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Contexte économique et commercial au Maroc

23 février 2024
La Croissance de l’économie marocaine: Quelques
caractéristiques et tendances de fond
La Croissance de l’économie marocaine: en déceleration tout en restant résiliente
• Le Maroc est une économie à revenu intermédiaire tranche inférieure dont le niveau de PIB par hab
atteint 36 274 dh par an.
• Le taux de croissance moyen du PIB demeure modeste et en baisse continue, ce qui explique pourquoi
le Maroc reste piégé dans cette catégorie de revenu.
• Toutefois, malgré le taux de croissance modéré, l’économie marocaine fait preuve de résilience face aux
chocs majeurs: le Maroc a rapidement retrouvé son niveau de PIB / hab après avoir perdu l’équivalent
de 3 années de croissance suite aux effets de la crise Covid-19 (Reprise en V).

Crise Covid-19

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Caractéristiques de la croissance de long terme au Maroc: une transformation structurelle
lente, un système économique dual passé par une phase de désindustrialisation précoce

• Un rythme de transformation structurel très lent dans la mesure où la structure du PIB par branche n’a connu que de
légères modifications depuis les années 80
• La baisse continue de la part de l’agriculture dans le PIB n’a pas profité à l’industrie manufacturière qui a vu son poids
dans le PIB régresser depuis les années 80s, avant de connaitre une certaine stabilisation à partir de 2018.
• En revanche les services, suivis du BTP ont vu leurs parts respectives dans le PIB et l’emploi, augmenter d’une manière
tendancielle.
• Ces tendances sont des caractéristiques communes chez les pays qui connaissent une désindustrialisation prématurée

Source: WDI
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Caractéristiques de la croissance de long terme au Maroc: une transformation structurelle lente, un
système économique dual passé par une phase de désindustrialisation précoce

• Les services et le BTP qui génèrent le plus d’emploi demeurent toutefois pour la plupart des activités à faible
valeur ajoutée avec des emplois précaires ou informels.
• C’est ainsi qu’au lieu d’être absorbés par l’industrie, les excédents de main d’œuvre libérés par l’agriculture
sont réorientés vers des métiers à faible valeur ajoutée dans les services et le BTP, souvent alimentant le
secteur informel urbain.
• Cela n’exclut pas que l’économie marocaine englobe des branches d’activité très modernes qui ont connu
un véritable essor (automobile, aéronautique, industrie chimique, électronique, finances,
télécommunication…), avec une productivité élevée, une plus forte valeur ajoutée, et employant un capital
humain qualifié.
• Par conséquent, l’économie marocaine est une économie duale où les secteurs traditionnels à forte intensité
de travail peu qualifié côtoient les secteurs modernes hautement capitalistique ou à fort intensité
technologique, et où l’informel cohabite avec le formel, où on trouve des entreprises exportatrices
compétitives et d’autres opérant uniquement dans un marché domestique étroit, des secteurs fortement liés
aux IDE parallèlement à des secteurs reposant uniquement sur de faibles capitaux domestiques…

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Les moteurs de la croissance ont subi les effets du choc Covid-19
• Les drivers de la croissance au Maroc (avant la crise Covid-19):
• L’accumulation du capital a joué un rôle prépondérant dans la croissance potentielle du Maroc, bien que sa
contribution soit en baisse et que sa productivité ait ralenti
• Recul de la contribution du facteur travail (effet du ralentissement de la population en âge de travailler, repli
du taux d’activité…)
• Bonne évolution de la contribution de la PTF à la croissance potentielle (probable effet combiné du progrès
technologique, réformes, qualité du travail…)

Contributions à la croissance potentielle au Maroc (en points de %)

Source: IMF working papers


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Les moteurs de la croissance ont subi les effets du choc Covid-19

• Les drivers de la croissance au Maroc (Après la crise Covid-19):


• L’accumulation du capital continue à jouer un rôle important
• Mais rupture de l’évolution positive de la contribution de la TFP: effets persistant de la crise Covid-19 et des
difficultés de réallocations des ressources entre activités depuis la crise
• Toutefois, l’effort de digitalisation et les réformes sectorielles lancées depuis la crise Covid-19 et appuyées
par le NMD pourraient avoir des effets positifs à moyen long termes sur la contribution de la PTF à la
croissance

Contributions à la croissance potentielle au Maroc (en points de %)

Source: IMF working papers


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Quatre signes révélateurs d’une croissance pauvre, volatile, peu éfficiente et faiblement inclusive
Au-delà du rythme de la croissance qui doit absolument connaitre une accélération, il est aussi question de qualité de
cette croissance. Quatre caractéristiques montrent qu’il reste des efforts à faire afin d’améliorer la qualité de la
croissance, en termes d’efficience et d’impact économique et social:
1 Une volatilité persistante de la croissance
de la valeur ajoutée agricole, malgré les 3
Un affaiblissement du contenu de la croissance en
stratégies agricoles successives, qui se emploi qui ne permet pas de profiter de la jeunesse
répercute sur la volatilité de la croissance de notre population active ai moment où la fenêtre
de l’ensemble de l’économie. démographique risque de se refermer en 2040
2
Une faiblesse persistante de
l’efficience de l’investissement
comme en témoigne l’indice
ICOR
qui s’établit à un niveau élevé
supérieur à 9 en moyenne sur
les 15 dernières années.

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Des dépenses de R&D qui ne
dépassent pas 0,75% du PIB
Source: calculs sur la base de
données HCP Source: calculs sur la base de données HCP 25
Les échanges extérieurs du Maroc: Structure,
caractéristiques et performance
L’économie marocaine s’est inscrite dans un processus d’ouverture et d’intégration à l’économie mondiale
• Le Maroc a connu un long processus d’ouverture de son économie, favorisé par la signature de
nombreux accords de libre-échange avec plus d’une cinquantaine de pays (UE, USA, Turquie, Accord
Agadir, AELE qui englobe la Suisse et Norvège).
• Le niveau d’intégration du Maroc à l’économie mondiale est reflété également par le maintien d’un flux
régulier d’IDE entrants grâce à de nombreux atouts: la stabilité politique, une connectivité portuaire en
amélioration, des mesures incitatives pour les grands investisseurs étrangers, multiplicité des marchés
partenaires grâce aux ALE… les flux d’IDE se sont montrés résilients face à la crise covid.
• Les investissements marocains à l’étranger ont pour leur part connu une évolution soutenue: la part de
l’Afrique dans ces investissements tourne autour d’une moyenne de 58% sur la période 2017-2021

Source: WDI et office des changes


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… Mais un déficit commercial qui se creuse
• Le creusement quasi-continu du déficit commercial pousse à questionner la capacité des politiques de
préparation et d’accompagnement du tissu économique national à améliorer la compétitivité de ses
exportations et sa capacité à tirer profit de cette ouverture.

• En outre, même si le nombre des entreprises exportatrices est passé de 5179 à 7092 entre 2011 et 2019, leur
poids dans le total des entreprises personnes morales actives ne dépasse pas 2,5%.

• La persistance du déficit est attribuable également aux évolutions des imports: poids de la facture énergétique
+ la hausse importante des imports des biens d’équipement et intrants qui a accompagné la mise en place des
industries autour des métiers mondiaux

Source: office des changes 25


Une forte concentration géographique des échanges du Maroc et un potentiel peu exploité en Afrique
• Les échanges du Maroc demeurent très concentrés géographiquement, avec une part de 58% effectuée avec
l’europe (dont plus de 80% avec l’UE): Par pays, l’Espagne consolide son premier rang (188,1Mds DH) devant la France
(158,6Mds DH) et l’Italie (52,5Mds DH) suivis de la Turquie (49,1Mds DH).

• Malgré le potentiel, le reste des pays africains ne représente que 5,5% des échanges du Maroc (autour de 4%
seulement pour l’Afrique sub-saharienne)
• Le Maroc affiche un solde commercial négatif avec l’Europe, l’Asie et l’Amérique, mais un solde excédentaire
avec l’Afrique et l'Océanie.
Part de chaque zone dans les échanges du
Maroc

58%

22%

13%

5,5%

Source: office des changes


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Un déficit de compte courant moins important grâce au bon comportement des transferts MRE et recettes
voyage
• En dépit de l’importance du déficit commercial, celui du compte courant demeure moins prononcé grâce,
notamment, à la dynamique soutenue des transferts MRE et à la bonne évolution des recettes de voyage
(bien qu’elles ont subi l’effet de la crise Covid)

• Au cours des trois dernières années, les transferts des MRE ont connu une évolution remarquable passant
de 5,2% du PIB en 2019 à 7,3% en 2021

Source: office des changes


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Performance à l’export: une structure plus diversifiée avec des produits relativement plus complexes
Une modification de la structure des exportations:
• Les secteurs traditionnels tout en demeurant importants ont vu leurs parts baisser (textile) ou stagner (agricole
et agro-alim) sur la période
• En faveur des métiers mondiaux ou encore des produits transformés qui ont vu leurs parts augmenter
(Automobile classé première rubrique à l’export, Aéronautique, électronique…)
La dynamique des métiers
mondiaux peut être
attribuable à la
combinaison de plusieurs
facteurs, notamment, les
stratégies industrielles
successives, infrastructure
d’accueil, l’attractivité
pour les IDE dans des
secteurs-clé… toutefois
certains secteurs porteurs
peinent à développer
leurs exports (ex:
pharmaceutique)

Source: office des changes


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Performance à l’export: une structure plus diversifiée avec des produits relativement plus complexes
• Bien que les données de la comptabilité nationale montrent une lenteur de la transformation structurelle de
l’économie marocaine, la structure des exportations indique toutefois une amélioration en termes de :
2 Montée en gamme: une baisse de la part des produits primaires et ceux à
1
Diversification: les produits exportés faible tech, en faveur d’une hausse de celles des produits à tech moyenne
passent de 332 en 1990 à 1455 en 2022 (les high tech ne se sont pas encore imposés dans la structure des export)

Source: WITS et CNUCED


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Perspectives

• Nécessité d’accélérer la transformation structurelle de l’économie nationale et tirer profit de ses retombées en
termes de création de valeur ajoutée et d’emploi de qualité et ce: en misant sur la poursuite des efforts
d’industrialisation mais aussi l’export des services à forte valeur ajoutée, la montée en gamme en investissant
dans la R&D, l’innovation et la formation du capital humain qualifié…
• Agir parallèlement sur l’aspect extensif en diversifiant davantage les débouchés géographiques tout en
continuant à renforcer les liens commerciaux avec les partenaires traditionnels
• Accélérer l’intégration commerciale avec le reste des pays du continent africain, en particulier la façade
atlantique sur laquelle avait insisté Sa Majesté le roi dans son dernier discours.
• Continuer les efforts entamés pour assurer l’environnement des affaires adéquat (réglementation &
procédures, fiscalité, foncier, financement adapté par type d’investissement et d’entreprise, lutte contre
corruption…) pour favoriser l’investissement et par conséquent, l’offre Maroc: l’entrée en vigueur de la
nouvelle charte d’investissement et le Fonds Mohammed VI pour l’investissement peut offrir une réelle
opportunité à saisir
• Améliorer en continu l’infrastructure portuaire et sa connectivité pour tirer profit d’une intégration
commerciale plus poussée, avec une flotte marchande nationale compétitive, appuyée par une industrie navale
nationale solide

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Merci pour
votre
attention

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