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2 Ainsi la loi tunisienne du 10/9/2003 est « relative au soutien des efforts internationaux de
lutte (...)
5 « Nous tenons à rappeler l’appel que nous avions lancé, dès le début des années 1990, en
faveur de (...)
6Dans le même sens, le président Ben Ali insiste régulièrement à travers ses
déclarations publiques sur la continuité de son action sur ce sujet, indiquant
qu’il avait, dès le début des années 1990, appelé à l’établissement d’un code
de conduite international contre le terrorisme 5. Les positions marocaines
paraissaient plus nuancées, en raison du contrôle (supposé) de la monarchie
sur le champ religieux, et de l’intégration des islamistes dans le champ
politique institutionnel.
8 Voir l’interview d’Abdelhamid Amine, président du réseau national d’opposition à la loi anti-
terro (...)
8Au Maroc, les attentats de Casablanca du 16 mai 2003, qui ont causé la
mort de quarante-cinq personnes, vont changer la donne politique,
permettant au gouvernement de faire passer un projet de loi dont l’issue
parlementaire paraissait bien compromise. Alors que dans un premier temps,
les pouvoirs publics marocains n’avaient pas jugé bon de modifier la
législation nationale dans le cadre de la résolution 1 373, considérant que le
dispositif en place, avec une répression pénale particulièrement rigoureuse,
était suffisamment efficace7, la découverte en juin 2002 (avec l’aide des
États-Unis) d’un réseau terroriste composé en partie de Marocains projetant
des attentats contre les navires de l’OTAN circulant dans le détroit de
Gibraltar, et au Maroc même dans des centres urbains et des lieux
touristiques, a contribué à modifier la position des autorités marocaines. Un
projet de loi de lutte contre le terrorisme était adopté en conseil des
ministres le 23 janvier 2003 et déposé sur le bureau des assemblées.
D’emblée, ce projet a suscité une vive opposition des organisations des droits
de l’Homme qui se sont regroupées dans un réseau national contre le projet
de loi anti-terroriste8. Il en va de même au sein du Parlement, où le Parti de
la justice et du développement (PJD) à orientation islamiste, pourtant dans la
mouvance de la majorité parlementaire, conduit l’opposition au projet et se
retire des débats en commission, rejoint par la Gauche socialiste unifiée
(GSU). Dans ce contexte peu favorable, le projet est retiré le 21 avril 2003.
Mais il est à nouveau présenté en urgence au lendemain des attentats de
Casablanca, avec quelques amendements. Le ministre de la Justice,
Mohamed Bouzoubaâ, justifie l’urgence en estimant que la publication de ce
projet de loi dans un bref délai est la meilleure réponse aux attentats
terroristes commis le 16 mai. Selon le ministre, « l’élaboration de ce projet
de loi par le gouvernement a pour but de protéger notre pays contre les
crimes terroristes qui constituent une menace pour la sécurité du monde
entier », et elle s’inscrit dans le cadre de la légalité internationale et des
conventions relatives au terrorisme ratifiées par le Maroc 9. La loi marque la
fin d’une époque : « la fin de l’ère du laxisme, face à ceux qui exploitent la
démocratie pour porter atteinte à l’autorité de l’État et à ceux dont les idées
représentent le terreau pour semer les épines de l’ostracisme » (Mohamed
VI, discours du 29 mai 2003) ; la fin de « l’illusion d’un Maroc pouvant se
prévaloir d’un certain exceptionnalisme dans la gestion pacifique des enjeux
de société et d’une certaine immunité contre les dangers de la contagion
islamiste10. »
« L’Algérie est l’un des rares pays à avoir mis en place, dès l’apparition du
phénomène terroriste, un dispositif juridique étoffé en vue de le prévenir et de le
combattre. Le cadre législatif et réglementaire a été progressivement amélioré et
adapté pour mieux prendre en charge l’évolution des activités terroristes et leur
nature transnationale. L’arsenal juridique existant couvre l’ensemble des activités
liées au terrorisme et répond aux besoins de la coopération internationale 12. »
« Est qualifiée de terroriste, toute infraction quels qu’en soient les mobiles, en
relation avec une entreprise individuelle ou collective susceptible de terroriser une
personne ou un groupe de personnes, de semer la terreur parmi la population, dans
le dessein d’influencer la politique de l’État, […] de troubler l’ordre public, la paix ou
la sécurité internationale, de porter atteinte aux personnes et aux biens, de causer
des dommages aux édifices abritant des missions diplomatiques, consulaires ou des
organisations internationales, de causer un préjudice grave à l’environnement, […]
ou de porter préjudice aux ressources vitales, aux infrastructures, aux moyens de
transport et de communication, aux systèmes informatiques ou aux services
publics. »
15 Le projet de loi « anti-terroriste » porte un nouveau coup aux droits humains, Note
d’Amnesty Inte (...)
17 Op. cit. ; voir aussi Driss El Yazami, « Maroc : éviter la tentation autoritaire », La lettre de
l (...)
18 Ibid., Sur la notion de complicité et ses dérives, Abdelhamid Amine, op. cit.
20 Ainsi, « entraver la circulation ou la liberté de mouvement sur les voies et occuper les
places pu (...)
22 Art. 87 bis 1 et 2 du Code pénal (ordonnance 95-11 du 27/2/1995) pour l’Algérie ; art.
218-7 du Co (...)
23 Art. 87 bis 8 du Code pénal (ordonnance 95-11) Algérie ; art. 7 de la loi du 10/12/2003
(Tunisie).
16Pour la détermination des peines applicables aux actes terroristes, les trois
législations adoptent une démarche similaire : définition d’infractions
spécifiques, comme l’incitation au terrorisme, son apologie, son financement,
la création d’organisation terroriste, l’adhésion et la participation à ces
organisations (sur le territoire national et à l’étranger), l’usage d’armes,
d’explosifs et de munitions, etc. et des (lourdes) peines s’y rapportant ;
l’aggravation des peines pour l’ensemble des crimes et délits commis en
relation avec un acte terroriste (peine de mort quand la peine initialement
prévue est la réclusion perpétuelle, réclusion perpétuelle se substituant à la
réclusion à temps de longue durée, doublement pour d’autres peines) 22 ; le
prononcé de peines à minima pour ces mêmes infractions 23.
25 Amnesty International « déplore cette durée de détention préventive sans réexamen par
une autorité (...)
26 Ibid. La loi tunisienne (art. 60) ne prévoit aucune garantie relative à la remise d’individus
et à (...)
29 Code de la justice militaire, décret du 10/1/1957, chapitre 1, art. 5 à 8, modifié par la loi
2000 (...)
« […] bloquer sans délai les fonds et autres avoirs financiers ou ressources
économiques (d’Oussama Ben Laden, des membres de l’organisation d’Al-Qaïda, et
des organisations associées) et veiller à ce que (ceux-ci) ne soient rendus
disponibles, directement ou indirectement, pour les fins qu’ils poursuivent, par leurs
citoyens ou par une personne se trouvant sur leur territoire ».
30 Dont les dispositions sont largement similaires à celles des lois algériennes et tunisiennes.
Voir (...)
19Par ailleurs, les trois États ont ratifié la Convention internationale pour la
répression du financement du terrorisme, adoptée par l’Assemblée générale
de l’ONU le 9 décembre 1999. La lutte contre le financement du terrorisme et
le blanchiment d’argent fait l’objet de la section II de la loi tunisienne du 10
décembre 2003, d’une loi spécifique en Algérie (loi du 6 février 2005), de
dispositions particulières dans la loi 03-03 au Maroc ainsi que d’un nouveau
projet de loi qui doit être soumis au Parlement lors de la session de
printemps 200630.
38 Abashi Shabamba, op. cit., on trouvera également dans cet article des développements
intéressants (...)
39 Il faudra attendre le décret exécutif 06-05 du 8/1/2006, relatif à la déclaration de
soupçon, pour (...)
40 Voir Anouar Kousri, « Une loi pour les non terroristes », Al Maoukif, 16/1/ 2004.
41 Cf. « L’autre face du terrorisme : l’alliance par les chèques », Al-Hadath, 29/5/2002.
42 Sur ces points, voir : les rapports annuels pays d’Amnesty International, Tunisie, de 2003
à 2006, (...)
44 Voir les documents suivants de la Fédération internationale des ligues des droits de
l’Homme (FIDH (...)
24Au Maroc, des observations similaires ont pu être formulées sur la relation
entre la mise en application de la loi du 28 mai 2003 et le déroulement des
procédures judiciaires consécutives aux arrestations massives – deux mille
personnes selon les sources officielles – intervenues à la suite des attentats
de Casablanca44. Mais, par les usages qui ont pu en être fait dans le domaine
de la presse écrite, la législation marocaine a suscité d’autres inquiétudes,
apparaissant comme l’un des instruments – dans un contexte général à la
région de durcissement des codes de la presse – d’un coup d’arrêt au
processus de libéralisation politique. Ainsi, en juin 2003, plusieurs
responsables de la presse marocaine font l’objet de poursuites sur la base de
la loi 03-03 : Mustapha Alaoui, directeur de l’hebdomadaire arabophone Al
Ousboue, poursuivi « pour apologie d’un crime terroriste par voie de
publications exposées à la vente », en raison de la reproduction du texte
d’une organisation inconnue, Assaïqa, qui revendique la préparation de trois
des cinq attentats de Casablanca, et condamné le 11 juillet à un an de prison
avec sursis ; Mohamed El-Hourd, directeur de
l’hebdomadaire Asharq (Oujda), condamné à trois ans de prison ferme, pour
avoir publié un texte d’un islamiste, Zakkaria Boughrara, faisant l’éloge de
« l’action et du mouvement jihadiste au Maroc ». Curieusement deux autres
journalistes, Abdelmajid Ben Tahar, rédacteur en chef d’Asharq, et Mustapha
Kechini, directeur d’un autre hebdomadaire d’Oujda, Al-Hayat Al-Maghrebia,
seront également condamnés pour les mêmes faits, mais sur une autre base
légale, pour « incitation à la violence »45.
48 Sur le déséquilibre dans l’application des dispositifs sécuritaires et des droits de l’Homme,
voir (...)
49 Federico Andreu Guzman, op. cit., p. 116-117. Sur les évolutions plus récentes, cf.
conclusion.
27Or, les Nations Unies sont mal armées pour répondre au défi que
constitueraient « les graves problèmes en matière de droits de l’Homme
auxquels pourrait donner lieu une mauvaise interprétation de la résolution
1 373 »47, en raison des déficiences des contrôles exercés en application des
différents traités relatifs aux droits de l’Homme. Le contrôle, que ce soit dans
le cadre des comités créés par ces traités ou des procédures spéciales de la
commission des droits de l’Homme, se heurte à de nombreux obstacles.
L’efficacité de ces dispositifs, à la plupart desquels ont adhéré les États du
Maghreb, dont notamment celui du Pacte international relatif aux droits civils
et politiques, est mise en cause par la faiblesse des moyens dédiés au
contrôle, la durée des procédures, l’« immense retard dans la présentation
des rapports », la capacité limitée de traitement des dossiers par les
comités48. De plus, une majorité des États ayant ratifié le Pacte (dont les
États du Maghreb) n’étant pas parties aux protocoles facultatifs, la modalité
de contrôle la plus efficace, par voie de saisine individuelle, est fermée.
Certes, des premières tentatives – timides – ont été entreprises pour
réarrimer au niveau onusien, les droits de l’homme aux questions
sécuritaires49.
51 Sur les différentes dimensions de ce leadership, voir Fayçal Oukaci, « Une conférence à
Alger sur (...)
54 Sur une comparaison entre les deux conventions, voir Saïd Irhaï, « Les organismes
régionaux arabo- (...)
55 Sur les évolutions récentes de la Charte, voir Commission internationale des juristes, « Le
proces (...)
56 Parmi les instruments de coordination, figure également le Conseil des ministres arabes
de l’intér (...)
57 À cette occasion, l’OCI crée un Comité chargé de la lutte contre le terrorisme, dont les
attributi (...)
31À l’instar des Nations-Unies, les puissances occidentales ont procédé à une
dissociation des registres de leurs actions et de leurs coopérations au
Maghreb et au Moyen-Orient, entre la lutte contre le terrorisme et la
promotion de la démocratie et des droits de l’Homme. Cette disjonction
contribue à affaiblir le second registre.
58 C’est dans le cadre de cette initiative que le numéro deux du Groupe salafiste pour la
prédication (...)
59 Le rapport 2004 va dans le même sens, constatant les « impressionnants gains dans la
lutte contre (...)
60 Voir Ridha Kefi, « Entre amis, on se dit tout », Jeune Afrique, 22-28/2/2004.
61 Qui ne constituent pas un front uni contre l’initiative Grand Moyen-Orient, comme l’avait
montré l (...)
63 Au dernier sommet de Manama, l’Égypte a émis des réserves sur le financement des ONG
par le Fonds (...)
68 L’une des parties au conflit (l’État d’Israël) participant au Processus, et les États
européens ay (...)
69 Qui est la grande absente de ces recompositions des coopérations internationales face au
terrorism (...)
70 Sur ce volet particulièrement important de la lutte anti-terroriste qui n’est pas traité ici,
voir (...)
71 Il faut ajouter que, outre le 5+5, il existe un second dispositif de coopération sécuritaire,
hors (...)
36Le tableau qui vient d’être dressé, où la guerre contre le terrorisme met
sous tension les dispositifs internationaux et nationaux de protection des
droits de l’Homme, qui vaut pour le Maghreb, mais renvoie aussi à un constat
plus global, permet de saisir les enjeux et les difficultés de l’entreprise
onusienne d’établir un cadre général à la lutte anti-terroriste qui ne sacrifie
pas la démocratie et les droits humains. Certes, des progrès sensibles ont été
accomplis au cours de l’année 2005, dans l’entreprise de rapprochement
entre les deux dispositifs de la lutte anti-terroriste et de protection des droits
de l’Homme. Le point 85 du Document final du Sommet mondial 2005
dispose que :
« Les États doivent veiller à ce que les mesures qu’ils prennent pour combattre le
terrorisme soient conformes à leurs obligations au regard du droit international, en
particulier le droit international des droits de l’Homme, le droit international des
réfugiés, et le droit international humanitaire. »
72 Sur ces points, voir le rapport du Secrétaire général, présenté à l’Assemblée générale des
Nations (...)
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Notes
2 Ainsi la loi tunisienne du 10/9/2003 est « relative au soutien des efforts internationaux de lutte contre
le terrorisme et à la répression du blanchiment d’argent ».
5 « Nous tenons à rappeler l’appel que nous avions lancé, dès le début des années 1990, en faveur de
l’établissement d’un code de conduite international pour faire face à ce phénomène et le combattre »,
discours du président Ben Ali, Tunis, 11/9/2002.
6 Sihem Bensedrine, « Vote de la loi antiterroriste et contre le blanchiment de l’argent en Tunisie. Une
loi terroriste », Kalima, n° 21, www.kalimatunisie.com/Num21.
9 Sur la procédure, Brahim Mokhliss, « Législation. La loi anti-terroriste est désormais applicable », Le
Reporter, 5 juin 2003, www.lereporter.ma.
11 Luis Martinez, « La guerre civile en Algérie », Paris, Karthala, coll. Recherches internationales, 1998,
429 p.
12 Rapport national sur la mise en œuvre de la résolution 1 373 (2001) du Conseil de sécurité.
Réponses (du gouvernement algérien) aux observations du comité contre le terrorisme,
15/8/2002, www.algeria-un.org.
13 Entretien exclusif avec M me Janet Sanderson, ambassadrice des États-Unis à Alger, La Tribune,
18/6/2003.
15 Le projet de loi « anti-terroriste » porte un nouveau coup aux droits humains, Note d’Amnesty
International à l’Union européenne. Conseil d’association UE-Tunisie,
30/9/2003, http://web.amnesty.org.
16 L’atteinte volontaire à la vie des personnes ou à leur intégrité, ou à leurs libertés, l’enlèvement ou la
séquestration des personnes ; la contrefaçon ou la falsification des monnaies ; les destructions,
dégradations ou détériorations ; le détournement, la dégradation de moyens de transports ; le vol et
l’extorsion de biens ; la fabrication, la détention, le transport, la mise en circulation, ou l’utilisation
illégale d’armes, d’explosifs ou de munitions ; les infractions relatives aux systèmes automatisés de
traitement de l’information ; le faux et la falsification en matière de chèques ; la participation à une
association formée en vue de la préparation ou de la commission d’un des actes de terrorisme ; le recel
du produit d’une infraction de terrorisme. Il faut également ajouter à cette liste l’apologie d’actes de
terrorisme (art. 218-2), l’introduction dans l’environnement de substances mettant en péril la santé de
l’homme et des animaux (art. 218-3), et les différents modes de financement du terrorisme (art. 219-4).
17 Op. cit. ; voir aussi Driss El Yazami, « Maroc : éviter la tentation autoritaire », La lettre de la FIDH,
n° 64, avril-mai 2003.
18 Ibid., Sur la notion de complicité et ses dérives, Abdelhamid Amine, op. cit.
20 Ainsi, « entraver la circulation ou la liberté de mouvement sur les voies et occuper les places
publiques par attroupement », « attenter aux symboles de la Nation et de la République et profaner les
sépultures », ou encore « faire obstacle au fonctionnement des institutions publiques ou porter atteinte à
la vie ou aux biens de leurs agents, ou faire obstacle à l’application des lois et règlements ».
22 Art. 87 bis 1 et 2 du Code pénal (ordonnance 95-11 du 27/2/1995) pour l’Algérie ; art. 218-7 du
Code pénal (loi 03-03 du 28/5/2003) pour le Maroc ; art. 8 de la loi du 10/12/2003 pour la Tunisie (pour
les seules amendes).
23 Art. 87 bis 8 du Code pénal (ordonnance 95-11) Algérie ; art. 7 de la loi du 10/12/2003 (Tunisie).
24 Art. 51 du Code de procédure pénale (ordonnance 95-10 du 27/2/1995) pour l’Algérie ; art. 80-4 du
Code de procédure pénale (loi 03-03) pour le Maroc. Avant 2003, la durée de la garde à vue était limitée
à huit jours au Maroc.
25 Amnesty International « déplore cette durée de détention préventive sans réexamen par une
autorité judiciaire» Rapport UE, 30 septembre 2003, précité.
26 Ibid. La loi tunisienne (art. 60) ne prévoit aucune garantie relative à la remise d’individus et à leur
extradition, quel que soit la législation du pays qui a émis la demande.
29 Code de la justice militaire, décret du 10/1/1957, chapitre 1, art. 5 à 8, modifié par la loi 2000-56 du
13/5/2002. Cette pratique à été réactivée à la fin des années quatre-vingt-dix, en vue de traduire en
justice les islamistes présumés, et plus particulièrement ceux ayant fait un séjour à l’étranger pour
« avoir servi, en temps de paix, une organisation terroriste opérant à l’étranger » (art . 123, Code de la
justice militaire).
30 Dont les dispositions sont largement similaires à celles des lois algériennes et tunisiennes. Voir Aniss
Maghri, « Blanchiment de l’argent : les détails du projet de loi », La vie économique, consultable
sur www.casafree.com.
31 Art. 87 bis de l’ordonnance 95-11 du 25/2/1995, et art. 17 et 18 de la loi 05-01 du 6/2/2005 pour
l’Algérie ; art. 595-2 du Code de procédure pénale (loi 03-03) pour le Maroc ; art. 87 et 94 de la loi
tunisienne du 10/12/2003.
36 Sur la donne marocaine, et les problèmes spécifiques de l’économie du cannabis et des flux
transfrontaliers à partir du Nord marocain, voir Abashi Shabamba, « Blanchiment : lesbanquiers dans
l’expectative », L’Économiste, 28/2/2006.
38 Abashi Shabamba, op. cit., on trouvera également dans cet article des développements intéressants
sur les effets discriminants des nouvelles réglementations bancaires en matière de concurrence.
39 Il faudra attendre le décret exécutif 06-05 du 8/1/2006, relatif à la déclaration de soupçon, pour que
la principale disposition de la loi du 6/2/2005 soit applicable. Voir Tarek Hafid, « Loi relative à la lutte
contre le blanchiment de l’argent et le financement du terrorisme. Un texte qui reste inapplicable », Le
Soir d’Algérie, 25/1/2005.
40 Voir Anouar Kousri, « Une loi pour les non terroristes », Al Maoukif, 16/1/ 2004.
41 Cf. « L’autre face du terrorisme : l’alliance par les chèques », Al-Hadath, 29/5/2002.
42 Sur ces points, voir : les rapports annuels pays d’Amnesty International, Tunisie, de 2003 à
2006, http://web.amnesty.org ; le rapport 2004 de Reporters sans frontières sur la Tunisie, www.rsf.og ;
les communiqués de presse du Comité national pour les libertés en Tunisie (CNLT), consultables sur les
sites www.tunezine.org et www.geocities.org . Selon le CNLT, au début 2006, douze affaires
« terroristes » sont en cours d’examen au niveau de l’instruction, impliquant plus de cent vingt jeunes,
dans toutes les régions du pays.
44 Voir les documents suivants de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme
(FIDH) : « Les dérives arbitraires de la lutte anti-terroriste : la FIDH appelle les autorités marocaines au
respect des droits », 21/9/2003 ; « Comité contre la torture », 2/11/2003 ; « Les autorités marocaines à
l’épreuve du terrorisme : la tentation de l’arbitraire », 9/2/2004 ; « Le Comité des droits de l’Homme
Nations-Unies rappelle au Maroc ses obligations au regard des droits de l’Homme dans la lutte contre le
terrorisme », 11/11/2004, www.fidh.com. Voir également le rapport Maroc 2004 d’Amnesty International
et « Maroc : les droits humains à la croisée des chemins », Human Rights Watch, octobre 2004, vol. 16,
n° 6.
48 Sur le déséquilibre dans l’application des dispositifs sécuritaires et des droits de l’Homme, voir
Amnesty International, document diffusé lors de la commission africaine des droits de l’Homme et des
peuples, octobre 2002, www.fidh.org.
49 Federico Andreu Guzman, op. cit., p. 116-117. Sur les évolutions plus récentes, cf. conclusion.
51 Sur les différentes dimensions de ce leadership, voir Fayçal Oukaci, « Une conférence à Alger sur le
terrorisme en 2006 », L’Expression, 26 décembre 2005, consultable sur www.algeria-watch.org.
52 Federico Andreu-Guzman, op. cit., p. 149-153 ; voir aussi Commission internationale de juristes,
« Protection des droits de l’Homme dans la lutte contre le terrorisme », intervention orale, Commission
africaine des droits de l’Homme et des peuples, Dakar, 23/11-7/12/2004.
54 Sur une comparaison entre les deux conventions, voir Saïd Irhaï, « Les organismes régionaux arabo-
islamiques à l’aube du XXIe siècle », www.upmf-grenoble.fr/espaceeurope/publications.
55 Sur les évolutions récentes de la Charte, voir Commission internationale des juristes, « Le processus
de modernisation de la Charte arabe des droits de l’Homme : des régressions inquiétantes », Rapport de
position, 20/12/2003.
56 Parmi les instruments de coordination, figure également le Conseil des ministres arabes de l’intérieur
(CIMA), qui a tenu sa vingt-troisième session à Tunis en janvier 2006.
57 À cette occasion, l’OCI crée un Comité chargé de la lutte contre le terrorisme, dont les attributions
consistent à formuler des recommandations visant notamment à accélérer la mise en œuvre d’un code
de conduite international contre le terrorisme.
58 C’est dans le cadre de cette initiative que le numéro deux du Groupe salafiste pour la prédication et
le combat (GSPC), Amari Saifi, a été arrêté au Tchad en mars 2004, puis transféré vers l’Algérie, en
dépit de l’absence d’accords bilatéraux entre les deux pays permettant un tel transfert, selon des
responsables du ministère américain de la Défense.
59 Le rapport 2004 va dans le même sens, constatant les « impressionnants gains dans la lutte contre
le GSPC et le GIA », et la « forte collaboration (de l’Algérie) aux efforts américains en matière de contre-
terrorisme ». Par ailleurs, la presse algérienne évoque la possibilité de l’installation d’un centre régional
de la CIA à Alger.
60 Voir Ridha Kefi, « Entre amis, on se dit tout », Jeune Afrique, 22-28/2/2004.
61 Qui ne constituent pas un front uni contre l’initiative Grand Moyen-Orient, comme l’avait montré le
sommet de la Ligue arabe de Tunis, les « petits » États de la région étant plus réceptifs à la démarche
américaine.
62 Où l’on retrouve les vieux débats sur le développementalisme, et la relation entre développement
politique et développement économique.
63 Au dernier sommet de Manama, l’Égypte a émis des réserves sur le financement des ONG par le
Fonds de l’Avenir, créé à l’occasion et doté de 100 millions de dollars, exigeant que les fonds alloués
aillent aux seules ONG agréées par les autorités ce qui a empêché l’adoption d’une déclaration commune,
au terme du Forum. On renverra également sur ce point aux pratiques des États maghrébins, et
particulièrement de la Tunisie, évoquées plus haut.
65 Les trois accords de partenariat avec l’Algérie, le Maroc et la Tunisie contiennent un article qui
qualifie « le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l’homme » d’ « élément
essentiel de l’accord ».
66 Les accords sont accompagnés de résolutions annexes du Parlement européen identifiant des points
de référence pour l’évaluation future du respect des clauses des droits de l’Homme.
68 L’une des parties au conflit (l’État d’Israël) participant au Processus, et les États européens ayant
des positions divergentes sur le conflit, les conditions d’un consensus sur ce point ne risquaient pas
d’être réunies. En revanche, les États arabes ont obtenu satisfaction sur le thème de l’amalgame.
L’accord exclut toute association « entre le terrorisme et une nation, une culture ou une religion ».
69 Qui est la grande absente de ces recompositions des coopérations internationales face au terrorisme.
70 Sur ce volet particulièrement important de la lutte anti-terroriste qui n’est pas traité ici, voir
Delphine Perrin, « Le Maghreb sous influence : le nouveau cadre juridique des migrations
transsahariennes », Maghreb-Machrek, n° 185, automne 2005, p. 59-80.
71 Il faut ajouter que, outre le 5+5, il existe un second dispositif de coopération sécuritaire, hors
processus de Barcelone : la Conférence des ministres de l’Intérieur des pays de la Méditerranée
occidentale (CIMO), qui a tenu sa douzième conférence à Paris au mois de mai 2006, établissant une
coordination entre les deux rives sur les questions du terrorisme, de la criminalité organisée, et de
l’immigration clandestine.
72 Sur ces points, voir le rapport du Secrétaire général, présenté à l’Assemblée générale des Nations-
Unies, « S’unir contre le terrorisme : recommandations pour une stratégie antiterroriste mondiale », et
plus particulièrement le point 6, « Défendre les droits de l’Homme dans le contexte du terrorisme et de la
lutte anti-terroriste ».
73 Sur les positions en présence, « Terrorisme : le projet de convention générale continue de susciter
des divergences », Centre de Nouvelles de l’ONU, dépêche du 7/10/2005, www.un.org.
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References
Bibliographical reference
Jean-Philippe Bras, « Le Maghreb dans la « guerre contre le terrorisme » : enjeux juridiques et politiques
des législations « anti-terroristes » », L’Année du Maghreb, II | 2007, 447-467.
Electronic reference
Jean-Philippe Bras, « Le Maghreb dans la « guerre contre le terrorisme » : enjeux juridiques et politiques
des législations « anti-terroristes » », L’Année du Maghreb [Online], II | 2005-2006, Online since 08 July
2010, connection on 08 November 2020. URL : http://journals.openedition.org/anneemaghreb/153 ;
DOI : https://doi.org/10.4000/anneemaghreb.153
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Tamburini, Francesco. (2018) Anti-Terrorism Laws in the Maghreb Countries: The Mirror of a
Democratic Transition that Never Was. Journal of Asian and African Studies, 53.
DOI: 10.1177/0021909618779613
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Author
Jean-Philippe Bras
CESJ, Université de Rouen
By this author
Introduction: States and Political Territories, The Debate over Decentralization [Full text]
Tunisie : L’élaboration de la loi antiterroriste de 2015 ou les paradoxes de la démocratie sécuritaire [Full
text]