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15/7/2015 La 

théorie libérale des Relations Internationales – Les Yeux du Monde

S’il on se réfère à la chronologie des Relations Internationales, le libéralisme est le premier cadre théorique à émerger à la suite de la Première Guerre
mondiale. Choqués par les conséquences de ce conflit, certains intellectuels et politiciens se donnèrent pour objectif d’identifier les causes de la guerre
dans le but dégager des solutions permettant de freiner les ardeurs belliqueuses des Etats et donc d’éviter la résurgence de conflits majeurs. S’inspirant
des  réflexions  issues  de  la  philosophie  des  Lumières  et  d’auteurs  tels  qu’Hugo  Grotius,  John  Locke,  ou  encore  Emmanuel  Kant,  les  libéraux
énoncèrent  divers  principes  à  l’instar  des  «  Quatorze  points  de  Wilson  »,  avec  pour  ambition  d’instaurer  une  paix  durable  au  sein  du  système
international.

La théorie libérale apparaît suite à la
Première Guerre mondiale dont le bilan
humain approche les 10 millions de
morts.

Ce qui fait ainsi la particularité du libéralisme en Relations Internationales est sa vision optimiste de la nature humaine et sa croyance en la possibilité
d’appliquer aux phénomènes internationaux les préceptes de la doctrine libérale telle qu’elle a pu être formulée par les philosophes et les économistes
des siècles précédents. En cela, cette théorie repose sur l’adhésion à certains principes qui placent l’individu au centre des relations internationales
comme par exemple la liberté, l’Etat de droit, la démocratie représentative, la coopération internationale, les droits de l’homme, le libre­échange, etc.
Elle estime en effet, que dans les sociétés respectant ces règles, les décideurs politiques sont davantage soumis à la volonté du peuple qui par nature ne
trouve que peu d’intérêt au conflit. Ce paradigme, contrairement à d’autres, reconnaît également l’existence d’une multitude d’acteurs sur la scène
internationale, comme par exemple les Etats, mais aussi les organisations internationales (OI), les organisations non gouvernementales (ONG), les
firmes multinationales (FMN), etc.

Pour  les  théoriciens  libéraux,  plusieurs  éléments  concourent  à  l’apaisement  des  relations  internationales.  Le  principe  d’interdépendance,
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15/7/2015 La théorie libérale des Relations Internationales – Les Yeux du Monde

directement lié à l’existence d’échanges commerciaux entre les différents Etats, est par exemple considéré comme un puissant frein à la violence entre
unités étatiques. En effet, les conséquences politiques, économiques et sociales qui résulteraient d’un conflit armé entre deux Etats interdépendants
deviendraient  trop  importantes  pour  que  les  décideurs  politiques  envisagent  de  se  lancer  dans  une  escalade  belliqueuse,  la  prise  de  risque  et
l’incertitude d’une telle aventure étant largement supérieures aux bénéfices potentiels qui pourraient être acquis par la victoire. Le développement du
droit international depuis la fin du XIXe siècle est également perçu par les libéraux comme un facteur de paix entre nations. Dans ce cas, l’existence
d’un  ensemble  de  règles  conjointement  reconnues  par  les  différents  Etats  et  régissant  leurs  rapports  mutuels,  doit  servir  de  cadre  de  référence  à
l’action  de  chacun  d’entre  eux.  En  permettant  de  dépasser  les  contraintes  de  l’anarchie  internationale,  le  droit  international  offre  la  possibilité  de
résoudre  les  conflits  émergents  de  manière  pacifique,  avant  même  que  ceux­ci  ne  dégénèrent  en  confrontation  ouverte.  Pour  certains  libéraux,  le
caractère  démocratique  (ou  plutôt  républicain)  d’un  régime  politique  agit  lui  aussi  comme  une  entrave  à  la  guerre.  En  effet,  dans  les  Etats  dits
« démocratiques », les hommes politiques agissent dans l’ambition de parvenir ou de rester au pouvoir par l’intermédiaire des élections. Or, pour ce
faire, ils doivent inévitablement répondre aux exigences de l’opinion publique et de la société civile, dont l’une des principales caractéristiques est
l’aversion pour la guerre (cf. théorie de la paix démocratique). Dans une autre mesure, l’existence d’organisations internationales (ONU, OMC,
etc.)  et  de  certains  mécanismes  propres  à  ces  institutions  (résolutions  du  Conseil  de  sécurité,  arbitrage  international,  etc.),  créée  des  espaces  de
dialogue et une coopération de fait, qui favorisent la pacification des relations internationales.

Par conséquent, pour les libéraux, c’est la reconnaissance d’intérêts partagés entre Etats, et donc le besoin de « sécurité collective », qui doit prévaloir
au sein du système international plutôt que la recherche de l’intérêt individuel, nécessairement facteur de conflit. En respectant la morale libérale, il
devient alors possible d’éradiquer le fléau de la guerre pour y substituer une paix durable entre nations.

Considérée  comme  trop  éloignée  des  réalités  au  regard  de  la  nature  humaine  et  des  intérêts  égoïstes  de  chaque  Etat,  le  libéralisme  fut  largement
critiqué,   ses  détracteurs  n’hésitants pas  à  le  dénoncer comme étant un courant  « idéaliste  »1  voire  «  utopiste  ».  Cette  opposition  fut  d’autant  plus
virulente que la mouvance libérale qui prévalut durant l’entre­deux­guerres, fut critiquée pour son incapacité à prévenir l’apparition du second conflit
mondial qu’elle pensait pouvoir éviter par la création d’organisations internationales, dont l’exemple le plus illustre est la Société des Nations (SDN)
née en 1919. L’échec de la SDN et le cataclysme que fut la Seconde Guerre mondiale marquèrent le déclin du libéralisme en Relations Internationales
et permit au courant réaliste, qui semblait fournir une meilleure explication de la politique internationale, de devenir le paradigme dominant jusqu’au
début des années 1990.

Ainsi, bien qu’il soit possible d’identifier aisément les origines de la tradition libérale, il convient tout de même de rappeler que le libéralisme ne peut
être appréhendé comme une théorie unifiée des Relations Internationales, mais fait davantage référence à une acceptation consensuelle et partagée de
certains principes, à la fois philosophiques et normatifs, qui ont par la suite influencé les penseurs dits « libéraux ». C’est en ce sens qu’il est courant
de parler des « théories libérales » plutôt que de la « théorie libérale », d’autant plus que cette tradition s’est considérablement enrichie à partir des
années 1970, avec l’apparition du pluralisme libérale, du transnationalisme, de l’institutionnalisme libéral, des théorie de l’interdépendance, de la paix
démocratique, de la société­monde, etc.

1 La mouvance libérale est parfois désignée sous le vocable « idéalisme » dans certains manuels de Relations Internationales, mais cette dénomination
est la plupart du temps utilisée de manière sémantiquement neutre.
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