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L’impératif de la négociation pour

l’Etat face à la crise du Nord-Ouest et


Sud-Ouest (NOSO) au Cameroun:
Soliloque sur l’urgence du passage de la
« hard power » à la « soft power », et du
« dialogue virtuel » au « dialogue réel »
Claude Bekombo Jabea

Introduction
De la signature du Traité de Versailles le 28 juin 1919, pour la première,
à l’acte de reddition de l’Allemagne du 7 mai 1945 à Reims, pour la deuxième,
marquant la fin des deux grandes guerres qu’a connu l’humanité, la signature
d’un acte juridique permet de garantir la paix après des négociations. La
violence et le conflit peu importe l’intensité se conclu toujours par des
négociations, mais il faut « être toujours prêt à négocier, mais ne jamais négocier sans
être prêt » nous rappel Henry Kissinger (Kissinger 1994 : 9).
Depuis la parturition du système westphalien, l’État, point nodal dudit
système, a toujours été en proie aux situations séparatistes ou irrédentistes,
prenant souvent la forme armée ou de conflit intrarétatique. La gestion des
situations de séparatisme ou d’irrédentisme par l’État n’est pas un
phénomène nouveau, il sévit dans tous espaces géographiques et systèmes
politiques démocratiques ou non du globe terrestre. La grande tendance
synoptique de l’analyse de cette gestion professe l’évanescence des
négociations diplomatiques (Incluant d’autres États et acteurs extra
étatiques) par les mouvements irrédentistes et confesse une certaine efficacité
de l’option d’un processus interne de négociation direct par l’État à l’exemple
de celui entre l’État de Colombie et les Forces Armées Révolutionnaires de
Colombie (FARC). Avec l’irruption de la crise dans les zones anglophones,
le Cameroun n’est donc pas un cas sui generis de survenance des mouvements
séparatistes ou irrédentistes, et on peut s’inspirer d’expériences pertinentes
de résolution ou de gestion par des États ailleurs, au lieu d’exciper
catégoriquement le principe de non négociation avec les « terroristes »,
favorisant l’escalade de l’extrémisme violent.

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L’avènement d’un conflit extrême quel que soit sa forme est un défis et
une opportunité pour les acteurs impliqués ; défis d’une part, en ce qu’il
permet de se rappeler que l’homme est un animal doué de raison (Descartes,
2000) ou un être pensant (Sartre, 1943), capable de radicalité et
d’extrémisme ; et opportunité d’autre part, parce qu’il révèle que c’est dans
l’esprit des hommes que naissent les guerres et que c’est dans celui-ci qu’il
faut les combattre pour préserver la dignité humaine (Hersch, 1969) en
coopérant et collaborant afin de maintenir le système monde (Wallerstein,
2004) et d’éviter de pousser la civilisation humaine (Ela, 1991) dans ses
derniers retranchements postmodernistes contemporaines. C’est un
désaccord entre les hommes, peu importe leur situation (pouvoir, peuple,
autorités, citoyens, etc) qui conduit à la parturition d’un conflit, l’exacerbation de
l’objet ou du sujet querellé conduit à leur radicalisation102(Schmid, 2013)
synonyme d’extrémisme103 qui donnera lieu aux différentes manifestations de
l’extrémisme violent (Horgan, 2009) expression de « la capacité de nuisance »104
(Ramonet, 1997). L’extrémisme violent105 nonobstant l’absence d’unanimité
dans sa conceptualisation106, renvoi à notre sens, à une imposition totalitaire par
tous les moyens possibles d’une vision considérée comme la vérité absolue par une partie
s’installant dans l’incapacité permanente d’accepter d’autres opinions et remettant en

102 La radicalisation est un processus social et psychologique d’engagement par lequel des
individus adoptent profondément des idéologies politiques et religieuses extrémistes.
Ledit processus n’induit pas fatalement une adhésion à la violence, mais il conduit à
l’extrémisme violent lorsque que la peur, le terrorisme et la violence sont justifiés pour
obtenir des changements idéologiques, politiques ou sociaux pour ses défenseurs.
103 L’extrémisme est compris dans la littérature comme des postures éloignées de ceux de

la majorité des membres d’un espace sociale donné (local national, continental ou
mondial). L’extrémisme peut par conséquent être polymorphe (croyances, attitudes,
sentiments, actions, stratégies) sans que les points de vue extrémistes ne soient
nécessairement illégaux et ne conduisent pas systématiquement à la violence ; en effet,
ceux qui choisissent d’adopter des pratiques extrêmes qui n’ont pas d’impact sur les
libertés civiles de leurs concitoyens sont protégés par les normes relatives aux libertés
fondamentales et aux droits de l’homme.
104 L’aptitude pour un acteur institutionnel ou non, mais surtout insignifiant en termes de

puissance dans les relations internationales à instituer la terreur chez les plus puissants
utilisant des méthodes asymétriques pour se faire entendre.
105 L’extrémisme devient préoccupant quand la défense des idéologies fait peser une

menace sur les idées sociétales démocratiques, la tolérante et privilégie le recours exclusif
à la violence pour exercer des contraintes sur les personnes dans une logique
d’imposition. Cette forme d’extrémisme est décrite comme de l’« extrémisme violent ».
106 Comme indiqué dans le Plan d’action 2016 du Secrétaire général des Nations Unies

pour lutter contre l’extrémisme violent, les définitions du terrorisme et de l’extrémisme


violent relèvent d’une « prérogative des États membres et doivent correspondre à leurs obligations en
droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme ».

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question la norme socialement acceptée. À partir de cette proposition de définition,
la tendance holiste de son déclenchement induit son polymorphisme
expressif, autant que la nature des stratégies pour le contrer. Puisque ce sont
des oppositions idéelles dissidentes, seule la négociation politique ou
diplomatique107, peut permettre de résorber la permanence des
manifestations extrémistes. Conscient des rapports incestueux entre le
terrorisme international et l’extrémisme violent, la communauté
internationale a développé des stratégies contemporaines pour la contrer,
rappelons rapidement que les tendances s’articulent autour des mesures de
lutte définies dans le plan d’action des Nations Unies de 2016 proposant aux
États membres plusieurs recommandations pour leurs programmes
nationaux de lutte contre l’extrémisme violent, concernent les initiatives en
matière de politiques de développement, la bonne gouvernance, les droits de
l’homme, la responsabilisation des jeunes, l’égalité des sexes et le rôle des
médias sociaux, définissant globalement des résultats à atteindre et laissant
les moyens aux États.
Le problème majeur de la réponse à la crise anglophone (Ngoh, 2004) par
l’État du Cameroun est qu’elle est essentiellement répressive et que les
tentatives de dialogue entre les différentes parties restent non officielles.
Cette gestion par l’État démontre ses limites au regard de l’escalade vers
l’extrémisme violent aux relents irrédentistes (Morelle et Planel, 2018)
constaté. Il nous semble qu’en mettant en perspective dans une posture
comparative cette situation avec celle conclue entre les autorités
colombiennes et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC),
démontrant clairement au-delà des scènes conflictuelle et consensuelle au
Cameroun(Edou, 2017) que les principes politiques affichés selon lesquels
l’État ne négocie pas avec les terroristes ou les groupes irrédentistes (Guy-
olivier et Zartman, 2011) manquent de pertinence face aux affres et exactions
inhumaines de l’extrémisme violent.
L’État du Cameroun notre prototype analytique, fait face depuis fin 2016,
à la crise anglophone (guerre d’Ambazonie), ayant commencé à cette période
sur fond de revendications corporatistes d’avocat et enseignants. L’État du
Cameroun après avoir répondu aux revendications initiales constate que ces

107 L’article 33 de la charte des Nations unies qui complète et renforce son article 2§3 en
ces termes : « Les parties à tout différend dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien
de la paix et de la sécurité internationales, doivent en rechercher la solution, avant tout, par voie de
négociation, d’enquête, de médiation, de conciliation, d’arbitrage, de règlement judiciaire, de recours
aux organismes ou accords régionaux ou par d’autres moyens pacifiques de leur choix ». Cela est aussi
valable pour un conflit intra étatique avec des conséquences sur la paix et la sécurité
internationale comme la crise du Nord-Ouest et Sud-Ouest(NOSO) au Cameroun.

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dernières basculent progressivement vers des revendications sécessionnistes
et fédéraliste ; le 1er octobre 2017, marque le durcissement de la crise, car des
indépendantistes au NOSO déclarent l’indépendance de l’ancien Cameroun
britannique (Southern Cameroons) sous le nom de Federal Republic of
Ambazonia (République fédérale d’Ambazonie). La réaction répressive de
l’État radicalise le mouvement sécessionniste et transforme les
revendications en un conflit armée avec une tendance visible à l’extrémisme
violent. Sans revenir sur les origines historiques lointaines (Ngoh, 2004), les
causes culturelles (Kofele-Kale, 1980), anthropologiques (Konings et
Nyamnjoh, 1997), ainsi que les conséquences sociales (Nyamnjoh 1995),
économiques (Ekali, Ngomba 2004), politiques (Elango, 1987), et enfin les
desseins affirmés entre sécession (Nkwi, 2004), décentralisation effective
(Konings et Nyamnjoh, 2003) ou fédéralise (LeVine, 1971), qu’ont démontré
à suffisance d’autres travaux (Fru Awasom, 1998) ; nous allons nous
intéresser dans une perspective behavioriste au comportement de l’État du
Cameroun face à l’expression violente desdits revendications anglophones.
Cette attitude de l’État, Camerounais face à la résolution du conflit
anglophone se comprend à travers la nature du système étatique et la
tournure irrédentiste des revendications anglophones. En ce qui concerne la
construction historique de l’État camerounais, divers qualificatifs se
succèdent dans la littérature confessant la complexité de s’accorder sur un
qualificatif ad hoc ; de l’État « rhizomique » (Bayart 1985) ou dans « l’Entre-deux »
(Courade et Sindjoun, 1996), à la « démocratie de transit » (Eboussi Boulaga,
1997) en passant par la « rémanence autoritaire » (Zambo Belinga, 2003) pour
effleurer un « contexte postautoritaire » (Pommerolle, 2008). Ces qualificatifs,
démontrent bien que malgré les éléments d’ouverture (Woudammike, 2014),
la liberté d’opinion (Morelle, 2019), les tentatives de résistance, sur fond de
contestations sociales, depuis son indépendance en 1960 font face à la notion
d’ordre ou de recours à la « violence légitime » de l’Etat (Fer, Morelle, Iyébi
Mandjek, 2011). Ainsi, le Cameroun illustre la dynamique des processus de
domination d’État (Owona Nguini, 2018) dans un pays aux prises avec la
lutte contre Boko Haram, mais aussi avec un mouvement sécessionniste du
NOSO ; et ne peut donc que naturellement ou structurellement répondre
que par la logique d’ordre et de « violence légitime ».
C’est justement cette rupture épistémologique de la posture de l’État du
Cameroun, nonobstant sa nature constitutive ontologique, que cette
réflexion a pour ambition de déconstruire, afin de reconstruire le recours à
la méthode de la résolution pacifique des conflits à travers la négociation
officielle. Le concept de négociation que nous mettons en avant, dans cette
réflexion s’adosse d’une part, sur son ontologie diplomatique (Plantey, 2000),

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un processus de discussions préparées, structurées et programmées
graduellement visant à faire bouger les lignes sur chaque point en
commençant par les convergences ou ceux sur lesquels l’entente est simple,
afin de « deradicaliser » les positions (Kissinger, 1994).
Cette négociation est urgente pour l’État du Cameroun, face aux
manifestations flagrantes de l’extrémisme violent au NOSO palpables en
mondovision, d’une part pour faire cesser la terreur en prenant des mesures
consensuelles négociées pour contrer la montée de l’extrémisme violent au
NOSO d’autre part. Pour ce faire, nous analyserons les leurres de l’absence
de négociation et du recours systématique à la « hard power » (I) et les lueurs
de la négociation et du recours au « soft power » (II) par l’État au NOSO.
I. Les leurres du recours au Hard Power et de l’absence
de négociation par l’État du Cameroun au NOSO
Le comportement de l’État du Cameroun dans la crise du NOSO est
visible, elle tient en quelques tendances d’une posture stato centrée108 ne
permettant pas d’action consensuelle véritable à l’image du Grand Dialogue
national109 du 30 septembre au 4 octobre 2019 à Yaoundé et du recours à la
« hard power » par la répression systématique sur le terrain, du maintien en
détention de quelques leaders reconnus de la cause. Cette attitude de l’État
du Cameroun que nous appelons la « négociation virtuelle »110 a pour effet

108 Tout le processus de négociation s’agrège autour de la volonté de l’État du Cameroun,


l’État est au centre, donne le rythme, définit le format des institutions (comité
Désarmement Démobilisation et Réinsertion ; ou encore le Comité de Développement
du NOSO pour la reconstruction).
109 Décidé par le Gouvernement et auxquels les représentants des mouvements

irrédentistes étaient conviés, sans au préalable avoir été associé à la décision sur le format.
Aussi, Joseph Dion Ngute, le Premier ministre camerounais, lors de l’ouverture du
dialogue national à Yaoundé, le 30 septembre 2019 avait été clair sur l’agenda dudit
échange, les discussions sur la forme de l’État en étaient exclues or c’est exactement
l’objet des actions des mouvements irrédentistes du NOSO. Ledit grand dialogue s’est
terminé avec comme résolution contenu dans le rapport final : L’accélération de la
décentralisation, avec un statut spécial pour les régions anglophones.
110 Ce concept à notre sens, renvoi a une situation dans laquelle, un acteur dialogue avec

un autre qui s’oppose à lui indirectement par des actions posées ou discours donnés,
permettant à son interlocuteur de recevoir ou percevoir clairement le sens et les tendances
de sa position dans le conflit qui les opposent, sans qu’il n’ait des contacts directs ou un
dialogue structuré. Très souvent, il va lui denier sa qualité d’interlocuteur, le disqualifier
ou enfin estimer que l’interlocuteur est une nébuleuse sans acteur identifiables d’une
part ; et attaquer l’incohérence ou la rationalité du discours venant de l’autre camp à
chaque prise de parole ou occasion. Avec les nouveaux modes de communication, il y’a
une résurgence des dialogues virtuels comme grande tendance de notre monde post

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collatéral d’accentuer la radicalisation violente (I.1.) et l’internationalisation
(I.2.) de l’irrédentisme des groupuscules Ambazoniens.

I.1. La radicalisation violente de l’irrédentisme des


groupuscules Ambazoniens
Le comportement de l’État du Cameroun est dual depuis les prémices de
la crise du NOSO, avec la répression spectaculaire (perruques et robes d’avocats
arrachées) de plusieurs manifestations en fin 2016 des enseignants et avocats
de l’Anglophone Civil Society Consortium (CACSC dirigé par les avocats
Agbor Balla et Fontem Neba), suivi par les premières villes mortes (ghost
towns) le 9 janvier 2017 dans le NOSO, de l’arrestation de ses dirigeants111 et
la libérations neuf mois plus tard avec pour conséquence la fragilisation de
l’autorité des dirigeants sur les partisans112 dudit consortium ; et enfin le 1er
octobre 2017 la déclaration d’indépendance de la République d’Ambazonie
par Sisiku Julius Ayuk Tabe avec comme réaction de l’État du Cameroun le
déploiement de l’armée dans les régions concernées. On constate donc la
fermeté et la force employé par l’État du Cameroun dans un premier temps,
et puis parallèlement à cette posture ferme, le dialogue virtuel va s’illustrer
par la création d’un Comité interministériel ad hoc chargé de mener les
négociations avec les syndicats d’enseignants et d’avocats anglophones,
constitué de quatre ministres francophones et placé sous la supervision du
directeur de cabinet du Premier ministère, il permettra d’entamer les
négociations avec le consortium pour aboutir aux résultats connus avec
beaucoup de pesanteurs113 d’une part, et d’autre part, on va constater la
désignation par le gouvernement des personnalités originaires du NOSO
pour des descentes sur le terrain afin d’entamer le dialogue avec les

moderne, avec comme conséquence le développement de l’extrémisme, le nationalisme


et le séparatisme.
111 Ils transmettent temporairement la direction du Consortium à deux bloggeurs

inconnus : Marc Baretta et Tapang Ivo Tanku. Des éléments radicaux dans le pays et à
l’extérieur vont influencer les messages et profiter de l’incarcération de plus d’une
centaine de leaders pour radicaliser et militariser les revendications dans le NOSO.
112 Lire « Agbor Balla Nkongho héros ou traître ? », Journal du Cameroun, mars 2018,

disponible sur:www.journalducameroun.com, consulte le 6 mai 2020 à 14h45.


113 Ledit Comité n’avait pour mandat que de négocier et d’assurer le suivi des négociations

avec les syndicats des enseignants (d’où la forte présence des ministres en charge de
l’éducation a divers niveau dans ses rangs), la défiance de sa constitution majoritairement
francophone et le glissement vers des revendications plus politique amenuisera la
pertinence de ses solutions.

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différentes factions comme l’a fait le premier Ministre114 sans résultat
palpable sur les exactions. La fermeté et l’ordre par l’utilisation de la force
peuvent être constaté dans le comportement de l’État du Cameroun, c’est
donc un recours systématique au hard Power (puissance des armes), mais dans
l’enchainement des évènements que nous venons d’observer
schématiquement, cette posture n’a encouragé que l’escalade radicale.
En effet au NOSO, l’armée affronte depuis des groupes armés militants
pour la création d’un État indépendant avec le développement incident des
groupuscules de grand banditismes et l’éclatement des tendances politiques
en pro fédéraliste et décentralisation. On peut simplement constater selon
diverses sources que les chiffres des calamités sont exponentiels, nous n’en
donnerons pas, car autant ceux venant des organismes internationaux que
ceux venant de l’État du Cameroun sont sujet à caution dans le cadre de cette
situation au NOSO. Le constat sur le terrain s’illustre par des villes mortes
avec fermeture de commerces et établissements scolaires incendiés
engendrant la violence des groupuscules avec pour conséquences que des
milliers de familles anglophones envoient leurs enfants dans les écoles
bilingues en zone francophone, tandis que certains commerçants et acteurs
économiques déménagent à Douala. Le recours aux enlèvements, exécutions
sommaires par décapitation(le cas symbolique de florence Ayafor115) des
représentants de l’État au NOSO avec post sur internet (ayant entrainé la
fuite de la majorité des fonctionnaires de toutes les administrations soient
vers Bamenda ou Buea ou leur sécurité minimale avec leurs familles peut
encore être assurés), la destruction des champs, l’accaparement des terres, les
enlèvements (comme ceux du leader politique John Fru ndi116), des rapts
d’enfants suivi de demande de rançons, des viols massifs, la destruction des
maisons (celle du leader Agbor Balla, et bien d’autres) et le recours aux

114 Visite du premier ministre le 9 au 12 mai 2019 à Bamenda, voir


https://www.jeuneafrique.com/777874/politique/crise-anglophone-au-cameroun-
quels-acteurs-pour-quel-dialogue/ consulte le 29 juin à 13h 15.
115 Florence Ayafor gardienne de prison a été kidnappée, violée, humiliée, torturée et

décapitée vivante par des sécessionnistes ambazoniens en plein grand dialogue national
en octobre 2019 au Cameroun suivi du post sur les réseaux sociaux dédites scènes de
traitements cruels inhumains et dégradants.
https://www.mesopinions.com/petition/justice/justice-florence-ayafor/74217,
consulte le 30 juin 2020 A 14h30.
116Crise anglophone au Cameroun : controverse autour de l’enlèvement de John Fru Ndi,

https://www.jeuneafrique.com/768730/politique/crise-anglophone-au-cameroun-
controverse-autour-de-lenlevement-de-john-fru-ndi/, consulte le 30 juin 2020 A 15h30.

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bombes artisanales piégées (comme pendant la cérémonie du 20 mai 2019 à
Bamenda117 et dans la ville de Yaoundé ces derniers mois).
À cette réaction de radicalisation des groupuscules armés sécessionnistes
dans le NOSO, s’est greffé d’autres organisations opportunistes du grand
banditisme, de la délinquance ordinaire, rendant la situation plus confuse et
inextricable, surtout que les acteurs ont recours aux réseaux sociaux (Edou,
2017) pour répondre aux dialogue virtuel de durcissement de la posture de
l’État en ayant recours à l’internationalisation (Morelle et Planel, 2018) du
conflit pour exprimer leur irrédentisme et susciter ce que Arjun Appadurai
appelle la « peur des petits nombres » (Appadurai, 2006).
I.2. L’internationalisation de l’irrédentisme des
groupuscules Ambazoniens
Les groupuscules irrédentistes du NOSO face à la logique d’ordre et
d’autorité de la violence légitime imposée par l’État du Cameroun, ont opté
pour la stratégie d’internationalisation du conflit. Cette logique
d’internationalisation du conflit se structure autour de deux piliers :
l’utilisation des réseaux sociaux et l’appel à l’interventionnisme des
puissances occidentales mettant en exergue le jeu de rivalités dans l’espace
internationale sur l’Afrique ayant comme téléologie de mettre à l’écart ou de
décrédibiliser l’autorité de l’État du Cameroun dans cette crise di NOSO.
Le recours aux réseaux sociaux par les groupuscules irrédentistes du
NOSO permet de semer la terreur (diffusion de la vidéo du viol et de la
décapitation de la gardienne de prison florence Ayafor, et des officiers de
l’armée capturés) pour les populations du NOSO, du reste du Cameroun
(avec les explosions à Douala, Yaoundé désormais), faire comprendre à la
communauté internationale que cette crise n’est pas un fantasme, en
confirmant la réalité par la diffusion des vidéo des massacres de leur groupe
ou des bavures des forces armées. Cette publicisation de la terreur à travers
les réseaux sociaux par les groupuscules irrédentistes a pour objectif global
de marquer la mémoire collective nationale et internationale en y inscrivant
par les images, vidéos et discussions leur agenda. L’État aussi par les twitt ou
des messages sur la page facebook du Président de la République118réagit en

117 Le gouverneur de la région du Nord-Ouest du Cameroun, Lele Lafrique Tchoffo


Deben Adolphe, a signé, le 21 septembre 2017, une sorte d'état d’urgence qui est déjà en
vigueur après l’explosion d’une troisième bombe artisanale dans la capitale du Nord-
Ouest, https://www.investiraucameroun.com/securite/2209-9477-suite-a-des-
explosions-de-bombes-un-couvre-feu-est-instaure-dans-la-region-du-nord-ouest-du-
cameroun, consulte le 30 juin 2020 A 16h30.
118 « Anglophone crisis: president Paul Biya connects through social media », CRTV, 2

octobre 2017.

239
utilisant la même plateforme, ou alors fait des communiqués à travers le
ministre de la communication119 partagés sur les réseaux sociaux pour rétablir
ou déconstruire des informations prenant de l’ampleur sur ledit support ;
d’ailleurs nous pouvons lire expressis verbis dans le communique le plus récent
que le gouvernement réitère que « l’information diffusée dans les réseaux
sociaux sur la tenue le 02 juillet 2020, de négociations entre une délégation
gouvernementale et des sécessionnistes en instance de jugement, n’est pas
conforme à la réalité »120. Cela démontre que dans l’activisme des
groupuscules du NOSO, l’État du Cameroun regarde ce qui se passe sur les
réseaux sociaux, même si sa communication de crise à l’ère de ces supports
peut susciter quelques interrogations. Car s’il faut admettre que maîtriser tous
les paramètres de la communication de crise est utopique, il faut quand
même reconnaitre que sous l’effet de la tension des institutions face à la crise,
les réseaux sociaux sont considérés comme un problème. Or il faut
précisément pour l’État du Cameroun essayer de mieux gérer les médias
sociaux avant la presse, car malheureusement, bien souvent, les premières
informations émanent des réseaux sociaux plutôt que des médias
traditionnels dans la crise du NOSO. Sur cet aspect il faut souligner que
qu’elles soient d’ordre sanitaire, industriel, environnemental ou politique, les
crises nécessitent une bonne gestion en termes de communication, avec des
communicants pouvant concilier les impératifs de proximité et réactivité, ces
nouveaux canaux d’interaction représentent pourtant une opportunité pour
une communication de crise mieux maîtrisée. L’autre aspect sur ces réseaux
sociaux en dehors du partage des images et de la réaction du Gouvernement,
c’est la propagande, la récupération ou l’instrumentalisation et la naissance
des forums accentuant les extrémismes sources de violence. En effet, un
regard synoptique sur les contenus des réseaux sociaux au sujet de cette crise
du NOSO peint une polarisation des opinions, alimentée par des idéologues
locaux ou de la diaspora pro séparatistes, fédéralistes ou partisan de l’État
unitaire du Cameroun. Le contenu factuel de ces idéologies oscille dans
l’opposition Ouest (anglophone) du Cameroun « irrédentiste » et Est (Bulu et

119Le communiqué rendu public le 6 juin 2020, par le Ministre de la communication et


porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, dans lequel, À travers ce
communiqué du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, René
Emmanuel Sadi, dans lequel le gouvernement exhorte les séparatistes comme il l’a fait
depuis le début à « cesser les atrocités contre les populations civiles et la destruction des infrastructures
de développement », source http://www.crtv.cm/2020/07/crise-dans-le-noso-le-
gouvernement-ne-negocie-pas-avec-les-secessionnistes consulté le 14 juillet 2020 à
14h45.
120 Le communiqué rendu public le 6 juin 2020, par le Ministre de la communication et

porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi,Ibid.

240
autres) « génocidaire », pour une synthèse caricaturale, en s’appuyant sur des
publications, illustrées par des vidéos ou des photos d’une violence extrême,
mais avec une « capacité de viralité » sur les réseaux sociaux incontestable.
L’objectif de ces posts se nourrissant très souvent d’informations
délibérément fausses (fakenews) est d’inciter à la haine de l’autre, avec
comme impact de nourrir l’incompréhension entre habitants des régions
anglophones et francophones. Dans la crise du NOSO, nous venons de le
voir, les réseaux sociaux n’ont donc pas le rôle salvateur qu’ils avaient
pendant les printemps arabes où Facebook et Twitter aidaient aux révolutions
et connectaient les individus entre eux pour former le bloc de la « volonté du
peuple ».
En ce qui concerne la stratégie diplomatique imbibée d’une téléologie de
légitimation de l’intervention des puissances externes par les groupuscules
irrédentistes du NOSO d’une part et la réaffirmation de sa souveraineté avec
gestion de ses affaires internes par l’État du Cameroun d’autre part, elle se
déroule en deux temps, d’abord le recours à la diplomatie interne et ensuite
l’activation du jeu des puissances internationales par les acteurs. En ce qui
concerne le recours à la diplomatie interne, c’est plutôt des initiatives
d’interventions unilatérales sans prises sur la volonté des acteurs, ce qui
justifie leur échec successif, de l’Église catholique121, en passant par celle du
partie politique Social Démocratique Front(SDF)122 et à celle des femmes
anglophones123, venant ainsi « au secours » de l’État ou proposant leur
contribution. Parallèlement l’attitude de l’activation du jeu des puissances
internationales par les groupuscules irrédentistes dans cette crise du NOSO
est ancienne124, mais son intensité contemporaine doit être explicitée. Le
début de l’escalade violente dans le NOSO a donné lieu à une cohorte de
réactions avec des tonalités polymorphes125des puissances et organisations
internationales, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Union
européenne, l’Union africaine, le Commonwealth, l’Organisation
internationale de la francophonie, et les Nations unies, ont réitéré aux parties

121 « Au Cameroun, les évêques proposent une médiation dans la crise anglophone »,La
Croix,17 mai 2018,disponible sur:www.la-croix.com, consulté le 14 jullet 2020 à 15H55
122 « Cameroon’s Social Democratic Front Party Outlines Solution to Anglophone

Crisis », Africanews, 17 mai 2019, disponible sur:www.africanews.com, consulte le 14


juillet 2020 à 15H35
123 SNWOT - South West/North West Women's Task Force,
124 En effet, en 1995 le SCNC avait saisi le Commonwealth pour demander l’organisation

d’un référendum pour l’indépendance, sur le modèle québécois.


125 « La francophonie préoccupée par les tensions dans les régions anglophones du

Cameroun », journalducameroun.com, 2 octobre 2017. Consulte le 14 juillet 2020 à


15H35

241
en cause dans la Crise du NOSO l’impératif d’éviter le recours systématique
à la violence et mener un dialogue inclusif comme solution durable à la crise.
Dans ce concert de réactions, la nuance dans le contenu au-delà de la
condamnation diplomatique vient des Nations unies et des États-Unis,
signalant l’usage disproportionné de la force contre les manifestants et
exigeant une enquête et un dialogue sur les questions de fond « dans le
respect de l’unité territoriale du Cameroun »126 démontre l’émergence du jeu
des puissances. En effet la réaction des puissances diverge, les groupuscules
irrédentistes du NOSO avec leurs leaders de la diaspora actionnent les jeux
d’alliance auprès des différentes puissances ayant intérêt au Cameroun qui
réagisse différemment. Si pour la France, il faut maintenir l’alliance séculaire
avec les institutions camerounaises, il faut aussi éviter de montrer, en tant
que pays des lumières, qu’elle a une oreille attentive aux « prétendue
violations des droits de l’homme »127 afin de se maintenir et éviter le risque
de basculement d’alliances vers la Chine ou la Russie pour l’État du
Cameroun dans la résolution de la crise du NOSO. Les États-Unis et la
Grande-Bretagne sont plus fermes à l’égard de l’État du Cameroun et
remettent en cause le model démocratique devant le Conseil de sécurité des
Nations unies128. Les États-Unis vont plus loin que la Grande Bretagne dans
leur positionnement et affiche ses réserves dans la gestion de la crise
anglophone, entre la déclaration en 2018 de l’ambassadeur des États-Unis au
Cameroun129, la décision d’interruption de l’assistance militaire américaine en
février 2019 pour cause d’abus dans le NOSO et retrait effectif des
conseillers militaires en juin 2019, et enfin l’invitation des personnalités

126 « Cameroon : UN chief Secretary-General urges dialogue to resolve grievances », UN


News Centre, 3 octobre 2017 ; « Violence in Cameroon », Département d’État américain,
3 octobre 2017.
127 Le président français Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture à Paris, le 22 février

2020, interpelle par un activiste camerounais, il déclare « Vous savez mon engagement
sur ce sujet. J’ai mis la pression sur Paul Biya pour que, d’abord, il traite le sujet de la zone
anglophone et ses opposants. J’avais dit : je ne veux pas que l’on se voie à Lyon, tant que
Maurice Kamto n’est pas libéré. Il a été libéré parce qu’on a mis la pression », et le chef
de l’État français ajoute : « Là, la situation est en train de se dégrader. Je vais appeler, la
semaine prochaine, le président Biya et on mettra le maximum de pression pour que cette
situation cesse. Je suis totalement au courant et totalement impliqué sur les violences qui
se passent au Cameroun et qui sont intolérables. Je fais le maximum », consultable sur :
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200222-france-cameroun-massacre-zone-anglophone-
emmanuel-macron-paul-biya, consulte le 14 juillet 2020 à 18H14.
128 Lors des réunions du 10 août 2018, du 13 décembre 2018 et du 13 mai 2019
129 S. Vidzraku, «Cameroun: les États-Unis demandent à Paul Biya de “‘réfléchir à son

héritage”’», LaTribune, 20 mai 2018, disponible sur: afrique.latribune.fr. Consulte le 14


juillet 2020 à 15H35

242
anglophones à témoigner auprès des institutions américaines à Washington,
la posture des États Unis est résolument offensive et apprécié par les
mouvements irrédentistes dans le NOSO. Les États Unis ont avec la
Grande-Bretagne, l’Allemagne et la République dominicaine, ont obtenu une
réunion du Conseil de sécurité sous formule Arria130 pour écouter les
éclaircissements des acteurs dans la crise du NOSO afin de permettre la prise
des décisions éclairées, pendant laquelle la Russie a ouvertement émis des
réserves en demandant d’éviter de glisser de la « prévention et intervention
dans les affaires internes d’un État ».131
Nous le voyons bien, les échanges entre les groupes irrédentistes du
NOSO et l’État du Cameroun sont virtuels (dialogue virtuel), la radicalisation
des positions, le recours aux réseaux sociaux, au jeux des puissances qui se
soucis de leur enjeux plus que de la résolution, ce tableau nous impose à
explorer les voies d’un dialogue structuré, directe entre les acteurs, mais en
effectuant au préalable l’historiographie des initiatives de dialogue, rappelant
ce qu’est une négociation et en proposant une processus de négociation à
l’image de celui mené par le gouvernement colombien pour la sortie de crise
avec les FARC.
II. Les lueurs de la négociation et du recours à la Soft
Power par l’État au NOSO
La situation sociale, économique, politique et finalement sécuritaire du
NOSO est identique à un champ d’affrontement avec les autorités de l’État
comme nous venons de l’illustrer dans ce premier mouvement analytique,
sur fond de violence nationale et d’instrumentalisation internationale avec la
philosophie défendue par les deux parties. Si dans cette crise du NOSO
l’identification des représentants de l’État du Cameroun ne pose pas de
problème ; cela n’est pas le cas de l’identification claire des représentants des
tendances séparatistes, car au fil des quatre dernière années, autours de la
Southern Cameroons Civil Society Consortium (SCASCS) présidé par Julius Ayuk
Tabe se sont mêlés, des groupes du grand banditisme(comme le prouve le

130 L’ambassadeur du Venezuela Diego Arria avait imaginé cette formule lors du conflit
en ex-Yougoslavie pour permettre aux membres du Conseil de sécurité d’écouter le
témoignage d’un prêtre bosniaque, cela permet aux membres du Conseil de sécurité
d’entendre, lors de rencontres informelles en dehors de sa salle, des personnes non-
membres des délégations dont l’expertise paraît susceptible d’éclairer le Conseil dans les
affaires qui l’occupent
131 What’s InBlue ,Arria-formula Meeting on the Humanitarian Situation in Cameroon,

10 mai 2019. Le panel était composé du Sous-Secrétaire général des Nations unies pour
les affaires humanitaires Mark Lowcock, son prédécesseur Jan Egeland et la présidente
de SNWOT Esther Omam Njomo.

243
cas Florence Ayafor132), des groupes de fédéralistes, des groupes du maintien
dans un État unitaire fortement et effectivement décentralisé. Il y’a donc une
nécessité par les deux parties de structurer une négociation de crise (II.1)
pour instaurer un dialogue officiel comme dans le cas des négociations avec
les FARC en Colombie, et parvenir à implémenter des programmes de
développement participatifs inclusifs (II.2) de commun accord.
II. 1. Construction et structuration d’une négociation
officielle au NOSO
À chaque situation de crise ou de conflit il faut choisir une typologie de
négociations adaptée, entre la négociation diplomatique133, institutionnelle134,
prospective135 ou de crise136. La négociation est un processus d’interaction
séquencé entre au moins deux parties clairement identifiées ou leurs
représentants plénipotentiaires, dont l’objet concerne l’organisation d’une
relation ou le règlement d’une problématique précisément identifiée entre
celles-ci. Clairement un processus de négociation s’inscrit au vu des intérêts
(Kissinger, 2006) nécessairement dans interpénétration intime incessante et
inlassable entre la logique de la coopération137 et les impératifs de
compétition138 entre les parties (Plantey, 2000). La négociation est le principal
mode non juridique de règlement pacifique des différends, sur le plan
national comme sur le plan international, les représentants doivent identifier

132Selon des informations rendues publiques sur les réseaux sociaux par le département
de la défense de l’Ambazonie, l’assassinat de florence Ayafor n’aurait rien à voir avec les
revendications sécessionnistes les Amba Boys auteurs de ce crime auraient été payés par
une dame qui accusait de Florence Ayafor d’entretenir une relation amoureuse avec son
époux. Il s’agirait ainsi d’une vengeance.
https://www.camerounweb.com/CameroonHomePage/NewsArchive/Florence-
Ayafor-l-Ambazonie-humilie-l-arme-et-r-v-le-les-vrais-auteurs-et-mobiles-du-crime-
527299, consulté le 19juillet 2020 à 11h24.
133 Entre Etats ou encore la négociation internationales.
134 Entre des institutions interétatiques ou non étatiques (ONG, Association, groupe de

pression)
135 Essentiellement contractuelles et commerciales.
136 La négociation de crise trouve son fondement dans la nécessité de stabiliser des

situations de conflits, généralement interpersonnels, mettant en avant la fragilité et


l’instabilité des facteurs humains dans les organisations : la gestion des prises d’otages et
des situations de forcenés par les forces de police
137 Les méthodes à prédominance coopérative, on retrouve principalement la

« négociation raisonnée » fondée sur la prise en compte des intérêts des différentes parties
(approche gagnant/gagnant).
138 Les approches à prédominance compétitive la plus connue est la « négociation par

position ». Elle consiste à établir et à défendre une position en vue de réaliser des gains à
la suite de concessions de l'autre partie ; rapport de force, dissimulation des informations,
amplifications des demandes, telles en sont les caractéristiques.

244
les intérêts, préparer des solutions de rechange, circonscrire les objectifs,
adopter le style de négociation adaptée, et au final faire bouger les positions.
Pour structurer la négociation dans le NOSO pour l’étape il faut s’assurer
des préalables à la négociation, la préparation des négociations, et la
négociation proprement dite d’autre part.
La première étape préalable fondamentale d’une négociation c’est
l’identification des plénipotentiaires par l’État devant négocier pour la cause
et garantissant l’effectivité immédiate des décisions en cas d’obtention d’un
accord. En ce qui concerne le NOSO, il y’a donc un travail préalable de mise
en cohérence des revendications autour d’une seule structure répondant au
nom de tous, ou alors d’identifier les structures porte étendards de toutes les
sensibilités en espérant qu’en ayant réglé le problème politique (séparatisme,
fédéralisme, décentralisation effective) l’État règlera incidemment les
survivances du grand banditisme ayant fait son lit autour de cette économie
de l’extrémisme violent dans le NOSO. L’impératif pour l’État c’est
d’identifier toutes les tendances, laissé émerger ou encourager des
structurations, les reconnaitre comme porteur d’une revendication, et ouvrir
des pourparlers avec toutes les tendances. Ou alors commencer déjà à
identifier les tendances présentant un degré d’organisation visible et
identifiable comme les séparatistes Southern Cameroons Civil Society
Consortium (SCASCS) que présidé par Julius Ayuk Tabe, en espérant que
cette reconnaissance entraine les autres tendances moins radicale à se
structurer.
La deuxième étape c’est la préparation de la négociation par l’ouverture
des pourparlers avec les représentants des différentes tendances sur le
NOSO par l’État avec les plénipotentiaires selon le rythme de structuration
des différentes tendances comme indiqué ci-dessus. À cet effet, il faut espérer
que malgré la guerre médiatique entre différents communiqués du
gouvernement et de la SCASCS, les frémissements de premiers contacts
faisant état d’une rencontre qui auraient eu lieu entre une délégation de la
SCASCS en détention à Yaoundé, menée par Sisiku Ayuk Tabe139, et celle de
certains officiels du gouvernement conduite par le Directeur General en
charge de la Recherche Extérieure démentie par le gouvernement du
Cameroun140 que cette tendance prospère. Les pourparlers officiel et

139Sources :
https://www.camerounweb.com/CameroonHomePage/NewsArchive/Sortie-de-crise-
au-NOSO-voici-ce-qui-passe-r-ellement-entre-les-s-cessionnistes-et-le-r-gime-528523,
consulté le 14 juillet 2020 à 14h45.
140Source :http://www.crtv.cm/2020/07/crise-dans-le-noso-le-gouvernement-ne-

negocie-pas-avec-les-secessionnistes consulté le 14 juillet 2020 à 14h45.

245
assumés vont permettre aux deux parties de cadrer la forme, le model,
designer les plénipotentiaires, les lieux ou se tiendrons les négociations, les
acteurs invités ou médiateurs éventuels, déterminer les points précis de
négociation, déterminer la communication autour des négociations
(communique conjoint ou unilatéral des deux parties), définir les types
d’engagements juridiques devant découler des négociations. Ces pourparlers
officiels en eux même sont un véritable test pour la réussite de la négociation
à venir, ils peuvent prendre un temps long selon que les deux parties sont
dans l’option de coopération ou de compétition. Au terme des pourparlers
un protocole de négociation est adopté avec des règles précises pour l’État du
Cameroun et les représentants de la crise au NOSO. C’est à ce niveau que
l’État du Cameroun doit pouvoir comprendre qu’admettre des sujets ou
points de négociation n’est pas synonyme de les accepter pendant la
négociation plus tard, il faut savoir passer de la position à l’intérêt pour les
parties, mais ouvrir le spectre pour donner lieu au début du processus de
négociation.
La négociation proprement dite, elle sera un processus sur la longue
durée, permettant à l’État du Cameroun et aux groupuscules dans la crise du
NOSO, d’arrêter les exactions de la guerre de séparation et donner l’occasion
aux autorités de maintien de l’ordre de commencer à régler le cas de la
phagocytose des groupes liées au grand banditisme dans le NOSO. Comme
toute négociation politique, elle sera longue, les acteurs physiques changeront
peut-être, mais le protocole de négociation conclu et les différentes phases de
discussion pourront continuer au sein des différentes institutions en
question. Le contexte est très important pour assurer le succès des
négociations, parfois le contexte national, international, économique, sociale,
politique, n’est pas favorable ou le devient pour que les négociations
aboutissent, l’essentiel c’est de les commencer et de les inscrire dans le temps
indépendamment des interlocuteurs. En cela le contexte du Cameroun, avec
un régime politique ou les questions d’alternance souvent peut constituer une
opportunité ou un frein, selon la perception ou les imaginaires qu’on
construit dans l’espace public national et international sur cette crise du
NOSO. La volatilité et les mutations du contexte social et politique
camerounais, seront des éléments importants devant canaliser ce processus
de négociation au Cameroun comme cela a été le cas en Colombie de Oslo
à la Havane pendant cinquante années les conditions sociales, historiques et
politiques dans le pays ont évolué favorablement pour mettre fin
définitivement au conflit armé (Rodriguez Cuados, 2014). L’autre impact
positif de cette négociation dans le NOSO, est aussi que dès le protocole de
négociation conclu par les pourparlers les parties peuvent s’entendre de
manière inclusive sur la sécurisation, la reconstruction et le développement

246
du NOSO, contrairement aux programmes unilatéraux mis en place par
l’État du Cameroun ayant un accueil mitigé et une capacité d’exécution
complexe dans une zone où sévit l’insécurité, le grand banditisme et
l’extrémisme violent.
II.2. Opérationnaliser la reconstruction du NOSO
pendant les négociations
C’est un adage connue quand les négociations commence les armes se
taisent, même si dans le cas spécifique de la crise du NOSO, le
Gouvernement a commencé par des mesures d’apaisement spécifiques, en
ordonnant le 14 décembre 2018, l’arrêt des poursuites contre 289 personnes
poursuivies devant les tribunaux militaires et détenues pour des délits
commis dans le cadre de ladite crise, et en décidant par décret n°2018/719
du 30 novembre 2018 de la création du Comité National de Désarmement,
de Démobilisation et de Réintégration – le CNDDR – destiné à permettre à
combattants impliqués dans les violences dans la crise du NOSO, de se
réinsérer dans la société. À côté de ces mesures ciblées, on assiste à un
ensemble de mesures gouvernementales globales dont les plus importantes
sont contenues dans le plan d’urgence gouvernementale pour le NOSO141
de 12,7 milliards de FCFA prévu pour 18 mois, financé par l’État, les
camerounais et les partenaires internationaux, présenté le 20 juin 2018 d’une
part, et faisant suite à la tenue du Grand Dialogue national du 30 septembre
au 4 octobre 2019 à Yaoundé avec comme résolution forte pour la crise au
NOSO, l’accélération de la décentralisation, avec un statut spécial pour les
régions anglophones, assez critiqué pour la non présence de véritable
plénipotentiaires des groupuscules qui sèment la terreur au NOSO.
Nonobstant ces différents efforts du Gouvernement camerounais, il faut
constater que toutes ces mesures, n’ont pas fait cesser les exactions sur le
terrain dans la crise du NOSO, essentiellement parce qu’elles ne sont pas
décidé et mis en œuvre de manière concertée avec les groupuscules
entretenant les actions d’extrémisme violent dans le NOSO. L’urgence pour
l’État du Cameroun dans cette configuration, pour permettre la mise en
œuvre optimale de toutes ces initiatives en faveur de la reconstruction dans
le NOSO, est qu’il puisse par des négociations avec les plénipotentiaires
desdits groupuscules apaiser la situation sur le terrain.
Ensuite il faudra de commun accord avec les plénipotentiaires des
groupes de la crise du NOSO pendant le processus de négociation, définir

141Voir:https://www.prc.cm/fr/actualites/2913-regions-du-nord-ouest-et-du-sud-
ouest-un-plan-d-assistance-humanitaire-d-urgence-de-plus-de-12-milliards-de-fcfa,
consulte le 29 juillet 2020 à 18H55.

247
de manière concertée, les nouveaux programme de sécurisation, de
reconstruction, de financement et de réinsertion des combattants ; ou alors
transformer de manière efficiente avec les apports desdits groupuscules les
programmes déjà existant qui sont mis en œuvre progressivement avec le
handicap des exactions sur le terrain dans le NOSO.
Enfin, et il nous semble évident au regard du cas des FARC en Colombie,
en effet, avec l’accord du 21 juin 2013, intitulé « Vers une nouvelle campagne
colombienne : Réforme rurale et intégrale », ensuite celui du 8 décembre 2013, a été
intitulé « Participation politique : Ouverture démocratique pour construire la paix »142,
et enfin celui du 16 mai 2014 sur: « Les solutions au problème des drogues
illicites »143 ; l’État et les FARC se sont rendu compte que bien que le processus
avance à la Havane, les défis sociaux et politiques se multiplient dans le pays,
et qu’il est difficile de faire disparaitre la violence et de construire ensemble
et de maintenir la paix en Colombie. Mais la poursuite inlassable des
négociations entre les FARC et l’État a permis d’arriver à la signature le 26
septembre 2016 du premier cessez-le-feu bilatéral et définitif jamais conclu
entre autorités colombiennes et FARC (formées en 1964). Mais durant ces
années de conflits et de violences, comme nous venons de le voir les
négociations avançaient sur diffèrent points. C’est cette posture de l’État
colombien que nous pensons que l’État du Cameroun devrait adopter, afin
de contrôler l’espace du NOSO par une sécurisation concertée, pouvoir
reconstruire et développer avec les groupuscules qui continueront à faire
sentir leur capacités de nuisance, tant que l’État du Cameroun n’obtiendra
pas un cessez le feu bilatéral et définitif, l’État de Colombie l’a fait avec les
FARC en 2016 et depuis la paix est revenue et l’État de Colombie continu à
mener ses activité régaliennes. Le cessez le feu bilatéral n’est donc pas une
faiblesse ou une renonciation unilatérale et suicidaire de l’État, devant les
atrocités et la souffrance du peuple, mais une option de négociation, de fin
des hostilités dans le NOSO et une modalité d’obtention de la paix.

Conclusion

142 « Deuxième rapport commun de la table de négociations de paix entre le


gouvernement de la République de Colombie et les Forces Armées Révolutionnaires de
Colombie – Armée du Peuple (FARC-EP) sur le point numéro deux de l’ordre du jour
de l’accord général de La Havane, “Participation Politique” », La Havane, le 8 décembre
2013. Disponible sur le site internet : www.mesadeconversaciones.com.co/comunicados/2do-
informe-conjunto-de-la-mesa-deconversaciones-sobre-el-punto-2-de-la-agenda-del?ver=fr
143 El Espectador, le 16 mai 2014. Voir : http://www.elespectador.com/noticias/proceso-de-

paz/comunicado-conjunto-de-delegaciones-del-gobierno-nacion-articulo-492875

248
En pénultième analyse conclusive, il nous semble important, et les
développements de cette réflexion l’ont démontré, que la posture stato
centrée de l’État du Cameroun est une aubaine pour l’exercice de la capacité
de nuisance des groupuscules écumant le théâtre des opérations de la crise du
NOSO. Si cette posture était efficace depuis 2016 on aurait nécessairement
eu une architecture de la violence à une intensité normalisée dans le NOSO,
mais l’écho responsif de cette position de l’État augure un tableau peu
reluisant, de la cohorte de déplacés internes, aux mutations dans la sociabilité
des populations du NOSO, pour finir par les secousses sur les fondements
ontologiques de l’État du Cameroun forgé dans le moule de ses deux cultures
d’emprunts anglophone et francophone.
Cette réflexion a eu pour ambition, de déconstruire la pertinence de la
posture stato centré comme seule horizon ou perspective envisageable par un
État face à l’irruption de revendications séparatistes aux tendances
extrémistes, et de construire autour de la négociations pour l’État du
Cameroun à l’image de la Colombie avec les FARC, une vitrines des
possibles dans la résolution de la crise du NOSO. Cette négociation pour
l’État du Cameroun est considérée par cette réflexion comme un impératif
face aux exactions extrémistes violentes au NOSO. Car in fine si l’État du
Cameroun ne négocie pas avec les terroristes, la violence et l’extrémisme
violent dans le NOSO ne peut se résoudre qu’en quittant le dialogue virtuel
(sur internet et l’équilibre de la terreur) actuel entre les deux blocs, dont un est
homogène (l’État du Cameroun) et l’autre hétéroclite (groupuscules de la
crise du NOSO) à une dialogue réel (négociation structurée). La violence en
réaction à la violence extrême ne s’annulera que lorsqu’il y’a possibilité de
domination, d’anéantissement et de vaincre la guerre, hors dans une situation
de séparatisme infraetatique extrême comme dans le NOSO désormais, nous
ne sommes plus dans une guerre conventionnelle, c’est l’asymétrie la variable
d’expression de la déflagration et du déferlement de la violence sur les
populations qui payent toujours le plus lourd tribut.

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