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Titre: La lutte contre le terrorisme en Afrique: acte de bienveillance ou prétexte géostratégique? / Moda Dieng, Philip Onguny,
Issaka K. Souaré.
Noms: Dieng, Moda, auteur. Onguny, Philip, 1981- auteur. Souaré, Issaka K., 1976- auteur.
Collections: Politique mondiale (Presses de l’Université de Montréal)
Description: Mention de collection: Politique mondiale Comprend des références bibliographiques.
Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20190018712 Canadiana (livre numérique) 20190018720 ISBN 9782760640719 ISBN
9782760640726 (PDF) ISBN 9782760640733 (EPUB)
Vedettes-matière: RVM: Terrorisme—Afrique. RVM: Terrorisme—Afrique—Prévention.
Classification: LCC HV6433.A35 D54 2019 CDD 363.325096—dc23
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises
culturelles du Québec (SODEC).
Introduction
La coopération internationale
contre le terrorisme en Afrique
Indépendamment du pouvoir d’action de l’UA et des CER, la coopération
avec les autres États (notamment les puissances occidentales) et
organisations régionales et internationales s’avère nécessaire. De plus, pour
des raisons sécuritaires, mais aussi économiques et géostratégiques, le
continent africain se trouve au cœur des guerres internationales contre le
terrorisme. De ce point de vue, il devient impossible de débattre des
réponses à la menace sans tenir compte du rôle des puissances engagées
dans la lutte contre le terrorisme, qui mènent des actions unilatérales et
exercent une grande influence sur les États et les organisations africains.
D’ailleurs, dans le débat sur la lutte contre le terrorisme, la littérature
existante met généralement l’accent sur le rôle des puissances occidentales,
notamment sur la coopération qu’elles mènent avec les acteurs africains. La
coopération engage aussi des organisations multilatérales comme l’ONU et
l’Union européenne (UE).
Cette coopération, qu’elle soit bilatérale ou multilatérale, s’appuie, en
grande partie, sur des programmes de renforcement des capacités, lesquels
reposent principalement sur un programme sécuritaire: assistance militaire
et financière, formation des forces de sécurité, soutien logistique, partage
d’informations, etc. Cette approche est-elle efficace? Après plus d’une
décennie de programmes de lutte contre le terrorisme et de renforcement
des capacités de forces de sécurité africaines par des pays occidentaux, la
menace terroriste ne cesse de gagner du terrain. De plus, certains régimes
politiques profitent de l’importance qu’ils représentent dans le discours et la
coopération contre le terrorisme pour consolider leurs pouvoirs par des
politiques de répression. D’autres sont sollicités alors qu’ils ont les pires
bilans en matière de respect des droits de la personne et des libertés
fondamentales. La coopération contre le terrorisme semble aussi favoriser
la militarisation de l’aide au développement. En effet, les politiques
contemporaines montrent que l’aide au développement ne doit pas
seulement réduire la pauvreté, mais qu’elle doit surtout servir les intérêts de
sécurité nationale des donateurs (Abrahamsen, 2018). C’est aussi ce que
montrent Heinrich, Machain et Oestman (2017) dans leur étude sur l’aide
américaine à 46 États d’Afrique subsaharienne entre 1996 et 2011. Dès lors
qu’un pays africain abrite des groupes terroristes ou subit des attaques,
l’aide américaine augmente de manière substantielle et va essentiellement
au secteur de la sécurité. Enfin, alors que la coopération met en avant le
partenariat, elle se transforme souvent en coopération de substitution
(Emerson, 2014) ou en sous-traitance de la sécurité, les puissances
occidentales imposant en arrière-plan la manière dont elles conçoivent la
lutte contre le terrorisme.
***
1. Ce n’est qu’en 2008 que les autorités américaines ont retiré le nom de Mandela de leur liste des
personnes «terroristes» à surveiller (Le Figaro, 2008).
2. Il s’agit des huit CER suivantes: la Communauté économique des États de l’Afrique centrale
(CEEAC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Autorité
intergouvernementale pour le développement (IGAD, de son acronyme anglais), la Communauté de
développement de l’Afrique australe (SADC), l’Union du Maghreb arabe (UMA), la Communauté
d’Afrique de l’Est (EAC), le Marché commun pour l’Afrique orientale et australe (COMESA) et la
Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD).
Première partie
Définitions
et approches analytiques
Chapitre 1
Le phénomène du terrorisme
MONTASSIR NICOLAS OUFKIR
Dans le même sens, Blin (2006a, p. 82) note que l’acte terroriste est «un
acte politique dont le but est de déstabiliser un gouvernement ou un appareil
politique, où les effets psychologiques recherchés sont inversement
proportionnels aux moyens physiques employés et dont la cible principale,
mais non exclusive, est la population civile».
Ces multiples définitions se rejoignent dans leur insistance sur la nature
politique de l’acte ainsi que sur l’intention de son auteur de semer la terreur
dans la société cible. L’intention de l’auteur de l’acte terroriste devient ainsi
essentielle. Par exemple, un acte de violence commis contre un non-
combattant, sans motif politique, n’est qu’une agression et non un acte de
terrorisme. De même, si une personne accusée de terrorisme démontre
qu’elle a agi au titre de combattant œuvrant pour une cause légitime, les
actes qui lui sont reprochés peuvent perdre leur caractère illégal.
Nonobstant ces nombreuses tentatives de définition du «terrorisme» sur un
plan intellectuel, une définition juridique consensuelle du terme demeure
une cible mouvante, notamment en ce qui concerne son application à des
mouvements particuliers. En plus des considérations politiques générales, la
problématique des MLN constitue à elle seule un important point de
divergence entre les différents États membres de l’ONU dans le cadre d’un
projet de codification générale du terrorisme international2.
si les États membres se sont mis d’accord sur bon nombre des
dispositions du projet de convention générale, des divergences de vues,
à savoir s’il faut ou non exclure les mouvements de libération nationale
du champ d’application de la convention les ont empêchés de parvenir
à un consensus sur l’adoption du texte intégral. Les négociations se
poursuivent. De nombreux États définissent le terrorisme en droit
national en reprenant, à des degrés divers, ces éléments (HCDH, Fiche
d’information no 32, 2009).
tout acte ou menace d’acte en violation des lois pénales de l’État Partie
susceptible de mettre en danger la vie, l’intégrité physique, les libertés
d’une personne ou d’un groupe de personnes, qui occasionne ou peut
occasionner des dommages aux biens privés ou publics, aux ressources
naturelles, à l’environnement ou au patrimoine culturel dans le but
d’intimider, provoquer une situation de terreur…
***
Le terrorisme représente aujourd’hui l’une des menaces les plus graves qui
soient en matière de sécurité. Il est donc légitime que ce phénomène
requière l’attention de la communauté internationale et que les Nations
unies se concertent pour coordonner la réponse des États membres. C’est
dans cette optique qu’une définition universelle et consensuelle du
«terrorisme» semble nécessaire. Certains gouvernements saisissent le vide
juridique pour exercer leur pression sur tout individu ou groupe pouvant
nuire à leurs intérêts politiques à l’échelle nationale et internationale. Les
efforts doivent donc se poursuivre pour trouver, dans un avenir proche, une
définition consensuelle. Mais devant les obstacles politiques, l’on est
contraint de se contenter des définitions pouvant faire consensus dans une
région particulière. De ce fait, la définition que propose l’OUA apparaît la
plus consensuelle à l’échelle du continent. En effet, contrairement à la
définition qu’en a donnée l’ONU, elle établit au mieux les éléments
constitutifs d’un acte terroriste, la notion d’un individu terroriste ou d’un
groupe terroriste et du financement du terrorisme, tout en excluant les
MLN.
1. Les États-Unis, par exemple, ont adopté le Patriot Act (2001). Au Canada, ce fut la Loi
antiterroriste de 2015 et en Grande-Bretagne, le Terrorism Act de 2006.
2. Texte du projet de convention générale sur le terrorisme international A/C.6/65/L.10.
3. Le terme de «soft law» renvoie au contenu matériel de la norme. On parlera de «soft law» en
présence d’une règle dont le contenu normatif est faible ou peu contraignant. La valeur normative des
résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies est plus importante que celles du CS à cause
de son caractère démocratique. Par contre, elles sont peu contraignantes à cause de la structure
quelque peu oligarchique de l’ONU.
Chapitre 2
dans toutes les sociétés […], deux classes d’hommes apparaissent, une
classe qui dirige et une classe qui est dirigée. La première classe,
toujours la moins nombreuse, remplit toutes les fonctions politiques,
monopolise le pouvoir et profite des avantages qu’il procure, alors que
la deuxième, la plus nombreuse, est dirigée et commandée par la
première, de manière plus ou moins légale, plus ou moins arbitraire ou
violente, et lui fournit, au moins les moyens matériels de subsistance et
tout ce qui est nécessaire à la vie d’un organisme politique.
***
1. Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad
(HCUA), Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et d’autres minuscules groupes qui se forment et se
dessoudent au gré des alliances ou des guerres des clans. Ensemble, ils ont combattu l’armée
malienne en 2012.
2. Dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Dine fondé par Iyad Ag Ghali, le
Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), et plus récemment le Front de
libération de Macina.
3. Avant leur entrée dans la rébellion, plusieurs chefs touareg étaient députés à l’Assemblée nationale
ou ministres de l’État malien.
4. Une analyse des élites touareg montre que les Ifoghas (nobles, aristocrates) sont majoritaires dans
les mouvements indépendantistes, tandis que les Imghad (vassaux) demeurent majoritaires dans les
mouvements favorables aux gouvernements maliens.
5. Élites religieuses, élites économiques, élites traditionnelles, etc., qui peuvent transformer leurs
différentes ressources en influence politique et électorale.
6. Iyad Ag Ghali, né en 1958 à Boghassa, chef de guerre touareg malien, est un acteur central de la
crise dans le nord du Mali depuis 1990. Issu des Ifoghas, tribu dominante des Kel Adagh, il est à
l’origine de la création du Mouvement populaire de libération de l’Azawad (MPLA) entre 1988 et
1990, avant d’emprunter la voie de l’islam radical avec la création d’Ansar Dine, une organisation
terroriste.
7. Les Ifoghas cumulent le double statut de religieux et de guerriers et représentent donc le lignage
politiquement dominant de l’Adagh, celui dans lequel est choisi l’Amonékal des Kel Adagh.
8. Le terme Aménokal dont le pluriel est Imaneukalan recouvrirait plusieurs origines. Pour certains, il
découle de l’arabe ama (propriétaire) et akal (pays), ce qui signifie littéralement «propriétaire du
pays», ou amin (ministre) et donc amine el auqal (ministre des sages); aussi pour les Touaregs, il
provient du tamasheq amoun (représentant) ou «représentant du pays» (Barbet, 2016, p. 31).
9. El Hadj Ag Gamou, né en 1964 à Tindermène (région de Gao), est un militaire touareg malien. Il
est issu des Imghad, une tribu vassale selon l’organisation traditionnelle de la société touareg.
10. Bojan Ag Hamatou est le petit-fils de l’Aménokal Firhun qui avait mené la rébellion en 1914
contre les Français. Il est partisan de l’unité nationale malienne. Élu à plusieurs reprises à Ménaka
(7e région, Gao), administrateur général du cercle de Ménaka, chef traditionnel de la communauté
touareg, président de la section ADEMA de Ménaka et membre du bureau politique national, ancien
membre du conseil national de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), député de 1981 à
1991 pendant la dictature militaire du parti unique (3 mandats), 4e mandat (1997-2018) de l’ère
démocratique (entretien mené le 28 juin 2011 à l’Assemblée nationale).
11. Il fut membre du MPLA (1988-1991) du MPA (1991-1996), de l’Alliance démocratique pour le
changement (ADC) (2006), de Ansar Dine (2012-2017) et depuis 2017 du Groupe de soutien à
l’islam et aux musulmans (GSIM).
12. Hassan Ag Fagaga (lieutenant-colonel) est un déserteur de l’armée malienne qui a rejoint la
rébellion touareg par deux fois, en 2006 et en 2012. Touareg ifogha, il a combattu sous les ordres de
Iyad Ag Ghali au sein du MPA (1991-1996) avant d’être intégré à l’armée malienne avec le grade de
commandant, après la signature des accords de paix de Tamanrasset en 1991.
13. La cérémonie a eu lieu le 27 mars 1996 en la présence des deux présidents malien et ghanéen,
Alpha Oumar Konaré et Jerry Rawlings: 3 500 armes des anciens rebelles ont été brûlées et un
monument de la paix a été érigé.
14. Dont est issu Iyad Ag Ghali.
15. Alghabass Ag Intallah, fils de l’Aménokal, ancien bras droit d’Iyad Ag Ghali au sein d’Ansar
Dine, craignait d’ailleurs qu’avec la libération des villes du Nord par l’opération Serval, El Hadji
Gamou et ses hommes entrassent dans Kidal pour se venger de l’humiliation subie en 2012 et qui
l’avait contraint de fuir au Niger. C’est une des raisons supposées pour lesquelles les troupes
françaises de l’opération Serval auraient refusé d’être accompagnées d’El Hadji Gamou dans la ville
de Kidal.
16. Ibrahim Ag Bahanga est né dans les années 1970 à Tin Essako et est mort à Intadjedite le 26 août
2011 dans un accident de voiture. Membre de la tribu des Ifoghas, on le considérait comme le plus
radical des chefs rebelles.
17. Le 17 mai 2014, la visite du premier ministre malien Moussa Mara à Kidal provoque des
affrontements entre l’armée malienne et les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad
(CMA), qui finiront par s’emparer du gouvernorat.
18. L’Amonékal Ag Intallah Attaher est décédé dans la nuit du 18 au 19 décembre 2014 à son
domicile de Kidal.
19. Mohamed Ag Intalla est député de Tin Essako, région de Kidal, à l’Assemblée nationale du Mali
sous la bannière du Rassemblement pour le Mali (RPM), parti de la majorité présidentielle. Il en est à
son quatrième mandat.
20. La CMA est une union des mouvements rebelles du Mali fondée en octobre 2014 avec comme
premier président Bilal Ag Cherif. Celui-ci sera remplacé à la tête de l’organisation par Alghabass
Ag Intalla en décembre 2016.
21. Dans un entretien mené le 24 juin 2011 à l’Assemblée nationale du Mali.
Chapitre 3
La régionalisation du mouvement
À ses débuts, l’ARS opérait donc essentiellement dans le nord de
l’Ouganda. Ses principales cibles étaient les représentants et symboles de
l’État ougandais, sauf lorsqu’elle s’attaquait à des civils enlevés pour
conscription ou punis pour leur manque de soutien. Elle opérait parfois dans
certaines parties du Soudan du Sud. Cette région, aujourd’hui République
du Soudan du Sud, était déjà sous contrôle de l’Armée de libération du
peuple soudanais (SPLM), alors en conflit armé ouvert avec le
gouvernement soudanais de Khartoum pour l’indépendance, qui sera
acquise en 2011. Justement, pour réagir au soutien présumé du
gouvernement ougandais à la SPLM, le gouvernement de Khartoum a
parfois eu recours à l’ARS, notamment entre 1995 et 2005. En contrepartie
des services du mouvement, Khartoum est réputé avoir offert des soutiens
logistiques et financiers, mais aussi une base arrière à Kony et aux siens
dans leur lutte contre le régime de Museveni. Ce soutien soudanais s’est
avéré important pour la lutte de l’ARS à un moment donné. L’on comprend
donc très aisément le vide et la privation que l’arrêt de ces soutiens
soudanais lui aurait occasionnés.
En effet, après la signature d’un accord de paix global entre Khartoum et
Juba en 2005, le gouvernement soudanais et la SPLM n’avaient plus de
raison de continuer à se faire la guerre et, ipso facto, le gouvernement
ougandais n’avait plus de mouvement à soutenir contre son voisin du nord
(Kisiangani, 2011). Avec cette nouvelle donne régionale, les offensives de
l’armée ougandaise – par l’opération dite Coup de tonnerre (Lightning
Thunder) de 2008 – et de ses alliés ont porté leurs fruits, et l’ARS a été
contrainte de se disperser dans la région, allant jusqu’au sud-est de la
République centrafricaine (RCA), après un passage au Soudan du Sud et
dans le parc national de Garamba en République démocratique du Congo
(RDC). Il est ainsi largement soutenu que l’ARS n’opère plus en Ouganda
depuis 2008.
De même, à cause de ces pressions, y compris celles de la coalition
régionale établie pour la combattre, il semble que l’ARS n’ambitionne plus
une conquête territoriale en Ouganda. La principale motivation de ses
actions semble être aujourd’hui la survie de ses membres pour échapper à la
justice ou à la vindicte populaire.
***
1. L’acronyme français du mouvement, ARS, est peu usité dans la littérature, beaucoup préférant
l’anglais LRA pour Lord Resistance Army, y compris dans des traductions officielles de documents
des Nations unies en français. J’emploierai l’abréviation française, mais laisserai libre cours aux
auteurs cités avec l’usage de leur choix.
2. Après la défaite de ses forces, Alice s’est exilée au Kenya en novembre 1987 où elle est décédée
dans un camp de réfugiés en janvier 2007.
3. Ceci est un parfait exemple des groupes terrorisant les gens et prétendant le faire au nom de
l’islam, en violation flagrante des principes islamiques s’opposant à ce genre de pratiques.
4. Il est vrai que la menace de la CPI avait joué un rôle important dans la décision des chefs de l’ARS
de négocier avec le gouvernement ougandais. Mais il est aussi indéniable que c’est l’espoir de
bénéficier de la loi d’amnistie qui a davantage motivé la direction de la rébellion à sortir de la
brousse et à s’asseoir avec les délégués du gouvernement autour d’une même table de négociations
(ICG, 2006; Souaré, 2008).
5. Pour le cas de Dominic Ongwen, voir https://www.icc-cpi.int/uganda/ongwen/pages/alleged-
crimes.aspx?ln=fr (consulté le 6 juillet 2018).
Deuxième partie
***
1. Il s’avère aujourd’hui difficile d’obtenir des données sur le site d’AFRICOM et de les actualiser,
non seulement dans une perspective comparative, mais aussi pour vérifier les prédictions de l’auteur.
Chapitre 5
La France est l’une des puissances les plus impliquées dans la lutte contre le
terrorisme en Afrique. Avec l’opération Serval en 2013 au Mali, elle a mené
la plus forte réaction occidentale face à la menace sur le continent (Chivvis,
2015). Cet engagement militaire peut être appréhendé à partir de deux
facteurs: la forte présence de la France en Afrique et la montée en puissance
de groupes terroristes sur le continent. Du fait de son passé colonial ainsi
que du régime de contrôle et d’influence politiques mis en place après les
indépendances, ce pays maintient une forte présence en Afrique, notamment
dans les États francophones. Pour ce qui est des groupes terroristes, nous
l’avons vu dans l’introduction de ce livre, ils ont sans doute renforcé leurs
capacités de nuisance sur le continent. Ils mènent des attaques contre
différentes cibles, dont les intérêts de pays occidentaux.
Cependant, les attaques contre ces cibles ont aussi un effet sur les intérêts
africains, ne serait-ce que parce qu’elles se déroulent sur le continent. La
France fait partie des cibles majeures, du fait de son engagement politique
et militaire dans plusieurs pays francophones. L’engagement de ce pays
contre le terrorisme en Afrique s’explique donc par ses nombreux intérêts.
Bien entendu, la même chose peut être dite de ses interventions contre la
menace ailleurs. La spécificité de l’Afrique réside dans le fait que la France
y exerce une influence qu’elle n’a nulle part ailleurs dans le monde (Melly
et Darracq, 2013). Et cela rend particulière sa projection contre le
terrorisme sur le continent.
Certes, dire d’un État qu’il poursuit ses intérêts nationaux est banal, mais
la façon dont cela se traduit concrètement demeure sujette à débats.
Comment la France tente-t-elle de sauvegarder ses intérêts qu’elle estime
«menacés» par le terrorisme en Afrique de l’Ouest? C’est la question à
laquelle ce chapitre tente de répondre. Nous soutenons que pour combattre
le terrorisme qui menace ses intérêts dans la région, la France mobilise, de
manière opportuniste, une multitude de leviers et d’acteurs. L’intérêt
national est utilisé à la fois comme outil d’analyse permettant de cerner les
objectifs poursuivis par les États et comme élément de justification des
préférences des gouvernements (Evans et Newnham, 1998). Il est mobilisé
ici pour appréhender la manière dont la France dit combattre le terrorisme
en Afrique de l’Ouest.
Trois raisons justifient le choix de l’Afrique de l’Ouest comme zone
d’étude: 1) c’est la région d’Afrique qui compte le plus grand nombre de
pays anciennement colonisés par la France (91); 2) elle abrite plusieurs
groupes terroristes; et 3) elle a accueilli au Mali la plus importante
opération militaire française contre le terrorisme. Certes, le terrorisme ne
touche pas tous les pays de la région, raison pour laquelle l’étude privilégie
ceux qui abritent des groupes terroristes ou ayant connu des attaques. Il
convient de préciser que l’action française contre le terrorisme en Afrique
de l’Ouest ne vise pas à satisfaire exclusivement les intérêts de la France.
Ceux de l’Union européenne (UE) sont parfois évoqués par Paris. Il arrive
aussi que les intérêts de la France et ceux des acteurs africains se recoupent.
De même, en décidant de coopérer contre la menace, les gouvernements
africains peuvent faire prévaloir leurs propres intérêts.
***
1. Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Mauritanie, Sénégal et Togo.
2. Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Liberia,
Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo.
3. Banques, logistique, télécommunications, ordinateurs et équipements de communication,
infrastructures, transport aérien, énergie renouvelable, produits alimentaires et pharmaceutiques,
boissons, engrais, etc.
4. Dont Alpha Condé de la Guinée, Mahamadou Issoufou du Niger et Macky Sall du Sénégal.
5. Les trois autres objectifs étant: stopper la progression des groupes terroristes, protéger l’intégrité et
la souveraineté du Mali, favoriser les conditions nécessaires à l’intervention de forces africaines.
6. Le MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) et Al-Qaïda au Maghreb
islamique (AQMI) ont lancé une attaque contre la mine d’Arlit le 23 mai 2013.
7. N’Djamena est également la plateforme aérienne de la Force multilatérale mixte (FMM) contre
Boko Haram, pilotée par l’Union africaine et la Commission du bassin du lac Tchad.
8. Le CEMOC comprend l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger. Sa mission principale consiste
à combattre le terrorisme et d’autres formes de crime organisé dans le Sahel.
9. Emmanuel Macron, dans son discours lors du Sommet de Bamako le 2 juillet 2017.
Troisième partie
L’Afrique
Chapitre 6
La stratégie algérienne
entre sécurité intérieure
et stabilité régionale
LAURENCE-AÏDA AMMOUR
***
1. Trois cents ressortissants marocains furent arrêtés et renvoyés au Maroc, les vols Alger-Tripoli
suspendus et la frontière fermée.
2. The CIA World Factbook. Sur Internet (https://www.cia.gov/library/publications/the-world-
factbook/geos/print_ag.html) le 12 septembre 2017.
3. Entretien avec un diplomate algérien, Alger, février 2012.
4. Le rapport Sahel: pour une approche globale du Sénat français de 2013 soulignait que «rien ne
pourra se faire sans l’Algérie, grande puissance militaire [...] qui connaît le terrorisme pour l’avoir
subi pendant les “années de plomb” [...] et dont les positions ont favorablement évolué depuis
l’engagement de l’opération Serval et l’attentat de Tiguentourine».
5. Entretiens avec des officiers maliens et nigériens, Bamako et Dakar, avril et juin 2013.
6. Karkoubi en arabe dialectal ou psychotropes en français.
7. Le projet de la route transsaharienne est né dans les années 1960 à l’initiative de la Commission
économique pour l’Afrique (CEA) afin de désenclaver les pays du Sahel en leur offrant un accès à la
Méditerranée.
8. En décembre 2009, l’Algérie a ainsi autorisé des avions américains à survoler son territoire pour
effectuer des reconnaissances de la zone frontalière entre le Mali et la Mauritanie, notamment de la
zone militarisée de Tindouf (Algérie).
9. Ce rapprochement est à mettre en relation avec l’installation, à Agadez au Niger, d’une base
américaine de drones de surveillance Predator, au plus près de la zone d’instabilité où opèrent les
groupes terroristes.
10. Rappelons que l’Algérie a aussi connu l’enlèvement de ses ressortissants: plusieurs membres du
personnel du consulat algérien de Gao avaient été kidnappés en avril 2012 par le MUJAO. Ils ont été
libérés en août 2014 (sauf un qui a été tué).
11. Bien souvent, les gouvernements occidentaux versent des rançons à des intermédiaires locaux qui
ponctionnent leur part au passage et négocient directement avec les ravisseurs au nom de ces
gouvernements. Il est donc difficile, voire impossible, de prouver que les ravisseurs sont bien les
destinataires de ces sommes d’argent.
12. Algérie, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Libye, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal et
Tchad.
13. Organisation internationale de police criminelle (OIPC).
14. Le Maroc avait décidé de quitter l’OUA en 1984 à la suite de l’admission de la République arabe
sahraouie démocratique (RASD), ou Sahara occidental, en tant que membre de l’organisation
panafricaine. Lors du 27e Sommet de l’UA tenu à Kigali en juillet 2016, 28 États africains ont signé
une pétition demandant la suspension de la RASD de l’organisation pour favoriser l’intégration du
Maroc.
15. Comme ce fut déjà le cas lors du Sommet arabo-africain de Malabo en novembre 2016 ou lors du
Sommet de Maputo (entre le Japon et l’Afrique) en août 2017.
Chapitre 7
***
1. Des officiels français de haut rang (plénipotentiaires civils et militaires) ont effectué plusieurs
voyages à N’Djamena.
Chapitre 8
Le bassin du lac Tchad se trouve au centre des enjeux de sécurité liés aux
activités criminelles, comme les trafics d’armes et de drogue, la piraterie
pour les États ayant une façade maritime et le terrorisme exercé par
plusieurs groupes dont Boko Haram. Celui-ci était au départ un groupe de
revendication et de dénonciation des tares sociales au Nigeria, telles que les
inégalités socioéconomiques, la corruption, le modèle de gouvernance et
particulièrement la non-application de la charia. Cependant, à la suite de
plusieurs événements dont la répression sanglante des présumés adeptes du
groupe ayant entraîné la mort de près de huit cents personnes parmi
lesquelles son premier chef, Mohammed Yusuf, Boko Haram transforme
rapidement son mode d’action en actes de terrorisme violents. Il réussit
même à conquérir et à occuper environ 30 000 km2 de territoire dans le
nord du Nigeria, épicentre dont il s’est servi pour étendre ses activités vers
d’autres États du bassin du lac Tchad, et même au-delà. Dès lors, Boko
Haram devient une menace régionale. Et dans une contiguïté régionale où
les menaces se répandent assez rapidement d’un État à l’autre, l’insécurité
de l’un entraîne inéluctablement l’insécurité de tous, et appelle une réponse
collective. C’est dans cette perspective que l’article 52 de la Charte des
Nations unies stipule que:
Le néolibéralisme institutionnel
Le néolibéralisme institutionnel est une approche théorique hybride des
régimes internationaux qui emprunte des éléments à la fois au réalisme et
au libéralisme. La théorie stipule que même si la scène internationale est
marquée par le désordre, l’État y demeure le principal acteur et que ses
actions sont guidées par la rationalité et l’intérêt national. Dans un tel
système, la coopération interétatique au sein d’institutions communes est
tout à fait possible. La mise en place de régimes institutionnels communs
est donc un atout pour les États, parce qu’il encourage le partage
d’informations et la réduction des coûts de transaction, favorise la réduction
des incertitudes, la prévention du «free-riding», et renforce la coopération et
l’interdépendance. La mise en place de régimes internationaux permet aussi
l’émergence de points focaux pour la coordination d’activités communes
entre États. Dans un tel processus de coopération, les États obtiendront ce
que Keohane (1993, p. 275) appelle un «gain relatif», suivant un calcul des
coûts et bénéfices.
Bien plus, dans une contiguïté géographique où les menaces sécuritaires
se propagent rapidement et où l’insécurité d’un État entraîne celle des
autres, l’institution des relations interétatiques à l’échelle régionale ou
internationale reste le fondement de toute action collective militaire ou
autre (mesures communes, alliances et mutualisation des moyens).
Les États de la Commission du bassin du lac Tchad, tout comme ceux des
communautés économiques régionales de l’Afrique centrale et de l’Ouest,
ont tenté d’institutionnaliser leurs rapports pour le maintien de la paix et de
la sécurité dans la région. La menace transnationale que pose Boko Haram
et les exemples des initiatives régionales pour y faire face dans le bassin du
lac Tchad illustrent bien l’importance des institutions supranationales.
Cependant, même si les institutions sont le cadre par excellence de la
coopération et de l’action commune, la multiplication de ce type
d’initiatives dans une même région peut entraîner un manque d’efficacité et
faire persister la menace. Alors que l’institutionnalisme libéral s’axe sur
l’économie politique internationale et les conflits interétatiques, nous
l’adaptons ici aux menaces transnationales comme celle que fait peser Boko
Haram.
L’on peut voir par ces déclarations que la CEDEAO prend très au sérieux le
problème Boko Haram, évoquant même la mise en place d’une force
régionale. Des pays comme le Sénégal, la Guinée et le Ghana ont
ouvertement manifesté leur volonté de participer à une action militaire
commune contre Boko Haram. En 2015, le Bénin s’est engagé à envoyer un
contingent de soldats pour prêter main-forte aux États directement touchés
par le groupe terroriste. La majorité des États de l’Afrique de l’Ouest ont
ainsi exprimé leur désir de participer à la mise en place d’une force
régionale sous l’égide d’une résolution de l’Union africaine, mais aussi des
Nations unies. Les États ont également exprimé leur volonté de travailler
avec la CEEAC, un autre pôle régional touché par Boko Haram. Le
communiqué final du Sommet extraordinaire de la CEDEAO sur le Mali et
le Nigeria du 30 mai 2014 tenu à Accra, au Ghana, annonce que «la
Conférence [des chefs d’État de la CEDEAO] a décidé d’établir un
partenariat de haut niveau avec les États d’Afrique centrale pour combattre
plus efficacement le terrorisme [Boko Haram]3». Cette déclaration semble
appuyer l’idée d’une coopération interrégionale du fait que le problème
Boko Haram dépasse la seule zone géographique de la CEDEAO, et
l’objectif d’une lutte efficace suppose la mutualisation des moyens avec la
CEEAC. Ainsi, un communiqué du 2 février 2015 mentionne que «les chefs
d’État et de gouvernement de la CEDEAO ont exprimé de vives inquiétudes
quant aux conséquences humanitaires des attaques récurrentes de Boko
Haram au Nigeria et dans les pays voisins, et ont appelé à une synergie
d’actions au niveau national, régional et international contre ce groupe
terroriste» (CEDEAO, 2015).
la guerre que nous impose Boko Haram aujourd’hui est une formidable
occasion de raffermir le lien de solidarité et d’intégration face aux
menaces sécuritaires […] Il est difficile pour nos États de faire face à
cette menace […] Nous exhortons nos États membres qui ne sont pas
encore touchés par le terrorisme à porter une grande attention à cette
question et à manifester leur solidarité agissante envers les pays
touchés par les actions de Boko Haram4.
***
L’objectif actuel des États du bassin lac Tchad est la recherche de la paix, de
la stabilité et de la sécurité. Pour faire face à ce défi sécuritaire, il sera
important qu’ils se réunissent autour d’une organisation à même de rendre
possible, concrète et efficace l’action commune. La CBLT paraît
appropriée, car elle couvre en grande partie la zone géographique durement
touchée par Boko Haram. Elle pourrait ouvrir une voie de coopération
transrégionale entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest, du fait que
ses membres appartiennent à la fois à la CEEAC et à la CEDEAO. Autour
de la FMM, l’action collective sous-régionale a pu réduire la menace Boko
Haram. Cette coalition autour de la CBLT s’est agrandie avec la
participation et le soutien du Bénin, membre de la CEDEAO. Cela permet
de réinstaurer le monopole étatique de la violence dans le bassin du lac
Tchad et au-delà, le principal défi consistant dès lors à attirer à la CBLT les
États non membres de cette organisation, qui n’ont pas forcément d’intérêt à
participer à l’action collective, ou qui n’en ont pas la capacité.
L’émergence de la FMM
comme complexe régional de sécurité
La CBLT, qui a donné naissance à la FMM, est créée le 22 mai 1964 par la
Convention de Fort-Lamy, la capitale du Tchad renommée depuis
N’Djamena et devenue le siège de l’organisation. Celle-ci a été mise en
place par les pays les plus engagés aujourd’hui dans la FMM, à savoir le
Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad. La République centrafricaine
(RCA) et la Libye ont rejoint la CBLT beaucoup plus tard, en 1996 et 2008
respectivement3. À sa création, la CBLT, outre sa fonction d’assurer la
gestion de l’eau et des ressources halieutiques du bassin du lac Tchad, avait
un objectif sécuritaire avec le maintien de la paix et de la sécurité dans la
région. Cependant, l’articulation entre les volets socioéconomique et
sécuritaire est demeurée embryonnaire, alors que l’objectif de la
Convention de Fort-Lamy qui fonde l’organisation était de mettre en place
un mécanisme à la fois civil et militaire (Luntumbue, 2014). On peut
comprendre pourquoi il a fallu attendre la fin des années 1980, au moment
fort du phénomène des coupeurs de routes dans la région, pour voir naître
les premières patrouilles mixtes internationales (PAMINT) déployées par
les quatre pays riverains et fondateurs de la CBLT pour veiller à la sécurité
des frontières. Cependant, cette coopération transfrontalière fera long feu.
Du fait du différend frontalier entre le Cameroun et le Nigeria portant sur la
péninsule de Bakassi4 et la région du lac Tchad, Yaoundé se retire des
PAMINT. Toutefois, le Tchad et le Niger ont continué de mener, de manière
intermittente, des patrouilles mixtes entre Gaya et Diffa, dans le sud-est du
Niger.
En 1994, la CBLT crée la FMM dont le but était de lutter contre la
criminalité et le grand banditisme dans la région. Cependant, cette force
restée inerte, puis réactivée en 1998, est demeurée non opérationnelle à
cause du différend frontalier entre le Cameroun et le Nigeria. C’est
seulement en 2012 que la FMM va voir son cadre juridique modifié, et son
aire d’action et de compétences élargie au Cameroun et au Bénin. En effet,
lors du 14e Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CBLT tenu à
N’Djamena au Tchad, le 30 avril 2012, tous les pays membres de la CBLT
ont été parties prenantes du processus de réactivation de la FMM, qui devait
donc se composer de cinq pays: le Cameroun, le Niger, le Nigeria, la
République centrafricaine (RCA) et le Tchad. Mais la RCA, en raison d’une
instabilité politique chronique à l’échelle nationale, n’a pu poursuivre
l’initiative. La FMM regroupe finalement les quatre pays fondateurs de la
CBLT plus le Bénin. À partir de 2012, le mandat de la FMM passe de la
lutte contre la criminalité et le grand banditisme à celle contre le terrorisme
dans la région.
Les crises dans le nord du Nigeria et en RCA qui ont débordé dans la
partie septentrionale (Cameroun, Tchad et Niger) sont apparues récemment
comme des menaces sérieuses à la région. Cela a conduit à un retour à
l’esprit de Fort-Lamy qui préconisait de «prendre en urgence toutes les
mesures nécessaires pour la redynamisation de la Force multinationale de
sécurité du bassin du lac Tchad» (CBLT, 2012, p. 4). Cependant, c’est la
réunion des 17 et 18 mars 2014 des ministres de la Défense et des chefs
d’état-major des pays de la CBLT, et le sommet de celle-ci tenu à Niamey
au Niger le 7 octobre de la même année et auquel le Bénin était associé, qui
ont accéléré la mise en place de la FMM. La FMM est un dispositif offensif
contre Boko Haram et d’autres groupes terroristes dans la zone du bassin du
lac Tchad et a une zone d’intervention qui couvre les quatre pays du bassin
(Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad) ainsi que le Bénin. Son mandat consiste
à:
Il ne faut pas se voiler la face, bien que le Nigeria ne soit plus cette
foudre de guerre qui allait sur des terrains d’opérations militaires au
Liberia ou en Sierra Leone, il reste pour autant une puissance dont il
faut tenir compte. Il est la première économie de l’Afrique, la première
puissance démographique et il suffit de restructurer son armée pour lui
redonner son lustre d’antan. Nous ne pouvions pas ne pas en tenir
compte lors de nos réunions, au risque de voir la création de cette force
militaire capoter7.
***
1. «L’éducation occidentale est un péché», comme le dit Boko Haram, doit être compris comme une
remise en question violente de l’éducation occidentale centralisatrice, que les membres de ce groupe
accusent de pervertir les valeurs cultures et morales des habitants de cette partie de l’Afrique.
2. Entretien avec des membres de la commission des frontières du Cameroun, le 20 juillet 2015, à
Yaoundé.
3. L’Égypte, le Congo, la République démocratique du Congo et le Soudan sont membres
observateurs.
4. Abuja considère que l’île de Darak, aux abords du lac Tchad, relève de sa souveraineté, ce que
conteste Yaoundé. Le Nigeria n’a plus envoyé de troupes au sein de la PAMINT depuis 2012, après
l’arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) du 10 octobre de la même année qui confirme la
souveraineté camerounaise sur l’île de Darak et sa rétrocession au Cameroun (décembre 2013).
5. Qui est généralement d’un an, le premier renouvellement ayant eu lieu le 14 janvier 2016 et le
deuxième, le 7 décembre 2017.
6. Le G5 Sahel est une organisation de développement et de sécurité créée en février 2014 par cinq
États du Sahel: Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad.
7. Entretien avec un officiel spécialiste de la sécurité du Cameroun, le 27 juillet 2015, à Yaoundé.
8. Par le passé, le Nigeria a joué ce rôle au sein de la CEDEAO en envoyant des soldats dans divers
théâtres d’opération en Afrique: Liberia, Sierra Leone, etc.
9. Les nombreux cas de fuite de soldats nigérians et d’abandon de matériel militaire au groupe Boko
Haram témoignent de cette situation.
10. Pour les États-Unis, citons les programmes Joint Combined Exchange Training (J-CET),
International Military Education and Training (IMET), Africa Contingency Operations Training and
Assistance (ACOTA), African Crisis Response Initiative (ACRI), West Africa Stabilization Program
(WASP). Pour la France, citons le programme RECAMP (Renforcement des capacités africaines de
maintien de la paix).
Quatrième partie
Les médias
Chapitre 10
Terrorisme et communication
institutionnelle en Afrique:
le cas de Boko Haram
SERGE BANYONGEN
***
La communication
gouvernementale au Kenya
PHILIP ONGUNY
En Afrique, les menaces terroristes se sont accentuées dans les années 1980
et 1990, donc bien avant les attentats du 11 septembre 2001 qui ont, depuis,
beaucoup restructuré la sécurité internationale (Cannon, 2016; Anderson et
McKnight, 2014). Par exemple, les attentats des ambassades américaines au
Kenya et en Tanzanie en 1998 ont introduit une nouvelle réalité marquée
par la capacité des terroristes à mener des attaques ciblées, coordonnées et
inexorables (Jetter, 2014). Face à cette nouvelle réalité, les gouvernements
réorganisent de plus en plus leurs sécurités intérieures, y compris leurs
stratégies de communication dans la lutte contre le terrorisme.
Ce chapitre étudie les liens entre la communication gouvernementale, le
terrorisme et l’opinion publique, en particulier au Kenya. Bien que notre
étude porte spécialement sur les attaques de l’Université de Garissa et du
Westgate Mall (en 2015 et 2013), il faut noter qu’il y a eu d’autres attaques
terroristes perpétrées au Kenya, la plupart par le groupe Al-Shabaab, basé
en Somalie (McGregor, 2015). Si l’impact d’une activité terroriste se
mesure par le nombre de morts, l’attentat de 1998 contre l’ambassade
américaine à Nairobi (perpétré par le groupe Al-Qaïda) demeure le plus
sanglant dans l’histoire du Kenya (avec 224 morts), suivi des attaques à
l’Université de Garissa en 2015 (avec 152 morts) et contre les forces
militaires kényanes en Somalie en 2016 (qui ont causé la mort de
141 militaires kényans)1. Les attaques du Westgate Mall en 2013 ont fait
72 morts.
Le nombre de victimes n’a donc pas suffi à influencer le choix des deux
attentats étudiés. La raison de ce choix est triple. Premièrement, les médias
les ont largement couverts l’un comme l’autre, tant à l’échelle locale
qu’internationale, contribuant davantage à l’image sombre des Grands Lacs
africains en tant que région marquée par plusieurs cas d’insécurité humaine
(Onguny, 2017). Deuxièmement, ces attaques ont révélé un Kenya aux
prises avec un grave enjeu de terrorisme, et ce, à l’échelle de l’Afrique de
l’Est, renforçant l’idée que pour combattre les activités terroristes dans la
région, la coopération avec le Kenya était nécessaire. D’ailleurs, ces deux
attaques ont contribué à accroître le soutien financier et technique dont le
Kenya bénéficie en matière de lutte contre le terrorisme. Finalement et
compte tenu de la position géopolitique du Kenya dans la région, entre
autres conséquences de ces attaques, les élites politiques kényanes semblent
avoir trouvé un terrain d’entente dans leurs relations diplomatiques. Étant
donné le rôle clé du pays dans la coopération contre le terrorisme en
Afrique de l’Est, la communauté internationale se détourne de plus en plus
de ses affaires politiques intérieures.
Al-Shabaab cible le Kenya plus que les autres États en raison des
opportunités liées au statut international et à la visibilité du Kenya, de
ses médias relativement libres et indépendants qui diffusent largement
les attaques terroristes, d’un secteur touristique hautement développé et
lucratif qui fournit des cibles faciles, d’un nombre relativement élevé
de combattants étrangers kényans dans les rangs du groupe, de la
présence de cellules terroristes au Kenya, de l’expansion de l’espace
démocratique et du niveau élevé de corruption.
La perspective méthodologique
La communication gouvernementale est comprise ici comme une forme de
communication politique visant à donner un sens à des questions liées à la
politique nationale. Ainsi, nous considérons que les discours officiels sur le
terrorisme s’inscrivent dans cette logique. L’analyse se concentre sur les
discours prononcés aussitôt après les attentats de Westgate Mall en 2013 et
de l’Université de Garissa en 2015 par les principaux responsables du
gouvernement, en particulier le président et son vice-président. Nous avons
recueilli ces discours à partir des archives YouTube des principaux journaux
télévisés au Kenya, diffusés par les chaînes Kenya Television Network
(KTN), Nation TV, Citizen TV et Kenya Broadcasting Corporation. Ces
discours ont ensuite été rapportés mot pour mot. Afin de nous assurer que
les versions transcrites correspondaient aux discours prononcés au moment
des attentats, nous avons effectué une autre recherche ciblée sur les sites
Web du gouvernement, notamment ceux du bureau du président et du vice-
président, où nous avons trouvé certains discours publiés en ligne.
Dans l’analyse, nous nous sommes concentrés sur deux questions
interdépendantes: quels sont les principaux cadres qui guident la
communication du gouvernement du Kenya en cas d’attaques terroristes
perpétrées dans le pays? Comment l’État négocie-t-il sa capacité d’agir
dans de telles circonstances, et comment la communique-t-il au public?
Dans cette analyse des discours officiels, nous ne suggérons aucune
généralisation, parce que les stratégies de communication changent dans le
temps et dans l’espace, et cela, en fonction du contexte politique. Ainsi,
l’approche méthodologique s’aligne sur les travaux qui interrogent le
pouvoir symbolique du discours ou l’encadrement de celui-ci. De façon
générale, l’encadrement discursif est une approche qui cherche à cerner
l’importance attachée aux messages ou aux discours écrits, oraux,
télévisuels, etc. (Entman, 2010). Le «potentiel cadratif» d’un discours serait
déterminé par les points clés d’ancrage du message, ou des unités
stratégiquement conçues pour atteindre des objectifs à la fois
psychologiques et interprétatifs (Hawkes, 2011). Dans une perspective
psychologique, l’encadrement des messages influencerait le comportement
des individus ou leurs réponses face à certains aspects de l’information, tout
en offrant un choix (Kaufman et al., 2003). Ce choix peut, par exemple,
permettre l’évaluation morale d’une situation donnée.
En tant que structure interprétative, le discours encadré peut fournir des
«lunettes» sur la réalité tout en simplifiant des événements souvent
complexes (Druckman et al., 2012). Une telle simplification peut, comme
l’estime D’Angelo (2011), se traduire en causalité linéaire, ce qui engendre
des réactions ou des réponses biaisées du public face à un phénomène
social. Dans ce sens, le cadrage discursif aurait une dimension rhétorique
qui détermine ce que le public comprend et retient après une série
d’interprétations faites par les principaux «encadreurs» (Entman, 2010). En
somme, la sélection et la pertinence d’un cadre demeurent des éléments
essentiels du cadrage discursif, car elles permettraient aux individus de
hiérarchiser certains aspects d’un problème social par rapport à d’autres.
Bien que cette remarque semble être la meilleure chose à dire du point de
vue des relations publiques, elle a généré d’autres questions dans les
milieux politiques. Une des questions portait sur la capacité du
gouvernement kényan à recueillir ou à utiliser de manière proactive des
renseignements crédibles pour neutraliser les activités terroristes qui
devenaient incontrôlables. Plus précisément, les problèmes de corruption et
de politique inutile auraient été au centre des défaillances de la sécurité
nationale et de la montée des activités terroristes.
Un autre cadre discursif, étroitement lié au précédent, qui aurait guidé la
communication gouvernementale au sujet de ces attaques, portait sur la
dissociation entre le terrorisme et l’État défaillant. Ici, le gouvernement
affirmait plutôt qu’aucun pays n’était à l’abri d’attaques terroristes,
puisqu’il s’agissait d’un défi mondial. Ainsi, les reportages de CNN
présentant le Kenya comme un terreau pour les terroristes ont irrité les
autorités et provoqué des tensions diplomatiques entre le Kenya et les États-
Unis (Mutiga, 2015). En outre, le gouvernement kényan a ridiculisé et
discrédité les avis de voyage émis par les gouvernements australien et
britannique qui déconseillaient à leurs ressortissants d’aller dans certaines
villes, y compris Garissa (KTN, 2015a). Au lieu de prendre ces avis au
sérieux, le gouvernement s’est plutôt demandé pourquoi l’Australie et la
Grande-Bretagne n’avaient pas émis de mise en garde semblable concernant
certains pays européens également victimes d’attentats terroristes (Uhuru
Kenyatta, avril 2015). Le secrétaire du cabinet du ministre de l’Intérieur,
Joseph Nkaissery, s’est également exprimé à la télévision nationale pour
dénigrer les avis de voyage, affirmant qu’ils n’avaient rien à voir avec les
questions de sécurité nationale, mais nourrissaient plutôt une visée politique
(KTN, 2015a). Compte tenu de cette position catégorique du gouvernement,
les discours officiels de l’État ont martelé l’absence de lien entre attaque
terroriste et défaillance de l’État.
Cependant, à la surprise générale y compris celle de l’État kényan, les
attaques à l’Université de Garissa se sont produites le lendemain même de
ces déclarations critiques quant aux avis de voyage. Selon le Kenya
Television Network, trois universités à Nairobi auraient même informé leurs
étudiants de rester vigilants dans le cas d’une éventuelle attaque dans un des
établissements d’enseignement supérieur (KTN, 2015b). En réponse à ces
nouvelles attaques, le gouvernement a plutôt axé sa communication
publique sur son engagement à combattre le terrorisme sans relâche,
ignorant ainsi les commentaires formulés précédemment: «je garantis que
mon administration répondra de manière inexorable [aux attaques
terroristes]. […] Nous allons combattre le terrorisme jusqu’à la fin» (Uhuru
Kenyatta, avril 2015). Ces nouvelles attaques ont non seulement soulevé
des questions concernant le partage de renseignements, mais aussi la
politisation des problèmes de sécurité nationale. Il semble que les agences
de sécurité locales aient eu en main suffisamment de renseignements sur la
préparation des attaques à Garissa pour agir, mais qu’elles n’aient pas pris
la menace au sérieux.
Un autre cadre discursif semblait lier le terrorisme aux principes
antidémocratiques, une qualification qui, depuis les attentats du 11
septembre, aurait dominé les discours gouvernementaux en réponse aux
attentats terroristes. Il n’est donc pas surprenant que le gouvernement
kényan ait présenté les attaques comme une atteinte aux principes de la
démocratie dont jouissaient les Kényans. Cet angle de discours était très
perceptible dans l’intervention du vice-président, William Ruto, après les
attaques du Westgate Mall en 2013: «Nous ne devons pas céder. Nous
continuerons de protéger le Kenya pour nous protéger et protéger notre
prospérité. Nous continuerons à être ce que nous avons toujours été: un
peuple tolérant, ouvert, démocratique et pacifique» (William Ruto,
septembre 2013). Comme le souligne Kellner (2004), depuis le 11
septembre, certains gouvernements ont recours à ce type d’argument pour
légitimer une action militaire dans d’autres pays, souvent considérés
comme le terreau des cellules terroristes, même en l’absence de preuves
crédibles attestant la présence de tels réseaux. Le discours du président
Kenyatta à la suite des attaques du Westgate Mall souscrit à cette logique:
«Nous sommes allés là-bas [en Somalie] pour les aider à mettre de l’ordre
dans leur pays […] et je veux être catégoriquement clair sur cette situation:
nous y resterons jusqu’à ce qu’ils mettent de l’ordre dans leur pays» (Uhuru
Kenyatta, septembre 2013).
En plus d’associer le terrorisme aux principes antidémocratiques, une
autre stratégie adoptée par le gouvernement était de faire un parallèle entre
le bien et le mal. Le discours du vice-président à la suite des attaques au
Westgate Mall met cela en perspective:
Nous avons été agressés par des lâches haineux et irréfléchis dont la
perversité les pousse à rechercher la gratification en tuant des
personnes innocentes et inoffensives. Leur difformité morale est
monstrueuse et effroyable. Leur engagement envers le mal a volé à leur
cœur la plus simple suggestion de considération humaine (William
Ruto, septembre 2013).
Mes chers collègues kényans, cela fait une semaine que je suis à La
Haye, aux Pays-Bas, dans le cadre des accusations dont je me défends
devant la Cour pénale internationale. J’ai appris l’attaque terroriste au
Westgate Mall samedi dernier avec stupéfaction et tristesse […] je ne
pouvais pas voyager immédiatement sans la permission de la Chambre
de première instance de la Cour pénale internationale, et c’était très
frustrant d’être si loin à un moment où mes compatriotes étaient
tourmentés par ces criminels (William Ruto, septembre 2013).
Au cœur de ces débats est l’idée qu’une trop grande importance accordée
aux attentats sert de «publicité» gratuite aux terroristes et à leurs
sympathisants. Cela est lié au fait que les activités terroristes sont largement
médiatisées, ce qui permet aux cellules terroristes d’obtenir une
reconnaissance mondiale, de recruter des militants et d’établir des réseaux
financiers (Jetter, 2014). Comme l’estime Féron (2003), «sans ce recours à
l’opinion publique, à ses émotions et à ses jugements, les groupes terroristes
perdraient une arme de persuasion importante […] les médias apparaissent
souvent coupables d’entretenir le phénomène terroriste, en lui offrant une
tribune sans laquelle il n’aurait pas de raison d’être».
Un autre argument met l’accent sur les retombées négatives de la
«spectacularisation» médiatique. Les médias et d’autres canaux de
communication ont souvent tendance à utiliser les images dramatiques ou le
«spectacle de la terreur» pour attirer l’attention du public. Par exemple,
Kellner (2004) observe que les images du 11 septembre auraient redéfini les
stratégies des terroristes, surtout l’usage qu’ils font des médias. Donc, plus
les attaques sont spectaculaires, mieux c’est parce qu’elles seraient
largement diffusées.
De manière générale, ces études s’inspirent de la notion de «société du
spectacle» de Guy Debord, un concept selon lequel chaque aspect humain
serait un facteur de représentation et d’accumulation de spectacles.
Autrement dit, «la façon dont les médias de masse traitent les événements et
les phénomènes sociaux influence l’interprétation et les attitudes des
individus à ce propos» (Lo Monaco, Déluvée et Rateau, 2016, p. 394).
Néanmoins, Kellner (2004, p. 41) nous rappelle que les cellules terroristes
ne sont pas les seules à faire usage de «la terreur» pour promouvoir un
programme politique: «les administrations américaines ont également
recouru au spectacle de la terreur pour promouvoir la puissance militaire
américaine et ses fins géopolitiques, comme le montrent la guerre du Golfe
de 1990-1991, la guerre d’Afghanistan de l’automne 2001 et la guerre en
Irak en 2003».
D’un point de vue politique, on pourrait donc s’attendre à ce que les
personnes préoccupées par le terrorisme soient plus susceptibles d’adopter
des recommandations de politique étrangère mal informées lorsqu’elles sont
encadrées ou présentées de façon menaçante par les médias. Cet équilibre
semble difficile à trouver. Comment faire en sorte que le gouvernement
diffuse des informations fiables et véridiques sur la sécurité publique (ne
pas réduire les risques potentiels d’attaques terroristes pour faire avancer
des programmes politiques) et s’assurer, en même temps, que les terroristes
n’aient pas de plateforme pour faire avancer leurs causes? Comment
pouvons-nous nous assurer que le gouvernement n’utilise pas les questions
de sécurité nationale comme un prétexte pour réprimer les processus
démocratiques ou nier les libertés civiles ou individuelles? L’étude montre
que le gouvernement kényan se concentre de plus en plus sur le
renforcement de sa stratégie de communication face aux défis de la sécurité
nationale. Elle confirme l’hypothèse que la manière dont les gouvernements
encadrent leurs efforts de lutte contre le terrorisme est devenue, pour l’État,
un moyen d’influencer l’opinion publique quant aux menaces terroristes et
à la vulnérabilité de l’État et de ses organes de sécurité. Le terrorisme étant
un phénomène mondial qui nécessite une action collective ou coordonnée, il
est à craindre que le gouvernement kényan utilise de plus en plus sa
position géopolitique dans la lutte contre le terrorisme pour négocier des
relations diplomatiques avec des pays occidentaux ayant des intérêts
particuliers dans la région, comme les États-Unis et le Royaume-Uni.
Certes, la coopération du Kenya dans des missions antiterroristes est
devenue un outil de marchandage diplomatique pour les élites politiques
locales. Les gouvernements occidentaux semblent tourner le dos à la
situation politique qui prévaut dans le pays en échange d’une coopération
contre le terrorisme, ce qui présente un danger pour les gains démocratiques
acquis au Kenya au cours de la dernière décennie.
Par exemple, on peut se demander pourquoi la communauté
internationale a réagi rapidement aux violences postélectorales de 2007-
2008, alors qu’elle a été très réticente à intervenir en 2013 et en 2017-2018,
malgré les abus visibles du gouvernement: blocage des médias, usage d’une
force excessive contre les manifestants, interdiction des rassemblements de
l’opposition. Il est surprenant que les représentants des organes de
surveillance des élections internationales aient déclaré les élections de 2017
libres et équitables, malgré les abus de pouvoir visibles du gouvernement
kényan déterminé à rester au pouvoir quel que soit le résultat des élections.
L’équipe d’observation électorale du Centre Carter, dirigée par l’ancien
secrétaire d’État américain John Kerry, a notamment déclaré les élections
de 2017 transparentes. Cela a soulevé d’importantes questions sur
l’intégrité et le rôle des équipes internationales de surveillance des
élections, puisque la Cour suprême du Kenya a annulé l’élection
présidentielle de 2017 en indiquant qu’elles n’étaient ni libres ni équitables.
***
En somme, même s’il est trop tôt pour conclure à la partisanerie des acteurs
internationaux de la surveillance électorale, en particulier ceux de l’UE et
des États-Unis, il est clair que la valeur géopolitique du Kenya dans les
efforts antiterroristes régionaux change progressivement sa politique
intérieure et ses relations diplomatiques. La coopération du Kenya contre le
terrorisme donne l’avantage aux élites politiques au pouvoir dans les
relations internationales. Ainsi, des pays comme les États-Unis et le
Royaume-Uni qui ont des intérêts particuliers dans la région se retrouvent
acculés au choix de dénoncer les actes d’impunité perpétrés par le
gouvernement au risque de perdre sa coopération, ou de rester silencieux
sur la détérioration de la politique intérieure afin de s’assurer cette
coopération. Une analyse poussée sur les liens entre la position géopolitique
du Kenya, sa politique intérieure et ses défis de sécurité nationale révélerait
peut-être une dynamique essentielle pour comprendre l’insurrection d’Al-
Shabaab dans la région.
1. Pour plus de statistiques sur le terrorisme mondial, consulter les bases de données GTD (Global
Terrorism Database) et ACLED (Armed Conflict Location & Event Data). Voir ici:
https://www.start.umd.edu/gtd/search/Results.aspx?chart=country&search=kenya, consulté le 20 juin
2018.
2. Pour plus d’informations sur l’Al-Shabaab et ses caractéristiques en tant que groupe terroriste,
consulter l’ouvrage de Hansen (2013).
3. Voir les données de l’ACLED sur les conflits armés au Kenya, compilées par Dowd et Raleigh en
2013: http://www.acleddata.com/wp-content/uploads/2014/10/ACLED-Country-
Report_Kenya_December-2013_updated.pdf, consulté le 20 avril 2018.
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(http://www.diploweb.com/Afrique-emergence-dans-l.html) le 20 avril 2018.
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ADIBE, J., 2012, «Boko Haram: One Sect, Conflicting Narratives», African Renaissance, vol. 9,
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