléments factuels délimités dans le temps et l’espace en rapport avec les attaques
terroristes dans le monde (état des lieux). L’auteur part du Nord (E.U., pays industrialisés) au Sud
(pays Africains).
Paragraphe 2 : Problématique : ‘‘Face à toutes ces attaques…gagner la guerre contre le
terrorisme ?’’
Thèse : ‘‘c’est pourquoi…au rang des priorités’’
Paragraphe 3 : Argument 1 : la lutte par le recours au dialogue et à la médiation africaine pour le
règlement des conflits dans le cadre de la démocratisation de l’Afrique.
Paragraphe 4 : Argument 2 : la lutte par la mise en œuvre de la solidarité internationale Nord-Sud et
Sud-Sud.
Paragraphe 5 : Argument 3 : La lutte par une politique éducative Africaine inclusive, axée sur la
formation et l’emploi de la jeunesse.
Paragraphe 6 : Argument 4 : La lutte par la mutualisation des efforts de toutes les autorités en
particulier l’autorité religieuse.
Paragraphe 7 : Argument 5 : La lutte par la résistance à la peur
5-Idées selon les paragraphes
Paragraphe 2 : Par quels moyens l’Afrique parviendra, en dépit de ses problèmes, à combattre le
terrorisme.
La lutte contre le terrorisme est une priorité pour l’Afrique
Paragraphe 3 : L’Afrique doit poursuivre sa démocratisation en procédant toujours au recours au
dialogue pour résoudre ses crises.
Paragraphe 4 : La solidarité Nord-Sud et Sud-Sud est un atout dans la lutte contre le terrorisme. La
constitution d’armées sous-régionales puissantes et efficaces s’impose ainsi que l’adhésion des
populations.
Paragraphe 5 : La lutte peut être menée par une politique éducative africaine inclusive, axée sur la
formation et l’emploi de la jeunesse.
Paragraphe 6 : Le combat contre le terrorisme passe aussi par la mutualisation des efforts de toutes les
autorités et en particulier les leaders religieux.
Paragraphe 7 : La lutte passe enfin et surtout par la résistance à la peur

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Résumé du texte 1
Les terroristes, démontrent ainsi leur ingéniosité à faire le mal. Ils déjouent tous les systèmes de défenses
et de sécurité. Alors qu’on observe surtout une recrudescence de leurs attaques en Afrique de l’Ouest, il
faut se demander par quels moyens ce continent parviendra, en plus de ses nombreux problèmes, à
combattre le terrorisme qui s’accentue, car cette lutte contre le terrorisme doit être une priorité pour
l’Afrique. Pour réussir un tel pari, le continent noir doit poursuivre sa démocratisation, en recourant
toujours au dialogue pour résoudre ses crises socio-politiques. Les solidarités Nord-Sud et Sud-Sud
devraient être des atouts à utiliser. Il faudrait aussi constituer des armées sous-régionales puissantes
et efficaces, et susciter l’adhésion des populations. Par ailleurs, les autorités ne devraient pas négliger les
avantages d’une politique éducative africaine inclusive, axée résolument sur la formation et l’emploi de la
jeunesse. Le combat contre le terrorisme passe par ailleurs par la mutualisation des efforts de toutes les
forces vives des Etats africains en général et des leaders religieux en particulier. Elle passe enfin et surtout
par le refus de la peur.
180 mots
Résumé au 1/3

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Texte 2 : « L’évolution politique fulgurante »
L’évolution politique fulgurante qui a fait nommer 1960 l’année de l’Afrique, tend à masquer la
mutation prodigieuse qui affecte en profondeur la société négro-africaine. Cette mutation a, en fait,
commencé dès les premiers contacts coloniaux. La terreur du temps de la traite a fait place à la soumission
et l’admiration de la puissance matérielle et du savoir des Européens. D’où, chez le colonisé, les complexes
d’infériorité et les réactions de mimétismes parfois infantiles qui s’expliquent par le paternalisme.
Même quand la politique coloniale officielle visait la séparation des genres de vie dans les territoires
anglais, la société a quand même adopté bien des « manières de blancs ». Au Ghana, on roule à gauche,
les soldats sont habillés et marchent à l’anglaise, les juges portent des perruques comme dans les
tribunaux de Sa Majesté. Ces mimétismes ne disparaîtront pas de sitôt. Mais déjà le mouvement
nationaliste et toutes les émotions nouvelles qu’il véhicule, transforme aussi les mentalités. Le fait de
voir des Noirs, honorablement reçus par les plus hautes personnalités du monde, les avancées des plus
grandes puissances, font regarder les Européens avec des yeux nouveaux. Une dignité nouvelle
s’élabore : de nouveaux ferments travaillent la masse. La tenue locale, jadis délaissée par certains, est
désormais portée comme un drapeau.
L’influence de l’argent est une des forces les plus virulentes de désintégration de la société
traditionnelle. L’argent, au sens capitaliste de facteur d’accumulation, était à peu prés inconnu dans de
nombreux pays. Mais déjà les commerçants et certains politiciens savent le manier avec brio. (…) Un
reclassement des valeurs sociales s’opère. Par exemple, des gens de castes jadis méprisées mais devenus
gros commerçants, ont droit à la considération et ont préséance sur les chefs. (…)
L’esprit de profit, voire de spéculation apparait aussi. Des éleveurs, qui, jusqu’ici, ne considéraient
leur bétail que comme un capital dormant, tout juste destiné à soutenir le prestige de la famille, y voit
désormais une source de revenus et acceptent la commercialisation (…) Il y a donc un processus net de
classification sociale à partir de la société privée, surtout dans les pays très liés au marché capitaliste.
Quant aux femmes, elles commencent à mener campagne pour promouvoir leur dignité et leurs
droits. Ayant joué un grand rôle dans les mouvements de libération, dotées de l’égalité politique, elles
s’organisent pour supprimer certaines coutumes et participer au progrès général. Ce sont d’ailleurs des
pays indépendants qui, comme en Guinée, ont interdit les mariages précoces et protégé le choix de la
jeune fille. Néanmoins, la recherche de l’argent pousse, dans les villes, à la prostitution.
La ville est vraiment le laboratoire de la nouvelle société en gestation. Un Africain qui franchit cinquante
kilomètres pour aller de son village à la ville, franchit en fait quelques siècles d’évolution. (…) Tous les
ferments de la civilisation occidentale sont à l’œuvre ici et sont expérimentés de façon globale, c’est-à-dire
de la façon la plus révolutionnaire. Le passage dans les clous entre deux rangées de voitures conduit aux
files d’attente, au bureau de la main-d’œuvre.
La civilisation ne s’exprime pas dans ces pays par ses aspects les plus valables…deux sociétés sont
superposées car les techniciens européens qui sont présents jouissent parfois de la civilisation de
l’habitat occupant les plateaux ou les banlieues fleuries des villes dont les médinas grouillent de Noirs.
Leur présence a souvent développé la conscience aliénée du nègre. Cela a conduit à des rapports
professionnels parfois orageux. En effet, le syndicalisme s’est développé très tôt dans les milieux
urbains.
L’éducation, enfin, est une clé parmi celles de la transformation sociale en cours.
JOSEPH KI-ZERBO, Le monde africain noir ; 594 mots
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Etude du texte 2
1-Thème
La transformation de la société africaine
2-Thèse
Les différents facteurs des mutations sociales en Afrique
3-Eléments d’énonciation
-Temps verbaux : présent passé composé – imparfait
-Pronoms personnels : 3e personne du singulier et du pluriel
4-Schéma argumentatif
Développement des idées avec des exemples à l’appui. Constat des mutations sociales en Afrique
(arguments + illustrations)
5-Idées essentielles
Paragraphe 1 :
- « L’évolution politique ….. des Européens »
- « D’où chez ….. mimétismes »
- « Même quand ….. des Blancs »
- « Mais déjà ….. mentalités »
- « Une nouvelle dignité s’élabore »
Paragraphe 2 : « L’influence de l’argent ….traditionnelle »
Paragraphe 3 : L’esprit de profit…..commercialisation »
Paragraphe 4 : « Quant aux femmes…..leurs droits »
« Néanmoins…..prostitution »
Paragraphe 5 : « La ville……en gestation »
Paragraphe 6 : « Deux sociétés…..de Noirs »
Paragraphe 7 : « L’éducation…..en cours »

6-Reformulation des idées essentielles


Paragraphe 1 : Les indépendances africaines intervenues en 1960 font oublier les changements
profonds de la société. Cette situation a pris corps dès les premiers rapports avec les Occidentaux. La
violence et l’esclavage a fait place à la domination et à la fascination des biens matériels et du savoir
des européens. Malgré la séparation de mode de vie prônée par la colonisation anglaise, les noirs
épousent le comportement des blancs. Toutefois, les panafricaniste transmettent des messages qui
influencent les pensées des Africains.
Paragraphe 2 : l’impact de l’argent désorganise la société africaine qui devient mercantile.
Paragraphe 3 : Le gain est visible partout. Même les éleveurs croient désormais à la vente de leurs
bétails autrefois réservés à la consommation.
Paragraphe 4 : Les femmes luttent pour s’affranchir. Mais la poursuite du gain les pousse à la
prostitution dans les zones urbaines.
Paragraphe 5 : La ville est le symbole de la société moderne en devenir.
Paragraphe 6 : Deux civilisations se côtoient et cela crée une tension sociale parce que les Blancs
sont privilégiés.
Paragraphe 7 : La formation est déterminante dans la mutation sociale en place.
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Résumé du texte 2
Les indépendances africaines intervenues en 1960 font oublier les changements profonds de la
société. Cette situation prend corps dès les premières relations avec les Occidentaux. Ainsi, la
violence de l’esclavage fait-elle place à la domination et à la fascination des biens matériels et de la
connaissance des Blancs. Malgré la séparation du mode de vie prônée par la colonisation anglaise, les
Noirs épousent le comportement des européens. Toutefois, les panafricanistes transmettent des
messages qui influencent les pensées des Africains. Toutefois, l’impact de l’argent désorganise la
société africaine qui devient mercantile. Le gain est visible partout. Même les éleveurs, croient
dorénavant à la vente de leurs bêtes autrefois réservées à la consommation. Les femmes luttent
pour s’affranchir. Mais la poursuite du gain les pousse à la prostitution dans les zones urbaines.
Maintenant / Aujourd’hui, la ville est le symbole de la société moderne en devenir. Deux civilisations
se côtoient et cela crée une tension sociale parce que les blancs sont privilégiés. En définitive, la
formation est déterminante dans l’instauration de la société en mutation.
173 mots
Résumé au 1/3

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Texte 3
On peut être heureux partout. Il y a seulement des endroits où il semble qu’on peut l’être plus
facilement qu’à d’autres. Cette facilité n’est qu’illusoire : ces endroits soi-disant privilégiés sont
généralement beaux, et il est de fait que le bonheur a besoin de beauté, mais il est souvent le produit
d’éléments simples. Celui qui n’est pas capable de faire son bonheur avec la simplicité ne réussira que
rarement à le faire, et à le faire durable, avec l’extrême beauté. On entend souvent dire : « Si j’avais ceci,
si j’avais cela, je serais heureux », et l’on prend l’habitude de croire que le bonheur réside dans le futur et
ne vit qu’en conditions exceptionnelles. Le bonheur habite le présent, et le plus quotidien des présents.
Il faut dire : « J’ai ceci, j’ai cela, je suis heureux. » Et même dire : « Malgré ceci et malgré cela, je suis heureux.
» Les éléments du bonheur sont simples, et ils sont gratuits, pour l’essentiel. Ceux qui ne sont pas gratuits
finissent par donner une telle somme de bonheurs différents qu’au bout du compte ils peuvent être
considérés comme gratuits.
Il n’est pas de condition humaine, pour humble ou misérable qu’elle soit, qui n’ait quotidiennement la
proposition du bonheur : pour l’atteindre, rien n’est nécessaire que soi-même. Ni la Rolls, ni le compte en
banque, ni Megève, ni Saint-Tropez ne sont nécessaires. Au lieu de perdre son temps à gagner de
l’argent ou telle situation d’où l’on s’imagine qu’on peut atteindre plus aisément les pommes d’or du jardin
des Hespérides, il suffit de rester de plain-pied avec les grandes valeurs morales. Il y a un compagnon avec
lequel on est tout le temps, c’est soi-même : il faut s’arranger pour que ce soit un compagnon aimable. Qui
se méprise ne sera jamais heureux et, cependant, le mépris lui-même est un élément de bonheur : mépris
de ce qui est laid, de ce qui est bas, de ce qui est facile, de ce qui est commun, dont on peut sortir quand
on veut à l’aide des sens.
Dès que les sens sont suffisamment aiguisés, ils trouvent partout ce qu’il faut pour découper les
minces lamelles destinées au microscope du bonheur. Tout est de grande valeur : une foule, un visage,
des visages, une démarche, un port de tête, des mains, une main, la solitude, un arbre, des arbres, une
lumière, la nuit, des escaliers, des corridors, des bruits de pas, des rues désertes, des fleurs, un fleuve,
des plaines, l’eau, le ciel, la terre, le feu, la mer, le battement d’un cœur, la pluie, le vent, le soleil, le
chant du monde, le froid, le chaud, boire, manger, dormir, aimer. Haïr est également une source de
bonheur, pourvu qu’il ne s’agisse pas d’une haine basse et vulgaire ou méprisable : mais une sainte haine
est un brandon de joie. Car le bonheur ne rend pas mou et soumis, comme le croient les impuissants. Il est,
au contraire, le constructeur de fortes charpentes, des bonnes révolutions, des progrès de l’âme. Le
bonheur est la liberté.
Quand l’homme s’est fait une nature capable de fabriquer le bonheur, il le fabrique quelles que soient
les circonstances, comme il fabrique des globules rouges. Dans les conjonctures où le commun des mortels
fait son malheur, il y a toujours pour lui une sensation ou un sentiment qui le place dans une situation
privilégiée. Pour sordide ou terrible que soit l’événement, il y a toujours dans son sein même, ou dans
son alentour, de quoi se mettre en rapport avec les objets du dehors par le moyen des impressions que ces
objets font directement sur les sens : si, par extraordinaire, il n’y en a pas, ou si l’adversaire a tout fait pour
qu’il n’y en ait pas, reste l’âme et sa richesse.
C’est par l’âme que les rapports de couleur prennent leur saveur. C’est l’âme qui donne aux formes
leurs valeurs sensuelles. C’est de l’âme que vient la puissance d’évocation des bruits, et l’architecture
des sons. Ce bonheur ne dépend pas du social, mais purement et simplement de l’âme. À mesure que
l’habitude du bonheur s’installe, un monde nouveau s’offre à la découverte, qui jamais ne déçoit, qui
jamais ne repousse, dans lequel il suffit parfois d’un millimètre ou d’un milligramme pour que la joie éclate.
Il ne s’agit plus de tout ployer à soi, il ne s’agit que de se ployer aux choses. Il ne s’agit plus de combattre
(et s’il faut continuer à combattre sur un autre plan, on le fait avec d’autant plus d’ardeur), il s’agit d’aller
à la découverte, et quand on a les sens organisés en vue de bonheur, les rapports à découvrir se
proposent d’eux-mêmes.
L’aventure est alors ouverte de toute part. On n’attend plus rien puisqu’on va au-devant de tout, et on
y va volontiers, puisque chaque pas, chaque regard, chaque attention est immédiatement payée d’un or

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qui ne s’avilit jamais, ne se dépense pas, mais se consume sur place au fur et à mesure, enrichissant le
cœur et le flux du sang si bien que, plus la vie s’avance, plus on est doré et habillé, et plus tout ce qu’on
touche se change en or.
S’il faut en tout de la mesure, c’est là qu’il la faut surtout : et ne pas croire qu’il soit question de
quantités, qu’on ait besoin de Golconde, de Colchide, de Pérou, qu’il soit nécessaire de courir aux confins
du monde, ou même de changer de place, que rien ne puisse se faire sans situation, que le bonheur soit
l’apanage des premiers numéros. Non : la matière du monde est partout pareille, et c’est d’elle que tout
vient. Un bel enterrement n’est jamais beau pour celui qui l’a cherché. Le sage cultive ses sentiments et
ses sensations, connaît sur le bout du doigt le catalogue exact de leurs possibilités, et s’applique avec elles
à utiliser les ressources du monde sensible. Naviguant à sa propre estime entre le bon et le mauvais,
prenant un peu de celui-ci pour donner du sel à celui-là, ou l’inverse, cherchant la perle jusque dans l’huître
pourrie, la trouvant toujours, puisqu’elle vient de lui-même, il se fait une belle vie et il en profite.

Jean Giono, La chasse au bonheur,


Paris, Gallimard, folio, 1988, p. 100-104.
1035 mots
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Etude du texte 3
1-Thème
La quête du bonheur

2-Thèse
Les clefs du vrai bonheur se trouvent en soi.
3-Schéma argumentatif
Paragraphe 1 :
Idée générale : « il (le bonheur) est souvent le produit d’éléments simples »
Idées secondaires : « On peut être heureux partout » / « le bonheur habite le présent » / « les
éléments du bonheur sont simples, et ils sont gratuits pour l’essentiel »
Exemples : « ces endroits soi-disant…a besoin de beauté » / « Celui qui n’est pas
capable…exceptionnelles. » / « Il faut dire… je suis heureux »
Paragraphe 2 :
Idée générale : « Il n’est pas de condition humaine, pour humble ou méprisable qu’elle soit, qui n’ait
quotidiennement la proposition du bonheur : pour l’atteindre, rien n’est nécessaire que soi-même »
Idée secondaires : « Il suffit de rester de plain-pied avec les grandes valeurs morales. » / « Le mépris
lui-même est un élément du bonheur »
Exemples : « Ni la Rolls, ni le compte en banque… compagnon aimable. » / « mépris de ce qui est
laid… l’aide des sens. »
Paragraphe 3
Idée générale : « Dès que les sens sont suffisamment aiguisés, ils trouvent partout ce qu’il faut pour
découper les minces lamelles destinées au microscope du bonheur »
Idées secondaires : « Haïr est également une sorte de bonheur… ou méprisable » / Car le bonheur ne
rend pas mou et soumis »
Exemples : « Tout est de grande valeur… aimer. » / « le constructeur des fortes charpentes… de
l’âme »
Paragraphe 4 :
Idée générale : « Quand l’homme s’est fait une nature capable de fabriquer le bonheur, il le fabrique
quelles que soient les circonstances »
Exemple : « Comme il fabrique des globules rouges…l’âme et sa richesse. »

Paragraphe 5
Idée générale : « c’est par l’âme que les rapports… architecture des sons. »
Idée secondaire : « Il ne s’agit plus de tout ployer à soi, il ne s’agit que de se ployer aux choses »
Exemples : « A mesure que l’habitude… que la joie éclate. » / « il ne s’agit plus de combattre …
d’eux-mêmes. »
Paragraphe 6 :
Idée générale : « chaque pas, chaque regard, chaque attention est immédiatement payée d’un or qui
ne s’avilit jamais »
Exemple : « ne se dépense pas… change en or »
Paragraphe 7
Idée générale : « Le sage cultive ses sentiments et ses sensations, connaît sur le bout du doigt le
catalogue exact de leurs possibilités, et s’applique avec elles à utiliser les ressources du monde
sensible. ».

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Exemples : « S’il faut en tout de la mesure…qui l’a cherché. » / « Naviguant à sa propre estime…il en
profite »
4-Eléments d’énonciation
-Les temps verbaux : l’essentiel du texte est au présent de l’indicatif. Il y a néanmoins l’imparfait de
l’indicatif et le présent du conditionnel dans cette phrase : « Si j’avais ceci, si j’avais cela, je serais
heureux. »
-Les connecteurs: cependant, dès que, mais, car, au contraire, alors
-Pronoms : « on », « j’ », « je », « il », « ils ».

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Résumé du texte 3
Il n’y a ni endroit ni espace spécifique pour être heureux. Le bonheur ne dépend pas non plus des
bien que l’on possède. Au contraire, l’acquisition du bonheur réside en l’adoption d’attitudes
naturelles. Cela est un fait de tous les jours et ne devrait pas être différé d’autant plus qu’il n’existe
pas d’endroit unique où serait tout le bonheur. Les ressources pour acquérir cette félicité
sommeillent en chacun. Elle passe aussi par l’abandon de ce qui est nuisible et dont le rejet contribue
à rendre heureux. Ainsi, les sens peuvent-ils appréhender aisément les facteurs y contribuant et le
dédain des mauvaises mœurs affranchit l’individu et l’élève. En plus, l’homme avisé se sert de toutes
les situations pour se rendre heureux. Son âme l’ouvre à la sensibilité des choses à un tel point qu’il
s’adapte désormais aux situations plutôt que l’inverse. L’âme humaine est, en fait, l’une des entrées
du bonheur. Quiconque fait cette expérience est beaucoup plus confiant et aborde la vie avec
sérénité dans la mesure où sa satisfaction intérieure en est chaque jour enrichie. En outre, la sagesse
apparaît comme la connaissance de soi, de sa propre sensibilité, de son potentiel pour transformer
les limites à son avantage. C’est pourquoi, seul le sage est capable de bonheur, car il vit avec
pondération, ne cherche pas dehors ce dont il dispose en qualité en son for intérieur ; il peut vivre
heureux et libéré de toute pesanteur.
238 mots
Résumé au 1/4

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