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IMPACT DE LA CRISE DU COVID-19 SUR

L’ECONOMIE INFORMELLE

KROUMILLE Majda
Etudiante en première année

Ecole Nationale de Commerce et de Gestion – Beni Mellal

Université Sultan Moulay Slimane

majdakroumille@gmail.com

IBRAHIMY Sanaa
Etudiante en première année

Ecole Nationale de Commerce et de Gestion – Beni Mellal

Université Sultan Moulay Slimane

sanaaibrahimy05@gmail.com

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Introduction :
La pandémie de Covid-19 est une crise sanitaire majeure provoquée par une maladie
infectieuse émergente apparue fin 2019 en Chine continentale. Ce virus est à l'origine d'une
pandémie, déclarée le 11 mars 2020 par l'Organisation mondiale de la santé. Ce virus, après
avoir envahi le monde entier, a chamboulé toutes les économies y compris celles des pays les
plus avancées et a causé un bilan de conséquences d’ordre sanitaire et économique. Le Maroc
n’a pas été épargné de l’épidémie et a subi à son tour des répercussions suite aux mesures de
confinement strictes adoptées afin de limiter la propagation de la pandémie. Le secteur dit
informel est hétérogène et comporte des activités de survie, et des unitésdisposant de certaines
potentialités. L’informel se polarise dans les activités de commerce et les services peu
exigeants en capital et en qualifications particulières et dans une moindre mesure dans les
activités de petites productions. Près de la moitié ne disposent pas de local et 11,1 % exercent
leur activité à domicile.il représente 31% de l'emploi et 30% du pib.
D’une manière générale, les activités du secteur informel vivent des contraintes qui
accentuent leur vulnérabilité. Parmi ces contraintes, on relève le très faible accès au crédit
bancaire, la non maitrise des débouchés et des marchés, les  fluctuations et l’irrégularité de
l’activité, le faible niveau de formation scolaire et professionnel des chefs d'unité et de la
main d’œuvre. Afin de redresser cette situation calamiteuse, le Maroc a déployé une panoplie
d’efforts en guise de riposte face à ces retombées économiques dans l’objectif de protéger la
population de ces effets, plus particulièrement celle en situation précaire, y compris les
travailleurs en économie informelle.

Ainsi, notre préoccupation primordiale lors de cette étude est de répondre aux interpellations
suivantes :

Quelles sont les conséquences de cette crise sanitaire sur l’économie nationale ? A quel point
l’économie informelle a-t-elle été impactée ? Comment les effets de la pandémie se
répercutent sur l’économie marocaine ?Et quelles sont les mesures adoptées pour lutter contre
les conséquences de cette crise sanitaire et économique ?

Afin de répondre à ces questions, tout d’abord nous allons présenter les effets économiques de
la crise sanitaire à l’échelle nationale en économie formelle et informelle en général . Puis on
va discuter l’impact de cette crise sur le secteur informel. En définitive, nous allons procéder à
la présentation de la stratégie de riposte du Maroc pour lutter contre cette pandémie.

Les effets de la pandémie sur l’économie


marocaine :

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1. Évolution du PIB :
L’économie marocaine a fait face à une année 2020 énormément difficile et complexe. Selon
le Haut Commissariat au Plan (HCP), l’économie marocaine a diminué de 13,8% au deuxième
trimestre 2020 contre une légère hausse de 0,1% au premier trimestre. Ceci est le résultat
d’une chute de 14,4% de la valeur ajoutée non-agricole et de 6% de celle de l’agriculture.
Concernant le troisième semestre, il est prévu que l’activité économique s’établirait à - 4,6%
contre +2,4% au troisième trimestre de l’année dernière. Une augmentation de la valeur
ajoutée non agricole et celle agricole sont prévues pour s’établir respectivement à -4,1% et à -
5,9%.

Le Maroc est entré en récession en 2020, la variation du PIB étant de  -7% durant cette même
année et le taux de croissance marocain en 2019 est de +2,5%, le secteur de l’industrie ayant
enregistré +2,8% la même année. Cela démontre le choc profond de la crise Covid sur le
Royaume. (HCP, 2020).

Les secteurs les plus impactés sont le tourisme, le commerce, le transport, le textile et les
industries mécaniques et électriques. Le secteur agro-alimentaire semble être moins touché
avec une croissance avoisinant les 5% en 2020.

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Source : HCP, Estimation temporaire de la Banque mondiale (2020)

2. Le chômage :
La pandémie de la COVID-19 n’a pas just évolué vers une crise économique mais aussi vers
une crise de l’emploi. Le confinement et les mesures barrières mis en place se sont traduits
essentiellement par des arrêts temporaires ou définitifs d’activité, une baisse des ventes et du
chiffre d’affaires dans la quasi-totalité des secteurs. Les TPME ( Très petite, Petite et
Moyenne Entreprise ) ont été les plus impacté alors qu’elles concentrent un nombre
significatifs d’emploi. Elle a aussi provoqué une crise socioéconomique très vaste et
généralisée en ce qui concerne le marché du travail et de l’emploi, cette pandémie a surtout
contribué à l’augmentation des inégalités (déjà présentes) parmi les différents secteurs
d’emploi et les populations.

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L'impact de la crise du covid 19 sur l’économie
informelle au Maroc :
Depuis les années 1970, le secteur informel suscite un intérêt et un questionnement croissants,
d’une part auprès des chercheurs qui tentent de trouver une explication unanime et d’évoquer
des approches qui éclairent le phénomène, et d’autre part auprès des Etats qui cherchent à
envisager des politiques publiques et des mesures à mettre en œuvre pour limiter son poids,
sans toutefois parvenir à des résultats probants. En effet, dans les économies des pays en
développement, le secteur informel occupe une place considérable, atteignant même parfois la
moitié du poids de l’économie totale pour certains États en voie de développement. Le Maroc,
qui est l’un de ces pays de rang intermédiaire, son économie est caractérisée par la persistance
et la forte contribution des activités informelles et de l’emploi informel. En effet, la crise
sanitaire causée par la pandémie coronavirus ( covid-19), va aggraver la situation du marché
du travail et il y aura une forte mobilité du secteur formel au secteur informel.

Malgré sa contribution à l'économie marocaine à travers le secteur manufacturier, générant


revenus et favorisant l'emploi, il présente un défi majeur en raison de ses impacts négatifs
sur salariés, les entreprises marocaines et l'Etat. La Confédération Générale des
Entreprises du Maroc (CGEM), a réalisé en 2018 une étude sur l'économie informelle et
son impact sur la compétitivité de entreprises. Cette étude note que l'économie informelle
affecte les recettes publiques à travers les pertes fiscales ainsi que dans la mesure où elle
contribue à la sécurité sociale. Du côté des entreprises, cela exerce une pression sur les
prix du marché et des pertes sont générées au niveau des revenus pour les entreprises
marocaines exerçant leurs activités dans le secteur formel. La création de valeur pour
l'ensemble de l'économie marocaine est également affectée, dans la mesure où les tissus
industriels sont encore peu structurés, les gains de productivité restent limités ainsi que
l'innovation. parce que les entreprises informelles n'ont pas de perspectives de croissance.
Pour les travailleurs, l'économie informelle est également néfaste car ils sont privés de tout
avantage social et perçoivent des salaires bas, qui sont en moyenne inférieurs de 19 % aux
salaires moyens des travailleurs du secteur formel (BM, 2019). De plus, ce salariés vivent
dans une situation de précarité, du fait qu'ils ne sont pas protégés par la loi et ne génèrent
aucun revenu en cas de fermeture. (CGEM, 2018). Malgré les effets négatifs mentionnés
ci-dessus, l'économie informelle joue un rôle important dans la création de richesse au
Maroc. Selon la CGEM, il représente plus de 20% du PIB et est présent dans plusieurs
secteurs, notamment dans l'industrie textile avec 54%, 31% dans le secteur du BTP, 32%
dans le fret routier et 26 dans le secteur agro-alimentaire. . (CGEM, 2018)

Le graphe ci-dessous illustre la répartition du poids de l’économie informelle sur les


secteurs précités :

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 Poids de l’économie informelle :
Source: CGEM

D’une autre part, le secteur de hébergement/restauration et les TPE sont frappés de plein
fouet, annonce le Haut-commissariat au plan qui a dévoilé un rapport sur les conséquences
immédiates de la crise sanitaire.

Comme attendu, le secteur le plus touché est celui de l’hébergement et de la restauration,


dont 89 % des entreprises qui sont à l’arrêt. Elles sont 76 % dans le secteur des industries
textiles et du cuir et 73 % dans celui des industries métalliques et mécaniques et 60 % dans
la construction.

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Stratégie riposte du Maroc aux
conséquences économiques de la
pandémie de Covid-19 :
En réponse à la pandémie de COVID19 et pour prévenir sa propagation, le Maroc a mis en
place des mesures sanitaires et sécuritaires rigoureuses et rapides, et lancé des efforts de
compensation financière pour soutenir sa population par des mesures d'atténuation,
notamment dans l'économie formelle mais informelle. Cependant, en plus de l'urgence
sanitaire, la crise du COVID19 a créé une récession mondiale historique qui touche en
priorité les personnes les plus vulnérables.

Dans ce contexte, le Haut-Commissariat au Plan, le Système des Nations Unies au Maroc


et la Banque Mondiale ont élaboré conjointement une « Note Stratégique » pour améliorer
la compréhension de l'impact socio-économique de la pandémie COVID19 au Maroc à
travers une approche unique. , adoptez et collaborez tout en élaborant des
recommandations stratégiques basées sur des données fiables afin que personne ne soit
laissé pour compte.

Cette « Note Stratégique » présente la situation pandémique au Maroc à la date de sa


publication et expose l`analyse de l`évolution de la situation économique et sociale du pays
depuis le début de la crise, en prenant comme référence les résultats des enquêtes et des
analyses réalisées par le HCP ainsi que des rapports sur les perspectives économiques au
Maroc de la Banque mondiale. Cette note présente également les actions entreprises par le
Maroc et met en relief les principales recommandations des agences du Système des
Nations Unies pour accompagner une réponse intégrée et efficace face aux répercussions
économiques et sociales de la crise. Elle appelle à voir, dans la crise, des opportunités à
saisir pour une reprise alignée sur les Objectifs de Développement Durable (ODD), bien
informée et inclusive qui ne laisse personne pour compte. Ses recommandations plaident
pour une plus grande attention au suivi de la pauvreté multidimensionnelle, à l`innovation
dans la collecte et l`analyse des données contextualisées, à l`investissement dans la
continuité des services publiques d`éducation et de santé durant et après la crise, ainsi
qu`au renforcement de la régionalisation et la valorisation du rôle de la société civile.
Cette « Note Stratégique », et ses différentes recommandations ont l`ambition de servir
d`outil de travail pour une réponse socioéconomique immédiate, à moyen et long terme au
COVID19 dans un esprit collaboratif de responsabilité partagée pour répondre aux besoins
des personnes vulnérables, protéger les emplois et les moyens de subsistance et permettre
une reprise progressive et durable de l`économie. En effet, les décisions à prendre dans les
mois à venir seront sans aucun doute cruciales pour atteindre les Objectifs de
Développement Durable (ODD). Cette "Note stratégique" conjointe montre que la crise
appelle une relance plus équitable, inclusive et respectueuse de l'environnement vers des
économies durables et des sociétés plus résilientes, notamment face aux pandémies et au
changement climatique.

En réponse, un compte fiduciaire intitulé « Fonds spécial pour la gestion de la pandémie


Coronavirus 19 Covid 19 » a été créé conformément à une directive royale de haut rang.

Initialement financé par une enveloppe de 10 milliards de Dhs du budget général de l'État,
ce fonds de a atteint plus de 33 milliards de Dhs à compter de juillet 2020 suite aux

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contributions de du secteur naturel, judiciaire, étatique et privé, dans le but de soutenir
l'économie nationale , pour maintenir les emplois et réduire les conséquences de la
pandémie sur le plan social et pour doter le secteur de la santé des installations et
équipements médicaux et des hôpitaux nécessaires pour faire face à la crise sanitaire. Une
partie de 7 milliards de Dhs a été déboursée au profit des travailleurs dont les employeurs
ont annoncé des licenciements temporaires. La rémunération est fixée à 2000 Dhs ainsi que
prélèvements familiaux et AMO au profit de 900 000 salariés dans le but de maintenir part
de leur pouvoir d'achat. Concernant les travailleurs opérant dans le secteur informel, les
mesures adoptées ont permis

aux ménages affiliés au RAMED (Régime d’assistance médicale) de bénéficier d’une


indemnité minimale de 800 Dhs et maximale de 1200 Dhs, et ce en fonction du nombre de
personnes par ménage. Les personnes non inscrites au registre du RAMED ont également
reçu des transferts des mêmes montants. La liste de ces bénéficiaires a été issue des
données collectées par les autorités marocaines, afin de veiller à ce que ces aides arrivent
aux personnes cibles.

D’un autre côté, le comité de veille économique, chargé de la gestion du fonds, a décidé de
reporter les échéances des crédits, de consommation et immobiliers, jusqu’au 30 Juin 2020.
En addition au Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus 19 - Covid 19,
un fonds d’investissement stratégique intitulé « Fonds Mohammed VI pour
l’Investissement », d’une enveloppe de 15 milliards de Dhs du budget de l’Etat, a été créé
afin de promouvoir l’investissement dans les domaines suivants : l’industrie, l’innovation,
l’agriculture, le tourisme et les infrastructures de base .

Conclusion :
La crise sanitaire du Coronavirus a bouleversé le système économique mondiale tant sur
le plan macroéconomique que microéconomique. Le bouleversement des chaînes de
valeurs à l`échelle internationale nous a poussés à repenser la mondialisation, s`avérant être
une arme à double tranchant. De plus, cette pandémie a montré les forces et les faiblesses
dans les secteurs piliers de toute nation, même celles les plus avancées et les plus
développées.

En revanche, en guide d`atténuation de ces effets, les dirigeants se mobilisés afin de


trouver des solutions sur le court, moyen et le long terme visant à renforcer ces bases
fragiles. Les effets de cette crise traités dans cette étude se sont un peu estompés suite à la
stratégie de riposte adoptée ainsi que l`atténuation des mesures du confinement depuis le
mois de Juin. Certains secteurs ont légèrement augmenté leur valeur ajoutée.

Cependant, avec l'évolution de la situation épidémique, la décomposition ne se fait pas


globalement, mais partiellement, donc les économies formelles et informelles souffrent. Le
pays est toujours sous couvre-feu et certaines activités sont en plein arrêt complet en
Maintenant, une lueur d'espoir se dessine alors que le Royaume se dirige vers une
campagne de vaccination généralisée. Cependant, nous nous dirigeons toujours vers un
avenir incertain. Certaines questions se posent sur l'efficacité des vaccins et sur la vie après
la pandémie. Ainsi, afin de se préparer à toutes sortes de situations, l'État est appelé à

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tracer une feuille de route, revoir sa politique budgétaire et monétaire, établir un plan
d'action pour redresser l'économie marocaine, en particulier les plus durement touchées par
la pandémie, donner la priorité au social services publics en améliorant l'efficacité des
dépenses publiques et leur donner une plus grande importance dans la future législation
financière. L'Etat doit également veiller à la protection des personnes vulnérables en
situation de précarité dans le cadre de programmes dédiés à la lutte contre la pauvreté.

Certes, le gouvernement a fait des efforts considérables pour faire face aux conséquences
socio-économiques de la pandémie et a placé l'économie informelle au premier rang des
actions prioritaires. Cependant, on se demande si les mesures adoptées en ce sens sont
nécessaires pour remédier à la situation des travailleurs indépendants, si elles leur
permettront de se prémunir d'éventuelles situations délicates ou terribles. Pourront-ils avoir
le réseau social à l'avenir ? L'État peut-il assurer la transition de l'économie informelle vers
l'économie formelle ?

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