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ESBTP –Abidjan Année académique 2022-2023

TEST LOURD : 2 heures


TECHNIQUES D’EXPRESSION FRANCAISE

¨La gestion pacifique des conflits en Afrique¨


L’Afrique, depuis1960, est la région du monde la plus affectée par les
luttes armées ou des crises politiques porteuses de germes de guerre. Ce
continent présente au monde l’image d’une terre en perdition où la
maladie, la famine, la souffrance, la guerre et la mort constituent la « pain
quotidien » d’une large majorité des habitants. Dès lors on pourrait, sans
grand risque de verser dans l’exagération, affirmer que le continent, dans sa
totalité, est un vaste champ de conflits qui diffèrent selon le degré
d’intensité des affrontements qui s’y déroulent. Très peu sont les Etats
africains qui peuvent s’estimer être durablement à l’abri d’une
confrontation armée. Chacun héberge, au moins, une guerre ouverte, une
guerre rampante ou une guerre latente
On ne saurait prévenir et gérer un conflit sans en comprendre ses
causes profondes. Le conflit est une situation sociale où des acteurs, soit
poursuivent des buts différents, défendent des valeurs contradictoires, ont
des intérêts divergents ou opposés, soit poursuivent simultanément et
compétitivement un même but. Lorsqu’un conflit armé oppose au moins
deux groupes sociaux organisés, on parle de guerre.
Les causes des conflits peuvent être scindées en deux catégories. Les
causes internes ou endogènes. Au premier rang de ceux-ci figure
l’antagonisme ethnique (conflit Hutu-Tutsi au Burundi, le problème Oromo
en Ethiopie), le fait religieux vient parfois exacerber ce problème ethnique
(Nigéria et Soudan). Les enjeux économiques sont, au demeurant, une
constante de fond (le pétrole du Somalyland, le diamant en Sierra-Léone).
La monopolisation du pouvoir, le manque de justice sociale ou la
marginalisation de certaines composantes sociales génère également des
tensions qui entrainent des affrontements entre les partis cohabitant au
sein d’un même espace. Cette situation génère de vives tensions qui se
traduisent par des violences d’un parti ou de l’autre (la crise ivoirienne
atteste cette réalité).
A ces facteurs, il faut ajouter l’instabilité politique qui pose le double
problème de l’état faible et de la démocratisation (République
centrafricaine, Congo et Guinée Bissau). Enfin, on ne saurait oublier la
dimension démographique et les processus d’urbanisation africaine (la
guerre du Biafra eut pour détonateur la publication au Nigéria de la
répartition ethnique de la population).
Quant aux principaux facteurs externes ou exogènes, on peut
mentionner une décolonisation qui a fabriqué des Etats sans générer des
nations ; ce qui condamne des populations diverses à vivre dans des
frontières trop souvent artificielles. De plus, la guerre économique ou
géostratégique issue de la rivalité inter-impérialiste sur le continent africain,
après la chute du mur de Berlin, est aussi une cause de son embrasement
par les conflits armés. Il apparaît donc que les enjeux et causes à l’origine
des conflits résultent de phénomènes sociaux, politiques, stratégiques et
géographiques interconnectés. Le lien dominant entre ces différents conflits
est la libido dominandi, c’est-à-dire la quête du pouvoir.
Deux catégories de techniques de gestion des conflits sont
identifiées ; les techniques traditionnelles et les techniques modernes. Les
mécanismes sociaux traditionnels offrent des ressources autochtones de
gestion des conflits. En effet, lorsqu’une guerre civile, un génocide ou une
dictature brutale s’achève, la question se pose inévitablement de savoir
comment traiter les auteurs de graves violations des droits humains. De là,
une des grandes questions auxquelles doivent faire face les démocraties
sortant d’un conflit civil est : comment gérer au mieux le douloureux
héritage de la violence passée-souvent bien trop récente-tout en préservant
la fragile harmonie sociale qui caractérise fréquemment les sociétés post-
conflit ? Vers le milieu des années 1980, la réponse consistait à détourner
les yeux de cet héritage douloureux. Cette politique prenait parfois
l’apparence d’un silence que l’on s’imposait comme dans le cas du
Cambodge après la chute de Khmers rouges. Dans d’autres cas, l’impunité
fut instituée par une loi formelle d’amnistie : le Chili de Pinochet à la fin des
années 1970 en est un exemple frappant. Cependant, au lendemain du
génocide rwandais en 1994, le Rwanda va adopter en parallèle le système
classique de justice, un système de justice participative qui s’inspire d’un
processus traditionnelle de résolution des conflits : les arbitrages
traditionnels gacaca.
Bien qu’il s’inscrive dans le cas de la justice rétributive, les
mécanismes coutumiers se placent dans une certaine mesure dans la
perspective de la réconciliation. Le caractère participatif, l’impunité qu’ils
empêchent et la vérité qui permettent de rétablir concourent à cet objectif.
Dans la gestion des conflits par les techniques modernes, plusieurs
stratégies sont employées : le recours à la voie diplomatique par la
médiation offerte ou sollicitée, les négociations et arbitrages politiques en
vue d’un règlement pacifique définitif, le recours à une force d’interposition
telle que les forces onusiennes et africaines, et le recours à des
observateurs considérés comme neutres, le recours à une juridiction de
droit international tel que la CU ou la CPI est un élément indispensable pour
lutter contre l’impunité et l’imprescriptibilité des crimes graves.
Toutefois, ces techniques peuvent être combinées avec les
techniques traditionnelles de gestion de conflits. On parle alors de justice
mixte ou justice transitionnelle. La justice transitionnelle est généralement
définie comme étant l’ensemble des mesures d’une part, judiciaire et/ou
d’autre part, extrajudiciaire ou spécifique imaginée par une société ou un
pays, en vue de résoudre les questions de graves violations de droits
humains commises à un moment déterminé de l’histoire, dans le but
d’aboutir à une véritable réconciliation nationale. Ces mesures doivent
garantir l’établissement de la vérité, la réparation des souffrances endurées,
l’éloignement des criminels et l’obtention du pardon de la part des victimes.
901 mots
Désirée Florine ODOUKPE, CIVITAS, N°8, Document d’information
de la CDVR de Janvier 2012.

QUESTIONS
I-VOCABULAIRE 4pts
Expliquez les expressions suivantes selon le contexte :
-une constance de fond 
-la monopolisation du pouvoir
II-RESUME 16pts
Résumez ce texte en 150 mots avec une marge de tolérance de plus ou
moins 10%.

CORRIGE ET BAREME
SUJET DE TECHNIQUES D’EXPRESSION FRANCAISE

I- VOCABULAIRE (2 pts)
- une constance de fond : une constance, c’est ce qui ne change pas ; le fond se
définit comme étant le socle, le fondement. Dans le contexte de notre texte, la
constance de fond signifie que l’enjeu économique, au-delà des problèmes
religieux, ethniques…, demeure le facteur fondamental, la source principale, le
fondement des conflits. (1 pt)
- la monopolisation du pouvoir : cette expression fait référence à la
confiscation de l’appareil étatique par une personne ou par un groupe
politique, social, ethnique. (1pt)
II- RESUME (8 pts)
Le thème : la gestion des conflits
L’idée générale : l’auteur évoque les causes des conflits en Afrique et propose
un mode règlement de ces conflits.
La structure du texte
-Séquence 1 : « L’Afrique… une guerre latente » L1-L9 La prolifération des
guerres en Afrique.
- Séquence 2 : « On ne saurait…on parle de guerre» L10-L14 Définition du
conflit.
- Séquence 3 : « Les causes des conflits… c’est-à-dire la quête du pouvoir» L15-
L38 Les causes des conflits.
- Séquence 4 : « Deux catégories de techniques… l’imprescriptibilité des crimes
graves. » L39– L65 Les techniques de règlement des conflits.
- Séquence 5 : «Toutefois, ces techniques… Toutefois, ces techniques » L66 –
L74 Combinaison des stratégies de gestion des conflits.
Idée essentielles :
Séquence 1 :
L’Afrique est affectée par des conflits.
L’Afrique est en proie à toutes sortes de calamités
Séquence 2 :
Il faut préalablement cerner les causes des conflits avant de prétendre les
régler
Le conflit met en présence des protagonistes aux desseins identiques ou
divergents
Le conflit se transforme en guerre lorsqu’il oppose deux entités structurées
Séquence 3 :
- paragraphe 3 : Deux raisons sont à l’origine des conflits. La première est dite
endogène et concerne notamment : l’antagonisme ethnique, le fait religieux,
les enjeux économiques, la monopolisation du pouvoir, le manque de justice
sociale ou la marginalisation de certaines composantes sociales.
- paragraphe 4 : Aux sources de conflits évoquées ci-dessus, il faut adjoindre :
l’instabilité politique, la dimension démographique et les processus
d’urbanisation africaine.
- paragraphe 5 : La seconde raison des conflits est dite exogène et concerne :
les ratés de la décolonisation des Etats africains, la guerre économique ou
géostratégique issue de la rivalité inter-impérialiste sur le continent africain.
Séquence 4
- paragraphe 6 : Deux stratégies de règlement des conflits existent : celles
traditionnelles et celles dites modernes. Les stratégies traditionnelles
s’appuient sur des approches autochtones de règlement des crises.
- paragraphe 7 : Quoique les stratégies traditionnelles consistent à réparer le
tort causé aux victimes, elles visent aussi à instaurer un climat d’entente. Pour
ce faire, elles s’appuient sur l’implication de tous, le rétablissement de la vérité
et la proscription de l’impunité. Les stratégies modernes reposent, elles aussi,
sur des techniques qui leur sont propres.
Séquence 5
- paragraphe 8 : Il est néanmoins possible d’associer ces deux stratégies afin
d’aboutir à un règlement plus efficient des conflits.
CONSIGNE:
Sanctionner :
- toute explication de mots qui ne prend pas en compte son emploi selon le
contexte ;
- tout résumé conçu en plusieurs paragraphes ;
- tout résumé au bas duquel n’est pas marqué le nombre de mots qui le
compose ;
- toute copie dont la longueur excède le nombre de mots prescrit dans la
consigne.

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