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D I AGNO S T I C PAYS SU R LE SEC TE U R P R IVÉ

CRÉER DES
MARCHÉS AU MALI
Mobiliser le Secteur Privé pour une
Relance et une Résilience Économiques

Résumé Exécutif

Avril 2022
À PROPOS DE LA SFI

La Société Financière Internationale (SFI), membre du Groupe de la Banque mondiale, est la plus importante institution mondiale d’aide au
développement dont les activités sont axées sur le secteur privé dans les pays en développement. Créée en 1956, la SFI est contrôlée par les
185 pays qui en sont membres et définissent ensemble sa politique. La SFI a accumulé six décennies d’expérience sur les marchés les plus
difficiles du monde. Grâce à sa présence dans plus de 100 pays, un réseau composé de centaines d’institutions financières et environ 2 000
clients du secteur privé, la SFI est particulièrement bien placée pour créer des opportunités là où elles font le plus défaut. La SFI utilise son
capital, ses compétences et son influence pour aider le monde à mettre fin à l’extrême pauvreté et à promouvoir une prospérité partagée
Au cours de l'année 2021, la SFI a engagé un montant record de 31,5 milliards de dollars en faveur d'entreprises privées et d'institutions
financières dans les pays en développement, tirant parti du pouvoir du secteur privé pour mettre fin à l'extrême pauvreté et stimuler la
prospérité partagée, alors que les économies sont aux prises avec les impacts de la pandémie de COVID-19. Pour plus d'informations, visitez
le site www.ifc.org.

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nécessairement les opinions des administrateurs de la Société financière internationale ou de la Banque internationale pour la reconstruction
et le Développement (la Banque mondiale) ou des gouvernements qu'ils représentent.

Photo de couverture: Banque mondiale


RÉSUMÉ EXÉCUTIF

Entre 2014 et 2019, le Mali a connu une trajectoire de croissance


économique positive, inversée en 2020 par la pandémie de Covid-19 et
l’instabilité politique, se traduisant par une plus grande restriction de
l’espace budgétaire.

Jusqu’au début de la pandémie de Covid-19 et malgré la détérioration de la situation


sécuritaire, la croissance économique du Mali a atteint une moyenne de 5 % depuis
2014, à la hauteur de son potentiel à long terme.1 Cette croissance a été largement
générée par les matières premières (exportations d’or) et le secteur agricole, et est
portée par d’importants transferts de fonds, d’aide étrangère et d’emprunts extérieurs
pour satisfaire ses dépenses budgétaires. Les tendances d’une croissance robuste
du PIB et de performances macroéconomiques saines se sont inversées en raison de
la pandémie de Covid-19 et des multiples sanctions imposées par la Communauté
économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) depuis le premier coup d’État
du 18 août 2020. Bien que le Gouvernement du Mali ait déployé des efforts pour
contenir les retombées économiques de la pandémie de Covid-19 et les turbulences
politiques, ces facteurs pèsent lourdement sur le secteur privé et les perspectives
économiques du pays, avec une contraction du PIB de 1,2 % en 2020 contre une
croissance réelle du PIB de 4,8 % en 2019 en raison de la baisse de la demande
mondiale et de l’impact des mesures restrictives adoptées pour contenir la propagation
du virus SARS-CoV-2. 2

La fragilité politique et sécuritaire du Mali a également eu des répercussions sur


l’activité économique et le bien-être social en réduisant l’accès aux marchés, en
menaçant la sécurité alimentaire et en dépréciant les indicateurs du capital humain.
Le Mali, pays à faible revenu, est l’un des moins développés au monde, se classant
au 184ème rang sur 189 pays, selon l’indice de développement humain 2020. Il est
confronté à de graves difficultés liées à une économie non diversifiée, à des taux de
pauvreté élevés, à des conflits internes communautaires, à une instabilité politique
et à la violence, autant de facteurs résultant de la fragilité qui compromet l’autorité
de l’État. La fragilité au Mali est profondément enracinée, à commencer par une
gouvernance politique et économique faible et un manque de responsabilité sociale,
entre autres. Ces dernières années se sont avérées particulièrement difficiles, avec une
succession de coups d’État militaires en 2012, en août 2020 et en mai 2021, dans un
contexte de vagues de protestations et d’insécurité généralisée dans les Régions du
Nord et du Centre du Mali et qui se propagent dans les Régions du Sud.

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MALI DIAGNOSTIC PAYS SUR LE SECTEUR PRIVÉ

Avec un endettement croissant limitant la marge de manœuvre budgétaire pour faire


face aux risques sécuritaires persistants et pour combattre la pandémie de Covid-19, le
Gouvernement du Mali n’a d’autres choix que de recentrer le rôle de l’État et de libérer
le potentiel du secteur privé pour stimuler la croissance de la productivité, diversifier
l’économie en s’éloignant d’une base étroite et assurer un bien-être économique et social
inclusif à la population malienne. Avec un changement de priorités visant (i) à assurer
une transition politique pacifique ; (ii) à renforcer la fourniture de services de base à
la suite de la pandémie de Covid-19 ; (iii) et à lutter contre la corruption endémique,
le Mali s’engage à redéfinir le modèle de croissance économique du pays. Ce modèle
de croissance sera redéfini autour de la redynamisation de l’investissement, de la
création de marchés plus robustes et d’une meilleure reconstruction pour une reprise
plus résiliente pour une reprise durable via: (a) l’amélioration du climat des affaires ;
(b) le renforcement de la participation du secteur privé à la fourniture d’infrastructures
et de certains services publics ; (c) la garantie d’une concurrence libre et non faussée
entre les entreprises étatiques et les entreprises privées, c’est-à-dire en appliquant les
principes de neutralité concurrentielle ; (d) le développement de partenariats public-privé
dans des secteurs-clés par le biais de marchés publics transparents et concurrentiels ;
et (e) la valorisation de solutions numériques en améliorant davantage l’infrastructure
numérique qui, par ricochet, augmenterait l’adoption des services financiers numériques
et des plates-formes numériques pour des secteurs-clés de l’économie, tels que
l’agriculture et la numérisation des services publics (services e-gov). Ces principes
sont inscrits dans le nouveau cadre stratégique pour la relance économique et le
développement durable (CREDD) lancé par le Gouvernement du Mali en 2018. Celui-
ci sert toujours de plateforme politique pertinente pour les autorités de transition, en
partant du principe que la réalisation d’une croissance économique durable, à large
assise et favorable aux pauvres, passe par une transformation structurelle de l’économie
menée par le secteur privé.

Le défi consiste à exploiter le rôle du secteur privé pour saisir les


opportunités du marché dans un environnement opérationnel de plus
en plus complexe.

Nonobstant ce contexte difficile, le Mali est doté d’un secteur privé dynamique et
résilient qui constitue un veritable moteur pour mener une forte reprise économique
après la pandémie de Covid-19. C’est ce que montrent les statistiques projetées pour
2021, qui indiquent un taux de croissance du PIB de 3,1% le premier trimestre de 2021
montrant des signes de reprise dans l’agriculture et les services avec une augmentation
des exportations de biens. Le secteur privé formel représente un tiers du PIB du pays
et les trois quarts des exportations. La résilience économique face à un environnement
fragile est due en partie au fait que plus de 80 % de l’activité économique du Mali se
situe dans les régions du sud moins touchées par la crise, malgré une recrudescence
des conflits armés dans les régions du centre et du nord ces dernières années et qui
s'étendent vers les régions du Sud. Les trans-ferts de fonds représentent près de 6 % du
PIB, soit bien plus que la moyenne régionale pour l’Afrique subsaharienne (ASS), et ont
également contribué à la résilience du Mali.

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RÉSUMÉ EXÉCUTIF

Une trajectoire de développement tirée par le secteur privé est essentielle pour
générer des opportunités d’emploi pour une main-d’œuvre qui, selon les estimations,
augmenterait d’environ 235 000 travailleurs par an, soit plus de la moitié de la
population ayant moins de 24 ans. Il y a un déficit de ‘bons emplois’ dans les
entreprises formelles et de travail indépendant pour l’importante population de jeunes
travailleurs du Mali qui ne cesse de croître. Le taux de chômage est estimé en 2020
à 7,3 %3 au niveau national, mais il est beaucoup plus élevé chez les jeunes, environ
40 %. En outre, environ la moitié de l’ensemble des entreprises maliennes sont des
petites et moyennes entreprises (PME) informelles et 90 % de l’ensemble des emplois
se trouvent dans le secteur informel. Au-delà de ces entreprises, environ un ménage sur
six exploite une entreprise familiale fournissant aux Maliens 280 000 emplois à plein
temps et 545 000 à temps partiel.

Pour que le marché du travail puisse absorber le nombre croissant de jeunes, il


est impératif de renforcer l’écosystème entrepreneurial naissant, de tirer parti de
l’innovation technologique et d’améliorer les compétences. En effet, l’amélioration de
compétences est inscrite comme thème phare dans la Loi d’Orientation du Secteur
Privé adoptée en décembre 2011. Le Mali enregistre des résultats relativement
médiocres en matière d’entrepreneuriat. Le pays se place au 123ème rang sur 137 pays
dans l’indice mondial de l’entrepreneuriat 2019 publié par le Global Entrepreneurship
and Development Institute (GEDI). Il obtient des scores particulièrement bas dans les
domaines de compétences en matière de création d’entreprise et d’acceptation du risque
(sous-indice Attitude entrepreneuriale), de la création d’entreprise et du capital humain
(sous-indice Capacité entrepreneuriale) et de l’internationalisation et du capital-risque
(sous-indice Ambition entrepreneuriale). Dans la mesure où le Mali obtient un score
global de 60,6 sur 100 dans l’indice du rapport « les Femmes, l’Entreprise et le Droit »
(WBL), signifiant que l’économie n’accorde aux femmes qu’environ la moitié des droits
accordés aux hommes4 (WBL 2020), il sera essentiel de mettre l’accent sur la la mise
en place des réglementations équitables en matière de travail et de rémunération.

Le Mali devra se concentrer sur ses avantages comparatifs et sur


une expansion progressive des secteurs productifs de son économie
nationale, comme l’agroalimentaire, afin de renforcer le potentiel de sa
croissance par des politiques visant une transformation structurelle de
l’économie sur la base d’une reprise post-Covid-19 durable.

Une transformation structurelle et une diversification économique sont essentielles


pour stimuler la croissance et réduire la volatilité. Le Mali est l’un des exportateurs les
moins diversifiés au monde et la cinquième économie la moins diversifiée de l’Afrique
subsaharienne. Ce processus requiert d’améliorer la productivité globale, soit en
réaffectant des ressources à des secteurs à forte productivité (comme certaines activités
manufacturières), soit en créant des gains de productivité au sein d’un secteur grâce
à l’amélioration des processus et des produits. Compte tenu de sa part élevée dans la
production, l’emploi et le commerce extérieur du Mali, l’industrie légère basée sur
l’agriculture offre les perspectives les plus prometteuses pour améliorer la productivité
et accroître les performances—augmentant ainsi les revenus des agriculteurs, créant
des emplois et réduisant les prix des denrées alimentaires.

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MALI DIAGNOSTIC PAYS SUR LE SECTEUR PRIVÉ

• Agriculture (dont l’élevage) : Ce secteur représente 40 % du PIB et 58 % des emplois


directs et indirects de la population en âge de travailler, et fait vivre 11 millions de
Maliens. Avec ses 6,4 millions d’hectares de terres, le Mali possède plus de terres
arables que le Sénégal et la Côte d’Ivoire réunis. Le Mali a la possibilité de tirer
parti de son avantage comparatif pour évoluer vers des systèmes de production
plus sophistiqués en s’appuyant sur les technologies numériques. L’agriculture de
subsistance non rizicole devrait contribuer à hauteur d’un peu plus de 2,43 milliards
de dollars É.-U. par an (29 %) au PIB agricole en moyenne pour la période 2019-
2023. Dans le même temps, la production animale devrait représenter 37,5 % du
PIB agricole, soit en moyenne 3,14 milliards de dollars É.-U. par an. Alors que la
majeure partie de la production agricole est axée sur la satisfaction de la demande
intérieure, le coton représente la première exportation agricole du Mali. Il en résulte
un potentiel d’investissement inexploité dans plusieurs sous-secteurs agricoles, sur
la base de la valeur ajoutée et de l’intensité de la transformation, de l’augmentation
de la sécurité alimentaire, du potentiel de création d’emplois et d’exportations. Ces
chaînes de valeur (fonio, sésame, coton, bétail et mangue) restent largement sous-
exploitées et offrent des opportunités uniques aux investisseurs. Pour exploiter le
potentiel de ces chaînes de valeur afin d’accroître les investissements du secteur privé
et de créer plus d’emplois et de meilleure qualité, le Mali devra s’attaquer à plusieurs
contraintes spécifiques au cours des trois à cinq prochaines années. Plus précisément,
ces contraintes sont liées : (i) à un environnement juridique et réglementaire non
harmonisé régissant le secteur agricole ; (ii) à la gouvernance, liée à la fragmentation
institutionnelle et à la faiblesse des capacités ; (iii) à l’insuffisance des infrastructures
financières, à un manque d’accès au financement et à un manque de transparence
et de traçabilité des flux financiers ; et enfin (iv) à une utilisation sous-optimale des
technologies agricoles (AgTech) pour évoluer vers une agriculture intelligente face au
changement climatique, avec un manque de compétences qualifiées pour évoluer vers
une agriculture s’appuyant sur une industrie légère

Les zones économiques spéciales (ZES) agroalimentaires –renforcées par les


plateformes de réseaux numériques– peuvent fournir au secteur privé le fondement
économique nécessaire à l’élargissement de la transformation de l’agriculture au
Mali. La création de ZES peut se faire en aidant progressivement les agriculteurs
privés maliens à (i) accroître la complexité des produits tout au long de la chaîne de
valeur de l’agroalimentaire grâce à la mécanisation et l’innovation ; (ii) en développant
le capital humain grâce à une base de connaissances élargie ; (iii) en améliorant les
compétences ; et (iv) en rationalisant les transports et la connectivité des technologies
de l’information et de la communication (TIC). Le développement stratégique
d’infrastructures et de services essentiels sur une base ciblée grâce à la mise en œuvre
de mécanismes innovants de partenariats public-privé dans les ZES peut davantage
profiter des attributs positifs de la chaîne de valeur des ZES. Une telle stratégie peut
ensuite être reproduite dans les pays voisins de la région ‘Trans-Sahélienne’ du Mali,
dont beaucoup sont également des pays fragiles et touchés par des conflits. À ce jour,
il n’existe pas de loi sur les ZES au Mali. Le cadre juridique existant est constitué d’un
seul article du Code des investissements du Mali. Étant donné la complexité des ZES,
cet article n’est pas suffisant pour constituer un argument commercial convaincant
pour inciter des investisseurs étrangers chevronnés à réaliser des investissements dans
une ZES en Afrique de l’Ouest.

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RÉSUMÉ EXÉCUTIF

Le renforcement du rôle du secteur privé pour stimuler l’investissement


nécessite d’alléger cinq contraintes transversales essentielles.

L’analyse des goulets d’étranglement du développement de l’agro-industrie et des chaînes


de valeur agricoles au Mali a permis d’identifier les principaux obstacles intersectoriels
au développement du secteur privé. Il s’agit : (i) de l’approvisionnement en énergie ; (ii)
du transport et de la logistique ; (ii) de l’infrastructure numérique ; (iv) de l’accès au
financement ; et (v) du climat des affaires. Sur un horizon de cinq ans, il sera crucial pour
le Mali de s’attaquer en priorité à ces goulets d’étranglement s’il veut pleinement exploiter
son secteur privé et l’orienter vers de meilleurs résultats de développement.

• L’énergie : Malgré des progrès significatifs au cours des deux dernières décennies,
l’accès à un approvisionnement fiable en électricité au Mali reste faible, en particulier
dans les zones rurales. Le taux d’électrification national a atteint 51 % en 2018,
dépassant pour la première fois le taux moyen d’accès à l’électricité de l’Afrique
subsaharienne de 48 % en 2018. Cette augmentation s’explique principalement par
un taux d’accès à l’électricité relativement élevé dans les zones urbaines, 86 %,
contre 78 % en Afrique subsaharienne. Si le taux d’accès rural s’est également
amélioré, atteignant 25 % à la fin de 2018, il reste extrêmement faible (bien que
proche de la moyenne de 32 % de l’Afrique subsaharienne). Le secteur de l’énergie
au Mali doit être profondément transformé pour en faire un secteur efficace et plus
durable, ce qui permettrait à terme de créer un espace budgétaire et de réduire les
besoins en subventions pour soutenir efficacement le développement d’infrastructures
énergétiques à long terme, et encourager la transition du Mali vers une économie
agricole s’appuyant sur une industrie légère. Dans l’ensemble, les principaux
domaines d’amélioration portent sur le renforcement du fonctionnement actuel et de
la durabilité du secteur autour de quatre objectifs : (i) Améliorer les performances
financières et opérationnelles de la compagnie malienne d’énergie EDM-SA ; (ii)
Élaborer un plan directeur global pour le secteur de l’électricité, y compris une
méthodologie claire pour sélectionner toute nouvelle capacité de production
sur la base d’une approche au moindre coût ; (iii) Encourager le développement
de solutions nationales d’énergies renouvelables sur le réseau et bénéficier des
importations régionales d’électricité ; et (iv) Établir les conditions d’un déploiement
efficace des programmes de mini-réseaux pour accroître l’accès dans les zones rurales.

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MALI DIAGNOSTIC PAYS SUR LE SECTEUR PRIVÉ

• Le transport et la logistique : La qualité et la densité globales des infrastructures de


transport du Mali sont bien inférieures aux normes régionales. Le pays se positionne
96ème sur 160 pays dans l’indice de performance logistique 2018. La proportion
de la population rurale ayant accès à des routes toutes saisons est d'environ 22
%, taux inférieur à la moyenne de 34 % en Afrique subsaharienne —entravant le
potentiel de croissance des principales chaînes de valeur agricoles. Le secteur des
transports présente plusieurs opportunités qui pourraient se concrétiser sur des
périodes différentes. À court et moyen terme, le secteur devrait se concentrer sur
: (i) la restauration et la maintenance des routes d’accès aux zones de production
agricole existantes et potentielles par le biais de contrats à long terme basés sur les
résultats et les performances ; (ii) la modernisation et l’entretien du Corridor routier
Nord Dakar–Bamako par le biais de contrats de PPP à long terme. Bien que les
solutions à long terme ne soient pas l’objectif immédiat du présent diagnostic -pays
sur le secteur privé (DPSP), la mise en place de bases pour atteindre ces objectifs doit
débuter à court terme pour dynamiser le décollage de l’industrie légère s’appuyant sur
l’agriculture. Ces bases comprennent (iii) la construction et l’exploitation de nouveaux
terminaux intérieurs et de nouvelles plates-formes logistiques ; (iv) le renouvèlement
de la flotte de poids lourds longue-distance ; (v) la privatisation de la gestion et de
l’exploitation de l’aéroport de Bamako ; (vi) l’amélioration de la fluidité du trafic et
des transports en commun à Bamako ; enfin (vii) la restauration et la maintenance les
grands axes routiers très sollicités par le biais de contrats PPP à long terme.
• L’infrastructure numérique : En 2019, le coût d’un forfait de 500 megabytes (Mb/s)
d’Internet mobile représentait 20,5 % du revenu mensuel, contre une moyenne de 9,6
% en Afrique subsaharienne. Au Mali, où plus de 50 % de la population vit dans des
zones rurales et subsiste grâce à des activités agricoles, la disponibilité de la connectivité
peut accroître la productivité et la création de valeur ayant un impact positif sur
les moyens de subsistance des femmes. Selon une étude de la Banque mondiale sur
le Nigéria, portant sur l'impact socio-économique des infrastructures numériques,5
l’augmentation du taux de pénétration de la téléphonie mobile de 70 à 79 % devrait
accroître le niveau du PIB de +0,3 % ; l’augmentation du taux de pénétration du haut
débit mobile de 20 à 39 % devrait accroître le niveau du PIB de +1,6 % ; l’augmentation
de la couverture 3G/4G devrait permettre de créer environ 20 000 nouveaux emplois
; et l’augmentation de la pénétration du haut débit devrait réduire les niveaux de
pauvreté, avec, pour effet immédiat, de sortir 100 000 personnes de la pauvreté. Afin
que le Mali puisse récolter des bénéfices socio-économiques comparables au Nigéria,
une action urgente et significative de la part du Gouvernement du Mali, du régulateur
et du secteur privé est nécessaire pour éviter l'aggravation de la fracture numérique au
niveau national et régional. Le premier niveau d’actions proposé concerne la suppression
des obstacles réglementaires inefficaces qui entravent la hausse des investissements, en
particulier au niveau de la vente en gros et du partage des infrastructures. La deuxième
phase d’intervention devrait se concentrer sur l’accélération de l’harmonisation de
la disponibilité de l’infrastructure numérique sur l'ensemble du pays. Les disparités
entre les zones rurales et urbaines sont encore trop importantes pour garantir le plein
potentiel économique de la transformation numérique parmi la population. Enfin,
le développement de plates-formes numériques, telles que la e-santé, l’e-éducation et
l’administration en ligne ou encore la monnaie électronique, doit être poursuivi à un
rythme soutenu afin d’accroître l’inclusion économique et l’efficacité de l’administration,
compte tenu de la récente instabilité socio-économique. Ces réformes peuvent débloquer
les investissements du secteur privé dans le secteur numérique et contribuer à la
croissance économique, à l’emploi et à la réduction de la pauvreté.

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RÉSUMÉ EXÉCUTIF

• L’accès au financement : L’accès au financement reste très limité pour la plupart


des entreprises et des entrepreneurs maliens –en particulier en dehors des zones
urbaines et pour les segments mal desservis tels que le secteur informel, les
communautés agricoles, les femmes et les jeunes entrepreneurs. Parmi les principales
contraintes affectant l’inclusion financière Graphiquent des obstacles liés à l’offre
et à la demande, notamment les faibles taux d’éducation financière et les capacités
de la population en général, les asymétries d’information et l’aversion pour le
risque de la part des banques qui limitent le crédit aux petites entreprises et aux
agriculteurs, ainsi que la concurrence limitée et le manque d’égalité entre les
banques, les institutions de microfinance et autres acteurs non financiers émergents,
comme les fournisseurs d’argent mobile ; tout ceci entraîne des prix élevés et une
faible innovation dans le développement des produits. Bien qu’une grande partie
du travail de réglementation en ce domaine se fasse au niveau régional (à savoir
l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Banque centrale
des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), on peut suggérer plusieurs orientations
pour accroître l’inclusion financière des agriculteurs, des entreprises et des
entrepreneurs au Mali en supprimant les contraintes liées à l’offre et à la demande
en : (i) exploitant les services financiers numériques et d’argent mobile comme
point d’entrée à l’inclusion financière –et comme un outil puissant pour intégrer les
personnes défavorisées dans le secteur financier formel ; (ii) en revitalisant le secteur
de la microfinance par le renforcement de la gouvernance et des capacités pour
mieux atteindre les communautés rurales et agricoles ; (iii) en réactivant le Fonds
de garantie pour le secteur privé existant pour en faire une plateforme efficace pour
les micro et petites et moyennes entreprises (MPME) en manque de liquidités et un
partenaire de confiance pour les entreprises durement touchées par la crise de la
Covid-19 ; (iv) en déployant des programmes d’éducation financière pour informer
la population en général et les jeunes en particulier, sur les opportunités et les risques
inhérents au financement de leur entreprise.
• Le climat des affaires : Le climat d’investissement reste défavorable au développement
des PME et entrave le développement des chaînes de valeur. Un environnement
commercial robuste est une condition préalable à toute croissance du secteur
privé. Le Gouvernement du Mali devra prendre des mesures importantes pour
améliorer son climat des affaires actuellement faible et le rendre plus propice
aux investissements du secteur privé. Le premier niveau d’actions proposées
concerne l’amélioration du cadre fiscal en rationalisant des procédures lourdes, en
dématérialisant des processus et en introduisant une plus grande transparence au
niveau des budgets. Ces mesures inciteraient les entreprises à devenir formelles,
tout en améliorant la transparence du système fiscal global. Le deuxième niveau
d’actions proposées concerne l’amélioration de l’administration foncière. Les
mesures à prendre pour y parvenir comprennent l’élaboration d’un système national
de cadastre, combiné avec l’attribution d’un numéro d’identification unique pour
chaque parcelle de terrain et la création d’un guichet unique en ligne.

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MALI DIAGNOSTIC PAYS SUR LE SECTEUR PRIVÉ

La gouvernance apparaît comme un pilier-clé de la réforme, notamment dans chaque


section du DPSP. Dans une société dominée par une politique de consensus et une
insécurité croissante, les réformes technocratiques classiques (telles que la libéralisation
des secteurs de l’agriculture ou des transports) qui ne prennent pas en compte les
réalités géopolitiques et d’économie politique actuelles du Mali sont probablement
vouées à l’échec. Le présent DPSP donne donc la priorité à la gouvernance en tant
que mesure de politique transversale qui aidera le Mali à sortir de son statut actuel
d’État fragile. Ce résultat est d’une importance capitale pour permettre à la nation
sahélienne d’Afrique de l’Ouest de générer des investissements dans le secteur privé,
tant nationaux qu’étrangers, qui peuvent soutenir la croissance le développement
économiques, et la réduction de la pauvreté dans le nouveau monde fragile et de la
Covid-19.

Bien que le DPSP analyse séparément les secteurs transversaux et verticaux, il


donne la priorité aux réformes qui permettront le développement des secteurs à
plus haute valeur ajoutée de l’économie, c’est-à-dire ceux qui devraient avoir le plus
d’impact, en gardant à l’esprit la capacité limitée du Gouvernement de Transition et
les facteurs de fragilité. À cette fin, ce présent DPSP s’appuie sur les facteurs de succès
et les enseignements tirés des expériences antérieures de conception et de mise en
œuvre des politiques, tant au Mali que dans d’autres pays pairs (de comparaison et
aspirationnels), dans le secteur de l’agro-alimentaire et autres domaines transversaux
comme le climat des affaires. En outre, en utilisant le cadre de risque contextuel de
la SFI, un examen préalable et une analyse approfondie de la fragilité du pays ont
permis d’identifier les principaux risques et opportunités pour renforcer la résilience.
Le DPSP prend soigneusement en considération ces indicateurs de risque dans les
différents chapitres du document, notamment sur l’infrastructure, l’agriculture et
le climat des affaires, avec un objectif transversal de genre et de gouvernance. Une
évaluation minutieuse de ces risques permettrait au Mali de mettre en œuvre de
manière préventive des mesures d’atténuation des effets négatifs potentiels sur les
investissements du secteur privé.

Le Tableauau ES.2 (Recommandations d’interventions) propose un programme de


réformes stratégiques pour les cinq prochaines années. Ce programme est destiné à
soutenir le développement du secteur privé afin de soutenir une croissance inclusive
et de favoriser la création d’emplois. Toutefois, compte tenu de la durée limitée du
mandat du Gouvernement de Transition, il est crucial que plusieurs actions-clés soient
immédiatement entreprises afin de jeter les bases de réformes plus complètes à court et
à moyen terme. Ces réformes à court terme sont énumérées dans le Tableauau ES.1 ci-
dessous. Le cœur de ce rapport fournit une analyse et des justifications plus détaillées
pour les propositions.

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RÉSUMÉ EXÉCUTIF

TABLEAU ES.1. ACTIONS ET RÉFORMES IMMÉDIATES À ENTREPRENDRE PAR LE GOUVERNEMENT DE TRANSITION

ACTIONS À ENTREPRENDRE PAR LE GOUVERNEMENT DE TRANSITION DANS LES


SECTOR DOUZE (12) PROCHAINS MOIS

Agriculture et Réaliser une étude de faisabilité sur la numérisation des services sanitaires et phytosanitaires
agro-industrie (CPS) et autres services de certification afin de réduire les délais et les coûts et d’améliorer la
compétitivité internationale des cultures à haute valeur ajoutée.

Poser les bases de la mise en place et l’opérationnalisation du système de récépissé


d’entreposage (SRE) afin d’accroître l’accès au crédit et développer une infrastructure de
stockage professionnelle : (i) en créant un comité de pilotage public-privé du SRE destiné à
soutenir l’élaboration et l’adoption des lois et décrets nécessaires, y compris une future agence
de régulation ; (ii) en conduisant une étude de faisabilité afin d’examiner le potentiel d’expansion
des assurances agricoles pour promouvoir l’accès aux services financiers des agriculteurs.

Zones Économiques Adopter le projet de loi sur les Zones Économiques Spéciales (ZES) en attendant l’approbation
Spéciales du Conseil des Ministres du Gouvernement de Transition du Mali.

Énergie Améliorer les performances financière et opérationnelle de la Compagnie nationale d’énergie


EDM-SA en (i) augmentant l’efficacité de l’approvisionnement et de la gestion
des carburants via une réduction de la consommation de diesel, de nouvelles capacités
d’énergies renouvelables et la passation de marchés concurrentiels pour le carburant ; et (ii) en
renforçant le contrat de performance (CP) entre EDM-SA et le Gouvernement du Mali en
définissant des indicateurs-clés de performance (ICP), en établissant un plan d’actions clair et
en désignant un auditeur indépendant de ce contrat de performance.

Améliorer les capacités de planification et d’exécution du Gouvernement du Mali en finalisant


le plan directeur et en donnant la priorité aux investissements de nouvelle génération les
moins coûteux et compétitifs, et à en modernisant les réseaux de transport et de distribution
de manière coordonnée.

Infrastructure Réviser le cadre réglementaire afin de faciliter tous les types d’accords de partage des
numérique infrastructures qui peuvent impliquer le partage de divers composants de réseaux mobiles, y
compris le partage dit « passif et actif ».

Étudier les possibilités d’accords de partage des infrastructures mobiles, notamment


l’introduction sur le marché de « TowerCo » (Tower Companies) aux couches passive et active du
dernier kilomètre pour accroître le taux de couverture du réseau accessible à la population. (Au
cours des cinq dernières années, des sociétés spécialisées dans les infrastructures, connues sous
le nom de « TowerCos », sont apparues dans le monde entier pour acheter des infrastructures
des tours-opérateurs et leur louer ensuite leurs services).

Accès au Adopter un décret ministériel (Ministère de l’Économie et des Finances, Ministère de l’Économie
financement numérique) de promotion des services financiers numériques, instituant un échéancier de mise
en œuvre de la numérisation des paiements publics sur une période d’un à trois ans.

Finaliser l’adhésion du Trésor Malien au programme du Groupe Interbancaire monétique


(GIM-UEMOA) de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine, UEMOA.

Climat des affaires Initier la réforme de « l’impôt synthétique » en modifiant les textes réglementaires relatifs à
l’impôt synthétique à travers la loi de finances 2022 qui devait être préparée en septembre 2021.

Pour l’accès au foncier, adopter un décret définissant le cadre juridique et réglementaire pour
un guichet unique.

Note : SFN = Services financiers numériques ; EDM-SA = Compagnie nationale d’énergie du Mali ; GIM-UEMOA = Groupement Interbancaire Monétique de l’UEMOA ;
ICP = Indicateur clé de performance ; CP = Contrat de performance ; ZES = Zone économique spécial ; UEMOA = Union économique et monétaire ouest-africaine ; SRE/
WRS = Système de récépissés d’entreposage.

9
MALI DIAGNOSTIC PAYS SUR LE SECTEUR PRIVÉ

Le Tableau ES.2 résume les contraintes et les interventions prioritaires recommandées


pour intensifier le rôle du secteur privé dans l’économie malienne. Le court terme
désigne les 2-3 prochaines années et le moyen terme les 3-5 prochaines années.

TABLEAU ES.2. RECOMMANDATIONS D’INTERVENTIONS

IMPACT SUR LES


FACTEURS DE RECOMMANDATIONS POLITIQUES
CATÉGORIE FRAGILITÉ PRIORITAIRES DÉLAIS

AGRICULTURE, INCLUDING LIVESTOCK

Harmoniser les Crée un • Conduire une étude de faisabilité sur la Dans les 12
lois et les codes environnement numérisation des services sanitaires et prochains
régissant le favorable afin phytosanitaires et autres services de certification mois
secteur agricole d’accroître la afin de réduire les délais et les coûts et d’améliorer
; réduire la participation du la compétitivité internationale des cultures à haute
fragmentation secteur privé dans le valeur ajoutée.
institutionnelle secteur agricole • Adopter un décret ministériel ou un arrêté du Court terme
et renforcer les Ministère de l’Économie et des Finances qui
capacités complète le Code des investissements, le Code
des douanes et le Code général des impôts,
afin de faciliter et de simplifier l’importation de
technologies des cultures sous serre.
• Faire un examen des lois, codes et réglementations Court terme
existants régissant le secteur agricole afin de
déterminer la nécessité des mises à jour, de
traiter les lacunes existantes et proposer des
recommandations d’harmonisation.
• Initier des réformes institutionnelles qui Court terme
consolideraient le développement de l’irrigation
et fusionneraient les Directions régionales de
l’agriculture (DRA) avec la Direction régionale du
Génie Rural (DRGR).

Tirer parti des Améliore la • Fournir des incitations au secteur privé pour Court terme
technologies vulnérabilité et l’investissement, l’importation et le développement
agricoles et la résistance au de technologies et de biens d’équipement qui
s’orienter vers changement réduisent les pertes et les déchets après récolte.
une agriculture climatique • Soutenir les investisseurs privés pour stimuler les Moyen terme
intelligente investissements en aval dans le stockage en vrac, la
sur le plan réfrigération, la transformation, le conditionnement
climatique et et le contrôle de la qualité.
améliorer les
compétences • Augmenter la proportion du budget du PIB Moyen terme
agricole consacrée à la R&D, en mettant l’accent
sur le recrutement et la formation de chercheurs
titulaires d’un doctorat, en particulier de femmes.
• Bancariser et numériser les flux agricoles en Moyen terme
investissant dans des systèmes d’information en
temps réel sur le prix des matières premières.

10
RÉSUMÉ EXÉCUTIF

IMPACT SUR LES


FACTEURS DE RECOMMANDATIONS POLITIQUES
CATÉGORIE FRAGILITÉ PRIORITAIRES DÉLAIS

Améliorer Améliore • Créer un comité de pilotage public-privé pour le Dans les 12


l’infrastructure l’infrastructure système de récépissés d’entreposage (SRE/WRS) prochains
financière financière ; afin de soutenir l’élaboration et l’adoption des lois mois
et décrets nécessaires, y compris une future agence
de régulation.
• Instaurer et rendre opérationnel un cadre législatif Court terme
et réglementaire moderne pour un SRE afin
d’accroître l’accès au crédit, aux infrastructures de
stockage professionnelles et aux marchés pour les
produits agricoles.
• Mener une étude de faisabilité pour examiner le Moyen terme
potentiel d’expansion de l’assurance agricole afin
d’accroître l’accès au crédit agricole et à d’autres
services financiers.
• Exploiter le SFN (Services financiers numériques) pour Moyen terme
fournir des actifs spécifiques de crédit aux ménages
ruraux et aux agriculteurs, par le biais de mécanismes
de paiement à l’utilisation (PAYG) dédiés.

LES ZONES ÉCONOMIQUES SPÉCIALES

Mettre en Réduit les risques • Adopter le projet de loi sur les Zones Économiques Dans les 6
place des ZES liés à la sécurité ; Spéciales (en attendant l’approbation du Conseil prochains
de sécurité améliore l’accès à la des Ministres du Gouvernement de Transition). mois
nationale pour terre ; améliore la
l’agro-industrie gouvernance ; réduit les
inégalités des genres

ÉNERGIE

Améliorer Améliore l’accès aux • Accroître l’efficacité de l’approvisionnement et de Dans les 12


la situation infrastructures de la gestion des carburants via une réduction de la prochains
financière et base ; Améliore la consommation de diesel, la création de nouvelles mois
opérationnelle transparence et la capacités de production d’énergies renouvelables
de la Compagnie gouvernance et la passation de marchés concurrentiels pour le
nationale EDM- carburant.
SA • Renforcer le contrat de performance (CP) entre Dans les 12
EDM-SA et le Gouvernement du Mali en définissant prochains
des indicateurs-clés de performance, en établissant mois
un plan d’actions clair et en désignant un auditeur
indépendant de ce CP.
• Concevoir un mécanisme transparent pour un examen Court terme
régulier des coûts et un financement suffisant des
recettes maximales autorisées par rapport aux
dépenses éligibles, par le biais d’une combinaison
de compensations et d’ajustements tarifaires jugés
appropriés par le Gouvernement du Mali.
• Refinancer la dette commerciale à court terme de Court terme
l’EDM-SA par (i) la rétrocession par le Gouvernement
du Mali du financement concessionnel ; et (ii)
le recouvrement des créances en souffrance du
Gouvernement pour la consommation publique et
les arriérés de paiement des subventions.

11
MALI DIAGNOSTIC PAYS SUR LE SECTEUR PRIVÉ

IMPACT SUR LES


FACTEURS DE RECOMMANDATIONS POLITIQUES
CATÉGORIE FRAGILITÉ PRIORITAIRES DÉLAIS

Élaborer un plan Améliore l’accès aux • Améliorer les capacités de planification et Dans les 12
directeur global infrastructures de d’exécution du Gouvernement du Mali en finalisant prochains
pour le secteur base ; Améliore la le plan directeur, en donnant la priorité aux mois
de l’électricité, y transparence et la investissements de nouvelle génération les moins
compris un plan gouvernance coûteux et les plus compétitifs et en modernisant
de production au les réseaux de transmission et de distribution de
moindre coût manière coordonnée.
• Renforcer les capacités institutionnelles au Court terme
Ministère de l’Énergie, au Ministère de l’Économie
et des Finances, à la CREE et à l’EDM-SA.

Favoriser le Améliore l’accès • Mettre en œuvre une répartition des risques Court à
développement aux infrastructures claire entre les parties publiques et privées dans le moyen terme
de solutions de base ; réduit cadre des IPP et rédiger des documents de projet
d’énergies les vulnérabilités bancables tels que des accords d’achat d’énergie.
renouvelables au changement • Fournir des instruments de garantie pour sécuriser
sur le réseau climatique ; Améliore les obligations de paiement de l’État et d’EDM-SA.
domestique et la résilience
augmenter les • Obtenir des capacités supplémentaires pour
possibilités de garantir le meilleur tarif possible pour EDM-SA en
bénéficier des organisant systématiquement des adjudications.
importations • Mettre en œuvre les réformes nécessaires pour
régionales garantir un échange d’électricité sûr et fiable par
d’électricité le biais du marché du West African Power Pool
(WAPP)/EEEOA et en assurant la sécurisation du
paiement des importations.

Définir les Améliore l’accès • Fixer des tarifs reflétant les coûts ; prévoir une Moyen terme
conditions d’un aux infrastructures compensation adéquate en cas d’empiètement
déploiement de base ; réduit les sur le réseau ; clarifier et renforcer le cadre
efficace des inégalités entre les institutionnel et réglementaire, structurer des
programmes de genres ; favorise la accords de concession bancables et privilégier la
mini-réseaux résilience climatique planification au moindre coût.
pour accroître
l’accès dans les
zones rurales

TRANSPORT ET LOGISTIQUE

Restaurer et Améliore l’accès aux • Accroître l’efficacité de la gestion des actifs Moyen terme
entretenir les infrastructures de routiers et les ressources des fonds routiers, en
routes d’accès base commençant par le déblocage complet et en temps
aux zones de voulu des ressources légalement dues au fonds
production routier (c’est-à-dire augmenter la taxe sur les
agricole carburants et prendre des mesures pour améliorer
existantes et les dispositions institutionnelles et les dispositions
potentielles en matière de passation de marchés en vigueur
par le biais de applicables à la gestion des actifs routiers.
contrats à long
terme basés sur
les résultats et
les performances

12
RÉSUMÉ EXÉCUTIF

IMPACT SUR LES


FACTEURS DE RECOMMANDATIONS POLITIQUES
CATÉGORIE FRAGILITÉ PRIORITAIRES DÉLAIS

Moderniser et Améliore l’accès aux • Renforcer et restructurer le fonds routier dans les Moyen terme
entretenir le infrastructures de deux pays.
Corridor routier base • Augmenter la taxe sur les carburants allouée
Nord Dakar - au fonds routier, ainsi que le cantonnement et le
Bamako par le soutien nécessaires des ressources du fonds routier
biais de contrats allouées aux contrats de PPP pour la restauration
de PPP à long et la maintenance à long terme des routes très
terme sollicitées.

INFRASTRACTURE NUMÉRIQUE

Faciliter le Améliore l’accès aux • Réviser le cadre réglementaire pour faciliter Dans les 12
partage des infrastructures de l’ensemble des types d’accords de partage prochains
Infrastructures base d’infrastructures qui peuvent impliquer le partage mois
de divers composants de réseaux mobiles, y
compris le partage dit « passif et actif ».
• Étudier les possibilités d’accords de partage des
infrastructures mobiles, notamment l’introduction
de « TowerCo » (Tower Companies) aux couches
passive et active du ‘dernier kilomètre’ pour
accroître le taux de couverture du réseau accessible
à la population.

Réformer Améliore l’accès aux • Backbone (réseau dorsal) & Wholesale (vente en Court terme
le marché infrastructures de gros) :
Wholesale de base – Étudier la mise en œuvre des principes du
la fibre optique Wholesale des ‘coûts marginaux moyens
au Mali pour à long terme’ (LRIC), et développer un
accroître le cadre réglementaire pour un accès et une
déploiement et interconnexion transparents à la capacité des
la disponibilité dorsales nationales en fibre optique.
de la fibre – Initier la coordination entre les acteurs-clés de la
capacité de la dorsale pour dégager les synergies
nécessaires afin d’accélérer le déploiement
des haut débit mobiles (MBB), d’accroître la
disponibilité de la capacité à large bande du
kilomètre moyen et d’améliorer la qualité de
service.
– Examiner la commercialisation de la capacité
en fibres appartenant à l’État et étudier les
possibilités de concession
– Supprimer les obstacles réglementaires à l’accès
aux capacités transfrontalières.

13
MALI DIAGNOSTIC PAYS SUR LE SECTEUR PRIVÉ

IMPACT SUR LES


FACTEURS DE RECOMMANDATIONS POLITIQUES
CATÉGORIE FRAGILITÉ PRIORITAIRES DÉLAIS

Améliorer la Améliore la • Réformer l’ordonnance n° 2011-023/P-RM du 28 Court terme


transparence et transparence et la septembre 2011 relative aux TIC pour répondre aux
la contestabilité gouvernance meilleures pratiques internationales (comme le
du marché régime général des autorisations, la flexibilité pour
les opérateurs innovants souhaitant se déployer en
zone rurale, le renforcement des droits de passage,
l’encouragement au partage d’infrastructures, la
transparence accrue des organismes sectoriels).
• Améliorer la gouvernance des fonds collectés par
l’AGEFAU pour le Fonds de service universel (FSU),
notamment (i) en améliorant la transparence et
l’efficacité du FSU ; (ii) en développant un modèle
efficace de collaboration pour la connectivité
rurale entre l’AGEFAU et les opérateurs mobiles ;
et (iii) en publiant des cartes de couverture mobile
actualisées par l’AMRTP.

Faciliter le Favorise l’inclusion • Concevoir et mettre en œuvre une feuille de route Moyen terme
développement des femmes et des cohérente pour le déploiement des plateformes
des plates- hommes ; de commerce électronique. Le Gouvernement
formes de du Mali doit définir une stratégie cohérente
commerce de réglementation et d’investissement pour
électronique encourager l’émergence d’un secteur du commerce
électronique robuste en impliquant toutes les
parties concernées, notamment la Direction
générale du Commerce, de la Consommation et de
la Concurrence (DGCC), le Ministère de l'Industrie et
du Commerce (MIC) et le Ministère de l’Économie
Numérique et de la Prospective (MENP).

L’ACCÈS AU FINANCEMENT

Faire de l’argent Améliore l’inclusion • Adopter un décret ministériel pro-SFN instituant un Dans les 12
mobile et financière par calendrier de mise en œuvre de la numérisation des prochains
des services l’expansion des paiements publics (à cosigner par le Ministre des mois
financiers services financiers Finances et le Ministre de l’Économie numérique)
numériques numériques (SFN) sur une période de 1 à 3 ans.
le point • Finaliser l’adhésion du Trésor Malien au programme Dans les 12
d’entrée-clé du Groupe Interbancaire Monétique (GIM-UEMOA) prochains
vers l’inclusion de l’UEMOA. mois
financière
• Adopter une réglementation régionale (au niveau Moyen terme
de la BCEAO) et/ou nationale pour favoriser l’accès
au crédit numérique en autorisant les bureaux de
crédit régionaux et/ou nationaux à collecter des
sources d’information alternatives sur le crédit,
telles que les données des consommateurs sur
les services publics prépayés et postpayés (par
exemple les factures) et autres sources de données
disponibles.

14
RÉSUMÉ EXÉCUTIF

IMPACT SUR LES


FACTEURS DE RECOMMANDATIONS POLITIQUES
CATÉGORIE FRAGILITÉ PRIORITAIRES DÉLAIS

Renforcer la Améliore l’inclusion • Clarifier les rôles et les responsabilités dans la Moyen terme
gouvernance financière par la gouvernance, la réglementation et la supervision du
et les capacités restructuration secteur des Institutions de microfinance (IMF).
opérationnelles du secteur de la Attribuer au Ministère des Finances la seule
dans le microfinance –y fonction de supervision (en collaboration avec la
secteur de la compris l’extension BCEAO), et au Ministère de l’Industrie, le travail de
microfinance aux zones éloignées promotion.
et aux communautés • Faciliter l’accès au canal USSD (Unstructured Moyen terme
rurales / agricoles Supplementary Service Data – Service supplémentaire
pour données non structurées) pour les IMF, en
continuant à réduire son coût et en facilitant son
accès aux fournisseurs de services financiers à
valeur ajoutée.
• Développer une facilité de refinancement pour les Moyen terme
IMF en leur mettant en place un fonds de garantie
avec la BCEAO, en s’appuyant sur les systèmes de
garantie gouvernementaux existants.

Rendre Comble le déficit • Mener une évaluation des besoins du Fonds Moyen terme
opérationnel de financement des de Garantie pour le Secteur Privé du Mali
le Fonds de MPME et autres afin de déterminer les priorités en matière de
garantie pour entreprises durement renforcement des capacités et de développement
le secteur touchées par la crise de produits.
privé (FGSP) de la Covid-19 • Renforcer la transparence et établir de bonnes Moyen terme
et relever les relations de travail avec les banques commerciales
défis de liquidité partenaires en nommant trois membres
résultant de la indépendants du Conseil d’administration sur une
pandémie de base concurrentielle (issus du secteur privé), en
Covid-19 établissant un comité permanent d’audit et des
risques, et en assurant des rapports prudentiels
réguliers.

Accroître Améliore l’inclusion • Créer un Observatoire national des services Moyen terme
la culture financière financiers chargé de la protection des
financière consommateurs et de la sensibilisation aux produits
Sensibiliser aux et services financiers.
opportunités et
aux risques du
secteur financier

Renforcer Améliore l’inclusion • Mettre en place un ensemble d’instruments Court-terme


l’écosystème financière de financement et de lignes de crédit dédiés,
d’entreprenariat adaptés aux besoins des start-up et des jeunes
en créent de entrepreneurs.
nouveaux • Réaliser une étude de faisabilité sur la mise en
instruments de place de fonds de quasi-fonds propres/ fonds
financement d’investissement privé couvrant à la fois le niveau
pour les start-up national et le niveau sous-régional.

15
MALI DIAGNOSTIC PAYS SUR LE SECTEUR PRIVÉ

IMPACT SUR LES


FACTEURS DE RECOMMANDATIONS POLITIQUES
CATÉGORIE FRAGILITÉ PRIORITAIRES DÉLAIS

CLIMAT DES AFFAIRES

Améliorer le Améliore la • Refondre « l’Impôt Synthétique » en modifiant les Dans les 12


système fiscal transparence et la textes réglementaires relatifs à l’Impôt synthétique prochains
gouvernance à travers la Loi de finances 2022 (qui devait être mois
préparée en septembre 2021).
• Améliorer la gestion du numéro d’identification Court terme
fiscale (NIF) par (i) l’amélioration de la toponymie
et du codage des rues et la création d’un cadastre
fiscal ; (ii) la modernisation du processus
d’enregistrement pour la déclaration d'impôts ; (iii)
l’examen des dossiers des contribuables afin d’en
retirer les mauvais payeurs chroniques.
• Poursuivre la numérisation des procédures fiscales Court terme
: notamment par (i) l’introduction de la déclaration
d’impôt électronique et du paiement des impôts
en ligne ; (ii) par la mise en place d’un système
automatisé de gestion des risques ; et (iii) la mise
en œuvre effective des procédures électroniques,
avec le bureau des impôts (DGI), ainsi qu’un
échange efficace et rapide d’informations entre les
différents services impliqués dans le contrôle et le
recouvrement des impôts.

Améliorer l’accès Améliore la • Adopter un décret définissant le cadre juridique et Dans les 12
à la terre transparence ; Réduit réglementaire du guichet unique. prochains
les disparités spatiales. • Mettre en place un système cadastral national mois
combiné à l’attribution d’un numéro d’identification
unique cadastral pour chaque parcelle de terrain Court terme
(NINACAD - National Identification Cadastral Number)
géré par un guichet en ligne dédié au foncier.

Note : AGEFAU = Agence de gestion du Fonds d’accès universel ; AMRTP = Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et Postes ; BCEAO = Banque
centrale des États de l’Afrique de l'Ouest ; CREE = Commission de régulation de l’électricité et de l’eau ; SFN = Services financiers numériques ; DGCC = Direction
générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence ; DGI = Direction générale des impôts ; DRA = directions régionales de l’agriculture ; DRGR =
Direction Nationale du génie rural ; EDM-SA = Compagnie nationale de l’énergie du Mali ; FGSP = Fonds de Garantie pour le Secteur Privé ; GIM-UEMOA = Groupement
Interbancaire Monétique de l’UEMOA ; TIC = Technologies de l’information et de la communication ; IPP = Producteurs indépendants d’électricité ; KPI = Indicateur clé
de performance ; LRIC = Coût marginal à long terme ; MBB = Haut débit mobile ; MEN = Ministère de l’Économie Numérique et de la Prospective ; IMF = Institutions
de microfinance ; MIC = Ministère de l’industrie et du commerce ; WAPP = West African Power Pool.

NOTES
1 Le Fonds Monétaire International (FMI) a estimé le taux de croissance réel potentiel du Mali à environ 5 % par an (FMI, rapport-pays N°
20/153, 2019)..
2 À la date de publication de ce rapport, les estimations de croissance réelle du PIB malien étaient de -1,2 % en 2020 et de 3.1% en 2021, tant
pour la Banque mondiale que pour le FMI. Les autorités maliennes retiennent quant à elles un taux de -1,2 % pour 2020 et des projections
plus optimistes pour 2021 (5,1 % pour le premier trimestre 2021) Institut National de la Statistique (INSTAT), 2021. https://instat-mali.org/fr
3 Estimations de l’Organisation internationale du travail, 2020. https://www.ilo.org/gateway/faces/home/
statistics?locale=EN&countryCode=MLI&_adf.ctrl-state=19ouhtef60_4.
4 Banque mondiale, Rapport « Les Femmes, l’Entreprise et le Droit » (WBL), 2020. (Washington, DC : Banque mondiale, 2020).
5 Kalvin Bahia, Pau Castells, et al, «The Welfare Effects of Mobile Broadband Internet : Evidence from Nigeria ». (Document de travail de recherche
sur les politiques N° 9230. Banque mondiale, Washington, DC, 2020).

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PRINCIPAUX OBSTACLES AU DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ

IFC
2121 Pennsylvania Avenue, N.W.
Washington, D.C. 20433 U.S.A.

CONTACTS
Zineb Benkirane
zbenkirane@ifc.org
Diletta Doretti
ddoretti@worldbank.org

ifc.org

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