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Khalid FALHAOUI
Expert comptable DPLE, Doctorant en Gestion
Université HASSAN I – Settat
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REVUE ECONOMIE & KAPITAL N°6 Automne 2014
Résumé
Bien que les conditions d’émergence et de développement de l’informel soient différentes
d’un pays à l’autre, il se présente généralement comme une solution au chômage et une
alternative aux emplois non ou moins qualifiés. L’importance du secteur informel est l’une
des réalités de l’économie marocaine. Selon le rapport du Haut Commissariat au Plan HCP,
publié en 2009, l’économie informelle était estimée à 37.3 % des emplois hors secteur
agricole, ce qui représentait 19 % du PIB du Maroc.
Faire face à l’informel constitue l’une des préoccupations de l’Etat qui diversifie ses outils
pour l’intégrer dans l’économie organisée.
Réduire le poids de l’économie informelle par la fiscalité est l’une des solutions retenues par
notre pays. L’approche affichée par le gouvernement marocain pour trouver une solution à ce
phénomène consisterait plutôt à un "accompagnement de l’informel" au lieu de "lutter contre
l’informel". Dans son démarche fiscale, le Maroc a adopté plusieurs mesures qui contribuent
soit directement ou indirectement à l’intégration de l’informel dans l’économie organisée. La
problématique de l’informel a été également soulevée dans les assises nationales sur la
fiscalité tenues les 29 et 30 Avril 2013 à Skhirate. Par ailleurs, d’autres dispositions qui
existent dans notre système fiscal peuvent être favorables au développement de l’informel.
Compte tenu des enjeux et de l’importance du phénomène de l’informel, un bilan d’étape du
système fiscal marocain s’impose pour évaluer l’impact des mesures fiscales retenues pour
l’accompagnement ou la lutte contre l’informel.
Mots clés
Informel – Fiscalité – Contribuable – Entreprises – Economie – Maroc.
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INTRODUCTION
Le Maroc a fait des choix importants et stratégiques, dès son indépendance, au niveau social,
politique ou encore économique. Sur le plan économique, notre pays s’est aliéné sur le
libéralisme de l’économie, le droit de propriété, la liberté d'entreprenariat et l’ouverture
économique vers l'international. Le principe du libéralisme a été largement reconnu parmi les
droits fondamentaux garantis par la nouvelle constitution marocaine.
Pour consolider les acquis de son économie et surtout permettre une croissance soutenue et
durable, le Maroc a mis en place récemment plusieurs stratégies sectorielles cohérentes
couvrant le tourisme, l’agriculture, la pêche, le commerce, l’industrie,...
Egalement, les dernières années ont été marquées par l’avènement de nouvelles industries
créatrices d’emplois et constitutives de niches de compétitivité de l’économie marocaine,
telles que l’automobile et l’aéronautique. Ces nouvelles stratégiques et industries viennent
consolider les bases de l’économie marocaine qui n’arrive toujours pas, malgré les efforts
fournis, à faire face aux difficultés rencontrées pour absorber l’informel.
L’étendue du secteur informel constitue une des réalités marquantes de notre économie. Au
Maroc, l’informel touche plus d’un secteur et activité, les individuels et les entreprises. Il
s’agit particulièrement des artisans traditionnels, commerçants ambulants, travailleurs non
déclarés tel que celui du foyer ou à domicile, petits entrepreneurs, prestataires de services et
agents d’entretien et de réparation, transporteurs,…
Le phénomène informel constitue un vrai casse-tête pour l’économie marocaine, il pose
plusieurs problèmes aussi bien de qualité, de sécurité, de budget d’Etat et de compétitivité des
entreprises. Faire face à l’informel constitue l’une des préoccupations de l’Etat qui diversifie
ses outils pour l’intégrer dans l’économie organisée.
Réduire le poids de l’économie informelle par la fiscalité est l’une des solutions retenues par
notre pays. La fiscalisation du secteur informel apparaît comme un outil et une nécessité pour
améliorer les recettes de l’Etat, créer un cadre sain de compétitivité des entreprises et faire
face à une concurrence déloyale. Dans son approche fiscale de l’informel, l’Etat a mis en
place plusieurs mesures fiscales directes et indirectes pour intégrer l’informel dans l’économie
organisée. Malheureusement, d’autres dispositions qui existent dans le système fiscal
marocain peuvent être favorables au développement de l’informel.
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Problématique
Le Maroc à l’instar d’autres pays a utilisé la fiscalité comme outil de migration du secteur
informel vers l’économie formelle. L’approche affichée par le gouvernement marocain pour
trouver une solution à ce phénomène consisterait plutôt à assurer un "accompagnement de
l’informel" au lieu de « lutter contre l’informel ». L’économie informelle doit donc être
intégrée et non pas attaquée.
L’étude de la fiscalisation de l’informel au Maroc sera effectuée à travers l’analyse des
questions suivantes :
En quoi consiste le concept de l’informel ?
Quelle est l’importance du secteur informel dans l’économie marocaine ?
Quelles sont les raisons du développement du secteur informel ?
Les dernières assises nationales sur la fiscalité se sont-elles intéressées à la question de
l’informel ?
Quelles sont les mesures fiscales qui contribuent indirectement à la lutte contre
l’informel ?
Existent-t-il des mesures fiscales ayant un impact direct dans la lutter contre
l’informel ?
Existe-il des régimes fiscaux au Maroc spécifiques à l’intégration de l’informel au
niveau de l’économie formelle ?
Est-ce que le système fiscal marocain comporte des mesures en faveur du
développement de l’informel ?
Quid du système du contrôle fiscal et des sanctions fiscales par rapport à la migration
des activités informelles dans le formel ?
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(1) Les origines du concept de secteur informel et la récente définition de l’emploi informel.
Jacques Charmes Directeur de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD,
Paris) Professeur à l'Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines.
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Il y a lieu de noter que la 15ème CIST a tenu de faire la distinction claire entre l’illégal, le
souterrain et l’informel.
Le secteur informel peut être défini selon différentes approches, comme des unités de
production n’ayant pas de comptabilité complète déclarée (approche comptable) ou encore
tout travail en l’absence de protection sociale, absence de contrats de travail et non paiement
des cotisations sociales (approche sociale) ou toute activité qui ne fait pas l’objet de paiement
des impôts et taxes (approche fiscale).
Ce concept d’informel peut être décrit selon la 15ème CIST(2) comme suit :
D’une façon générale comme un ensemble d’unités de production des biens ou des
services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes
concernées. Ces unités ayant un faible niveau d’organisation, opèrent à petite échelle
de manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant
que facteurs de production ;
Les unités de production du secteur informel présentent les caractéristiques
particulières des entreprises individuelles. Les actifs immobilisés ou autres utilisés
n’appartiennent pas aux unités de production en tant que telles, mais à leurs
propriétaires ; les dépenses de production sont souvent indifférenciées de celles du
ménage. Les biens d’équipement, comme les bâtiments et les véhicules peuvent être
destinés indistinctement aux fins de l’entreprise et à celles du ménage ;
Les activités exercées par les unités de production du secteur informel ne sont pas
nécessairement réalisées avec l’intention délibérée de se soustraire au paiement des
impôts ou des cotisations de sécurité sociale, ou d’enfreindre la législation du travail,
d’autres législations, ou d’autres dispositions administratives. Par conséquent, le
concept des activités du secteur informel devrait être différencié de celui des activités
de l’économie dissimulée ou souterraine.
(2) Étude sur la Mesure du Secteur Informel et de l’emploi informel en Afrique - Juillet 2009
Nations Unies - Conseil économique et social - Commission Économique pour l’Afrique Centre
Africain pour la Statistique.
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Selon le rapport du HCP, publié en 2009, l’économie informelle était estimée à 37.3 % des
emplois hors secteur agricole, ce qui représentait 19 % du PIB du Maroc.
Le Maroc a réalisé deux enquêtes nationales sur le secteur informel non agricole, la première
enquête de 1999/2000 et la deuxième de 2007. Compte tenu de l’importance de ces enquêtes
et pour donner de la crédibilité à leurs résultats, elles ont été menues par le HCP. L’enquête de
2007 avait fixé pour objectif principal l'actualisation des informations sur les caractéristiques
des unités de production informelles et l’évaluation de la contribution de ce secteur à la
production et à l’emploi. Cette enquête a fourni des informations permettant la compréhension
et l’intégration du secteur informel dans les comptes nationaux. Il ressort de cette enquête
nationale les conclusions suivantes :
40.000 unités de production informelles UPI sont créées chaque année dont 72% en
zones urbaines ;
La proportion des ménages qui dépendent des revenus des activités informelles a
baissé de 18,2% en 1999 à 14,3% en 2007 ;
Le commerce domine le secteur avec 57,4% des UPI, 53,2% de l’emploi et 77,3% du
chiffre d’affaires ;
Une UPI sur dix est dirigée par une femme ;
Les UPI emploient une seule personne pour 75% d’entre elles et réalisent en moyenne
un chiffre d’affaires annuel de 180.559 DH ;
Le recours au crédit bancaire pour la création de l’unité reste très faible soit 1,1% ;
Entre 1999 et 2007, la part de l’emploi informel est passée de 91,2% à 81% dans le
commerce et de 17% à 23,6% dans le BTP ;
En 2007, le secteur informel contribue pour 37,3% à l’emploi non agricole global
contre 39% en 1999 et pour 14,3% au PIB contre 16,3% en 1999.
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Les études et les travaux réalisés sur le secteur informel ont permis de constater que ce
phénomène est pluridimensionnel, touchant aussi bien le politique, le culturel, l’économique,
le financier, le social que le fiscal.
L’accès au secteur informel se développe généralement dans tout contexte marqué par
l’existence d’un certain nombre de caractéristiques :
la facilité d'accès aux activités ;
la propriété familiale des entreprises ;
l'échelle restreinte des opérations et champ d’activité ;
l'utilisation des techniques simples et le nombre réduit de travailleurs ;
le recours à des personnes moins ou non qualifiées ;
l’appui sur des qualifications qui s'acquièrent en dehors du système scolaire officiel ;
des marchés ouverts à la concurrence ;
des cadres légaux très complexes et contraignants ;
des procédures administratives lourdes et lentes ;
des niveaux de fiscalisation et des cotisations sociales jugés élevés ;
des relations entre public et administration non basées sur la confiance ;
des sanctions administratives disproportionnées par rapport aux infractions
commises ;…
En général, l’économie souterraine se développe en temps de crise et dans les environnements
qui connaissent une forte pression fiscale. Le coût fiscal pousse les personnes à chercher à en
échapper, l’informel reste parmi les zones de leur préférence.
La relation reste étroite entre le niveau de la fiscalité d’un pays et l’importance de l’économie
informelle. Dans les pays ou les taux d’imposition sont les plus élevés, les informels
augmentent plus rapidement.
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Cet effort de réaménagement fiscal a permis à notre pays de se doter d’un système fiscal
moderne dont le processus de la réforme continu toujours.
En ce qui concerne l’informel, la DGI a précisé à l’occasion de sa participation à la 4ème
Conférence Globale de l’ITD en Inde que les conséquences de l’informel sont très variées (3) :
L’informel est responsable de la perte de recettes pour le budget de l’État ;
Il participe au maintien des taux d’imposition élevés sur les unités organisées ;
Il porte atteinte au principe d’équité fiscale ;
Il participe au maintien d’une concurrence déloyale.
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L’INFORMEL
Plusieurs pays ont essayé de dépasser le problème de l'informel en mettant au point une
fiscalité d’adhésion volontaire des contribuables. La prise en compte des contraintes et des
difficultés fiscales des activités, à travers une progressivité d’imposition, une simplification
des procédures fiscales et une taxation adaptée et modérée permet normalement à plusieurs
personnes de l’informel de migrer vers l’identification fiscale.
Le Maroc a également retenu la fiscalité comme l’un des principaux axes d’intégration de
l’informel dans l’économie organisée. Les Lois de Finances de 2001 à 2013 ont introduit
plusieurs mesures fiscales qui favorisent le transfert des activités informelles vers l’économie
formelle. Ces meures fiscales on fixé plusieurs objectifs notamment la simplification, la
modernisation et l’harmonisation du système fiscal marocain.
Les principales dispositions fiscales adoptées en faveur de l’intégration de l’informel au
niveau du secteur organisé sont les suivantes :
Simplification de l’imposition avec intégration à droit constant de la T.P.I et de la
TPCVM dans l’I.G.R (mesure introduite en 2001) ;
Suppression du paiement de 25% au titre de la PSN sur les revenus professionnels
exonérés de l’I.G.R (mesure introduite en 2001) ;
Harmonisation des dispositions liées aux majorations de retard entre le code de
recouvrement et les codes fiscaux (mesure introduite en 2001) ;
Recensement annuel au lieu tous les cinq ans des immeubles bâtis et des constructions
(mesure introduite en 2002) ;
Majoration de 2% tous les cinq ans au lieu de 2% par an de la valeur locative des
immeubles ou parties d’immeubles occupés par le redevable à titre d’habitation
(mesure introduite en 2002) ;
Réaménagement du taux de majoration pour défaut de déclaration et déclaration
tardive ou insuffisante du chiffre d’affaires à 15% de la taxe éludée au lieu de 25%
(mesure introduite en 2003) ;
Baisse du taux de majoration des droits d’enregistrement de 25% à 15% pour certains
actes ou déclarations (mesure introduite en 2003) ;
Alignement de la pénalité et des majorations de retard au titre du non-paiement de la
taxe de licence à percevoir sur les établissements de consommation de certaines
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boissons sur celles prévues en matière de patente, de taxe urbaine et de taxe d'édilité
(mesure introduite en 2003) ;
Changement de la mention « mois » par « 30 jours » pour ce qui est des délais de
souscription et de déclaration relatifs à l'I.G.R, l'I.S, la T.V.A et les DE (mesure
introduite en 2003) ;
Réduction de 4% à 3% du taux appliqué sur le prix de revient des terrains,
constructions, agencements, matériels et outillages pour la détermination de la valeur
locative minimale servant de base de calcul à la patente et à la taxe urbaine (mesure
introduite en 2003) ;
Vérification au titre de la T.V.A, I.G.R et I.S ne peut dépasser 6 mois pour les
entreprises dont le chiffre d'affaires déclaré au titre des exercices assujettis au contrôle
est inférieur ou égal à 50 millions de dirhams hors taxe (mesure introduite en 2004) ;
Baisse du D.E de 10% à 5% sur la cession du droit au bail d’un immeuble qu’elle soit
qualifiée de pas-de-porte, d’indemnité de départ ou autre (mesure introduite en 2004) ;
Non recours à la rectification de la base imposable en cas d’application du bénéfice
minimum au titre de l’I.G.R professionnel (mesure introduite en 2005) ;
Acceptation du prix révisé par l’administration, en matière des D.E ou de T.V.A et sur
lequel le contribuable a acquitté les droits dus, comme étant le prix d’acquisition à
prendre en considération au moment de la cession dudit bien immobilier (mesure
introduite en 2005) ;
Elaboration du livre des procédures fiscales qui a regroupé l’ensemble des dispositions
relatives aux procédures fiscales prévues en matière d’I.S, I.G.R, T.V.A et D.E
(mesure introduite en 2005) ;
Elaboration du livre d’assiette et de recouvrement (mesure introduite en 2006) ;
Elaboration du CGI regroupant le livre d’assiette et de recouvrement et le livre des
procédures fiscales (mesure introduite en 2007) ;
Réduction du délai de remboursement de la T.V.A par l’Administration fiscale de 4 à
3 mois. (mesure introduite en 2008)
Réduction au titre de l’I.R du nombre des seuils de chiffre d’affaires pour l’option aux
régimes du résultat net simplifié et du forfait à deux limites seulement par régime
d’imposition au lieu de trois, 2.000.000 dirhams et 500.000 dirhams pour le régime du
résultat net simplifié et 1.000.000 et 250.000 dirhams pour le régime du forfait
(mesure introduite en 2009) ;
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Cette mesure a été introduite en 2010 et concerne les contribuables exerçant avant le 1er
janvier 2011 une activité passible de l’impôt sur le revenu, et qui s’identifient pour la
première fois auprès de l’administration fiscale, à partir du 1er janvier 2011, en s’inscrivant au
rôle de la taxe professionnelle.
Les dispositions fiscales exigent à ce que l’identification aux services des impôts soit
effectuée entre le 01/01/2011 et le 31/12/2012.
Une fois identifiées, ces personnes ne sont imposables que sur la base des revenus acquis et
opérations réalisées à partir de la date de leur inscription aux impôts. Cette mesure offre
automatiquement au contribuable qui se déclare aux impôts une amnistie fiscale sur les
opérations et activités exercées avant son identification.
Les personnes concernées sont celles dont les revenus professionnels sont déterminés selon le
régime du résultat net réel ou sur option selon celui du résultat net simplifié. En ce qui
concerne les stocks apportés, le cas échéant, par ces personnes, ils sont évalués, de manière à
dégager une marge brute au minimum de 20%, à l’occasion de leur vente dans le cadre de leur
activité déclarée. Cette marge est soumise éventuellement à la T.V.A sans droit à déduction,
jusqu’à épuisement du stock apporté.
Pour permettre à un nombre important de personnes physiques de s’identifier aux impôts, et
d’intégrer l’économie formelle, le législateur a prorogé cette mesure du 01/01/2013 au
31/12/2014.
2. Institution en 2011 d’un taux d’imposition réduit de 15% en faveur des PME
La loi de finances de l’année 2011 a institué un taux spécifique de 15% en faveur des sociétés
réalisant un chiffre d’affaires égal ou inférieur à trois millions de dirhams hors T.V.A. Cette
incitation fiscale concerne aussi bien les sociétés existantes au 01/01/2011 que celles qui
seront créées à partir de cette date.
Les petits entrepreneurs qui opèrent dans l’informel et veulent intégrer l’économie formelle
peuvent bénéficier de cette mesure fiscale et profiter d’une imposition spécifique réduite de
15% au lieu du plein tarif de 30%.
3. Application d’un taux réduit d’imposition de 10% en faveur des PME
Avec la loi de finances 2013, les PME dont le bénéfice fiscal est inférieur ou égal à trois cent
mille de dirhams ont bénéficié d’un taux réduit d’imposition de 10% appliqué au résultat
fiscal au lieu de l’imposition normale de 30%. Cette disposition a remplacé celle relative à
l’imposition réduite à l’I.S de 15% présentée dans le point 2 ci-dessus.
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L’imposition graduelle de l’agriculture concerne aussi bien l’I.S, l’I.R que la cotisation
minimale C.M. Finalement, ce n’est qu’à partir de 2020 que cette imposition couvrira toutes
les entreprises à l’exclusion de celles dont le chiffre d’affaires réalisé est inférieur à 5 MDH.
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Nous donnons ci-dessous les définitions légales de ces concepts telles qu’elles sont contenues
dans la loi 04-12 :
L’agrégation agricole : la forme d'organisation fondée sur le regroupement volontaire
d'agriculteurs dénommés «agrégés» par un agrégateur autour d'un projet d'agrégation
agricole ;
Le projet d'agrégation agricole : tout projet agricole regroupant, pour une durée
déterminée, des agrégés et un agrégateur pour le développement d'un ou plusieurs
segments d'une filière végétale et/ou animale, portant sur la production et/ou le
conditionnement et/ou l'emballage et/ou le stockage et/ou la transformation et/ou la
commercialisation des produits de ladite filière ;
L’agrégé : tout agriculteur, personne physique ou morale de droit public ou privé y
compris les coopératives, les associations ou les groupements d'intérêt économique,
regroupé par l'agrégateur pour la réalisation d'un projet d'agrégation agricole ;
L’agrégateur : toute personne physique ou morale de droit public ou privé y compris
les coopératives, les associations ou les groupements d'intérêt économique qui
regroupe des agrégés pour la réalisation d'un projet d'agrégation agricole ;
Le contrat d'agrégation agricole : le contrat conclu entre un agrégateur et des agrégés
pour la réalisation d'un projet d'agrégation agricole.
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En cherchant à éviter ces problèmes d’évasion fiscale et de fausses factures, cette mesure
pourrait bien créer un autre, c’est celui du développement de l’informel dans l’activité de
l’autoconstruction à travers le recours aux vendeurs non identifiés fiscalement. Il était
beaucoup plus intéressant de garder l’obligation de la déclaration de la T.V.A en prévoyant le
système des achats en exonération de la T.V.A.
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contraintes structurelles auxquelles font face les PME et favorise la montée de l’économie
formelle au détriment de l’informel.
Parmi les propositions d’ordre fiscal visant à intégrer l’informel dans l’économie organisée,
nous citons quelques unes dont certaines ont été soulevées par la Confédération Générale des
Entreprises du Maroc CGEM pour l’amélioration du climat d’affaires au Maroc :
Mise en place d’un dispositif fiscal incitatif et approprié à la TPE :
- Baisse du taux d’I.S et d’I.R au profit des TPE pour les inciter à sortir de l’informel ;
- Simplification du système de déclaration, de recouvrement, etc.
Baisse des taux d’imposition d’I.S et d’I.R à un niveau acceptable pour les autres ;
Amélioration des services rendus par la DGI :
- Renforcement des ressources et moyens de la DGI :
- Amélioration des équipes d’inspection et de contrôle de la DGI ;
- Mise en place des moyens informatiques adéquats pour la réalisation de sa mission ;
- Instauration d’une cellule au sein de la DGI chargée du suivi de l’informel ;
Accompagnement de la réduction de l’I.S ou l’I.R par une simplification
administrative et déclarative ;
Achèvement de la réforme de la T.V.A en haussant le seuil d’imposition des
détaillants ;
Amélioration du système des sanctions et de contrôle fiscal.
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Conclusion
Dans son approche d’appréhension de l’informel, le système fiscal marocain a adopté
plusieurs mesures et doit nécessairement continuer à évoluer vers plus d’équité, de
transparence, de modernité, de simplicité et baisse de la charge fiscale. La lutte contre
l’informel ne saurait se faire par la seule sanction. Encourager la migration des personnes et
activités qui évoluent dans l’informel vers l’économie formelle passe par un effort
d’accompagnement. L’environnement fiscal marocain doit susciter les réflexes pour assurer le
basculement des activités informelles vers la sphère officielle. Les incitations fiscales de la
lutte contre l’informel ne doivent pas, à notre avis, être limitées à l’I.S et l’I.R, mais aussi la
T.V.A. Même avec des taux d’imposition encore plus réduits ou nuls, aucune certitude que les
opérateurs de l’informel vont basculer vers le secteur organisé.
Certaines personnes ont toujours peur de la transparence du système fiscal et de
l'administration fiscale. Les efforts de cette administration en matière de sensibilisation,
d'information et de contrôle pour lutter contre l'informel, restent insuffisants pour maîtriser et
attirer l’informel. En ce qui concerne les incitations fiscales, celles introduites en 2011 pour
séduire l’informel ont attiré peu de monde. A peine 6.500 personnes ont accepté de rentrer dans la
sphère de la transparence économique et fiscale (4).
Par ailleurs, quelque soit la qualité d’un texte de loi fiscale, son attraction, ses avantages et ses
effets restent certainement limités s’ils ne sont pas suivis sur le terrain d’actions concrètes
d’accompagnement pour inciter l’informel à intégrer le secteur formel. Nous pensons qu’une
collaboration entre l’administration fiscale et les autorités locales pour mener un travail de
recensement et d’accompagnement de l’informel permettrait sans doute d’assainir ce secteur
de manière importante.
Il va falloir donc mener un travail important de communication externe sur terrain et lancer
des campagnes de promotion de grande envergure dans les médias. Actuellement, les sorties
médiatiques et les spots télé et radio sur la fiscalité restent insuffisants pour toucher
l'ensemble de la population ciblée. De même, plusieurs opérateurs ignorent les mesures
fiscales incitatives, de ce fait, le gouvernement et la DGI doivent déployer d’énormes efforts
pour communiquer atour des avantages et gains fiscaux.
Dans l’une de ses conférences-débats sur le thème « les dispositions fiscales de la loi de
Finances 2011 », la direction générale des impôts a reconnu que les mesures fiscales
contenues dans la Loi de finances 2011 pour lutter contre l'informel ne sont qu'un début.
(4) Finances news le 05 - 03 – 2012 : « Secteur informel : Pourquoi les incitations fiscales
pour les TPE n'ont pas séduit ».
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Elle a également estimé que ces mesures ne sont pas « suffisantes », à elles seules, pour lutter
contre l'informel.
Pour l’administration fiscale, la lutte contre l'informel est d'abord une « démarche nationale »
qui nécessite l'adhésion totale de plusieurs administrations publiques (CNSS, Office des
changes et la Direction des douanes) ainsi que les associations professionnelles (5).
L’effort d’accompagnement doit s’inscrire dans le temps. L’informel est un phénomène
structurel, de ce fait, les solutions et les propositions permettant de diminuer son ampleur ne
peuvent être de très courte durée. Egalement, il est pluridimensionnel, une approche fiscale ne
peut seule atteindre l’objectif de contrecarré l’informel. La solution à ce problème nécessite
une vision nationale globale et cohérente.
Le système fiscal marocain doit encore faire preuve d’imagination et d’innovation dans la
lutte contre l’informel. Un travail de benchmarking avec les expériences étrangères de pays à
économie similaire peut donner des ouvertures et apporter des solutions à ce problème
d’informel.
Nous pensons que le système fiscal marocain doit faire l’objet d’un bilan d’étape pour évaluer
l’impact des mesures fiscales retenues pour la lutte contre l’informel. L’étude de l’impact
fiscal sur le comportement de l’informel doit être réalisée dans les plus brefs délais en
mesurant, d’une part, les résultats obtenus par rapport aux objectifs fixés, et d’autre part, par
rapport aux moyens mis en place.
(5) Web Inofo Maroc – Acualités du Maroc : Zaghnoun : « les mesures fiscales contre
l'informel ne sont pas suffisantes ».
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BIBLIOGRAPHIE
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L’économie informelle : une alternative à l’exclusion économique et sociale ? Textes
réunis par Olivier Crevoisier, François Hainard et Patrick Ischer, Commission suisse
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Le secteur informel au Maroc : 1956 – 2004, Rajaa Mejjati Alam.
Les GIE contre l'informel, Aujourdhui.ma, Par ALM, 10-03-2014.
Livre blanc pour renforcer et consolider le dynamisme de l’économie marocaine,
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Note circulaire de la DGI n° 717 relative au code général des impôts, avril 2011.
Note circulaire de la DGI n° 718 relative aux dispositions fiscales de la loi de finances
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REVUE ECONOMIE & KAPITAL N°6 Automne 2014
Note circulaire de la DGI n° 719 relative aux dispositions fiscales de la loi de finances
n° 43-10 pour l’année budgétaire 2011, janvier 2011.
Note circulaire de la DGI n° 720 relative aux dispositions fiscales de la loi de finances
n° 22-12 pour l’année budgétaire 2012, janvier 2012.
Note circulaire de la DGI n° 721 relative aux dispositions fiscales de la loi de finances
n° 115-12 pour l’année budgétaire 2013, janvier 2013.
Note circulaire de la DGI n° 722 relative aux dispositions fiscales de la loi de finances
n° 110-13 pour l’année budgétaire 2014, janvier 2014.
Principales mesures fiscales par objectif 2001 à 2013, Direction des études et des
prévisions financières du Finances, Ministère de l’Economie et des Finances, avril
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Secteur informel et concurrence fiscale, Mémoire présenté comme exigence partielle
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Montréal.
Synthèse des propositions issues des assises nationales sur la fiscalité, tenues le 29 et
30 Avril 2013 à Skhrirate
Web Info Maroc – Actualités du Maroc : le Directeur Général des Impôts : « les
mesures fiscales contre l’informel ne sont pas suffisantes ».
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