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La coopération régionale Nord-Sud :

Les investissements étrangers directs européens dans le Sud de la


Méditerranée
Le cas marocain

ADIL BAQQARI
GERM

Résumé
L’Investissement Etranger Direct (IDE) joue un rôle de vecteur primordial dans l’intégration des pays
du sud dans l’économie mondiale. Afin de bénéficier des flux des IDE et notamment européens
circulant dans le monde, le Maroc a entrepris de vastes chantiers de reformes politiques,
économiques et sociales visant à rendre le site marocain plus attractif pour les IDE et principalement
ceux européens, notamment dans le cadre de l’accord d’association Maroc/Union européenne.
Cependant, le site marocain demeure faiblement attractif pour les IDE européens (ainsi que pour l’IDE
en général) : quels sont les obstacles qui entravent l’évolution des IDE européens au Maroc malgré
l’existence d’un accord d’association Maroc/Union européenne ? Quelles sont les mesures à prendre
pour rendre le site marocain plus attractif ?

Mots clefs : Investissement Etranger Direct (IDE) ; IDE européens, reformes politiques, économiques
et sociales ; Maroc.

Resumen
La Inversión Extranjera Directa (IDE, siglas del término en Francés) juega un papel clave en la
integración de los países del sur en la economía mundial. Con el objetivo de beneficiar de los flujos
de los IDE, esencialmente los flujos de IDE Europeo, Marruecos emprendió un largo camino de
reformas políticas, económicas y sociales. Estas reformas tienen principalmente el objetivo de
convertir a Marruecos en un país más atractivo para los IDE, principalmente los europeos, esto en el
marco del acuerdo Marruecos/Unión Europea. Sin embargo, y a pesar de todas estas reformas,
Marruecos sigue siendo poco atractivo para los IDE europeos y los IDE en general. ¿Cual son los
obstáculos que se presentan ante la evolución de los IDE europeos en Marruecos? ¿Y cual son las
medidas a tomar para hacer de Marruecos más atractivo para este tipo de inversión?

Palabras clave: La Inversión Extranjera Directa (IDE); IDE europeos; reformas, políticas, económicas
y sociales; Marruecos.

1
« La Méditerranée est restée à l’écart de ce qui est
apparu, au cours des trente dernières années, comme
l’évolution la plus marquante de l’économie mondiale :
l’émergence en nombre de plus de plus important de pays en
développement dont la croissance s’est accélérée et dont
l’insertion dans les flux commerciaux et financiers –
essentiellement les IDE- internationaux a fortement
progressé »
1
Jacques Ténier

Les relations économiques internationales ont connu à la fin du 20e siècle et en ce début de ce 21e
siècle, un développement considérable, qui a fait du marché mondial un objectif essentiel et
incontournable de l’ambition des nations.
Avec la mondialisation, l’IDE est devenu un élément essentiel des relations économiques
internationales, un vecteur d’intégration dans l’économie mondiale et un moyen de créer de liens
directs, stables et pérennes entre les économies mondiales.
Cette nouvelle réalité a débouché sur une tendance à la mondialisation économique, financière et
technologique, sous les effets multiples de la nouvelle dynamique des IDE et de la mobilité des
capitaux à l’échelle internationale. On constate effectivement que l’IDE peut agir comme un véhicule
essentiel du développement local des entreprises.
De plus, cet IDE peut contribuer à l’amélioration de la position concurrentielle de l’économie
bénéficiaire. En effet, l’IDE est susceptible de favoriser le transfert de technologie, de savoir-faire
entre les pays, et de fournir à l’économie d’accueil l’occasion de promouvoir plus largement ses
produits sur les marchés internationaux.

Ainsi, cet IDE est synonyme de plusieurs avantages, à savoir :

• Un soutien à l’investissement puisque les IDE viennent s’ajouter à l’investissement local ;


• La création d’emplois plus qualifiés que la moyenne nationale ;
• Un soutien aux exportations nationales puisque les FMN émettrices de ces IDE sont plus
exportatrices que les entreprises nationales ;
• Une contribution positive à l’équilibre des échanges extérieurs puisque les Firmes
Multinationales 2 sont plus exportatrices que les entreprises nationales ;
• L’IDE est aussi une voie d’accès aux nouvelles technologies et à une expertise en gestion
internationale ; une source de transmission de savoir-faire technologique et managérial, et un

1
Jacques Ténier : Intégration régionales et mondialisation : complémentarité ou contradiction. Edition la documentation
française, Paris, 2003. page 64
2
Les FMN peuvent être définies comme des grandes entreprises qui possèdent ou contrôlent plusieurs filiales dans plusieurs
pays, et selon le rapport de la CNUCED (2004) intitulé « la montée en puissance du secteur des services », il existe 61000
sociétés transnationales qui ont plus de 900 000 filiales étrangères, représentant un stock d’IDE d’environ 7 milliards de dollars.
De même, les 100 principales sociétés transnationales mondiales qui représentent moins de 0,2 de l’ensemble des STN de la
planète, contribuent à 14% du chiffre d’affaire des filiales étrangères à travers le monde, 12% de leurs actifs et 13% de leurs
effectifs.

2
moyen de connaissance des marchés internationaux et des différents réseaux de
commercialisation.
• Les entreprises multinationales génèrent des gains de productivité importants ;
• L’IDE représente une importante source supplémentaire de capitaux dans de nombreux pays
d’accueil.

Dans ce contexte de l’émergence de l’IDE comme moyen d’amélioration de la position


concurrentielle des pays, on constate à l’échelle des PVD, avec des nuances selon les pays et les
régions, une tendance à la rareté relative des ressources allouées au financement de la croissance et
du développement, que ces ressources soient publiques ou privées. Cette rareté des ressources
intervient dans des contextes nationaux, marqués par l’augmentation continue de la demande sociale
dans les domaines les plus stratégiques, notamment l’emploi, l’éducation, la formation, la technologie,
la recherche-développement. La faiblesse de l’épargne intérieure, associée à un tarissement des
ressources financières des emprunts, poussent les PVD à considérer l’IDE, comme un élément
capable de restructurer les différents secteurs de leurs économies nationales et d’accroître leur
productivité.
De surcroît, cette dynamique de la mondialisation qui reste l’œuvre principale des firmes
multinationales, s’est traduite par un processus de croissance des interdépendances entre les nations
et les groupements régionaux. En effet, la dynamique de la mondialisation fait de la captation des
ressources extérieures, une composante de plus en plus importante de la constitution des revenus
des nations.
A cet effet, la constitution d’ensembles économiques régionaux dessine à la fois une nouvelle carte de
la répartition des IDE à l’échelle mondiale, et un nouveau système international d’orientation des IDE
de plus en plus sélectif3. Ainsi, l’attractivité vis à vis de ces IDE est devenue l’enjeu d’une réelle
compétition entre les blocs économiques. L’appartenance à ces groupements régionaux est devenue
synonyme d’accès aux ressources de financement et plus précisément aux IDE.

Conscient de cette nouvelle donne et soucieux de réussir son intégration au sein de l’économie
mondiale, notamment par le drainage des IDE, essentiellement européens, le Maroc s’est engagé
dans un processus d’association avec l’UE.
Dans ce cadre, le Maroc a signé un accord d’association avec l’UE le 26 février 1996, dont la pièce
maîtresse est l’instauration d’une ZLE entre le Maroc et l’UE à l’horizon 2012.

Cet accord d’association Maroc-UE, différent des accords des années 60 ou de ceux de coopération
de 70, intervient au Maroc dans un contexte socio-économique particulier, caractérisé par une
croissance économique insuffisante et irrégulière, des équilibres macro-financiers précaires et des
déficits sociaux toujours inquiétants en raison de l’influence déterminante exercée à la fois par :

3
Sélectif signifie que les sociétés transnationales ne s’intéressent pas de façon identique à tous les pays de la planète. Elles
concentrent au contraire leur attention sur un petit nombre de pays, ceux qui figurent sur la short list des investisseurs
étrangers.

3
• l’application du PAS ;
• des taux d’investissement insuffisants ;
• des échanges commerciaux peu diversifiés et très dépendants de l’Europe ;
• des assainissements macroéconomiques fragiles et ;
• des flux financiers faiblement porteurs de développement.

De ce fait, la mise en place de cette ZLE, qui constitue l’épine dorsale de cet accord d’association
Maroc-UE, signifie aussi pour le Maroc un choix stratégique et un grand défi, que ce dernier doit
relever car il en va de son avenir et de son développement.
En effet, cette ZLE présente d’énormes défis pour l’économie marocaine, puisque cette dernière doit
être en mesure de supporter une concurrence de plus en plus acharnée, tant au niveau du marché
européen qu’au niveau du marché domestique marocain. Cette ZLE, qui signifie la mise en contact
direct de l’économie marocaine -qui se caractérise par une offre qui ne répond pas aux exigences de
la compétitivité mondiale - avec les économies de l’UE, constitue des défis considérables pour
l’économie marocaine, surtout en termes de compétitivité et de positionnement à l’échelle de
l’économie mondiale.
Dans ce sens, cette ZLE nécessite la mise en place de véritables mesures d’accompagnement,
notamment dans le cadre de cet accord d’association Maroc/UE. Ces mesures d’accompagnement
sont susceptibles de réduire l’écart béant séparant les économies des deux associés.
De même, ce processus d’arrimage de l’économie marocaine à l’espace économique européen, voie
incontournable de l’insertion du Maroc au sein de l’économie mondiale, peut constituer un important
facteur d’entraînement du développement économique et du progrès social du Maroc. Ce processus
d’arrimage, passe nécessairement par une véritable impulsion du processus de rapprochement et de
coordination entre les deux partenaires (Maroc et UE). Il peut se concrétiser notamment par un afflux
massif d’IDE européens, susceptibles de permettre au Maroc, d’acquérir à la fois le capital, le savoir-
faire, la technologie et l’accès au marché européen et international pour les produits fabriqués
localement.
Dans cette logique, l’intensification des entrées d’IDE européens au Maroc doit occuper une place
prioritaire dans cet accord d’association Maroc-UE. Cette intensification des flux de ces IDE
européens vers le Maroc, est amenée à jouer un rôle majeur dans la crédibilisation de la ZLE entre le
Maroc et l’UE. En effet, cette intensification des entrées des flux des IDE européens, est susceptible
de transformer la transition vers l’échéance 2012 en véritable aubaine, comme le soulignent J.M.
Mella et H. Regnault : « l’idée que l’afflux des IDE européens vers les pays du sud et de l’est de
la Méditerranée en provenance de l’UE, est réductrice d’incertitudes et de coûts sociaux,
politiques et économiques issus de la mise en place de la ZLE, s’est imposée aujourd’hui face
à toute autre alternative dans le cadre d’une mondialisation inévitable : on reconnaît à ces flux

4
d’IDE l’avantage de mieux aménager les étapes de la transition et de mieux cibler les
objectifs »4.

Tenant compte de l’importance des avantages que peuvent procurer les IDE et surtout les
européens, à l’économie marocaine ; et en cherchant à améliorer son attractivité vis à vis de ces IDE
européens, le Maroc a entrepris de vastes réformes politiques, économiques, sociales et culturelles.
Ainsi, la politique économique marocaine s’est orientée depuis le début de la décennie 80, vers
l’ouverture du marché intérieur, la promotion des exportations, l’encouragement des IDE, la
libéralisation du système financier et la privatisation des entreprises publiques. Cependant, ces
réformes qui visaient l’amélioration de l’environnement global de l’investissement étranger, grâce à la
levée d’un certain nombre de contraintes internes et externes de l’économie marocaine, exigent
l’instauration d’un climat de confiance et de transparence. Ces deux derniers critères, demeurent
primordiaux aux yeux des investisseurs étrangers en quête de niche pour leur placement de capitaux.
De plus, et en dépit de l’existence d’un accord d’association avec l’UE, et en dépit des efforts de
renouveau du paysage de l’IDE, visant l’amélioration de son attractivité, le Maroc n’apparaît pas
suffisamment attractif pour ces IDE européens. Ces derniers restent essentiellement alimentés par les
opérations de privatisation et leurs effets d’entraînement sur le tissu productif local demeurent faibles.

Devant la faiblesse de ces flux de IDE européens destinés au Maroc, on doit s’interroger sur les
raisons qui maintiennent le pays à la marge de ces flux. En effet, cette faiblesse persiste malgré
l’existence de l’accord d’association, liant le Maroc au premier pôle émetteur des flux des IDE au
niveau mondial, à savoir l’UE. Quels sont les obstacles qui entravent l’évolution des IDE européens au
Maroc et les maintiennent à un niveau en deçà des potentialités du Maroc ? La politique d’attractivité
marocaine souffre-t-elle de lacunes qui l’empêchent de surmonter ses faiblesses et de permettre ainsi
au Maroc de bénéficier d’afflux massifs d’IDE européens ? L’accord d’association a-t-il mis en place
des moyens d’accompagnement visant à aider le Maroc à surmonter les faiblesses et les lacunes de
son attractivité ? Ces IDE européens, par l’intermédiaire de cet accord d’association, ont-ils vraiment
contribué à la restructuration de l’économie marocaine ? L’accord d’association a-t-il eu un impact sur
la nature des IDE européens choisissant de s’implanter au Maroc ? L’accord d’association à travers
l’afflux des IDE européens (en termes de qualité et de quantité) a-t’il permis de freiner les flux
d’immigrés marocains vers l’UE ?

Ainsi, la problématique réside à la fois dans le fait de savoir si l’accord d’association a joué le rôle de
vecteur pour l’afflux des IDE européens vers le Maroc (en qualité et en quantité), et de savoir quelle
serait la stratégie optimale à suivre par les deux partenaires, en vue de rendre le Maroc plus attractif
pour ces IDE européens.

4
J.M. Mella et H. Regnault : « L’intégration régionale Nord-Sud : une nouvelle stratégie de développement », Edition
L’Harmattan, paris, 2003. Page 154.

5
I. L’IDE au niveau mondial et au Maroc :

Pays de la rive sud de la Méditerranée choisissant de s’engager dans le processus du partenariat


euro-méditerranéen par l’intermédiaire de son accord d’association avec l’UE (principal émetteur et
récepteur des flux des IDE au niveau mondial), le Maroc cherchait grâce à cela à attirer des flux plus
importants d’IDE européens.

La répartition des IDE au niveau mondial :


Les IDE dans la triade :

Au sein des pays développés, la triade accapare l’essentiel des flux d’IDE entrants et sortants dans
le monde.
IDE dans la triade (UE, USA, JAPON) en millions de dollars
Flux / Pays L'UE USA Japon
Flux entrants 295 694 297 772 6 324
Flux sortants 336 454 151 884 28 800
Source : Manuel statistique de la CNUCED.

L’Union européenne :

Durant l’année 2004, l’Union européenne a été à l’origine de l’essentiel des flux entrants et sortants
circulant dans le monde et dans les pays développés. L’UE demeure le principal émetteur et récepteur
des flux des IDE au niveau mondial. Ainsi, les flux européens d’IDE sont répartis comme suit :

¾ Au niveau mondial :

L’UE est source de 52,79% des flux entrants, et de 55% des flux sortants dans le monde.

¾ Au niveau des pays développés

L’UE représente 77,93% des flux entrants et 58,80% des flux sortants dans les pays développés. En
2004, l’UE est à l’origine de 34% des flux entrants dans le monde, et de 38,40% des flux sortants
dans le monde.

Les Etats-Unis d’Amérique :


Les Etats-Unis d’Amérique représentent d’une part, 14,78 % des flux entrants et 32,40% des flux
sortants dans le monde, d’autre part. Ils sont émetteurs d’environ 26,54% des flux sortants et
récepteurs de 7,84% des flux entrants dans l’ensemble des pays développés.

6
Le Japon :
Ce pays accueille 1,2% des flux entrants et émet 4,70% des flux sortants dans le monde. Quant à
ses parts des flux entrants et sortants par rapport à l’ensemble des pays développés, ils représentent
respectivement 1,64% et 5,03%.

Les IDE dans les PVD :


La région du Sud-est asiatique, du Sud et de l’Est :

Cette région est considérée comme la principale zone d’attraction des IDE des PVD, puisqu’elle
draine à elle seule l’équivalent de 58% des flux d’IED reçu par l’ensemble des PVD. En 2004, cette
région a reçu l’équivalent de 137 milliards de dollars, soit une augmentation de 34% par rapport à
2003 où ce groupe de pays a reçu un montant de 102 milliards de dollars.

La région d’Amérique latine :

Cette région est la deuxième zone d’implantation des IDE au niveau des PVD, puisqu’elle reçoit
près d’un tiers des IDE destinés à ces pays, soit l’équivalent de 67 milliards de dollars.

La région de l’Europe centrale et de l’est :


Cette zone émerge, depuis quelques années, en tant que troisième destination des IDE au niveau
des PVD, surtout depuis son adhésion à l’UE. Les PECO ont reçu l’équivalent de 22 milliards de
dollars, soit 12% des flux entrants dans les PVD.

Les pays d’Afrique :

Les flux entrants des IDE en Afrique se sont chiffrés à 18 milliards de dollars en 2004. Ce chiffre
reste identique à celui enregistré en 2003 et plus important que celui enregistré en 2002 (soit 11
milliards de dollars).
Cependant, ces flux entrants restent faibles pour enclencher une véritable dynamique de croissance
dans les pays de cette région du monde. Les flux entrants destinés à cette zone représentent
seulement 7 % du total des flux entrants que reçoivent les PVD et 3% au niveau mondial.

L’IDE dans les pays du sud et de l’est de la Méditerranée :

Les pays du sud et de l’est de la Méditerranée souffrent d’un déficit d’attractivité en matière d’IED.
Ce groupe de pays est resté à l’écart de ces flux d’IDE par rapport aux autres PVD. Ainsi, pendant les
dix dernières années, les pays du sud et de l’est de la Méditerranée n’ont pu attirer en moyenne
annuelle que 4% des flux d’IDE destinés aux PVD. De plus, rapporté à la taille de leur économie, le

7
stock d’IDE dans les pays du sud et de l’est de la Méditerranée apparaît bien inférieur à celui des
autres zones émergentes.
En effet, après avoir franchi la barre de 12 milliards de dollars en 2001, les flux d’IDE à destination
des pays méditerranéens ont chuté à 6,2 milliards de dollars en 2002, pour remonter à près de 9
milliards de dollars en 2003, et cette progression a été essentiellement due à l’accroissement des IDE
vers Israël. En effet, ce pays est le premier récipiendaire des flux des IDE destinés aux PSEM, avec
42% du total des IDE affluant vers ces pays en 2003. De plus, ce pays détient 28% des stocks d’IDE
cumulés par le sud et l’est de la Méditerranée. L’Egypte détient 17% des stocks de ces IDE, la Tunisie
15% et le Maroc 10%.

L’IED européen dans les pays du sud et de l’est de la Méditerranée :

Avec un stock d’IDE de plus de 23 milliards de dollars durant la période 1994-2002, l’UE reste le
principal investisseur dans le sud et l’est de la Méditerranée.
Cependant, si les IDE européens ont enregistré une nette progression dans les PVD pendant la
seconde moitié des années 90, on constate une stagnation, voire diminution de ces flux destinés à la
rive sud et est de la Méditerranée, puisque ces pays ne drainent que 6% de l’ensemble des IDE
européens destinés aux PVD, et cela malgré l’existence des accords d’association liant ces pays à
l’UE.
De plus, la répartition des IDE européens demeure inégale entre les PSEM. En effet, en 2002 l’UE
représente 80% des IDE en Turquie, 75% au Maroc (95% en 2001), 75% en Tunisie (86% en 2004) et
environ 30% en Egypte.

Situation de l’IED au Maroc :

S’appuyant essentiellement sur le programme de privatisation, le Maroc a reçu entre 1993 et 2003,
un stock d’IED équivalent à 14 milliards de dollars soit une moyenne annuelle de 1,3 milliards de
dollar : en 2004, en termes de flux, le Maroc n’a pu drainer que 0,12% des flux circulant dans le
monde, et seulement 0,32% des IDE européens sortants. Quant à l’année 2003 et grâce aux
opérations de privatisation, le Maroc a pu drainer 0,73% des flux circulant dans le monde et 0,62%
des flux européens sortants.
Aussi faut-il noter qu’en dehors des opérations de la privatisation, le flux annuel des IDE européens
pour la même période, c'est-à-dire, entre 1993 et 2003, ne dépasse pas les 500 millions de dollars.
Pour illustrer cette instabilité en termes des flux des IDE à destination du Maroc, une simple
comparaison entre les flux d’IED reçus par le Maroc en 2002 et en 2003 révèlera le rôle exceptionnel
que jouent les opérations de privatisation dans l’augmentation des flux d’IED destinés au Maroc.
En effet, en 2002 les IDE reçus par le Maroc n’ont atteint que 587 millions de dollars, soit une baisse
de 82% par rapport à 2001, année où ces IDE avaient représenté un montant record de 3,25 milliards
de dollars.

8
Cette forte diminution des flux d’IED est principalement liée à l’arrêt presque total du processus de
privatisation en 2002. En revanche, l’année 2003 a enregistré une nette augmentation des flux d’IED à
destination du royaume notamment grâce aux opérations liées au processus de privatisation, puisque
le montant de ces flux d’IED s’est chiffré à 2,326 milliards de dollars, soit une forte augmentation de
74% par rapport à 2002. S’agissant de l’année 2004, on constate une chute de 60,78% de ces flux
d’IDE par rapport à 2003 : cela confirme le rôle exceptionnel que jouent les opérations de privatisation
dans l’augmentation des recettes des IDE reçus par le Maroc.

Les IDE au Maroc (en millions de Dhs)


Année 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
IDE en
millions 2050,6 3320 4170 11477 4420 16260,7 4997,7 32486,1 5875,8 23256,9 9119,9
de Dhs
Source : tableau conçu à partir des données de l’office des changes

1. La situation de l’IED au Maroc comparée à celle des pays partenaires


méditerranéens (PPM)5:

Le Maroc occupe la 5e place des PSEM, en termes de stock des IDE (avec 14 milliards de dollars).
La Turquie occupe la première place du stock des IDE des PSEM avec 35,188 milliards de dollars,
suivi d’Israël (avec 33,081 milliards de dollars). L’Egypte se situe en troisième position (avec 20,902
milliards de dollars), suivi de la Tunisie, qui se trouve au quatrième rang (avec 16 milliards de dollars).
En termes de flux, le positionnement du Maroc par rapport aux PSEM diffère d’une année à l’autre.
Ainsi, en 2003, le Maroc s’est positionné au 2e rang avec un montant de 2,325 milliards de dollars, soit
l’équivalent de 32,61% de l’ensemble des flux reçus par l’ensemble des PSEM.
En revanche, en 2002, le Maroc a occupé la 6e place en tant que récipiendaire de flux d’IDE au niveau
des PPM avec un montant de 587 millions de dollars, ce qui représente 7% des flux reçus par ce
groupe de pays. En 2004, le Maroc a reçu l’équivalent de 11% des flux des PSEM, soit une chute de
27% par rapport à 2001, année où le Maroc a réalisé le chiffre record de 3,2 milliards de dollars,
notamment grâce aux opérations des privatisations.

2. L’IED au Maroc par rapport à la FBCF :

La faiblesse de la FBCF, moteur de la croissance économique du Maroc, fait de l’attraction des IDE,
un enjeu majeur pour le Maroc. (en 2003, la FBCF représentait 23,5% du PIB)

5
Les pays partenaires méditerranéens sont : le Maroc, l’Egypte, la Turquie, la Syrie, les Territoires palestiniens, le Liban, la
Jordanie, l’Algérie, et Israël. Trois pays ont changé de statut dans leurs relations avec l’union européenne, et ne relèvent
désormais plus réellement de la logique définie à Barcelone : Chypre et Malte sont devenus membres à part entière de l’UE en
Mai 2004 ; et la Turquie qui bénéficie de statut de candidat à l’adhésion à l’UE et ses relations avec cet ensemble européen
sont dans ce contexte très différentes de celles des autres PSEM : la Turquie est également intégrée à une union douanière
avec l’Union Européenne depuis 1996.

9
S’agissant de la contribution des IDE à la FBCF, elle connaît des fluctuations d’une année à l’autre : la
part de ces IDE dans la FBCF va plus que doubler entre 1994 et 1997, passant de 3,56% à
18,04% puis chutera à 2,81% en 1998 et à 5, 86% en 2000.
Il faudra ainsi attendre 2001 pour que les IDE portent leur part à près de 38,05% dans
l’investissement global, avant de céder leur part aux investissements marocains pendant l’année
2002, puisqu’ils n’ont représenté que 6,44% de la FBCF(soit un recul de l’ordre de 31,5 points par
rapport à 2001).
En 2003, les IDE ont représenté 23,63% de la FBCF (soit une progression de 17,19 points par rapport
à 2002, et toujours grâce aux recettes des opérations de privatisation), sans pour autant atteindre son
niveau élevé enregistré en 2001.
Cependant, il faut noter que la faiblesse de la part des IDE dans la FBCF peut être en partie due au
fait que ces IDE financent de moins en moins l’établissement de nouvelles activités. En effet, ces IDE
visent de plus en plus l’acquisition des entreprises existantes (notamment les entreprises de l’Etat) ou
des licences d’exploitations.

3. L’IDE par rapport au PIB au Maroc :

Si la part des IDE dans la FBCF est faible, puisqu’elle ne représente qu’une moyenne de 13%
durant la période (1994-2003), cette part reste encore plus faible rapportée au PIB. En effet, si le ratio
IDE/PIB a atteint un niveau record en 2001 avec 8,48% du PIB (grâce notamment aux opérations
exceptionnelles de privatisation), la moyenne annuelle n’a cependant pas dépassé 1,08% sur la
période 1994-2003.
IDE par rapport à la FBCF et au PIB (en millions de Dhs)
Ratio IDE/FBCF Ratio IDE/PIB
Années IDE FBCF PIB (en%) (en%)
1994 2 050,60 57 503 279 296 3,56 0,73
1995 3 320 62 899 276 878 5,27 1,19
1996 4 170 64 775 319 635 6,43 1,3
1997 11 477,40 63 600 318 000 18,04 3,6
1998 4 420 76 369 343 000 5,78 1,28
1999 16 260,70 81 896 343 000 19,85 4,74
2000 4 997,70 85 422 354 000 5,86 1,42
2001 32 486,10 85 375 382 879 38,05 8,48
2002 5 875,80 91 142 410 067 6,44 1,41
2003 23 256,90 98 380 437727 23,63 5,32
Source : tableau conçu à partie des données de l’office des changes.

En somme, les IDE n’ont participé à la FBCF en moyenne durant la période 1998-2003 qu’à hauteur
de 16%. (et si on exclut les opérations de privatisation, ce pourcentage se réduit à 6%)

10
Quant au ratio investissement IDE/PIB, on constate que la moyenne annuelle de ce ratio au cours
de la période 1998-2003 est de 3,27%. (En dehors des opérations de privatisation, ce pourcentage ne
représente que 1,40%)

L’IDE européen au Maroc :

Afin de crédibiliser la création d’un espace de libre échange et de transformer la transition


structurelle de l’économie marocaine en aubaine, l’intensification des flux des IDE européens et
l’amélioration de leur efficacité, figurent parmi les principaux objectifs que le Maroc visait en
s’engageant dans un processus d’association avec l’UE.
En effet, la réduction du fossé béant des disparités économiques entre le Maroc et l’UE, la
consolidation de la modernisation de l’économie marocaine, la dynamisation de l’offre productive
marocaine, le renforcement de la compétitivité et de la croissance économique du Maroc, et l’appui
aux restructurations que doit subir l’économie marocaine, restent tributaires d’un afflux massif des IDE
européens. Ces IDE doivent incorporer plus de technologies, de savoir-faire et de capital et doivent
chercher à se positionner sur des créneaux porteurs de l’économie marocaine.

L’IDE européen par rapport à la FBCF et au PIB au Maroc :

En comparaison avec la période antérieure à l’accord d’association Maroc/UE, il s’avère que l’IDE
européen n’est intervenu qu’à hauteur de 14,42% durant la période 1998-2003. Sans les opérations
de privatisation, ce pourcentage ne serait que de l’ordre de 4,37%.
De même, au niveau du ratio «IDE européen/PIB », on constate que la moyenne annuelle de ce ratio
durant la période 1998-2003 s’élève à 3,27%. En dehors des opérations de privatisation, la moyenne
annuelle ne représente que 1%.
Ces indicateurs statistiques démontrent clairement, par ailleurs, la faiblesse du taux moyen de
l’investissement global du Maroc, qui reste stable et ne dépasse pas les 22%. De même, l’intervention
de l’IDE européen dans l’investissement total reste limitée et connaît des fluctuations d’une année à
l’autre.
IDE européens au Maroc par rapport à la FBCF et au PIB
Année IDE européen FBCF PIB IDE européen IDE européen
en millions de FBCF PIB
Dhs
1998 2707 76 369 343 000 3,54% 0,78%
1999 12 888,1 81 896 343 000 15,73% 3,75%
2000 4262,8 85 422 354 000 5% 1,2%
2001 30 441,5 85 375 382 879 35,65% 7,95%
2002 4063,2 91 142 410 067 4,45% 1%
2003 21 645 98 380 437727 22% 4,95%
Source : tableau conçu à partir des données de l’office des changes.

11
Evolution des IDE au Maroc avant et apres la signature de l'accord
d'association maroc UE

3000
2500
2000
1500
1000
500
0
1980 1990 1995 1998 1999 2000 2001 2002 2003

Source : graphique conçue à partir des données de l’office des changes.

Globalement, il ressort de l’analyse de la répartition des IDE européens au Maroc pendant la


période 1998-2003 (c’est-à-dire, après la signature de l’accord d’association Maroc-UE) que :

• La France et l’Espagne demeurent les principaux investisseurs européens au Maroc. La


France reste le principal investisseur européen au Maroc avec un montant de 40 906,6
millions de Dhs (soit 53,81% de l’ensemble des flux d’IDE européens au Maroc pour la
période 1998-2003), sachant que pour l’année 2004 les IDE français représentent 71,36% de
l’ensemble des IDE européens au Maroc et 50% du total des IDE au Maroc. C’est la situation
qui prévalait avant la signature de l’accord d’association.
Quant à l’Espagne, elle occupe la seconde place avec 22 703,3 millions de Dhs, soit 29,87%
de la totalité des flux des IDE européens pour la période 1998-2003.
Pour les pays européens considérés, on constate effectivement que leurs IDE installés au
Maroc sont caractérisés par leur faiblesse au cours de la période 1998-2003. Ainsi, les IDE
portugais ne dépassent pas les 7 740,1 millions de Dhs, soit 10,18% de la totalité des IDE
européens. Les IDE allemands représentent 2 971,4 millions de Dhs, soit 3,90% de l’ensemble
des IDE européens. L’Angleterre représente 2,60% de la totalité des IDE européens, avec un
montant de 1 974,3 millions de Dhs.

• Le manque d’une stratégie européenne en matière des IDE européens destinés au Maroc. On
constate effectivement l’absence d’une vision communautaire concernant l’orientation des IDE
européens vers le partenaire marocain, ce qui veut dire que la promotion des IDE européens
au profit du partenaire marocain n’occupe pas une place centrale au sein de ce processus du
partenariat. En effet, le Maroc ne représente pas une cible de la stratégie d’implantation des
firmes européennes. Les FMN européennes sont appelées dans le cadre de l’accord
d’association à destiner au Maroc des IDE horizontaux et non des IDE verticaux, puisque ces
derniers ne reposent pas sur le transfert de la totalité de la chaîne de valeur commune.
Effectivement, ces IDE verticaux ne portent que sur le transfert de certains segments de cette
chaîne, ceux pour lesquels l’économie marocaine offre des avantages absolus de

12
localisation ; c’est la logique qui a été suivie par les investisseurs européens au Maroc. Cette
logique est cantonnée à des secteurs en perte de vitesse en Europe, à faible valeur
technologique et réclamant une main d’œuvre abondante et peu qualifiée. Il faut également
souligner que les IDE européens destinés au Maroc, dans l’état actuel des choses, sont
inscrits dans le cadre de la division internationale du travail. Cette division ne conduit pas
nécessairement à un partage figé des rôles : le hardware au Maroc, le software en Europe.

• le Maroc peut paraître attractif à un moment donné (grâce aux opérations de privatisation,
conversion de la dette extérieure en investissement), ou présenter quelques atouts (en termes
de coût de la main d’œuvre, proximité du marché européen, stabilité politique), mais il ne
réussit pas à capitaliser sur les opérations déjà réalisées, en attirant de nouveaux
investisseurs européens de façon spontanée. En effet, en dehors des opérations de
privatisation, les flux des IDE européens destinés au Maroc restent marqués par leur faiblesse
et leur irrégularité. Ainsi, cette absence de consolidation des acquis en termes de flux des IDE
européens ou autres implantés au Maroc mène à une évolution en dent de scie, résultat de
ces flux. (Comme le montre le graphique ci-dessous).

IDE européens au Maroc


ANNEE 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
IDE 2707 12 887,8 4263,1 30 729,5 4063,2 21 645 6459,2
européen
Source : tableau conçu à partir des données de l’office des changes.

IDE Europeens au Maroc 98 - 04

40000
IDE Européens

30000

20000 IDE Europeens 98 - 04

10000

0
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Année

Source : graphique conçu à partir des données de l’office des changes.

• Les dispositions de l’accord d’association signé entre le Maroc et l’UE, relatives à


l’investissement demeurent assez générales et n’ont pas pour la plupart d’entre eux d’effet
obligatoire immédiat. Les IDE européens ne peuvent pas, dans l’état actuel des choses, s’en
prévaloir directement au Maroc.
Ainsi, la référence aux accords bilatéraux de promotion et de protection des investissements
prévaut. On constate simultanément l’absence d’une vision communautaire et l’absence d’un

13
projet commun entre l’UE et le Maroc concernant les IDE européens : même si l’article 50 (qui
relève du texte régissant l’accord d’association euro-marocain, et qui concerne la promotion et
la protection des investissements européens au Maroc) prévoit la mise en place d’actions
visant à la création d’un climat favorable aux flux des investissements européens, il n’est
cependant toujours pas appliqué.

• De même, l’IDE européen ne semble pas avoir des retombées positives sur la croissance de
l’économie marocaine, en contribuant à une modification de sa structure, en l’orientant de plus
en plus vers les secteurs industriel et tertiaire.
En effet et concernant les effets de l’IDE européen sur la croissance de l’économie marocaine,
ces effets ne semblent pas se manifester et ne favorisent pas cette croissance. On constate,
en effet, une polarisation des IDE européens à destination du Maroc sur des secteurs non
entraînants. Effectivement, la croissance fluctue en dehors des IDE européens. Dans ce cas,
la fluctuation de la croissance reste dépendante de la dynamique des exportations ou d’une
bonne année agricole.
De plus, ces IDE européens n’ont eu aucun effet notable en termes de création et de
modification de la structure de l’emploi au Maroc, puisque les créations d’emploi liées à ces
IDE européens ont été très limitées. Cette tendance continue de persister dans un contexte où
la situation de l’emploi s’est dégradée au Maroc. En effet, la population active s’est accrue à
un rythme plus rapide que l’emploi. L’offre additionnelle de travail n’a pas été compensée par
les créations nettes d’emploi et le nombre des chômeurs ne cesse d’augmenter : l’offre de
travail à taux d’activité constante est appelée à s’accroître, en particulier en milieu urbain. De
surcroît, les limites de la croissance à absorber les flux d’arrivée sur le marché de travail,
constituent une source d’inquiétude pour la stabilité sociale du Maroc. Le maintien du taux de
croissance économique au niveau actuel ne pourra absorber qu’une partie de cette offre de
travail supplémentaire, en laissant inchangé le niveau du chômage.
Il faut aussi signaler que les opérations de privatisations sont moins créatrices d’emploi : au
lieu de sauvegarder les emplois existants et permettre la création d’autres, les opérations de
privatisation tendent plutôt à les supprimer.

Tenant compte de ces constatations mentionnées ci-dessus, desquelles il ressort que


les faibles flux et la nature des IDE européens destinés au Maroc (notamment depuis l’entrée en
vigueur de l’accord d’association Maroc-UE en 1996), demeurent incapables d’influencer et de
contribuer à une modification de la structure de l’économie marocaine, nous sommes en droit de
s’interroger sur :

¾ Les causes de cette faible attractivité du Maroc pour les IDE européens ;

¾ Les raisons pour lesquelles l’accord d’association n’a pas joué le rôle d’accélérateur de
l’attractivité du Maroc pour les IDE européens ;

14
¾ Les raisons pour lesquelles le Maroc n’est pas intégré aux stratégies d’implantation des IDE
européens ;

¾ Les raisons qui poussent ces IDE européens à se concentrer dans des secteurs non porteurs
plutôt que de se concentrer dans des créneaux porteurs, ce qui se traduit par un faible impact
de ces IDE européens sur la croissance économique du Maroc, et cela malgré l’existence
d’un accord d’association Maroc-UE.

I Les limites de la dynamique d’attractivité du Maroc :


Face aux flux modestes des IDE européens vers le Maroc et en dépit de l'existence des différentes
dispositions de promotion des investissements, on est en droit de s'interroger sur les raisons qui
maintiennent les flux des IDE européens destinés au Maroc à ce faible niveau.
En effet, on constate l’existence de plusieurs entraves qui entachent l’image du pays et qui le privent
d’une place dans la « short list » des investisseurs européens. Ces obstacles sont de différentes
natures, comme le stipule un investisseur européen installé au Maroc : « Globalement, investir au
Maroc présente peu d’intérêt pour notre groupe, pour les raisons suivantes : 1) l’absence d’un
marché intérieur suffisamment important pour rentabiliser une implantation ; 2) l’absence
d’une main d’œuvre qualifiée et pointue dans notre domaine d’activité (biotechnologie) ; 3) la
difficulté de trouver la matière première nécessaire 4) l’instabilité économique »6.

1 : L'exiguïté du marché local

La taille du marché constitue un énorme obstacle pour le Maroc en termes d'accueil des IDE. En
effet, la taille du marché local constitue un avantage de délocalisation important, comme le souligne Laura
Baeza : « Le marché intérieur est l'un des éléments les plus déterminants de l'attractivité ou
non des investissements étrangers directs… Les pays à faible revenu ne sont attrayants que
s'ils ont une population importante et des perspectives raisonnables de développement »7.

En effet, le Maroc ne compte que 30 millions d'habitants, dont seulement une partie participe
réellement aux circuits de consommation, et comme le souligne M.Fouad Ammor : « Le facteur
d'attirance le plus important de l'IDE d'après la plupart des études réside dans le poids et
l'importance de la demande locale, c'est-à-dire du pouvoir d'achat de larges franges de la
population du pays d'accueil… Les perspectives macro-économiques au Maroc sont
relativement rassurantes, mais entachées par l’absence d’une classe moyenne, entre les
couches pauvres et l’élite, il n’y pas de développement de classe moyenne pour fournir une
demande »8.

6
Pascal Perez et Benedict de saint Laurent : « image de la région MEDA pour les investisseurs », réseau euro méditerranéen
d’Agences de promotion des investissements, n 4, 2005. page 4021.
7
Laura Baeza : la ZLE contribuera t’elle à améliorer l’attractivité des PSEM, document de travail de la direction générale de sud
de la méditerranée. Commision européenne, Bruxelles, Belgique, 2001. page 18.
8
M.F.Ammor : le Maroc dans l’économie mondiale, édition Toubkal, 90. Page 35.

15
Dynamisme du marché domestique
Pays Consommation privée/habitant, Croissance de la consommation
en dollar en 2003 privée 2002-2003
Maroc 877,6 3,2
Tunisie 1727 7,1
Egypte 920,8 2,5
Source : observatoire de la compétitivité internationale de l’économie marocaine 2004

2 : L'insuffisance de l'infrastructure d'accueil :

Parmi les critères d'attractivité des IDE européens figure le niveau de l'infrastructure d'accueil.
Cependant, on constate qu’au Maroc la qualité de l'infrastructure mise en place laisse beaucoup à
désirer. Sur un territoire de 710 850 Km2, le réseau routier ne couvre qu'une partie très étroite du pays
; sa longueur n'est que de 60 000 Km dont seulement la moitié dispose d’un revêtement.
Quant aux voies ferrées (avec 14 lignes représentant seulement 1097 Km de réseau ferroviaire) ; elles
se limitent aux régions côtières et ne dépassent pas Marrakech vers le sud.
S'agissant des infrastructures portuaires, elles sont marquées par la lenteur du service, le coût élevé et
la faible capacité de stockage.
S’agissant du foncier, ce dernier représente une entrave importante à l’investissement. Au-delà du
coût élevé, lié à une forte spéculation, le foncier souffre d’une multiplicité de régimes de propriété qui
complique le processus de cession. L’examen des dossiers des investissements montre que 54% des
problèmes qui retardent l’investissement, restent liés au foncier et aux questions d’urbanisme. Ainsi, la
volonté d’acquérir un terrain appartenant à l’Etat requiert une procédure de 4 mois, ce délai peut
atteindre un an s’il s’agit d’un terrain rural destiné à une activité non agricole. Cependant, il faut
souligner que des actions sont menées pour faciliter l’acquisition ou la location de terrains industriels
(création de zones industrielles).

De plus, les pouvoirs publics montrent certaines insuffisances dans le domaine de financement des
infrastructures, sachant que la nature même des IDE européens impose l’existence d’un système de
télécommunication efficace. Quant aux infrastructures de transport, elles doivent également permettre
une circulation fluide et sûre des flux d’input et d’output, en particulier dans le cadre d’une
généralisation de technologie de production en flux tendus, où les contraintes du temps et la flexibilité
doivent être efficacement gérées.
Des insuffisances dans cet ensemble logistique privent le Maroc d’une place dans la liste des sites
d’implantation potentielle des investisseurs européens.

3 : Les coûts des facteurs de la production :

La faible attractivité du Maroc pour les IDE européens peut s’expliquer par les transformations opérées
au niveau des déterminants des investissements étrangers directs, comme le souligne Bertrand Bellon :

16
« Les multinationales ne sont pas là où la main d'œuvre est moins chère, mais là où le coût du travail est
moins cher ».
En effet, en matière d'électricité industrielle, bien que son offre ait été améliorée depuis 1995, son
prix demeure relativement élevé par rapport aux pays concurrents.

COMPARAISON DES TARIFS ÉLECTRICITÉ A USAGE INDUSTRIEL, EN CENTIMES /KWH, 99


(HORS TVA) ENTRE LE MAROC ET LA TUNISIE
pays Basse tension Moyenne tension Haute tension Très haute tension
Maroc 109,39 103,27 99,19 103,27
Tunisie 54,99 54,19 49,43 54,19
Source : Perspectives économiques en Afrique 2004/2005.

4 : Les lourdeurs administratives :

Les problèmes posés par le poids de l'administration représentent des facteurs dissuasifs de
l'implantation des investissements étrangers.
Deux caractéristiques dominent : lourdeur de procédures qui privent le Maroc d'un nombre important
d'investisseurs potentiels d'une part, et la corruption d'autre part.
Ainsi, les problèmes posés par les lourdeurs de l’administration représentent des facteurs dissuasifs
de l’implantation des IDE européens au Maroc. Pascal Perez et Benedict de Saint Laurent
soulignent : « les investisseurs ne savent pas à qui s’adresser, ils reçoivent des messages et
des informations différentes d’un organisme à l’autre. C’est pourquoi ils se plaignent plus que
les nationaux de l’absence d’un interlocuteur unique dans leurs démarches de choix et de
réalisation de leurs projets »9.

De plus, même si le dispositif d'accueil des investisseurs étrangers s'est renforcé grâce à la création
des centres régionaux d'investissement, réunissant en un seul endroit tous les interlocuteurs
gouvernementaux, les tracasseries et les pesanteurs administratives continuent de pénaliser le
Maroc et lui font perdre chaque année d’intéressantes opportunités en termes d’IED. En effet, au
Maroc, même avec la mise en place des centres régionaux d’investissement, la multiplicité des
intervenants ne facilite pas la tâche aux investisseurs étrangers.
Tenant compte des éléments mentionnés ci-dessus, l’administration constitue un facteur important de
l’initiative privée : sans la confiance et une administration moderne, il serait illusoire de prétendre
garantir un cadre propice à l’investissement, dans un environnement international, où les incitations à
l’IDE, notamment européen, font l’objet de surenchères d’un pays à l’autre.

9
Pascal Pérez et Benedict de Saint Laurent : « image de la région MEDA pour les investisseurs », réseau euro-mediterranéen
d’Agences de promotion des investissements, n 4, paris, 2005. page 64.

17
4-1 : La corruption :

Pour ce qui est de la corruption, un investisseur potentiel ne peut à priori évaluer précisément ses
coûts, ni les conséquences du non-paiement des pots de vin. Un rapport récent de l’OCDE conclut à
partir des données recueillies dans 28 pays que : « plus que la corruption elle-même, c’est
l’incertitude liée à l’instabilité des règles administratives, dont la corruption n’est qu’un
élément parmi d’autres, qui affecte négativement les investissements »10.

Indice de la perception de la corruption au Maroc, en Tunisie et en Egypte


1999 2000 2001 2002 2003 2004
indice rang indice indice rang indice rang indice rang indice rang
sur rang sur sur sur sur sur
99 90 90 102 133 145
pays pays pays pays pays pays
Maroc 4,1 45 4,7 37 4,7 37 3,7 52 3,3 70 3,2 77
Tunisie 5 34 5,2 32 5,3 31 4,8 36 4,9 39 5 39
Egypte 3,3 63 3,1 63 3,6 54 3,4 62 3,3 70 3,2 77
Source: Transparency international, 2004.

5 : La Justice :

L'IDE européen ne s'installera que là où règne la confiance, et cette confiance ne sera acquise que
lorsque cet IED européen se sentira protégé : Cette protection dépend avant tout de l'existence d'une
justice fiable.
Concernant la justice, les investisseurs européens seraient-ils réticents à s’implanter au Maroc à cause
de son système judiciaire ?
C'est le constat que révèle un rapport de la Banque Mondiale, dont le contenu évalue les efforts
du ministère de la Justice dans son vaste programme de modernisation.
Deux volets sont pris en compte : l'objectivité de la justice d'une part, et sa compétence d'autre part.
S'agissant de l'objectivité de la justice marocaine, la critique est double. D'abord, il y aurait une
tendance marquée à juger trop en faveur des nationaux, lorsque des étrangers et des marocains sont en
conflit ; ensuite la seconde critique qui introduit une dimension sociale, porte sur le fait que la justice
marocaine jugerait trop en faveur des employés, lorsque ceux-ci sont opposés à leurs employeurs.
Concernant le deuxième volet portant sur la compétence des juges, il ressort de ce
rapport, que la faiblesse du système judiciaire, réside dans la nature des compétences et de la
formation des juges, chargés de statuer et de rendre des jugements sur des conflits opposants les
investisseurs étrangers aux locaux.

10
Jean Cartier Bresson : « affairisme ; la fin d’un système : comment combattre la corruption ». OCDE, 2001. page 84.

18
6 : la qualité des ressources humaines :

La qualité de la main d'œuvre, sa productivité, sa formation constituent un élément primordial de


localisation pour les IDE européens, comme en témoigne l'expérience des pays Sud-est asiatique. C'est
pourquoi, dans le cas du Maroc, il faut développer la productivité du travail par l'amélioration des
ressources humaines.
En effet, le faible niveau de qualification des ressources humaines marocaines est un véritable handicap
pour la productivité, la rentabilité et la qualité du produit « Made in Morocco ». Ce handicap majeur donne
naissance à des investissements de faible productivité, exploitant une main d'œuvre non qualifiée et
moins coûteuse, et diffusant une technologie peu sophistiquée.
En effet, même si le Maroc bénéficie d’une main d’œuvre abondante et relativement bon marché, et
même si ses salaires apparaissent attractifs pour les IDE européens en comparaison avec ceux des
pays de l’UE, ils ne le sont pas autant que ceux de certains pays du sud et de l’est de la Méditerranée.
Ces salaires ne sont plus considérés comme des éléments essentiels permettant l’afflux massif des
IDE européens, comme l’illustre C.A. Michalet : « il serait alors illusoire de croire que la
compétitivité en matière de coût de la main d’œuvre demeure encore le déterminant majeur de
l’attractivité des IDE »11.

Selon ces constatations, la qualité de la main d’œuvre, sa productivité, sa formation constituent un


axe de localisation important pour attirer des IDE européens, comme en témoigne le cas des pays de
Sud-est asiatique. Le Maroc souffre d’un certain déficit en termes de formation professionnelle. Les
investisseurs européens se plaignent en particulier de la difficulté à recruter du personnel compétent,
essentiellement des techniciens ou du personnel d’encadrement.

Taux d’analphabétisme et dépenses d’éducation au Maroc, Tunisie et Egypte


Taux d’analphabétisme Taux d’analphabétisme Dépenses publiques
pays de la population des des jeunes en (%) des d’éducation (en % du
plus de 15 ans en (%). personnes entre 15 et budget général)
en 2004. 24 ans.

Total homme
femme Total homme
femme
Maroc 47,5 35,2 28,3 21,2 5,2
59,6 35,6
Tunisie 24,8 15,2 4,8 1,6 7,2
34,5 8,0
Egypte 41,5 31,1 27,3 21,7 ___
52,1 33,1
Source : perspectives économiques en Afrique 2004/2005

11
C.A.Michalet : « Les IDE et le développement : l’expérience tunisienne ». in IDE : facteurs d’attractivité et de localisation.
L’harmattan.1997. Page 105.

19
7 : La contrebande et la contrefaçon :

Le Maroc, signataire de l’accord d’association avec l’UE, ne peut plus tolérer chez lui un marché
informel alimenté par la contrebande et consolidé par la contrefaçon, deux points noirs qui entachent
l’image du Maroc, et le privent des IDE essentiels à la mise à niveau de son économie, et pour
assurer la performance de sa croissance économique.
La dépendance de l’économie marocaine par rapport au marché informel représente 30% du PIB
global. Ce secteur a rendu le marché local inefficace, peu compétitif, et a réduit graduellement le
volume des exportations de l’industrie nationale. En effet, le textile et le cuir, à titre d’exemple, qui
attiraient par le passé des IDE européens, ont le plus souffert du développement des articles
contrefaits.
Par ailleurs, le recensement de l’année 2002 a permis de dénombrer environ 30 000 passeurs par
jour, empruntant les voies des enclaves de « Bab Sebta » et « Bab Melilla », et transportant diverses
marchandises12 de contrebande estimées à 1400 Dhs par passage, soit une valeur annuelle totale
avoisinant les 15 milliards de Dhs (soit 1,5 milliards de dollars) pour le seul cas des piétons.
L’analyse de ces chiffres, recoupée avec des agrégats macroéconomiques, révèle une situation
inquiétante pour l’économie marocaine : le montant de 15 milliards de Dhs par rapport à la balance
commerciale représente près de la moitié du volume global des importations légales de biens de
consommation (47%, le quart de la valeur des importations, déduction faite des produits non
concurrencés par la contrebande – céréales, pétrole et biens d’équipement-) et le cinquième de la
valeur des exportations.
De plus, le manque à gagner en matière de recettes fiscales est estimé à 75 milliards de Dhs, ce qui
représente 27% de la masse salariale de la fonction publique : L’utilisation de ce moins perçu fiscal
pourrait permettre la création d’environ 500 000 postes de travail, ce qui suffirait à faire vivre près de
2,5 millions de personnes, compte tenu de la spécificité de la pyramide démographique et de la
composition de la cellule familiale marocaine.
Cependant, le Maroc, encore loin d’enrayer ce fléau à court terme, est sur la bonne voie. Ainsi, pour
atténuer ce fléau, le Maroc s’est doté d’une loi13 contre la contrebande et la contrefaçon, En effet, le
Maroc a réagi en se dotant d’une loi moderne visant à atténuer l’ampleur de ce phénomène, soutenu
par des réseaux assez influents, enracinés dans les grandes villes du Maroc. De ce fait, les autorités
concernées (tribunaux, juges, douanes, police judiciaire) doivent passer à la vitesse supérieure, si
elles ont vraiment l’intention d’endiguer rapidement la vague des produits contrefaits.

12
Ces produits sont vendus moins chers dans les échoppes des marchés parallèles, de Derb Ghallef et d’El-Korea à
Casablanca, et dans le souk El-Bahja à Marrakech, ou encore à Fnideq dans la région de Tétouan, ils n’ont pas eu de mal à
remplacer les fabricants- exportateurs de grande renommée. Par ailleurs, les villes et îles espagnoles proches du Maroc, ainsi
que les enclaves (Ceuta, Melilla), sont devenues des plaques tournantes pour la contrebande, la contrefaçon.
13
Cette loi prévoit des peines envisagées pour les contrefacteurs : d’un mois à deux ans de prison et amendes de 50.000 à
500.000 Dhs. Elle introduit également des avantages pour le propriétaire de la marque en constituant des garanties
d’indemnisation une charge supplémentaire pour les fraudeurs.

20
8 : Les relations contractuelles :

Au niveau de la relation contractuelle, force est de constater que les entreprises étrangères peuvent
se heurter au non-respect de leurs engagements par leurs partenaires marocains, et peuvent alors
éprouver des difficultés à obtenir des juridictions, l’application des contrats conclus dans leur
intégralité.
Face à la faiblesse des flux des IDE européens et à leur impact négligeable sur la croissance
économique marocaine, le Maroc est appelé à renforcer sa capacité d’attractivité des IDE, et plus
particulièrement européens, aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif.
Ainsi, pour bénéficier de l’essor remarquable de ces flux des IDE européens au niveau mondial, le
Maroc a intérêt à surmonter les obstacles qui se dressent face à l’augmentation de ces flux et qui se
résument par :
• Carences de fonctionnement de l’administration ;
• Manque de prise de conscience de l’importance de l’IDE pour l’économie marocaine ;
• Cherté du coût de quelques facteurs de production ;
• Dysfonctionnement de la justice ;
• Insuffisance des infrastructures d’accueil ;
• Lenteur des réformes de seconde génération ;
• Faible niveau de qualification des ressources humaines ;

De plus, les atouts naturels du Maroc (la proximité géographique de l’UE, les coûts bas de la
main d’œuvre), ne semblent plus lui assurer un bon niveau de compétitivité et d’attractivité.
Ainsi, pour remédier à ses défaillances en matière d’attractivité des IDE et essentiellement européens,
le Maroc a entrepris de nombreuses réformes, qui ont été lancées depuis le début des années 90, et
qui ne lui ont pas encore permis jusqu’à présent de figurer sur la « short list » des investisseurs
européens.
De ce fait, pour réaliser l’objectif d’un afflux massif des IDE européens et d’en influencer la nature, le
Maroc doit à la fois renforcer ses conditions préalables et assurer les conditions indispensables au
drainage de l’investissement étranger, surtout européen. Le Maroc est appelé à mettre en place une
politique promotionnelle capable d’attirer des IDE européens visant à la modernisation de son secteur
productif, afin que les entreprises marocaines puissent réaliser des gains de productivité primordiaux
pour faire face à la concurrence étrangère, aussi bien sur le marché local que sur les marchés
internationaux.

II. Les politiques et les perspectives de l’attractivité des IDE européens au Maroc :

Les stratégies visant à attirer les IDE consistent à offrir aux investisseurs un environnement
adéquat, dans lequel ils peuvent réaliser leurs activités de manière rentable sans courir de risques
inutiles.

21
Avec la mondialisation, l’attractivité des IDE devient un enjeu primordial que doivent surmonter les
pays du sud et de l’est de la Méditerranée dont le Maroc fait partie.
Cette attractivité devient une composante de plus en plus essentielle dans la compétitivité des
nations, dans la mesure où cette attractivité porte sur la capacité d’un espace national à attirer les
IDE, à les consolider et à faire appel à d’autres.
Partant de ce constat, le Maroc est appelé à renforcer sa capacité d’attraction de flux des IDE
européens, afin de figurer sur la « Short List » des investisseurs étrangers. Les frontières qui
délimitent l’ensemble des pays figurant sur cette liste ne sont pas figées à tout jamais ; elles sont au
contraire en mouvement constant.
Dans cette perspective, il est impératif pour le Maroc de bien identifier les facteurs qui peuvent
renforcer son attractivité, non seulement en remplissant les conditions nécessaires de l’attractivité,
mais aussi, en offrant des avantages de localisation compétitifs. Les exigences d’une concurrence
acharnée entre les pays du sud et de l’est de la Méditerranée ainsi que les impératifs d’une insertion
de l’économie marocaine dans l’économie mondiale, grâce à son partenariat avec l’Union
européenne, imposent au Maroc la mise en place des conditions nécessaires de l’attractivité de ces
IED européens, ainsi que la mise en œuvre des politiques actives de promotion des IED.
Cette construction est fonction non seulement du potentiel du pays, mais elle est aussi fonction, des
changements dans la stratégie de localisation des IDE européens. La mondialisation est un
phénomène dynamique qui remet en cause sans cesse les acquis ; et comme le soulignent Bertrand
et R.Gouia : « comprendre la dialectique de la mondialisation revient à accepter que les
avantages de la localisation soient construits et non pas donnés »14.
En effet, le véritable enjeu pour le Maroc consiste à identifier les facteurs qui peuvent renforcer son
attractivité. Cela passe par la mise en place des conditions nécessaires à l’attractivité, et la
construction des avantages de localisation compétitifs. Cela passe aussi par le renforcement des
organes de promotion des IED, par la mise en œuvre d’un ensemble de réformes et de programmes
dont l’objectif ultime est de surmonter les difficultés liées à l’investissement et de renforcer les atouts
du Maroc dans le cadre d’une politique volontariste d’attraction des IED européens. Du point de vue
des investisseurs européens, les opportunités offertes par une économie dynamique ne peuvent être
saisies que dans la mesure où les activités de ces investisseurs peuvent se dérouler sans entraves.
Ainsi, nous allons passer en revue les différents mécanismes mis en place par le Maroc afin de
promouvoir les IDE européens. La deuxième partie sera consacrée aux différentes mesures et
stratégies que le Maroc doit définir pour rendre son territoire plus dynamique et plus attractif pour les
IED européens dans le cadre de ce partenariat euro- marocain.

1 Les politiques d’attractivité des IED :


La promotion des IED a été l’un des objectifs de la politique économique au Maroc. Dans les
années quatre-vingts, les problèmes d’ajustement avaient conduit le Maroc à entreprendre un vaste
programme de restructuration de son économie. Ce programme visait le redressement des équilibres

14
Bertrand et R. Gouia : IDE et développement industriel. Economica 1997. Page 58

22
fondamentaux, le renforcement de l’épargne, l’amélioration des investissements et l’accroissement de
la compétitivité de son appareil de production. A la suite de cette décennie de mutations importantes
et souvent ardues, l’économie marocaine est parvenue, dans une certaine mesure, à assainir ses
comptes et à sauvegarder son potentiel de croissance.
Ainsi, les principaux leviers d’action de ce programme se sont matérialisés par la redéfinition des
choix de la politique économique, le désengagement de l’Etat et le démantèlement des restrictions
aux échanges extérieurs. Les nouveaux choix ont transformé l’environnement de l’économie nationale
et les règles du jeu des agents économiques. Ces choix ont incité les décideurs, les financiers et les
producteurs privés à rechercher un nouveau mode de fonctionnement, en tenant compte des
exigences de la concurrence et de la compétitivité mondiales.
L’ouverture du marché marocain à l’IDE et essentiellement à l’investissement européen, impliquait un
retrait de l’intervention de l’Etat et une réduction de la taille du secteur public. Cette réduction a
commencé depuis le début des années 90 et elle se concrétise par des programmes de privatisation
des entreprises publiques, ouverts aux investisseurs étrangers. En effet, le recul de l’intervention
étatique s’est traduit par l’abolition du système des prix administrés, l’ouverture des échanges, la
flexibilité du marché du travail, la convertibilité de la monnaie avec le renforcement de l’ancrage à
l’euro suite au réaménagement du panier de cotation du dirham en 2001 et la liberté de mouvement
des capitaux. Ce dernier point constitue un critère décisif dans les décisions d’implantation des firmes
européennes. Du point de vue de l’investisseur européen, les opportunités offertes par une économie
dynamique ne peuvent être saisies que dans la mesure où les investisseurs européens peuvent
réaliser leurs activités sans entraves. Ainsi, la stratégie marocaine visant l’amélioration de l’attractivité
du pays consiste en :

• L’amélioration de la stabilité du cadre macro-économique.


• La réforme du cadre législatif, réglementaire et institutionnel de l’IDE au Maroc :
L’assainissement de l’environnement juridique des affaires joue un rôle capital dans la
stratégie de promotion et l’amélioration de l’image du Maroc auprès des investisseurs
européens. L’action des pouvoirs publics s’est concrétisée dans ce domaine par :

9 Les réformes d’ordre législatif : la mise en place d’une charte sur les
investissements, l’adoption des incitations fiscales en faveur des investisseurs,
l’adoption d’un code de travail qui s’inscrit dans le cadre de l’instauration d’un climat
favorable aux investisseurs, l’adoption d’un texte sur la concurrence qui réglemente
les pratiques anti-concurrentielles.
9 Les réformes d’ordre institutionnel et réglementaire : notamment de la mise en place
de la commission interministérielle des investissements, dont le rôle consiste à
faciliter l’implantation des IDE au Maroc et à promouvoir le pays, la réforme du
secteur financier et monétaire, le programme de privatisation, l’adhésion aux
conventions internationales sur les investissements, la mise en place d’organismes
de promotion des IDE, notamment européens, dont les principaux sont : la direction

23
des investissements extérieurs et les centres régionaux d’investissement. D’une
manière générale, l’activité de la DIE, des CRI et de tous les organismes chargés de
la promotion des IDE européens, est d’autant plus efficace que l’environnement local
est favorable aux affaires. En d’autres termes, l’amélioration de l’attractivité réelle du
Maroc constitue dorénavant la condition préalable d’une activité efficace de
promotion. La DIE, les CRI doivent prendre conscience de l’importance du marketing
territorial, du ciblage des secteurs et des investisseurs et du suivi des investisseurs
déjà présents au Maroc. Cela passe par le développement d’une image plus
attractive du pays au sein de l’UE. Il faut aller chercher les investisseurs européens
dans leurs pays d’origine, leur faire connaître les dispositifs des organismes
marocains chargés de la promotion du pays, les impliquer dans l’élaboration de ces
dispositifs afin de mieux connaître leurs suggestions et leurs attentes, et ne pas
limiter la stratégie d’attraction de ces IDE à l’organisation de simples foires
folkloriques qui n’aboutissent pas à accroître les flux de ces IDE européens. Hormis
la France qui est bien implantée au Maroc, les autres pays de l’UE ne considèrent
pas systématiquement le Maroc comme un lieu d’opportunités. Il ne s’agit plus de
vendre une image abstraite ou de rêve, mais de présenter clairement les atouts
d’attractivité du Maroc par rapport aux pays concurrents.

Ainsi, il ressort de ce qui précède que, malgré l’importance des réformes citées ci-dessus et
l’ampleur des efforts nécessaires pour les réussir, l’attractivité du Maroc pour l’IDE européen demeure
en-deçà des attentes. Aussi, cette faiblesse persiste, et cela malgré l’existence de l’accord
d’association Maroc-UE. Le pays paraît incapable de retenir les IDE déjà implantés. Le Maroc est
donc appelé à procéder à la mise en place d’autres actions, afin de compléter les réformes
précédemment citées, et de le rendre plus attractif pour les IDE européens.

Maroc : Flux sortant des IDE (en millions de dollars)


Année 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Flux 20 18 58 97 28 12 31
sortants
Source : tableau conçu à partir des données du manuel des statistiques de la CNUCED 2004

2 Les perspectives de l’attractivité de l’IDE au Maroc :

Pour rendre le pays plus attractif pour les IDE européens, en dehors des opérations de
privatisation, et pour accéder à la « short list » des investisseurs européens, le Maroc doit renforcer à
la fois les conditions préalables23 à son attractivité et procéder à la mise en place des conditions
nécessaires24 qui déterminent son adhésion au groupe des pays recevant le plus d’IDE européens à
l’échelle planétaire. Ainsi, le Maroc est appelé à s’engager au déploiement d’une politique active de
promotion de l’IDE européen.

24
Dans ce cadre, il est impératif pour le Maroc de bien identifier les facteurs qui peuvent améliorer son
attractivité, non seulement en remplissant les conditions préalables et les conditions nécessaires au
drainage des IDE européens, mais aussi, en offrant des avantages de localisation compétitifs.
Cette politique de promotion des IDE européens, appelle des mesures plus vigoureuses, et à certains
égards mieux ciblées, visant l’amélioration du climat global des IDE européens au Maroc. Cette
politique exige l’élaboration de lois et des politiques concernant à la fois la propriété intellectuelle, la
bonne gestion de l’entreprise marocaine, la transparence de la fiscalité, le développement des
relations de travail et le développement technologique et sectoriel, afin de mieux répondre aux
besoins des investisseurs européens. On constate effectivement que les réformes de seconde
génération sont encore inachevées, voire bloquées. Il est donc nécessaire d’accélérer les réformes
structurelles visant notamment à faire prévaloir la concurrence, la sécurisation des transactions et le
développement du système financier.
De plus, les facteurs attractifs des IDE européens ne reposent plus sur les incitations fiscales ou les
bas salaires : la stratégie d’attractivité marocaine a démontré ses limites, comme en témoignent
l’évolution et la structure des IDE européens destinés au Maroc.

Ainsi, les facteurs déterminants structurels les plus importants, résident dans l’amélioration des
conditions générales du climat de l’IDE, en agissant directement sur son environnement global. Le
Maroc est donc appelé à mettre en œuvre une politique ciblée et bien définie, visant à améliorer les
atouts dont il dispose, et à remédier aux défaillances touchant le monde des affaires aussi bien
national qu’international.
En effet, la mise en œuvre de cette politique s’avère aujourd’hui d’une nécessité impérieuse, puisque
d’après des études portant sur l’attractivité des différents pays en matière d’IDE, le Maroc se trouve
classé dans le troisième groupe, celui des pays potentiels, c’est-à-dire, ceux qui pourraient accéder à
la « Short List », s’ils arrivaient à améliorer les « conditions nécessaires à l’attractivité ».

Cette amélioration de l’attractivité du Maroc n’est possible que si ce dernier procède à :

¾ Remédier à l’étroitesse du marché local, grâce à son insertion dans le cadre d’une
dynamique régionale (notamment une intégration économique maghrébine)

¾ Mettre à niveau les ressources humaines et renforcer les compétences et les qualifications de
la main d’œuvre marocaine. Cela passe par une formation massive de la population et par la
lutte contre l’analphabétisme plutôt que de soutenir les bas salaires ;

¾ Créer des bureaux de la direction des investissements extérieurs et des centres régionaux
d’investissement dans les aéroports ;
¾ Instaurer la carte des investisseurs européens ;
¾ Promouvoir le marketing territorial au Maroc
¾ Étendre les responsabilités de la DIE et des CRI au suivi des investisseurs européens ;

25
¾ Réaliser des études ciblées par type d’investissement ;
¾ Lutter contre la corruption et promouvoir la transparence ;
¾ Intégrer des entreprises marocaines au sein des entreprises réseaux européennes ;
¾ La mise à niveau des entreprises marocaines ;
¾ Attirer les investissements européens à forte valeur ajoutée ;
¾ Développer des bases de données fiables sur l’environnement d’investissement au Maroc ;
¾ Accélérer les réformes structurelles (réformes de l’Administration, du système éducatif, de la
justice...) ;
¾ Se doter d’une infrastructure moderne en matière de transport routier, maritime, ferroviaire et
aérien, ainsi que le développement des télécommunications et l’aménagement de nouvelles
zones industrielles ;
¾ Accélérer le processus de conversion de la dette extérieure marocaine en investissement, et
son élargissement à l’ensemble des pays de l’UE ;
¾ Garantir les avantages promis au départ par les organismes marocains de promotion des
investissements et qui ne sont pas appliqués ;
¾ Promouvoir les IDEE à vocation exportatrice au Maroc, afin d’éviter que ce dernier ne
s’éloigne de l’économie mondiale ;
¾ Eviter les situations d’enclavement où les liens entre les entreprises européennes et locales
sont limités ;
¾ Dynamiser le rôle de la diplomatie économique dans les pays de l’UE ;
¾ Intégrer les initiatives de promotion des IDEE dans les stratégies de développement plus large
et ;
¾ Agir ensemble dans le cadre d’un partenariat axé sur « l’investissement pour le
développement ». Ce type d’investissement est susceptible d’aider le Maroc à accroître sa
capacité productive, et à faire partie intégrante de l’économie mondiale. Cela passe par un
réel engagement de l’UE en tant que véritable partenaire. Si une intégration active aux
stratégies des firmes européennes est tributaire des efforts que doit fournir d’une manière
générale le Maroc sur le plan de ses stratégies économique et sociale, l’UE est également
interpellée à plusieurs niveaux : l’UE, ne peut agir en tant que véritable associé, dans le cadre
de cet accord d’association, qu’en procédant à l’établissement de véritables bases de
partenariat avec le Maroc, visant essentiellement au renforcement du tissu productif marocain.
Cela passe par une réelle intensification des flux des IDE européens vers le Maroc. L’UE est
appelée à opter pour une politique à l’égard du partenaire marocain, dont l’objectif est
l’augmentation des flux des IDE européens, créateurs d’emplois et de croissance réelle, et
susceptibles de contribuer aux efforts de déploiement et de restructuration profonde que
subira le tissu productif marocain. De plus, ces IDE européens doivent jouer un rôle majeur
afin de crédibiliser la création de ZLE. Ces IDE doivent contribuer à faire de la transition que
subira l’économie marocaine, vers 2010, une véritable aubaine, notamment grâce à une
meilleure canalisation de ces flux des IDE européens, dans le cadre d’une politique intégrée

26
et cumulative, visant la consolidation du tissu productif marocain. Cela peut se concrétiser à
travers :
o Le financement des projets communs d’infrastructures profitant à l’IDE européen,
notamment dans le cadre de cet accord d’association Maroc-UE.
o Le rapprochement des systèmes institutionnels et légaux.
o Le rapprochement des normes industrielles et des critères d’appréciation ;
o L’assurance d’un traitement spécial et différencié des IDE européens en faveur du
Maroc, dans le cadre de cet accord d’association ;
o La valorisation des ressources humaines marocaines et le transfert de technologie ;
o L’augmentation de la productivité et du rendement du travail au sein des entreprises
marocaines ;
o Faciliter l’accès des entreprises marocaines aux marchés internationaux, dont les
FMN européennes restent les principaux acteurs.

La question de l’attractivité des IDE européens au Maroc, notamment dans le cadre de l’accord
d’association Maroc/UE, reste un sujet d’actualité. Le renforcement de l’attractivité des IDE
européens, synonyme d’une intégration de l’économie marocaine dans l’économie mondiale, est
encore tributaire de la volonté de chaque partenaire (marocain et européen) de consolider cette
attractivité.
Dans ce sens, notre travail a essayé d’apporter des réponses à cette problématique de l’attractivité
des IDE européens, notamment dans le cadre de l’association Maroc/UE.
Ainsi, ce travail nous a permis de constater, qu’en dehors des opérations de privatisations, les flux des
IDE européens restent modestes et qu’ils se positionnent sur des créneaux non porteurs de
l’économie marocaine. Cette tendance risque de se poursuivre, et ce, malgré l’engagement du Maroc
et de l’Union européenne dans un processus de partenariat.
En effet, plusieurs années se sont écoulées depuis la signature de l’accord d’association Maroc/UE et
depuis que la déclaration de Barcelone a fixé le cadre général d’une intégration plus poussée entre
l’UE et les PSEM (dont le Maroc fait partie), sans que les attentes du Maroc ne se concrétisent. Le
Maroc comptait attirer et profiter dans le cadre de cet accord d’association avec l’UE, des flux d’IDE
européens importants permettant son insertion dans l’économie mondiale. Cependant, si l’accord
d’association a d’abord soulevé de grands espoirs, il inspire aussi régulièrement désillusions et
critiques. On peut avancer que l’UE a proposé à Barcelone une nouvelle vision, sans se donner
ensuite les moyens de la réaliser.
Ainsi, contrairement aux attentes, les IDE européens dans le cadre de cet accord d’association, ne se
sont pas intensifiés. Le Maroc n’a pas pu jusqu’à présent, prendre part à l’expansion considérable des
IDE européens au niveau mondial.

De ce fait, des facteurs internes mais aussi externes sont certainement responsables de cette
faiblesse de ces flux des IDE européens, destinés au Maroc. Ces facteurs expliquent pourquoi les

27
espoirs placés dans l’accord d’association quant à l’amélioration de l’attractivité de l’économie
marocaine vis à vis de ces flux d’IDE européens, ne se sont pas matérialisés.
S’agissant des facteurs internes, on peut avancer que la stratégie marocaine de l’attractivité de ces
IDE européens, repose sur des facteurs artificiels et fragiles.
En ce sens, cette stratégie d’attractivité dépend des facteurs qui ne sont pas déterminants dans le
choix actuels de localisation des FMN européennes (subvention à l’implantation, des cadeaux fiscaux,
bas salaires…). Cette stratégie souffre de la persistance des lacunes de l’environnement des affaires.
Ces lacunes continuent de dissuader sérieusement l’implantation des IDE européens au Maroc
(lourdeurs administratives, l’insuffisance de l’infrastructure d’accueil, coût élevé des facteurs de
production…)

Concernant les facteurs externes, la structure « centre-périphérie » de cet accord d’association, ne


joue pas en faveur d’une expansion des flux des IDE européens en faveur du partenaire marocain. Le
concept du partenariat n’est pas parvenu à contrecarrer la dialectique Nord-Sud, au profit d’une
relation entre véritables partenaires. En effet, dans son état actuel, l’accord d’association euro-
marocain correspond à un accord d’association basé sur des relations bilatérales, et non pas
multilatérales, notamment en ce qui concerne un dossier important tel que celui des IDE européens.
On constate effectivement que cet accord d’association souffre de l’absence d’engagements explicite
de la part de l’UE (en tant que bloc) permettant d’harmoniser et d’améliorer l’afflux des IDE européens
à destination du Maroc.
De plus, la redéfinition des priorités extérieures de l’UE, dans un contexte régional de plus en plus
sensible, rend désormais, l’augmentation des flux des IDE européens vers le Maroc, incertaine.
L’Europe est davantage préoccupée par son élargissement aux PECO, par la consolidation et par la
transformation en cours de ses institutions, que par le développement de son partenariat avec un
pays du sud de la Méditerranée comme le Maroc. En effet, les moyens et les instruments mis en
œuvre par l’UE dans le cadre de l’accord d’association, ne sont pas à la hauteur des enjeux de
l’instauration de la ZLE euro-marocaine.
De ce fait, on constate d’une part, que la mise en œuvre des objectifs de l’accord d’association
Maroc/UE, reste marquée par sa lenteur, et d’autre part, qu’il n’y a pas de grands changements dans
la structure et le profil des IDE européens destinés au Maroc. Ces IDE continuent à se diriger vers des
secteurs à faible valeur ajoutée, ce qui fait que les effets d’entraînement de ces IDE européens sur le
tissu productif local, restent globalement faibles à ce stade.

Or, sans un véritable engagement de l’UE, visant au soutien du système productif marocain, afin
qu’il puisse surmonter les difficultés de la transition vers la ZLE (notamment à travers l’afflux des IDE
européens destinés à renforcer les secteurs porteurs de l’économie marocaine et à soutenir la
diversification de la structure de l’économie marocaine), l’application de cet accord d’association
risque de souffrir de plusieurs déséquilibres. Ces déséquilibres risquent de miner la cohérence de
l’établissement de la ZLE et le soutien du système productif marocain.

28
Ainsi, un accord d’association ne peut reposer seulement sur l’idée de libre échange. Il doit aussi
comprendre des éléments d’intégration profonde allant au-delà des seuls principes de la libéralisation
des échanges et cherchant à construire peu à peu une communauté de valeurs et de comportements.

Dans ce sens, la ZLE euro-marocaine ne doit pas être une fin en soi, mais plutôt un moyen
d'élargir et de consolider la coopération entre les deux partenaires (Maroc/UE). Cette consolidation
de la coopération est susceptible de :

ƒ réduire les disparités sociales et économiques qui persistent entre le Maroc et l’UE ;
ƒ permettre au partenaire marocain, d’atteindre le plus rapidement possible, un niveau de
développement lui permettant à la fois de s’insérer dans la dynamique de cette
mondialisation, et d’éviter qu'il ne reste en marge à la fois d'une nouvelle économie fondée
sur la connaissance et d'un nouveau système d'échanges multilatéraux . Certes, l’accord
d’association Maroc/UE prévoit une aide technique et financière pour l’harmonisation des
législations, et pour la mise en place des organismes et des infrastructures de normalisation,
dans le but de permettre au Maroc, de profiter pleinement d’un afflux massif des IDE
européens, mais il n’oblige pas formellement l’UE à agir dans ces domaines.

Partant de ce constat, l’IDE européen, dans le cadre de cet accord d’association, est appelé à
contribuer à la création d’emplois, et à constituer le fondement de toute croissance transmise par
l’ouverture progressive vers la ZLE : La ZLE est une possibilité, mais elle suppose des
transformations internes, structurelles, continues. La transition vers la ZLE n’est pas un acquis, mais
c’est la seule issue qui permettra au Maroc de s’intégrer dans l’économie mondiale. Cette transition
vers la ZLE sera probablement très difficile et coûteuse, et seul un véritable appui de l’UE, à travers
un afflux massif d’IDE européen, permettra le renforcement et la consolidation des efforts fournis par
le Maroc, afin de réussir la restructuration de son économie. En effet, les IDE européens restent un
élément primordial, par lequel les mutations que connaît le système productif marocain, en vue de
l’instauration de la ZLE, peuvent se concrétiser. La réussite de la transition vers la ZLE dépend du
type et de la dynamique de ces flux des IDE européens.
Dans ce contexte, si l’IDE européen dans le cadre de l’accord d’association Maroc/UE est bien
canalisé, et s’il s’inscrit dans le cadre d’une politique intégrée et cumulative, il sera un stimulant pour
la valorisation du système productif marocain.

En effet, cette consolidation du système de production marocain grâce aux IDE européens, doit
viser à la formation des ressources humaines marocaines ; l’ouverture technologique et l’amélioration
de la productivité du travail, restent des conditions préalables, susceptibles de permettre à l’économie
marocaine de s’insérer dans cette économie de savoir. Le nouveau modèle cognitif accentue les
clivages et les déficits du Maroc par rapport aux pays industrialisés européens. Dans le contexte de la
mondialisation, au-delà des ressources financières qu’ils apportent, les IDE européens contribuent de
façon déterminante à l’accès du Maroc aux technologies, au savoir-faire et à l’amélioration de l’accès

29
des produits marocains aux marchés internationaux. C’est donc un objectif important de l’accord
d’association, que de chercher à encourager les IDE et de faire en sorte que les entreprises
européennes considèrent le Maroc comme une extension de l’espace de production de l’UE.

Cependant, il faut souligner que ces IDE européens ne sont pas en eux-mêmes synonyme de
croissance et de bien-être. Effectivement, ces IDEE ont tendance à fournir des opportunités, qui
reposent essentiellement sur les capacités de l’économie marocaine à les saisir, en se réformant et en
se modernisant. Quel que soit le niveau de la contribution de l’IDE européen à la dynamisation de
l’économie marocaine, il ne doit pas être considéré comme une alternative à l’investissement national.
Cet IDE européen doit être appréhendé comme un complément de la dynamique intérieure. Ce sont,
en effet, l’investissement national et la dynamique nationale, qui font fonction d’appel de
l’investissement étranger.
De ce fait, la réussite des IDE européens à soutenir les efforts de modernisation et de diversification
de l’économie marocaine, dépendra avant tout de la nature des politiques menées, afin de consolider
l’attractivité du Maroc. C’est à ce niveau que l’accord d’association prend ici tout son sens. Il s’agit,
dès lors, de saisir la portée et de tenter de tirer le maximum de l’afflux des IDE européens.
En effet, le Maroc ne pourra bénéficier d’entrée massive d’IDE européens (en dehors des opérations
de privatisation), sans l’adaptation d’une action résolue, destinée à renforcer ses capacités attractives
pour ces IDE européens (des flux incorporant plus de transferts technologiques, de savoir-faire
organisationnel…)
De même, le renforcement de l’attractivité du Maroc et l’atténuation de ses insuffisances, restent
tributaires de la mise en place d’une stratégie volontariste, permettant au pays de s’assurer du
drainage de flux importants d‘IDE européens, notamment dans le cadre de cet accord d’association
Maroc/UE. Cette stratégie volontariste en matière d’attraction des IDE européens permettra au Maroc,
de faire face à la vive rivalité et à la rude concurrence que se livrent les PSEM, pour capter ces flux
d’IDE européens destinés au sud de la Méditerranée.
Ainsi, pour réussir le défi de figurer sur la « short list » des investisseurs européens, le Maroc est
appelé à explorer les gisements d’attractivité dont il dispose pour qu’il puisse devenir une zone de
prédilection de ces investisseurs.

Dans ce sens, il incombe au Maroc de procéder à une relance rigoureuse des réformes
structurelles, visant l’amélioration du climat des affaires. Cela passe par :
ƒ la poursuite de la stabilisation du cadre macro-économique ;
ƒ l’amélioration du fonctionnement de ses institutions ;
ƒ l’achèvement et la mise en œuvre des réformes de seconde génération qui se trouvent
bloquées, suite à la résistance de certaines composantes (réforme de l’administration,
réforme de la justice, réforme de législation touchant l’environnement des affaires,
valorisation des ressources humaines marocaines, le développement des systèmes financier
et bancaire marocains …) et,

30
ƒ l’adoption de politiques proactives pour la mutation de l’environnement national et
international, grâce à la mise à niveau du système de production marocain et à la
réanimation du projet d’intégration de l’UMA.

Ces conditions qui constituent un préalable incontournable à la consolidation de l’attractivité du


Maroc, doivent être soutenues par l’IDE européen. En effet, dans le cadre de cet accord d’association,
l’IDE européen est appelé à combler les déficits des ressources, et à remédier aux insuffisances
technologiques qui risquent d’entraver la compétitivité de l’économie marocaine. Cela ne sera
possible que si les flux des IDE européens vers le Maroc, s’inscrivent dorénavant dans le cadre d’une
stratégie permettant l’évolution du système productif marocain, pour passer d’une structure de
production de faible valeur ajoutée à une structure de production à plus forte valeur ajoutée, aux
compétences plus élevées et à la technologie plus élaborée.

En somme, tous ces éléments nous ont conduit à suggérer que la stratégie d'insertion régionale de
l’économie marocaine, notamment par le biais de l’accord d’association avec l'UE, reste le meilleur
des choix possibles pour le Maroc, compte tenu des relations déjà importantes avec l’UE. Même
si le partenariat euro-marocain souffre de lacunes, il constitue cependant une base qui, améliorée et
amendée, peut fournir un cadre de coopération efficace entre l’UE et le Maroc. En effet, cet accord ne
peut être synonyme de réduction de l’écart de développement économique entre les deux associés
(Maroc et l’UE), et d’atténuation des effets négatifs de la ZLE, que s’il est doté de moyens financiers
(essentiellement les IDE européens), susceptibles de renforcer la compétitivité des structures de
production marocaines, notamment dans les secteurs qui dominent les échanges régionaux, et qui
permettent de développer davantage l’intégration régionale de l’économie marocaine.
Ainsi, les objectifs recherchés par le Maroc, ne peuvent se concrétiser qu’à travers l’enclenchement
d’une procédure visant la réforme de cet accord, dans un sens permettant à la partie marocaine de
disposer d’une large marge de manœuvre concernant la gestion d’un énorme dossier, qui n’est autre
que la part et la nature des flux des IDE européens destinés au Maroc. L’une des fonctions de
l’association renforcée entre l’UE et le Maroc, est de construire et de diffuser un signal, fondé sur des
mesures visibles, susceptibles d’entraîner une progression sensible des IDE européens destinés au
Maroc.
C’est pourquoi dans le cadre de cette association renforcée, les IDE européens sont appelés à
renforcer les capacités de l’économie marocaine dans des domaines dont le Maroc est resté jusqu’à
présent à la marge de la compétitivité mondiale.
Désormais, c’est dans ces domaines pour lesquels, le Maroc souffre de réels handicaps, et qui
correspondent aux domaines de la RD, des sciences et technologies, de la formation des
ressources humaines marocaines, de l'environnement, des télécommunications, et des
transports, que les bases solides d'une véritable coopération renforcée entre le Maroc et l’UE,
pourraient être trouvées. Effectivement, cette coopération renforcée, dont l’objectif primordial devra
être l’afflux massif des IDE européens vers le Maroc est en mesure de contribuer à dépasser les
logiques du court terme, qui n'ont pas permis jusqu’à présent de consolider l’économie marocaine, mais

31
qui ont accru au contraire les inégalités et les ruptures, alimentant ainsi le sentiment d’incertitude de la
partie marocaine. Il est évident que c’est à l’aune des progrès qui seront réalisés dans ce vaste
chantier de promotion des IDE européens en faveur du Maroc (à la fois par le Maroc et par l’UE), que
se concrétiseront les avancées du processus euro-marocain, vers l’instauration d’un véritable
partenariat de prospérité partagée, puisque dans son état actuel, l’accord d’association Maroc-UE, ne
constitue qu’un guichet de plus, aux ressources limitées, dans le dispositif global d’aide au
développement.

32
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SIGLES :

ZLE : Zone de Libre Echange

PPM : Pays Partenaires Méditerranéens

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OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

CNUCED: Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

FMN: Firmes Multinationales

PSEM: Pays Sud Est de la Méditerranée

PIB: Produit Intérieur Brut

MEDA: Méditerranée Assistance

UE: Union Européenne

PVD: Pays en Voie de Développement

CRI: Centre Régionaux D’investissements

DIE: Direction des Investissements Extérieurs

RD: Recherche Développement

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