Vous êtes sur la page 1sur 63

Relations internationales

 . 

Les relations internationales sont aussi appelées études internationales (en anglais
International Studies (IS))1. Sous ces vocables, sont en général désignés l'étude des affaires
étrangères et des grandes questions du système international : rôle des États, des organisations
internationales, des organisations non gouvernementales (ONG) ainsi que des entreprises
multinationales. Les relations internationales appartiennent à la fois au domaine académique
et au domaine politique. Elles peuvent être étudiées soit dans une optique positiviste soit dans
une optique normative, toutes deux cherchant tant à analyser qu'à formuler les politiques
internationales des pays.

Si les relations internationales appartiennent historiquement au domaine de la science


politique, l'accent est de plus en plus mis sur le domaine économique à travers l'Économie
politique internationale qui s'est beaucoup développée depuis les années soixante-dix.
D'autres champs académiques sont également concernés : le droit international, la
philosophie, la géographie (à travers notamment la géopolitique), la sociologie,
l'anthropologie, l'étude des cultures.

Concernant plus spécifiquement les sujets étudiés, il est possible de citer : la mondialisation,
l'État, l'écologie et le développement durable, le terrorisme et le crime organisé, la
prolifération nucléaire, le nationalisme, le développement économique la finance
internationale, les droits de l'homme, etc.

Sommaire
 1 Mise en perspective historique
o 1.1 Histoire
o 1.2 Études des Relations internationales
 2 Angle du politique
o 2.1 Théories
o 2.2 Divers sous-champs
o 2.3 Outils
 3 Économie et politique internationale
o 3.1 Courant réaliste
o 3.2 Courant libéral
o 3.3 Nouvelle économie politique internationale
 4 Notes et références
o 4.1 Notes
o 4.2 Sources
 5 Annexes
o 5.1 Bibliographie
o 5.2 Articles connexes
o 5.3 Liens externes

Mise en perspective historique


Histoire

En général, la coutume fait débuter l'histoire des Relations internationales, aux traités de
Westphalie de 1648 au moment où le système d'États au sens moderne du terme s'est affirmé.
Antérieurement, l'organisation politique de l'Europe médiévale reposait sur un vague ordre
religieux hiérarchisé. Les traités de Westphalie ont institué le concept légal de souveraineté,
c'est-à-dire que les législateurs nationaux sont l'ultime autorité à l'intérieur du territoire
national où ils n’ont pas d'égaux parmi leurs concitoyens et pas de supérieurs à l'extérieur. Si
dans la Grèce antique ou à Rome l'autorité des cités était proche de celle du système de
Westphalie, elles ne connaissaient pas la notion de souveraineté.

Les traités de Westphalie ont poussé à la constitution d'États-Nations indépendants, à


l'institutionnalisation de la diplomatie et des armées. Ce système européen a été exporté vers
l'Amérique, l'Afrique et l'Asie à travers notamment la colonisation. Le système actuel résulte
des décolonisations durant la guerre froide. Si l'État-Nation est considéré comme « moderne »
plusieurs États ne l'ont pas encore adopté tandis que d'autres qui ont été au delà peuvent être
qualifiés de « post-modernes ». La capacité des Relations internationales modernes à
expliquer les relations entre ces différents types d'États est en question. Les « niveaux
d'analyse » constituent une façon d'aborder le système international et incluent : un niveau
individuel, l'État ; un niveau international, celui des affaires transnationales et
intergouvernementales et un niveau mondial ou global.

Ce qui est explicitement reconnu comme la théorie des Relations internationales ne s'est pas
développé avant la Première Guerre mondiale comme nous le verrons plus loin. Toutefois, la
théorie des relations internationales s'est longtemps nourrie des apports d'autres disciplines.
De nombreux auteurs citent l'histoire des guerres du Péloponnèse de Thucydide comme étant
le point de départ de la théorie réaliste qui s'est poursuivie avec le livre le Léviathan de
Hobbes et Le Prince de Machiavel. De façon similaire, la théorie libérale des relations
internationales a été influencée par Emmanuel Kant et Jean-Jacques Rousseau. Bien que la
notion actuelle des droits de l'homme soit considérablement différente de ce qui était envisagé
par les tenants de la loi naturelle, Francisco de Vitoria, Hugo Grotius et John Locke
témoignent des premiers efforts entrepris pour affirmer certains droits généraux sur la base
d'une humanité commune. Par ailleurs au vingtième siècle, le marxisme a eu une certaine
influence sur la fondation de la discipline des Relations Internationales.

Études des Relations internationales

Initialement, les Relations internationales vues comme un champ d'études distincts ont été une
spécificité britannique. En 1919, la première chaire intitulée chaire Woodrow Wilson, de
Relations internationales a été créé à l'université d'Aberystwyth grâce à un don de David
Davies. Elle fut confiée à Sir Alfred Zimmern2. Au début des années vingt une chaire fut
également créée à la London School of Economics à la demande du prix Nobel Noël-Baker.
La première université consacrée entièrement aux Relations internationales fut l'Institut de
hautes études internationales fondé en 1927 à Genève par William Rappard. Il avait pour but
de former les diplomates associés à la Société des Nations et fut un des premiers à délivrer des
doctorats en relations internationales.

La Edmund A. Walsh School of Foreign Service de l'université de Georgetown est la plus


ancienne faculté dédiée aux Relations internationales des États-Unis. Le Committee on
International Relations de l'université de Chicago fut en 1928 la première à délivrer des
diplômes universitaire dans ce domaine. Parmi les autres écoles nous pouvons citer : la School
of International Service] de l'American University, la School of International and Public
Affairs de l'université Columbia, le Department of War Studies du King's College de Londres,
la Paul H. Nitze School of Advanced International Studies de l'université Johns-Hopkins, la
School of International Relations de l'université de St Andrews, l'Elliott School of
International Affairs de l'université George Washington, la Fletcher School de l'université
Tufts, et la Woodrow Wilson School of Public and International Affairs de l'université de
Princeton.

Angle du politique
Théories

Article détaillé : Théorie des relations internationales.

Libéralisme

Articles détaillés : Libéralisme (relations internationales) et Institutionnalisme néolibéral.

Pour les libéraux, les relations internationales sont perçues comme un facteur de progrès et de
changement. Au niveau international comme au niveau national, les libéraux mettent l’accent
sur la notion de pouvoir contre-pouvoir. Ils insistent sur le rôle de l’opinion publique, du droit
et des institutions internationales qui viennent limiter le pouvoir des États. De nos jours, il
doit faire face aux forces du capitalisme mondial qui sapent l’apparente « victoire » de la
démocratie libérale à la fin de la guerre froide3. Parmi les grands auteurs libéraux actuels,
Joseph Nye insiste sur la notion de Soft power développée avec Robert Keohane. Ces deux
auteurs ont aussi développé la notion d’interdépendance complexe.

Trois points importants caractérisent l'interdépendance complexe :

 L'usage de nombreux canaux d'action entre sociétés dans les échanges transnationaux
et trans-gouvernementaux,
 L'absence de hiérarchie claire dans le traitement des affaires internationales;
 Un déclin de l'usage de la force et du pouvoir coercitif dans les relations
internationales.

Réalisme

Articles détaillés : Réalisme (relations internationales) et Néoréalisme (relations


internationales).

Pour les réalistes le système international est anarchique. L’important c’est la lutte ou la
compétition entre les États pour survivre et pour affirmer leur pouvoir sur la scène
internationale. En général les auteurs réalistes se posent quatre questions centrales4

 « Quelles sont les principales sources de stabilité ou d’instabilité du système


international »
 « Où en est actuellement la balance des pouvoirs »
 « Comment les grands pouvoirs devraient se comporter les uns envers les autres ainsi
qu’avec les États plus faibles »
 « Quelles sont les sources et les dynamiques de changement de la balance des
pouvoirs actuelle »

On distingue en général le réalisme du néoréalisme. Bien que les deux termes soient parfois
interchangeables, il existe entre les deux un certain nombre de différences essentielles. La
plus importante tient au fait que la théorie réaliste met au centre de tout la nature humaine et
la volonté de domination qui lui serait associée alors que le néoréalisme, à la suite de Kenneth
Waltz, ne réfère pas à une nature humaine mais place au centre de son analyse les pressions
exercées par l'état d'anarchie.

Principaux auteurs : Raymond Aron, Edward Hallett Carr, Robert Gilpin, Samuel Huntington,
George Kennan, Stephen Krasner, Hans Morgenthau, Kenneth Waltz, John Mearsheimer

École anglaise

Article détaillé : École anglaise.

L’école anglaise prend ses sources au tout début du XIXe siècle avec des auteurs comme
Graham Wallas, Alfred Zimmern. Son approche n’est pas positiviste mais plutôt rationnelle et
normative. Elle analyse les relations internationales sous l’angle de la Grande société ou
d’une société internationale. Sur bien des points, il s’agit d’une variante idéaliste de l’école
libérale qui à la différence des réalistes ne se focalise pas exclusivement sur les relations
interétatiques. Deux grandes variantes sont perceptibles5

 Un courant solidariste prééminent qui met l’accent sur le droit international et sur la
sécurité collective
 Un courant particulariste qui met davantage l’accent sur la coopération interétatique.

Principaux auteurs : Hedley Bull, Barry Buzan, Thimothy Dunne, Martin Wight

Constructivisme

Article détaillé : Constructivisme (relations internationales).

Pour les constructivistes, la connaissance n’est pas le résultat d’un processus passif et objectif
mais est inséparable d’un ensemble de mots de langages d’idée qui à la fois a conditionné et
est conditionné par elle. Dans ces conditions les constructivistes vont s’interroger sur les
interactions entre acteurs de la politique mondiale en étudiant l’influence des systèmes de
normes internationales.

Principaux auteurs : Friedrich Kratocwil, Nicholas Onuf, Christian Reus-Smit, John Gerard
Ruggie, Alexander Wendt

Théorie critique

Article détaillé : Théorie critique (relation internationale).


L’école critique se focalise sur l’étude des inégalités du système international et intègrent
dans le champ des relations internationales des facteurs tels que les classes sociales. Ils
interrogent par ailleurs la notion d’État. Principaux auteurs : Robert Cox, André Gunder
Frank, Stephen Gill, Antonio Gramsci, Jurgen Habermas, Andrew Linklater

Divers sous-champs

Le champ des relations internationales se divise en cinq sous-champs :

 Théorie des relations internationales. Ce champ étudie les différents courants


théoriques qui façonnent le domaine des relations internationales et leurs implications
théoriques, leurs postulats de base, leurs remises en cause par les événements leur
donnant tort ou raison et, par le fait même, leur pertinence. Le réalisme, le libéralisme
en sont les plus populaires, avec le marxisme et le constructivisme.

 Organisations internationales. Ce champ a pour objet d'étude central, comme son nom
l'indique, les organisations internationales, c'est-à-dire les différentes institutions au
sein desquelles les États et autres acteurs de la scène mondiale exercent leur
leadership. L'ONU est la plus célèbre des organisations internationales, mais il y a
également une multitude d'organisations à caractère économique et financier :
l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international
(FMI), la Banque mondiale (BM), pour ne nommer que celles-là.

 Relations transnationales. Les relations transnationales signifient l'ensemble des


relations qui se tissent entre les acteurs de la scène internationale et qui échappent au
contrôle des États. Le terme transnational signifie que ces relations transcendent les
États et ne sont pas soumises à son influence. Le mouvement écologiste, sous la
houlette de Greenpeace, par exemple, constitue un exemple de relations
transnationales. Les mouvements altermondialistes en font également partie : ils
s'organisent spontanément par des acteurs autres que les États nationaux et ont pour
prétention de s'affranchir de ces derniers pour interpeller la société civile mondiale.

 Analyse de politiques étrangères. C'est l'analyse des discours tenus par les chefs d'État
et des actions commises par ceux-ci dans la définition de leurs intérêts géopolitiques et
géostratégiques. L'analyse de politique étrangères cible donc l'ensemble des actions de
politique étrangère effectuées par les États, qu'il s'agisse de doctrines adoptées
(doctrine Monroe, doctrine Medvedev) ou encore de courants théoriques et de leurs
implications concrètes dans les actions étatiques (néoconservatisme américain).

 Études de sécurité. Champ plutôt large, il se divise lui-même en trois sous-catégories :


la polémologie, les études stratégiques et l'irénologie. La polémologie est l'étude des
guerres et des conflits. La question centrale est la recherche des causes des guerres.
Les études stratégiques concernent l'aspect technique et matériel des guerres : les
stratégies employées, le potentiel militaire, l'organisation des forces disponibles et leur
coordination. L'irénologie, quant à elle, est la science de la paix. Elle pose comme
questions centrales : « comment régler les conflits ? Comment consolider la paix ?
Comment intervenir efficacement de manière préventive ? Comment assurer un
maintien de la paix efficace ? »

Outils
 La diplomatie c'est-à-dire la pratique de la négociation et des échanges entre
représentants des États. Les sanctions, le recours à la force et les négociations
économiques internationales notamment au niveau du commerce mondial, bien que
n'étant pas typiquement considérés comme de la diplomatie sont en réalité des outils
intéressant dans le cadre de négociations.
 Les sanctions internationales constituent en général le premier recours après l'échec
de la voie diplomatique et sont une des façons de donner plus de poids aux traités.
Elles peuvent prendre la forme de sanctions diplomatiques ou économiques.
 La guerre, l’usage de la force est souvent vue comme l'ultime recours dans les
Relations internationales. Pour Clausewitz, « la guerre est la continuation de la
politique par d'autres moyens ». L'étude de la guerre dans le champ des Relations
internationales est du ressort de deux disciplines : les études militaires et les études
stratégiques.
 La mobilisation de l'opinion internationale peut également être vue comme un
instrument des Relations internationales. Cette méthode est surtout utilisée par des
ONG. Par exemple quand Amnesty International appelait la prison de Guantanamo un
« Goulag »6.
 La mise en avant des avantages économiques et diplomatiques. Par exemple pour
rentrer dans l'Union européenne les pays candidats sont tenus de respecter un certain
nombre de critères économiques et légaux qu'ils acceptent s'ils estiment que les
avantages l'emportent sur les inconvénients.

Économie et politique internationale


Article détaillé : Économie politique internationale.

Pour Stéphane Paquin7, le moment fondateur de l’économie politique internationale serait le


moment, le 15 août 1971, où Richard Nixon a suspendu le système monétaire mis en place à
Bretton Woods. Pour Robert Gilpin, un de ses fondateurs avec Susan Strange elle étudie
« l’interaction réciproque et dynamique dans les relations internationales entre l’accumulation
de la richesse et la poursuite de la puissance »8. En général les spécialistes voient l’Économie
politique internationale comme une sous-discipline des relations internationales même si
Susan Strange, au contraire, considérait les relations internationales comme une sous-
discipline de l’Économie politique internationale9. Actuellement, il est possible de distinguer
quatre grandes écoles, dont les trois premières, la réaliste, la libérale et la marxiste sont
qualifiées de « classiques »10

Courant réaliste

Le courant réaliste est aussi nommé : mercantiliste ou nationaliste. Ce courant est très proche
du courant réaliste classique en relations internationales mais y inclut une perspective
économique. Pour les auteurs de ce courant, l’État au niveau économique cherche d’abord à
renforcer sa puissance par rapport à ses concurrents. Pour eux, même si tous les participants
sont gagnants dans l’échange international, un pays peut le refuser s’il estime qu’il sera moins
favorisé qu’un de ses concurrents11. En effet en acceptant sa place relative va diminuer. En
général, les membres du courant réaliste sont très sceptiques quant à la mondialisation et n’ont
qu’une estime relative envers les institutions internationales

Grands auteurs :Stephen Krasner, Alexander Hamilton, Friedrich List, Robert Gilpin


Courant libéral

C’est aux États-Unis le courant le plus important. En 2005, 69 % des spécialistes américains
de la spécialité se déclaraient de ce courant et 77 % étaient favorables au libre-échange12. Pour
eux, à la suite de John Locke et en opposition avec Thomas Hobbes qui inspire les réalistes,
l’absence de gouvernement n’implique pas l’état de guerre. Par ailleurs, à la suite de Grotius,
ils estiment que les relations internationales doivent être régies par des règles de droit. Au
vingtième siècle, les idées de Woodrow Wilson, l’homme des quatorze points et de la Société
des Nations, ont joué un rôle déterminant sur le libéralisme en relation internationale13. Les
libéraux sont pluralistes et pour eux les relations internationales ne dépendent pas seulement
des États. En effet, il faut aussi compter avec les multinationales, les ONG, les Institutions
internationales et l’opinion publique internationale. Pour les libéraux un monde plus
interdépendant conduit à la formation d'une société internationale et est porteur de paix, de
justice et de prospérité. En effet les libéraux la coopération par les échanges comme un jeu à
somme positive. Les principaux auteurs incluent Adam Smith, Emmanuel Kant, David
Ricardo, Woodrow Wilson et John Maynard Keynes.

Le courant marxiste s’intéresse plus à l’étude des relations économiques Nord-Sud qu’aux
relations entre les grandes puissances14. Par ailleurs, il attribue aux rapports de classes sociales
une place importante puisque ce sont eux qui, selon les représentants de ce courant,
déterminent les actions des États15. Actuellement deux grands courants prédominent16 : la
théorie de la dépendance axée sur les rapports Nord-Sud, et l’approche système-monde
qu’Immanuel Wallerstein a développé à partir des travaux de Fernand Braudel. L’idée
générale est ici que le centre « exploite » plus ou moins la périphérie. Les principaux auteurs
incluent Robert Cox, Immanuel Wallerstein et Karl Marx.

Nouvelle économie politique internationale

La Nouvelle économie politique internationale (NPEI) est née en réaction avec ce qu’elle
appelle l’école orthodoxe en relation internationale constituée, selon elle, de l’école
néoréaliste en relation internationale et de l’école néo-libérale institutionnelle, certains parlent
de « synthèse néo-néo ». Alors que ces deux écoles ont en commun une approche basée sur
une analyse empiriste tournée vers l'action et l'expertise utilisable par les décideurs, l’école de
la nouvelle économie politique internationale, se veut hétérodoxe et plus réflexive. Elle a été
également crée parce que ses fondateurs estimaient que la mondialisation rendait « nécessaire
de revoir les façons de faire »} et appelait « à la construction de nouvelles approches afin de
rendre lisible le monde »17. Toutefois, il convient de noter que tant ce qu'ils appellent l'école
orthodoxe que le courant hétérodoxe qu'ils incarnent sont relativement hétérogène. Les
principaux auteurs incluent Susan Strange et Robert Cox.

École orthodoxe vue par la NPEI

L'école orthodoxe domine largement aux États-Unis. En 2005 les cinq premiers spécialistes
des relations internationales les plus importants selon un sondage faits auprès des professeurs
américains en la matière : Robert Keohane, Kenneth Waltz, Alexander Wendt, Samuel
Huntington et John Mearsheimer appartenaient à ce courant.

Les grands points communs aux orthodoxes sont :


 une volonté de créer des théories de l’économie politique internationale calquées sur
celles des sciences dures et notamment de l’économie orthodoxe. Cette recherche
découlant, selon eux, d’un penchant de l’orthodoxie vers le rationalisme et le
positivisme18 ;
 une volonté de développer des problem–solving, c’est-à-dire à résoudre les problèmes
qui se posent et une acceptation du monde tel qu’il est19 ;
 importance accordée aux États20.

Le principal point de divergence entre orthodoxes tient au fait que, alors que les néo-réalistes
comme Stephen Krasner ou Robert Gilpin ne crient guère à la mondialisation et s'en méfient,
les néo-libéraux institutionalistes comme Robert Keohane et Joseph Nye y sont favorables21 o

NPEI en elle-même : l’EPI hétérodoxe

La nouvelle économie politique internationale ne croit pas à la possibilité d’établir une théorie
de l’économie politique, et ne pense pas que l’État soit l’acteur dominant. Par ailleurs ses
membres adoptent une approche très fortement multidisciplinaire et s’intéressent en sus de la
science politique et de l’économie, à la sociologie, à l’anthropologie, au droit, à la
démographie et à l’histoire22. Plusieurs points sont au centre de leur recherche23 :

 la finance mondiale
 les changements technologiques
 l’internationalisation des firmes
 l’émergence d’une diplomatie économique
 l'intensification des communications internationales et des flux migratoires
 les changements de la géographie globale (changement de frontières, émergences de
grandes villes, etc.)

Deux grands auteurs ont marqué la Nouvelle économie internationale, Susan Strange qui a
adopté une approche réaliste non centrée comme l’école réaliste orthodoxe sur les États mais
sur l’ensemble des acteurs; et Robert Cox qui lui a opté pour une approche néogramscienne,
c’est-à-dire qui s’intéresse à la classe dominante et à la façon dont elle acquiert un pouvoir
hégémonique
État

Nicolas Machiavel fut un des premiers à faire usage du mot stato dans le sens d'« unité politique d’un
peuple qui le double et peut survivre aux allées et venues non seulement des gouvernements mais aussi
des formes de gouvernement ».

L’État1 possède une double signification2 : l'organisation politique et juridique d'un territoire
délimité, ce que la première édition du dictionnaire de l’Académie française de 16962 appelle
l'État en tant que « gouvernement d’un peuple vivant sous la domination d’un prince ou en
république », ou bien le pays lui-même, c'est-à-dire l'État entendu « pour le pays même qui est
sous une telle domination ». En droit international, un État souverain est vu comme délimité
par des frontières territoriales établies, à l'intérieur desquelles ses lois s'appliquent à une
population permanente, et comme constitué d’institutions par lesquelles il exerce une autorité
et un pouvoir effectif. La légitimité de cette autorité devant en principe reposer – au moins
pour les États se disant démocratiques – sur la souveraineté du peuple ou de la nation.

La nation quant à elle ne se confond pas non plus avec l’État sauf dans le modèle de l’État-
nation. Si l'État se distingue du gouvernement car la notion inclut toute une dimension
administrative et juridique, il arrive que sur le continent européen, l'influence de la pensée de
Hegel fasse que l'on parle d'État là où le mot gouvernement serait plus exact3.

Sommaire
 1 Étymologie
 2 Éléments constitutifs entendu au sens de pays
o 2.1 Territoire délimité et déterminé
o 2.2 Population résidente
o 2.3 Forme minimale de gouvernement
o 2.4 Gouvernance et relations
 3 Caractéristiques
o 3.1 Puissance ou force publique
o 3.2 Souveraineté
o 3.3 En droit international
o 3.4 Institutions
o 3.5 Sûreté de l'État
 4 Économie
o 4.1 Grandes fonctions
o 4.2 Différentes formes d'États-providence
o 4.3 Évolution récente
o 4.4 Controverses concernant l'économie
 5 Courants de pensée
o 5.1 Marxisme
o 5.2 Libéralisme
o 5.3 Pluralisme
o 5.4 Pragmatisme
o 5.5 Institutionnalisme
o 5.6 Église catholique
 6 Théories
o 6.1 État et Société civile
o 6.2 Théories juridiques
o 6.3 Triarticulation
 7 Histoire
o 7.1 Antiquité
o 7.2 État féodal à l’État moderne
 8 Notes et références
o 8.1 Notes
o 8.2 Références
 9 Annexes
o 9.1 Bibliographie
o 9.2 Articles connexes
o 9.3 Liens externes

Étymologie
État vient du latin status, dérivé du verbe stare qui signifie au sens premier « se tenir
debout », et au sens figuré « la position4. » Le mot « État » apparaît dans les langues
européennes dans son acception moderne au tournant des XVe et XVIe siècles. Au
XVIIIe siècle, l'État signifie également la condition d'une personne, son « état civil ». Selon
Hannah Arendt5, le mot vient du latin status rei publicae (mot-à-mot = état de la chose
publique) qui signifie « la forme de gouvernement ».

Éléments constitutifs entendu au sens de pays


Pour qu'un État soit reconnu internationalement (selon les termes de la convention de
Montevideo) quatre caractéristiques constitutives doivent être constatées de manière
évidente :

1. l'existence d'un territoire délimité et déterminé


2. l'existence d'une population résidente sur ce territoire
3. l'existence d'une forme minimale de gouvernement
4. la capacité à entrer en relation avec les autres États

Territoire délimité et déterminé

C'est une condition indispensable pour que l'autorité politique s'exerce efficacement. Maurice
Hauriou déclare à ce sujet : « l'État est une corporation à base territoriale. » L'assise
territoriale implique une délimitation précise et la notion de frontière apparaît indispensable.
Toutefois la précision frontalière est à nuancer : ainsi la Pologne fut reconnue comme État
indépendant le 11 novembre 1918, soit avant la fixation de ses frontières par le traité de
Versailles de 1919. L'article 2 alinéa 4 de la Charte des Nations unies insiste sur le respect par
les États-tiers et par les gouvernants de l'intégrité de tout territoire national et de ses
frontières. Celles-ci peuvent être naturelles ou artificielles. Les frontières naturelles sont par
exemple un segment de fleuve, de rivière ou d'une montagne. Les frontières artificielles sont
déterminées par un traité qui en fixe les limites. En règle générale la délimitation des
frontières est négociée dans le cadre d'une commission mixte rassemblant toutes les parties en
cause.

Le territoire joue un rôle fondamental : il contribue à fixer la population en favorisant l'idée de


nation et détermine le titre et le cadre de compétence de l'État. Rôle essentiel car les autorités
publiques doivent disposer de la plénitude des compétences pour imposer des obligations aux
individus et faire respecter le droit. La souveraineté d'un État s'abolit au-delà des frontières.
Hors de ses frontières, un État est présent par ses représentations diplomatiques (ambassades
et consulats). Par convention ces lieux sont censés faire partie intégrante du territoire de l'État
représenté et bénéficient à ce titre - ainsi que du personnel rattaché d'une immunité juridique
exceptionnelle.

Population résidente

La population d'un État se présente comme une collectivité humaine. Cet ensemble doit être
également délimité par une appartenance (la nationalité) et un contenu exprimé en termes de
droits et devoirs : Tous les individus présents sur le territoire d'un État sont soumis sans
concurrence possible au même ordre juridique, expression de la souveraineté de l’État qui
s’applique aux nationaux comme aux étrangers. Pour que l’État fonctionne et se maintienne,
l'unité de la population nationale doit résulter d'une certaine harmonie et/ou homogénéité
entre l'ensemble de ses membres : Des caractéristiques communes comme la langue, l'ethnie,
l'histoire commune, par exemple aident à préserver cette unité nationale. Cependant, de
nombreux États se trouvent être fondés sur une diversité plus ou moins contrastées de
populations : pluralité de langues, d'ethnies, de religions, d'économies. Il revient à l'État dans
ces cas de figure à préserver la cohésion nationale et à tout le moins le respect des minorités
existantes sur son territoire. La nation est généralement conçue comme une collectivité
humaine dont les membres sont d'une part unis les uns aux autres par des liens à la fois
matériels et spirituels et, de l'autre, se distinguent des membres des autres collectivités
nationales. Ainsi, comme l'indique Gérard Noiriel dans État, Nation et Immigration, la nation
se définit non seulement par des caractéristiques communes mais également par
différenciation.

Deux conceptions de la nation se sont affrontées entre France (conception dite subjective de la
nation) et Allemagne (conception dite objective de la nation). La première, l’École
allemande ; le philosophe allemand Fichte (1762-1814) privilégie les phénomènes objectifs
dans la définition de la nation. En effet, celle-ci est définie à partir de faits ou de phénomènes
objectivement ou encore expérimentalement observables (langue, religion, caractéristiques
physiques…). Et la seconde, l’École française, qui privilégie les éléments subjectifs : il faut
prendre en considération un élément psychologique ; la communauté de pensée et le vouloir
vivre collectif. Les idées d'Ernest Renan (1823-1892) se retrouvent dans une conférence à la
Sorbonne le 11 mars 1882 Qu’est-ce qu’une nation ?. Un passé commun, un présent commun
et un désir de vivre ensemble demain « c’est un plébiscite de tous les jours. » En privilégiant
l’élément psychologique (le vouloir vivre collectif), l’École française entend montrer la
supériorité de la volonté sur le fait, c'est-à-dire la supériorité du contrat social sur les données
naturelles et la supériorité du droit, sur les phénomènes physiques.

Forme minimale de gouvernement

Le troisième élément constitutif d'un État est son gouvernement. Le concept d'État implique
en partie une organisation politique. Cette organisation bénéficie de la puissance publique et
de la capacité de commander et de se faire obéir. Pour qu'un gouvernement puisse être obéi, il
doit être légitime. C'est pour cela que, pour maintenir l'ordre sur le territoire, il doit être
légitime et respecter les règles en vigueur dans la société. Concrètement, la notion de
gouvernement a un double sens. Le premier sens, utilisé communément, désigne l'exécutif, le
législatif et le judiciaire. Le deuxième sens, plus strict, ne concerne que le Premier ministre et
son équipe.

Gouvernance et relations

En termes de gouvernance et de relations, chaque État est en lien avec d'autres États, par des
liens officiels et diplomatiques. Et, de manière plus ou moins formalisée, avec d'une part des
entités supra-étatiques, au niveau mondial (par ex: Organisation des Nations unies) ou
continental ou « régional » (par ex: Union européenne) ; d'autre part des entités infra-
étatiques (souvent confondues en France avec les « collectivités territoriales » ou locales),
mais qui peuvent être variées, plus ou moins autonomes ou fédérées (en fonction du degré de
décentralisation), dotées ou non de personnalité juridique, et qui représentent à des titres
divers toutes les parties prenantes de la communauté nationale : partis politiques, syndicats de
salariés ou professionnels, mouvements et associations, communautés, minorités, etc.

Caractéristiques
Puissance ou force publique

Max Weber, dans Économie et société6, entend par État « une entreprise politique à caractère
institutionnel lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans
l’application de ses règlements, le monopole de la contrainte physique légitime sur un
territoire donné. » Pour Weber donc, une entreprise politique à caractère institutionnel ne peut
être un État que pour autant que sa structure administrative réussit à être la seule, directement
ou par délégation (délégation de service public, externalisation7), à faire respecter les lois à
travers l'armée, la justice et la police. Dans le cadre de la sociologie de Weber, la souveraineté
résulte de la capacité de l’État à travers son appareil administratif à s’emparer du monopole de
la violence physique et symbolique.

Certains courants de la sociologie insistent sur le fait que l’État dispose également d’une
capacité à exercer une violence symbolique sur ses citoyens, ce que Pierre Bourdieu a appelé
la « magie d’État ». Cette notion renvoie à la capacité de l’État de catégoriser ses citoyens,
grâce à un nom au travers de l’état civil ou un numéro d’immatriculation (comme le numéro
de sécurité sociale en France), ou par ses tribunaux en les déclarant coupables ou innocents.

Souveraineté
La souveraineté est le droit exclusif d’exercer l’autorité politique sur une zone géographique
donnée. C’est une notion fort complexe qu’on peut analyser tant sous l’angle sociologique
que juridique.

En France

Article détaillé : État en France.

Armand Jean du Plessis de Richelieu, par Philippe de Champaigne.

C’est sous Richelieu, ministre de 1624 à 1642, que le mot État s’impose en France. C'est
Cardin Le Bret, son conseiller juridique qui théorise pour lui les principes de l'action de l'État8
et notamment celui de la souveraineté. Il écrit à ce propos9 : « m’étant proposé de représenter
en cet ouvrage en quoi consiste la souveraineté du Roi : il me semble que je ne puis
commencer plus à propos que par la description de la Royauté. Il serait mal aisé d’en
rapporter une plus accomplie que celle que donne Philon d'Alexandrie quand il dit qu’elle est
une suprême et perpétuelle puissance déférée à un seul qui lui donne le droit de commander
absolument et qui n’a pour but que le repos et l’utilité publique… Quant à moi, j’estime qu’on
ne doit attribuer le nom et la qualité d’une souveraineté parfaite et accomplie qu’à celles
[royautés] qui ne dépendent que de Dieu et qui ne sont sujettes qu’à ses lois. » Plus loin il
continue : « mais depuis que Dieu a établi les Rois sur eux, ils (les peuples) ont été privés de
ce droit de Souveraineté ; et l’on a plus observé par lois que les Commandements et les édits
des Princes comme le remarque Ulpien. » Cette vision des choses s’impose longtemps en
France et d’une certaine façon la révolution se contente de mettre le Peuple à la place du Roi
comme le souligne Hannah Arendt. « Sur le plan théorique, » écrit-elle10, la déification du
peuple durant la Révolution Française fut la conséquence inéluctable de faire découler de la
même source la loi et le pouvoir. La prétention de la royauté absolue à reposer sur un « droit
divin » avait façonné la souveraineté séculière à l’image d’un dieu à la fois tout-puissant et
législateur de l’univers, c’est-à-dire à l’image du dieu dont la Volonté est loi. La « volonté
générale » de Rousseau et de Robespierre est toujours cette « Volonté divine qui n’a besoin
que de vouloir pour produire une loi. » Des œuvres de Cardin le Bret, de Bodin ou de Hobbes,
il ressort que la loi vient du souverain et donc qu’elle n’est qu’un commandement du pouvoir,
qu’elle n’a pas d’autorité propre. Si Hannah Arendt s’intéresse tant à cette question, c’est que
des juristes et des philosophes n’ont pas été sans remarquer ce que pouvait donner ce type de
loi dans les États totalitaires.

Souveraineté et fédéralisme

Au XVIIe siècle au niveau de la conception de l'État et de la loi qui lui est sous-jacente, la


France et l'Angleterre évoluent dans des directions opposés. Alors que la France se dirige vers
l'absolutisme, l'Angleterre commence sa marche vers la démocratie. Quelque temps avant que
Richelieu n’arrive au pouvoir en France, le roi Jacques Ierd'Angleterre, qui veut imposer la
monarchie absolue dans son pays, s’oppose fortement au Parlement anglais et au grand juriste
Lord Coke. Pour le roi, anticipant la position de Cardin le Bret, la loi est « l'émanation de la
volonté du souverain11 ». En face, Lord Coke réplique que le roi « est soumis à Dieu et à la
loi ». En effet dans cette tradition juridique, la loi n’est pas un commandement comme le note
Hannah Arendt12, mais ce qui relie (le mot lex signifiant « liaison étroite »). De ce fait, il n’y a
ni « besoin d’une source absolue d’autorité » ni surtout que la loi suprême vienne du pouvoir
puisqu’au contraire elle vient le limiter. Dans ces conditions, un système fédéral est possible
et deux niveaux de souveraineté peuvent coexister puisque la souveraineté est d’emblée
comprise comme limitée. Les États-Unis, fortement influencés par la tradition de Lord Coke,
ont un système fédéral dans lequel, outre l’État fédéral (Washington DC), des États locaux
possèdent des organes législatifs, exécutifs et judiciaires propres qui exercent, selon la
division des pouvoirs prévue dans la Constitution des États-Unis, un droit souverain dans
leurs champs de compétence.

Cas de l'Union européenne

L’Union européenne (UE) est une organisation supranationale. Elle n’est pas un État alors que
les pays membres de l'Union le sont tous. De ce fait, l’UE avec son parlement, sa Cour de
justice des Communautés européennes et ses autres organes se trouve posséder seulement une
partie des attributs d'un État. En ce sens, L'UE peut aussi être considérée comme une entité
politique en voie d'émergence, susceptible de devenir à terme, par le consentement des
peuples et des États-membres un nouvel État.

En droit international

Articles détaillés : État en droit international, Liste des pays du monde et Succession d'États.

Au niveau international, la notion d'État est reliée à celles de souveraineté et de sujet du droit
international. Une définition fonctionnelle est toutefois ardue, en raison des différents points
de vue :

 La théorie constitutive stipule qu'une structure devient un sujet du droit international


uniquement lorsque d'autres États le reconnaissent comme État souverain. Selon Lassa
Oppenheim, le « droit international ne prétend pas qu'un État n'existe pas tant qu'il n'a pas été
reconnu mais il n'en tient pas compte avant sa reconnaissance. C'est seulement et
exclusivement par ce biais qu'un État devient une personne et un sujet du droit
international. »trad 1,13.
 La théorie déclarative stipule qu'une structure devient un État souverain lorsqu'il remplit les
quatre critères suivants, indépendamment de la reconnaissance par d'autres États : « être
peuplé en permanence, contrôler un territoire défini, être doté d'un gouvernement et être apte à
entrer en relation avec les autres États »14 (Convention de Montevideo, art. 1).
Institutions

Max Weber en 1917.

Max Weber, dans la réflexion qu’il a eu au début du XXe siècle, s’est intéressé à l’État en tant
qu’institutionnote 1, ainsi qu’aux rapports entre politiques et administratifs.

Appareil politique et administratif

L’État est administré par des gouvernants élus et des fonctionnaires gouvernants (Jacques
Lagroye), c’est-à-dire que l’État est à la fois administratif et politique, avec une division
sociale du travail (Émile Durkheim) entre ces deux personnels. En général, l’État est composé
de ce qui constitue pour John Locke le gouvernement civil (le pouvoir exécutif et le pouvoir
législatif), de la justice (le pouvoir judiciaire) et de tout un appareil militaire et administratif :
forces de polices et administration. L'État est une institution d'institutions en interaction
permanente dont chacune a une culture distincte — c’est-à-dire des univers de sens et de
pratiques différents. L’État n'est donc pas un, ni unifié. Il est un espace où se développent et
où coexistent des cultures et des logiques institutionnelles quelquefois différentes.

Concernant la France, Alexis de Tocqueville dans son livre l’Ancien Régime et la Révolution
insiste sur deux points : la permanence des institutions de l’État bâties à partir de Richelieu et
l’influence de la physiocratie sur les réformes introduites par la Révolution. Il écrit à ce
propos15 : « Toutes les institutions que la Révolution devait abolir sans retour ont été l’objet
particulier de leurs attaques ; aucune n’a trouvé grâce à leurs yeux. Toutes celles, au contraire,
qui peuvent passer pour son œuvre propre ont été annoncées par eux à l’avance et préconisées
avec ardeur ; on citerait à peine une seule dont le germe n’ait été déposé dans quelques-uns de
leurs écrits ; on trouve en eux tout ce qu’il y a de plus substantiel en elle ».

Séparation des pouvoirs et contre-pouvoirs


John Locke

Les principes fondamentaux d’un État moderne, tels qu’ils ont été énoncés par les grands
philosophes politiques, incluent la séparation des pouvoirs. John Locke, dans les deux traités
du gouvernement civil (1690), distingue le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
Montesquieu, dans De l’esprit des lois, adjoindra ultérieurement un troisième pouvoir, le
pouvoir judiciaire. Si la constitution américaine de 1787 s’inspire de ces deux philosophes,
ainsi que des principes de droit naturel de Samuel von Pufendorf, longtemps ce courant n’aura
qu’une influence très minime sur les institutions en France, en Angleterre même, il perdra de
son influence à partir de la première moitié du XIXe siècle. Pour Élie Halévy, l’idée de contre-
force que l’on trouve chez Montesquieu et chez les libéraux anglais qui ont fait les révolutions
au XVIIe siècle repose sur un pessimisme moral, sur un doute sur les capacités de l’homme à
comprendre son vrai intérêt et celui de la cité, d’où la nécessité d’institutions destinées à
affiner la pensée et l’action des hommes, à l’obliger à comprendre ce que pensent les autres.
Elle s’inscrit dans un cadre où la « droite raison » n’est pas purement abstraite mais doit se
nourrir d’une confrontation avec la réalité. Par ailleurs, pour ces hommes les lois ne sont pas
des commandements d’une quelconque entité supérieure mais sont des relations. Aussi,
Halévy note-t-il16 : « L’État libéral est un État dont l’on peut dire, à volonté, qu’il est un État
sans souverain, ou qu’il renferme plusieurs souverains. »

En France, à la fin du XVIIIe siècle, l’idée de contre-force chère à Montesquieu et aux


libéraux anglais du XVIIIe siècle était fortement combattue par François Quesnay et les
physiocrates, c’est-à-dire si l’on suit Tocqueville par un des courants qui a eu le plus
d’influence en France. Quesnay, dans les Maximes générales du gouvernement économique
d’un royaume agricole, écrit17 : « Le système des contre-forces dans un gouvernement est une
opinion funeste qui ne laisse apercevoir que la discorde entre les grands et l’accablement des
petits ». Cette même opposition se trouve dans un courant britannique important au
XIXe siècle qui a été influencé par les physiocrates avant d’influencer à son tour des
républicains français : l’utilitarisme, appelé aussi par Élie Halévy le « radicalisme
philosophique » (Jeremy Bentham, Ricardo, John Stuart Mill). Élie Halévy écrit quand il veut
exposer ce qui différencie l’État libéral de l’État radical16 : « L’État radical, au contraire, tel
que le définit l’utilitarisme de Bentham est un État qui confère la souveraineté au peuple ;
après le peuple se trouve contraint de déléguer un certain nombre de fonctions politiques à
une minorité d’individus… non pas pour limiter lui-même sa puissance, pour abdiquer en
partie sa souveraineté, mais pour rendre au contraire plus efficaces et plus concentrées
l’expression, puis l’exécution de ses volontés. Le problème est alors d’éviter que les
représentants du peuple dérobent à ceux qui les ont constitués tels tout ou partie de leur
souveraineté. D’où la nécessité de trouver des “contre-forces” capables de “tenir en échec”
l’égoïsme des fonctionnaires. »

Sûreté de l'État

Article détaillé : Sûreté de l'État.

En France, les crimes et délits contre les intérêts fondamentaux de la nation sont jugés par des
juridictions de droit commun, depuis la suppression de la Cour de sûreté de l'État en 1981. Le
président de la République française est le garant des institutions. Il s'appuie sur le conseil
constitutionnel.

En Belgique, la Sûreté de l'État est un département qui traite des affaires d'espionnage et de
terrorisme.

Économie
L'État à partir du XXe siècle devient peu à peu plus présent, et à l'État-gendarme qui ne
s'occupait que de la justice de la police et de l'armée, lui succède la notion d'État-providence
qui elle-même recouvre plusieurs réalités. Gosta Esping-Andersen distingue l'État-providence
libéral, conservateur-corporatiste et social libéral. Selon Pierre Rosanvallon on serait passé de
l’État régalien (faire respecter l’ordre à travers la police, l’armée et la justice) à l’État
instituteur du social (unifier le pays à travers l’école, fin XIXe siècle en France avec Jules
Ferry) puis à l’État-providence (1945) (redistribuer les revenus grâce au développement de la
solidarité avec la Sécurité sociale) et de nos jours on passerait à l’État promoteur
économique : soutenir l’économie dans la droite ligne des idées de Keynes (politique de
grands travaux).

Grandes fonctions

L'économiste américain Richard Musgrave18 définit trois fonctions économiques de l'État dans
la Théorie des finances publiques :

1. La régulation ou « stabilisation ». Dans une économie de marché, l'activité est souvent


cyclique ; l'intervention publique va avoir pour but d'éviter de trop grandes fluctuations en
pratiquant des politiques macro-économiques comme cela a été le cas lors de la crise
économique de 2008-2009.
2. L'allocation des ressources ou « affectation ». Dans ce cas les pouvoirs publics interviennent
pour prendre en charge les biens collectifs, réguler la concurrence et internaliser les
externalités c'est-à-dire par exemple dans le cas des émissions de CO2, les instances publiques
vont créer un marché des droits à polluer ou créer une taxe carbone de sorte que les acteurs
économiques tiennent compte des conséquences de leurs actes sur l'environnement.
3. La distribution ou « répartition », qui a pour but d'influer sur les inégalités. Ces politiques sont
liées à des notions d'équité, de justice sociale ou plus récemment de capabilité (un concept
développé par Amartya Sen) ;
Récemment, la théorie de la croissance endogène a mis l'accent sur les effets de certaines
interventions publiques sur la croissance potentielle de long terme. C'est ainsi que depuis peu,
les États mènent des politiques en faveur de la recherche.

Différentes formes d'États-providence

Pour Gøsta Esping-Andersen, l'État-providence ne peut pas se définir seulement par les droits
sociaux qu'il accorde aux citoyens, il faut également tenir compte de deux autres éléments :
« la manière dont les activités de l'État sont coordonnées avec les rôles du marché et de la
famille dans la prévoyance sociale »19. À partir de ce constat et de trois indicateurs20 : le degré
de « dé-marchandisation », le degré de stratification sociale (c'est-à-dire l'impact des États-
providence sur les hiérarchies sociales et sur les inégalités issues du marché) et la place
accordée à la sphère publique et à la sphère privée. Il établit une typologie des États-
providence « qui constitue aujourd'hui la pierre de touche de la recherche comparative
internationale »21.

« un welfare state libéral, accordant un rôle principal aux mécanismes de marché et limitant
pour l'essentiel sa protection aux plus faibles »22. Les pays archétypes de ce modèle sont le
Canada, les États-Unis et l'Australie. Merriem23 hésite à classer le Royaume-Uni dans ce
modèle.

« Un modèle conservateur-corporatiste ou encore bismarckien, c'est-à-dire un modèle


d'assurance sociale obligatoire généralisée adossé au travail salarié »23. Dans ce système, les
revenus des salariés sont partiellement maintenus en cas d'accident, de maladie, de chômage
ou lorsque vient l'âge de la retraite. Il y a pluralité de régimes de sécurité sociale et la
redistribution est relativement faible. Pour Esping-Andersen24, ces régimes sont modelés par
l'État « toujours prêt à se substituer au marché en tant que pourvoyeur de bien-être » et par
l'Église soucieuse de défendre des valeurs familiales traditionnelles. Pour cet auteur25,
l'établissement de droits sociaux par les conservateurs se comprend pour partie par une
volonté de maintenir les hiérarchies anciennes menacées par le libéralisme, la démocratie et le
capitalisme (du moins certaines formes de ce dernier). Pour cet auteur26, qui reprend sur ce
point d'autres travaux, l'Allemagne de Bismarck ou l'Autriche par le biais des fonds de
retraite, ont fait émerger des classes spéciales telles que les fonctionnaires ou les travailleurs
de « condition plus élevée » avec peut-être l'intention « de récompenser, ou peut-être garantir,
une loyauté et un asservissement ». Les pays emblématiques de ce modèle sont : Autriche,
Allemagne, France, Italie et Belgique.

Un régime social-démocrate qui, au contraire du régime conservateur, vise à « renforcer la


possibilité d'une indépendance individuelle » et dont « la spécificité la plus frappante… est
peut-être sa fusion entre protection sociale et travail »27. Pour assurer un niveau élevé de
protection sociale et une offre importante de services sociaux, il doit viser le plein emploi qui
minimise les coûts et augmente les revenus de l'État. Les principaux pays qui se rapprochent
de ce modèle : Danemark, Finlande, Pays-Bas, Norvège et Suède. Très souvent, ces pays ont
adopté de fortes politiques d'investissement dans la recherche et développement et cherchent à
renforcer leur place dans le commerce mondial.

Évolution récente
Depuis la fin des années 1980, la place de l’État change radicalement, sous l’effet conjugué de
la mondialisation et de la construction européenne. Les États perdent une partie de leur
pouvoir :

 La mondialisation, surtout dans ses aspects économiques, augmente la contrainte extérieure et


diminue le pouvoir d’intervention des États dans l’économie mondiale face aux marchés
financiers.
 En Europe, les États se désengagent de l’économie en privatisant les entreprises publiques. Ils
n’interviennent plus autant dans la prise de décision publique. Ils perdent de leur pouvoir « par
le haut », avec la construction européenne. Les directives européennes s’imposent dans de
plus en plus de secteurs d’activité.
 En France, l’État perd son pouvoir « par le bas », avec la décentralisation et l’augmentation du
pouvoir des régions.

En retour, on doit également signaler les points suivants :

 l'État préside toujours à la mise en place d'infrastructures ou de mesures dont l'impact est
sociétal : réseaux de téléphonie mobile, télévision numérique terrestre, vaccination.
 l'État conserve son impact sur les comportements des citoyens : bonus-malus écologique, taxe
carbone.

Enfin la crise bancaire (2008) a montré que les États restent la puissance de dernier recours, et
que les entreprises privées y ont recours spontanément, même dans les pays considérés
comme libéraux.

Avec l'instauration de politiques de développement durable au début des années 2000, l'État
retrouve un rôle de régulation. En Europe, la politique européenne de développement durable
se traduit par de nombreuses directives, mais il revient aux États membres de contrôler leur
application, dans le respect du principe de subsidiarité. Chaque État doit définir une stratégie
nationale de développement durable. De même, les États définissent de plus en plus souvent
des politiques publiques d'intelligence économique. C'est le cas aux États-Unis depuis les
années 1980, et en France depuis 2005. D'autre part, la crise financière de 2008 a démontré
qu'il n'était pas possible de laisser les économies sous le seul pouvoir des marchés financiers,
et que les États (ou du moins des institutions possédant des traits de puissance publique)
pouvaient exercer un pouvoir de régulation28. Néanmoins, certains auteurs ont récemment
avancé le passage d'un État dominateur de la société à un État acteur, soumis à l'impératif de
collaboration29.

Controverses concernant l'économie

Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !

Les économistes sont divisés sur l'intervention de l'État. En règle générale les économistes
proches du libéralisme classique sont peu favorables à l'intervention de l'État dans l'économie.
Pour les autres économistes l'État peut intervenir dans l'économie mais l'ampleur et les
méthodes varient selon les courants. Il doit être présent dans une moindre mesure. Autrement
dit, il doit assurer le bon fonctionnement des infrastructures, pour garantir le libre
déplacement des capitaux, des biens et des personnes. Dans la tradition étatiste liée à la notion
de despotisme éclairé, l'État concentre l'essentiel des initiatives, les agents économiques
s'occupant surtout de la mise en œuvre pratique.
Dans la tradition plus sociale libérale, si l'État doit initier des réflexions sur les grandes
orientations économiques, son rôle est d'inciter les agents à aller dans le sens déterminé par le
niveau politique par la mise en place d'un ensemble de règles du jeu et d'incitations qui
laissent l'essentiel de l'initiative aux acteurs économiquesnote 2.

Courants de pensée
Plusieurs grandes traditions aussi bien en science politique qu’en sociologie structurent les
théories de l’État : les approches marxistes, pluralistes, institutionnalistes et pragmatique ou
l'approche en termes de société civile a Chacune a été utilisée pour arriver à une meilleure
compréhension de l’État qui reste imparfaite eu égard à la complexité du sujet étudié. D’une
part les frontières de l’État ne sont pas fixes mais constamment en mouvement, d’autre part,
l’État n’est pas seulement un lieu de conflits entre différentes organisations, il est aussi un lieu
de conflits à l’intérieur des organisations. Si certains chercheurs parlent de l’intérêt de l’État,
il faut constater qu’il y a souvent des intérêts divergents entre les parties constituant l’État.

Marxisme

Pour Marx et Engels, l'État est un produit de la société de classes, lorsque la société scindée
en classes aux intérêts antagonistes est en lutte permanente avec elle-même "le besoin
s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit,
le maintenir dans les limites de l'« ordre »; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place
au-dessus d'elle et lui devient de plus en plus étranger, c'est l'État (...) il est, dans la règle,
l'État de la classe la plus puissante, de celle qui domine au point de vue économique et qui,
grâce à lui, devient aussi classe politiquement dominante et acquiert ainsi de nouveaux
moyens pour mater et exploiter la classe opprimée."30

Cet État instrument de la classe dirigeante doit à terme disparaitre en même temps que
disparaitront les classes sociales. "Nous nous rapprochons maintenant à pas rapides d'un stade
de développement de la production dans lequel l'existence de ces classes a non seulement
cessé d'être une nécessité, mais devient un obstacle positif à la production. Ces classes
tomberont aussi inévitablement qu'elles ont surgi autrefois. L'État tombe inévitablement avec
elles. La société, qui réorganisera la production sur la base d'une association libre et égalitaire
des producteurs, reléguera toute la machine de l'État là où sera dorénavant sa place: au musée
des antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze."30

Pour les marxistes contemporains, comme Ralph Miliband31, la classe dirigeante utilise l’État
comme un instrument de domination de la société en utilisant les liens personnels entre les
hauts fonctionnaires et les élites économiques. Pour cet auteur, l’État est dominé par une élite
qui a la même origine que la classe capitaliste. Pour certains théoriciens néo-marxistes, cette
question de qui contrôle l’État est sans intérêt. Influencé par Antonio Gramsci, Nicos
Poulantzas remarquait que les États capitalistes ne suivaient pas toujours la classe dirigeante
et que, quand ils le faisaient, ce n’était pas forcément consciemment mais parce que les
structures de l’État étaient telles que les intérêts à long terme des capitalistes étaient toujours
assurés.

Libéralisme
Pour la pensée libérale, l'État a pour fonction principale de protéger les atteintes aux Droits
Naturels des individus : Liberté, propriété et sureté. Ce courant vise à minimiser autant que
possible l'envahissement de l'État dans tous les domaines de la société civile. L'économiste
libéral Frédéric Bastiat, dans un texte sur l'État publié en 1848 dans le journal des débats
définit l'État de la manière suivante : « La grande fiction à travers laquelle tout le monde
s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde32. » Le courant libertarien va même jusqu'à
prôner une disparition totale de l'État (Anarcho-capitalisme dont l'économiste Murray
Rothbard est un des grands représentants) ou une réduction aussi forte que possible
(Minarchisme).

Pluralisme

Si l’approche néo-marxiste a été influente en Europe dans les années 1960 et 1970, l’approche
pluraliste a eu à la même époque une large audience aux États-Unis. Pour Robert Dahl, l’État
est à la fois comme une arène neutre pour des intérêts en conflits et lui-même traversé de
conflits d’intérêts entre ses différents départements ou agences. La politique pour lui est le
produit d’un constant marchandage entre groupes qui ont tous un moyen de pression sur
l’État. Dahl nomme ce type d’État une polyarchy33.

Pragmatisme

Pour John Dewey, l'État n'a rien de métaphysique comme chez les hégéliens. Il ne dépend pas
non plus d'une cause unique comme la volonté générale chez Jean-Jacques Rousseau, ni de
raisons historiques ou psychologiques comme la peur chez Hobbes. L'État est de nature
essentiellement fonctionnelle et tient à la nécessité de gérer les conséquences des actes des
hommes34. Pour lui, il y a un État parce que « les actes humains ont des conséquences sur
d'autres hommes, que certaines de ces conséquences sont perçues, et que leur perception mène
à un effort ultérieur pour contrôler l'action de sorte que certaines conséquences soient évitées
et d'autres assurées35 ». C'est uniquement parce que les gens prennent conscience qu'une telle
fonction doit être assurée qu'un public se forme et constitue un État36. Pour Dewey, « l'État est
l'organisation du public effectuée par le biais de fonctionnaires pour la protection des intérêts
partagés par ses membres. Mais, ce qu'est le public, ce que sont les fonctionnaires, s'ils
assurent convenablement leur fonction, voilà des choses que nous ne pouvons découvrir qu'en
allant dans l'histoire37. »

Institutionnalisme

Pour les marxistes et les pluralistes, l’État se contente de réagir aux activités des groupes
sociaux. Aussi ils ont été critiqués par d’autres chercheurs qui leur ont reproché de ne pas
mettre assez en valeur l’autonomie de l’État et d’être trop centrés sur la société. Pour les
tenants de la nouvelle approche institutionnaliste en politique, les comportements des
individus sont fondamentalement modelés par les institutions et l’État n’est ni une arène ni un
instrument et ne fonctionne pas dans l’intérêt d’une seule classe. Les chercheurs de cette école
mettent l'accent sur la nécessité d’interposer la société civile entre l’État et l’économie.

Theda Skocpol38 suggère que les membres de l’État ont un important degré d’autonomie et
qu’ils peuvent poursuivre leur intérêt indépendamment (et parfois en conflit) des autres
acteurs de la société. Comme l’État possède les moyens de coercition et que les groupes de la
société civile sont dépendants de lui, les fonctionnaires peuvent imposer dans une large
mesure leur préférence à la société civile.
Église catholique

Dans l'encyclique Caritas in Veritate de juillet 2009, Benoît XVI indique que les acteurs de la
vie économique ne peuvent se limiter au marché seul, mais que l'économie doit aussi
impliquer l'État et la société civile :

« La vie économique a sans aucun doute besoin du contrat pour réglementer les relations
d’échange entre valeurs équivalentes. Mais elle a tout autant besoin de lois justes et de formes
de redistribution guidées par la politique, ainsi que d’œuvres qui soient marquées par l’esprit
du don. L’économie mondialisée semble privilégier la première logique, celle de l’échange
contractuel mais, directement ou indirectement, elle montre qu’elle a aussi besoin des deux
autres, de la logique politique et de la logique du don sans contrepartie.

Mon prédécesseur Jean-Paul II avait signalé cette problématique quand, dans Centesimus
annus, il avait relevé la nécessité d’un système impliquant trois sujets : le marché, l’État et la
société civile. »39

L'encyclique Centesimus annus de 1991 soulignait déjà ce rôle de l'État :

« l'État a le devoir d'assurer la défense et la protection des biens collectifs que sont le milieu
naturel et le milieu humain dont la sauvegarde ne peut être obtenue par les seuls mécanismes
du marché. »40

Théories
État et Société civile

L’État moderne est distinct et connecté à la société civile. L’analyse de cette connexion a été
l’objet d’une attention considérable aussi bien dans l’analyse du développement de l’État que
dans les théories normatives. Des penseurs comme Thomas Hobbes ou Bodin ou les juristes
de Richelieu mettaient l’accent sur la suprématie de l’État. Pourtant proches d’eux, Hegel
s’est intéressé aussi aux liens entre État et société civile. Au XXIe siècle, Jurgen Habermas
avance que la société civile forme une sphère publique lieu d’engagements extra-
institutionnels autonome de l’État et en interaction avec lui.

Des théoriciens marxistes, tel Antonio Gramsci, se sont interrogés sur la distinction entre
l’État et la société civile, en arguant que le premier est intégré de nombreuses façons dans la
seconde[réf. souhaitée]. D’autres, comme Louis Althusser, ont maintenu que les organisations
civiles comme l’Église, l’école et même les syndicats étaient partie prenante d’un « appareil
idéologique de l’État. » Étant donné le rôle des groupes sociaux dans la politique publique et
leurs connexions avec la bureaucratie étatique, il devient difficile d’identifier les frontières de
l’État qui fluctuent également au gré des privatisations, des nationalisations et de la création
de nouveaux organes. Souvent la nature d’organisation quasi-autonome n’est pas très définie
générant des débats parmi les spécialistes des sciences politiques pour savoir si elles sont
d’État ou de la société civile. Certains spécialistes, tel Kjaer41, préfèrent parler de réseaux
politiques et de gouvernance décentralisée dans les sociétés modernes plutôt que de
bureaucraties d’État ou de contrôle direct par l’État.

Théories juridiques
La théorie juridique a eu beaucoup de mal à définir ce qu’était l’État. Plusieurs écoles se sont
affrontées sur ce terrain ; on retiendra ici les trois grandes perspectives de l’approche
juridique. Maurice Hauriou propose l'État de puissance. Cette théorie remonte aux ouvrages
de Nicolas Machiavel, de Thomas Hobbes et de Jean Bodin. Dans cette approche, l’État est
caractérisé par ses souverainetés interne et externe. L’État est un Léviathan dont la fonction
est de maintenir l’ordre dans la société dont il assure la direction. Dans ses premières
conceptions, l’État incarne l’intérêt général et dispose alors d’un certain nombre de
prérogatives qui émanent de sa souveraineté, notamment le pouvoir de créer le droit et de
prendre des actes administratifs unilatéraux (AAU) qui s’imposent aux individus sans leur
consentement. L’État dispose alors de la personnalité morale, il est une personne au même
titre que le citoyen. Hauriou introduit au début du XXe siècle l’idée de l’élection du président
de la République au suffrage universel.

En faveur du positivisme juridique, Hans Kelsen propose l'État de droit. Pour cet Américain
d’origine autrichienne et pour l’école allemande de l’État de droit, ce n’est pas l’État qui
produit le droit, mais l’ordre juridique (c'est-à-dire la hiérarchie des normes) qui produit
l’État. L’État ne serait alors que l’émanation du droit qui limiterait sa puissance d’arbitraire.
Dans cette perspective, l’État n'est plus défini comme dans la théorie de l’État de puissance
par sa souveraineté, mais par son identification à un ordre juridique et sa soumission au droit.
Cette théorie allemande de l’État de droit a été reprise par Raymond Carré de Malberg qui a
essayé de transposer cette théorie en France. Pour assurer la pérennité du droit, il faut que la
hiérarchie des normes juridiques soit garantie et qu’il existe un contrôle juridictionnel pour
faire respecter cette hiérarchie des normes de façon à forcer l’État à respecter le droit. Ce
contrôle juridictionnel de l’État existe depuis l’arrêt du Tribunal des conflits (TC), 1873,
Blanco. Léon Duguit propose l'État de service. L’État n’est caractérisé ni par la souveraineté,
ni par son identification à un ordre juridique. Pour Duguit, l’État n'est qu’une coquille vide, il
n’a pas de personnalité, ne peut disposer de droits subjectifs et ne saurait être en mesure
d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit. L’État est donc une coquille vide derrière
laquelle se cachent des gouvernants – or rien ne garantit que ces gouvernants accepteront de
limiter leur puissance pour toujours et continueront à se soumettre au droit. Ce qui justifie,
selon Duguit, l’existence de l’État, c’est le service public. L’État est en effet selon lui
l’expression de la solidarité sociale. Les hommes, regroupés en sociétés, sont devenus de plus
en plus interdépendants. Cette interdépendance a été accompagnée de la création de normes,
et pour faire respecter ces normes, des dirigeants ont émergé. Mais ces dirigeants ne restent
dirigeants qu’aussi longtemps qu’ils continuent à se dévouer à la société et à l’organisation de
la solidarité sociale au moyen du service public. Pour Duguit, l’État n'est alors que
l’émanation de la société et non pas la conséquence d’une quelconque souveraineté de l’État
ou d'un ordre juridique préexistant.

Triarticulation

En 1919, le philosophe et occultiste Rudolf Steiner propose un organisme social42 articulé en


trois pôles indépendants et coopérant entre eux : un pôle culturel-spirituel fondé sur la liberté
(éducation - art - science), un pôle juridique-politique (État) fondé sur l'égalité (législatif -
exécutif - judiciaire), un pôle économique fondé sur la fraternité : chacun produit pour les
autres et les autres produisent pour chacun. Rudolf Steiner met en garde contre
l'asservissement du pôle culturel-spirituel par l'État (ex URSS) ou par l'économie (Marché
mondial hors de contrôle)

Histoire
Antiquité

Code d'Hammurabi.

La naissance de l’État, au sens large du terme, coïncide avec l’avènement de la civilisation.


En Mésopotamie, la date indiscutable la plus ancienne constitue la troisième dynastie d'Ur,
certains remontant plus loin. Pour la majeure partie de son existence, l’espèce humaine,
nomade, vivait de cueillette et de chasse. Ce style de vie s’est modifié environ 9 000 ans
av. J.-C. avec l’invention de l’agriculture. La pratique de l’agriculture a forcé les hommes à
s'installer de façon permanente à certains endroits, près des zones qu’ils cultivaient. Ainsi, le
contrôle de la terre est devenu un problème. Ainsi est née la propriété privée et, avec elle, les
premières « guerres » sur les désaccords concernant la propriété des terres. Dans certaines
parties du monde, notamment la Mésopotamie et la vallée du Nil, les conditions naturelles ont
fait que la propriété des terres a été concentrée en peu de mains. Finalement, un petit groupe
de gens a fini par contrôler les terres travaillées par de nombreuses personnes qui en
dépendaient. Ainsi sont nés les premiers États primitifs. Certains politologues ou théoriciens
de l’État ne les considèrent d’ailleurs pas comme États, car étant trop primitifs, sans
infrastructures et lois. Ils préfèrent le terme de « proto-État ». Cependant, toutes les sociétés
ne se sont pas organisées en États (l'ethnologue Pierre Clastres parle de « sociétés sans État »,
voire contre l’État : des sociétés où il n’y a ni hiérarchie des pouvoirs, ni autorité).

Un des plus anciens « code » de lois, celui d’Hammurabi, date d’environ 1 700 ans av. J.-C. ;
beaucoup contestent cependant jusqu'au nom de code d'Hammurabi, et de surcroît font valoir
qu'on n'a aucune preuve de l'application de telles lois (voir histoire du droit). Les Cités-États
de la Grèce antique ont été les premières à établir des États dont les pouvoirs étaient
clairement définis par la loi (même si celle-ci était facilement modifiable). Le concept de
démocratie, associé à la polis (cité), est par ailleurs né à Athènes. Beaucoup d’institutions
étatiques trouvent leur origine dans la Rome antique qui a hérité ses traditions de la Grèce et
qui les a développées par la suite. Cependant, la République romaine finit par devenir un
Empire, qui créa le concept d’Empire universel, soit l’idée que le monde devait être uni sous
un seul État-Empire. La chute de l’Empire romain et les grandes migrations ont changé la
politique en Europe. Les royaumes barbares qui ont suivi étaient éphémères et peu organisés
et n’avaient que peu de ressemblance avec le concept moderne de l’État. Même le royaume de
Charlemagne était chancelant. Il a été dissous en trois royaumes par le Traité de Verdun en
843, la règle de la primogéniture n'ayant pas encore été établie. Ceux-ci étaient plus de vastes
possessions de terre que de véritables royaumes. De nouveau, l’État est devenu l’expression
d’une vaste possession de terre.

État féodal à l’État moderne

Jean Calvin.

L’absence de véritable successeur à l’Empire romain a créé un vide politique en Europe. Les
royaumes d’Europe occidentale étaient assiégés et régulièrement attaqués par des
envahisseurs : les Maures d’abord au sud, des émigrants à l’est, et enfin les invasions vikings
venant du nord. À peu près au même moment, la religion, rarement plus qu'un simple facteur
politique dans les anciens empires romain et grec, a contribué à former un semblant d'unité au
milieu d'une Europe politiquement dissipée. Cela a abouti à reformer un cadre institué, la
féodalité, qui régulait les conflits internes et aida l’Europe à faire face aux menaces
extérieures. Ce système se manifesta entre autres par l’apparition des croisades auxquelles
plusieurs pays d’Europe participèrent ensemble. En 1302, le pape Boniface VIII déclara
même que le pouvoir politique exerçait ses prérogatives sous l’ordre des prêtres. Voilà qui
limitait les pouvoirs des rois et les forçait à jurer allégeance au pape, la population des États
étant très chrétienne.

Le Saint-Empire romain germanique, une des plus fortes puissances de l’époque médiévale,
apparut en tant que concurrent à l’autorité papale en la personne de Frédéric Barberousse qui
envahit l’Italie en clamant la sécularisation au milieu du XIIe siècle. L’affaiblissement de la
papauté est un thème important du Moyen Âge : le schisme d'Occident à la fin du XIVe siècle
(qui doit son origine à une dispute sur la succession papale) a été exploité par les autorités
séculaires et a contribué à l’accroissement de leur pouvoir. L’émergence de longues dynasties
stables aux larges territoires, par exemple en Espagne, en France et en Castille, a contribué à
affermir et à développer un rôle à la fois plus important et indépendant politiquement
qu’auparavant.

Le passage à des États plus laïques est devenu un important point de controverse. Les grandes
dynasties d’Europe ont consolidé fortement leur pouvoir aux alentours du XVIe siècle ; en
même temps, les menaces extérieures à l’Europe devinrent moins importantes. La Réforme
protestante eut un impact considérable sur la structure politique européenne : le débat n’était
pas seulement idéologique, il menaçait également les fondements d’institutions reposant sur le
féodalisme. Le conflit qui s’ensuivit vit s’affronter les partisans d’un État affilié au pape
contre ceux qui souhaitaient un État libre de l’influence papale et séculaire, capable de décider
de sa propre politique, interne mais aussi religieuse. Ces conflits ont culminé pendant la
guerre de Trente Ans du XVIIe siècle. En 1648, les puissances européennes ont signé les
traités de Westphalie, mettant fin aux violences religieuses pour de simples motifs politiques
et l’Église fut privée de pouvoir politique temporel, bien que la religion continuât à servir de
fondation à la légitimé des rois, en leur attribuant le « droit divin ». Le principe du cuius
regio, eius religio (« tel prince, telle religion ») établi en Westphalie créa un précédent en
établissant l’idée de statu quo et de la non-ingérence d’États dans la politique d’autres États.
L’État moderne était né.

L’État continua de se développer alors que la noblesse et la bourgeoisie amenèrent et créèrent


beaucoup de richesses, accentuant le prestige économique, mais aussi culturel et politique des
États. Il y eut même une hausse du nombre des fonctionnaires et l’émergence d’une
bureaucratie balbutiante. Près d'un siècle et demi après les traités de Westphalie, l’État devint
véritablement moderne à travers le processus de la Révolution française. La Grande Armée de
Napoléon déferla en effet sur l’Europe, détruisant les féodalismes et les remplaçant par le
concept d’État-nation, qui demeura de l’époque jusqu'au XXIe siècle comme le système
étatique dominant, malgré les contestations internes et les différentes idéologies (comme le
marxisme) des XIXe et XXe siècles qui appelleront à dépasser le concept de nation.

Au XXIe siècle, les États se déclinent en toute une variété de modèles institutionnels et


politiques, chacun définissant sa forme de gouvernance (fédéral, unitaire, présidentiel,
parlementaire, constitutionnel, démocrate, dictatorial, etc.) et son rapport à la religion
(théocratie, laïc, reconnaissance ou non des cultes, etc.).

Organisation internationale
Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (mars 2010).

Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de
qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références
utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références » (modifier l'article,
comment ajouter mes sources ?).

Une organisation internationale (OI) est une personne morale de droit public fondée par un
traité international par des États ou des organisations internationales afin de coordonner une
action sur un sujet déterminé dans les statuts.

Ces organisations prennent une importance particulière grâce à l'essor de la mondialisation, à


la multiplication des échanges à l'échelle mondiale notamment depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale, par exemple en apportant un cadre juridique à certaines activités concernant
l'ensemble du monde ou de vastes zones de celui-ci.

Larousse: Organisation internationale est un groupement composé ou non d'États


(organisation intergouvernementale), à vocation soit universelle, soit régionale ou
continentale. (Les organisations internationales ont notamment pour objet la sécurité
collective des États et la promotion de la condition humaine dans la communauté mondiale.)
Voir aussi : Institution internationale.

Sommaire
 1 Définition
 2 Histoire
 3 Types
 4 Nombre et domaines d'exercice
o 4.1 Exemples d'organisations intergouvernementales à vocation mondiale
o 4.2 Exemples à champ géographique restreint
 5 Création
 6 Capacité juridique
 7 Structure organique
 8 Statuts des langues employées
 9 Financement
 10 Activités
 11 Notes et références
 12 Voir aussi
o 12.1 Bibliographie
o 12.2 Articles connexes
o 12.3 Liens externes

Définition
Une organisation internationale est l'association d'États souverains établie par un accord (c'est
généralement un traité international qui définit son statut) entre ses membres et dotée d'un
appareil permanent d'organes communs, chargés de la réalisation des intérêts communs par
une coopération entre eux. Les organisations internationales possèdent une personnalité
juridique distincte de celle des États membres.

Histoire
Jusqu'au début du XIXe siecle, les relations internationales étaient et demeuraient
diplomatiques. Les congrès, appelés par la suite conférences restent ponctuels et assez rares.
Puis, avec l'apparition de la société politique (l'État), se développent des relations bilatérales,
temporaires puis permanentes. Des réunions internationales décidant, notamment dans le
domaine militaire, d'un traité de paix, avec ses conditions et ses conséquences et autres
résolutions de conflits, se tiennent de manière de plus en plus fréquentes et une véritable
Communauté internationale se forme alors1. La première organisation internationale créée
serait la Commission centrale pour la navigation du Rhin en 1815 (après le Congrès de
Vienne) après avoir pris racine dès 1804 par un accord passé entre l’Allemagne et la France.
Suivirent la création en 1865 de l’Union internationale du télégraphe (future Union
internationale des télécommunications), basée à Genève, et celle en 1874 de l’Union générale
des postes (future Union postale universelle), basée à Berne. Toutes deux furent rattachées
aux Nations unies après leur création (en 1947 pour l’UIT et en 1948 pour l’UPU), et sont
toujours opérationnelles2.

L'Institut de droit international (prix Nobel de la paix en 1904) est créé en 1873 à Gand ;
l'Union interparlementaire est créée en 1889 ; le Bureau international de la paix (prix Nobel
de la paix en 1910) est créé à Berne en 1892 (ce sont des organisations non-
gouvernementales).

La Cour permanente d'arbitrage est créée en 1899 par la Conférence internationale de la Paix ;
l'Organisation internationale du travail (prix Nobel de la paix en 1969) et la Société des
Nations sont créées en 1919. Les Nations unies en 1945.

Types
Il faut distinguer deux types d'organisations :

 celles publiques, dites aussi intergouvernementales (OIG), qui émanent de, et sont contrôlées
par des gouvernements de divers pays
 et celles non gouvernementales (ONG) qui émanent de membres privés de divers pays. Elles
sont environ 3 000 dans le monde. Ce sont des associations de droit privé, dont l'activité est
internationale. L'Amnesty International ou encore Médecins sans frontières (MSF) en sont des
exemples.

Il est important de noter que la Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-


Rouge n'appartient à aucune catégorie.

Le terme organisation internationale est utilisé pour désigner les seules organisations
intergouvernementales. Il faut noter par ailleurs, pour celles-ci, le grand éventail des termes
utilisés, qui ajoute du flou dans le vocabulaire: "Organisation internationale", "Organisation
d'instance internationale", "Institution internationale", "Organisme multilatéral", en
constituent des exemples. Certes, dans une analyse plus approfondie, des nuances
apparaissent d'une expression à une autre.

Les organisations internationales, au sens d'OIG ont été admis comme sujets dérivés du droit
international public (DIP), constituant aux côtés des États, les seules institutions à faire partie
intégrante du cercle réservé des sujets de cette branche du droit. (Les débats sont en cours, qui
tendent à briser cette clôture du système, pour admettre l'individu comme sujet de ce droit).

La Commission de droit international (CDI) définit l'organisation internationale comme


« toute organisation instituée par un traité ou un autre instrument régi par le droit international
et doté d'une personnalité juridique internationale propre. Une organisation internationale peut
comprendre parmi ses membres des entités autres que des États. » Cette définition a été
proposée par la CDI dans le cadre de ses travaux sur la responsabilité des organisations
internationales3.

Nombre et domaines d'exercice


Dans le monde en 1996, il y avait 320 organisations internationales contre 100 en 1950.

Exemples d'organisations intergouvernementales à vocation mondiale

 Sur le plan politique il y a l'Organisation des Nations unies (ONU)


 Sur le plan culturel il y a l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la
culture (UNESCO)
 Sur le plan du travail il y a l'Organisation internationale du travail (OIT)
 Sur le plan de la sécurité nucléaire il y a l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)
 Sur le plan des brevets il y a l'Office Européen des brevets (OEB)
 Sur le plan de la santé il y a l'Organisation mondiale de la santé (OMS)
 Sur le plan du commerce il y a l'Organisation mondiale du commerce (OMC)
 Sur le plan de la recherche scientifique il y a l’Organisation européenne pour la recherche
nucléaire (plus connu sous le nom de CERN)
 Sur le plan de l'économie, il y a l'Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE)
 Sur le plan de la métrologie légale, il y a l'Organisation internationale de métrologie légale
(OIML)
 Et bien d'autres encore…

Exemples à champ géographique restreint

Il existe des organisations intergouvernementales de champ géographique restreint, car axées


sur :

 une région particulière du monde, comme l'Union européenne (encore qu'il s'agisse d'une
organisation combinant le supranational et l'intergouvernemental)
 des affinités culturelles ou historiques spécifiques, comme la Francophonie, le Commonwealth
ou encore la Ligue arabe
 des intérêts communs, comme l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)
 des mises en commun d'idées et de capacités de recherche, comme l'Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE)
 des accords économiques, comme Le Centre Technique de coopération Agricole et rurale
ACP-UE (CTA) qui opère dans le cadre de l'Accord de Cotonou entre la Communauté
européenne et les Pays ACP
 voire des alliances militaires traditionnelles, comme l'Organisation du traité de l'Atlantique
nord (OTAN)

Création
Une organisation internationale est créée grâce à un instrument juridique qui constate l'accord
des États membres. Cet instrument juridique peut revêtir plusieurs noms : charte, constitution,
statuts, etc.

Il prend la forme soit d'un traité international, soit d'une convention, soit d'un accord. Il est
soumis à la procédure de ratification. Pour qu'un instrument juridique d'une OI entre en
vigueur, il faut que cet instrument ait atteint un nombre de ratifications fixé par l'acte
multilatéral fondateur. Ce nombre peut être soit un nombre minimal, qui est alors appelé un
seuil (situation la plus fréquente dans les Organisations Internationales à vocation universelle,
telle l'Organisation des Nations unies [ONU]), ou la totalité des États membres (situation la
plus souvent rencontrée dans les Organisations Internationales à vocation restreinte,
spécifiquement les Organisations Internationales d'intégration, induisant des relations
renforcées entre les États membres).

Par exemple, l'OMC est entrée en vigueur quand il y a eu au moins 80 ratifications sur 128
membres. Parfois, l'évolution de l'organisation internationale (OI) est soumise à un accord
suscité par l'unanimité de ses parties (les États membres), ce qui est le cas pour l'Union
Européenne. Cependant, l'exemple de l'Union Européenne n'est peut-être pas le meilleur,
puisque celle-ci n'est généralement pas considérée, strictement parlant, comme une
organisation internationale. Il s'agirait plutôt d'une création sui generis, à mi-chemin entre un
État supranational et une organisation internationale4.

Capacité juridique
Les organisations internationales jouissent de la personnalité morale. Elles ont alors quatre
privilèges :

 elles disposent de biens mobiliers et immobiliers


 elles peuvent ester (agir) en justice
 elles peuvent revendiquer certaines immunités, par exemple fiscales (en fonction de l'accord
de siège, statut constitutif de l'OI, les fonctionnaires internationaux peuvent bénéficier d'une
exception d'impôts dans le pays où siège l'OI. Ceci afin de garantir leur indépendance vis-à-vis
de l'État qui les héberge.
 elles concluent des accords soit avec les États, soit avec d'autres OI. Les accords de siège en
sont un exemple.

Structure organique
La plupart des OI votent selon le principe majoritaire (majorité simple : 50 % plus 1 voix, soit
la majorité renforcée ou qualifiée : 2/3 ou pourcentage des voix). Au Fonds monétaire
international (FMI) par exemple, il y a une majorité des 4/5 pour les décisions de tous ordres.

De plus en plus se développe la pratique du consensus : il n'y a pas de vote formel. Par
exemple à l'OMC on ne vote pas, on demande si quelqu'un est contre le vote; si personne ne
répond, on adopte la loi. La logique est qu'il ne faut pas perdre de temps pour appliquer un
texte qui est utile à tous.

Toute OI est tripartite (3 séries d'organes) :

 une assemblée des États membres : c'est un organe délibérant


 un secrétariat : c'est un organe administratif et permanent de l'organisation, son rôle est de
gérer les affaires administratives. À sa tête, il y a un secrétaire ou un président. Ban Ki-moon
est par exemple l'actuel (janvier 2007) Secrétaire général de l'ONU.
 Un organe exécutif : C'est l'organe pilote. Pour l'ONU, l'organe exécutif est le Conseil de
sécurité des Nations unies.

Statuts des langues employées


Les organisations internationales définissent des statuts pour l'utilisation des langues :

 Langue officielle
 Langue de travail.

Financement
Chaque État contribue au budget de l'organisation (ce sont les contributeurs). Le calcul est
défini selon les statuts. Par exemple pour l'ONU il se base notamment sur le Produit intérieur
brut (PIB) ajusté au revenu par habitant (plus il est riche, plus il contribue). Pour l'OMC il se
base sur la part de l'État membre dans le commerce mondial. Pour l'Organisation des pays
exportateurs de pétrole (OPEP), c'est le principe égalitaire qui est appliqué. La part de chaque
État est la même.

Activités
Elles sont de deux ordres :

 Normatives : Élaborer des normes de droit international qui seront adoptées et appliquées par
chaque État membre. Par exemple en 1991 la Convention internationale des droits de l'enfant.
 Opérationnelles : comme une assistance technique (envoi d'experts sur place comme le fait le
FMI, pour faire un état des lieux) ou l'intervention en cas de différends entre États (pratique
qui a lieu dans les OI à vocation régionale comme l'Union européenne), ou encore l'inspection
sur place pour le contrôle de certaines normes.

Organisation non gouvernementale


 Ne doit pas être confondu avec Organisation intergouvernementale.

Pour les articles homonymes, voir ONG.

Une organisation non gouvernementale (ONG) est une association à but non lucratif,
d'intérêt public, qui ne relève ni de l'État, ni d'institutions internationales1. Les ONG n'ont pas
le statut de sujet de droit international.

L'habitude est de réserver le terme aux personnes morales à but non lucratif financées par des
fonds privés. Grâce à l'apport de la sociologie des organisations, les principaux critères
définissant une ONG sont les suivants1 :

 le but non lucratif de son action ;


 l'indépendance financière ;
 l'indépendance politique ;
 la notion d'intérêt public.

Une ONG est une personne morale2 qui, bien que n'étant pas un gouvernement, intervient
dans le champ national ou international. Les relations juridiques internationales sont
traditionnellement des relations uniquement entre États (ou entre Gouvernements). On
considère parfois le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) comme l'ancêtre des
ONG, bien qu'ayant un statut hybride spécifique vis-à-vis des États.

Dans le cas d'organisations internationales, on parle également d'Associations de Solidarité


Internationale (ASI) ou d'organisations non gouvernementales internationales.

Sommaire
 1 Histoire
 2 Les différentes ONG et leurs domaines d'intervention
 3 Relations entre ONG et autres institutions
 4 Des actions récompensées
 5 Professionnalisation des ONG
 6 Évaluation des ONG
 7 Relations antagonistes et dérives possibles
 8 Notes et références
 9 Voir aussi
o 9.1 Bibliographie
o 9.2 Articles connexes
o 9.3 Liens externes

Histoire
Les organisations internationales non gouvernementales ont une histoire qui remonte au
moins à 18393.
L'Institut de droit international est créé en 1873, à Gand et reçoit le prix Nobel de la paix en
1904 ; l'Union interparlementaire est créée en 1889 ; le Bureau international de la paix (prix
Nobel de la paix en 1910) est créé à Berne en 18924. Rotary, futur Rotary International, est
fondé en 1917. Il a été estimé qu'en 1978 il y avait 1083 ONG5.
Les ONG internationales ont été importantes dans le mouvement antiesclavagiste et le
mouvement pour le vote des femmes, et ont atteint leur apogée au moment de la Conférence
mondiale pour le désarmement6.

Cependant, l'expression organisation non gouvernementale n'est entrée dans le langage


courant qu'avec la création de l'Organisation des Nations unies en 1945 avec les dispositions
de l'article 71 du chapitre 10 de la Charte des Nations unies7 qui donne un rôle consultatif à
des organisations qui ne sont ni les gouvernements ni les États membres.

La définition de l'« ONG internationale » (OING) est d'abord donnée dans la résolution 288
(X) de l'ECOSOC le 27 février 1950 : elle est définie comme « toute organisation
internationale qui n'est pas fondée par un traité international ».

Le rôle vital des ONG et d'autres « grands groupes » dans le développement durable a été
reconnu dans le chapitre 27 d'Action 218, conduisant à l'intensification des relations
consultatives entre l'ONU et les ONG9.

En l'absence de critères objectifs de la nature d'une ONG, la plupart des organisations


intergouvernementales internationales (ONU, Union européenne, etc.) ont dressé une liste des
ONG qu'elles reconnaissent comme des interlocuteurs valables. L'entrée, et éventuellement la
sortie, d'une organisation de ces listes est soumise à un processus complexe. Le Conseil
économique et social (ECOSOC) à l'ONU possède un comité permanent, le comité chargé des
ONG qui est chargé de valider le statut des ONG en vue de leur collaboration avec cette
instance. Le statut consultatif est divisé en plusieurs catégories : générale, spéciale et roster.

Actuellement, 2 727 ONG ont le statut consultatif dit ECOSOC et 400 sont accréditées auprès
de la Commission du développement durable10.

Suivant les contextes du terrain, d’autres organes des Nations unies peuvent aussi coordonner
les différentes actions : Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA), Haut
Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), et accréditer des ONG : OMS,
FAO10…

Les différentes ONG et leurs domaines d'intervention


Ces associations concernent les Droits de l’Homme (Amnesty International, ACAT, ATD
Quart Monde ou Human Rights Watch), la lutte contre la faim (Action contre la faim), la lutte
contre les maladies (AMREF Flying Doctors), la protection des enfants (Plan France,
Fondation Terre des hommes, Vision Mondiale), la scolarité (Aide et Action, Passe Moi Le
Relais), l’économie mondiale (Mouvements altermondialistes comme ATTAC), l’écologie
(Les Amis de la Terre) ou alors la protection de la nature (Greenpeace, Sea Shepherd
Conservation Society ou WWF). Ces organisations sont en si grand nombre qu’elles couvrent
tout le spectre politique, social et philosophique et anthropologique, y compris parfois pour la
défense d’intérêts très restreints, voire parfois très peu altruistes.

Les ONG ont différents domaines d'intervention, ce qui conduit à les classer dans au moins
deux grandes catégories :

 Les ONG de plaidoyer, comme RENAF ou Human Rights Watch. Parmi celles-ci, un groupe
non négligeable d’ONG n’a pas pour but la défense de l'intérêt public, mais des ambitions
idéologiques ou commerciales. On y trouve des lobbys de toute nature, en particulier des
lobbys économiques et patronaux[réf. nécessaire] ;
 Les ONG humanitaires. Elles mettent en place des programmes d’aides, éducatives ou
caritatives par exemple. Les ONG de ce dernier type se regroupent parfois en collectifs, en
plateformes ou en réseaux suivant leur domaine d’intervention ou particularités (Coordination
Sud, ASAH, CRID, etc.).

Les ONG humanitaires peuvent elles-mêmes se subdiviser en deux grands domaines


d'intervention :

 Les ONG caritatives (Médecins sans frontières, Médecins du monde, la FISCR, le CICR,
Solidarités International), souvent spécialisées dans l’aide d’urgence ;
 Les ONG de développement (Plan France, CCFD-Terre Solidaire, GERES, GRET, ONG
HOPE International, arcenciel, Horizons Partagés, ACF…) engagées sur des programmes à
long terme. En général ces dernières sont plus discrètes, les ONG d’urgence étant souvent plus
médiatisées.

Certaines ONG internationales ont une approche dite « globale », intervenant à la fois sur des
urgences humanitaires, des programmes de développement et des activités de plaidoyer
(Oxfam international, CARE…). De même, la distinction entre les Organisations de Solidarité
Internationale (OSI) et les Organisations de Solidarité Internationale des Migrants (OSIM) a
permis de rendre visibles les actions initiées par les organisations créées ou animées par des
personnes vivant hors des pays d'origine, mais qui agissent pour promouvoir des initiatives de
développement en lien avec leurs pays d'origine.

Relations entre ONG et autres institutions


La Banque mondiale constate non seulement que « les ONG prennent de plus en plus part aux
processus de développement économique et social, et que les lois et règlements des États
concernant les ONG sont très divers et parfois susceptibles d’étouffer leurs activités et leur
croissance ». Afin d’encourager le développement des ONG et de leurs « activités de
coopération, facteurs d’amélioration et d’élargissement de l’aide au développement », La
Banque mondiale propose « une série de recommandations générales aux États en matière
juridique, destinées à garantir aux ONG une existence et un fonctionnement sans entrave,
indépendamment de l’État et de manière transparente et responsable »11.
En 1994, dans son livre "Somalia: The Missed Opportunities"12 (Somalie: les occasios
manquées) dans lequel il analyse les raisons de l'échec de l'intervention de l'ONU en Somalie
en 1992, l'ancien ambassadeur algérien Mohamed Sahnoun raconte que, lorsque les Nations
unies ont voulu fournir une aide humanitaire, leur performance a été largement dépassée par
celles des organisations non gouvernementales, dont la compétence et le dévouement ont mis
en évidence par contraste la prudence excessive et l'inefficacité bureaucratique des Nations
unies - dont les responsables du programme en Somalie restaient confinés dans leur bureaux
de Nairobi, au Kenya, loin des risques du terrain13.

Des actions récompensées


L’action des ONG reste cependant globalement bénéfique pour les populations auxquelles
elles s’adressent.

En 1974, le président d'Amnesty international reçoit le prix Nobel de la paix. En 1977, c'est
l'organisation elle-même qui reçoit ce prix Nobel.

En 1997, la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel, cofondée


par 6 ONG dont Handicap International se voit décerner le prix Nobel de la paix avec sa
coordinatrice Jody Williams.

En 1999, également, l’ONG Médecins sans frontières reçoit le prix Nobel de la paix.

En 2008, l'année de son 30ème anniversaire, Human Rights Watch a reçu le Prix 2008 des
Droits de l'Homme des Nations unies.

Professionnalisation des ONG


Depuis la fin des années 1990, on a assisté à une montée en puissance des ONG :
médiatisation des besoins, recours à l’humanitaire après des opérations armées…

Les ONG disposent de plus en plus de compétences techniques, qui les rendent crédibles et
leur permettent d’être consultées et écoutées lors des grandes réunions internationales.

Depuis les années 2000, de grandes entreprises privées signent des partenariats avec des ONG
de façon à acquérir une vision plus globale de l’environnement mondialisé, et afin de disposer
de compétences les aidant à mieux percevoir les attentes des consommateurs et des marchés.
Ceci est plus perceptible dans le monde britannique et japonais.

Les ONG doivent répondre encore plus professionnellement que par le passé. Certaines
organisations françaises se sont un peu rapprochées du système anglais (emploi salarié alors
qu’avant le volontariat était la règle), et se tournent vers des candidats qui présentent des
connaissances professionnelles dans différents secteurs. Il est devenu impératif, au moins pour
des ONG de taille moyenne à grande, de présenter une expérience professionnelle avant de
postuler.

Parmi les profils recherchés, se trouvent des médecins et autres professionnels de la santé, des
agronomes, des ingénieurs et techniciens en traitement de l’eau (ingénieurs Watsan), des
professionnels du BTP (routes, constructions), des logisticiens, des techniciens radio dans le
milieu de catastrophe, des informaticiens, des administrateurs et des comptables…

Afin de répondre à ce besoin de professionnalisation des ONG, de plus en plus d’universités


et écoles mettent en place des formations spécifiques aux ONG, en plus des formations
existantes (cursus d’une ou plusieurs années dans des écoles dédiées, telles que Bioforce à
Lyon14 ou encore l'IFAID (Institut de Formation et d'Appui aux Initiatives de
Développement), à Bordeaux, ou encore la Licence professionnelle mention conduite de
projets internationaux de codéveloppement à Besançon).

Cependant, compte tenu des évolutions en cours et de certaines remises en question


concernant les liens officiels et/ou officieux entre ONG, Banque Mondiale et FMI (voir
François Charles : L'Afrique des ONG in CADTM) apparaissent également des formations
spécialisées dans l'observation des ONG, telle celle proposée à Bac+3 par l'ESCA-INFORS
de Montpellier (ONG : Audit et contrôle de gestion).

Évaluation des ONG


Les ONG peuvent être évaluées :

 en interne ;
 en externe par un bailleur de fonds ;
 en externe par un organisme habilité (exemples : Cour des comptes, services des impôts, etc.) ;
 par des structures indépendantes (exemples : Fondation Prometheus, Comité de la Charte,
ONG Scan, Charity Navigator…).

Il existe aujourd'hui le Label IDEAS, vecteur de confiance pour les philanthropes et délivré
par un Comité Label indépendant. Ce Label atteste d'un bon niveau de conformité de
l'organisme au Guide des Bonnes Pratiques qui couvre les trois champs : gouvernance, gestion
financière et efficacité de l'action. Objectif : optimisation des bonnes pratiques.

Relations antagonistes et dérives possibles


Les relations entre le monde des affaires, les gouvernements et les ONG sont souvent
compliquées, antagonistes, et peuvent créer une dépendance des ONG vis-à-vis des États
donateurs. En effet, les ONG de développement implémentent des projets à la suite d'un appel
d'offre des donateurs. La concurrence des Organisations « Non Gouvernementales » les unes
avec les autres peut réduire leur rôle à l'application des décisions des États15.

Considérant la multitude d’ONG, des dérives peuvent être déplorées, aussi bien dans leurs
pays d’origine que dans leurs pays d’intervention. Des critiques peuvent porter sur
l’appropriation de ressources rares, comme l’eau ou l’énergie, pour les besoins du
fonctionnement propre de l’organisation. Ces critiques s’apparentent aux critiques faites à une
entreprise privée classique installée dans un pays du tiers-monde.

Un autre point est l’éventuel écart de salaires, de revenus ou d’indemnités : dans certains cas
les expatriés salariés (à l'exclusion des bénévoles) peuvent percevoir un salaire supérieur aux
revenus habituels du pays. Mais dans d'autres cas, c'est la situation inverse qui prévaut : le
personnel des organisations humanitaires est moins bien rémunéré que dans l'administration
ou le secteur privé marchand.
Certaines critiques sont apparues au moment de la professionnalisation de l'action
humanitaire, à la fin des années 1990 et au début des années 200016.

Multinationale
(Redirigé depuis Entreprises multinationales)

Des informations de cet article ou section devraient être mieux reliées aux sources
mentionnées dans la bibliographie ou en liens externes.

Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références.

Une multinationale ou transnationale1 est une entreprise implantée dans plusieurs pays par
le biais de filiales dont elle détient tout ou une partie du capital.

Sommaire
 1 Définition
 2 Causes
o 2.1 Protectionnisme
o 2.2 Cycle de vie des produits
 3 Classement
 4 Historique
o 4.1 Origines
o 4.2 Montée en puissance
o 4.3 Tendances et perspectives
 5 Rapports entre les multinationales et les États
o 5.1 Facteur de puissance
o 5.2 Menaces
o 5.3 Conflits
o 5.4 Coopérations
 6 Impact
o 6.1 L’école néo-réaliste
o 6.2 L’école de la dépendance
o 6.3 Débat
 7 Notes et références
 8 Annexes
o 8.1 Bibliographie
o 8.2 Filmographie
o 8.3 Liens externes

Définition
Une ftn (firme transnationale) est une entreprise qui a son siège social dans un pays d origine
et qui a créé des filiales dans un pays étranger

Une société multinationale est une société qui produit des effets économiques dans plusieurs
pays. C'est-à-dire que les actionnaires ne viennent pas du même pays ou qu'elle implante ses
sièges dans deux ou plusieurs pays. Selon Charles-Albert Michalet, la multinationalisation
d'une entreprise répond à cinq déterminants principaux2 :
 La recherche d'un accès direct aux matières premières, notamment durant la colonisation.
 Le besoin de contourner certaines entraves à l'échange. Il s'agit par exemple de produire sur le
marché où le produit sera consommé afin de ne pas être affecté par les tarifs douaniers à
l'importation.
 La recherche de débouchés extérieurs suite à l’intensification de la concurrence sur le marché
intérieur. De plus, dès lors qu’une firme adoptera cette stratégie elle sera probablement imitée
par les firmes concurrentes.
 La perte d’un avantage technologique sur le marché national peut contraindre les entreprises à
le produire à l’étranger, à moindre coût, afin de pouvoir continuer à le produire de façon
rentable.
 La recherche de coûts du travail plus faibles.

Il définit une multinationale comme une entreprise « le plus souvent de grande taille, qui, à
partir d'une base nationale, a implanté à l'étranger plusieurs filiales dans plusieurs pays, avec
une stratégie et une organisation conçue à l'échelle mondiale ». Cathal J. Nolan, professeur
d'histoire à l'université de Boston, insiste sur les « capitaux, biens et technologies
extrêmement flexibles » de ces entreprises qui « pensent globalement », qui n'ont « pas de
loyauté spécifique » et qui prennent leurs « décisions selon des questions d'économie
d'échelle, de politique fiscale et de rapatriement des profits ».

Le Cetim3 insiste sur une certaine centralisation, en définissant une multinationale comme une
« entité légale de droit privé, agissant dans plusieurs États, mais avec un seul centre ou un
centre principal de décision ». Dans le même sens, René Sandretto la définit comme une
« firme généralement de grande taille, dont l'organisation et la gestion sont le plus souvent
centralisées, développant leur activité productive grâce à des filiales implantées dans plusieurs
pays ». On estime leur nombre à 80 000, pour 840 000 filiales et 75 000 000 de salariés. Elles
représentent les 2/3 du commerce mondial. Leur nombre a considérablement augmenté depuis
1990 qui était alors de 37 000.[réf. nécessaire]

Causes
Protectionnisme

Dans un article de 19574, Robert Mundell démontre que l’investissement des entreprises à
l’étranger constitue une réponse aux pratiques protectionnistes.

En effet, la politique protectionniste vise le plus souvent à protéger les entreprises nationales
non performantes de leurs concurrentes étrangères. Suivant les lois de l’offre et de la
demande, l’entrave créée à l’importation, combinée à l’incapacité des entreprises nationales à
répondre à la demande, contribuent à créer une situation de rareté encline à provoquer une
hausse importante des prix des produits concernés. Il devient alors intéressant pour les
entreprises étrangères de s’installer sur le territoire afin de profiter de ses prix élevés.

Cycle de vie des produits

Selon Raymond Vernon (International Investment and International Trade in the Product
Cycle, 1966) la stratégie mondiale des firmes est à mettre en parallèle avec le cycle de vie des
produits qu’elles proposent.
 Dans un premier temps, le produit tout juste conçu doit être testé : le marché national est alors
le plus indiqué. Ce dernier doit suffire à tirer profit d’une nouveauté du fait de l’absence de
concurrents. De plus le prix élevé de ce produit inédit correspond justement au niveau de vie
du marché national (on considère que les entreprises innovantes sont celles des pays riches).
 Arrivant à un stade de maturité, l’entreprise sur le point de perdre l’exclusivité sur le produit
est incitée à le vendre sur les marchés étrangers avant l’arrivée de ses futurs concurrents. Le
produit, s’il connaît un important succès est produit en des quantités plus importantes ce qui
provoque une baisse de son prix. Il devient donc accessible aux consommateurs de pays moins
aisés.
 Lorsque le produit atteint un stade de standardisation et se banalise, l’entreprise se doit d’en
délocaliser la production dans les pays à bas salaires pour le réexporter par la suite dans les
pays riches. Elle peut éventuellement aussi en délocaliser la production dans d’autres pays
riches qui profiteraient d’avantages technologiques, le tout étant de réduire le plus possible les
coûts de production dans un contexte de concurrence sur les prix.

Plus tard, Raymond Vernon rajoutera que les entreprises produisant un même produit voient
leur part du marché domestique se stabiliser et sont réduites à en grignoter des parts
insignifiantes. Elles se doivent donc de conquérir les marchés étrangers afin de poursuivre
leur croissance, l’acquisition et l’implantation de filiales (de production ou de distribution
locale) implantées sur le marché visé permettent d’accroître l’efficacité de cette nouvelle
stratégie.

Classement
La plupart des multinationales sont originaires des pays développés. Il y a par exemple Hilton
(États-Unis), Bombardier (Canada), Schlumberger (France), Virgin (Royaume-Uni),
Santander (Espagne), Fiat (Italie), Nestlé (Suisse), Ikea (Suède), ArcelorMittal (LuxX),
Siemens (Allemagne), Red Bull (Autriche) et Honda (Japon).

Cependant, depuis le début du XXIe siècle, les multinationales des pays émergents gagnent
des places dans la hiérarchie mondiale ; ainsi, on pouvait en recenser 47 dans le classement
Fortune Global 500 en 2006, contre 19 en 1990. Les plus importantes sont Hutchison
Whampoa (Hong Kong), Petronas (Malaisie), Singtel (Singapour) ou Samsung (Corée du
Sud). Les pays du Sud ont représenté en 2005 13 % des fusions-acquisitions5.

Historique
Origines

Les multinationales existent depuis des centaines d'années. Ainsi la compagnie Orientale des
Indes, fondée en 1602, peut-être considérée comme une multinationale. C'est cependant vers
la fin des années 1970 que ces sociétés sont montées en puissance et en nombre.

L'organisation de l'Église catholique est multinationale depuis plus longtemps encore, mais
celle-ci n'est pas considérée comme à but lucratif, ne distribuant pas de dividendes.

Montée en puissance

Au début des années 1980, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le
développement (CNUCED), on comptait 7 000 multinationales. En 2002 elles étaient 64 000
contrôlant 870 000 filiales employant 54 millions de personnes et représentant 70 % des flux
commerciaux mondiaux6. De même, les IDE, investissements directs à l'étranger, sont passés
de 1 600 milliards de dollars en 1990 à 6 600 milliards en 2001[réf. nécessaire].

Certaines firmes sont désormais considérées comme étant comparables à des États. Selon le
Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), en 1999, financièrement, la
société américaine Ford équivalait à la Norvège, et les japonaises Mitsui et Mitsubishi
respectivement à l'Arabie saoudite et à la Pologne. À cette époque, sur les 100 premiers
acteurs économiques mondiaux, 55 étaient des multinationales7.

Ces analogies ne sont pas forcément très pertinentes. Johan Norberg, économiste suédois, les
remet en cause en faisant remarquer qu'une comparaison entre le produit intérieur brut (PIB)
et le chiffre d'affaires (CA) n'est pas significative[réf. nécessaire]. En effet, le PIB prend uniquement
en compte la valeur finale, alors que le CA ne rend pas compte de ce qui a été produit en
dehors de l'entreprise.

Les multinationales jouissent d'un poids très important comparées aux États dans certains
domaines. Ainsi, en 2000, 208 milliards USD ont été envoyés vers les pays en développement
par ces entreprises contre seulement 53 par les États[réf. nécessaire].

De plus, la tendance de ces firmes est à la concentration, par le moyen de fusions ou


d'acquisitions. Ainsi l'importance des plus grandes multinationales comparée à toutes les
autres s'accroît, augmentant leur influence individuelle.

Les multinationales sont les vecteurs incontournables de la globalisation économique et


financière. Leur rôle est devenu si important que l'on parle au début du XXIe siècle de
« diplomatie triangulaire »[réf. nécessaire] (Susan Strange), c'est-à-dire de relations entre
gouvernements, entreprises et entreprises-gouvernements. Pour Robert Cox, la puissance n'est
pas simplement une question de souveraineté, d'armée ou de territoires, mais une combinaison
complexe d'ordres économiques et sociaux basés sur les modes spécifiques de
productions[réf. nécessaire].

Tendances et perspectives

Au début du XXIe siècle, deux tendances sont à considérer. Tout d'abord, la


transnationalisation n'est plus le monopole des grandes firmes, puisque de plus en plus de
PME pensent directement à s'implanter sur un marché multinational. Ensuite, des
multinationales venant de pays émergent commencent à peser sur l'économie mondiale. Il y a
par exemple, le cas de Mittal et Arcelor en 2005-2006.

Rapports entre les multinationales et les États


En 1957, Robert Mundell définit les multinationales comme une réponse aux pratiques
protectionnistes des États[réf. nécessaire]. Il s'agissait de créer des filiales au sein de pays étrangers
afin de contourner leurs politiques douanières restrictives. On peut aller plus loin en
considérant le phénomène de transnationalisation comme un moyen pour les firmes de fuir, ou
plutôt d'éviter, les risques liés aux États, espace national de production unique et de
dépendance juridique, économique, sociale et politique.
Facteur de puissance

Si on se réfère à la première définition, qui insistait sur le caractère centralisé des


multinationales, c'est-à-dire stipulant que ces dernières possèdent le plus souvent un centre
principal de décision, l'État peut avoir une influence sur celles-ci et les utiliser comme
instruments. Ainsi, dans Rival States, Rival Firms, Susan Strange et J. M. Stopford affirment
que « quel que soit l'internationalisation de ses opérations, » une société « appartient,
psychologiquement et sociologiquement, à sa région d'origine. Dans le pire des cas, ses
directeurs accepteront toujours les souhaits et ordres des gouvernements qui ont édité leurs
passeports et ceux de leurs familles. »

Dans le même registre, Estrella Tolentino pense que « la nation d'origine influence la capacité
de ses firmes à réussir dans certaines industries. » Il existe des cas où cette mainmise de l'État
est plus évidente, notamment en France, où de grandes entreprises publiques sont des
multinationales, comme EDF, ou Renault avant sa privatisation.

Menaces

Si maintenant on insiste plutôt sur le côté flexible de ces firmes, car elles peuvent être
considérées comme des menaces pour les États. En effet, les multinationales créent leur
propre espace économique, indépendamment des États, et leur flexibilité leur permet
d'exploiter les disparités de législations sociales ou environnementales, de mettre ces derniers
en concurrence. La souveraineté des États est alors soumise aux stratégies globales des plus
grandes multinationales. Concrètement, l'aménagement d'un port dépend désormais, au
XXIe siècle, moins des plans décidés par le gouvernement que ceux des chargeurs, armateurs
ou opérateurs des multinationales.

Ces sociétés peuvent alors exploiter massivement les ressources naturelles d'un pays, ou
relocaliser leurs activités les plus polluantes vers les États les moins regardants. En cas de
fraudes, il est difficile de les réprimer, car leurs activités illicites sont souvent installées entre
deux ordres juridiques peu capables de les sanctionner. Le droit international sur le commerce
n'ayant pas quant à lui la possibilité (ou même la volonté) de les atteindre, et les ordres
juridiques internes étant limités par des frontières internationales imperméables aux enquêtes
et aux poursuites.

En plus d'influencer les États par un lobbying dont aucun autre acteur n'a les moyens, elles
peuvent avoir recours à de la corruption. Cela peut aller de la corruption d'agents publics en
vue de l'obtention d'un marché, à de la capture d'État. Dans cette dernière, la corruption a lieu
le plus en amont possible de la décision, au niveau de la législation.

Mohammed Bedjaoui va même jusqu'à parler de « puissance faustienne » des multinationales,


dont les pouvoirs vont jusqu'au contrôle de gouvernements (républiques de bananes) ou même
jusqu'à renverser un régime qui leur est défavorable. La chute du régime de Salvador Allende
au Chili en 1973 est ainsi due en grande partie à la participation d'International Telephone
and Telegraph (ITT).[réf. nécessaire]

Pour Bertrand Badie, ces multinationales privent les États des moyens d’intervenir dans leur
évolution économique, dans le niveau de l’emploi, le niveau de vie ou la protection sociale de
leur population.
Plus généralement, l'organisation et l'importance de ces sociétés créent une « interdépendance
globale », ce qui entraîne forcément une perte d'autonomie des États.

Conflits

Face à cette menace, une résistance unilatérale des États s'est mise en place, par des mesures
financières ou en allant parfois jusqu'aux nationalisations. En se basant sur une déclaration
onusienne de 1952 reconnaissant « aux pays insuffisamment développés le droit de disposer
de leurs richesses naturelles », 1 639 procédures de nationalisations ont été lancées entre 1960
et 1975.

En plus de ces mesures unilatérales, des réponses multilatérales ont été données. Cependant,
leur caractère souvent facultatif les a rendues peu efficaces. Dans cette optique plus globale,
en 1974 est créée une commission des multinationales, qui deviendra en 1994 la
« commission de l'investissement international et des sociétés transnationales ». En 1976,
l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) lance un « code de
bonne conduite à l'intention des entreprises multinationales ».

L'Organisation internationale du travail (OIT) adopte une « déclaration tripartite sur les
principes concernant les entreprises multinationales et la politique sociale » ; celle-ci pose les
principes de respect de la souveraineté du pays d'accueil, du respect des droits de l'homme et
du respect de l'investissement. Plus récemment, en 1999, Kofi Annan a proposé un pacte
mondial (Global Pact) aux firmes ajoutant, en plus de la précédente déclaration, un volet
environnemental. Mais ces mesures voulant réguler l'activité des multinationales ne sont que
des souhaits, et rien n'obligera ces firmes à les respecter.

Cependant, certaines mesures prises à des niveaux régionaux peuvent s'avérer contraignantes
pour les multinationales. L'Union européenne interdit les ententes concertées ou les abus de
position dominante. En 2008 et en 2009, Microsoft a été contrainte de changer sa politique en
raison de fortes amendes européennes8.

Mais de façon générale, mis à part dans quelques endroits comme le Venezuela de Hugo
Chávez, la tendance n'est plus à la confrontation États – multinationales, mais plutôt à la
coopération.

Coopérations

Finalement, la législation des États s'est adaptée aux multinationales. Alec Stone Sweet
montre comment les quarante dernières années ont vu la mise en place d'un système privé de
gouvernance transnationale, ce qu'il appelle la nouvelle Lex mercatoria. Selon lui, les acteurs
du système, c'est-à-dire les multinationales, leurs avocats, les arbitres internationaux et les
legal academics (« intellectuels du milieu juridique »), ont évolué vers l'utilisation de
principes « a-nationaux » de contrats et d'un système de cours de justice privée pour organiser
et réguler les échanges commerciaux transfrontaliers. Les États sont vus ici comme des freins,
des coûts supplémentaires pour les entreprises, et sont alors utilisés uniquement si nécessaires.
Les États ont alors adapté leurs lois à cette nouvelle Lex Mercatoria en augmentant
l'autonomie des firmes.

Les États ont désormais la volonté d'aider les multinationales. Concernant leurs activités à
l'étranger, leurs gouvernements d'origine les soutiennent dans l'obtention de nouveaux
marchés : par exemple, au début du XXIe siècle, le président français tient régulièrement le
rôle de « super VRP » lors de ses déplacements. En cas de crise, l'État d'origine va protéger
les investissements de ses multinationales comme il aura tendance à protéger ses
ressortissants. Le cas de la Côte d'Ivoire, en 2004, en est un exemple9.

De même, les États vont désormais tout faire pour attirer les investissements de ces
multinationales sur leurs territoires. C'est dans ce sens que sont créées des zones franches, ou
des sociétés mixtes ouvertes aux capitaux étrangers. Des infrastructures, comme des
autoroutes ou des aéroports, sont construits pour faciliter l'implantation de filiales de ces
entreprises. C'est une diplomatie de persuasion à leur intention qui est mise en place.

Dans un autre sens, il y a une augmentation de la redevance financière versée à l'État d'accueil
pour la vente des matières premières. L'heure du conflit semble s'éloigner. Ainsi entre 1975 et
1985, seules 47 procédures de nationalisations ont été mises en place, contre 1 639 durant les
quinze années précédentes.

Selon S. Strange et J. Stopford, c'est une interdépendance mutuelle qui s'est créée entre les
multinationales et les États. Ces derniers cherchent alors la coopération des dirigeants de ces
multinationales, même si cela se fait toujours dans les contraintes (économiques, sociales,
historiques…) de chaque pays.

Plus concrètement, des États ont désormais passé des contrats avec des firmes étrangères pour
que ces dernières s'occupent du développement de nombreuses activités. Les gouvernements
font appel à ces sociétés afin de réduire leurs coûts d'infrastructures et de recherche. C'est
particulièrement le cas dans les domaines de l'agroalimentaire, de la chimie, ou de
l'informatique. Cela va même jusqu'au domaine militaire, où l'exemple de l'A400M est un cas
de coopération entre les États européens pour soutenir la multinationale EADS.

Au début du XXIe siècle, les États s'affrontent pour s'attirer les bonnes grâces de ces
multinationales. Pour J. Stopford et S. Strange, « les États sont désormais en compétition plus
pour des moyens de créer de la richesse sur leur territoire que pour de la puissance sur un plus
grand territoire. Là où ils avaient l'habitude de se concurrencer pour de la puissance comme
un moyen d'obtenir des richesses, ils se concurrencent désormais plus pour des richesses
comme un moyen de puissance ». Et ces multinationales sont le secteur principal des
transferts de capitaux, et donc de richesses.

Impact
L’école néo-réaliste

Pour Robert Gilpin, « les entreprises multinationales sont effectivement l'expression de


l'expansionnisme américain et ne peuvent être séparées des objectifs plus larges de la
politique extérieure américaine; les liens de sécurité entre les États-Unis et l'Europe
occidentale facilite l'expansion outre-Atlantique des entreprises américaines; la Pax
Americana fournit le cadre politique à l'intérieur duquel ces activités économiques et
transnationales ont lieu ».

Dans l'école néo-réaliste, les multinationales n'existent que grâce et pour les États, et ne serait
donc pas des acteurs autonomes. Ce sont des légions au service des États.
L'inégalité entre le Nord et le Sud va alors en grandissant, puisque les grands États, comme
les États-Unis, ont la possibilité de peser sur les multinationales, tandis que les États faibles se
retrouvent démunis. Susan Strange parle d'une « asymétrie grandissante entre les États forts
dotés d'un pouvoir structurel et les États faibles qui en sont démunis ».

L’école de la dépendance

Les multinationales sont un objet privilégié de l'approche dépendantiste. Celles-ci participent


activement à l'exploitation de la périphérie de la périphérie (main-d’œuvre des pays du tiers
monde, matières premières, sols…) par le centre du centre (décideurs des firmes,
gouvernements des pays occidentaux) avec l'aide du centre de la périphérie (dirigeants des
filiales, gouvernements corrompus) et de la périphérie du centre (consommateurs).

Les multinationales peuvent être vues comme les tentacules de la domination capitaliste,
comme une promotion du pouvoir privé contre le pouvoir public. Ainsi peut-on observer un
phénomène de dénationalisation des économies de la périphérie, tandis qu'en 1999, 90 % des
sièges des multinationales étaient présents dans la triade États-Unis, Europe et Japon.

Ces multinationales permettent aussi la diffusion d'un mode de consommation parfois


inadapté. L'exemple du lait en poudre en Afrique subsaharienne est représentatif dans ce
domaine. Cette diffusion culturelle pourra ensuite auto-entretenir cette domination par la
création de besoins nouveaux au sein des populations de la périphérie.

Les multinationales semblent le plus souvent agir dans l'intérêt du centre. Ainsi l'industrie
pharmaceutique consacre 0,2 % de sa recherche à la tuberculose, alors que cette dernière
représente 18 % des maladies à l'échelle mondiale. Pourtant, une grande partie de la
fabrication de médicaments provient des ressources minérales et génétiques des pays du Sud.

Débat

Pour Bertrand Badie, la mondialisation est la mise en œuvre de quatre processus : la


globalisation financière, l'organisation mondiale de la production, la libre circulation des
marchandises et l'instantanéité de l'information. À cette vue, les multinationales ont sans
doute un rôle majeur dans cette transformation récente du monde.

Elles sont souvent l'objet de débats passionnés. Certains y voient une source de richesses, et
se réjouissent de l'homogénéisation politique et de l'interdépendance économique mondiale
qu'elles entraînent, y voyant un facteur de croissance et de paix. D'autres y voient les vecteurs
d'une exploitation grandissante des pays du Sud au profit d'une classe mondiale privilégiée,
responsables de l'inégalité grandissante entre les riches et les pauvres. Noam Chomsky
qualifie les multinationales de « tyrannies privées » et d'« institutions totalitaires » dans la
mesure où elles exercent un pouvoir de plus en plus important en dehors de tout contrôle
démocratique10.

Politique internationale
 Pour l’article homonyme, voir Politique internationale (revue). 

Cet article est une ébauche concernant la politique.


Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les
recommandations des projets correspondants.

Le terme de politique internationale fait référence au comportement d'un pays sur l'échiquier
international, à ses choix diplomatiques. La diplomatie étant, en politique internationale, l'art
de tirer le plus d'avantages possibles pour sa nation. Art de réclamer, art de concéder : chaque
choix, concession, aide, neutralité se monnayant ; chaque exigence, opposition, ou irrespect se
payant un jour.

La politique étant la "conduite des affaires publiques", elle a pour but le maintien de l'ordre et
l'amélioration de la situation, ici, celle d'un État face aux États concurrents. La politique
internationale d'un État cherche à renforcer sa position, son influence, tant par le commerce,
que par l'armée ou la religion. La politique internationale a également pour but de satisfaire
l'opinion publique intérieure, qui se réfère souvent au propre passé du pays (l'empire français
pour la métropole française actuelle par exemple).

Diplomatie
« Diplomate » redirige ici. Pour les autres significations, voir Diplomate (homonymie) et
Diplomatie (homonymie).

Le Conseil de sécurité des Nations unies est un haut lieu de la diplomatie internationale

La diplomatie est la conduite de négociations et de reconnaissances diplomatiques entre les


personnes, les groupes ou les nations en réglant un problème sans violence. Utilisée
formellement, elle se rapporte habituellement à la diplomatie internationale, la conduite des
relations internationales par l’entremise (habituellement) de diplomates professionnels.

Une distinction importante existe entre la diplomatie et la politique étrangère, même si elles
sont étroitement liées, complémentaires et indispensables l’une à l’autre.

La politique étrangère correspond aux choix stratégiques et politiques des plus hautes
autorités de l’État. En France, elle relève du chef de l’État, du Premier ministre et du ministre
des Affaires étrangères et européennes.

La diplomatie est la mise en œuvre de la politique étrangère par l’intermédiaire des


diplomates.
La diplomatie du Saint-Siège est l’un des plus anciens services diplomatiques au monde,
opérant depuis le Ve siècle, et le plus ancien en Europe.

Les plus anciens se retrouvent en Occident, on observait en effet en Asie très tôt déjà, le
développement de missions expéditionnaires et diplomatiques, en particulier avec l’expansion
de la Chine impériale.

Sommaire
 1 Théorie des relations entre les États
 2 Institutions
o 2.1 Diplomates et mission diplomatique
o 2.2 Les fonctions de la mission diplomatique
o 2.3 La composition de la mission diplomatique
o 2.4 Immunité diplomatique
 3 Politiques étrangères
 4 Histoire
o 4.1 Europe
o 4.2 Asie
 5 Voir aussi
o 5.1 Bibliographie
o 5.2 Références
o 5.3 Liens externes

Théorie des relations entre les États


Dans leur Introduction à l'histoire des relations internationales, Pierre Renouvin et Jean-
Baptiste Duroselle mettent en évidence que « l'étude des relations internationales s'attache
surtout à analyser et à expliquer les relations entre les communautés politiques organisées
dans le cadre d'un territoire, c'est-à-dire entre les États »1.

À ce titre les relations internationales sont indissociables de la guerre, ou, plus exactement
d'une tension constante entre la guerre et la paix. Thucydide, déjà, fondait son récit historique
sur une alternance constante entre le repos et le mouvement2. Dans une optique assez proche,
Raymond Aron établit que les deux principaux acteurs des relations inter-étatiques sont
l'ambassadeur et le soldat : l'un comme l'autre ont de fait pour fonction de représenter leur
pays à l'étranger3. Il existe ainsi une relation de continuité entre la diplomatie et la guerre.
Toutes deux visent également à garantir les intérêts d'un pays donné : la première par la
négociation, la seconde par la violence.

Deux cas de figure échappent toutefois au champ des relations internationales4 :

La communauté isolée ou volontairement coupée du monde

Toute relation inter-étatique rend en effet le conflit ou la discorde possibles. Aussi, maintenir
un État en paix impliquerait de l'exclure du reste du monde politique. Cette volonté
d'exclusion est en particulier formulée dans Les Lois de Platon. Pour préserver la cité idéale, il
convient de limiter considérablement les échanges extérieurs : « c'est pourquoi la cité
platonicienne entretiendra, par un « noble mensonge », le mythe de l'autochtonie, ou d'une
différence de nature entre ses citoyens et les autres hommes, elle sera loin de la mer,
découragera les voyages et les contacts avec l'étranger, réservés aux ambassadeurs et aux
philosophes »5

L'empire universel

L'établissement d'un empire universel part d'un prérequis inverse de celui de la communauté
isolée, mais ses conséquences sont identiques. Il s'agit ici non pas de couper un groupe
humain du reste de l'humanité, mais, bien au contraire, de fédérer l'ensemble des groupes
humains et de les fédérer sous la même autorité. Dans son traité De Monarchia, Dante met en
évidence la nécessité et la naturalité d'un tel établissement : « Tout royaume divisé en son sein
sera ravagé. Si donc il en est ainsi dans ces réalités prises une à une, qui sont ordonnées en
vue d'un but unique, quel qu'il soit, le principe posé plus haut est vrai. Or, c'est un fait établi
que tout le genre humain est ordonné en vue d'un but unique : il faut qu'un seul donne les
règles ou dirige »6. Cette perspective se heurte toutefois à la question de sa réalisation : « dans
la réalité des faits, les peuples n'ont jamais accepté durablement cette idée d'unité que comme
unification culturelle (…) Les hommes se laissent plus facilement unir par les idées que par
les pouvoirs »7.

Institutions
Diplomates et mission diplomatique

Un diplomate est une personne impliquée dans la diplomatie ; on parle de mission


diplomatique dès lors que l’on fait référence à un groupe de diplomates originaires d’un
même pays qui résident dans un autre pays. Le rang d’ambassadeur est le plus élevé des rangs
diplomatiques ; une mission diplomatique à la tête de laquelle se trouve un ambassadeur
s'appelle une ambassade. L’ensemble de tous les diplomates d’un pays donné s'appelle le
corps diplomatique. La mission diplomatique est un ensemble de personnes nommées par un
État dit « État accréditant » pour exercer, sous l’autorité d’un chef de mission, des fonctions
de caractère diplomatiques sur le territoire d’un État étranger dit « État accréditaire »8.

Les fonctions de la mission diplomatique

Selon l’article 3 de la Convention de Vienne de 1961, les fonctions normales sont :

 la représentation de l’État accréditant ;


 la protection des intérêts de l’État accréditant et de ses ressortissants, dans les limites admises
par le droit international ;
 la négociation avec l’État accréditaire ;
 l’information par tous les moyens licites des conditions et de l’évolution des évènements dans
l’État accréditaire, avec envoi de rapport à l’état accréditant ;
 le développement des relations amicales, notamment des relations économiques, culturelles et
scientifiques.

Les articles 45 et 46 de la Convention de Vienne établissent des fonctions exceptionnelles.


Selon ces articles, un État peut charger sa mission diplomatique de la protection des intérêts
d’un État tiers qui aurait rompu ses relations diplomatiques avec l’État accréditaire. De plus,
en principe, la mission diplomatique n’exerce pas de fonctions consulaires mais elle peut être
amenée à exercer de telles fonctions : selon l’article 3 de la Convention de Vienne, aucune des
dispositions de cette Convention ne saurait être interprétée comme interdisant l’exercice de
fonctions consulaires par une mission diplomatique.

La composition de la mission diplomatique

Elles sont toutes composées d’un chef de mission ainsi que de son personnel placé sous son
autorité.

Le chef de mission

La Convention de Vienne a dû établir des règles qui déterminent le classement des chefs de
mission et cela afin de mettre un terme aux problèmes de préséance entre agents
diplomatiques. Les problèmes de préséance sont le fait que (préséance=prendre place avant
quelqu’un d’autre) chaque État accréditaire ayant un chef de mission, lequel précède l’autre
dans le cas d'une cérémonie officielle. Initialement, les ambassadeurs estimaient que la place
qu’ils occupaient dans une cérémonie officielle devait correspondre à l’importance de leur
souverain, en d’autres termes à la considération qu’ils pensaient lui être due. C’était pour
résoudre ce type de problème que le Congrès de 1815 fut réuni. Mais le problème de
préséance s’est poursuivi, c’est pourquoi l’article 14 de la Convention de Vienne aborde cette
question : selon cet article, la catégorie chef de mission se divise en trois classes :

 Une classe correspond aux ambassadeurs ou nonce apostolique accrédités auprès des chefs
d’État.
 Une autre classe est celle des envoyés ministre ou inter nonce, également accrédités auprès
des chefs d’État.
 La dernière classe est celle des chargés d’affaires qui sont ceux accrédités auprès du ministre
des affaires étrangères.

Dans une même classe, l’ancienneté de la nomination dans le pays accréditaire est
déterminante. Les États décident entre eux de la classe à laquelle doivent appartenir les chefs
de mission. Les États accréditaires ne font aucune différence entre les chefs de mission en
raison de leur classe sauf en ce qui concerne la préséance et l’étiquette. Ces questions de
préséance envisagées à l’article 14 ne concernent que les chefs de mission. L’article 17
précise que l’ordre de préséance du personnel diplomatique de chaque mission est établi par
l’État accréditant lui-même et notifié au ministère des affaires étrangères de l’État
accréditaire. Un chef de mission ne peut entrer en fonction que s’il a l’accord préalable du
gouvernement qui le reçoit et cet accord s’appelle l’agrément. Au moment où un chef de
mission prend ses fonctions, il doit présenter ses lettres de créance par lesquelles son propre
État l’accrédite auprès de l’État accréditaire. La Convention de Vienne confirme une pratique
internationale ayant débuté vers les années 1920, qui permettait la représentation de plusieurs
États par un seul chef de mission. Cette hypothèse est reprise aux articles 5 et 6 de la
Convention de Vienne qui précisent que l’État accréditaire doit donner son accord pour
qu’une même personne soit accréditée par/auprès de plusieurs États. En adoptant cette
formule, certains États évitent les difficultés financières que provoque la création de très
nombreuses missions diplomatiques tout en étant représentés auprès de différents États.

Le personnel de la mission diplomatique

La mission diplomatique comprend tout le personnel nécessaire pour remplir les fonctions
diplomatiques et ce personnel se divise en plusieurs catégories : il y a les agents
diplomatiques agréés par l’État d’accueil dont le chef de mission puis le personnel
administratif et technique employé dans les services administratifs de la mission et enfin le
personnel de service employé au service domestique de la mission. Les effectifs sont toujours
fixés par un accord entre l’État accréditant et l’État accréditaire. Selon l’article 11 de la
Convention de Vienne, l’État accréditaire « peut exiger que cet effectif soit maintenu dans les
limites de ce qu’il considère comme raisonnable et normal ». Les membres de la mission
diplomatique sont choisis unilatéralement par le gouvernement d’envoi qui doit simplement
notifier cette désignation au gouvernement de l’État accréditaire. L’État accréditaire peut à
tout moment déclarer qu’un membre du personnel diplomatique est considéré comme persona
non grata et donc demander son rappel à l’État accréditant. En général, une telle pratique est
le signe d’une tension politique entre les deux États et cela concerne majoritairement les chefs
de mission.

Immunité diplomatique

Les diplomates avec un passeport diplomatique (catégories A et B) bénéficient d’une


immunité diplomatique c'est-à-dire que les agents diplomatiques et les membres de leur
famille ne peuvent être poursuivis devant les juridictions françaises pour les infractions,
quelle qu'en soit la nature, qu'ils commettent sur le territoire français (l'immunité consulaire,
elle, ne profite aux consuls et au personnel consulaire que pour les infractions commises dans
le cadre de leur fonction). L’immunité diplomatique ne doit en aucun cas être confondue avec
la protection diplomatique.

Politiques étrangères
Cela désigne la politique extérieur menée par le chef l'état, le premier ministre et le ministre
des affaires étrangères.

Histoire
Article détaillé : Histoire diplomatique.

La capacité à exercer une diplomatie est l'un des éléments déterminants des États, la
diplomatie se pratiquant probablement depuis le début de la civilisation.

Les premières attestations de la diplomatie se retrouvent dans l'échange de cadeaux


somptueux. Ce lien entre diplomatie et commerce remonte à l'Âge du bronze comme le
montre les cadeaux en signe d'amitié dans les épopées homériques9.

Europe

En Europe, la diplomatie commence avec les premières Cités-États dans la Grèce antique. Les
diplomates étaient alors envoyés pour des négociations spécifiques et revenaient
immédiatement une fois leur mission conclue. Les diplomates étaient généralement proches
de la famille régnante (les souverains avaient davantage confiance dans les membres de leur
famille) ou de très haut rang, afin de leur donner une légitimité à négocier avec d'autres États.
Le déclin des cités-États dans l'Europe féodale réduit cette activité, sauf en Andalousie qui
exerce des relations diplomatiques avec les différent empires et royaumes d'Europe, du
Maghreb et du Moyen-Orient. Cette activité renaît au XIIe siècle avec les Républiques
maritimes de Venise, Gênes et les villes de la Hanse. La structuration des États voit le
développement du corps diplomatique qui se hiérarchise (ambassadeur extraordinaire et
ordinaire, envoyé ou résident authentifié par des lettres de créance). François de Callières
publie en 1716 De la manière de négocier avec les souverains, de l'utilité des négociations,
du choix des ambassadeurs et des envoyez, et des qualitez nécessaires pour reüssir dans ces
employs10.

Colbert à l'idée de créer une Académie politique en 1712 pour former des secrétaires
d'ambassade10. Traditionnellement, on pensait que le terme diplomatie avait été employé en
tant que métier pour la première fois dans les discours de Simon-Nicolas-Henri Linguet en
1791 et Robespierre en 1792, mais il existe des occurrences plus anciennes : corps
diplomatique dans une lettre du chevalier d'Éon en 176211 et un ouvrage en 1764 ; terme
diplomate dans un mémoire de Jean-Louis Favier (en)12.

Selon Talleyrand « Il faut (en parlant d'un ministre des Affaires étrangères) qu'il soit doué
d'une sorte d'instinct qui, l'avertissant promptement, l'empêche avant toute discussion de
jamais se compromettre. Il faut [...] la faculté [...] d'être habile jusque dans le choix de ses
distractions. Il faut que sa conversation soit simple, variée, inattendue, toujours naturelle et
parfois naïve, en un mot, il ne doit pas cesser un moment dans les vingt-quatre heures d'être
ministre des Affaires étrangères »13.

Asie

Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide


est la bienvenGéopolitique
 Ne doit pas être confondu avec Géographie politique ni Géostratégie.

La géopolitique (du grec γη « terre » et πολιτική « politique ») est l'étude des effets de la
géographie (humaine et matérielle) sur la politique internationale et les relations
internationales. C'est une méthode d'étude de la politique étrangère pour comprendre,
expliquer et prédire le comportement politique international à travers les variables
géographiques. Il s'agit notamment des études régionales, du climat, de la topographie, de la
démographie et des ressources naturelles.

Le terme apparaît pour la première fois chez Gottfried Wilhelm Leibniz dans un manuscrit
inédit de 16791,2. Mais son usage ne se répand qu'en 1889, sous la plume du professeur de
science politique et de géographie suédois Rudolf Kjellén dans un article de presse qui évoque
les frontières suédoises3, puis dans son ouvrage Stormakterna (Les grandes puissances)4, où il
écrit : « La géopolitique est la science de l'État comme organisme géographique ou comme
entité dans l'espace : c'est-à-dire l'État comme pays, territoire, domaine ou, plus
caractéristique, comme règne. Comme science politique, elle observe fermement l'unité
étatique et veut contribuer à la compréhension de la nature de l'État. »

C'est en Allemagne que la notion de géopolitique se construit, sous l'impulsion fondatrice de


Friedrich Ratzel (1844-1904) puis se développe dans ce pays, mais aussi en Grande-Bretagne
et aux États-Unis. Cependant du fait qu'elle a pu servir à légitimer la puissance et
l'expansionnisme allemand, ainsi que l'idéologie nazie, cette discipline — fortement connotée
dans le contexte de l'immédiat après guerre — est temporairement proscrite, notamment en
France. Pourtant, la nécessité pour les décideurs politiques et les citoyens de mieux
comprendre les conflits qui les entourent et ainsi d'en comprendre les enjeux a contribué,
depuis les années 1980, au renouveau de cette discipline. À ce titre, c'est au cours de la guerre
du Viêt Nam puis du conflit qui oppose les Khmers rouges aux Nord-Vietnamiens, que la
géopolitique retrouve sa pleine légitimité.

Selon Alexandre Defay, professeur au centre de géostratégie de l'École normale supérieure,


« la géopolitique a pour objet l'étude des interactions entre l'espace géographique et les
rivalités de pouvoirs qui en découlent. […] elle est le terrain de manœuvre de la puissance
locale, régionale ou mondiale. »5. L'approche géopolitique ne tente pas seulement de décrire et
d'analyser des enjeux et conflits « objectifs », elle traite « de conflits relatifs à des territoires
représentés, c'est-à-dire des territoires qui — pour ceux qui les habitent, qui les convoitent ou
encore qui les décrivent — sont imaginés. »6 Autrement dit, on peut aller jusqu'à affirmer
comme le fait Thierry de Montbrial7 que la géopolitique est la partie de la géographie
politique qui s'occupe des idéologies relatives aux territoires.

Sommaire
 1 Genèse de la géopolitique
o 1.1 La pratique précède le concept
o 1.2 Contexte de fondation de la géopolitique
 2 Premières écoles de Géopolitique
o 2.1 L'École allemande : die Geopolitik
o 2.2 L'École anglo-américaine : Théorie du Heartland, Rimland et Sea power
 2.2.1 Alfred Thayer Mahan et le sea power
 2.2.2 Mackinder et le Heartland
 2.2.3 Nicholas Spykman et le Rimland
o 2.3 L'École française
 2.3.1 Montesquieu et la théorie des climats
 2.3.2 Élisée Reclus
 2.3.3 Fernand Braudel, Vidal de la Blache et les temps longs
 2.3.4 Jacques Ancel
o 2.4 Fin de la géopolitique avec la Seconde Guerre mondiale ?
o 2.5 Yves Lacoste
 3 L'analyse géopolitique aujourd'hui
o 3.1 Retour de la géopolitique en France
o 3.2 Représentation, diachronie, diatopie, horogénèse
o 3.3 Les axes d'analyses
o 3.4 Les enjeux
o 3.5 Les facteurs décisifs dans les alliances
o 3.6 Aspects militaires et énergétiques
o 3.7 Aspects linguistiques
 4 Quelques grands mouvements géopolitiques dans l'Histoire
 5 Annexes
o 5.1 Articles connexes
o 5.2 Bibliographie
o 5.3 Quelques centres d'analyses et leurs revues
 6 Notes et références
o 6.1 Liens externes

Genèse de la géopolitique
La pratique précède le concept

La géopolitique est pratiquée bien avant que le terme n'apparaisse. Les rivalités de pouvoirs se
sont exprimées dans toutes les sociétés, même dans les sociétés sans État8. « Mais c'est avec
la naissance de l'État, au proche-Orient, trois mille ans avant notre ère que l'espace acquiert
une dimension géopolitique permanente . désormais l'espace n'est plus seulement façonné et
cloisonné par la diversité du milieu naturel et par celle du peuplement mais aussi par
l'exercice de souverainetés étatiques concurrentes. Au regard de ces dernières, l'espace est le
théâtre et l'enjeu de leurs rivalités. » .

Sur un mode pragmatique les écrits d'auteurs comme Machiavel ou Clausewitz explicitent les
« bonnes pratiques » à employer pour comprendre et exploiter les rapports de forces.

La célèbre formule de Napoléon Bonaparte « Tout État fait la politique de sa géographie »


signifie selon A. Defay9, d'une part la représentation que l'état se fait à un moment donné de
sa géographie mais aussi d'autre part les moyens concrets (humains et économiques) dont il
dispose pour l'appréhender. « Faute de quoi cette formule pourrait laisser croire à un
déterminisme du milieu sur le politique, piège dans lequel sont tombés plusieurs des premiers
théoriciens de la géopolitique .»

Contexte de fondation de la géopolitique

Née comme d'autres sciences humaines dans les dernières décennies du XIXe siècle, la
discipline est le produit d'un contexte historique particulier10 : ses débuts portent résultent
d'une composante scientifique (marquée par le Scientisme et le Darwinisme), d'une
composante technologique (les inventions technologiques raccourcissent l'espace, et les
enjeux prennent une dimension planétaire), d'une composante politique (exacerbation de
l'État-nation et du sentiment national, appétits territoriaux avivés par la question coloniale).

Le terme de géopolitique avancé par le géographie suédois Rudolf Kjellén (1864-1922)


reprend des éléments de géographie politique énoncés par le géographe allemand Friedrich
Ratzel, considéré comme le père de la Geopolitik allemande. Ratzel analyse l'État en rapport
avec sa géographie, son espace, son milieu, les deux sont en interactions. Dans son ouvrage
Politische Geographie oder die Geographie der Staaten, des Verkehrs und des Krieges11,
l'État est perçu comme un être vivant. À la suite des analyses de Kjellén et de Friedrich
Ratzel, nombre d'universitaires et de militaires vont mettre au point des analyses
géopolitiques au service de leur pays.

Premières écoles de Géopolitique


Plusieurs écoles de pensée alimentent le mouvement :

L'École allemande : die Geopolitik


Friedrich Ratzel.

La géopolitique allemande – ou Geopolitik – repose sur les approches théoriques de Ratzel


(1844-1904), qui donnera naissance à l'École de Berlin. Cette Geopolitik émerge avec la
naissance du IIe Reich, dans la deuxième partie du XIXe siècle, qui cherche à se donner une
légitimité territoriale et renforcer sa puissance. Elle est fortement influencée par des
approches naturalistes ou environnementales comme celle du géographe Carl Ritter, de la
pensée hégélienne notamment diffusée par son disciple Ernst Gapp, ou encore le darwinisme
social passé entre les mains du biologiste philosophe Ernst Haeckel, le père du terme
« écologie ».

L'approche géographique de Ratzel, interprétée comme géopolitique, s'applique à démontrer


que l'État, thème principal des travaux géopolitiques, est « comme un être vivant qui naît,
grandit, atteint son plein développement, puis se dégrade et meurt »12. L'État, pour vivre (ou
survivre), doit s'étendre et fortifier son territoire. À travers ce prisme, Ratzel défend l'idée que
l'Allemagne pour vivre doit devenir un véritable empire et donc posséder un territoire à sa
mesure. Pour cela, il faut que le politique mette en place une politique volontariste afin
d'accroître la puissance de l'État. Ce dernier a donc besoin pour se développer de territoires,
d'un espace, l'espace nourricier, le Lebensraum (terme inventé par Ratzel), l'espace de vie
(souvent traduit par espace vital).

Les successeurs de Ratzel mettent cette nouvelle discipline au service du Prince et elle sera
appliquée sous le IIIe Reich. Ils proposent au régime nazi une approche cartographique du
monde où les « Grands Peuples » (grandes puissances) se partagent la planète en fonction
d'alliances et d'une hiérarchie raciale des peuples. Cette Geopolitik active s'inscrit contre l'idée
du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes émise par la SDN. Parmi les disciples de Ratzel,
il faut citer le général bavarois Karl Haushofer (1869-1946) qui affine la notion d'espace de
vie et la perception de l'espace dans un but hégémonique. Après la défaite de 1918, il devient
l'un des chantres de la puissance allemande. Haushofer prévoit un partage du monde en quatre
zones :

1. une zone paneuropéenne recouvrant l'Afrique et dominant le Moyen-Orient ; dominée par


l'Allemagne,
2. une zone panaméricaine dominée par les États-Unis,
3. une zone panrusse incluant l'Asie centrale et l'Asie du Sud dominée par la Russie,
4. une zone panasiatique dominée par le Japon, alliée de l'Allemagne, recouvrant l'Extrême-
Orient (Chine), l'Asie du Sud-Est et le Pacifique Nord. Cette partition du monde permet de
contrer l'encerclement anglo-saxon.

Cette application par le politique d'une discipline percevant l'État comme un organisme et à
but hégémonique est appliquée au cours de la Seconde Guerre mondiale.

À la suite de ses dérives, au sortir de la guerre, la géopolitique tant en Allemagne qu'ailleurs


dans le monde est bannie des milieux universitaires et des États-majors, au profit d'autres
approches du monde. D'ailleurs, les disciplines géographiques ont renoncé à réutiliser ces
approches jusqu'aux années 1970-1980.

L'École anglo-américaine : Théorie du Heartland, Rimland et Sea power

On doit à l'historien hongrois Emil Reich l'apparition du terme en anglais13 dès 1902, puis plus
tard en 1904 dans son ouvrage Foundations of Modern Europe14,15,16.

Alfred Thayer Mahan et le sea power

Cette École définit la puissance d'un État (en l'espèce le Royaume-Uni) par la domination des
mers ou océans (théorie de l'empire maritime). Alfred Thayer Mahan, commentateur de la
stratégie navale mondiale et des relations internationales pensait que le leadership
international était étroitement liée à la mer tant dans une optique commerciale en temps de
paix que du contrôle de cette dernière en temps de guerre. Son travail consiste donc dans
l'étude des principes stratégiques historiques régissant le contrôle des mers. Ce dernier
s'inspire du travail de Jomini, en se focalisant sur la question des positionnements
stratégiques.

Mackinder et le Heartland

Principal contributeur, Halford Mackinder (1861-1947) conçoit la planète comme un


ensemble composé par un océan mondial (9/12e), une île mondiale (2/12e - Afrique, Asie,
Europe) et de grandes îles périphériques ou Outlyings Islands (1/12e - Amérique, Australie).

Pour Mackinder, afin de dominer le monde, il faut dominer l'île mondiale et principalement le
cœur de cette île, le Heartland, véritable pivot géographique du monde (allant de la plaine de
l'Europe centrale à la Sibérie occidentale et en direction de la Méditerranée, du Moyen-Orient
et de l'Asie du Sud). Ainsi, l'Empire britannique, qui s'est construit sur la domination des
océans, doit désormais, pour rester une grande puissance mondiale, s'attacher à se positionner
sur terre en maîtrisant les moyens de transport par voie de chemin de fer. L'approche
géopoliticienne anglaise renvoie à cette volonté de domination du monde via le commerce, en
contrôlant les mers, puis désormais les terres, se faisant l'héritière directe, non seulement de la
géopolitique allemande, mais aussi des premiers navigateurs anglais, comme Walter Raleigh :
« Qui tient la mer tient le commerce du monde ; qui tient le commerce tient la richesse ; qui
tient la richesse du monde tient le monde lui-même ».

La géopolitique de Mackinder est à replacer dans une perspective de concurrence entre la


puissance maritime britannique et la puissance allemande qui, à travers son contrôle de la
Mitteleuropa, tend vers le contrôle du heartland (voir Théorie du Heartland).
Nicholas Spykman et le Rimland

Nicholas Spykman peut être considéré comme un disciple critique d'Alfred Mahan et Halford
Mackinder. Son travail se fonde sur les mêmes postulats que ceux de Mackinder: L'unité de la
politique globale et des mers. Ce dernier étend en outre cette théorie à la dimension aérienne.
Spykman tout en adoptant les divisions géographiques de Mackinder renomme certaines:

 Le Heartland;
 Le Rimland; Les coastlands de Mackinder - qu'il appelle "bord des terres" ou "anneau des
terres". Ce territoire périphérique serait coincé entre le cœur européen (Allemagne, Russie) et
les mers contrôlés par les Anglais.

Spykman pense que les États-Unis doivent contrôler les États de ce rimland afin de s'imposer
comme puissance entre ces empires européens et ainsi dominer le monde.

L'École américaine a aussi expliqué comment les grands empires d'Asie avaient réussi à se
stabiliser dans le temps en se basant seulement sur l'administration très hiérarchisée de
l'irrigation dans les territoires ou l'Asie des moussons. C'est la théorie des despotismes
orientaux, grande thèse de géopolitique. L'École américaine – ou École de Berkeley - s'est
toujours intéressée à la dimension culturelle qui marque l'espace terrestre.

Le retour de la géopolitique américaine se poursuit au XXe siècle avec les thèses de Samuel


Huntington dans Le Choc des civilisations.

L'École française

Montesquieu et la théorie des climats

Montesquieu (1689-1755) dote la théorie des climats d'une force retentissante en l'appliquant
au seul domaine politique. Il l'esquisse d'abord dans les Lettres persanes, puis lui donne une
place considérable dans De l'esprit des lois :

« Ce sont les différents besoins dans les différents climats, qui ont formé les différentes
manières de vivre ; et ces différentes manières de vivre ont formé les diverses sortes de lois »

— Montesquieu, L’Esprit des lois, 3e partie, Livre XIV, chap. X.

Montesquieu évoque l'idée selon laquelle l'Homme est influencé par son climat. Pour lui, le
climat tempéré de la France est idéal pour le développement d'un système politique.

Élisée Reclus

Géographe libertaire17, Élisée Reclus (1830 – 1905) est considéré comme l'un des précurseurs
de la pensée géopolitique française notamment par son ouvrage, Nouvelle Géographie
universelle.

Comme Ratzel, il envisage la géographie dans une vision globale, toutefois ce dernier
s'oppose à Ratzel car il considère que la géographie n'est pas immuable, elle évolue en
fonction de sa dimension sociale. L’École française de géopolitique s'est développée en
réponse à la conception allemande de la géopolitique. D'après Yves Lacoste, l'un des ouvrages
de Paul Vidal de la Blache (1845-1918), père de l'École française de géographie, La France
de l'Est (1917) doit être analysé comme un ouvrage géopolitique dans la mesure où Vidal de
la Blache explique les raisons de l'appartenance de l'Alsace et la Lorraine à la France.

Fernand Braudel, Vidal de la Blache et les temps longs

Fernand Braudel en s'inspirant des travaux de Paul Vidal de la Blache (1845-1918) s'emploie
à développer une méthode d'analyse historico-géographique. Cette Méthode est incarnée par
ses ouvrages La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II,
Grammaire des civilisations, et plus tard par une série d’articles méthodologiques qu’il publie
en 1969 dans Écrits sur l'Histoire.

Ces travaux consistant à s'intéresser à des zones particulières sur de longues périodes en se
détachant d'événements particuliers considérés comme non pertinents sont à rapprocher des
échelles mutiscalaires (diachronie) développées par Yves Lacoste.

Jacques Ancel

Le géographe Jacques Ancel (1882-1943), auteur d'ouvrages sur la question des nationalités
dans l'Empire austro-hongrois, s'intéresse aux questions des frontières définies comme des
« isobare(s) politique(s), qui fixe(nt), pour un temps, l'équilibre entre deux pressions ;
équilibre de masses, équilibre de force »18, reprenant les travaux d'André Chéradame19.

S'il existe une géopolitique française, c'est surtout dans la contestation de l'approche
géopolitique allemande et de ses légitimations déterministes. Chéradame, dès 1916, condamne
les dérives de la Geopolitik allemande dans son ouvrage Le plan pangermaniste démasqué. Le
redoutable piège berlinois de la partie nulle. Dans l'entre-deux guerre, l'amiral Raoul Castex
(1878-1968) synthétise la stratégie navale dans son ouvrage à portée géopolitique Théories
stratégiques(1929).

Il semble toutefois que ces trois directions ne soient pas aussi éloignées les unes des autres.
En effet, toutes trois proposent une géopolitique dynamique, active, percevant l'État comme
un organisme qui doit vivre ou survivre face à la concurrence d'autres États.

Fin de la géopolitique avec la Seconde Guerre mondiale ?

Après la Seconde Guerre mondiale, la notion de géopolitique, traduisant mal une répartition
de plus en plus complexe des pouvoirs institutionnels dans le monde, recule au profit de
quatre disciplines de sciences humaines :

 les relations internationales, appuyées sur la théorie du droit international ;


 la sociologie politique, sociologie des relations internationales20. Sur ce point, l'évolution reste
limitée, puisque la notion d'international reflète la division du monde en nations souveraines,
ce qui se traduit en pratique par l'intergouvernemental plutôt que par une mondialisation
institutionnelle ;
 la géographie politique qui étudie :
o l'organisation du pouvoir et des territoires à la surface de la Terre,
o le découpage social de l'espace dans les relations de pouvoir,
o la cartographie électorale ;
 La géostratégie, étude des intérêts des États et des acteurs politiques dans l'espace surtout
international.
C'est un espace du droit international, des alliances, des conflits, des positions parce que la
stratégie consiste à projeter les intérêts d'un État dans le monde (et par extension pour les
entreprises).
Le géostratège envisage les conséquences d'un conflit localisé.

Yves Lacoste

Depuis la fin des années soixante, cette école de pensée a été réactualisée à travers les
différents ouvrages de Yves Lacoste, la revue Hérodote qu'il a fondé, et l'Institut français de
géopolitique (IFG) de Saint-Denis (Université Paris 8), dirigé par Béatrice Giblin-Delvallet.
Disciple de Lacoste, Pascal Lorot travaille sur les relations entre géopolitique et économie et
fonde la géoéconomie.

L'analyse géopolitique aujourd'hui


Retour de la géopolitique en France

La géopolitique, après avoir été bannie comme savoir scientifique, a retrouvé une nouvelle
légitimité d'approche à la suite des différents conflits qui ont émergé dans les années 1970.
Dans son essai, le géographe Yves Lacoste dénonce la mainmise des différents États-majors
(politique, militaire, financier, économique) sur les savoirs cartographiques et géographiques
limités à des perspectives stratégiques. Il souhaite une vulgarisation de l'approche
géographique. À la même période, autour d'un cénacle d'enseignants de divers horizons, il
lance la revue Hérodote qui se veut une revue de stratégie et de géopolitique. Lacoste définit
la nouvelle géopolitique comme « l'étude des interactions entre le politique et le territoire, les
rivalités ou les tensions qui trouvent leur origine ou leur développement sur le territoire ».

La géopolitique, afin d'éviter de retomber dans les travers du passé, se doit d'utiliser
l'ensemble des connaissances liées à la géographie (géographie physique, mais aussi la
géographie humaine dans toutes ses composantes (sociales, économiques, culturelles,
sanitaires), les matières premières et les flux de ressources), mais aussi utiliser l'histoire, la
science politique, etc.
Diachronie du quartier du Jardin des Plantes de Paris : l'évolution des environnements depuis 3000
ans.

La mondialisation pourra peut-être conforter la légitimité de nouvelles approches


géopolitiques.

Représentation, diachronie, diatopie, horogénèse

Dans ses nombreux ouvrages, Yves Lacoste développe trois concepts clefs permettant de
conduire une analyse géopolitique 21: l'étude de la diachronie (évolution à travers le temps), de
la diatopie (évolution à travers l'espace) et des représentations.

L'étude de la diachronie est l'analyse d'une situation, d'une culture ou d'une population à
travers le temps, y compris sur des temps longs (plusieurs époques). Exemple : l'évolution,
l'expansion et le recul des langues et des populations celtiques.

L'étude de la diatopie est l'analyse d'une situation à différentes échelles cartographiques


(analyse multiscalaire). On peut ainsi examiner les déplacements, la gestion, la consommation
et le coût de l'eau et/ou des carburants partir d'une propriété personnelle (habitation, jardin)
jusqu'à la planète Terre en passant par le quartier, la commune, l'agglomération urbaine ou
l'espace rural, les divers échelons administratifs, le pays, les unions auxquelles ce pays
appartient (Alena, Mercosur, U.E., C.E.I., O.U.A., Asean, OTAN, O.P.E.P., O.C.I. ou
l'O.N.U. par exemple).

Le concept de représentation en géopolitique réside dans l'analyse des conceptions que


peuvent avoir une personne ou un groupe (par exemple une ethnie ou une confession) par
rapport à un sujet. Ainsi on peut étudier la façon dont ils se perçoivent par rapport à leurs
territoires, milieux et ressources et comment ils les gèrent et exploitent, ou encore par rapport
au groupe auquel ils appartiennent et par rapport aux autres groupes. À titre d'exemples (pris
dans Fragments d'Europe sous la direction de Michel Foucher) la notion de « patriote » est à
géométrie très variable : elle est souvent territoriale dans les pays nordiques (on prend soin du
territoire, des ressources, du patrimoine) mais plus communautariste dans les pays
méditerranéens, latins et slaves (plutôt que soigner le territoire, on s'identifie fortement à son
groupe d'origine) et peut aussi être à coloration confessionnelle (comme chez les Bosniens-
Herzégovins catholiques donc Croates, orthodoxes donc Serbes ou musulmans donc
Bosniaques) ou régionale locale (cas des Kosovars, des Macédoniens, des Moldaves ou des
Monténégrins, mais on peut aussi analyser la façon dont se perçoit un Corse par rapport aux
autres français, et comment les autres français le perçoivent…). Autre exemple :

Article connexe : Division du monde dans l'islam.

Horogenèse des frontières (en rouge) du domaine des Habsbourg : carte de l'Autriche-Hongrie en 1914
avec les zones linguistiques selon le recensement de 1890.

Horogenèse de 1919, réalisée en application (partielle) des Quatorze points de Wilson : le géographe
français Emmanuel de Martonne joua un rôle essentiel dans l'horogenèse de ces frontières (en rouge),
pour la plupart encore en place au début du XXIe siècle.
Par ailleurs, Michel Foucher développe le concept d'horogenèse, néologisme qui se définit
comme une discipline s'intéressant à la genèse des frontières (du grec hôra, le territoire).

Les axes d'analyses

Le terme de géopolitique revêt une connotation stratégique, voire militaire, tandis que le
terme de géographie politique fait plutôt référence à l'organisation des États, des régions, des
entités administratives, des frontières, et des habitants. On constate que de nos jours la
mondialisation et l'effondrement d'un monde bipolaire ont multiplié et complexifié les liens
entre toutes les populations de la planète. Depuis une dizaine d'années, les centres
universitaires multiplient les sections géopolitiques afin de répondre à une demande croissante
d'analyse dite géopolitique.

Par sa recherche des interactions entre les grandes zones du monde (énergie et matières
premières, flux de ressources, passages à risques), la géopolitique s'intéresse naturellement à
la politique internationale et à ses aspects diplomatiques. Certains auteurs Béatrice Giblin se
sont toutefois penchés sur des questions de géopolitique interne.

Dès le début des années 1980 étaient entrevus des risques de marginalisation géopolitique de
l'Europe, qui pourraient s'accentuer aujourd'hui si la réaction n'est pas adaptée :

 liaisons sur l'océan Pacifique prenant le pas sur celles de l'océan Atlantique;
 impact de la fonte de la banquise dans l'Arctique sous l'effet du changement climatique, et
évolutions structurelles du transport maritime et aérien.
 Accès aux champs pétrolifères du Moyen-Orient, construction d'oléoducs et de gazoducs,
transport pétrolier, pic pétrolier, montée de la consommation de pétrole de la Chine
(Géopolitique du pétrole).
 Retour du charbon (propre) : Australie, Chine, Canada, etc.

Les enjeux

Article connexe : Géonomie.

 enjeux démographiques liés à la surpopulation mondiale ;


 enjeux humains liés aux flux désordonnés de populations, aux migrations non contrôlées, etc. ;
 dans ce contexte, la pérennité des langues dans le monde est un enjeu très important ;
 enjeux culturels associés à l'utilisation d'une langue ;
 recrudescence des menaces terroristes ;
 risques de prolifération nucléaire (Iran, Corée du Nord) ;
 recherche de la maîtrise du cycle fermé de l'uranium, et partenariats mondiaux ;
 accès à l'eau potable et à l'assainissement (Turquie, Syrie, Israël, Asie, Afrique, etc.) ;
 ressources halieutiques et zones de pêche ;
 agroressources au Brésil, usines biochimiques ;
 accès aux ressources naturelles en Afrique, au Moyen-Orient, etc. ;
 polarisation et maillages mondiaux: villes à stature mondiale, pôles de compétence
économique et technologiques, imbrications économiques, fracture numérique ;
 gisements éoliens ou hydroliens ;
 risques sur les tunnels transfrontaliers ;
 remises en cause internes de l'État (régionalisme, autonomie, séparatisme, indépendantisme) :
au Canada (Québécois) ; Europe (Bretons, Catalans, Flamands, Ligue du Nord, Savoie,
Wallons D.O.M [voir les états généraux de l'outre-mer]) ; Afrique… ;
Le détroit d'Ormuz : point de tension géostratégique entre l'Iran, Oman (péninsule de Musandam) et
les Émirats arabes unis.

Les facteurs décisifs dans les alliances

La géopolitique s'attache à étudier les différents facteurs qui aboutissent à la constitution des
alliances.

La géopolitique s'intéresse aux différents facteurs qui influencent les stratégies :

 maîtrise globale des mers et/ou de la terre (peuples de la mer, peuples de la terre) : on assiste
souvent à des différences de stratégie entre une puissance ou une alliance entre puissances
maritimes et une puissance ou une alliance entre puissances continentales, ce facteur influence
les autres ;
 contrôle des points de passage et des moyens de transport : détroits, cols, tunnels, aéroports,
ports, gares ;
 facteurs financiers (impôts, taxes…) ;
 accès aux ressources naturelles et aux matières premières ;
 maîtrise des techniques (navigation, aéronautique et espace…) ;
 types de régimes politiques (démocratie, etc.) ;
 facteurs culturels, sociologiques et philosophiques ;

Aspects militaires et énergétiques

Les États-Unis ont mis en place depuis la fin des années 1980 une stratégie globale visant à
assurer la suprématie de l'armée américaine et des entreprises américaines sur le monde22. Elle
est structurée autour d'un consortium de grandes entreprises des secteurs de l'informatique et
de l'aéronautique, qui a permis de projeter les forces américaines en Irak, lors des deux
guerres du Golfe en 1991 et en 2003. Cette stratégie globale concerne maintenant presque
tous les secteurs d'activité, et s'appuie sur une utilisation très structurée des technologies de
l'information (Internet, réseaux).

L'accès aux ressources pétrolières conduit à définir des stratégies spécifiques (voir
géopolitique du pétrole).

On constate ses effets également dans l'alliance que les États-Unis ont réalisée, en réponse au
protocole de Kyoto, avec la Chine, l'Inde, le Japon, et l'Australie, visant à développer le
charbon propre, et les nouvelles générations de réacteurs nucléaires (réacteurs de génération
IV, Integral Fast Reactor (en)).

Aspects linguistiques
La langue est un facteur essentiel de la communication entre les peuples. Ainsi, la précision
du langage peut-elle jouer un rôle décisif dans des négociations internationales.

C'est sans doute l'un des facteurs qui a fait que la langue française était la langue parlée dans
les cours européennes au siècle des Lumières (XVIIIe siècle). En effet, le français a été
normalisé et « défendu » dès 1635 par l'Académie française.

Il en a résulté des règles strictes de droit international public, reconnues dans le statut des
langues officielles retenues par l'Organisation des Nations unies. Le français est ainsi l'une des
six langues officielles reconnues par l'ONU pour les négociations internationales. Le français
joue donc un rôle important dans la diplomatie.

Les noms des habitants d'un continent, d'un pays ou d'une région sont un aspect relativement
invariable de la géographie et de la géopolitique. Pour la précision scientifique et sémantique,
on distingue les gentilés se référant à un État et écrits avec une majuscule (par exemple
Allemand, Belge, Britannique, Français, Néerlandais ou Suisse) des glottonymes se référant à
une langue (écrits avec une minuscule et suivis du suffixe phone comme dans anglophone,
germanophone, francophone ou néerlandophone) et des gentilés se référant à une région
culturelle, géographique ou historique (Anglais, Flamand, Wallon, Bourguignon, Québecois
ou Romand).

Article connexe : glottonymie.

Dans un contexte de mondialisation, où l'utilisation de l'Internet se répand de plus en plus de


par le monde, on peut s'interroger sur la pérennité des langues. L'attribution d'un nom à une
langue est un « enjeu géopolitique » essentiel : ainsi une même langue du point de vue
linguistique (c'est-à-dire dont les locuteurs se comprennent spontanément et totalement, sans
dictionnaire ni traducteur) peut s'écrire à l'aide d'alphabets différents et/ou porter des noms
différents selon les pays (Hindi/Ourdou ou Croate-Bosnien/Monténégrin-Serbe par exemple).

La langue est de même un enjeu crucial pour les relations entre les États avec la constitution
de blocs linguistiques intercontinentaux. C'est ainsi un véritable enjeu de puissance23.

Quelques grands mouvements géopolitiques dans l'Histoire


Avec le recul de l'Histoire, on perçoit plus facilement les grandes tendances, et les
motivations qui ont conduit les États à adopter des stratégies géopolitiques24 :

 la politique du « Roi des rois » de l'empire perse qui ne destituait pas les souverains des pays
soumis mais les transformait en vassaux ou en satrapes ;
 la politique de glacis (Cyrénaïque, Chypre, Palestine) développée par l'Égypte ptolémaïque ;
 le contrôle des cols alpins, qui fut un enjeu majeur de l'époque préromaine (« péages celtes »),
de l'époque romaine (péages imposés par Rome) et de la Suisse ;
 l'opposition au IXe siècle entre les royaumes germaniques tentant de reproduire le modèle
romain à l'aide de l'église romaine et les invasions des Vikings (remontée des fleuves par les
knörrs), des Sarrasins et des Hongrois encore adeptes du mode de vie dit « barbare » basé sur
le pillage répété des sociétés sédentaires ;
 les murailles de l'empire chinois sous la dynastie des Song du Xe au XIIe siècle, confrontés de
leur côté aux nomades des steppes du nord ;
 la vision du monde de la civilisation islamique du VIIIe au XVe siècle ;
 les thalassocraties des républiques de Venise et de Gênes, qui s'est effectué par le commerce
en Méditerranée, consécutif aux croisades et au partage de l'Empire byzantin, et qui a
contribué ainsi à l'essor de l'Empire ottoman ;
 le développement du commerce maritime au XVe siècle entre Londres, Bruges, les villes
hanséatiques du nord, Gênes et Venise, qui a ruiné les voies de commerce continentales qui
passaient par les foires de Champagne (Provins, Troyes…) ;
 le contournement de l'Afrique par les grands navires marchands européens, faisant suite à la
chute de Constantinople et à la main-mise turque et arabe sur l'issue occidentale des routes de
la soie, des épices, de l'encens et des pierres précieuses, contournement dont la conséquence
fut le déclin inexorable de villes commerciales puissantes comme Tombouctou, Gao ou
Samarcande, et celui des empires associés à leur prospérité ;
 la découverte par Christophe Colomb du « nouveau monde » et le transfert progressif du
centre géopolitique de l'Europe, du sud-est méditerranéen vers le nord-ouest atlantique ;
 l'ouverture au milieu du XIXe siècle du Japon et au dernier tiers du XXe siècle de la Chine,
qui, de ces pays jusque-là figés dans des modèles socialement fermés et technologiquement
archaïques, a fait de grandes puissances industrielles et commerciales ;
 l'industrialisation de la navigation et de la guerre au XIXe siècle, avec des conflits de plus en
plus meurtriers en raison des progrès de l'artillerie (guerre de Crimée en 1856, guerres anti-
autrichiennes de 1865-66, guerre de Sécession en Amérique du Nord, guerre franco-
prussienne de 1870-71) culminant au XXe siècle avec les deux guerres mondiales ;
 au XXe siècle, le conflit idéologique, sur le quadruple plan culturel, économique, militaire et
technologique, entre le libéralisme capitaliste, le communisme étatique et le capitalisme
nationaliste (fascisme, national-socialisme) et, sur le plan des modèles de gouvernance, entre
la démocratie parlementaire et les régimes autoritaires ou totalitaires ;
 conséquences de ce conflit, les deux guerres mondiales suivies de la guerre froide et de tous
les conflits localisés qu'elle a générés ou attisés ;
 conséquences de la guerre froide, la résurgence des idéologies théocratiques et des régimes
politiques qu'elles ont généré (comme en Iran) ;
 avec l'épuisement des ressources et l'augmentation des populations et donc des besoins, la
multiplication des points de friction et des conflits concernant l'eau douce, les gisements
d'hydrocarbures, de gaz, d'uranium, les eaux territoriales, les zones économiques exclusives,
les contrôle des îles et des détroits, les routes maritimes dans les régions polaires… ;
 la construction de voies ferroviaires ou routières stratégiques (comme au Tibet, par la Chine),
de tunnels, de ponts ou de barrages géants (Chine, Corée, Japon par exemple) ;
 les choix énergétiques (par exemple le nucléaire en France, où Charles de Gaulle et ses
successeurs pensaient ainsi réduire la dépendance du pays vis-à-vis du « pétrole arabe ») ;
 la conservation par les anciennes puissances coloniales de liens privilégiés, notamment
économiques, avec leurs anciennes colonies (Commonwealth, « Françafrique »…) ;
 la conservation par la Russie d'une zone d'influence exclusive dans 12 des 15 anciennes
républiques soviétiques groupées au sein de la CEI ;
 l'axe Washington-Tel Aviv comme principal levier occidental de pression contre l'ensemble
hétéroclite surnommé « axe du mal » des pays opposés à la géostratégie mondiale des États-
Unis, pays incluant Cuba, le Venezuela, l'Iran, la Syrie, le Soudan, la Corée du Nord et autres
états ou mouvements politiques se réclamant de l'islamisme, du communisme ou de diverses
idéologies anti-occidentales ;
 les pôles stratégiques mondiaux (politiques, économiques et technologiques) que sont le
Conseil de Sécurité de l'ONU, le G8, l'OMC, le FMI, la Banque mondiale, l'AIEA, l'OMI,
l'OMM…
 la conquête spatiale et l'attribution des orbites, les dispositifs de surveillance militaire, les
télécommunications.

Selon Joseph Stiglitz25 il ne faudrait pas pour autant croire que la terre soit divisée en
civilisations opposées comme l'affirme Samuel Huntington : s'il y a bien un « choc des
civilisations » sur notre planète mondialisée, il n'est pas tant géographique ou militaire, que
social et individuel : c'est à l'intérieur de chaque société, et dans la mentalité de chaque
citoyen que se télescopent des visions géopolitiques du monde, des ressources et de l'« autre »
héritées de l'Antiquité, du Moyen Âge, du XIXe siècle ou plus modernes, avec les différents
modèles familiaux, identitaires, économiques, sociaux et politiques qui en sont issus, et qui se
confrontent dans l'arène politique et culturelle, dégénérant parfois en guerres civiles.

Vous aimerez peut-être aussi