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REPUBLIQUE D’HAITI

MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE ET DE LA FORMATION


PROFESSIONNELLE
DIRECTION DE L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

MODULE DES SCIENCES SOCIALES


SECONDAIRE IV

Décembre 2010

Orientation du module
Ce module sert de mise en situation pour l’ensemble du programme de la quatrième année du
nouveau secondaire. Il propose une approche détaillée des différents chapitres à étudier.

Le libellé des compétences terminales démontre que les démarches historique et analytique sont
considérées dans chacune de ses parties et dans l’ensemble, dans le but d’en favoriser
l’apprentissage. Ainsi, l’élève apprendra à établir des hypothèses, à critiquer et à analyser les
points de vue des auteurs. En effet, ils feront eux-mêmes de l’histoire ; ils seront actifs et
l’enseignant deviendra un guide pour établir les orientations et assurer le progrès du travail de
l’apprenant. Ainsi, la véritable relation pédagogique établissant la Relation Maitre/Élève,
Élève/Maitre, Élève/Élève en vue de favoriser une éducation de qualité basée sur le
développement des compétences appropriées au niveau des sciences sociales, conformément à la
philosophie de l’éducation haïtienne.

Thème : De la période de désoccupation à l’avènement de Paul Eugene Magloire au


pouvoir (1934-1957)
Compétence terminale :
Analyser la politique gouvernementale haïtienne au cours de la période allant de (1934 à
1957) en insistant sur ses différentes formes de manifestation à travers les gouvernements.

Compétences spécifiques :
Faire ressortir les principales caractéristiques de la vie sociopolitique durant la période de
1934-1957 en analysant les divers faits sociaux de l’époque.
Examiner les principaux éléments caractéristiques du pouvoir politique haïtien de 1934 à
1957 et les gouvernements se succédant durant cette période.
Placer la révolution de 1946 dans son contexte en tant que décision sociopolitique du
gouvernement de Dumarsais Estimé.
Expliquer les circonstances sociopolitiques nationales qui ont conduit Dumarsais Estime au
pouvoir

I- La situation sociopolitique d’Haïti


De toute évidence, le système haïtien n'a pas pu survivre à travers 160 ans de vie nationale sans
passer par de nombreuses crises. En effet, 31 chefs d'État se sont succédés dont 23 ont été renversés
avant la fin de leur mandat et 20 constitutions ont été élaborées pendant ce laps de temps. Une telle
instabilité chronique a inspiré ce commentaire sévère d'un homme d'État américain du siècle
dernier, à savoir qu'Haïti « est une nuisance publique à nos portes». Encore que ces agitations de
surface dissimulent une remarquable résistance du système lui-même qui n'a été que partiellement
altéré durant les décades antérieures.

1.2.- les catégories de crises dans la vie du système


La plupart des crises ont en effet eu, comme principal objectif le changement de I’ appareil
gouvernemental, comme résultat de la rivalité entre les deux tendances prédominantes de I’ histoire
politique du pays. D'un coté, nous trouvons I’ élite à peau claire se présentant comme étant libérale
alors qu'en réalité, par tradition, elle était plutôt politiquement autocratique, économiquement
conservatrice, socialement exclusiviste et culturellement pro-européenne. Une fois parvenue au
pouvoir, cette élite a représenté les intérêts de I ‘oligarchie urbaine et riche. D'un autre coté,
opposée à cette hégémonie traditionnelle, se dresse une coalition conduite par I’ élite noire. Bien
qu'elle sort socialement progressiste, car elle a besoin de conserver une certaine solidarité avec les
classes moyennes et les masses en utilisant le dénominateur commun de la couleur, cette coalition
était aussi politiquement autocratique, idéologiquement autoritaire, mais économiquement mi-libérale
mi-dirigiste et culturellement nationaliste. Aucune des deux tendances ne s'est montrée capable ou
a manifesté le désir de rompre avec le système lui-même, mais les deux ont lutté pour le contrôler a
leur propre bénéfice individuel"
Quand les circonstances s'y prêtaient, on pouvait enregistrer des tentatives progressistes pour
rénover le système, soit lorsqu'il se produisait, une poussée à I’ intérieur de I’ oligarchie urbaine
pour développer le secteur industriel comme, par exemple, sous Giffard et Sage au 19 siècle;
soit, le plus souvent, lorsque l’on considérait I’ appui - et bien entendu, les revendications des
masses assez importants pour assurer la victoire d'une coalition noire, comme par exemple lors de
I’ accession de Salomon à la présidence en 1879 ou celle d'Estime en 1946.
A de rares moments, quand une crise menaçait sérieusement le système, un compromis était
recherché entre l’élite métisse et un mouvement noir (à noter qu'une telle entente était provisoire et
seulement tactique à cause des réserves de celui-ci), afin d'affronter et de réprimer un « danger » : tel
fut le cas en 1843-1844, quand un leader paysan, Acaau, a tenté de réaliser une révolution agraire
indépendante par la voie des armes ; un autre exemple est fourni lorsque des puissances étrangères
interviennent, soit parce qu'elles sont sollicitées ouvertement, soit en accord tacite avec I’
oligarchie métisse, comme ce fut le cas de l'occupation d'Haïti par les marines américains à la suite
d'une crise générale, étendue de 1910 à 1915, qui avait créé dans le pays les conditions chaotiques et
préoccupantes aboutissant à une situation d'anarchie, (P-S.- ou 80 ans plus tard avec l'invasion du
pays en 1994 demandée officiellement par le président déchu Jean-Bertrand Aristide pour son
retour au pouvoir avec ses amis politiques lavalassiens de gauche alors unanimes)

1.3.- Les effets de l’occupation américaine sur le système


L’occupation américaine de 1915 a 1934 avait pour but principal de remettre de I'ordre dans le
système traditionnel tombé en anarchie, mais seulement en le réanimant, en le réactivant et en le
renouvelant par une opération de ravalement en quelque sorte. A cette fin, elle s'est appliquée
surtout à stabiliser le système politique en désarmant la population, en reformant la police-armée sur
des bases non politiques mais techniques et professionnelles. Elle a recherché la stabilisation
administrative en introduisant des améliorations embryonnaires mais réelles dans les services
publics, particulièrement dans te domaine de la santé, I ‘élite métisse traditionnelle ramenée au
pouvoir afin de lui faire récupérer sa suprématie. s'orientait vers la transformation d'une de I’
enseignement et des travaux publics. Elle a entrepris d'établir la stabilité sociale par une politique qui
tout en favorisant la paysannerie à initier au processus d'américanisation. En exploitant les
dislocations créées par la première guerre mondiale, elle a recherché la stabilité économique en
substituant I ‘influence américaine à I’ européenne dans les domaines de la production, de la
banque et du commerce. Elle a voulu la stabilité financière a travers un système fiscal qui assurait
que le pays remplissait, en priorité, ses obligations financières `à l'égard de ses créanciers plutôt que
mettre I’ accent prioritairement sur son engagement a moderniser en développant de nouveaux
secteurs et de nouvelles techniques de production dans ce dernier domaine elle fit plutôt preuve
d'une certaine timidité face a la résistance habilement « nationale » des dirigeants du statu quo. Enfin,
en imposant un taux de change fixe entre le dollar et la gourde haïtienne, elle a obtenu la stabilité
monétaire.

L’Occupation américaine a été un succès très relatif dans toutes ces entreprises, mais elle a laissé
intacte la structure du système. A cet égard, il est significatif que, dans la plupart des régions, les
paysans étaient au début astreints aux corvées pour les travaux publics; dans d'autres, ils étaient
dépossédés de leurs terres au profit de compagnies haïtien-américaines qui voulaient réintroduire le
système de plantations dans les plaines, associant dans une entreprise commune, le grand capital
américain et une participation financière symbolique du coté haïtien. II est tout aussi significatif
que les Américains ont écrasé le mouvement nationaliste paysan en utilisant des armes lourdes
modernes, alors que le nationalisme urbain dont le langage était susceptible d'être mieux compris
se voyait finalement satisfait dans ses revendications.

3- le comité exécutif militaire et l’élection Dumarsais Estimé


3.1.- La révolution de 1946 et le gouvernement de Dumarsais Estimé
3.1- l’échec répété du système reformé
Le processus d'haïtianisation s'est épanoui avec le départ des fusiliers marines en 1934, mais il a
rapidement conduit a des échecs répétés en ce qui concerne la reforme du système. Le président
Vincent a vite fait de légaliser la dictature avec la Constitution de 1935, laquelle a permis !e retour
du pouvoir personnel. En 1937, ii n'a pas su faire résoudre a I ‘avantage du droit, de la morale et de
I’ intérêt national, la tragédie de I’ assassinat de quelques 20.000 paysans haïtiens qui avaient émigré
en République Dominicaine : il a préféré la paix des lâches a défaut d'une impossible paix des
braves - sa défense était qu'il n'avait pas de choix - et la coexistence dérisoirement monnayée avec
son voisin, le dictateur Trujillo pourtant reconnu comme étant responsable du massacre. Le
successeur de Vincent, Elie Lescot, un ami aussi bien de Washington que de Trujillo, a renforcé
l’autocratie renaissante par un sectarisme encore plus drastique : son régime a d'un coté, assure
L'oligarchie mulâtre et la jouissance du monopole d'un pouvoir exclusiviste et de I ‘autre, aux
entreprises américaines le droit d'exploiter des produits stratégiques indispensables a I’ effort de guerre
(par exemple le projet de culture de la cryptostegia utile pour la production du caoutchouc), en ne
pourvoyant pas aux conséquences du risque d'épuisement de terres fertiles dans plusieurs
régions du pays sans compensation réparatrice.

3.2- le ressentiment noir et la révolution de 1946


La dite « révolution de 1946» était, en fait, une explosion démocratique, nationaliste et sociale.
A la base, nous trouvons une accumulation de ressentiments des classes moyennes urbaines noires et
la mauvaise gestion de L'oligarchie mulâtre exclusiviste, auxquels il faut ajouter les doléances de
certains leaders de gauche et de centre la grande puissance impérialiste <*Revenue en fait le patron
unique. Mais, en toile de fond, il faut en évidence une protestation générale contre la pauvreté
et I’ abandon durs de la seconde guerre mondiale, engendrant un climat de revendications, recherche
de la liberté et du mieux-être économique et social. Duvalier était a cette époque, un homme de
1946 de I ‘aile dure, réclamant, en référence le slogan de « la révolution oniriste», le plus grand
bien au plus grand nombre.

3.3- Le gouvernement d’Estimé et le réformisme malaisé


Sous la pression des idées révolutionnaires et afin de consolider « les conquêtes de 1946 », après
avoir vainement tenté d'obtenir une certaine compréhension du coté américain, et malgré I ‘hostile
de Trujillo, le gouvernement d'Estimé a exploité les tendances favorisant l'économie de I
‘après-guerre pour engager le pays vers une rénovation réformiste. II a encouragé I’
établissement d'un groupe d'entreprises nationales a initier une législation pour accorder la
sécurité sociale et la protection des travailleurs ; il a fait voter la loi sur le salaire minimum ; il a
développé le tout en finançant la construction d'hôtels et en organisant I ‘exposition internationale
de 1949-1950; il a stimulé I’ établissement de nouvelles industries en appel a l'investissement
étranger, mais aussi au capital local. De jeunes Haïtiens ont reçu des bourses pour se perfectionner a
I’ étranger; avec I’ aide des organisations étrangères et des organisations Internationales, il a
lancé des projets de développement économique, social et culturel. La libération financière des
pays a été obtenue avec le paiement de I’ emprunt américain de 1922, le conseiller financier
américain et zaïrianisation totale de la Banque Cent dessus tout, il a renforce le statut de l'homme noir
promu au niveau de part entière. Le système a du relever un défi: sa rénovation sous les
recommandations d'un leadership noir qui s'est efforcé d'introduire de nouvelles mesures
progressistes sans détruire sa structure de base.
Le gouvernement d'Estimé a pris la précaution de maintenir les dans des positions de commande a
partir desquelles ils ont tire des avantage travers le contrôle de la machine économique et leur
expérience sur ce qui concerne les activités du secteur des affaires. Par exemple, ils sont les
bénéficiaires des grands travaux de I’ exposition Internationale de développement du
tourisme, laissant a des associés affairistes noirs I’ exploitation scandaleuse de la figue-banane. Cette
politique a deux volets, ou bipartisane, a cependant entraine de curieux effets dans la mesure ou
les partisans des classes moyennes noires sont satisfaits des positions qu'ils détenaient, se sont
montrées fort peu intéressées ou malhabiles a consolider leur nouveau progrès politique par des
améliorations économiques en s'adonnant a des activités lucratives, principalement d'ordre
commercial, le facies du « bord restant quasi-intact. Au contraire, ils ont simplement tiré des
profits prospères des affaires, grâce auquel ils ont formé une nouvelle classe de noirs aisés en
compétition avec les riches mulâtres. C'est dans ce contexte qu'ii faut comprendre le scandale de
la figue-banane auquel il vient d'être fait allusion et qui a mine une Industrie prometteuse.
Malgré l'interdiction constitutionnelle, les estimâtes ont tenté d'obtenir la réélection de leur chef.
Mais, en dépit de sa popularité, la politique modérée d'Estimé ne pouvait pas lui garantir son maintien
a la tête du pays. En outre, ses partisans n'ont pas démontré au pouvoir une sensibilité civique
tranchée, nettement supérieure aux yeux du peuple, a celle des mulâtres lorsqu'ils gouvernaient
égoïstement sous Lescot. Certains intellectuels s'étaient si intensément impliques dans I’ étude du
vodou comme religion populaire, que les prêtres catholiques ont dénoncé leur attitude comme un
exemple typique de la confusion entre le criminologue et le criminel. Les partisans des classes
moyennes étaient opportunistes et ambitieux, mais aussi indisciplines. Ceux des classes basses se
montraient zélés et bruyants voire démagogues, mais ils manquaient d'organisation et des moyens de
combat. Le secteur des affaires, demeure politiquement hostile, attendait I ‘heure de la revanche. En
outre, la préoccupation gouvernementale de mériter L’amitié des Etats-Unis l’a porte à se montrer
prudent à I’ égard de Roulon Betancourt (considéré, a I ‘époque, par la droite comme un dangereux
gauchiste) qui I’ aurait pourtant aidé à neutraliser leur ennemi commun, Trujillo, et a rétablir te
rapport des forces dans la Caraïbes en faveur de la « gauche démocratique ».

3.4- le coup d’état de Magloire


La situation a rapidement empiré car des difficultés se sont présentées. L'offensive pour la réélection
a pris une allure populacière anti-démocratique. L'opposition de gauche a servi de marchepied à
('opposition de droite. En effet, il y eut une certaine synchronisation entre d'une part, un
mouvement mené par des doctrinaires sociaux-chrétiens et socialistes représentant des groupes
modérés de I’ élite sociale, de I’ autre coté les protestations de ('association des étudiants et des
syndicats au radicalisme réchauffé par la gauche idéologiquement marxiste ou marxisante. Estime
a combattu ces derniers non seulement a cause de leur radicalisme a courte vue, mais aussi parce que
la politique du gouvernement requérait un certain compromis politique, car il avait besoin d'apaiser les
Etats-Unis dont il attendait, ou au moins espérait une assistance financière. Toute cette agitation a créé
des conditions permissives pour un coup d'État militaire inspiré par L'oligarchie traditionnelle que la
perte du monopole exclusif du pouvoir politique avait laissée insatisfaite.
Duvalier, ancien secrétaire-général du Mouvement des Ouvriers et des Paysans (MOP) lequel avait
été créé par Daniel Fignolé, un leader impétueux et haut en couleur des masses populaires de
Port-au-Prince, avait été Ministre du Travail et de la Sante du gouvernement d'Estimé. A partir de
sa position ministérielle, il avait pu observer comment l'opposition sénatoriale a la réélection d'Estimé
liée a I’ activisme des étudiants et des ouvriers, avait offert a l'oligarchie traditionnelle qui n'avait
d'ailleurs pas manque d'exploiter les rivalités internes du gouvernement pour le partage du pouvoir,
une opportunité pour porter a la présidence un colonel noir très connu, Paul Magloire, l’homme
fort de I ‘armée dont I’ intervention avait été en fin de compte déterminante pour l'accession
d'Estimé a la présidence en 1946.
Le gouvernement d'Estime a été renverse par un coup d'état militaire à un moment ou il jouissait
d'une grande popularité dans les classes moyennes et dans les masses. L'armée a confie le pouvoir
a son chef en qui I'oligarchie traditionnelle, avec enthousiasme, a reconnu un Messie ; le clergé
catholique a trouve en lui un appui opportun ; I’ ambassade américaine I'a considéré comme un
garant sur de I'ordre établi; et la fraction opportuniste des classes moyennes, un sauveur pour les
sortir de I’ éclipse totale qui les aurait englouties si un élément plus orthodoxe de L’oligarchie
mulâtre était parvenu a la présidence. Duvalier s'est vaillamment oppose au coup, mais il a été un
témoin impuissant de la situation et il n'a jamais oublie la leçon qui s'en dégageait. Toute son
aventure personnelle postérieure en a été marquée.

Travail d’Elève

Produire un texte de douze lignes (15) avec des commentaires appropriés sur les implications
directs des élites nationales dans la vie politique durant la période de 1937-1957.

Produire un texte de réflexions de vingt lignes (20) avec des commentaires appropriés sur les
limites les divers paramètres qui entouraient ces gouvernements.
Produire un texte de douze lignes (15) avec des commentaires appropriés sur les divers facteurs
de la révolution de 1946 et ses impacts sur la vie nationale.

Thème : De la période de désoccupation à l’avènement de Paul Eugene Magloire au


pouvoir (1934-1957) (suite)

Compétence terminale :
Analyser les faits sociopolitiques qui sont à la base de l’échec du gouvernement de Magloire
tout en appréciant l’état des relations diplomatiques d’Haïti durant la période de 1937-
1957.

Compétences spécifiques :
Mettre en relief les grands aspects de la vie sociopolitique d’Haïti qui expliquent l’échec du
gouvernement de Paul E. Magloire

Expliquer la situation diplomatique d’Haïti pendant la période de 1937-1957 à partir de


certains faits.

Identifier actes les diplomatiques d’Haïti a cette période.

4- L’échec de l’expérience de Magloire (1950-1956)


-La dictature militaire et le rétablissement de l’ordre social
Pendant le règne de Magloire, la vie politique a été entièrement dominée par un dictateur qui, aide
d'un chef de police noir tout puissant et un groupe de jeunes officiers mulâtres intolérants et
ambitieux, avait prétendu établir un régime d'équilibre entre les couleurs et les classes. Mais le vent
avait tourne décidemment en faveur de L’oligarchie traditionnelle exaltante et festive du retour des
bonnes affaires.
En réalité, ce régime dit de balance égale a introduit quelques fort visibles changements par
rapport a celui auquel il s'est substitue : le changement du climat politique, la réapparition de
figures politiques influentes de la période d'avant 1946 ; l'alliance conclue avec Trujillo ; une
collaboration étroite avec des hommes d'affaires américains dont certains se sont révélés des
aventuriers des contrats et de la finance; le retour d'influence des clubs exclusivistes.
Néanmoins, I ‘élite traditionnelle a été obligée de tolérer quelques noirs promus par la révolution de
1946 et qui avaient rejoint un Magloire protecteur.

- le problème de la succession et la candidature de jumelle


Le problème de la succession allait se poser à un Magloire qui ne s'était pas fait une opinion
définitive sur cette échéance. Apparemment, il laissait faire son serviteur empressé et
politiquement intéressé, Clément Jumelle, jeune ministre des Finances, a la personnalité
séduisante mais ambivalente, qui s'est appliqué a préparé sa candidature, avec la tolérance sinon
('approbation de Magloire. II s'est entoure d'une équipe formée de jeunes techniciens, d'industriels,
de commerçants amis, de professionnels libéraux et de politiciens venus aussi bien de l'élite que
des classes moyennes. Bien qu'il se soit montré plus préoccupé par sa candidature que par la
nécessité de mettre fin a la mauvaise administration économique - financière surtout - du pays,
Jumelle n'hésitait pas a confier que son futur gouvernement, au contraire de celui que pourtant il
était en train de servir, attaquerait sérieusement et systématiquement le problème lie a
('organisation et a ('exploitation des ressources du pays en vue d'un développement économique
rationnel.

- le renversement de Magloire et l’émergence de Dénoie et Duvalier


Le président a délibérément balayé toutes les chances de succès de Jumelle, pourtant son dauphin
présumé, en lui assenant le coup mémorable de ('accusation de « mangeur de mulâtre », et en tentant
un coup d'état original a la fin de son mandat. Sa tentative insensée de garder le pouvoir de fait en
démissionnant pour se retrancher ensuite derrière sa position de chef de I ‘armée, a échoué a cause de
la résistance de I ‘opinion publique mobilisée par deux candidate, les 2 « D »s : Dénoie et Duvalier,
et par d'autres leaders indépendants qui avaient réagi centre les excès avilissants du régime.
L'élimination de Magloire a, une fois de plus, suivi le schéma traditionnel: détérioration des
relations avec Trujillo, essai inconstitutionnel de garder le pouvoir, contacts établis avec
l'ambassade américaine, opposition sénatoriale synchronisée avec la grève des étudiants, des
ouvriers, des employés de commerce et même des employés publics, et intervention de jeunes
officiers de I’ armée afin de hâter le départ de leur ancien chef avec I’ espoir d'éviter le pire.

Travail d’Elève

Elaborer un texte de vingt lignes pour mettre en relief les faits sociopolitiques expliquant
l’échec du gouvernement de Magloire.

Produire un texte de vingt lignes sur l’état actuel de la diplomatie haïtienne en


comparaison avec la période de 1937-1957.

Thème : La situation économique et sociale d’Haïti de 1934 à 1957

Compétence terminale :
Evaluer la situation économique et sociale sous les gouvernements de Sténio Vincent à Paul
Eugene Magloire
Compétences spécifiques :
Mettre en relief les différents faits qui ont contribué à l’amélioration de la situation sociale
et économique d’Haïti de 1937 à 1957.

Exposer les tentatives de relance économique sous l’occupation américaine et les


gouvernements d’Estimé et de Magloire

Faire ressortir les traits caractéristiques de la corruption et de la récession au sein de


l’économie haïtienne sous le gouvernement de Magloire.

2- Stabilité administrative, sociale et financière de la période


2.1- Le boom économique et technique sous Magloire
Héritant de I’ élan et des améliorations de base enregistrées sous le gouvernement d'Estime, le
gouvernement Magloire a coïncidé avec un âge d'or technique et économique marque par un
certain nombre de facteurs: Encouragement aux investissements; Expansion du tourisme; I’
ouverture de nouveaux marches offrant de meilleurs prix pour le café sur le marche international; I’
expansion de I’ équipement et des machines; I’ établissement d'un système modem de transport;
I’ accroissement de la participation du secteur public dans I’ investissement; des progrès
enregistres dans les domaines de I’ éducation et de la sante. Cette courte période de relative prospérité
que la CEPAL n'a pas hésité a qualifier de « boom », a produit une détente telle que le président-
général s'est senti assez puissant pour se permettre d'apparaitre comme un libéral « civilise
», « grand seigneur» : c'état un buveur de whisky et un amateur de femmes; un admirateur des
techniciens ; un promoteur de manifestations, et un amoureux de décorations; un homme qui
s'est complu a commémorer les grandes prouesses des fondateurs de la nation et, par-dessus
tout, un Play boy sans rival. Encore que derrière cette apparence publique sympathique et festive,
se dissimulait le régime d'un homme fort (Cancon fer) qui savait comment maintenir des
masses dans I’ obéissance, Ides opposants en respect et le pays dans ('oppression.

3- La corruption et la récession
Le caractère le plus marquant du régime est Carta de saisir tous Ides avantages de la vie facile
tout en ignorant Ides problèmes, ou en rendant Ides entreprises étrangères responsables,
dans la mesure ou elles jouissaient de grands pouvoirs a condition de partager Ides profits. La
construction du barrage de Pellagre par des firmes américaines, dont le cout avait été estime par
['Export Import Bank a US$ 14 millions, a finalement coute 31 millions, sans compter la
centrale électrique qui, jusqu'a maintenant, n'a pas été érigée. Les scandales entourant
la construction de routes par des compagnies étrangères ont aussi caractérise la mauvaise
administration et ides gaspillages du régime de Magloire. Ce fut le règne de la corruption.
Mais ('absence de solution aux problèmes du pays a entraine des conséquences, car I’
insatisfaction a gagne toute la population et a discrédite la gestion gouvernementale. Le « boom
» a pris fin et, tout de suite âpres, le cyclone Halez, particulièrement dévastateur a frappe le
pays ; a cette occasion, Ides fonds d'assistance reçus pour venir en aide aux sinistres ont été
détoures par des officiels du gouvernement au profit de lieurs plantations et de leur villas,
fraiches et agréables, surplombant Port-au-Prince: ce scandale a achève de condamner le régime
de Magloire dont une « petite junte » d'officiers mulâtres favoris froissait% susceptibilité des
noirs

Travail d’Elève
Produire un texte de vingt lignes sur la situation socioéconomique des haïtiens sous le
gouvernement de Vincent, après le départ des américains

Suite à des recherches appropriées, présenter un exposé par groupe de cinq, dans lequel vous
apprécierez les efforts de ces gouvernements pour relancer l’économie nationale.

Définir les concepts « corruption » et « récession » tout en faisant ressortir leur point
ressemblance et de dissemblance

Thème :
De l’ère Duvaliérienne, la présidence à vie.

Compétence terminale :
Apprécier les diverses formes de manifestation des actes de gouvernements des Duvalier.

Compétences spécifiques :
Identifier les causes fondamentales et occasionnelles de l’accession de François Duvalier au
pouvoir.
Faire ressortir les effets immédiats de la prise de pouvoir de Duvalier à travers le
traitement infligé aux forces traditionnelles nationales.
Mettre en relief les inquiétudes sociopolitiques auxquelles confronte la société haïtienne
face aux actes de Duvalier.

1.- L’accession de Duvalier à la présidence.


Les turbulences de la crise de 1956-1957.
La crise de 1956-1957 a marqué un retour aux vieilles traditions de I’ époque d'avant I’ occupation
américaine. Au cours de cette brève période, Haïti a épuisé, L'une après l’autre, toutes les formes de
gouvernement provisoire qui avaient été utilisées tout au long du 196rne siècle: présidence provisoire
constitutionnelle, présidence de facto, gouvernement collégial, gouvernement militaire provisoire et
('inévitable Assemblée constituante. Elle a vu se succéder cinq gouvernements en six mois, dans une
sorte de compétition du style du Bas empire romain. Quatre candidats se sont affrontés : deux «
majeurs », Dénoie et Duvalier, « deux mineurs » dans la perception populaire, Jumelle et Fignolé.
Ces derniers, animés par le sentiment de remplir une mission, ont essayé de magnifier leur
importance en attaquant les grands; ainsi, Fignolé a concentré son énergie contre Duvalier; Jumelle
a essayé sans management de miner la popularité de Dénoie.

Les adversaires de Duvalier :

Daniel Fignolé
Daniel Fignolé était un opposant farouche et inconditionnel à la candidature de Duvalier, son ancien
co-équipier de 1946 ; il était le porte-parole des masses urbaines de Port-au-Prince et des intellectuels
pauvres et honnêtes des classes moyennes qu'il avait séduites par sa doctrine imprécise mais a fond de
progressisme-autoritaire, une combinaison de nationalisme a la Mustapha Kemal et de justicialisme
de type péroniste, qu'avec une certaine présomption sinon candeur, il croyait acceptable pour les Etats-
Unis. II convient de souligner que, depuis 1946, sa doctrine était devenue moins belligérante et sa
tactique rendue plus flexible pour s'adapter aux contingences du moment, mais de jeunes marxistes
optaient en sa faveur. II avait garde son talent oratoire de tribun créolophone a succès, mais sa
popularité gardait quelque chose de « populacier» aux yeux de la bourgeoisie et même des
classes moyennes et modestes de la capitale, alors que les intellectuels oniristes gardaient un
penchant pour I’ homme de 1946 avec son « rouleau compresseur » d'antan.
Dépendant, sa popularité contagieuse parmi les masses pauvres de la capitale ne suffisait pas
pour assurer une élection au niveau national, même avec le support des soldats qui appréciaient ses
discours en Créole habiles, enflammés et durs. La période électorale était trop brève pour lui
permettre d'endoctriner les masses comme il I’ aurait voulu ; en outre, ii lui manquait des techniciens
et des intellectuels marquants parmi ses partisans ; il ne connaissait pas bien les hommes, les officiers
supérieurs de I’ armée ne I’ aimaient pas, et, en principe comme en fait, il passait pour un élément
suspect aux yeux des américains. Trop souvent démagogue, il était craint des classes moyennes dites
pensantes. Finalement, il était plutôt naïf et la bourgeoisie ne le prenait pas au sérieux, tout en le flattant
sans le financer, car il représentait simplement un allie de fortune contre Duvalier.
Idolâtre par ses partisans qui I’ appelaient «le Professeur», Fignolé, en dépit de ses handicaps,
pouvait être une force impressionnante a un moment critique en cette période de crise, car n'importe
quand, I’ opportunité pouvait lui permettre de réunir dans son bastion de Port-au-Prince une foule
imposante plus dévouée à sa personne qu'au pays dans son ensemble.

Louis Déjoie
L’oligarchie traditionnelle, confiant en la possibilité enfin de gagner la présidence sans avoir
besoin cette fois d'intermédiaire, a présenté son candidat: le Sénateur Louis Dejoie, UN
agronome compétent et un industriel bien connu. Ses partisans, peut-être plus que lui-même, ont
condamné «la révolution de 1946 » et les régimes suivants comme étant « dix années de
régression sociale». Ils proclamaient que I ‘élection de Dejoie entrainerait une ère agricole,
industrielle et commerciale nouvelle, en collaboration avec des compagnies américaines. II avait
I ‘appui préférentiel des paysans du Sud. Mais les plus imprudents sinon les plus impudents
parmi ses partisans pleins de superbe, anticipaient l’élimination des « ruraux » de la vie
politique, de l'administration publique et des villes. Ils ont adopté le slogan agrarien « le retour
de la terre », mais ont laissé trop croire qu'ils misaient sur le rétablissement de la suprématie de
l'élite à peau claire qui consacrerait le triomphe des prétendues « forces du bien » dans la vie
haïtienne. Ils ont ainsi fait triompher une caricature peu favorable à leur poulain qui méritait
mieux parce qu'il valait mieux comme technicien et comme homme.
C'est un fait avéré que I’ élite sociale se reconnaissait en Dejoie. La majorité du secteur du
grand commerce I ‘appuyait, et il comptait parmi ses partisans de nombreux officiers de haut
rang ; la clientèle paysanne du Sud du pays demeurait fidele au patron qui lui avait fourni des
moyens d'existence ; une élite professionnelle de haute gamme sociale I ‘adoptait comme son
favori ; dans une certaine mesure, le clergé français penchait en sa faveur; et on te
considérait fortement comme le favori de
I ‘ambassade américaine. Mais centre lui se dressait Duvalier.

Jumelle : sa personnalité, ses idées et ses atouts dans le jeu politique


Clément Jumelle était le leader dynamique et intelligent de la bourgeoisie et des classes moyennes
qui avaient collaboré avec le gouvernement de Magloire. II a proposé un programme de
modernisation de type américain ; par ailleurs, il se réclamait de la collaboration de secteurs
modérés de l'élite sociale et des classes moyennes supérieures. II voulait ajouter une nouvelle
dimension technologique a la « révolution de 1946 », et ii s'était entoure d'une équipe d'intellectuels
et de techniciens afin d'impressionner le public. Cependant, même ceux qui le considéraient
comme étant le candidat le plus attirant, estimaient qu'il était non seulement handicapé mais rendu
politiquement impotent après le renversement de Magloire. A cause de son choix comme Ministre des
Finances sous la dictature discréditée de Magloire, il n'avait aucune chance d'être élu par un vote
populaire en dépit d'une campagne vigoureuse. II lui fallait recouvrer un statut indépendant et non
terni, se refaire une virginité en quelque sorte, mais une telle initiative rehabilitatrice prendrait du
temps. II comptait sur le peu de poids qu'il accordait à Duvalier comme personnage peu
charismatique.

Duvalier: I’ homme, le mythe et sa position stratégique


Etant donne les circonstances, et en dépit de sa personnalité alors perçue comme faible et
diffuse, Duvalier avait avantage stratégique en s'opposant a Dejoie, le candidat que L’oligarchie
sectaire embarrassait avec son appui bruyant et souvent inepte. Une série de mythes avait été
créée autour du nom de Duvalier: il était I’ intellectuel nationaliste et progressiste qui avait créé
« Les Griots », une école de pensée avec des tendances indigénistes; le sociologue-historien qui
avait fait de la dramatique question de couleur en Haïti un sujet public; I’ anthropologue qui a
étudié le vodou avec l'espoir de restaurer la personnalité culturelle de I’ Haïtien en valorisant son
origine africaine; le médecin rural qui avait réussi, par une campagne systématique, a éradiquer le
pian dans les campagnes et a qui on attribuait une bonne connaissance des problèmes des paysans;
le champion des travailleurs qui avait organise te premier congres du travail en Haïti et initie la
première législation sociale du travail digne de ce nom ; le « maquisard » durant le règne de Magloire
qui avait échappé a la persécution militaire ; le collaborateur médical d'agences techniques
américaines qui avait suivi un enseignement à I’ Université de Michigan et qui, en conséquence
serait acceptable pour les américains; et, par-dessus tout, I ‘homme honnête qui s'était retire d'une
position de haut rang dans le service public aussi pauvre qu'il y était entre, et qui représentait
donc la probité administrative a laquelle on aspirait après l'expérience de Magloire.
Par référence aux conditions nécessaires pour le succès, les chances de Duvalier entaient bonnes,
sans plus. Parmi les forces sur lesquelles ii pouvait compter, on peut souligner un consortium de
vétérans politiques et d'hommes d'affaires de 1946 qui représentaient la vieille garde intimiste et
constituaient son bureau politique ; un groupe dévoué de j'jeunes intellectuels de I ‘Ecole
d'Ethnologie qui espéraient façonner une nouvelle société selon I’ idéal de leur porte-drapeau ;
l'appui des classes moyennes et des masses paysannes a travers le pays, soulevées a l'appel
vigoureux des idées d'Estimé ; la dévotion solide d'un groupe de militaires qui avaient souffert
sous le régime de Magloire sans I’ appuyer et sans en tirer aucun bénéfice ; Ie support d'un
secteur actif du cierge catholique indigène et aussi des protestants ; et un réseau de
renseignements parmi les houngans et les leaders traditionnels a travers les campagnes. Ce n'était
pas peu, mais I’ image le faisait sous-estimer. Certains, cependant, voyaient déjà en lui un dur.

1.3.1- Le succès de Duvalier


Mais la force principale de Duvalier dérive du fait que ses rivaux Jumelle, Fignole et même
Dejoie, ne pouvaient pas triompher aisément dans une compétition électorale haïtienne en ce
moment-la, vu la configuration des forces, je ne dis pas te rapport des forces, ce qui est
différent. A cet égard, il est significatif qu'a deux reprises pendant la crise 1956-1957, quand les
partisans de Dejoie semblaient vouloir contrôler I’ appareil d'état, les trois candidats noirs
Jumelle, Fignolé et Duvalier se sont tactiquement coalisés contre le candidat mulâtre de
L'oligarchie traditionnelle. La seconde fois, Fignolé a tiré le bénéfice surprenant de sa
participation a la coalition sous la forme de sa présidence provisoire, mais après 19 jours, il a été
renvers6 par des officiers pro-Duvalier qui ont déclenche une féroce répression dans les quartiers
populaires de Port-au-Prince, et Fignole lui-même été exile. Les élections du 22 septembre 1957
organisées par un gouvernement militaire favorable a Duvalier ont confirme la victoire de ce
dernier centre Dejoie, son rival le plus sérieux. Après que Jumelle se fut retire de la compétition
au dernier moment.

2- Duvalier et le traitement des forces politiques traditionnelles


2.1- la tension politique du début
L'accession de Duvalier au pouvoir n'a pas mis un terme a la tension politique Ses anciens
compétiteurs ont attribué sa victoire à I’ intervention de l'armée et non au vote populaire et, de
ce fait, ils ne l'ont pas acceptée. Duvalier, au lieu d'assumer son rôle de ; chef d'état, s'est
comporte comme chef de parti. L'agitation politique était telle que personne ne lui accordait
plus de 6 mois au pouvoir, sauf lui. Aussi bien que Dejoie, Jumelle en était convaincu.
Dans le domaine des relations Internationales, la consécration de Duvalier été retardée par le fait
que les Etats-Unis, avant d'entamer des négociations avec le nouveau régime, ont exige une
enquête, une indemnisation et des sanctions en relation avec Emprisonnement et la mort en
prison d'un commerçant d'origine syrienne mais de nationalité américaine, Sibley Talamas. Pour
sa part, Trujillo a témoigné, au début, de I’ hostilité a regard de Duvalier en qui ii voyait un
ancien estimiste. Les faits intérieurs et externes semblaient annoncer une possibilité de chute
rapide de la nouvelle administration.
2.2- l’Elimination de ses rivaux et de ses créanciers politiques
La politique de Duvalier a été d'attaquer soudainement sur tous les fronts a la fois, afin d'exclure
de I ‘espace politique les opposants, tes neutres et même des rivaux potentiels a I’ intérieur
même de son mouvement. Dénoie et ses principaux partisans durent gagner I’ exil afin
d'échapper a la prison. Jumelle mout mystérieusement alors que, malade, il se cachait;
auparavant, deux de ses frères avaient été captures et tues alors que d'autres membres de son
groupe avaient connu un sort semblable ou avaient du quitter le pays pour ne pas être arrêtes. Les
fignolistes, déjà sévèrement atteints, se sont vus infliger de sévères condamnations a la prison,
ont été bannis ou ont subi d'autres formes de persécution. Tel était le sort de l'opposition.
Les propres amis de Duvalier n'ont pas été épargnes. L'homme fort du gouvernement provisoire
militaire auquel il devait son élection a été atteinte: c'était un créancier politique. L'équipe de son
bureau politique pendant la campagne électorale, des vétérans de 1946 et des membres de la
vieille garde intimiste ont été révoqués et forcés de prendre I’ exil: c'entaient supposément des
amis. Des officiers qui avaient conduit le mouvement favorable ` Duvalier à I’ intérieur de I’
armée et avalent contribue a sa victoire électorale ont été contraints de quitter te pays par tous
tes moyens : c'entaient des partisans.
Des personnes indépendantes, soupçonnées de ne pas approuver le mouvement, ont disparu
comme, par exemple, les leaders d'un groupe de centre-gauche de ('élite sociale, « L'Alliance
démocratique », qui s'entaient déclares comme étant non engages pendant la campagne
électorale, mais dont les sympathies s'entaient portées sur Dénoie en dépit des différences
idéologiques.

2.3- l’armée en transition


La politique de Duvalier d I’ égard de I’ armée a évolue a partir de ses observations et de
('expérience qu'il a tirée du coup d'état de Magloire centre Estime en 1950. Au début, il a mis a
la retraite tous tes officiers de haut rang, et il a déplace de leurs positions actives tous ceux qu'il
soupçonnait de sympathie pour ses anciens adversaires Dénoie, Jumelle et Fignole (On a déjà
fait cas de la disgrâce de jeunes officiers duvaliéristes coupables d'être de puissantes figures
dans I’ armée). La claire intention de Duvalier était de purger I’ armée afin de prévenir
l'émergence d'un autre Magloire et, faisant d'une pierre deux coups, il a stimule I’ ambition
d'officiers plus jeunes en faisant miroiter. Des promotions rapides à leurs yeux. Ainsi, il a mine
toute cohésion potentielle basée sur I’ esprit de corps entre I’ Etat-major et les officiers
supérieurs. En même temps, il a enlève aux chefs de i’ armée la responsabilité traditionnelle de
nommer Fès chefs de section et ii s'est personnellement occupe de la sélection de ces derniers
parmi ses partisans qu'il a places a des postes clefs des zones rurales. Finalement, sous prétexte
de retirer les stocks militaires de I’ autorité du commandement militaire, il a concentre au Palais
national les armes et I’ équipement militaire achètes de l'Italie ou fournis par les Etats-Unis dans
le cadre du systeme interaméricain de défense.
Par-dessus tout, deux mesures ont révélé les principales préoccupations du président. D'un coté il
a promu des anciens soldats a des postes clefs tels que le commandement de la Garde
Présidentielle, un corps privilégié directement contrôlé par le chef de I ‘état, et celui des
Casernes Dessalines, la plus importante des unités militaires. II a estime, non sans raison, qu'un
ancien soldat serait plus digne de confiance qu'un officier plein de distinction et d'ambition
sorti des rangs sophistiques de I ‘Académie militaire. D'un autre cote, il a créé une milice civile à
laquelle il a confié la double tache de défendre le régime et de contrebalancer l'influence de I
‘armée. La dernière étape a laquelle !'Armée s'est longtemps opposée devrait être la fusion
avec la milice, un amalgame qui demeure son but final

2.4.- la démolition du pouvoir du clergé


Le combat avec la hiérarchie de i’ Église catholique était prévisible en raison des sympathies bien
connues de celle-ci pour Dénoie, de son hostilité aux vues et aux orientations de I ‘École d'Ethnologie,
et de son mauvais vouloir en ce qui concerne la promotion du clergé indigène, en dépit des tendances
de la poïétique du Vatican sur la question. Duvalier n'a pas hésite a expulser les plus éminentes autorités
ecclésiastiques telles que I’ Archevêque de Port-au-Prince et son auxiliaire, un Haïtien considéré
comme un élément servile d'une Haïti symbolique ; le Supérieur et les prêtres les plus influents
de certaines congrégations religieuses ; des évêques de diocèses provinciaux qui s'opposaient le plus
véhémentement au vodou ; de nombreux prêtres français des paroisses urbaines et rurales dont
('influence contrecarrait la poïétique du mouvement. Dans ce combat, il y avait un aspect de «
Kulturkampf » à la Bismarck, avec la différence que Duvalier n'était pas homme à s'arrêter a mi-
chemin.
Pour faire contrepoids, Duvalier a réuni autour de lui des prêtres haïtiens amis, assez séduits par
sa politique pour être membres de son cabinet ministériel. Le premier prêtre haïtien à devenir
Secrétaire d'État a été un duvaliériste éminent, au franc parier, un échantillon de ce nouveau clergé
indigène compétent, docteur en dort canon. Sa nomination a mecontente l'Archev. Que de Port-au-
Prince et embarrasse te Nonce Apostolique lequel, fin diplomate, état plus enfin a rechercher un
compromis. Duvalier IA simplement ignore pour ses propres desseins politiques. Âpres avoir
réduit le prestige de ce malheureux homme d'église haïtien qui a vu en son successeur une figure
plus controversée, Duvalier IA laisse tomber. En réponse a ce Kulturkampf manière haïtienne, le
Vatican a excommunie Duvalier, mais I’ ambigüité avec laquelle cette mesure a été appliquée a
contribue à discréditer encore plus le clergé catholique en Haïti.
Pendant ce temps, ii a poursuivi sa poïétique d'indigénisation en nommant à des positions
ecclésiastiques autrefois occupées par des Français, des catholiques haïtiens dont la personnalité et
même la moralité n'entaient pas au-dessus de tout soupçon. La duvaliérisation des paroisses n'a
toutefois pas satisfait la population qui espérait une authentique indigénisation qui pourrait
promouvoir les meilleurs prêtres haïtiens et non les plus obéissants envers le mouvement dont I’
action était souvent antichrétienne dans d'autres domaines, les évêques exceptes tout de même,
malgré leur perception pro-gouvernementale dans le public.
En ce qui concerne les autres religions, Duvalier a encourage le développement du clergé
protestant ; mais quand il a découvert que I’ appui de ce dernier n'était pas assez significatif, il a
mis sur pied ce que Ton pourrait appeler le système des « hou gans conseillers » en vertu duquel
de notoires prêtres du vodou entaient promus au rang « d'assistants spéciaux du Président ». Lorsqu'on
souligne qu'au même moment, John Kennedy confiât des responsabilités équivalentes à de
remarquables intellectuels américains, on peut mieux mesurer rencart culture! Entre les deux pays.

2.5.- la suspension de fait de la constitution et la perversion des institutions démocratiques


Dès le début de son règne le président au parier lent, DoucereiiK, s'est montré déterminé à détruire
la façade de démocratie formelle de la vie politique haïtienne, en affichant un mépris total pour les
régies et procédures légats qui servaient de cadre a celle-ci. Les démonstrations de force militaire et I’
arrestation de Députes ont prouve le peu de cas qu'il faisait des immunités parlementaires. Afin de
confirmer son opinion selon laquelle le Paiement n'était qu'une simple agence pour exécuter sa
volonté, il en a expulse les membres de ('opposition et mis en place une politique qui consistait pour
les parlementaires a lui accorder les pleins pouvoirs de six mois en six mois, assortis parfois
d'extension. II était convaincu de I’ inutilité et même de la nuisance du Senat, aussi a-t-il créé un
paiement monocaméral dans lequel, très vite, par le système du vote unanime, celui-ci approuvait
aisément ides projets gouvernementaux.
Dans ('administration publique, les opposants et des employés suspects entaient éliminés au
moyen de démonstrations de force, sans doute une façon expéditive qui permettait de faire I’
économie des ordres de révocation. Ainsi, le principe du gouvernement substitua le nombre a la
qualité, car des employés expérimentés et des techniciens qui occupaient des positions de
responsabilité sous les précédents gouvernements ont été remplaces par des duvaliéristes pour qui le
label politique a servi comme certificat de compétence pour lieurs fonctions. Ces changements ont
conduit a un gonflement mais aussi a une duvalierisation de ('administration au sein de laquelle on
attendait le cheque mensuel sans se préoccuper d'assurer !e service correspondant. C'était le cas dans
des Départements tels que les Travaux Publics et même du Service de Sante.

3- Les inquiétudes sociopolitiques


3.1.- le summum du machiavélisme
Le summum du machiavélisme a été atteint avec la réélection de Duvalier en 1961, une initiative
sans aucun doute froidement calculée et qui mérite d'être notée dans les annales de la tragi-comédie
haïtienne. Le Président étant élu pour 6 ans et les parlementaires pour 4, le gouvernement élu en
1957 devait donner à organiser des élections législatives en 1961. Le jour des élections, chaque
électeur a reçu le bulletin classique portant le non des candidats avec, en haut cette phrase «
François Duvalier président de la République». \\ convient de garder a ('esprit qu'il ne s'agissait pas
d'une consultation présidentielle, et aucune campagne n'avait été menée a cette fin, seulement
circulaient des rumeurs discrètes selon lesquelles une importante décision était en cours d'examen.
Les résultats des élections législatives assorties de la mention « Duvalier président de la République
» ont été interprètes comme une décision spontanée du peuple qui, dans i’ exercice de ses droits
souverains, avait décide d'accorder un nouveau mandat de 6 ans a Duvalier. Le New York Times
du 13 mai 1961 a publie ce commentaire: « L'Amérique Latine a enregistre de nombreuses
élections frauduleuses au cours de son histoire, mais aucune d'entre elles n'a été plus outrageante
que celle qui vient de se réaliser en Haïti ».
En présence de diplomates étrangers abasourdis, Duvalier, jouant au bon démocrate, a déclare se
soumettre a la volonté du peuple souverain qui venait, de manière surprenante, lui confier, une
fois de plus, le poids écrasant du pouvoir avant même la fin de son mandat. « La démocratie
haïtienne, a-t-il précisé après, n'est ni I’ anglaise, ni la franglaise, et encore moins I’ américaine
». En effet, il a prouvé qu'il s'agissait d'une démocratie « sui generis ».

Travail d’Elève
Produire un texte de vingt lignes pour expliquer le déroulement du processus aboutissant à
l’élection de Dr François Duvalier à la présidence du pays.

Faire ressortir les traits caractéristiques du traitement des forces politiques traditionnelles sous la
présidence de Duvalier.

Un groupe d’élèves présentera un exposé établissant une comparaison entre Machiavel et


François Duvalier en mettant l’accent sur l’aspect politique de la gestion du pouvoir
Thème :
De l’ère Duvaliérienne, la présidence à vie (suite).

Compétence terminale :
Analyser le caractère négatif du régime de Duvalier et l’internationalisation de la crise.

Compétences spécifiques :
Faire ressortir le caractère négatif du régime de Duvalier en mettant l’accent sur sa
politique de mystification.

Etablir la comparaison entre Duvalier et les présidents de la période allant de 1935 à 1956,
en considérant leur désir de garder le pouvoir pour une durée indéterminée.

Mesurer l’impact du niveau de la répression sous le gouvernement de Duvalier en


considérant les violations du droit des étrangers et les luttes contre les missions
diplomatiques.

4.- Une politique de mystification progressiste


L'homme en lequel beaucoup d'observateurs avaient décèle un leader inspire par des idées
révolutionnaires était, en fait, un intellectuel moyen astucieux et rendu amer, double d'un génie
politique, un Machiavel lorsqu'il affronte les élites sociales, politiques et intellectuelles en
s'autoproclamant le porte-parole des masses défavorisées; un connaisseur cynique des failles du
système qu'il a exploitées a son bénéfice. II a délibérément abaisse les pratiques gouvernementales
au niveau des masses irrationnelles, analphabètes et pleines de ressentiment, et qui se trouvaient
attrapées dans le système. Au lieu de les éclairer, de les éduquer et les élever, il a utilisé, sans les
changer, les fondations sur lesquelles les paysans entaient opprimes et exploites. L'homme qui
aimait citer Mustapha Kemal et qui admirait Salazar voulait ressembler a Trujillo, mais il n'a
guère réussi. C’était un homme aux performances négatives et son régime, à son image, était aussi
fait de mesures négatives pour la sante matérielle et morale de son peuple. L'obsession
pathologique du pouvoir lui a fait dire qu'ii gouvernerait Haïti jusqu'au dernier centime de la
Banque nationale. C'était un politique pur, un monstre habite par le génie de la politique dure qui,
à défaut de grandeur, ne manquait pas d'être impressionnant. II y a une fascination, peut-être
morbide, dans la démesure inhumaine. Hanna Arendt aurait gagne à le connaitre pour sa
collection des dictateurs doctrinaires incarnation du « mal» intrinsèquement pervers du pouvoir
politique qui réussit totalitaire ment.

- le soi-disant nouvelle Haïti


Une propagande aussi intense que peu crédible, proclamait que les buts de « la révolution
duvaliériste » étaient de construire une nouvelle Haïti sous la bannière du nationalisme, du
développement populaire endogène - I ‘homme avait déclaré initialement vouloir

4.3.- le progrès des « moue en dehors » en belles paroles


Le slogan le plus fréquemment exploite par le gouvernement est I’ avancement des masses
rurales. La propagande l'a claironné par la voix et la plume des thuriféraires. La performance de
Duvalier à cet égard peut être résumée dans la publication forte louangée du Code Rural qui ne
saurait, en fait, servir de panacée au régime. C'était un autre de ces textes progressistes, tout comme
le Code du Travail dont les bénéficiaires présumés n'ont guère enregistré jusqu'ici un changement
significatif ni de leurs conditions d'existence ni de leurs relations avec leurs employeurs. En effet, en
Haïti, il y a un abime entre ce qui est écrit et ce qui est applique, une situation que Duvalier m
parfaitement comprise en éditant ces Codes. La parole suffit, Le défenseur des zones de I’ intérieur du
pays I’ était seulement en paroles.
On doit mentionner l'attention spéciale portée a une région située au cœur de < la zone de la figue
banane » ou les grands du régime ont acheté des potes. La, on a construit un lycée moderne et érigé
une ville touristique appelée Duvalier-ville, laquelle en dépit de son architecture moderne et sa
prévention a être une petite Brasilia, a seulement servi comme prétexte pour scorer de nouveaux
fonds. Les autres reformes telles que la campagne contre analphabétisme, celle à mener contre la
malaria et le reste, sont loin d'avoir eu la même attention que cette ville absurde, en dépit des
publications de bulletins annonçant la victoire sur la maladie et l'ignorance.
La dépossession des paysans de leurs terres par les hommes forts du dans des régions favorables
au développement s'est poursuivie a un tel que, même a i’ intérieur du gouvernement,
certains secteurs ont 3 des préoccupations a regard du caractère explosif de teilles pratiques et
osques de soulèvements locaux qu'elles présentaient. Mais ces exactions hein, au demeurant, en
comparaison avec le comportement de la milice. Campagnes entaient plus cyniquement
exploitées que jamais et plus, cela au nom du progrès. Les démonstrations de masse en faveur de
Duvalier entaient organisées si arment et avec un tel mépris pour les êtres humains que I’
opération, a la manière de Castro, mais déformée et dénuée d'un semblant de, qu'elles ont produit
un effet contraire a ce qui était envisage. Les , qu'ils I’ aient voulu ou pas, entaient entraines vers
les villes ; mais ces •Emboitements n'ont impressionne personne, sauf peut-être quelques
fédérateurs étrangers qui peuvent avoir cru en la signification de ces masses mates chantant et
dansant au rythme des instruments traditionnels, et portant Jais pancartes proclamant « Vive
Papa Doc», «Duvalier ou la mort» et Ponter pour toujours ». Du « castrisme » de comédie,
sauf pour les victimes des esquilles c'était une tragédie de ne pas pouvoir rentrer chez eux après ces
ns faute de moyens. La bidonvilisation s'^n est nourrie.

4.4.- Duvalier et les communistes


- le chantage médiatisé de l’ouverture possible vers l’Est.

Afin d'entretenir une certaine appréhension du gouvernement des Etats-Unis au sujet d'une
possible orientation du pays vers la gauche au cas où lui-même perdrait le pouvoir, et afin de se
rendre de plus en plus indispensable pour le secteur des affaires, Duvalier a encourage de jeunes
patriotes de I'extrême-gauche, intelligents et cultives, que le gouvernement de Magloire avait exiles,
a retouper au pays. Sa tactique l'a par ailleurs conduit à tolérer leurs activités militantes
auxquelles, il le savait, ils ne renonceraient pas, et ces derniers en ont profité pour répandre leur
idéologie a travers un réseau de cellules clandestines réunissant des jeunes, des membres des
syndicats et des éléments de la paysannerie, Duvalier a même essayé de montrer quelque
sympathie a de jeunes marxistes de notoriété, en cachant tactiquement son jeu, en leur faisant
miroiter la possibilité pour lui de leur préparer la transition vers le communisme. II s'est montré
réticent sinon sourd vis-à-vis des suggestions américaines de déplacer des supposes communistes
des hautes positions qu'ils occupaient dans l'administration et, de manière surprenante, il a fermé les
yeux sur les activités semi-clandestines des organisations communistes, sans doute en ayant a I’
esprit I’ idée qu'il pourrait aisément les écraser, a n'importe quel moment, afin de plaire aux
américains et, ainsi, tirer plus d'aide d'eux. II est certain que s'il avait pu obtenir une aide
quelconque de I’ Union Soviétique, de la Chine communiste ou de n'importe quel pays du bloc de I’
Est (comme, semble-t-il il l'a cherché) il aurait fait au moins semblant de préparer l'établissement
d'une « démocratie populaire » aussi longtemps qu'il aurait la garantie de conserver le pouvoir, sans
doute pour toujours, et, dans cette perspective, on peut le considérer comme étant le dernier et
le plus audacieux joueur, quelque soit i’ idéologie concernée. Malheureusement pour lui, son
régime ne plaisait ni a 1'Ouest ou on se méfiait de lui, ni au bloc communiste qui ne prenait pas
au sérieux ses prédispositions pro-marxistes, tout en s'interrogeant cependant. Les communistes
locaux s'étaient toutefois organises afin de tirer profit de la tolérance précaire qu'il démontrait
alors, sans prétendre lui accorder un appui qui i’ aurait aide à consolider le contrôle du pays.
En homme ruse, Duvalier s'est bien garde d'interférer dans le domaine des intérêts prives
américains, même lorsque des entreprises mal gérées portaient atteinte a I’ intérêt public national
ou abusaient des termes de leurs contrats comme, par exemple, dans le cas complexe et
scandaleux de la centrale électrique de Port-au-Prince. (Au début de son régime, Duvalier avait
engage comme conseillers économiques d'une part, un citoyen américain dont les activités passées
étaient sujettes a caution, de I’ autre une firme américaine a utilisé complètement les services plutôt
chers. C'était intentionnel il pouvait prétendre avoir des collaborateurs américains I Ainsi, d'une ou
d'une autre, dans le monde des affaires comme dans le secteur de la i pouvait pécher en eaux troubles).

De temps en temps, la police, sur dénonciation, opérait une descente qui quelques communistes
en prison ou les forçait à se cacher, et le pouvait reprendre son credo anti-marxiste-léniniste en
soulignant que la propagation de la doctrine communiste était illégale en Haïti. Mais l'école marxiste
dénonçait avec raison, véhémentement et sans comme étant une mystification, I’ idéologie
officielle du régime (celle Ecole a’ Ethnologie).
i y eut mieux! Dans deux discours sensationnels connus dans la duvaliériste comme étant « Le cri
de Jacmel» et« Le message du Duvalier a laisse entendre, quoiqu'en termes légèrement voiles,
qu'il considérer une éventuelle orientation de son gouvernement vers la puisque le grand patron se
montrait sourd a ses appels pour une aide substantielle. II a laissé filtrer des rumeurs selon lesquelles il
avait engage conversations au-delà du rideau de fer et que la mission diplomatique delà a trait de
reprendre ses activités. Ce message eut un retentissement.
= communistes avaient, en effet, marque des points depuis 1'arrivée de au pouvoir, et leur influence
s'est accrue, de manière surprenante, dans le temps de la coopération avec les Etats-Unis. Certains
pensent ce succès doit être attribue a la sympathie que, secrètement, te ;nt leur portait;
d'autres au contraire, estiment qu'il est du a son (II convient de noter qu'ils avaient remporte de
plus grands succès en et au Chili la ou, a la connaissance de I’ auteur, il n'y avait pas un
jouant au chat et a la souris avec eux). C'est aussi l'opinion de I’ auteur dans la mesure où ce système
se maintient, il servira de terrain favorable a)n du communisme, a cause de la proximité avec Cuba, et
aussi parce faisances pour le Progrès n'a produit aucun succès national en Amérique et enfuma
parce que le ressentiment haïtien centre les Etats-Unis est dans la frustration du pays remontant
aux temps des interventions tes américaines en Amérique Latine.
En tout cas, le rétablissement de Ière de la coopération avec les États-que Duvalier est en train de
rechercher, prouvera la justesse de la thèse communiste selon laquelle « un régime comme celui de
Duvalier et comme celui de Trujillo avant, est un allie nécessaire du capital américain, le gardien
de ses Rtf&o et un instrument pour soumettre totalement Haïti a I’ impérialisme yankee, pour lui le
moment ou la révolution de Castro perturbe le sommeil de Wall Streets». (II est assez troublant
de noter que le chef des lobbyistes de Duvalier comme étant très actif auprès de I’ administration
américaine, du Congres et de la presse est aussi un lobbyiste patente pour les intérêts américains
qui contrôlent la Caribéen Mills et la HAMPCO en Haïti). De ['opinion <le fauteur, la reprise de la
coopération entre le gouvernement américain et aurait simplement pour résultat d'accorder aux
communistes haïtiens la même position de pointe dans le combat centre la dictature a laquelle
participent des patriotes de toute tendance politique, analogue a la position qui avait été celle des
communistes français dans la résistance aux nazis, pendant la deuxième guerre mondiale. On
pourrait en effet comparer le gouvernement de Duvalier a une force d'occupation en Haïti, avec
toutefois la réserve qu'il s'agit d'une force d'occupation locale imposée a son propre peuple.
Les persécutions tactiques centre certains communistes (révocations, emprisonnements,
disparitions comme par exemple ce fut le cas d'un leader de I'extrême-gauche, journaliste plein de
talent et signataire du Manifeste des 81 partis communistes a Moscou) et le rejet officiel du
régime de Castro ont permis a Duvalier de montrer qu'ii se plaçait du cote du gouvernement
américain et qu'en conséquence, il méritait un salaire. La diplomatie de Duvalier a été, dans tous
les domaines, une diplomatie de chantage

4.5.- les renversements spectaculaires d’une politique


Selon les pressions de la conjoncture, un tel régime peut se dédire à n'importe quel moment.
Duvalier s'est révélé une martre dans l'art de I’ opportunisme au moins a deux moments bien
connus : sa volte-face au sujet de sa politique vis-à-vis de la République Dominicaine et son attitude
a l'égard des intersites français en Haïti.
L'entente de Duvalier avec Trujillo stipulait des consultations entre tes deux dictateurs et la
coopération entre les deux pays au sein des organisations internationales. En aout 1960, a la
réunion consultative du Conseil des Affaires Étrangères de l'hémisphère, Duvalier a surpris en
laissant croire qu'il avait donne des instructions à la délégation haïtienne de condamner le régime de
Trujillo, sans Équivoque et sans hésitation. La vérité est autre. La participation de Trujillo dans les
tentatives d'assassinat du président vénézuélien Betancourt 6tart flagrante ; la délégation haïtienne -
dont I’ auteur faisait partie comme conseiller, en sa qualité de Directeur des Affaires Politiques au
sein du Ministère des Affaires Étrangères - a trouve dans cet acte de banditisme international, une
opportunité patriotique de condamner comme assassin l'ancien meurtrier des paysans haïtiens et
I’ ennemi le plus constant du peuple haïtien. Duvalier, au début réticent à prendre une position
tranchée - et pour cause - fut soulage par la tournure des choses qui permit a la délégation
haïtienne de s'associer a I’ unanimité de la condamnation de Trujillo. Caracas en fut surpris et
enchanté.
C'est qu'au début de la conférence, Duvalier se trouvait dans une position inconfortable car on le
considérait toujours comme un allie de Trujillo, et on s'attendait à ce qu'il se prononçât en sa
faveur. (Des insinuations non sans fondement, circulaient selon lesquelles Duvalier était complice
de cette tentative d'assassinat). La prise de position sans équivoque de la délégation haïtienne a
dissipe tous les doutes et les questions embarrassantes au sujet de la position d'Haïti, et a rendu
possible un vote unanime sur la question. Cette position a tant plu au Venezuela qu'il a laisse tomber
toute enquête future tendant a clarifier des points mineurs mais demeures obscurs au sujet du voyage
officiellement prépare en sous-main des assassins, de la République Dominicaine vers le Venezuela
via Haïti. L'auteur peut affirmer maintenant que le Ministère des Affaires n'avait pas été
informe de certains va-et-vient avec couverture e, que seuil connaissait la police secrète, et que le
Président avait louve une satisfaction cynique en ordonnant a la délégation haïtienne d'adopter ne
position « dictée par/e patriotisme et exprimée en langage diplomatique ».

Au sujet des intérêts français, le changement de Duvalier a été moins spectaculaire. Âpres un
période au cours de laquelle de officiaux du mouvement avaient attaque les intérêts matériels
et spirituels de la France, Duvalier, sans la moindre hésitation, a ordonne la restitution des prophètes
et a fart adopter un mandat d'arrêt centre des membres de la milice accuses du meurtre d'un
prêtre français. Ce changement visait à parer a la cessation de fade américaine, et Duvalier
espérait, en démontrant de bonnes dispositions, dissiper le litige qui I’ opposait a la France. En
même temps, il comptait créer un dimât favorable qui permettrait au pays de recevoir une réponse
positive à sa demande d'aide adressée au General de Gaulle. II a recherche I’ envoi d'une mission
militaire française afin de remplacer les officiers militaires américains amont ii a demande le
déplacement, et Jil a sollicite une assistance économique ARN de remplacer cèle que les
américains avaient suspendue. On attend rafeurs de futurs développements et les résultats de I’
appel à De Gaulle, au nom des liens culturels entre les deux pays.

5.- La nature maléfique du régime de Duvalier


Le régime de Duvalier a démontre si clairement sa nature maléfique, qu'il kiki était difficile de
trouver de nouveaux amis.

5.1.- L’obsession de se maintenir à tout prix au pouvoir même aux dépens du pays
On a déjà note un mot de Duvalier qui fart frémir rétrospectivement: « Je gouvernerai ce pays
jusqu'au dernier centime de la Banque nationale ». Sa détermination à se maintenir au pouvoir était
devenue une obsession pour le chef de I’ état. II s'est accroche avec tant d'acharnement au pouvoir
qu'il a perdu toute la capacité qu'il aurait pu posséder de diriger une nation au milieu du 206me siècle. Le
retour a l'esprit du période antérieure a I’ occupation américaine a ramène le combat politique au
niveau des pratiques du 19 siècle. Mais il était incapable d'être un Salomon ou un Estime, ni
même un Antoine Simon, des hommes qui avaient pris conscience de leurs limites
personnelles et avaient fait appel a des collaborateurs plus avises. Au contraire, il a
systématiquement révoque de I’ administration des intellectuels capables de penser de manière
indépendante et de dénoncer les maux de la politique gouvernementale. On déniait a d'autres le dort
de démissionner sans risque pour eux-mêmes et pour leurs familiers; ils étaient donne forces de
remplir des fonctions sans aucune utilité et de garder le silence au sujet de leurs désaccords avec
une administration qui ne se souciait guère d'adopter une approche technique des problèmes, étant
donne qu’- des hommes de main résolvaient toutes les difficultés par un déploiement de farce. Des
révocations se sont fartes manu militari en plein jour, même au bureau central du Ministres de
('Éducation Nationale.

Les institutions techniques créées par Estime et conserves par Magloire pour marquer une étape
vers la modernisation, ont perdu leur ra&son d'être. Les fonds de I'IDASH, par exemple, en
principe destines à couvrir les dépenses de maladie des ouvriers ont été détournes vers les
activités politiques du régime. L'École Normale Supérieure a perdu son premier Directeur, un
respectable éducateur de carrière et un remarquable intellectuel diplôme de la Sorbonne, ainsi
que ses meilleurs professeurs. Les diplômés de cette École ont été remis de cote pour les
nominations et remplacés dans les écoles par des professeurs que le gouvernement estimait être
plus sure. L'institut Haïtien de Statistiques qui avait réalisé un travail remarquable par une
approche statistique des données de base et des problèmes haïtiens, a du suspendre la publication
de sa revue mensuelle par manque de techniciens, car la plupart d'entre eux avaient été révoqués
ou avaient du laisser le pays.
Deux projets inities sous les auspices du programme d'aide américaine, dans le cadre d'un effort
de développement de la vallée de l'Artibonite (ODVA) et dans le Nord du pays (Pote Cole), ont
du se passer de leurs directeurs. Ces derniers, le premier, un agronome économiste
compétent et I’ autre un administrateur expérimental, avaient pensé qu'ils pourraient gérer ces
entreprises selon les principes de 1'efficacité technologique. Aux yeux des hommes au pouvoir,
ils étaient coupables de manquer de zèle pro-gouvernemental et de prétendre se comporter
comme des techniciens apolitiques. Lei comme partout aideurs, la « duvaliérisation » a signifie la
dégradation. Même i’ École Nationale des Hautes Études Internationales pourtant créée par
Duvalier, a été détourée de ses orientations initiâtes et a perdu ses meilleurs spécialistes et, de ce
fart, a enregistre une certaine dégradation. Son directeur, sorti de la Sorbonne (en Histoire) et
de « Sciences-Po » (en Relations Internationales) et I’ équipe de professeurs de haut niveau qui
avaient été exceptionnellement recrutes sans parti-pris politique, espéraient faire fonctionner
I’ école sur le modèle de semblables institutions étrangères. La Banque Nationale elle-même a
été partiellement épargnée parce que le Fond Monétaire International a menace de lui retirer son
appui. Toutefois, son directeur d'études, un des économistes haïtiens les plus brillants, docteur
de la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de Paris, a été révoque et te Conseil de
Direction tout entier remplace.
Dans le secteur prive, des entrepreneurs bien connus, des agronomes, des industries et des
négociants, âpres bien des années d'expérience et de succès, ont été contraints, sous la menace de
boycott, de descentes de lieux et d'autres formes de persécution, d'abandonner leurs entreprises
qui ont été saisies par les officiels du régime, et ils ont du quitter le pays. Les firmes
spécialisées dans I’ importation ont reçu un traitement particulier de la part des services de
douane, car des employés tout puissants détournaient une partie des ordres d'entrée tandis qu'ils
leur remettaient toutes les factures et les impôts. On pouvant ainsi rencontrer des vendeurs de
rue qui offraient a bas prix, calmement et sans crainte, ces articles détourent. Ces pratiques
frauduleuses avaient conduit à la fermeture du magasin américain Bêlas Hess. Pendant ce
-temps, les pauvres voyaient s'accumuler de manière vertigineuse les fortunes des officiels
lesquels, avec un salaire mensuel de moins de US $ 400-500 et des économies de moins de 50
dollars pouvaient se faire construire des villas de l'ordre de 50 a 80.000 dollars. Les hommes au
pouvoir se montraient friands de meutes importes d'latine, de France et des Etats-Unis, de
piscines a la mode, de chaines stéréo. Les comptes dans tes banques suisses grossissaient à
chaque voyage des potentats du régime en pays helvète. Duvalier a utilis6 la corruption
comme la meilleure manière de garder une clientèle loyale et fidele. Corrupteur, sans être
corrompu a tartre personnel!

5.2.- le fascisme, expression de l’impuissance du régime duvaliérien face à la crise générale


du système
Réagissant centre ('indigence des résultats de sa gestion des affaires publiques sauf poïétiques, le
régime s'est montre de plus en plus intolérant, au fur et à mesure qu'il se révélait incapable de
résoudre la crise et a engager un nouveau développement. Plus il se sentait affaibli dans ses
bases, plus il a renforcé ses méthodes terrifiantes. Ses hommes de main ont contrôle I’ appareil
d'état. Us se sont installes au Palais National, comme dans un réduit, et ont organise le
gouvernement a la manière d'un gang, de sorte que Duvalier a joui d'un contrôle absolu et
pathologique sur tous les aspects de la vie rational.
La milice n'avait de compte à rendre à personne, on l'a vu tuer en plein jour, dans un bureau
public, rengainer paisiblement et rentrer a ses casernes au Palais National! Elle disposait d'un
pouvoir illimite ; aussi, a-t-elle impose la loi de la jungle sur une population désarmée et
terrifiée. Dans la longue liste de méthodes arbitraires utilisées, on peut relever 1'emprisonnement
sans mandat de citoyens, y compris des parlementaires; la torture d'écoliers et d'étudiants (en
janvier-février 1961, i’ auteur a compte parmi ses compagnons de prison de jeunes
adolescents qui portaient encore Ides marques des tortures qu'ils avaient subies); le viol des
femmes; la torture infligée a des personnes âgées; te kidnapping de professionnels ; la
confiscation de propriétés privées ; ('inquisition et ides enquêtes ; Ides rondes de nuât effectuées
par des patrouilles a la gâchette facile ; I’ exécution sans jugement dans la prison de Fort
Dimanche. Dans celte atmosphère de cauchemar, comme Graham Greene I’ avait souligne,
n'importe quoi pouvant arriver a n'importe qui. La conférence Internationale des juristes tenue a
Genève a décrit te régime de Duvalier comme étant « un gouvernement tyrannique qui n'est
même pas inspire par une idéologico mais dont I’ unique objecter est de tenir le pays assujetti ».
Le despotisme d'un homme qui peut ouvrir des vannes du terrorisme de manière a éradiqué tous
Ides opposants potentiels et poser Ides bases d'un pouvoir personnel absolu «pour toujours»
rappelle, immanquablement, la description donnée par Gorby Lukacs du gouvernement de Staline
comme « un régime qui systématiquement et avec mépris rend nulle et sans avenue la plus
élémentaire des conditions humaines ».
6.- Internationalisation de la crise sous le sous régime duvaliérien
Le monde des années soixante n'est pas celui de vingt ans auparavant, quand Hitler et Mussolini
pouvaient défier i’ Europe, ni même celui des années cinquante quand Trujillo et Batista
provoquaient des cauchemars dans la Caraïbe. Le régime de Duvalier est un anachronisme
insupportable et une source de danger. Son existence est rapidement devenue un objet de
préoccupation Internationale.

6.1.- le problème des droits humains et l’opinion mondiale


Les violations répétées et provocantes des droits de I’ homme ont soulève tes préoccupations
des organisations Internationales. Les atrocités commises par le régime ont été portées a
('attention mondiale grâce au courage d'une poignée de normalistes locaux et aux inlassables
interventions et a I’ activité politique des exiles haïtiens, 6* I’ opposition externe peut se prévaloir
d'un certain succès* pour avoir stimule des pressions internationales, car il était devenu difficile
maintenant de défendre le régime pour ses postures anti-communistes, sans être conscient
qu'il s'agissait d'un régime anti-démocratique, méprisant la loi des n^Jöns civilisées.
Duvalier a ignoré les demandes de la Commission des droits de I’ Homme de I'OEA afin
d'effectuer des enquêtes sur place. Non seulement i a donne libre cours aux miliciens, mais il
les a excites par ses discount violents et irresponsables. Accroche fanatiquement au pouvoir, il
est devenu \m monstre, conduisant le pays à sa ruine tout en proclamant qu'il incarnait la nation.
De manière pathologique il proclame: «Je suis le drapeau haïtien, un et indivisible », « Je
suis un être immatériel», « Je suis un géant capable de penser le soleil». Authentique !

6.2.- l’extension de la violence contre les étrangers


Le gouvernement s'est expose a des critiques de tous les cotes: les tontons macoutes ont
applique leurs actions violentes même contre des étrangers. Des touristes américains ont été
fouilles et maltraités; un Anglais a été battu et victime d'extorsion ; un commerçant français
a vu ses biens confisques; des journalistes américains ont été arrêtes puis expulses. Même le fils
du chef de la mission navale américaine a été arrêté, et un prêtre français a et6 assassine. Le
gouvernement a été vilipende aux yeux du monde et a perdu tout crédit moral, mais il n'a pas
semble affecte par cette situation de révolution vers une xénophobie criminelle.

6.3.- Kennedy, « l’alliance pour le progrès » et l’hostilité internationale aux dictateurs


La crise de 1963 a révélé I’ ampleur de I’ hostilité Internationale pour le mépris dans lequel
Duvalier a tenu les enquêtes de I'OEA et de I'ONU. Particulièrement dans la Caraïbe, I’ axe
Betancourt-Muon Marin, âpres avoir accueilli le nouveau président dominicain Juan Bosch
dans ce «club démocratique» de chefs d'état de centre-gauche, désirât ouvertement
('élimination du virus Duvalier du systeme interaméricain dont le but était de réaliser une sorte
de fatimide démocratique et représentative. La « gauche démocratique » avait le vent en poupe.
Basée sur une généreuse philosophie et lancée par le Président Kennedy dans le but, entre autres,
de lutter contre la séduction et le défi représentes par Castro, I’ Alliance pour le Progrès
comportait certaines exigences pour la mise en œuvre de son programme de développement
économique et social de I’ Amérique Latine, dont ('adhésion aux principes démocratiques de
base et a une politique qui consiste à aider les gens à s'aider eux-mêmes. Un tel programme était
évidemment incompatible avec i’ existence d'un régime inefficace et dictatorial tel que celui
de Duvalier. En conséquence, âpres avoir vécu avec satisfaction ('élimination de Trujillo, les
États Unis ont anticipe une action similaire contre le féroce Papa Doc, afin qu'un gouvernement
démocratique et populaire puisse mener a bien des reformes économiques et sociales selon les
principes de I’ Alliance pour te Progrès

6.4.- la crise d’avril-mai et la question des ambassades étrangères


La fin du mandat régulier de Duvalier était prévue pour le 15 mai 1963. Tout te monde savart que les
Etats-Unis ne reconnaissaient pas la 'réélection' de mai 1961. On faisant circuler les informations a
ce sujet, mais aussi une déclaration de I’ ambassadeur américain au sujet d'une suspension totale de
l'aide, et ceci encourageait I’ opposition tant a l'interieur qu'a. I’ extérieur. La dictature sanguinaire
semblait vaciller. On spéculait sur la date. Fétiche du 15 mai, laquelle « hopefully » devait marquer
la chute du tyran.
Entre temps, un groupe d'exilés haïtiens en République Dominicaine a préparé une invasion, ce
qui êta It plus opportun et sans doute plus sérieux que I’ attente fébrile d'une date a laquelle
quelque chose devrait magiquement se produire. A l'interieur du pays, des officiers de 1'armée
fomentaient de leur cote un coup afin d'Vetter d'être eux-mêmes détruits. Le mouvement a avorte
dans des circonstances encore inconnues, mais qui impliquaient aussi bien un acte de trahison que le
manque d'armements (les deux étant lies d'ailleurs dans la real rte), et cela a donne a Duvalier I’
opportunité pour mettre a la retraite, d'un seul coup, 70 officiers issus de diverses promotions de
Académie Militaire.
La tentative avortée de kidnapping des enfants de Duvalier a exacerbe la fureur de ce dernier. Le
jour même de ce coup de main malheureux, Duvalier a ordonne I’ arrestation de tous les anciens
officiers sans exception, et la réincarcération de tous les anciens prisonniers politiques. En cette
date notoire du 26 avril, un vendredi, toute la famille d'un ancien officier soupçonne d'avoir
participe a cette action, (une fausse accusation car, la veille, il avait pris asile a I’ ambassade de
la République Dominicaine) a été assassinée et sa maison baile. II faut souligner que le père de cet
officier était un membre a la retraite de la Cour de Cassation et non implique dans des activités
politiques. Les scènes de meurtres sauvages qui se sont produites dans les rues de Port-au-Prince
semblaient indiquer la réalisation apocalyptique de la prophétie émise par un porte-parole du
régime à savoir qu'il y aura un « Himalaya de cadavres » et de maisons détruites. Pendant des
heures, les corps étaient laisses dans les rues de manière délibérée afin qu'ils fussent vus avant
de les retirer pour être enterres. Dies irae, dies Ilia, calam'rtatis....
Les ambassades furent rapidement remplies d'anciens officiers ou par d'autres opposants qui se
trouvaient sur la liste noire du régime. Le corps diplomatique était alerte par des rumeurs
(confirmées par les excès usuels de langage des tontons macoutes) selon lesquelles, en cas
d'invasion, de guerre civile ou même de tentative de renversement du gouvernement, leur siège serait
viol! Et tous les asiles seraient assassinés, comme les prisonniers politiques dans les prisons. Les
ambassades durent installer un systeme de défense, et des unîtes de la marine américaine ont été
vues au large dans la bale de Port-au-Prince.
6.5.- les pressions américaines, l’action dominicaine et l’appel aux organisations
internationales.
Pendant ce temps-la, le gouvernement dominicain décide d'exploiter un incident considéré comme
étant une violation de son ambassade. Le Président Juan Bosch l'a présente comme un casus belli,
et ^n ultimatum a semble conduire tes deux pays au bord de la guerre. En effet, cet ultimatum
était uniquement destine a aggraver la situation interne du pays afin de forcer une issue: c'était
toutefois une erreur, car d'un cote, il s embarrasse certains opposants nationalistes a Duvalier qui se
montraient peu désireux d'être sauves par une intervention éventuelle d'une puissance
étrangère(surtout dominicaine); de l’autre, il a accorde a I'OEA un mauvais motif
d'intervention, car le gouvernement haïtien pouvait aisément prouver que I’ appui militaire officiel
accorde par la République Dominicaine a des groupes d'exiles haïtiens était originellement
responsable de la menace centre la paix.
Au fur et a mesure que le mois de mai approchait, la tension n'a cesse d'augmenter. De jeunes
intellectuels qui ont refusé <5e prononcer les discours élogieux exigés par le régime pour
commémorer le nouveau mandat de Duvalier, durent chercher refuge auprès des ambassades. Des
-fumeurs de massacre terrifiaient la population et Port-au-Prince semblait se trouver d la veille
d'une nouvelle Saint Barthelemy.
On estimait avec une certaine panique, que I’ évacuation des américains et des Européens a
('initiative des Etats-Unis marquerait le point tien départ d'une situation d'anarchie et de chaos,
laquelle provoquerait un débarquement de troupes américaines, particulièrement si le siège des
ambassades Étel voie et si les scènes d'effusion de sang continuaient. De manière surprenante,
les Américains pensaient et disaient que les pressions étaient suffisantes pour provoquer le départ
de Duvalier. Un porte-parole du Département d'état a annonce « une décomposition progressive du
régime ». Pour leur part, la presse et la télévision américaines, âpres avoir orchestra une violente
campagne anti-Duvalier, laissèrent filtrer la nouvelle, triomphalement annoncée dans
('opposition, que des tickets avaient été réserves auprès de la Pan American Airways afin de
permettre a des officiaux du gouvernement et a la famille Duvalier elle-même de se rendre en
Europe. L'OEA travailla intensément pour faire face à la situation qui serait créée âpres !e
départ attendu du tyran caribéen. De son cote, Bosch, sous pression, était convaincu que le temps
était venu de démanteler les camps militaires des Haïtiens, puisque les Américains semblaient
penser que tout se déroulait selon tueurs plans.
C'était sous-estimer I’ adversaire. Duvalier, très certainement, se retenait pour ne pas attaquer les
ambassades, et il a même accorde des sauf-conduits pour évacuer les asiles, afin de remplir une
promesse qu'il avait faite au Conseil de Sécurité. En effet, accusant I'OEA de se montrer inamicale,
il avait sollicite une réunion du Conseil de Sécurité de I'ONU afin d'enregistrer sa plainte centre le
gouvernement dominicain assortie de menaces; il accusa les États-Unis de fomenter une
conspiration latino-américaine contre la seule République noire de hémisphère, et de telles
charges n'ont pas manque de porter auprès de I’ audience afro-asiatique.

6.6.- les erreurs de calcul internationales et les réserves stratégiques des États-Unis
Le Manchester Guardian du 24 avril 1962 a écrit: il est difficile d'admettre que le régime de
Duvalier pourrait survivre sans I’ assistance technique et financière des États-Unis ». Cette
conception longtemps partagée par les États Unis eux-mêmes était basée d'un cote, sur une
surestimation des effets négatifs de la suspension de l’aide dans un pays comme Haïti et de I’ autre,
sur une sous-estimation de endurance des Haïtiens a supporté la souffrance. Le régime a organise une
diminution sensible du niveau de vie, et le peuple a été oblige d'accepter le fait (« survivre dans la
dignité »), tout comme il a été prive de tous les moyens d'action contre un gouvernement que le
support des États-Unis avait renforce. On ne pouvait plus utiliser facilement les vieilles méthodes grâce
auxquelles on renversait les mouvements en soudoyant I’ armée ou les proches du pouvoir en place.
Trop simple avec le type de régimes de fascisme de sous-développement comme en Haïti et dans le
contexte de la guerre froide sensible aux variations de I’ anti-américanisme dans une région de Castro-
communisme a l’offensive. Les votes traditionnelles américaines étaient sinon condamnées à échouer,
du moins a utiliser avec discernement, et I’ élimination de Duvalier, sceptiquement parce que les
Américains le voulaient, ne pouvait plus être une affaire de routine, surtout qu'on n'était pas sur
qu'ils le voulaient vraiment. Théoriquement, il était encore possible d'utiliser d'autres moyens tels
qu’intervention militaire ou la stérile quarantaine économique. Le pouvoir militaire du régime de
Duvalier n'était opérationnel que face a des civils désarmes. L'Amérique Latine est cependant
devenue réticente à toute intervention, sauf chez quelques retardataires de l'opposition, et même les
ennemis les plus impeccables du régime n'estimaient pas alors un débarquement américain
désirable. Dans ce climat favorable au principe de la non-intervention, Duvalier a lui aussi,
réalisé que, malgré toute sa puissance militaire, les États-Unis pourraient être ramenés au niveau
opérationnel d'un «tigre de papier». D'un autre cote, I’ économie haïtienne demeurait vulnérable a
cause de sa grande dépendance de I’ extérieur. Mais les États-Unis avaient pour leur part rejeté I’ idée
leur boycott total des relations commerciales dans la mesure où cela présenterait des sanctions
économiques graves, et qu'ils n'étaient point à altérer aussi bien.
Les mouvements étrangers, en réalité, ont peut-être trop droit et fait trop peu; en ce qui concerne I’
appui a l'opposition.
Le plus sérieux problème, au plus fort de la crise, a été lie à la perplexité montrée par les États-
Unis au sujet du contrôle de la situation après limitation de Duvalier. Après Duvalier, qui ? Quoi ?
L'idéalisme et l'orientation antidictatorial de la Nouvelle Frontière, en particulier après
l'expérience cubaine du fiasco de la Bale des Cochons ne pouvaient pas ailer aussi loin dans le
soutien apporte a l'élimination des dictateurs sans considérer les intérêts nationaux des États-
Unis. Les décideurs américains n'ont trouve, dans la situation haïtienne, aucun groupe tel qu'une
armée forte et indépendante qui, par sa seule présence, pourrait aider a « stabiliser» le pays après le
renversement de Duvalier (comme ce fut te cas en République Dominicaine après le départ de
Trujillo). Ils ont estime qu’à cause de la complexité du cas haïtien, ii était préférable de retarder
un appui décisif à un mouvement jusqu'a ce qu'ils puissent contrôler la crise post-Duvalier. La
crainte d'un mouvement pro-castriste a influence la pensée des américains et a partiellement
paralyse tuer disposition à apporter un support total aux ennemis de Duvalier. Les agents américains
en Haïti ont plus considéras un coup politique plutôt que recherche une solution impliquant les
masses ce qui pourrait conduire au chaos. Ceci équivalait, en fait, à retarder la chute de Duvalier.
Depuis la mort du Président Kennedy, le problème haïtien est devenu une question archivée pour le
Département d'État. La nouvelle administration telle qu'elle est influencée, semble-t-il, de plus en
plus par une « échéance réaliste » et les partisans de la libre entreprise et le point de vue du monde
des affaires, parviendra-t-elle a transforme les relations actuelles en une neutralité bienveillante
favorable a Duvalier, au lieu de s'engager dans la tache impossible de reformer le dictateur, faute
de ne ('avoir point renverse quand cela était possible ? Ou est-ce que la politique d'attente est
simplement une tactique qui va remplacer I’ ancienne opposition a Duvalier ? Toute la politique des
États-Unis a I’ égard de i’ Amérique Latine est impliquée. La nouvelle politique sera-t-elle placée
sous IE drapeau du pragmatisme » ou sous la bannière de Alliance pour e Progrès de Kennedy et
«la politique du bon voisinage* de Franklin D. Roosevelt ? Quelque soit la réponse a ces
questions, la voie semble ouverte pour n'importe laquelle des deux possibilités contradictoires, le
meilleur ou le pire, dans les relations des États-Unis avec Haïti. Une normalisation arrangerait aussi
bien les obsèdes de la guerre froide qu'elle annoncerait la récompense de la patience duvaliérienne
au prix d'un anti-communiste commun

Travail d’Elève

Elaborer un texte critique de vingt lignes pour montrer le caractère négatif du régime de Duvalier
en mettant l’accent sur sa politique de mystification

Etablir la comparaison entre Duvalier et les présidents de la période allant de 1935 à 1956, en
considérant leur désir de garder le pouvoir pour une durée indéterminée.

Faire l’énumération suivi d’explications appropriées sur les divers événements qui occasionnés
l’internationalisation de la crise sous le régime duvaliérien tout en mentionnant les principaux
acteurs qui s’y impliquent.
Thème :
D’un Duvalier à l’Autre.

Compétence terminale 
Apprécier les différents facteurs de l’évolution de la situation sociopolitique d’Haïti sous la
présidence de Jean-Claude Duvalier

Compétences spécifiques :
Présenter les dispositions de sécurité prises François Duvalier afin d’assurer la succession
du pouvoir à son fils Jean-Claude ainsi que les premiers pas du nouveau gouvernement.
Analyser les relations diplomatiques de Jean-Claude Duvalier avec les Etats-Unis en faisant
les ressemblances et dissemblances par rapport à celles de son père.
Effectuer une étude comparative sur la politique du père et celle du fils en faisant ressortir
leurs caractéristiques propres dans la logique de la continuité du régime

D’UN DUVALIER A L’AUTRE

1.- Le nœud gordien de la politique


Maintenant que le verrou dur de la personne de Duvalier a saute du fait de sa mort, d'autres,
empêchent le déblocage de la situation dont le plus important a I’ intérieur est, malgré les
déclarations d'ouverture, le maintien de Appareil répressif du système et, a I’ extérieur,
interposition d'une politique américaine de statu quo relatif pour éviter une crise dont I’ un des
aléas, si elle n était pas contrôlée et canalisée par Washington , risquerait, a ses yeux , de dorme
des chances a un Castro-communia&me local subventionne de extérieur...Jean-Claude Duvalier
a été mis comme un nouveau verrou mou par américain.

1.1.- une série de fusibles pour garantir la sécurité du régime Jean-Claudien


Depuis longtemps déjà, les États-Unis n'ont pas cache que dans I’ éventualité d'une crise
grave, susceptible de déboucher sur une voie révolutionnaire anti-impérialiste soupçonnée
d'inspiration communiste, itsa n'hésiteraient pas a débarquer a nouveau les « Marines » et les
forces spéciales, rendant ainsi 1'expérience de l'intervention en République Dominicaine, en 1965. La
politique du « contaminent» était la phase précédant le « roll back », Les encouragements officiels et
I’ appui ouvert de I’ ambassadeur américain Knox au régime et ses plaidoyers publics, dans la
mesure où ils traduisent sa position réelle, en faveur d'une politique nord-américaine de cause
commune avec les Duvalier, s'expliquent sans doute dans cette perspective d'éviter a tout prix une
crise de ce type. En ce sens, le régime des successeurs est charge politiquement - c'est son rôle
historique - de faire faire aux U.S.A. I’ économie d'une nouvelle intervention et occupation
militaire avec les réactions qu'elle ne manquerait pas de susciter chez les patriotes haïtiens de toutes
tendances et aussi dans ('opinion nord-américaine elle- même et dans le monde. En tout cas, une des
prévisions que j'avais faites, des 1963-1964, a la fin de Haïti of the Sixties et selon laquelle toute
continuation du régime de Duvalier risque de frayer la voie au développement d'un fort sentiment
anti-américain chez les Haïtiens, semble avoir un début de réalisation, même dans les milieux
d'exiles a New-York peu suspects de sympathie naturelle pour les idées de gauche. La question pour
Washington, comme d'ailleurs pour Paris, est de savoir si ces deux plus importants parmi les
principaux pôles traditionnels de la diplomatie haïtienne (Washington et Paris) sacrifieraient ou
compromettraient leurs intérêts a moyenne ou la longue échéance, a leurs intérêts immédiats au
nom d'un réalisme fonde sur une situation précaire, sans parler des considérations de morale
Internationale auxquelles le fait d'être une grande puissance ne devrait pas dispenser d'obéir.
Car, en Haïti même, tout est loin d'être droit de manière irrévocable, même si le calme de la rue et
le caractère apparemment normal de la vie quotidienne, expression d'une situation plus subie
qu'acceptée, autorisent provisoirement a croire en un succès de la continuité et en I’ avenir du
duvaliérisme sans Duvalier père.

1.2.- le nouveau panorama


Le monde des affaires continue d'afficher, a regard du fils, I’ opportunisme tactique qui lui a réussi
ces trois dernières années avec le père. Bourgeoise commerçante dans ses deux strates métisse et
libanaise, elle a besoin du pouvoir politique pour alimenter, protéger et soutenir ses affaires, Pertat
passant les plus grosses commandes et pouvant octroyer, en plus de la sécurité, de gros
avantages douaniers, fiscaux ou autres. Bourgeoisie industrielle dans ses deux strates métisse et
étrangère, elle apprécie la sécurité dans la stabilité et les garanties de profit offertes par un
régime sous lequel les grèves ne sont pas tolérées, les salaires n'augmentent pas au rythme de
croissance des bénéfices et d'augmentation du cout de la vie, et les obligations sociales du code du
travail peuvent être contournées par « arrangements » particuliers. II n'en demeure pas moins que
pour le monde des affaires, la situation actuelle est un moindre mal ( pas le pire cependant), et il
n'est guère solidaire a la vie et a la mort avec le régime des successeurs a la perte duquel il
assisterait ou même travaillerait sans déplaisir, a condition de pouvoir récupérer tout ou partie de
son influence politique.
Le reste de la population, en ('absence de tout parti politique véritablement implant^ et
dans I’ impossibilité d'organisations de masse autres que celles instituées par le pouvoir, est
chloroforme par une propagande unilatérale, face a laquelle la presse clandestine est encore
de faible portée. Force potentielle, elle rallierait sans doute tout mouvement sérieux et efficace
en lui apportant les dimensions de ('explosion populaire, mais I’ opposition a difficilement accès
aux masses, police et tontons-macoutes veillant au grain. Aussi, ne faut-il pas s'étonner de I’
apathie politique apparente et provisoire de ce secteur. Muselée par-là crainte de se trouver
compromise aux yeux d'une police toujours omniprésente et toute-puissante, cette population
urbaine est surtout soucieuse, pour le moment du moins, d'éviter les ennuis avant même qu'elle
puisse relever la telle si elle arrive à s'en donner les moyens un jour et, dans I’ hypothèse ou,
cessant de se contenter d'y penser, élite entreprend d'y travailler. Champ difficile a ensemencé
dans I’ état actuel, par les porteurs d'idées révolutionnaires.

1.3.- le refuge-défoulement dans l’humour noir


En attendant, elle pratique le refuge dans I’ humour et dans le fantastique, comme I’ attestent
les trois histoires les plus significatives racontées sur Duvalier. La première : une vieille
paysanne à qui un sorcier avait recommandé d'appliquer d'urgence une image de Satan sur la
tète de sa fille gravement malade pour la guérir, utilisait, faute de mieux, une photo de Duvalier
qu'elle avait a portée de main. La mort fut instantanée, et le sorcier d'expliquer à la mère éplorée
que la dose avait été trapu forte. La deuxième: la très forte chaleur orageuse le jour des
funérailles de Duvalier a été expliquée par la malignité populaire comme I’ effet de I’
ouverture toutes grandes des portes de Tendresse pour accueillir sa note de plus encombrant.
Enfin, la troisième raconte comment Saint Pierre, n'en croyant pas ses yeux, vit accourir aux
portes du paradis te jour de la mort de Duvalier, Satan en personne, affolé et penaud. Duvalier,
se plaignait-il, venait, par un coup d'État, de prendre le pouvoir a vie dans I’ Enfer. Si te ridicule,
jusqu'au grotesque, n'a pas tue ce régime, I’ humour, même noir, ne l'entendera pas.

1.4.- l’arrière-pays en attente tranquille


A la campagne, les propriétaires fonciers, responsables en grande partie, par leur influence, du
succès de la campagne électorat de Duvalier dans les provinces, ont été vite éliminés, soit
domestique soit tout simplement court-circuit sur le plan politique - le seul qui intéressait Papa
Doc - par la promotion d' « hommes nouveaux » comme chefs de section, par Utilisation habile
de I’ emprise des prêtres du vodou sur les paysans, et par I’ appel direct aux masses
paysannes sans passer par I’ intermédiaire oblige de leurs anciens chefs traditionnels vis-à-vis
desquels te fils n'a de toute façon pas tes dettes portiques du père.
Quant a la paysannerie pauvre, si souvent évoquée dans les slogans gouvernementaux, lancée
dans le mouvement politique sans éducation politique véritable, éveillée tout de même à un
certain sens de la dignité, mais sans prise de conscience réelle de sa condition infrahumaine et
des possibilités d'en sortir, elle est manipulée par le pouvoir et grisée par le tourbillon des
manifestations a Port-au-Prince, après lesquelles elle retrouve inchangées à la campagne, ses
conditions d'existence matérielle et spirituelle. Sa philosophie vis-à-vis de ses oppresseurs est
celle de la patience du « Bon Dieu bon », c'est-a-dire que sa malignité est sans bômes, comme sa
capacité d'accoutumance souriante malgré sa misère, sa prudence aussi, dictée par ('expérience, de
même que son sens pratique en endossant I’ uniforme de la milice rurale si on l’y obligé. Une
guérilla rurale aurait fort à faire pour s'apprivoiser de manière a se trouver en son seuil « comme
un poisson dans I’ eau ».

2.- Les rapports avec l’oncle Sam


Bien entendu, au niveau des forces politiques actives, des plans se font, des complots
s'ourdissent, des rumeurs de coups d'état militaires imminents parviennent a I’ extérieur, jusqu'a
Radio Canada qui interrompt ses émissions pour annoncer très sérieusement la formation d'une
junte militaire en Haïti, nouvelle démentie par la suite. Cette annonce était-elfe simplement
prématurée ? Ou un ballon d'essai ? C'est un fait en tout cas, que dans le fragile équilibre
gouvernemental actuel, le fait nouveau de la situation, c'est que I’ armée n'est plus en perte de
vitesse comme avant, et son retour en force peut lui rendre sa capacité d'initiative, bien que
celle-ci continue d'avoir des limites.
En tout cas, elle a reconquis le pouvoir de la rue qui lui avait été pratiquement enlève par les
tontons-macoutes. Elle reprend un peu de son initiative en matière de police de l'ordre public. Et
surtout , elle est devenue porteuse de I’ espérance clinique a la fois de ('opposition traditionnelle
au moins comme voie de déblocage et transition vers la deduvaliérisation postérieure, et de
certains partisans du régime peu chauds a regard de la formule grotesque de I’ avènement du «
gamin » et inquiets de risquer de tout perdre en laissant le pouvoir entre les mains jugées fragiles
de la famille, face a une situation pleine de difficultés périlleuses et de contradictions.
La masse de I’ opposition extérieure, parcellisée autour d'une quarantaine de réputes
présidentiables, divisée en une dizaine de groupements de droite, quelques cinq a six
organisations de gauche non communiste et au moins sept partis se réclamant du marxisme-
léninisme, se voir provisoirement condamnée a I’ attentisme, et se refugie dans I’ imaginaire.
Certes, certains groupes ou certains individus ont su dorme le meilleur d'eux-mêmes, jusqu'au
sacrifice suprême face aux forces de la tyrannique et I’ opposition aura, un jour, une listes
émouvante de héros, jeunes surtout, a faire vénérer par une patrie qui sera, alors, en mesure
d'être reconnaissante du sang verse pour la libérer. Mais la tragique impuissance de
('opposition s'est manifeste dans la relative facilite de la passation du pouvoir a un autre
Duvalier. Elle manque d'organisation plus que de doctrine, et de moyens nationaux et
internationaux plus que de leaders et surtout, elle souffre d'une carence jusqu'ici majeure: un
pole de ralliement. Dans cette situation, il arrive fort a des activistes impatients et
aventuristes, soit a des farfelus d'liure messianique, d'avoir leur heure de gloire. Une aventure
récente, avoir suscite a New-York des espérances insensées, vient de se terminer dans la
révélation de 1'imposture. Autrement, attentisme. Attentisme de ceux qui attendaient une mort
de Duvalier qui rocoue rien change de fondamental si on n'excepte I’ affichage d'une nouvelle
mage de marque pour la consommation internationale. Attentisme de ceux qui amendent
toujours le feu vert hypothétique sort des Américains, soit des Soviétiques ou des
Cubains, ce qui fait dépend ré toute décision d'un jeu international qui échappe au
contrôle des Haïtiens. Attentisme de ceux qui accélèrent le murissement de la situation
intérieure et un conflit déclare inévitable r Ses tenants actuels du système temporairement
solidaires, ce qui laisse a ces demies I’ initiative des évènements. Bien entendu, au niveau des
groupes les plus sérieux, a droite et a gauche, et sur lesquels il convient d'être discret, des plans
sont mis au point, une préparation s'organise et des moyens sont envisages et recherches pour en
finir avec te régime, mais ('interposition de Washington apparait comme le nœud gones de tout
dénouement de duvaliérisateur. Ce nœud gordien reste à trancher, Washington étant toujours
susceptible de modifier sa ligne politique sous la pression des circonstances changeantes. En
attendant, obstruction américaine au rapide de la situation, espère par tous les secteurs de
opposition prend une gravite exceptionnelle pour i’ intérêt national haïtien a brève et a longue
échéance, puisqu'elle empêche le redéploiement des forces pour la compétition démocratique et I’
ouverture d'un large éventail d'options. Car le pouvoir des Duvalier, en essayant d'améliorer son
image de marque pour la consommation internationale, en introduisant des modifications de
surface et des changements individuels limites, en donnant de nouveaux masques § d'anciens
visages, ne se pense pas en terme de transition, mais de consolidation.

3.- Nouveau cours et l’incertitude des perspectives


En effet, le régime des successeurs, dont certains indices révèlent qu'il ne croyait pas en lui-
même le jour des funérailles de Duvalier père, cherche à se consolider et à se refaire une
virginité

3.1.- Une ouverture insincère et contrôlée


Un cabinet ministériel est formé, qui comprend de jeunes techniciens diplômés
d'universités européennes, mais son pouvoir est fantomatique, tes centres de décision sont
ailleurs. Une amnistie singulière est libellée en des termes d'une évidente duperie, puisqu'elle
peut exclure n'importe qui au gré du pouvoir. La nouvelle combinaison tente ses chances du
cote américain en relançant i’ anticommunisme, et du cote français en exploitant les
possibilités matérielles et les ouvertures économiques de la francophonie. En attendant, elle
recourt aux expédients les plus originaux, telle la loi sur le divorce en 48 heures pour attirer les
couples étrangers en mal de divorce ultra-rapide. Outre les entreprises de « quick money »
dont certains viennent de Purot Ricoh pour exploiter le meilleur marché de la main-d’œuvre, la
nouvelle politique économique consiste, pour maintenir I’ impression d'un rythme de
croissance. A débiter le pays en petits lots: plages du Sud concédées à des groupes canado-
suisses, l’ile de la Tortue abandonnée à des intérêts privés américains, Ixtle de la Gonâve négociée
par des intérêts français. C'est une mise en coupe régie par une vente en détail simulée en
concessions pouvant atteindre 99 ans !
Mais le « nouveau cours » peut se révéler capable de gestes et d'opérations qu'ii voudrait faire
croire prometteurs d'un véritable changement de climat et de politique. II trouve alors
rapidement ses limites politiques (ne pas désavouer le père) et objectives (ne pas miner ses
propres forces). Entre les écueils de toutes sortes, dont la plupart, pour ''instant ne lui viennent
pas de ses adversaires, il essaie de trouver un nouveau rythme de croisière. Pour essayer de
contenir la flambée de vie chère, les prix des denrées de première nécessite sont fixes a des
niveaux-plafonds, mesure routinière périodique. Le salaire minimum a d'un coup augmente de
43% passant de trois gourdes et demi (70 cents U.S.) a cinq gourdes (1 dollar U.S.), alors qu'il
n'avait pas bouge depuis vingt ans, y compris les quatorze années de Papa Doc. Alors que celui-
ci restait enferme dans son palais forteresse, les successeurs renouent avec la tradition des
tournées en province comme test de popularité, et y entreprennent une « reforme administrative »
pour redonner confiance, mais il s'agit d'un simple changement de personnel administratif imite,
Des mesures d'assainissement financier sont annoncées sur des questions mineures, alors
qu'on attend toujours le retour au budget normal de t'État, des fonds importants recueillis par la
Régie du Tabac et qui sont défournes au profit des hommes du gouvernement. Les
travaux de la centrale hydro-électrique de Pellagre. Ils approchent de lieur terme,
inauguration, étant prévue pour le 22 juillet prochain, soft plus de quinze années I’ achèvement
du barrage. Des groupes prives étrangers sont en lice pour certains travaux comme la route du
Sud et, au nom de la francophonie, Port-au-Prince demande officiellement a Paris d'être inscrit
pour une part plus substantielle au programme de la coopération. Ceci me fera titrer un de mes
articles a la revue catholique parisienne « Esprit» : « Duvalier fis sous biais de la francophonie
» qui n'aura pas I’ heur de plaire a I’ Élysée. Pour donner le change, on destitue quelques tâtes
régionales de tontons-macoutes, mais pour les remplacer par d'autres dans les principales viles,
et ce sont des bataillons mixtes armée-milice qui rendent les honneurs aux délégations
envoyées dans les provinces. La création d'un corps spécial de «léopards » anticommunistes
et d'une armée de réserve de 30.000 hommes semblent une manœuvre politique pour sauver I’
institution mon outarde autant qu'une mesure a consommation étrangère en rebaptisant une
ancienne fonction décriée.
Mais la recherche d'une nouvelle image de marque peut-elle, par le « nouveau cours » et
la prétendue libéralisation dont exile serait porteuse. Amorcer un processus de dégagement de
forces nouvelles qui, a terme, pourraient se retouper centre ses auteurs comme le passage de
I’ empire autoritaire a I’ empire libéral a emporte le second empire ? Ou ne servira-t-elle,
comme les successeurs le voudraient sans doute, qu'a masquer I’ invariance du système qui saurât
jeter du lest pour se perpétuer ?

3.2.- La gestion d’un bien de famille


Quoi! Qu’il en soit, gère comme un bien familial, le pouvoir, entre les mains des Duvalier (mère,
fils et fille ânée), agglutine autour de lui parents, allies ou protèges et favoris. Cambronne,
homme-lige du défunt, a les faveurs de la veuve. C'est te fils adoptif de la politique. On le fart
ministre de I’ intérieur et de la Défense nationale. La famille Raymond a des liens de parente
avec les Duvalier. Claude Raymond est chef d'état-major de I’ armée. Adrien Raymond est
ministre des Affaires étrangères, Rodrigue Raymond possède le cabinet juridique qui fait les
bonnes affaires du divorce en 48 heures et, enfin, Paulette Raymond-Laroche est toujours
secrétaire privée de Mme Veuve Duvalier faite « Première Dame de la République ».
Un dosage habile intègre provisoirement au système tes conflits d'interpela entre favoris civils,
politiques ou techniciens, militaires réguliers et tontons-macoutes, grâce a une pyramide a trois
étages de pouvoirs superposes. A I’ étage inferieur, le cabinet ministériel dont la trilogie
comprend des serviteurs politiques du père défunt, quelques techniciens diplômes des universités
européennes, et des tontons-macoutes, a le pouvoir de gestion administrative. En son sein, I’
homme fort est le ministre de I’ intérieur Cambronne, symbole de la continuité et garant de la
puissance maintenue des tontons-macoutes. A I’ étage au-dessus, le comte des conseillers
spéciaux, dont la trilogie comprend des favoris politiques civils influents, des militaires anciens
soldats promus au commandement des forces réelles de I’ armée, et des chefs tontons-macoutes
particulièrement puissants, a le pouvoir d'orientation. En son sein, I’ homme fort semble être le
conseiller spécial pour la Sécurité nationale et la Police Luc Désir, chef de la police secrète du
père, maintenu en fonctions par le fils. A I’ étage supérieur, la familier Duvalier et surtout la
trinité veuve-mère, fils et ânée, noyau réel de la toute-puissance, se réserve le pouvoir de décision.
La remontée de I’ armée et quelques velléités de normalisation, Ides tontons-macoutes, dont
quelques chefs tombent en disgrâce par grignotage progressif, demeurent, selon les termes d'un
communique rassurant pour eux, I’ un des piliers du système. Comment, en effet, scier la
branche sur laquelle le régime repose sans tomber dans les filets de I’ armée ? La fin du mois de
deuil officiel (22 avril -22 mai), laisse ouverte 1'interrogation initiâtes : continuité dans une
ouverture simulée ou deduvaliérisation par explosion ou par érosion ? Les prochains mois
dératent pouvoir y apporter les premiers éléments de réponse. Peut-être tout qu'Haïti, toute
singulière qu'elle sort et tout cas-limite qu'el paraisse, sur simplement, a sa manière, un
itinéraire bien caribéen et latin Américain.

Travail d’Elève
Elaborer un texte de quinze lignes pour faire état des dispositions du père en vue d’assurer une
bonne transition du pouvoir tout en mentionnant les débuts du gouvernement de Jean-Claude
Duvalier.

Produire un texte de douze (12) lignes avec des commentaires sur l’ingérence des Etats-Unis
dans les affaires du pays sous le gouvernement de Jean-Claude Duvalier.

Exposé dans texte de vingt lignes une étude comparative sur la politique du père et celle du fils
sur le point de vue sociopolitique.

Thème :
Les effets politiques du système Duvaliérien sur les diverses couches sociales.

Compétence terminale 
Analyser les grands effets politiques du régime sur les principales couches de la société en
insistant sur le nouvel état des forces politiques intérieures.
Compétences spécifiques :
Placer la structure des tontons-macoutes dans son contexte en tant qu’arme puissante entre
les mains des Duvalier dans la gestion du pouvoir et dans la pratique des répressions
sociopolitiques.

Faire ressortir les manœuvres de la bourgeoise traditionnelle dans le régime en référence


aux intérêts économiques tout en faisant mention des intérêts des étrangers sur place.
Mettre en relief les divers impacts du régime duvaliérien sur les forces intellectuelles et
religieuses du pays

LES EFFETS POLITIQUES DU SYSTEME DUVALIERIEN

1.- Chefs militaires, tontons-macoutes et politique


- compositions des tontons-macoutes en trois strates (les antisociaux, les aigris assoiffes de
revanche sociale, la milice populaire)
On dit souvent que Duvalier a détruit I’ armée d'Hatti. Ce n'est pas exact. II fa maintenue en tant
qu'institution, mais en la vidant de sa substance, en la neutralisant par la milice des tontons-
macoutes et en la domestiquant par une politique habile et cynique de promotion d'officiers. Et
puis, que Duvalier ait mis de la ténacité et art progressivement réussi à neutraliser 1'armée par Ides
tontons-macoutes 'pendant son « règne » est I’ un des traits cardinaux de la situation politique du pays.
En réalité, trois strates distinctes sinon successives constituent effectif des tontons-macoutes.
La première, auxiliaire de la police secrète a I’ origine, recrutée parmi Ides antisociaux » de la
société traditionnelle (délinquants de dort commun, marginaux du lumen, rates des différentes classes
sociales) a joue le rote d'hommes de main sans foi ni loi, véritables gangsters de la politique,
-responsables au premier chef du terrorisme aveugle avec ou sans cagote. C'est donne la force
civile armée d'exécution des basses œuvres du régime, parallèle a la section torturerai de la police
régulière qui dépend de I’ armée et qu'elle surpasse en fayotiez sinon en technique. Pour cette
strate, tes tontons-macoutes, c'est la revanche sur « la société » par le vote du crime
politique. Elle a grignotée progressivement, parfois du vivant de Duvalier déjà et plus
spectaculairement aujourd'hui. Les successeurs voudraient en faire des boucs-émissaires faciles.
Mais tous Ides tontons-macoutes ne sont pas des repris de justice ou des hommes de main. Une
deuxième strate, auxiliaire et contre poids de réarmée, recrutée parmi tes fonctionnaires en quête
de promotion sociale, Ides membres des professions libérâtes aux horizons bouches, Ides
opportunistes de la petite-bourgeoise soucieux de ne pas perdre pied avec 1'avènement du nouveau
régime, tes aigris des classes moyennes assoiffes de revanche sociale, Ides laisses pour compte des
couches modestes accules a survivre dans une société injuste et bloquée, est plus politisée et
militarisée. II aime, en effet, jouer a 1'armée dont elle double » les chefs, et c'est de ses rangs
que sont sortis Ides premiers c commandants » aux responsabilités des postes militaires. Pour
cette strate, tes tontons-macoutes, c'est la voie ouverte vers la satisfaction de appétit de pouvoir
politique, et en temps la force armée des inconditionnés du régime et un reflexe de défense
sociale. Exile ESI capable de crimes, sans en faire sa spécialité exclusive.
Le troisième stade est bilinéaire, embryonnaire et invertébrée, rurale d'appartenance que “le
régime a heurte à organiser. Elle a peu ou pas d'armes, sert surtout de masse de manœuvre tors
des concentrations populaires organisées et lors des défiles a effet de démonstration politique.
Lancée dans te carrousel portique sans conscience poïétique véritable, cette strate se satisfait du
salaire psychologique de savoir qu'elle compte maintenant dans la balance politique. Le révolver,
symbole ostensiblement porte de sa puissance nouvellement acquise, ou I’ uniforme qui le
distingue de ses frères de classe restes dans le « civil », assouvit sa soif de dignité et d'autorité
sociale en temps qu'il I’ entoure de ce climat de respect craintif qu'éventuellement il peut
monnayer sort sous forme d'abus farts aux autres, sort sous forme de protection qu'elle peut offrir
contre de menus avantages dans la vie quotidienne.

C'est I’ ensemble de ces trois strates qu'on appelle vulgairement les tontons-macoutes et
officiellement la Milice des Volontaires de la Sécurité Nationale, un titre emprunte au fascisme
mussolinien. En réalité, ce n'est pas une force indifférenciée et sa fidélité est plus personnelle
qu'institutionnelle, et ceci est important dans réévaluation des forces poïétiques. Le fait qu'on a
retiré de tuer par révolver a certains éléments de la deuxième strate et lieur puissance régionale a
certains éléments de la troisième révèle que les successeurs ne les considèrent pas comme sures à
100%.

1.1.- L’amalgame armée-milice


Quant à I’ armée régulière qui garde I’ avantage d'avoir une présence et une organisation
temporaires, quelques principes, une tradition, des cadres qui ont tant bien que mal épargnes
par !e maelstrom des purges successives, élie n'est plus monolithique. A cote d'officiers de I’
ancienne formation et de I’ ancien style, qui ont survécu comme cadres compétents dans des
postes et fonctions vides de toute autorité réifie et en tout cas dépourvus de toute puissance portique
et de tous moyens, pas militaires puisque les stocks d'armes et de munitions Lieur échappent, et a
cote d'officiers de carriers duvaliéristes et quasi- marotises, durcis par compromission criminelle
et anesthésias par la corruption de I’ argent politique, il y a deux catégories politiquement
significatives : celle des jeunes Turcs se tenant sur la réserve et qui sans vouloir de I’ ancienne
armée au service de l'oligarchie traditionnelle ont assiste, impuissants, a la double dégradation de
I’ institution militaire d'être associée a la milice et de n'avoir pas su a temps être la «
gardienne de la Constitution » contre ('oppression et la tyrannie ; ils aspirent a remettre ('institution
militaire au service du peuple et du développement du pays ('avoir réhabilitée. Mais surtout
Duvalier, obsède par i’ idée fixe de ne plus permettre ('émergence d'un nouveau Magloire, c'est-a-
dire d'empêcher tout homme, fut-il son gendre ou un oblige, de devenir fort a I’ intérieur du
régime et de menacer son pouvoir, avoir exclu du service actif les cadres militaires les plus
capables, a place aux postes clefs de I’ armée d'Hart des anciens soldats d'origine populaire
sortis des rangs, donne n'étant pas passes par I’ Académie militaire, et a qui les régimes
antérieurs auraient difficilement permis d'accéder aux centres de commande et aux positions de
force réelle d'une institution-reine qui faisait et défaisait jusque-là les chefs d'État. Pour
compléter le tableau, il faut ajouter la tendance à recruter des contingents militaires directement
dans la milice, comme la rébellion de la marine en avril 1970.
Duvalier père a toujours voulu, et il y est presque parvenu a sa mort, amalgamer Camée et
la milice des tontons-macoutes. Le démontrent son insistance a obtenir des chefs d'état-major
de I’ armée, Organisation de défiles militaires communs, son audace de nommer des miliciens au
commandement de certains postes militaires (en association avec les chats militaires réguliers), son
habitude de faire marcher de pair patrouilles et sentinelles des deux forces, et la composition de son
propre entourage de sécurité associant officiers réguliers et miliciens lourdement armes. La garde de
son cercueil par 22 soldats et 22 miliciens est le couronnement symbolique de ce qu'on peut appeler
la grande pensée du règne.

1.2.- l’armée au soleil incertain de la réhabilitation Jean-Claudienne


L'évènement sans doute le plus important de la nouvelle conjoncture post-mortem est le
changement subtil, mais déjà significatif, dans le rapport des forces au profit de réarmée. Elle
n'est plus en perte de vitesse par rapport a sa rivale, la milice, autrefois plus sure d'elle-même.
Mais, héritage de l'œuvre du défunt, elle comprend toujours trois catégories distinctes: celle de ses
cadres issus de l'académie militaire, qui sont susceptibles de penser encore en termes de
professionnalisme, d'aspirer à reprendre le r6le politique dévolu autrefois a une force militaire,
régulière et disciplinée, qu'ils considèrent comme la seule force matérielle véritable au service de
l'ordre. Les bruits et rumeurs périodiques de « junte militaire » concernent te plus souvent les
membres de cette catégorie, et ce sont eux qu'on crédite de vouloir régler son compte a la milice des
tontons-macoutes.
La seconde catégorie comprend les chefs militaires issus de la base, c'est à dire, précisons-le,
sortis du rang et promus aux postes-clefs disposant des forces réelles de I’ armée.
Inconditionnels de Duvalier père à l'égal des tontons-macoutes, lies par intérêt à Duvalier fils,
auquel ils ont transferts leur fidélité reconnaissante, ils sont susceptibles de poser un veritable
problème a la première catégorie, qui ne semble pas avoir les moyens de les éliminer avec l'aide du
pouvoir actuel ni de les gagner a une entreprise de coup d'État. Seront-ils fideles à l'esprit de corps,
ou seront-ils les gardiens de l'orthodoxie de l'ancien régime continue dans le fils?
La troisième catégorie est, on l'a vu, celle des jeunes officiers, assez peu compromis pour
constituer une réserve, assez lucides pour s'interroger sur Pertat de dégradation de réarmée
officielle, et assez patriotes pour s'interroger sur te rôle d'une armée moderne dans une politique
nationale de progrès. II n'est pas certain qu’il ait la possibilité de se constituer en groupe de
«jeunes Turcs ». Enfin, il ne faut pas exclure l'alea imprévisible d'un coup de sergents a la
Batista, la base et les cadres n'étant pas socialement et politiquement homogènes, bien que cette
dernière éventualité parut peu probable a envisager dans les circonstances actuelles du démarrage
laborieux du règne du Fife mineur émancipe de feu Papa Doc a l'avènement régie au sérail comme
un ballet et porte sur les fonts baptismaux par « Papa Knox » comme le disait un peuple facétieux
de badauds qui observaient les allées et venues des voitures officielles et diplomatiques au Palais
National.

2.- Oligarchie mobilière traditionnelle et politique


Jusqu'a l'avènement de Duvalier, «le commerce et l'industrie » constituaient une des forces
politiques décisives de la société traditionnelle, contrôles par trois secteurs: le secteur indigène,
bourgeoisie traditionnellement plus commer9ante qu'/industrielle, liée a la bourgeoisie de professions
libérâtes, fraction de classe a esprit de caste, a prédominance métisse, souvent dénoncée dans la
terminologie duvaliériste comme la bourgeoisie mulâtre exclusiviste, au sein de laquelle se
manifeste «la fuite de race »; le secteur libanais, surtout commerçant importateur, hartien d'adoption et
étranger par naturalisation, en processus d'enrichissement constant et d'ascension sociale ; et enfin le
grand secteur étranger, Industrie! Et commerçant exportateur. C'est surtout le premier et dans une
moindre mesure le second qui constituaient les forces nationales actives en politique. Le système
de Duvalier a consiste à appliquer un traitement spécifique a chacun de ces secteurs de cette
bourgeoisie hattienne pour la tenir en respect en tant que classe, en attendant de la rallier, individu
par individu ou secteur par secteur, en jouant sur l'intérêt, la psychologie de classe et les rivalités à
l'intérieur des classes.

2.1.- le premier secteur bourgeois-patricien des affaires


Le premier secteur avait, jusqu'a la victoire de Duvalier, les dents assez longues pour faire et
défaire les chefs d'État d'accord avec I’ armée. Tenue partiellement en échec de 1946 a 1950
par 1' noire relativement progressiste des « authentiques » du régime du président Estime,
remise en selle par le coup d' militaire de Magloire qui obtint d'elle cependant qu'elle n'éliminât pas
totalement I’ acquis de 1' sociale de 1946 un début de chasse aux quarante isards, vaincue par
Duvalier en 1957 alors qu'elle croyait le moment, dans I’ élan de son retour en force depuis 1950, de
prendre de façon plus nette et sans partage la direction du pouvoir politique avec son candidat
Louis Déjoie, cette bourgeoisie mobilière indigène est d'abord I’ adversaire déclare du régime de I’
homme qui avait dénonce sa responsabilité historique dans les malheurs de la nation dans son livre
«le problème des classes a travers I’ histoire d'Hart», et, en tant que telle, victime des
persécutions policières et politiques pour démontrer au peuple et lui révéler a elle-même qu'elle
n'état pas incontestable. Puisqu'elle boudait, cessait d'investir et restart fidele a ses options politiques
et sociales exclusivistes, I’ appareil de répression a dirige ses coups contre elle, pendant que I’
appareil de propagande diffusait des slogans de la «révolution» duvaliériste, verbalement
présentée comme hostile a la domination de classe des «réactionnaires mulâtres ». Son refus
politique de I’ acceptation de Duvalier est allé, dans une première phase, jusqu'au
désinvestissement en réplique aux exactions et aux pressions de toutes sortes : elle essaimait ses
capitaux dans les iles voisines ou tentait I’ aventure aux États-Unis et Canada.

- le temps de faire le gros lot


Puis, comme elle est pratique et qu'elle faisait a I’ étranger (' que la compétition est dure dans les
affaires alors qu' I’ avait gâtée, comme elle est réaliste et qu'elle voyait durer le régime, comme
elle est intelligente, et qu'elle avait fini par saisir que les slogans révolutionnaires du régime
n'étaient que « paroles verbales », elle a acceptas d'être dépolitisée pour avoir de Duvalier en
échange de sa neutralité intéressée et complice, la sécurité des affaires. Par cette renonciation, elle
cessait de se faire craindre politiquement par le régime dont elle reconnaissait que tout ce qui est
portique relève du seul mouvement, et elle préparait les voies a un ralliement que plus n'en de
fondamental n'interdisant, surtout a I’ heure ou le régime embouchait la trompette anticommuniste.
Ce ralliement qui avait I’ avantage d'apporter au pouvoir une consécration et une caution qui lui
manquaient, a l'oeuvre des trois demeures années du règne. Les affaires reprenaient, des
investissements nouveaux apparaissaient, et devenait, par exemple, le premier pays exportateur
de balles de baseball du monde ! Et c'est à cette phase de la courbe évolutive des rapports entre le
pouvoir et la bourgeoisie métisse que les successeurs recueillent 1'héritage. La mort de Duvalier
allait-elle remettre en cause I’ équilibre laborieusement obtenu ? Ou allait-elle confirmer un retour
en grâce sur une position de gagnante ?

- le secteur libanais comprador prêt à jouer le jeu


Quant au secteur libanais ou italien, en concurrence avec le secteur précédent avec lequel sa
solidarité se situait seulement au niveau large de la propriété et non au niveau du commandement
social et encore moins de I’ option politique, vite redevable a Duvalier de lui permettre d'être
associe symboliquement au terme de guet yues-uns de ses membres injectes dans des positions
politiques, plus à l’aise pour faire de bonnes affaires qu’à perdre son temps dans les chimères
nostalgiques d’un pouvoir que le premier secteur n’avait jamais partagé avec lui, il s’occupait à
consolider ses positions économiques et à améliorer ses positions sociales à l’ombre de la protection
d’un duvaliérisme qui ne le gênait qu’à l’occasion des campagnes de collectes de fonds. La
domestication de ce secteur a été faite à peu de frais. Pourquoi susciterait-il des difficultés à
l’avènement des continuateurs déclarés ? Comme les marchandes de Pétion-ville il a trouvé Jean-
Claude comme un peu gras. Sinon même bouffi, mais, un « petit innocent » encore imberbe, et donc
sympathique, que l’ambition du père a sacrifié sur l’autel de la politique. Il faudrait presque l’en
plaindre.

3.- Intérêts étrangers sur place et politique

- les intérêts des américains


C'est ici qu'il faut distinguer. Car en réalité, il y a eu quatre vagues d'investissements
américains en Haïti, donnant en gros quatre types d'investissements qu'il serait injuste de
confondre. Le premier type constitue par les investissements les plus anciens, correspond
aux dinosaures du capitalisme américain en Haïti: la Compagnie Électrique, la Hasch (usine
sucrière) par exemple et est devenu une enclave étrangère, peu soucieuse de participer
plus actiennes au développement du pays, se contentant d'être installée dans la Toutime
d'affaires amorties depuis longtemps et prolongées sans programme d'expansion, remplissant tant
bien que mal Puna un contrat - tarif exorbitant de Vènerie électrique et irrégularité de son
service – et Pâture, un modeste quota (le quota sucrier total d'Hart aux U.S.A. a été de 28.480 t
en 1967). Ce premier type s'est depuis si longtemps accommode de la société
traditionnelle qu'il préfère au pouvoir son partenaire privilégie, la bourgeoisie politicienne,
aux hommes nouveaux charries par le duvaliérisme. Mais comme ceux-ci sont devenus le
pouvoir, il s'est accommodé bon gré mal gré avec eux et est sans doute prêt à continuer à le faire avec
le régime des successeurs. De toute façon, il s'estime hors d'atteinte du pouvoir politique actuel
puisque ses intérêts sont protèges par la nationalité américaine et qu'il a un lobby expérimente dans
leur défense.
Le second type important, plus récent et de gestion plus moderne, a fait preuve de plus de
dynamisme: la Plantation Dauphin, la plus grande entreprise de production et de préparation du
sisal du monde, la Reynolds Manning qui exploite la bauxite, la SEDREN qui exploite le cuivre
et enfin I’ usine Le Ciment d 'Haïti, les deux premières américaines, la troisième américano-
canadienne et la quatrième française. II est hors de doute que les sympathies poïétiques de ce type
allaient de préférence à I’ adversaire de Duvalier en 1957, lui-même entrepreneur industriel,
candidat de l'oligarchie traditionnelle, Louis Dénoie. Mais Duvalier se gardant bien d'attenter aux
intérêts de ces entrepreneurs, ceux-ci lui savent gré de pouvoir jouir de la stabilité de 14 ans sans
augmentation de salaires et de la sécurité de 12 années sans grève ni revendications ouvrières, et de
pouvoir poursuivre leurs activités aux moindres couts (la Reynolds Manning, par exemple, s'est
vue faire beaucoup moins d'exigences contractuelles en qu'a la Jamaïque voisine). Cependant
les conditions locales n'ont pas favorables à une politique d'expansion de leur part.
Le troisième type d'investissements, caractéristique de Ière de Duvalier, est constttu6 par ce qu'on
a appelé déjà les« nouveaux investissements requins », genre Hamon (abattage et exportation de
viande), la Caribéen Mills (minoterie), dotes de monopole sans rapport avec I’ exploitation
rationnelle des ressources locales d'un pays exportateur de viande sans être un pays d'élevage,
et producteur de farine de froment sans être cultivateur de blé. Un exemple: les producteurs
haïtiens reçoivent de la Hamon 5 cts américains pour une livre de poids vif, alors qu'a la
Jamaïque le tarif est de 15 a 18 cts la livre. On comprend sans peine que Duvalier ait pu se
ménager ses plus gros défenseurs dans ce type d'ou se détachent les investissements texans des
Murchison dont deux affaires aux U.S.A., I’ enquête sur les ramifications du lobby Irving Davidson
et le scandale de 1'affaire Bobby Baker intéresse dans I’ exportation de viande d'Haïti, ont révèle les
liens avec les milieux influents de Washington sous la précédente administration.
Enfin, une dernière présence étrangère dans les affaires est à signaler: cède de la Maffia, appelée,
semble-t-il, a la rescousse par un Duvalier alors aux prises avec la C.I.A, pour opposer les
moyens ténébreux de la première aux machinations pendant quelque temps hostiles de la
seconde. Une enquête privée américaine la crédite de contrôler le Casino, les jeux, tout un trafic et
un réseau d'activités de la Cossa Nostras grâce a ce nouveau bastion dans les Caraïbes, et d'avoir, en
échange, fourmi a Duvalier les armes et I’ appui de substitution.

- intérêt politico-stratégique des États-Unis


Mais c'est Surtout l'intérêt politico-stratégique des Etats-Unis qui est en cause, dans cette mer des
Caraïbes qui est toujours leur lac en marge de leur ligne de rivage continental, et le moyen de
liaison maritime entre les façades Atlantique et Pacifique par le canal de Panama. Commandant
l'une des portes de cette mer, est pour ainsi dire prise en sandwich, géographiquement et
politiquement, entre la Cuba de Castro dont la sépare un canal de 90 kms, « voie d'infiltration
possible », et la République Dominicaine de Balaguer, travaillée par le ferment anti-impérialiste
des nouvelles doctrines de Juan Bosch et de la gauche communiste. La vigilance de Washington
apprécie cyniquement la performance du régime des Duvalier de maintenir le pays dans un ilot de
stabilité tranquille et anticommuniste, au milieu des pays caraïbes en pleine tension critique. De la,
la rencontre entre leur intérêt national a brève échéance et le maintien en d'un statu quo relatif qui
écarte provisoirement tout alea. Hostiles donne a un explosif, ils espèrent amener le régime £
changer progressivement de style, en escomptant que cette évolution rendrait possible, par
transition lente, le retour au pays et plus tard aux affaires, de ('opposition tradition net le, ou en tout
cas, d'une équipe non communiste.

4.- Hiérarchie catholique et politique


Troisième pilier de la hiérarchie du système de la société traditionnelle Armée, Affaires, Église, le
clergé catholique a subi un traitement de style que celui de Iambe : écrémage, neutralisation par
contrepoids, domestication par promotion d'en bas pour les uns, compromission par corruption
pour les autres, tout en mettant à son actif I’ indigénisation de la hiérarchie ecclésiale. L'histoire est en
partie racontée par Duvalier lui-même dans son livre modestement intitule « Mémoires d'un leader du
Tiers Monde ».

- De l’hostilité du haut clergé à sa domestication


Le régime a en butte des 1'origine a i’ hostilité d'une hiérarchie catholique étrangère, liée a
l'oligarchie traditionnelle, et politiquement compromise dans te camp du candidat Dénoie. De ce
fait, ('opposition de I’ épiscopat catholique fondée sur des motifs moraux et religieux se doublait
d'une opposition politique qui lui donnait sa coloration veritable aux yeux de Duvalier. Aussi, celui-ci
s'arrangea-t-il pour expulser brusquement et d'un seul coup, les évêques frangeaient des diocèses
d'Haïti. II a pu réussir d'autant plus facilement cette opération qu'il bénéficiait par ailleurs du
soutien d'un clergé indigène revendiquant I’ accès au pouvoir ecclésiastique national, qu'il finet
par lui assurer de délicates négociations avec le Saint-Siège. La politique du fart accompli avait porte
des fruits.

- Vers la macoutisation des clergés


Au même moment, il exploitait tactiquement le bon vouloir d'autorités protestantes ravies de
gagner de 1'influence politique aux dépens du catholicisme officiel, mais qu'il saura, le moment
venu, tenir en respect a leur tour. II réalisait l'avenement du clergé vodouesque dans << la classe
politique » par la substitution en fait, sinon en principe, de ('influence politique des prêtres
du vaudou a celle traditionnelle des évêques catholiques dans ('entourage du pouvoir. La «
macoutisation » du clergé vaudouesque n'était pas difficile, et on connaissait déjà des chefs
tontons-macoutes prêtres de la religion populaire. Celle de la hiérarchie catholique était plus
difficile, mais la malignité populaire ne l'a pas cru impossible, puisque d'une part, des cures et
des religieux affichaient leur appartenance au pouvoir et avaient un comportement pro-mazouter,
et d'autre part Ton raconte volontiers a Port-au-Prince, non sans malice, I’ histoire pour faire rire
méchamment, que certains parmi les nouveaux évêques indigènes, le jour de leur réception par
Duvalier, laissèrent maladroitement tomber leur révolver en cherchant a tirer leur mouchoir de
leur poche .La aussi, un groupe de jeune turcs, hostiles a I’ ancienne hiérarchie traditionnaliste,
mais meurtris par la situation de dégradation garantie , (par la nouvelle a I’ égard d'un pouvoir
tyrannique, tortionnaire et corrompu, a essaye d'opposer \es valeurs tête chrétienne aux
crimes et aux turpitudes des gouvernants, et de représenter le nouveau visage de I’ Église
issu de Vatican II. Les plus en vue, accuses de communisme, se virent expulses a leur tour, en
bloc, bien que nationaux eux-mêmes. L'haitianisation a marche habilement de pair avec la
domestication. Aussi ne faut-il pas s'étonner que la hiérarchie catholique nouvelle ait donne le
meilleur d'elle-même pour réussir les funérailles religieuses d'un Duvalier père qui fut, en
son temps, excommunie, et le « Te Deum » pour célébrer l'avènement de Duvalier fils. Ceux
qui restent, des jeunes progressistes ou simplement des indépendants du clergé, sont sur la
corde raide, essayant d'avancer, tout en évitant les ennuis d'un cote et sans se compromettre de
I’ autre, et constituent une Église du silence, peu redoutable a brève échéance pour le pouvoir.
L'épiscopat catholique est d'ailleurs sur la défensive sur tous les fronts, ayant fort a faire avec le
prosélytisme d'un protestantisme ami et néanmoins compétiteur en pleine expansion, avec la
concurrence d'un vodou dont la réhabilitation quasi officielle au profit de celui-ci les pratiques
syncrétiques catholico-vodouesques de la société traditionnelle, et enfin, avec la rivalité hostile
des idéologies de gauche dont la faveur auprès d'une partie de la jeunesse fait reculer le domaine
de juridiction du crédo Chrétien.

5.- Forces intellectuelles et syndicales et la politiques


L'intellectualité, dont la vitalité s'alimentait de la percée de nouveaux échantillons et qui
s'engageât de 1946 a 1957 dans les voies nouvelles d'une modernisation de la culture haïtienne
par un élargissement de I’ éventail des disciplines enseignées ou pratiquées, par une
technicisation des connaissances et par un progressisme de I’ orientation dont la dernière
manifestation collective publique a été les cours publics universitaires de fête 1957, est mise au
pas.

- la mise au pas de la presse et l’université


Qu'il s'agisse de la presse ou, a partir de L’avènement du régime des tontons-macoutes, elle
s'exprime le moins possible sauf, bien entendu, dans sa partie qui encense le régime, souvent
sur commande, ou qu'il s'agisse de I’ Université transformée des 1961, âpres la dissolution des
organisations syndicales d'étudiants et d'enseignants, et a Tissue de la dernière crise étudiante qui
faillât craner le régime, en pépinière de duvaliéristes bon teint, le plus grand nombre des cerveaux
et sans doute les plus valables, sauf exceptions, sont partis. Ceux qui restent ont appris le prix du
silence et le gout force des commentaires a voix basse pour des oreilles sures.
Seule une poignée de thuriféraires à la plume facilement portée au superlatif et un quarteron de
technocrates appuient vraiment le régime. Parmi les laudateurs de ce dernier, il n'est pas
inintéressant de signaler la présence active d'un français établi IA-bas de longue date, homme a
particule et journaliste habile, ami très proche du défunt qui savait utiliser et récompenser ses
talents multiples, promu dans le régime des successeurs au rang de conseiller spécial du
président avec droit de participation au conseil des ministres: il affiche des convictions
maurassiennes...
Quelques indépendants, restes ou revenus sur place, continuent a maintenir la qualité
traditionnelle des cadres professionnels du pays, prolongeant un des paradoxes les plus frappants
de la réalité haïtienne : la possession par Haïti, malgré i’ exode massif des cerveaux, d'équipes
de médecins et d'architectes de tout premier ordre, d'intellectuels de classe Internationale et
d'artistes de renommée mondiale, mais le tout en petit nombre par rapport aux besoins du pays.

- l’épuration syndicale
Les syndicats ouvriers indépendants, à cadres Chrétiens comme la Fédération Haïtienne des
syndicats Chrétiens, ou à cadres communistes comme l'intersyndicale, n'ont pas dépassé le cap
des années 1962-1963, brises par le pouvoir et leurs chefs en prison ou en exil. Comme pour la
presse, dont tous les journaux d'opposition ont été fermés, comme pour I’ université, épurée
de 1960 a 1963, le régime ne peut accepter que les organisations d'ouvriers dociles, renonçant
non seulement a toute activité hostile mais même a toute neutralité politique.
Aussi, en vertu du principe « qui ne se déclare pas avec moi est centre moi», les journalistes,
les intellectuels, les membres des professions libérâtes, les fonctionnaires, les leaders ouvriers
sont-ils constamment sollicites de rédiger ou de lire des déclarations d'adhésion a la politique
gouvernementale, ce qui ne fait qu'accélérer les départs pour f étranger. Mais, de toute façon, dans la
situation de force actuelle, toute solution repose davantage sur «la dialectique des armes » que
sur « l’arme de la dialectique ».

Travail d’Elève

Présenter dans un texte de vingt-cinq lignes le niveau de domination du régime duvaliérien sur
les diverses forces vitales de la société haïtienne.

Présenter un tableau dans lequel vous établirez un parallèle entre les méfaits causés sur chaque
groupe social

Monter une scène de théâtre pour expliquer les rapports existant la société proprement dite et les
outils du régime.
Thème :
D’un Duvalier à l’Autre, quel issu. (Suite)
Compétence terminale 
Mettre en évidence le rôle de la papadocratie dans l’histoire d’Haïti.

Compétences spécifiques :
Démontrer l’influence, les impacts et les conséquences de la papadocratie dans l’histoire de
la république d’Haïti.

Faire ressortir à partir de l’histoire personnelle de François Duvalier les raisons


fondamentales de l’implantation de la papadocratie en tant que régime dictatorial et de
répressions diversifiées.

1.- Rôle historique de la papadocratie


On a cherche dans toutes les directions des précédents ou des inspirateurs a Duvalier. Et on n'a
sans doute pas tout a fait tort: on retrouve un peu de Duvalier dans bien des régimes autoritaires
passes ou présents arbitres par un homme providentiel.

1.1.- Des précédents au cas Duvalier


Un récent ouvrage remonte jusqu'a la reine Marie-Caroline de Sicile, au début du dix-neuvième
siècle. Les thuriféraires du régime aimaient I’ inscrire dans une trinité des D avec Dieu et
Dessalines, te rude fondateur de I’ indépendance nationale. Le comparer a Rosas répute « le plus
absurdement cruel des caudillos d'Amérique Latine », mats le veritable fondateur de I’ unité
nationale de I’ Argentine âpres indépendance de cet état est lui faire sans doute beaucoup
d'honneur. Pour les tontons macoutes, on peut certes chuter les précédents historiques des
«rurales» de Porfirien Diaz au Mexique ou des «\\aneros» de Gomez au Venezuela qui
ont assure respectivement trente-cinq et vingt-sept ans de pouvoir a I’ un et a I’ autre, mais \\^ a
dans Histoire même d'Hart le précédent des « Zwingliens » de Soulouque. On peut trouver en lui un
peu de Trujillo de la République dominicaine dont il s'est inspiras pour les techniques policières,
faction souterraine aux U.S.A. et le culte du pouvoir personnel; un peu de Batista, de Cuba, pour
S'impuissance a faire face a une crise qui le dépassait et le recours a la corruption, a la torture et
aux «rackets » internationaux; un peu d'Anastasio Somoza qui a réussi a transmettre son
pouvoir dictatorial a son faits Luis, au Nicaragua.
Duvalier lui-même cite avant tout comme référence Atatürk, le père de la Turquie moderne, mais
dans la liste personnelle de ses modèles ou émules, II fart figurer pêlemêle, significativement
Salazar et Hitler, ambitieusement Nasser et Ho Chi Min, et même dans son délire
mégalomaniaque, de Gaulle et Mao! II n'en demeure pas moins le prototype d'une espèce sui
generis, le Führer d'un fascisme de sous-développement qui risque de ne pas se réduire a un
exemplaire unique.

1.2.- Racines archaïques résurgentes et reproductions de cas analogiques


Face a la crise de la société traditionnaire haïtienne, crise qui remonte au début du 19e siècle, mais
dont I’ occupation américaine d'Haïti, de 1915 a 1934, avait déterré Tissue, Duvalier est a la fois la
résurgence historique du dix-neuvième siècle haïtien et le contemporain soumis aux pressions des
réalités du vingtième siècle.
Archaïques sont sans doute son organisation du pouvoir, sa présidence a vie, son mépris de toute
façade juridique, la érudite de son absolutisme personnel, sa conception essentiellement
politique du développement économique, sa subordination absolue de la technique a la politique,
ses invocations des forces telluriques, sa vision délirante du « leadership » haïtien dans le monde
noir. Mais cet archaïsme plonge ses racines délibérément dans I’ archaïsme des 90 % de la
population, pour lesquels il avait toujours été la norme sociologique.
Contemporains sont certainement sa technique du pouvoir totalitaire, sa science d'une propagande
unilatéral violant les consciences, sa médication cynique combinant une dose de verbalisme
révolutionnaire et une dose d'action répressive, ('exploitation habile a son profit de chaque
conjoncture Internationale mettant en difficulté le grand voisin du Nord, son utilisation d'armes
ultra-modems comme force de dissuasion politique interne, son appel aux masses par des
mobilisations occasionnelles qui interrompent a peine leur apathie politique, mais qui sont
invoquées comme fondement et justification de sa politique.

1.3.- L’homme du ressentiment


En réalité, le moteur de faction politique du régime est le ressentiment personnel d'un «
homme nouveau », médecin sans clinique et intellectuel longtemps méconnu, dont les options
idéologiques et culturelles empruntaient des itinéraires déjà prestigieusement occupes d'un cote
par Price Mars, le père de la négritude et, de I’ autre, par Jacques Roumain, I’ ethnologue fondateur
du parti communiste. Ressentiment d'un secteur des classes moyennes noires, dans une société
cloisonnée et dichotomique, dont une ligne importante de clivage, la couleur, était généralement
indicatrice de plus grandes chances de réussite sociale. Ressentiment d'un peuple de couleur,
américain par la géographique, français par la langue et africain par la race, longtemps victime
d'ostracisme de la part d'un monde a direction blanche qui avait jeté I’ interdit sur sa révolution
nationale d'indépendance. Le ressentiment personnel fait adopter le langage de la protestation
sociale, mais dans ('ambivalence de I’ hostilité par envie; le ressentiment des classes moyennes
fait parler un langage pseudo-révolutionnaire, mais mène facilement au fascisme ; et le
ressentiment vis-à-vis de I’ hostilité et de la dépendance étrangères revaut tes formes d'un pseudo-
nationalisme, mais il est capable de brader I ‘intérêt national au profit d'un étranger à courtiser.
Protestation sociale, pseudo-révolutionarisme, pseudo-nationalisme sont alors ('expression de la
recherche inconsciente d'une légitimation par la reconnaissance de ceux qu'on déclarait combattre et
avec lesquels on est trop heureux de se réconcilier. A cet égard, il est significatif que le
rapprochement avec les Américains et le ralliement de L’oligarchie mobilière métisse ont apporte la
légitimation du pouvoir de Papa Doc I’ usurpateur.

2.- Bilan désappointant de la papadocratie


Le rôle historique de la papadocratie aura été, «e plan collectif, la dépolitisation des forces
traditionnelles, la mise a nu des -aditions du système traditionnel portées a I’ absurde par le
régime, insertion des masses paysannes dans le mouvement politique sans éducation de
consciences politiques véritables, un certain brassage social au sommet par la montée de quelques
secteurs sociaux modestes au cercle des privilégiés de la fortune et de la politique, I’ hypothèque de
I’ avenir économique national au profit de l'étranger et I’ évidence que Duvalier lui-même, a
défaut d'avoir été un accaparateur ou même un justicier, a été pour beaucoup un révélateur des
maux -structurels d'Haïti dont la gravite est illustrée par I’ exode de ses cerveaux et rune partie
alarmante de ses forces vives, laissant sans encadrement compétent suffisant et sans
stimulant efficace un potentiel hurlai riche en virtualité de 5 millions d'habitants , le pays réel.
Mais les traits les plus frappants du paradoxe duvalierien sont d'une part, que les 14 années de
papadocratie ont abouti a dégager des forces nouvelles masses en équilibre instable avec les
anciennes, contenues mats non détruites, ce qu’ a pour effet d'empêcher un déblocage de la situation
de crise dans laquelle f ordre fasciste duvalierien trouve a la fois son humus et sa justification, et
d'autre part que le développement incontestable d'un esprit plus «national »de découverte du
typique haïtien, acheter et consommer « national », penser et créer « national ») s'accompagne
cependant d'un état d'esprit de désertion et de a consolidation, a la direction de la société,
des secteurs sociaux les « nationaux » ( milieux d'ancrage, de médiation ou d'attraction de la
domination économique, socioculturelle et politique de I’ étranger).

Travail d’Elève

Démontrer l’aide d’exposés les origines de la papadocratie.

Présenter un résumé de la vie personnelle de François Duvalier.

Thème :
Situation socio- économique d’Haïti (1957 – 1986).

Compétence terminale 
Evaluer la situation économique et sociale d’Haïti sous le régime des Duvalier

Compétences spécifiques :
Identifier les différents actes posés par le régime duvaliérien afin de contrôler toutes les
facettes du commerce national.
Situer la coopération internationale dans l’évolution de la situation socioéconomique
d’Haïti

Présenter sous formes d’énumération les principales réalisations et structures


fonctionnelles socioéconomique sous le régime duvaliérien.

SITUATION GLOBALE SOCIO- ECONOMIQUE D’HAÏTI (1957 – 1986

Le secteur commercial et social sous contrôle


Avec le contrôle de I’ armée par Duvalier, le secteur commercial bourgeois non seulement a
commence à perdre ses allies traditionnels dans les rangs supérieurs de l'armée, mais aussi les
moyens les plus efficaces pour une intervention politique, la grève générâtes. En effet, par un
décret adopte par le gouvernement provisoire militaire lequel a été bien entendu maintenu par
Duvalier, la police a été autorisée, en cas de grève déclenchée par les propriétaires
d'entreprises commerciales, a ouvrir les portes de celles-ci par la force (y compris le chalumeau
électrique) et de disposer de leurs stocks. Des commerçants apeures ont préfère renoncer a la
grève comme arme politique Plutôt que de perdre leurs investissements. Le secteur des affaires
était sous contrôle.

En même temps, Duvalier a institue un système de contributions directes, spontanées seulement


en parole, en vertu duquel les gros commerçants et les petits détaillants étaient obliges de financer
des projets gouvernementaux. Ceux qui s'y refusaient se voyaient prives de leurs biens ou de leur
liberté ; leur vie même était en danger s'ils montraient le moindre signe de résistance a ces
contributions obligatoires dont le montant était fixe a la discrétion des officiels du régime.

Finalement, la Chambre de Commerce s'est convertie en un instrument au service du


gouvernement à travers son Conseil d'Administration auquel était confiée la tache de collecter
une partie de ces fonds spéciaux pour une soi-disant rénovation ou libération nationale qui
aboutissaient, au moins dans un cas connu, au tapis des casinos ou des maisons de jeu.
1.1.- l’imposition du silence aux intellectuels et domination des professionnels
« Qui n'est pas avec moi est centre moi et qui est avec moi doit s'engager ». Ce principe cardinal
de la poïétique de Duvalier père, appelé «la doctrine mescalinienne de I’ implication
nécessaire », en référence a un épisode du période d'âpres I’ indépendance, exclut toute
neutralité de la part des intellectuels, des professionnels libéraux ou de tous ceux qui
occupent des positions clefs a l'intérieur de I’ administration.
Qu'elle I’ ait voulu ou pas, la presse se devait de louanger le gouvernement. Les jouaux
d'opposition étaient rapidement réduits; ceux qui se montraient réserves avaient subi le même
sort, comme par exemple le quotidien catholique de grande circulation, La Phalange, dont les
activités étaient restreintes d'ordre du gouvernement. Les jouaux qui survivaient étaient obliges de
se conformer aux vues du gouvernement qui utilisait trois techniques a leur égard : 1) I’ octroi
d'une assistance substantielle du Département de l'intérieur ;2) la publication d'éditoriaux
préfabriqués comme s'ils étaient de leur cru; 3) ('intégration d'écrivains nommes par le
gouvernement a leur comite éditorial. La presse des ions était conquise.
De même, Duvalier a tente de contrôler le milieu intellectuel. Ce n'état pas une tache facile. II a
pu vaincre des résistances individuelles, mais il a du faire face a la résistance de deux
mouvements. Le premier est venu des professeurs de 1'enseignement secondaire dont I’
association, hétérogène mais rebelle, I'UNMES, a et6 brisée sans grande difficulté; ses
dirigeants étaient fermes dans leur opinion, mais il leur manquait les moyens de la lutte et, en
outre, forts de leurs convictions idéologiques de gauche, ils avaient sous-estima§ les forces du
gouvernement en s'opposant a lui. Duvalier a revoqu6 les dirigeants les plus dynamiques et
il a « duvaliérisme » les cadres et les étudiants des lycées au prix du déclin des standards de
qualité, un aspect auquel, de toute façon, il était indifférent.
La deuxième résistance s'est manifestée au sein de I’ Université, et elle était peut-être
intentionnellement initiée par le gouvernement lui-même afin de briser I’ Union Nationale des
Étudiants Haïtiens, une organisation supposément de gauche, en tout cas hostile au
gouvernement. Ce mouvement était plus sérieux que le précédent, et il lui était secrètement lie ;
il a été vaincu âpres une crise qui a menace I’ existence du régime. Duvalier a saisi I’ opportunité
pour imposer un contrôle serre désormais sur I’ ancienne Université d'Haïti, depuis Ions baptisée
Université d'État; il a balaye les derniers vestiges de i’ autonomie universitaire et a organise
une stricte surveillance de la loyauté politique des étudiants. Les résultats des concours
d'admission à la faculté de Médecine devaient au préalable être envoyés au palais national avant
Cautérisation de la publication des «élus». II a aussi révoque des techniciens et des
professionnels de leurs hautes positions au sein de I’ Université, a la banque, dans I’ armée et dans
I’ administration publique; il avait promu certains d'entre eux, mais il Ides avait simplement tolérés.
L'Association des Employés de la Banque Nationaux qui avait été mise sur la sellette trois ans
auparavant, et s'était développée depuis lors comme une force prometteuse, a succombe sans
combattre. Ses leaders ont été coupes de leur base par une politique gouvernementale associant la
promotion, 1'infiltration et la corruption. Tout au long de la crise, Duvalier a brandi la menace de
1'infiltration communiste. Une partie de son succès est venue du fait que le secteur commercial, en
dépit d'une certaine sympathie pour le mouvement des étudiants, s'est garde d'y participer, en dehors
de quelque contribution manière. Tout comme I’ ambassade américaine, Ides propriétaires
commerciaux ne pouvaient pas montrer une quelconque sensibilité pour te mouvement des étudiants
peut-être infiltre par la un communiste.

2.- l’appel direct aux Etats-Unis et l’ère de la coopération


II s'en est suivi un appel direct au gouvernement américain. Duvalier a essaye d'imiter Trujillo et
Somoza dont la technique semble avoir porte des fruits: il a donne tente de court-circuiter
! Ambassade américaine pour entrer en contact directement avec des centres de décision de
l'administration américaine par Intermédiaire d'agents locaux, II avait parfaitement conscience
que la position géographique avantageuse du pays, localise entre Cuba et la République
Dominicaine, préoccupait les Etats-Unis et il pensait tirer avantage de ce fait.

Aussi, a-t-il demande et obtenu IA présence d'une mission militaire, mais il a détoure I’
entrainement et les armes au profit de la milice et des corps privilégies de i’ armée. II a de
même sollicite et reçu un support budgétaire en 1960, renouvèle et augments en 1961, dans la
proportion de 20% du budget (US $ 2,5 millions en 1960,6 millions en 1961). Finalement, a sa
demande, les Etats-Unis ont fourmi une assistance spéciale pour I’ agriculture, les travaux publics,
la sante et administration publique (US $ 5.191.621 en 1960, 7.337.731 en 1961). Deux projets
de développement, I’ un dans la vallée de l'Artibonite (ODVA) et I’ autre dans le Nord du pays
(Pote Cole), illustrent cette période au cours de laquelle Duvalier a eu un appui substantiel des
Etats-Unis.

Le montant total de I’ assistance américaine s'est élève a US $ 3,1 millions en 1957, 4 millions en
1958, a atteint 12,7 millions en 1959 et a culmine a 15 millions en 1961. Cette contribution,
essentiellement tirée de I’ apport des contribuables américains aux dépenses publiques du
gouvernement de Duvalier, a permis au président d'en détourer une partie vers des activités
politiques, a travers la multiplication de comptes non fiscalises qui mettent des revenus publics
non inscrits au budget a la disposition des autorités politiques. L'ambassade américaine comme
les agences d'aide ont vainement proteste centre la tendance croissante d étendre cette pratique.
Finalement, un conflit a éclate a partir d'une part, des exigences administratives nécessaires pour
obtenir T’aide américaine, de I’ autre de la volonté du gouvernement haïtien de contrôler et
duvaliérisme les employés haïtiens des agences d'aide américaine opérant dans le pays. Aussi
longtemps qu'il recevait l'aide, Duvalier ne se montrait pas enclin a observer les régies établies au
titre de I’ Alliance pour le Progrès et il a généralement refusé d'appliquer les procédures en ce
qui concède I’ engagement et le contrôle du personnel local nécessaire pour mettre en œuvre les
programmes d'aide. Le désaccord avec les Etats-Unis a atteint un point de rupture quand Duvalier
s'est fart réélire en 1961. Les fonds furent gèles et le désengagement américain • commença.
Bien longtemps avant la suspension de l'aide américaine, le gouvernement haïtien s'écart
plaint de plus en plus de la lenteur administrative de Washington, au regard du développement
des projets pour Haïti. Dans les cercles gouvernementaux, les officiaux ne se privaient pas de
critiquer ouvertement ce qu'ils considéraient, avec dérision, comme de faibles «
paquets » d'aide, insuffisants pour répondre aux besoins cruciaux du pays, et juste assez pour
maintenir !e régime, comme s'il s'agissait d'appliquer une politique délibérée qui consistait à
maintenir le gouvernement en iut apiquant un traitement sous forme d'oxygène. L'aéroport
international de Port-au-Prince a souvent été cite comme un exemple de cette politique car, des le
début du gouvernement de Duvalier, cet important projet a été discute, mais jusque la, on n'en avait
pas entame ('exécution.

Travail d’Elève

Dresser un tableau pour classer les principales activités des secteurs et les actes d’imposition du
gouvernement de Duvalier.

Elaborer un texte de quinze lignes pour établiront la comparaison la situation économique sous le
régime des Duvalier par rapport aux gouvernements précédents.

Dresser le tableau des principales réalisations et structures diversifiées du régime duvaliérien. 


Thème :
Situation globale socio- économique et diplomatiques d’Haïti (1957 – 1986)

Compétence terminale 
Evaluer le bilan socioéconomique et diplomatique d’Haïti sous le régime des Duvalier, de
1957 à 1986.

Compétences spécifiques :
Etablir un bilan global du régime duvaliérien sur les plans économique et social

Mettre en relief l’état des relations diplomatiques d’Haïti au cours du régime

1.- Esquisse du bilan économique et social

De 1950 a 1967, IE régime, soucieux de la seule efficacité politique a laisse sombrer I’ économie
du pays au niveau le plus bas depuis la seconde guerre mondiale. Certes, il n'a pas crée la crise;
il l'a trouvée déjà installée a son avènement, dans ('héritage obère laisse par son prédécesseur le
général-président Paul E Magloire. Mais il a été incapable de la juguler.

1.1.- les chiffres de la dégradation économique et financière


Le produit national brut a subi une baisse réelle de 15% entre 1962 et 1965, baisse qui s'est
prolongée en 1966 (3,4%) et en 1967 (2,2%). Parallèlement, la consommation par habitant
passait de 67 $ en 1964 a 62.5 en 1967 alors que I’ indice du cout de la vie, en prenant I’ année
1943 comme année de base (indice 100) passait de 119 en 1964 a 135,2 en 1967. It y a donne un
phénomène de paupérisation nationale sans équivalent dans I’ Amérique Latine et les Caraïbes
d'alors. A Ière de Duvalier, Haïti marchait à reculons.

Geta enlisement dans le sous-développement caractérisait tous les secteurs de I’ économie.


Chaque année, les pluies entraiment dans la mer 7 millions de tonnes de sol qui contiennent
quelques 4.000 tonnes d'éléments nutritifs, sans que rien de sérieux ne soit entrepris pour lutter
centre cette érosion galopante. Si on prend pour indice de base la production agricole des deux
premières années du gouvernement de Duvalier (sort 100 pour 1957 et 1958), cette valeur est
passée à 90 en 1965 et a 87 en 1967. La production d'électricité est passée de 65 millions de
kWh à 63.4 de 1965 à 1967. Les industries extractives ont connu la même baisse de
production : de 1964 à 1966, la production de bauxite est tombée de 457.655 Tl à 412.017, celle
de cuivre de 18.421 ttc a 9.821 et celle de ciment de 56.170 Tm a 32.500. L'industrie des biens de
consommation ne s'est guère mieux portée, la fabrication des chaussures par exempte, passant de
98.730 paires en 1965 a 45.148 en 1967. Le revenu national par tète estime a 77$ en 1962 passait
a environ 70$ en 1967. En dépit des fanfaronnades de « la décennie du développement», les
slogans de la propagande officielle se traduisaient par la régression de la production, la dégradation
du capital existant et la baisse alarmante du niveau de vie des masses. L'Haïti de « Ière de la
révolution duvaliériste » connaissait avec ses 5 millions d'habitants le degré maximum de pression
sur les ressources naturelles

1.2.- le tableau de la détresse sociale


Une telle régression économique, aggravée par ('injustice des structures sociales, acculait a la
misère le plus grand nombre, c'est-a-drée ces masses rurales que le régime prétendait défendre.
D'âpres les chiffres officiels publics par un organisme gouvernemental, la CONADEP
(Commission Nationale de Développement et de Planification), la population active d'Haïti est
repartie comme suit, au point de vue du revenu annuel moyen: secteur primaire, 85% de la
population avec un revenu annuel par tète de $ 62 ; secteur secondaire, 6% de la population avec un
revenu de $ 432, et le secteur tertiaire, 8% de la population déposant d'un revenu de $ 720. Ainsi le
revenu total de ces 15% de la population active représente 60% du produit total du pays.

Dans la mesure où, en Haïti, le secteur primaire couvre la campagne et les secteurs secondaire
et tertiaire surtout la ville, un géographe français a calcule que te secteur primaire produit les
9/10emes des exportations, ce qui permet aux secteurs secondaire et tertiaire TF absorber les
9/10emes des importations, et la « révolution » duvaliériste qui prétendait bouveter au nom de I’
arrière-pays rural n'a guère change ce fait qui est pourtant fondamental. S'ii y a un médecin pour
20.000 habitants en moyenne, la moitie du corps médical exerce a Port-au-Prince. L'enseignement
primaire rural public dispose d'un budget qui n'est pas le tiers de celui de renseignement primaire
public urbain, lequel dessert, ne Ioulions pas, 10% de la population. II est à signaler d'âpres es
chiffres du budget opérationnel 1967-1968 que les ministres de éducation nationale et de I’
Agriculture disposent respectivement de 11,6% de 8,4% du budget de I’ État dont 25% vont à
l'intérieur, à la Police et à la Défense nationale, lesquels disposent déjà de fonds importants «
debudgétarisés » de la Régie du Tabac. Par comparaison, te budget de I’ Université Yaté aux Etats-
Unis pour 12.000 personnes est de 3 fois supérieur au budget national haïtien censé être pour 5
millions d habitants. Le budget d'éducation de la petite Jamaïque (superficie 2 fois 'A moindre et
population 3 fois moindre) égale le budget national de ('Haïti de Papa Doc. C'est bien simple, pas un
seul programme de logements sociaux n'a été exécute depuis 1957, c'est-a-dire depuis que Duvalier
consacre ses veilles a ('amélioration du sort des masses laborieuses !
Un indice certain de la gravite de la situation sociale est révolution de ('émigration sous les effets
conjugues de la menace de la misère et de ('oppression. L'émigration rurale des coupeurs de canne,
qui s'orientait depuis le début du siècle vers Cuba et la République Dominicaine, s'est aggravée vers
cette dernière. Le Président dominicain Balaguer cite te chiffre de 300.000 h qui auraient franchi la
frontière de 1961 a 1967 ! Elle cherche un autre exutoire à Nassau et dans tes autres Tiesu de I’
archipel des Bahamas. L'émigration massive des universitaires, des techniciens, des cadres
supérieurs et moyens a pris te départ sous Duvalier dans une diaspora qui tes disperse aux U.S.A., au
Canada, en Afrique en Europe, en Amérique Latine et jusqu'en Asie, au service ou non des
Organisations internationales et des gouvernements étrangers. Cette perte de substance atteint
également les ouvriers qualifient !!! Le départ devient la solution. Et commence, lentement mais
implacablement, un processus refuse jusque-là par tes Haïtiens de I’ extérieur: la naturalisation dans
les pays d'accueil, qui risque de transformer cette perte en définitive.
1.3.- d’autres chiffres moins alarmants.
Certes, il n'y a pas que des ombres au tableau. Depuis 1968, on ne descend plus la pente, si on ne
remonte pas encore vraiment. Le tourisme a repris. Les transferts prives, par suite des envois d'argent
des Haïtiens de I’ extérieur, et la reprise, bien que honteuse encore, de l'aide étrangère, ont stoppe
la dérations manière. Des firmes américaines délaissent Porto-Ricoh pour venir investir en Haïti ou la
main-d’œuvre est d'un bas prix sans égal. Ce sont des entreprises de « quick money », mais
qu'importe pour des mouvements décides à faire flèche de tout bois. Entretemps, des
importants travaux d'infrastructure, période biquètent annonces depuis 1957, seuls deux ou trois
commencent à voir le jour: I’ aéroport international de Mais gâte pour avions a réaction ; la route
bétonnée du Sud réalisée sur une trentaine de kilomètres; la construction de la centrale hydro-
électrique de Pellagre entamée avec lenteur. Cela changeait tout de même avec le type de
réalisations d'avant: Palais des Contributions, Quartier General de la Police, Casernes de la Garde
présidentielle, etc.
Si la campagne d'alphabétisation n'a pas pu dépasser le stade de i’ expérience de laboratoire en
touchant seulement 3,5% de la masse des 90% d'analphabètes, par contre un effort très net est
fart dans I’ enseignement secondaire surtout, du a l'initiative privée (missions catholiques et
protestantes notamment). Un brassage social a été opéré par l’ avènement dans les stades privilégiées
de quelques « Ti Joseph » venus des masses populaires par un processus de capillarite sociale
grâce a la voie politique d'enrichissement et par la promotion de quelques familiers de classes
moyennes qui ont force, en tant qu'unîtes, les portes de la bourgeoisie au moins sur le plan du
niveau de vie et du style de consommation. Pendant ce temps la, l'oligarchie traditionnelle, en la
personne de ses membres qui n'avaient pas fui devant i’ orage ou qui sont retoupes au pays âpres,
gardait et consolidait même Inessentiel de sa puissance économique de classe restée intouchée, et
de son commandement social, contre I’ acceptation d'être tenue a I’ écart des positions politiques de
commande détenues par de nouveaux « bourgeois en style de consommation ». Devant la nécessite, elle
savait comment ne pas lâcher la proie pour I’ ombre. Et pour améliorer le sort du peuple, deux codes:
le Code rural et le Code du travail dont on attend encore le respect des prescriptions relativement
progressistes !

2- Les Relations diplomatiques d’Haïti durant le régime des Duvalier


- l’épreuve de force avec l’ambassade américaine
Dans une sorte de jeu malaise, fait de promesses non tenues et d'espoirs de Qu’ des deux cotes, Ides
relations entre le Ouvertement de Duvalier et la mission américaine ont enregistre des hauts et des
bas. (.'Attitude américaine, plutôt froide au début, a été assouplie en 1959-pour comporter un
semblant d'appui politique et caresser i’ espoir que Duvalier pourrait être amène à accepter Ides
conseils américains et évoluer vers la démocratisation et un degré acceptable de rational
administrative.

Au cours de cette période, ('accession de Fidel Castro avec ses « barbu dos » et le
renversement de Trujillo ont porte tes Etats-Unis à rechercher des sources d'appui dans la
turbulente Caraïbe. L'astucieux président a capte le vent nouveau et It s'est estime indispensable pour
Ides Etats-Unis apparemment sourds a ses appels, tout en comptant sur ses lobbyistes a Miami, New
York et Washington pour garder Ides faveurs américaines. II a demande et obtenu le déplacement
des attaches militaire, culture! Et politique américains qui ne lui plaisait pas. Même Ides
ambassadeurs étaient remplaces (5 en 7 ans) sans conduire au plus petit changement dans sa
politique. Au contraire, au nom de (a souveraineté nationaux et du principe de la non-intervention,
il a continue à résister a toutes Ides pressions visant à contraindre son administration à se conformer
aux exigences des programmes d'assistance américains.

Une série d'évènements devaient toutefois accroitre Ides suspicions des Etats-Unis pour ce qui
concerne les buts réels de Duvalier: la disgrâce du chef de la police secrète qui, lorsque Duvalier
avait subi une sévère crise cardiaque, avait rempli le rôle de président provisoire et, a cette occasion,
ii avait établi des relations amicales avec I’ ambassadeur américain; cellas de certains employés
publics et des hommes politiques connus pour maintenir d'excellentes relations avec des agences
américaines; I’ audace démontrée a la conférence interaméricaine des Ministres des Finances a
Puntas Del Este, qui a porte la délégation haïtienne a jouer le non-alignement et de réserver,
jusqu'au dernier moment, un vote décisif pour l'adoption de la position américaine afin de
négocier son appui; le refus du gouvernement haïtien de satisfaire des exigences de I’ Alliance pour le
Progrès en ce qui concède la démocratique représentative et la planification du développement et,
finalement, comptant aussi dans la balance, le surprenant coup d'état électoral de 1961. La souris,
entre temps, continuait à échapper à la souricière.
Duvalier a réalise qu'il avar suffisamment modiste le vieux rapport de forces interne en Haïti
pour affronter I’ hostilité des Etats-Unis dont les partisans, les allies et les sources traditionnelles
d'intervention dans la politique haïtienne ont été neutralises. En conséquence, il a déclenche une
violente campagne anti-impérialiste, même au risque d'une cessation de l'aide américaine. Le
mot d'ordre « Haïti, maitresse de son destin » et te slogan « Survivre dans la dignité » indiquaient
sa détermination à ignorer les pressions de I’ ambassade. Duvalier n'a pas seulement exploite tes
sentiments nationalistes centre I’ interférence des représentants américains, il a aussi détruit le
mythe suivant lequel I’ ambassade américaine pouvait rapidement et inévitablement renverser
tout président envers lequel elle nourrissait de I’ hostilité.

Travail d’Elève

Dresser un tableau le tableau décrivant l’évolution économique et sociale haïtienne sous le


régime des Duvalier.

Elaborer un texte de quinze lignes pour établir la comparaison des relations diplomatiques au
temps des Duvalier à celles d’aujourd’hui.

Thème :
De l’ère Duvaliérienne, la présidence à vie. (Suite)
Compétence terminale 
Présenter les éléments fondamentaux constituant les bases du déclin et le renversement du
régime duvaliérien.

Compétences spécifiques :
Identifier les différentes causes fondamentales du déclin du régime des Duvalier en
référence aux diverses crises et inquiétudes qu’a connu système.

Placer les diverses turbulences des années 1985-1986 comme éléments déclencheurs de la
chute finale du régime des Duvalier du pouvoir en Haïti.

Le déclin du régime duvaliérien

1.- Les causes fondamentales du déclin du régime


1.1.- la question agraire
La question agraire est la première en lice.
L'aboutissement de son évolution est atomisation du lopin. Déjà, de 1950 à 1971, en ce qui
concède la taille des exploitations, la proportion de parcelles de 1 carreau (1ha 29) ou moins est
passée de 39% à 71%. Aujourd'hui, on en arrive à cette absurdité que la part d'héritage d'un héritier
puisse se réduire, dans des cas extrêmes il est vrai, à 2 ou 3 arbres sur une parcelle. La moyenne
propriété, en comparaison, est pègue comme de la « grande » et ses propriétaires assimilent à des «
grands dons », ces barons fieffes « semi-féodaux » d'une certaine littérature, dont on sait que nous
contestons le terme quantitatif signifiant féodal a demi, pour lui substituer le qualitatif « para-
féodal». La pression démographique sur la terre, vieux problème que nous avons rencontre depuis
la fin du siècle dernier (le 196me), produit une surexploitation croissante des terres ou leur pénurie. La
densité de la population sur les terres agricoles passe de 296 en 1965 à 408 au milieu des années
1980s. Plus révélateur de la crise s'il en est, la valeur ajoutée agricole par personne active, au lieu
d'augmenter comme lorsqu'une agriculture se modernise, baisse dangereusement puisqu'en I’
espace de seulement vingt ans, exile a baisse de 926 gourdes (1965) a 858 gourdes (1985), en prix
constants de 1976. Comment s'étonner, dans ces conditions, de la précarité de la paix sociale dans
('hinterland rural ? A défaut des grandes jacqueries de durée pluriannuelle et difficiles a réprimer
voire a résoudre, comme les éruptions de la révolution d'Aca au dans le Sud (1844-1847) ou de la
révolte caco dans le Nord-est (1908-1915), on aura comme des « geysers » permanents, aux
émissions périodiques, dans des foyers comme le Nord-est (région de Jean Rabe avec un fameux «
massacre » récent encore dans toutes les mémoires) ou te Bas-Artibonite (ou Ton voit te paysan la
machette a la main). C'est la violence rurale, encore contenue. Mais je me souviens d'un Conseil
des Ministres sous ma présidence, quand interrogeant 1'avenir par des projections de nos problèmes,
j'évoquais le spectre plausible d'un pays profond embrase.

- crise agraire et tragédie des boat people


Mais ('expression la plus tragique de la crise agraire devait être ('affaire des « boat people », ces
fuyards d'une situation désespérée a la campagne haïtienne, en parlante vers I’ Eldorado de la
Floride, a portée dangereuse par mer a partir des cotes haïtiennes, sur de frêles embarcations peu aptes
a faire jusqu'au bout I’ aventureux voyage et guettées par les gardes-côtes américains charges de saisir
leurs cargaisons humaines pour les camps de concentration en Floride, en instance de retour force au
pays. Le refus des USA d'accepter ce flux d'immigrants haïtiens illégaux juges absolument
indésirables sur le territoire des Etats-Unis va devenir une des principaux motivations de
1'évolution de la politique de Washington a I’ égard d'Hatti, makoré des bonnes volontés
américaines combat/ement compatissantes.

1.2.- Le phénomène fondamental de la massification


La « massification » et ses conséquences constituent un élément original de cette crise de fin de
siècle. Le « phénomène de masse», désormais présent dans toutes les manifestations de la vie
collective haïtienne, devient le corolaire de la croissance démographique d'un pays qui a vu sa
population passer de 600.000 habitants environ, au lendemain de la proclamation de I’
indépendance nationale en 1804, a 6.000.000 d'habitants en 1984. II me fut pour ainsi dire
révèle en Guadeloupe, au début des années 1980, au retour de mission en Haïti d'un ami français
d'origine yougoslave, Slobodan Mladic, quand il me projeta sur écran quelques vues qu'ii venait de
prendre en Haïti. Constatant la masse humaine qui déambulait dans les rues du bas de la ville de
Port-au-Prince, je me suis surpris à lui demander s'il s'agissant d'une manifestation, et lui de me
répondre : « A/on, c'es I’ état normal de la rue ». Cette massification avar été préparée par François
Duvalier d'abord par ses appels insistants et ses interpellations répétées pendant la campagne
électorat de 1957 pour la participation des masses rurales, ce « pays en dehors », dans la vie politique
active, mais surtout comme conséquence des manifestations-concentrations a la Castro qu'i!
Organisait, au pouvoir, en amenant de force s'il le fallait, les paysans à venir parader à la capitale.
Beaucoup y restèrent ou s'arrangèrent pour y revenir peupler les bidonvilles en formation
champignonna ire spontanée. Des lors s'établirent I’ omniprésence et la prédominance des
quartiers populaires dans IE nouveau paysage urbain port-au-princier. Cette massification, vite
exploitée par la politique et manipulée par les politiciens fut la compagne pourvoyeuse de masses
immédiatement disponibles pour intervention politique, mais sans formation préalable pour jouer ce
rôle nouveau. Cette situation est à I’ origine du pullulement des organisations populaires au
leadership d'autant plus facilement vociférant que le gros peuple laissait faire en son nom. Mais
('intelligence en éveil de celui-ci pouvait se nourrir du flot d'informations, souvent déformées du
fait de la prédominance de la presse d'opinion sur la presse d'information, que déversâtes tes
stations de radiodiffusion aux coins tes plus reçu!6s du pays, grâce a la révolution du transistor. La
généralisation de i’ emploi du Créole facilitait I’ accès aise a la parole pour des langues subitement
déliées et des imaginations automatiquement débridées. Plus rien n'était plus comme avant

1.3.- le fait urbain et la question sociale


La question urbaine devint IE noceur gordien de l’impolitique active, comme site de son
déroutement, comme thème de son Idéat, comme théâtre de son combat, comme enjeu de son jeu
et comme \/problème de sa problématique. C'est le lieu par excellence de la question sociale,
('engorgement urbain s'exprimant de concert avec la clochardisation des bidonvilles et la réalisation
des quartiers résidentiels, en plus des phénomènes classiques de la « dégénérescence » du centre et
de la fuite vers la périphérie. Se produit la substitution des hommes nouveaux aux anciennes élites
(sans leur remplacement) dans le déplacement de la maitrise urbaine dans tes viles de province
encore plus qu'a Port-au-Prince. Dans les cites-taudis ou le seuil de la pauvreté absolue est attint, la
culture de pauvreté qui a beau se développer en culture de solidarité, ne peut empêcher tes
manifestations d'une culture de violence. La carence quantitative et qualitative des services
urbains laisse sans moyens face au développement des « impossibilités citadines ». La politisation
des masses disponibles de la périphérie urbaine sans initiation ni préparation préalables, comme on
l'a vu, alimente « le pouvoir de la rue », manifeste par la maitrise du « béton ».

1.4.- Une crise des subsistances et des moyens d’existence


La crise des subsistances et des moyens d'existence jette chaque jour une population flottante à la
recherche, Littéralement, du pain quotidien. Certes, on a pu estimer en 1989 que la situation était
très grave, mais non encore désespérée. Mais déjà, dans I’ état actuel d'exploration de ses
ressources et dans te cadre du systeme actuel d'organisation économique et sociale, I’ État ne peut
plus assurer la subsistance de son peuple. II faut dire, car c'est la triste vérité, que tes organisations
caritatives sont débordées et que les organisations étrangères déclarent distribuer de la nourriture
gratuite à deux millions d'Haïtiens quotidiennement. Pente dangereuse dans laquelle on a laisse la
nation s'engager, car d'une part, on habitue te peuple a recevoir sa nourriture et non la produire ou
travailler pour se la procurer. D'autre part, on compromet I’ avenir en construisant sa précarité
car, d'un moment a I’ autre, pour une raison ou pour une autre, le robinet de l'aide alimentaire
étrangère peut être ferme. On a parfois, malheureusement, ('impression qu'une bonne partie du pays,
soucieuse de la partance du jour, n'arrive pas à se hisser au niveau de conscience de la gravite de la
crise, sauf a travers les lunettes personnelles de la déchéance individuelle

1.5.- La crise des solutions extrémistes


Les gens ne sont pas aussi bêtes qu'on le croit et ont réalise I’ échec des solutions extrémistes
successivement essayées au sortir de Ière des Duvalier avec pour contexte une société post-totalitaire
tentée par le jusqu'au-boutisme, en réplique oppositionnelle au modérantisme du progressisme
réformiste: les vertus supposées énergétiques du lessivage fasciste de, les marécages supposes
déracineurs du « ranche mayo » libérateur, et le chaos suppose organisateur de I'anarcho-populisme.
On n'a pas assez dit et peut-être vu que pour barrer la route a I’ ennemi commun des extrémistes en
la personne des tenants du modérantisme progressiste réformiste du Centre Démocratique, on a fait
déferler sur le pays ces trois avalanches successives qui ont été autant de crises dans la crise. Le
lessivage fasciste de pratique par Amphi II sur les pas des putschistes de Cendras pour se perpétuer au
pouvoir, ambitionnait de faire taire, de mettre hors d'état de nuire et d'éliminer toute opposition, a la
manière initiatrice de François Duvalier reste un modèle, même âpres sa mort, pour les extrémistes de
dronte, principalement militaires, et les extrémistes de gauche apologistes et ivres de I’ odeur du «
père Lebrun ». Ce fut i’ échec.
A ce sujet, It ne faut pas succomber a la tentation d'assimiler les duvaliéristes en général au
FRAPH qui a recrute, il est vrai, certes, ses bras muscles et ses fortes gueules dans le marigot des
durs du militaro-macoute-duvaliérisme, mais a surgi comme un mouvement extrémiste autonome
conjoncturel sui generis, pour mener une bataille bien précise a un moment donne, et a été
ouvertement manipule par certaines agences nord-américaines. II n'est même pas tout a fait indique de
le confondre avec les héritiers de Roger Lafontaine qui voulaient monopoliser I’ aile intransigeante du
duvaliérisme pur et dur, mais dans un tout autre esprit doctrinaire et a d'autres fins politiciennes. Les
deux ont nui cependant a I’ image du duvaliérisme modère représentas par les leaders les plus lucides
de cette tendance.
En effet, les duvaliéristes, dans IA mesure ou il en reste de vrais (et d'ailleurs, Francisâtes ou Jean-
cladismes ? car ce n'est pas tout a fait la même chose), repartis en courants et tendances derrière
quelques tètes d'affiche, candidats potentiels mais précautionneux puis qu'interdits politiquement pour
dix ans, et que le duvaliérisme ne fait pas recette partout âpres les 29 ans de la dictature dynastique
des Duvalier, demeurent aux aguets d'une occasion pour faire sentir leur poids résiduel dans la
détermination du présent pour un éventuel accès au partage du pouvoir. Sont-ils capables de
contenir, de manière réalistes, leur appétit de pouvoir et leur impatience, pour faciliter leur
réintégration souhaitable, mais prudente et graduelle, dans la vie politique normale du pays ? Je
disais a Tune d'eux que I’ Église catholique, en instituant le sacrement de pénitence, 1'avait assorti!
D’un quadruple contenu: la confession d'avoir pèche (correspondant a l'auto-critique des marxistes),
le repentir sincère, la pénitence, et... .Le ferme propos de ne plus recommencer.
De son coté, le « ranche mayo » scande pendant quasi deux ans par la gauche activiste, toutes
tendances confondues, s'est embourbe dans 1'impuissance, d'autant plus piaffant et déchante qu'il
avait peut-être raison, mais se savait inopérant ou en tout cas, inefficace. L'anarchie-populisme, matte
dans Tarte de la surenchère extrémiste et du verbe enrage, as sautait le pouvoir grâce a une nébuleuse
de caractère alluvionnaire (il s'est appelé lui-même lavalas, créole du mot avalanche, comme pour
nous simplifier la tache), pour ne plus savoir qu'en faire sinon détruire, anticipant sans doute
sur les théories scientifiques nouvelles du chaos organisateur ou de la catastrophe
Structurante Aristide? II faut le comprendre, sans animosité aveuglante ni culte fanatique, en
toute sincérité d'esprit et objectivité d'observation, a travers d'une part son coefficient personnel
analyse a partir des conditions de sa naissance et de son enfance-adolescence, a partir de sa fiche
caractérologique de cyclothymique émotif, actif et secondaire (EAS), a partir de certains épisodes
particulièrement révélateurs de sa vie de prêtre de la théologie de la libération, a partir de ses paroles
innombrables et de son comportement et, d'autre part, son rôle comme exutoire anarchie-populiste
des revendications de justice sociale principalement des masses populaires urbaines et périurbaines
capables d'être maitresses de la rue et assoiffées de vengeance (pour peu qu'on les y
encourage) anti-bourgeoises, anti-macoutes, anti-armée, anti-hiérarchie catholique et anti-
impérialiste.
Pauvre Haïti, malmenée et ballotée d'un extrême a I’ autre, a la recherche d'un développement
introuvable, faute d'avoir regarde dans la bonne direction pourtant devant elle offerte

1.6.- La crise des institutions


La crise générâtes des Institutions du systeme traditionnel est sans doute I’ aspect qui prête le plus
a réfléchir sur la profondeur de la crise terminale de la société traditionnelle. Elles n'en meurent pas
toutes, mais toutes en sont frappées. C'est d'abord la crise constitutionnelle. On l'a vue dans tout
son développement baroque et dans toute sa portée loufoque. C'est de I’ inédit dans notre histoire
constitutionnelle au destin pourtant fertile en inventions violatrices. C'est la crise parlementaire
dans toute sa nudité: médiocrité phénoménale de la 456me Législature, sa corruption, son
absentéisme, son indiscipline, ses divisions paralysantes, sa stérilité législatrice, ses palinodies
inconséquentes. C'est la crise du judiciaire qui a renonce a toute indépendance, qui combine
incompétence et vénalité, et devient la cible privilégiée des réformateurs qui veulent profiter de sa
déconfiture pour lui substituer un modèle étranger nouveau. C'est la crise de la police judiciaire,
sans moyens, sans laboratoire, sans support logistique d'investigation, sans formation spécialisée
adéquate et qui a tout simplement oublie, en déclarant une enquête ouverte, qu'il y a obligation de
découvrir les présumes coupables comme résultats de cette enquête policière, porte d'entrée de
la abaque de fourniture du service de la justice.
C'est IA crise de I’ Église catholique, crise religieuse de la rareté des vocations et de la
compétition active d'un protestantisme en pleine croissance dans le pays. Cette montée du
protestantisme est d'abord numérique et occupe I’ espace religieux ou seul le catholicisme avait
traditionnellement distribue le réseau de ses paroisses, par le déploiement concurrent de ses
temples, de ses écoles, de ses cantines et de ses cliniques. Car le protestantisme conquérant se
meut dans le peuple urbain et rural comme un poisson dans I’ eau, anime d'un zèle
socioéconomique impressionnant, souvent assortis de généreuses connexions nord-
américaines. « Protestantisme et développement en Haïti», beau sujet qui fait I’ objet d'une étude
encore manuscrite du Dr. Charles Poissait Regain, qui a eu la gentillesse de me révéler I’
existence de son projet et de me confier son intention de le publier.

Mais le protestantisme a sa charge négative de problèmes et de difficultés qui restreignent la


portée de ses succès comme mouvement d'ensemble du fart de son émiettement voire de I’
atomisation d'une partie de son clergé - il y cherche te remède dans un effort fédératif - et
affectent son adaptation par un manque de formation et d'ouverture souvent reproche aux
pasteurs parfois improvises de certains caftes reformes. L'Église catholique qui a une Tongue
pratique de ses couvres sociales reparties a travers les diocèses, connait une crise de ses
structures mêmes, du fait de la distance politico-idéologique entre une hiérarchie prudente avec
sa conception de fonctionnaires de Dieu et son souci responsable d'éviter une évolution
schismatique, et une petite église militante des cures et religieux des communautés de base,
assez enhardie pour verser dans ('indiscipline vis-à-vis de I’ autorité Épiscopale, et assez
agressive pour militer en faveur du projet socioéconomique marxiste au nom de la théologie
de la libération. De ce fart, I’ Église catholique, âpres avoir assure et assume le leadership
politico-moral du mouvement national centre la dictature duvalierienne avec ('encouragement
du fameux cri du Pape Jean-Paul II en plein Port-au-Prince «II faut que cela change id », a
estime que ce n'état pas sa mission de gérer I’ âpres Duvalier politique et s'attache a maintenir
et préserver une unité précieuse et a récupérer son leadership moral et intellectuel d'antan
compromis mais non perdu. Malgré la solution unitaire du fonctionnement de la conférence
épiscopat, qui n'a plus les moyens d'être dogmatique, la tunique est à recoudre pour y faire
prévaloir la morale évangélique rénovée. Certains mouvements charismatiques a succès
populaire, finalement récupères par la hiérarchie, essaient d'y pourvoir également. Mais
('expérience des «ti I’ église » au début du titanisme triomphant et trompeur a porte a
('institution catholique romaine moralement étêtée un coup dont elle prendra d'autant plus de
temps a se remettre qu'elle cache mal ses divisions.

Le remarquable projet modélisateur de I’ Université Notre Dame permettra a I’ Église


romaine de combler un retard par rapport aux autres pays de f Amérique Latine avec leurs grandes
Universités Catholiques comme I’ Université San Marcos au Pérou, Tune des plus anciennes ou I’
Université Pontificat Madre y Maestria en République Dominicaine, une des plus récentes. Le
modèle semble devoir être I’ Université Notre Dame aux Etats-Unis. Malgré les problèmes de
gestion de cette université catholique, c'est un plus pour Rome et pour Haïti,
C'est la crise du vodou, jusque-là étroitement associe à la vie archaïque de la société
traditionnelle au sein de laquelle il remplissait sa triple fonction médicat, ceinturette et religieuse.
II se trouve place aujourd'hui face au défi de la modernisation nécessaire qui ('expose a s'ouvrir a
I’ instruction rational-scientifique-technique occidentale s'il doit survivre a la crise terminâtes
de la société traditionnelle, et assurer-assumer sa contribution a la construction de la
modernisation a I’ haïtienne chez nous, par la voie d'une purification religieuse d'autant plus
attendue qu'elle aura pour condition et objectif sa capacité de lui éviter de perdre son âme. La
partie jugée spirituellement saine par les spécialistes et appelée « guinéenne » se démarque de
plus en plus pour se faire créditer de force spirituelle du bte. En attendant, la dégradation du reste
en sorcellerie inquiète les partisans de cette régénération spirituelle du type de « la Reforme » au
16*"* siècle, dont on se demande s'ils en sont capables.
C'est la crise de I’ armée qu'on a vu codiriger la société traditionnelle a travers toute son
existence bi-séculaire, et dont la jeune, inexpérimentée et pourtant ambitieuse hiérarchique
récente porte la responsabilité de sa propre déchéance, entrainant celle de I’ institution, par ses
interventions brutales et finalement malheureuses en termes de répression, de corruption et de
mauvaise gestion, au service de convoitises et de prétentions personnelles de cliques de
militaires, encourages par des mauvais entourages civils de conseillers. Elle est en voie de
dissolution par décision unilatérale de I’ Exécutif Aristide dont la revanche devait frapper les
putschistes. La sanction annoncée par le président réinstauré est tout simplement la solution
institutionnelle finale.
Le contexte de IA crise des institutions est tel que renne ides institutions nouvellement créées se
voient immédiatement prostituées comme le Conseil Électoral supposément chargé d'assurer les
élections fibres et honnêtes que le Ministère de l'intérieur n'avait pas su tenir démocratique. Le
remède, a l'usage, est pire que le mal. C'est le délabrement institutionnel généralise

1.7.- La crise des valeurs


La crise des valeurs actuelles vient renforcer le déboussolèrent collectif. C'est comme si les
principes et les normes avaient cess6 d'exister. La dignité personnelle, I’ honneur du nom, I’
intégrité, le patriotisme, le dévouement au bien commun, I’ obligation de travailler pour acquérir,
le respect d'autrui, la solidarité affectueuse de I’ unité familiale, la légitimité du mérite, la parole
donnée, la recherche prioritaire du beau, du vrai et du bien, la coopération dans le malheur, le
prix du secret etc. sont des valeurs démonétisées. En réalité les valeurs de I’ ancienne société ont
et6 retirées pratiquement de la circulation alors que les valeurs de substitution n'ont pas encore
cours. Ce vide permet a n'importe qui de faire n'importe quoi impunément ou presque. L'exemple
ne vient plus d'en haut. On est blas6 ou on affecte de I’ être. II manque des maitres à penser,
catégorie qui se fait rare, en effet, mais est-on disponible pour écouter les leçons d'autrui ?
L'Université est en crise quantitative {la massification : un exemple a la rentrée universitaire de
1995, il y eut & la Faculté de Médecine 2.900 candidats inscrits pour 100 places offertes!) et
qualitative (structure et niveau d'études) d'être passée de I’ Université d'Haïti relativement
autonome de fait, a I’ Université d'État reprise en mains par le pouvoir, d'avoir perdu quelques
uns des meilleurs parmi ses professeurs a chaque charrette idéologico-politique, et d'être bilotée
par les va-et-vient de la lutte entre les extrêmes détermines £ faire primer Idéologie sur le mérite,
et la militance sur la compétence depuis les temps de François Duvalier, sans que cela art pris fin
âpres sa mort, sinon que le drapeau idéologique ait change de temps a autre pour couvrir le
même esprit et ides mêmes pratiques de partisannerie a tour de rte. «Militance avant la
compétence » est un mot d'ordre qui est passe du duvaliérisme à l'aristidisme lavalassien. Le
terrorisme intellectuel domine même certaines facultés spécifiquement ciblées. Dans les
autres, on travaille avec les matériaux du bord et la crise, larvée, accompagne te fonctionnement
tant bien que mal de notre enseignement supérieur. Mais notre Université commence £
perdre progressivement son crédit international d'antan.
Dans le pays, le désarroi porte, du moins en un premier temps, chacun à vouloir faire a sa guise.
Être libre et jouir de sa liberté d'adulte, c'est s'affranchir des idées, des normes et des principes du
vieux monde, dont on se rend compte qu'ii s'est écroule, et dans ce naufrage, il est difficile de
faire un tri pour le choix des valeurs pérennes. On a entendu un Jean Brière, ulcère, déclarer:
« Ce pays ne me connait pas été ne le reconnais pas ». Le monde haïtien a change entre (e
départ et le retour du vieux poète au point qu'ii lui parait méconnaissable. II y a aussi le
dévoilement de la culture, en peinture comme en musique, en littérature comme en sculpture, que
('inspiration tend à déserter au profit de ('adaptation mimétique, tandis que IA commercialisation
a outrance est aux aguets avec ses tentations « raticides », sauf de notables exceptions comme le
spiritisme en littérature et le mouvement «racines » en musique populaire, pour ne citer que
deux exemples qui ne sont pas ides seuls. II faudrait inventorier les autres avant un verdict final
de bilan négatif. Car, le dessuinter pour tes choses de l'esprit est loin d'être général comme on
le proclame. De solides exemples individuels (les succès de Frankétienne et de Tiga, pour citer
des célébrités consacrées) et de groupes sont la pour I’ attester. II y a même une sève d'une
vigueur nouvelle dans IA vie culturelle et morale haïtienne contemporaine, comme une belle
fleur trouve son humus dans le fumier. II faut savoir reconnaitre tes efforts de création et rendre
mérite aux résultats durement acquis dans un milieu porteur ingrat.
Mais si on veut sortir des sentiers battus, ce qui est £ la fois nature) et légitime, malheureusement
tes innovations, pour être prétentieuses, ne sont pas toujours heureuses, faute de savoir apprendre
d'abord et, surtout, faute d'une ouverture judicieuse sur le large, c'est-a-dire sur I’ universel, a la
recherche de termes de comparaison et de barèmes, sinon la médiocrité, qui n'est pas
minoritaire, risque de passer pour géniale: «tout vroum c6 do » dit notre Créole ici difficilement
traduisible. Ce sont les aspects multiformes de là crise des valeurs dans ces temps qui se
voudraient aussi ceux de la post-négritude et des uns contre les autres dans une mêlée fumeuse de
meurtres, de rapines et d'abominations. Et dans cette conjoncture universelle, ceux d'entre les humains
qui ont été regardes par le soleil pendant les transformations de la planète et qui ont conserve I’
empreinte indélébile de la morsure astrale sont toujours, Ca et la, I’ objet des discriminations d'autres
fils du cosmos. Hier comme aujourd'hui, Us en portent l'incontestable témoignage ».

1.8.- Les raisons et ressorts de la violence systémique


La violence en tout cas, est bien a l'ordre du jour comme ruse de I’ impuissance à sortir de la crise
et comme exutoire facile pour masquer la faillite en utilisant, selon une expression rendue classique
par la dialectique marxienne, la critique des armes contre Parme de la critique. De la cette
impression que te règlement guerrier de nos différends politiques est reste ancre dans nos habitudes.
Certes en Haïti, la mathématique de I’ horreur n'atteint pas les sommets ruandais, ni les excès
bosniaques auxquels, a tort, on a voulu réassimiler en jouant sur tuer contemporanéité. Rien de la
violence larvée irlandaise, ni de l’insécurité chronique des banlieues des capitales et métropoles
occidentales. Mais son caractère exacerbe et horrible vient de sa forme et de son contexte qui font
parler de retour a la barbarie primitive. Le déchoquage avide et le supplice du collier (appelé Père
Lebrun et consistant a immoler quelqu'un en lui passant au cou un pneu enflamme) comme
expressions d'instinct déchante au lieu de la justice punitive régulière, le massacre spectaculaire
d'électeurs faisant la queue pour voter, ou de fideles priant dans une église, I’ exhibition filmée
de membres de cadavres au cours de manifestations portiques, la répression féroce et gratuite rien
que pour son effet dissuasif (valeur d'exemple), les exécutions terroristes en plein jour de
personnalités connues, et les rumeurs fantaisistes de cannibalisme attachées au récit de certains actes
individuels de violence font que le bilan numérique, d'ailleurs a dessein exagère, n'est pas ce qui
importe, car ce qu'on s'empresse de juger pour le condamner, c'est le degré de civilisation d'un pays,
notre image s'étant terriblement détériorée de 1950 a nos jours.
Toujours au sujet de la violence politique, a propos du retour d'Aristide
Que Washington préparait alors, il a été publie dans la presse nord-américaine qu'Aristide, informe
que le cout en vies humaines de ('invasion pourrait s'élever a 200.000 dans la population ha’ tienne,
aurait donne le feu vert nonobstant, et que, Pozzuoli, l'ancien charge des affaires hattiennes pour
compte de I’ administration Clinton avait averti que ce serait I’ enfer! (« It Will be hello I»). En
tout cas, le retour d'Aristide comme président a déjà signifie et continue de signifier que, pour son
bonheur ou pour son malheur, Haïti est promise à de nouvelles zones de turbulences. Mais, dans le
cas d'une violence d'initiative ou d'instigation gouvernementale, I’ utilisation tactique de la
turbulence et du chaos par les stratèges de I’ anarchisme ne comporte-t-eh pas le risque suicidaire de
I'apprenti-sorcier ?

1.9.- La crise d’ingouvernabilité


Dans de telles conditions. L’ingouvernabilité d'Haïti devient un sujet original de réflexions et
d'analyse, un thème nouveau du débat politique et un point d'interrogation pour les spécialistes des
sciences humaines. C'est une manière de s'apitoyer tout de même moins méchante que la
traditionnelle croyance raciste de I’ incapacité congénitale du néré haïtien à gouverner son pays,
comme 1'affirmait encore rien moins d'autre que le Secrétaire d'état nord-américain Lansing, I’
homme de Intervention américaine de 1915 :
« La race africaine est incapable de s'organiser politiquement II manque a cette race le génie du
gouvernement. Incontestablement, il y a en elle une tendance inhérente à retoupera la barbarie, a
secouerez vermis de civilisation a laquelle sa nature physique est allergique. Bien sur, Ilya beaucoup
d'exceptions individuelles a cette tare congénitale, mais c'est vrai de la masse comme nous en avons
I’ expérience id aux Etats-Unis ».
Mais le proline n'est plus pose en ces termes, bien que le crédo raciste n'ait point encore épuise ses
vertus. II s'articule autour d'une problématique nouvelle sur laquelle la science politique
contemporaine se penche pour d'autres pays et d'autres situations. Essayons donne de voir
sérieusement ce proline des termes de Pin gouvernabilité en ce qui concède Haïti.
D'abord, il est clair qu'une telle question ne peut se poser que dans le contexte systémique de la
société traditionnelle et des conditions de sa crise de décomposition générâtes, atours que nous
préconisons précisément d'en sortir. Pour nous, il est clair qu'il s'agit de la fin d'un monde haïtien et
non de la fin du monde haïtien. C'est donne bien à l'interieur des paramètres du maintien du
systeme traditionnel en crise que le pays devient effectivement ingouvernable et que le problème
de son ingouvernabilité se pose en des termes alarmants. On a déjà vu ces paramètres de la quadrature
du cercle :
L'écroulement de I’ économie nationale sous-tendant fondamentalement la vie politique, dans le
sauve-qui-peut opportuniste du Primus vivre, étant donne la petitesse du gâteau. Ceste la rigidité
de la structure (et de la rentabilité) des dépenses et recettes du budget de Pertat a toute reforme
comportant le risque de « casser la baraque », a moins de faire le déficit.
La dure réalité d'un pays qui a tome le dos a la sécurité alimentaire au point de faire dépendre
la nourriture quotidienne de 2 millions de ses fils de la distribution quotidienne de nourriture par
les services caritatifs étrangers.
La massification d'origine économico-démographique sans structure d'accueil et sans cadre
éducatif de préparation sociale, tout comme la massification urbaine sans ('extension des services
adéquats. La persistance tenace d'éléments psychologiques et culturels (le sous- développement
est aussi affaire de psychologico et de culture) encore allergiques au systeme moderne des partis
avec ses exigences contraignantes sinon contrariante
Artificiellement, comme aujourd'hui, dépendre I’ équilibre budgétaire de Paide étrangère a au
moins 40% tout en laissant se creuser
- La « dg normalisation » de la vie politique et sociale laissée a elle-même sans un cadre
régulateur de la régate du jeu, sans même un pacte pour le période de transition vers la démocratie
comme dans le cas de la « démocratisa patata » latino-américaine, par exemple au Venezuela (pacte
de Punt Fiji) et au Brésil.
Le règlement des conflits politiques non dans le cadre des présents constitutionnels, mais par
la force physique et I’ argent de la corruption.
La prostitution ou le délabrement des institutions anciennes et nouvelles, impuissantes a
supporté la pression des internas et le poids des antagonismes.
La faiblesse du systeme des partis dans I’ intolérance au pluralisme, la non- acceptation de I’
alternance, les difficultés insurmontables du financement, I’ indisposition des cadres à I’
engagement partisan, I’ inhabitude des militants au loyalisme tenace par tous temps a Pelard de leur
parti, la survivance active du régime de clientèle au profit d'un leader-guide, la stratégique
exclusiviste du pouvoir prenant en otage le jeu compétitif démocratique en ignorant le régies de ce
jeu, et I’ interférence de Étranger faussant te rapport nature! Des forces pour faire pencher la balance
en faveur du partenaire a sa plus grande dévotion.
Le pouvoir de la me et faces facile au micro maquillant les intervenants les plus audacieux ou les
moins inhibes, pour rendre impressionnante I’ expression de leurs sentiments et de leur volonté de
puissance pendant le moment que dure leur occupation du devant de la scène comme éléments ou
groupes de pression temporaire.
L'absence jusqu'ici d'une grande « élection-tri » acceptable et acceptée pour simplifier I’ épure
partisane par l'émergence de trois ou quatre grands partis responsables sur Échiquier politique, la
décantation politique normale se faisant certes, mais à un rythme lent, qui maintient des cadavres dans
le placard, jeunes ou vieux.

2.- Les causes occasionnelles du renversement des Duvalier au pouvoir


2.1.- les turbulences sociopolitiques de la fin de l’année 1985 et celles du début de 1986.
- La montée du mécontentement général de la population

Travail d’élève

Dresser un tableau pour classer les principales causes fondamentales entrainant la chute du
gouvernement de Duvalier.

Elaborer un texte de quinze lignes pour décrire l’évolution des dernières crises occasionnant le
départ de Duvalier au pouvoir.
HISTOIRE UNIVERSELLE

Thème :
La première guerre mondiale
Compétence terminale 
Enoncer les différents paramètres qui entourent la première mondiale en passant par les
causes, les faits jusqu’aux conséquences de cette guerre

Compétences spécifiques :
Mettre en évidence les causes de la première guerre mondiale
Apprécier les grands moments des combats
Faire ressortir les facteurs contribuant à la victoire des alliés
Evaluer les conséquences de la première guerre mondiale

LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

L’Europe en 1914
Au 19e siècle, la Révolution industrielle transforme I’ Europe et lui donne les moyens de dominer
le monde. Mais les rivalités entre les États provoquent de graves tensions qui vont conduire à la
guerre.

L’Europe désunie
1.- Au début du 20 e siècle, l'Allemagne apparait à bien des égards comme la Nation la plus
puissante d'Europe. Elle a combien de son retard industriel sur I ‘Angleterre et la France.
Intellectuels et militaires allemands répandent I ‘idée d'une grande Allemagne dominant
l'Europe centrale et maitresse d'un empire colonial et maritime (pan- germanisme). Les Allemands
font peser de lourdes menaces sur les intérêts français et anglais dans le monde, et plus
spécialement en Afrique et au Moyen-Orient.

2.- Cette volonté agressive de conquête des marches est aggravée par de vieilles rancunes
politiques. La France rêve d'une revanche sur l’Empire allemand, qui l’a humiliée en 1871 ; elle
entretient le souvenir de ('Alsace-Lorraine perdue. Dans les Balkans, la situation est explosive.
Les Autrichiens s'inquiètent de l’agitation des nationalistes serbes qui sont soutenus par la Russie,
défenseur des Slaves.

La course aux armements


1.- Pour la défense de leurs intérêts, les puissances se regroupent en alliances.
D'un cote, une Triple Alliance unit les puissances centrales de l'Europe, Allemagne, Autriche-
Hongrie et Italie ; mais cette dernière n'est pas un partenaire sur.
En face, se constitue progressivement la Triple Entente qui rapproche, autour de la France, le
Royaume-Uni et la Russie.
2.- Chaque camp, sans vraiment la souhaiter, se prépare à la guerre, en prolongeant le service
militaire, en développant un esprit patriotique. Face au danger de guerre, un courant pacifiste se
manifeste autour de socialistes, comme le Français Jean Jaurès ou le Russe Vladimir Oulianov
Lénine.

Étincelle et engrenage
1. Le 28 juin 1914, a Sarajevo en Bosnie, I’ héritier de I’ empereur d'Autriche-Hongrie,
I ‘archiduc François-Ferdinand est assassiné par un étudiant. L'enquête révèle que la Serbie à
laisse préparer l'attentat. Soutenue par l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie voit l'occasion de régler
ses comptes avec la Serbie. Elle lui adresse un ultimatum, que la Serbie refuse, et lui déclare la
guerre le 2:
2.- Alors, la Russie mobilise. C'est I’ engrenage des a quelques jours, on passe d'un
conflit local a un embrasement de l'Europe

LES PHASES DU CONFLIT

L'annonce de la guerre fait effet d'un coup de tonnerre. Mais dans chaque pays, le reflexe
patriotique joue : les pacifistes sont peu entendus, c'est l'Union sacrée. De part et d'autre, on
imagine une guerre courte.

A. 1914 :1'échec de la guerre-éclair


1. Les combats les plus violents s'engagent sur le front Ouest. Le plan allemand - plan Schlieffen -
prévoit ('invasion de la Belgique, puis, après débordement et enveloppement, la capitulation de la
France en six semaines. La manœuvre réussit dans un premier temps : en quelques jours, I’
armée française est contrainte de se replier sur la Marne. Mais le général Joffre, qui a compris
l'ennemi, déclenche, le 6 septembre 1914, une offensive générale qui refoule I ‘ennemi sur l'Aisne
(doc. 1).
2. Sur le front Est, les chefs russes ne s'entendent pas. Les généraux allemands Hindenbourg et
Ludendorff stoppent, à Tannenberg, la
poussée des Russes (aout 1914). A la fin de 1914, les fronts se stabilisent. Aucun camp n'a gagne (doc.
6)

B. 1915-1917:1'enlisement
1. Des problèmes nouveaux se posent. II faut des effectifs nombreux pour tenir et percer les
fronts. On recourt à de nouvelles armes :
casques, gaz asphyxiants, tanks, canons lourds ; on fait appel à l'aviation. La guerre devient une
guerre de matériel (voir p. 14).
Peu à peu, les états-majors s'installent dans une guerre de position* et une stratégie* d'usure : il
s'agit moins d'avancer (doc. 4 et 7), que d'affaiblir par de lourdes pertes l'ennemi terre dans ses
tranchées (doc. 5 et 8).
2. En 1915, les Alliés échouent dans leur tentative de percée en Artois ; en 1916, la bataille de
Verdun, déclenchée par les Allemands, leur coute aussi cher qu'aux Français (doc. 2).
3. De nouveaux pays entrent en guerre, apportant ainsi de nouveaux renforts : l'Empire ottoman
rejoint les Empires centraux, mais l'ltalie passe du cote des Allies.

Rupture d’équilibre
C. 1917: les ruptures d'équilibre
1. Au terme de trois années de guerre, c'est I ‘impasse. Dans les deux camps, la lassitude gagne.
Le sentiment des sacrifices inutiles
se traduit par des désertions et même des mutineries (doc. 3). Le blocus économique des Empires
centraux fait sentir ses effets. Si l'Autriche-Hongrie fait des offres secrètes de paix, état-major
allemand déclenche la guerre sous-marine a outrance, qui provoque l'entrée en guerre des Etats-
Unis aux cotes des Allies (2 avril 1917).
2. Cependant, sur les autres fronts, on assiste à deux effondrements militaires en faveur des Empires
centraux :
- au Sud, les lignes italiennes sont enfoncées après le désastre de Caporetto ;
- sur le front russe, une révolution oblige le Tsar à abdiquer (voir p. 22). Lénine s'empare du pouvoir en
octobre 1917 ; il s'empresse ce s g~e- un armistice* en décembre 1917. puis la paix de Brest-
Litovsk e~ mars 1918, qui laisse aux Allemands les mains libres à l'Est. A la fin de 1917.1'issue du
conflit est toujours incertaine.

Une guerre totale


La Grande Guerre présente des caractères nouveaux. La guerre fut mondiale ; elle fut aussi totale,
pratiquant la mobilisation entière de I’ économie et des esprits. Pour répondre en priorité aux
énormes besoins en armes et munitions (260 000 obus par jour), les pays en guerre ont été obligés de
réorganiser leur économie. Pour vaincre coute que coute, ils n'ont pas hésité à mobiliser la
science et la technique et a utiliser la propagande.
Les dépenses croissantes posent le problème du financement. Ainsi, partout le recours à l'emprunt
est massif.

LA FIN DE LA GUERRE

Du nouveau, à l’Est et à l’Ouest


L'année 1918 débute avec deux déclarations à grand retentissement. Au soir de la révolution (voir p.
24), le 26 octobre 1917, Lénine invite tous les peuples en guerre et leurs gouvernements à
engager des pourparlers de paix. Sur le front de l'Est, des mouvements de fraternisation gagnent les
armées ; la Russie renonce au combat.
Le 8 Janvier 1918, le président américain Wilson, dans un message de quatorze points, exprime le
désir de l'Amerique de bâtir la paix sur
le principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (doc. 4).
Mais, dans chaque camp, la volonté de vaincre demeure intacte. Les Allemands tirent avantage
de l'effondrement du front russe : le traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918), qui impose de dures
conditions à la Russie, permet aux Allemands de transférer le gros de leurs troupes à l'Ouest.
Les Allies misent sur l'arrivée des Américains qui se mobilisent

La victoire des alliés


L'Allemagne doit engager une course contre le temps. De mars à juillet'1918, elle lance
successivement quatre offensives de la dernière chance. Les Allemands percent le front en Picardie
et en Champagne, menaçant Amiens et Reims. Mais ils épuisent leurs réserves.
A partir de juillet, Foch, promu commandant en chef des troupes alliées, lance une grande
contre-offensive soutenue par les chars et l'aviation (doc. 2 et 3). Cette «deuxième bataille de la
Marne». Avec le renfort des troupes américaines, oblige les Allemands à un repli général.
Sur les autres fronts, Turcs et Austro-hongrois déposent les armes les premiers. En Allemagne, des
mutineries et des émeutes entrainent, le 9 novembre, l'abdication de l'empereur Guillaume II et la
proclamation de la république. Devant la menace révolutionnaire, le nouveau régime accepte, le
11 novembre 1918, a Rethondes près de Compiègne, les conditions de l'armistice
Retour à la paix
En l'espace d'une année, quatre empires se sont tour à tour effondres : Russie, Turquie, Autriche,
Allemagne. La victoire des Allies
apparait comme le triomphe des démocraties sur les régimes autoritaires. Une conférence se
réunit à Paris, a partir de Janvier 1919, pour préparer les traités de paix. Elle exclut les
gouvernements des pays vaincus.
Des discussions très vives opposent les «trois grands» : Wilson, qui veut reconstruire l'Europe et le
monde sur la base de l'autodétermination des peuples, Clemenceau qui veut garantir la sécurité a
la France et l’Anglais Lloyd George, plus modéré à l'égard de l'Allemagne.
Après la création de la Société des Nations (S.D.N.), des traites de paix règlent le sort de chacun des
Etats vaincus. Le traite de Versailles (doc. 6), impose a l'Allemagne le 28 juin 1919, la déclare
responsable du conflit et la condamne à de lourdes réparations*. L'Alsace et la Lorraine font retour à
la France.

CONSÉQUENCES DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

Les conséquences de la Première Guerre mondiale


Le règlement du conflit: la disparition de quatre Empires ; une série de traites, dont le traite de
Versailles ; une carte de l'Europe centrale profondément modifiée ; la création de la Société des
Nations.
Un bilan catastrophique pour l'Europe : la domination des Européens remise en cause ; les Etats-
Unis grands bénéficiaires du conflit; une nouvelle mentalité.

-l’Europe redessinée
6.1 La guerre détruit les empires
La Première Guerre mondiale met fin aux trois empires de l'Europe centrale et orientale.
Le tsar Nicolas II, renverse par la révolution de février 17, est exécuté le 17 juillet 1918. Charles
IV, empereur d'Autriche et roi de Hongrie, abdique le 11 novembre en Autriche et le 13 en
Hongrie. Le Kaiser Guillaume II doit renoncer au pouvoir le 9 novembre. L'Europe
aristocratique s'écroule; les peuples de certains Etats vaincus veulent s'assurer le pouvoir: en
Allemagne les socialistes proclament la république alors que les spartakistes* tentent a Berlin une
révolution sur le modèle soviétique. La fin de la guerre libère donc les aspirations
démocratiques et nationales des peuples, jusqu'alors contenues.

Les traites créent de nouveaux États


Réunis à Paris, les chefs des États vainqueurs réorganisent la carte de l'Europe. Le président
américain Wilson veut imposer le principe des nationalités. La tentative de raser en application
de ce principe aboutit a la création d'États nouveaux en Europe centrale : Pologne,
Tchécoslovaquie, Yougoslavie, États bakes.
Mais la coïncidence entre frontières des États et nations ne peut se faire totalement. Des
nationalismes sont ainsi frustres. C'est le cas de I’ Allemagne surtout dont le sort est régie par
le traite de Versailles -signe le 28 juin 1919. Même si Allemagne demeure la seule grande
puissance au centre de l'Europe, les Allemands considèrent ce traite comme un diktat*. Us lui
reprochent de faire porter a leur pays la responsabilité de la guerre et de leur imposer de payer
des réparations, de réduire leur armée de démilitariser la Rhénanie, de céder des territoires et des
colonies notamment.

La paix est fragile


Malgré les déceptions et les frustrations nées des traites, les vainqueurs tentent de mettre en
place le principe de la sécurité collective en créma la Société-des Nations. II s'agit de
remplacer les alliances militaires entre États par une coopération internationale pour la paix.
Mais des 1919 la paix est mise à mal. La Turquie entre en guerre centre la Grèce ; vainqueur, le
général turc Mustapha Kemal proclame la république en 1923. Le dernier des quatre empires
européens disparait.
La paix s'avère donc difficile a construire car les traites sont contestes des leur naissance ; la
S.D.N. est diminuée par la mise a Écart de 1'U.R.S.S. et le refus des Etats-Unis d'y participer.

Travail d’Élève

Produire un texte de vingt lignes pour résumer la situation de l’Europe durant la première guerre
mondiale.

Identifier les divers parcours et les champs de batailles utilisées durant la Grande guerre.

Produire un texte de quinze (15) lignes sur les facteurs qui contribuent à la victoire des alliés
ainsi que d’autres ayant contribué à la fin de la guerre.
Thème :
Le monde entre les deux guerres

Compétence terminale 
Décrire l’état de l’évolution du monde durant la période d’après la première guerre
mondiale pour en arriver à la deuxième.

Compétences spécifiques :
Faire ressortir les éléments qui provoquent la révolution russe
Mettre en relief les mesures prises pour défendre la révolution russe en dépit des difficultés
Apprécier les éléments nouveaux de la révolution bolchévique
Evaluer les choix économiques opérés par Staline à partir de 1928

I- LA RUSSIE EN RÉVOLUTION
La Révolution d'octobre apparat comme un des évènements les plus importants de notre siècle : pour
la première fois dans l'Histoire, un parti qui se dit marxiste s'empare du pouvoir.

La Russie, un empire fragile

A. La Russie/ un colosse aux pieds d'argile


Au début du 20e siècle, la Russie est entrée dans la phase du décollage industriel. Couvrant un espace
immense, forte d'une population de plus de 170 millions d'habitants, elle exporte des denrées
agricoles et des produits miniers (pétrole, fer). Les capitaux étrangers s'investissent massivement
dans le pays. La croissance est la plus élevée d'Europe. En 1905, le tsar Nicolas II (doc. 1) a du, a
contrecœur, accepter la création d'une assemblée élue (Douma). Mais il conserve un pouvoir
autocratique*. II se heurte à I’ opposition croissante des bourgeois libéraux, partisans d'un régime
parlementaire, et des socialistes qui rêvent de changer la société. Ces derniers sont pourchasses par la
police. En 1914, Lénine, le chef des socialistes bolcheviks*, vit en exil en Suisse.

B. Février 1917, la révolution des Soviets


Au début de 1917, la situation de la Russie se dégrade brusquement par suite de la guerre, des
pénuries alimentaires et de I’ inflation (doc. 2). Quand les autorités établissent à Petrograd des cartes de
rationnement, des grèves massives et des manifestations spontanées se multiplient (doc. 3 et 4). Le
27 février est un jour décisif: les troupes qui ont reçu l’ordre d'intervenir centre les manifestants se
mutinent ; un groupe d'ouvriers constitue un comite populaire, ou soviet*, qui oblige le tsar à
abdiquer.
Un gouvernement provisoire, compose de libéraux et de socialistes modérés, se forme. II reconnait à
tous les libertés, mais il décide de poursuivre la guerre et repousse a plus tard les reformes sociales.
Cette politique déçoit les masses populaires. Dans tout le pays, se constituent des Soviets locaux, qui
partagent les grands domaines et disputent aux patrons le contrôle des entreprises.
C. Octobre 1917, le passage au socialisme
Pour Lénine, rentre d'exil en avril 1917, les bolcheviks doivent préparer une seconde révolution (doc.
5) : en soutenant les revendications des Soviets (la paix, le pain, la terre) ; ils préparent le
socialisme. Au cours de l‘été 1917, les bolcheviks obtiennent petit à petit la majorité au soviet de
Petrograd.
Le 23 octobre, Lénine fait adopter par le Comite central de son parti la décision de renverser le
gouvernement provisoire. L'insurrection est fixée au 25 octobre, jour prévu pour le Congres des
Soviets de toute la Russie. Dès la soirée du 24, les gardes rouges s'emparent sans grande résistance
des points stratégiques de la capitale. Le 26 octobre, Lénine fait approuver deux décrets par les
délégués des Soviets : le premier propose à tous les peuples une «paix juste et démocratique» ;
le second abolit la grande propriété (doc. 6). Aussitôt après, une majorité des délégués des Soviets
élit un nouveau gouvernement, entièrement bolchevik, qui prend le nom de Conseil des
Commissaires du peuple.

La défense de la Révolution: 1918-1921


Au lendemain de la Révolution, il s'agit pour Lénine et ses compagnons de faire marcher une Russie nouvelle. Dès
le mois de décembre 1917, ils signent avec les Allemands l'armistice, puis, en mars 1918, la paix de Brest-
Litovsk. Mais a I ‘intérieur ils n'ont pas avec eux la majorité du pays.

A. La Russie déchirée
Le gouvernement révolutionnaire interdit la presse et les partis bourgeois et s'efforce d'imposer son autorité aux
nombreux Soviets locaux. II reforme le calendrier et institue une police politique, la Tcheka, chargée de traquer
les opposants. Pour mieux contrôler le pays, le gouvernement quitte Petrograd et s'installe dans les murs du
Kremlin à Moscou. En juillet 1918, il promulgue une Constitution* qui reconnait le suffrage universel, tout en
excluant du droit de vote les exploiteurs du peuple (doc. 5).
Ces mesures suscitent une opposition violente. Des régions entières (Ukraine, Caucase, Sibérie) se soulèvent. Des
officiers du tsar, soutenus par les propriétaires menaces d'expropriation, aides par des corps expéditionnaires
étrangers, s'organisent pour renverser le pouvoir bolchevik. Des gouvernements contre-révolutionnaires se
constituent. Une guerre civile effroyable et impitoyable s'abat sur la Russie. L'été 1918, les bolcheviks ne
contrôlent plus qu'un territoire restreint (doc. 3).

B. Le communisme de guerre
1. Face a ces périls, le Conseil des Commissaires du peuple, sous l'impulsion de Lénine, instaure une
véritable dictature, appelée plus tard communisme de guerre*. II décrète la fin des élections aux Soviets et la
fin des partis. Le parti bolchevik, appelé désormais Parti communiste, a seul la mission de défendre la
Révolution.
Trotski met sur pied l‘Armée rouge qu'il place sous le contrôle de commissaires politiques, représentant le
gouvernement bolchevik (doc. 2 et 4). L'économie du pays est placée sous le contrôle de I'Etat: les entreprises
industrielles sont nationalises et on lance I‘idée de grandes fermes collectives. Les récoltes des paysans sont
réquisitionnées par des commandos d'ouvriers. L'armée obtient la meilleure part du ravitaillement ; la ration d'un
bourgeois est plus faible que celle d'un prolétaire.
2. La guerre civile dure jusqu'en 1920 : les «Blancs» sont trop divises pour l'emporter et l'horreur de leurs
représailles les rend impopulaires (doc. 1). L'Armée rouge est victorieuse des armées blanches et
étrangères.

C. La 3e Internationale
Pour Lénine, la Révolution russe est le prélude d'une révolution mondiale. Les faits semblent lui donner raison :
des grèves et des mouvements révolutionnaires éclatent partout, dans une Europe épuisée par la guerre. Pour
soutenir les combats du prolétariat, il fonde en 1919 la 3e Internationale* ou Kominterm qui, depuis Moscou,
lance un appel aux travailleurs de tous les pays (doc. 6 et 7).
Dans chaque pays, d'après discussions divisent les socialistes : d'un cote, il y a ceux qui dénoncent la dictature
des bolcheviks et gardent l‘étiquette du parti socialiste ; à l‘opposé, ceux pour qui la Russie est le modèle à
suivre fondent les partis communistes.

DE LENINE A STALINE : 1921 – 1928

Au sortir de sept années de guerre étrangère et de guerre civile, la Russie est dans une situation
tragique. Aux millions de morts de ces guerres s'ajoutent les 12 ou 13 millions de victimes de la
famine et des épidémies (doc. 3). Le pays, sans monnaie, vit sur le système du troc. En mars 1921, les
marins de Cronstadt, héros de la Révolution de Petrograd, se soulèvent au cri de : «Vivent les Soviets
sans les communistes». Impitoyablement, l’Armée rouge écrase la rébellion.

A. Une nouvelle politique économique


1. Lénine tire la leçon de l‘événement : il fait approuver une nouvelle politique économique
(la N.E.P.*), qui met fin au communisme de guerre (doc. 5).
II s'agit d'abord de se réconcilier le monde des paysans : l'Etat conserve la propriété des terres,
mais renonce aux réquisitions forcées. Les paysans retrouvent le droit de vendre au marché libre une
partie de leurs récoltes. Le pouvoir leur reconnait le droit de louer des terres, d'employer des
salaries, d'hériter.
L'Etat garde en mains les secteurs clés de la banque et de l'industrie, mais les usines de moins de
dix ouvriers sont rendues à leur
propriétaire. On supprime le travail obligatoire et on réintroduit les primes de rendement. On
fait appel aux capitaux et aux techniciens étrangers. Une nouvelle monnaie est mise en circulation.
2. Ces assouplissements permettent au pays de reprendre souffle et de retrouver son niveau
d'avant-guerre (doc. 6 et 7). On voit réapparaitre de nouveaux riches : koulaks et nepmen (doc. 4).
En même temps, l‘unité du Parti est encore renforcée ; il est interdit de constituer des tendances. Le
pouvoir encourage une vive campagne antireligieuse.

B. Naissance de l'Union soviétique


Le gouvernement bolchevik s'est efforce de rassembler autour de la République russe (R.S.F.S.R., cf.
p. 25) les minorités de l'ancien empire des tsars.
En décembre 1922, les républiques soviétiques de Biélorussie, Ukraine et Transcaucasie, bientôt
rejointes par les républiques d'Asie centrale, décident de former avec la République russe un seul
Etat de type fédéral* (doc. 1) : les citoyens y seront indistinctement considérés comme
«soviétiques». Dans cette Union des Républiques Socialistes Soviétiques (U.R.S.S.), chaque Etat
conserve son propre gouvernement mais, au sommet, le pouvoir appartient au Congres des Soviets
de l'Union. En fait, il appartient aux dirigeants du Parti communiste (doc. 2).
C. l.'ascension de Staline
La mort de Lénine, le 21 Janvier 1924, ouvre une période de luttes qui opposent Trotski et Staline et
qui divisent le Parti. Faut-il poursuivre la Révolution mondiale, comme le souhaite Trotski, ou «édifier
le socialisme dans un seul pays», comme le défend prudemment Staline, Secrétaire général et maitre du
Parti ? Doit-on mettre un terme à la N.E.P. et collectiviser, comme le prétend le premier, ou poursuivre
dans la voie définie par Lénine ? Mis en minorité, dénonce comme ennemi du Parti (antiparti), Trotski
en est finalement exclu en 1927 et exilé à vie en 1929.

Construction de l’Etat socialiste

En 1928, Staline décide d'abandonner la N.E.P. et de placer l‘ensemble de l‘économie sous contrôle de
l'Etat. Les besoins prioritaires du pays sont définis pour cinq ans dans un programme de
développement : le plan* quinquennal. Appliquer le plan est une impérieuse obligation pour le Parti
et pour la population.

A. Le grand tournant de l'économie


De 1928 a 1941, se succèdent trois plans quinquennaux qui portent l'effort sur l‘énergie, l‘industrie
lourde, les transports. Staline, convaincu de la supériorité du système socialise, donne la priorité au
développement Industrie). De puissants ensembles industriels surgissent. On perce un canal qui
relie Moscou à la Baltique. De nouvelles régions (Grand Nord, Sibérie) sont mises en valeur.
[.'Industrie lourde soviétique se hisse aux premiers rangs (doc. 5 et 6).
Ces progrès, qui stupéfient l‘étranger, sont obtenus par une formidable, mobilisation (doc. 3 et
4). On fait appel à la volonté des travailleurs : à l'exemple de Stakhanov, les ouvriers se lancent
des défis de mine à mine, d'usine a usine, pour battre des records de production. Mais l'Etat recourt
aussi a la contrainte : il punit l‘absentéisme et institue le livret ouvrier.

B. La collectivisation* des terres


En 1929, Staline force les paysans à se regrouper en kolkhozes* et modernise l'agriculture « à
l’américaine», en créant des exploitations de grande taille, les sovkhozes*. II s'agit de libérer une main-
d’œuvre disponible pour l'industrie. La résistance paysanne est vive (doc. 1 et 2) et conduit le pays a
une grave famine. Les opposants, considérés comme koulaks, sont fusilles ou déportés par milliers. On
compte de 6 à 8 millions de victimes. En 1935, Staline doit faire une concession : il autorise le
kolkhozien à posséder un lopin individuel et à en tirer bénéfice.

C. Un système totalitaire
Ecartant les vieux bolcheviks peu disciplines, Staline fait massivement entrer au parti de jeunes
communistes, issus du peuple et entièrement dévoués à sa personne ; ils forment une bureaucratie
toute puissante.
Staline définit pour tous, la ligne générale. II impose aux artistes, écrivains et cinéastes de
travestir la réalité (doc. 7) et exige que les manuels d'histoire ignorent Trotski.
Une nouvelle police, le N.K.V.D., dotée de pouvoirs extraordinaires, est instituée. Une de ses
branches est le goulag*, charge de repartir les détenus pour réaliser à bon compte les objectifs du
plan. La répression frappe d'abord le Parti. Plusieurs vagues de procès retentissants se succèdent de
1935 à 1939. On y voit les compagnons de Lénine, les hauts fonctionnaires du Parti et les chefs de
l’Armée s'accuser de crimes imaginaires. Pourtant le prestige de Staline n'en souffre pas.
En 1936, est promulguée une constitution qui garantit aux Soviétiques des droits étendus (voir p.
32). Aux yeux de la majorité, Staline demeure le fidele héritier de Lénine et le vrai défenseur de
la patrie socialiste. On lui voue un véritable culte.

Travail d’Elève

Elaborer un texte de vingt lignes pour apprécier la portée de cette révolution au XXe siècle tout
en le plaçant dans le contexte évolutif du monde.

Engager un débat autour d’une table ronde ou les élèves feront une lecture critique des choix
économiques effectués par Lénine.

Montrer la relation qui existe entre l’évolution du monde d’après la guerre et les mesures
économiques de Staline.

Thème :
La crise des années 30

Compétence terminale 
Faire ressortir les grandes manifestations de la crise des années 1930 à travers certains
grands pays du monde.

Compétences spécifiques :
Décrire certains de la manifestation de la crise aux Etats-Unis
Mettre en évidence les aspects de la crise à travers le monde
Apprécier la réponse américaine à la crise

1929, L’AMERIQUE EN CRISE

Américains croient, avec leur président Hoover, que «la malédiction de la misère sera à jamais
bannie des Etats-Unis», quand éclate brutalement, en 1929, une crise économique d'une gravité sans
pareille.

Octobre noir
La catastrophe commence, en octobre 1929, par un krach* à Wall Street, la bourse de New York.
En quelques jours, la confiance s'effondre et 70 millions d'actions sont jetées sur le marché, près
de 13 millions en une seule journée, le jeudi 24 octobre. Le 13 novembre, la valeur globale des
actions a baisse de moitie et la chute continue.
De boursière.
La crise devient bancaire. De nombreuses banques avaient prêté des sommes exorbitantes a des
entreprises qui, frappées par l’effondrement de leurs actions, ne peuvent rembourser. Des lors, bien
des établissements bancaires font faillite, privant des centaines de milliers d'épargnants de leurs
économies et les empêchant de rembourser leurs crédits en cours.

B. Une crise née de la prospérité


Les causes de cette crise soudaine trouvent leur origine dans la prospérité même des années 20.
L'économie américaine étant en grande partie tournée vers l’exportation, la reconstruction de l'Europe et
la concurrence des pays neufs (Australie, Argentine...) laissaient entrevoir une surproduction, des
1927.
Sur le marché intérieur aussi, la capacité de production s'accroissait plus rapidement que la
demande ; car la rémunération de
nombreux salaries restait insuffisante et la baisse de la natalité ne faisait pas progresser le nombre
de consommateurs. La vente à crédit n'a pu compenser que momentanément cette faiblesse de
l’économie américaine.
Le krach boursier s'explique directement par la spéculation*. Une bonne partie de l’argent
disponible, et parfois du crédit, était orientée vers des placements boursiers dont la valeur gonflait
artificiellement : l’économie était en surchauffe. Avec les dividendes escomptes, on anticipait
des achats à crédit... jusqu'aux jours tragiques d'octobre 1929, ou tout le magnifique édifice
s'effondre tel un château de cartes.

C. Surproduction/ chômage et misère


Désormais, «la crise nourrit la crise». Pour écouler les stocks, de nombreuses entreprises
baissent les prix, ce qui entraine une baisse des salaires et du pouvoir d'achat. D'autres font
faillite ou licencient des ouvriers pour réduire la production : dans les deux cas, le nombre de
chômeurs augmente rapidement (doc. 2).
Tous les secteurs de I’ économie sont atteints. Les fermiers sont très durement touches :
incapables de rembourser leurs lourds emprunts, ils sont expulses de leurs terres.
3-La misère touche toutes les catégories sociales. Symbole d'une époque, sur les terrains vagues
des grandes villes, les nouveaux pauvres occupent des «bidonvilles» que, par dérision, l’opinion
publique nomme «Hoover villes».

La crise mondiale
Un mécanisme général

La grande dépression
Née aux Etats-Unis, la crise se propage sur l'ensemble du monde, à l‘exception de I'U.R.S.S. Le
rapatriement des capitaux américains, la baisse du commerce mondial et l'effondrement des prix
agricoles et industriels expliquent l'extension de cette dépression qui, dans son déroulement et
ses conséquences, présente partout une grande similitude avec la crise américaine.

A. Un homme et des idées neuves


Le nouveau président, issu d'une riche famille de l'Est, a commence sa carrière politique auprès
de Wilson. En partie paralyse à la suite d'une attaque de poliomyélite en 1921, il retire de
cette épreuve une volonté de fer, mais aussi une sympathie sincère pour ceux qui souffrent
(doc. 2). En 1928, il est gouverneur de l'Etat de New York et, lors des élections présidentiels de
1932, il cristallise sur lui les espoirs du peuple américain.
Le nouveau président s'entoure d'une équipe de jeunes intellectuels dynamiques, aux points de
vue souvent opposés banquiers, journalistes ou professeurs qui forment ce que l’on a appelé
le «trust des cerveaux», ou Brain Trust (doc. 1).
Cette équipe apporte des idées neuves et propose une «nouvelle donne» (New Deal*) : plutôt
qu'une idéologie ou une doctrine, c'est avant tout une entreprise destinée à redonner
confiance à l'Amérique (doc. 4).

B. Faire agir L’Etat


Roosevelt passe rapidement à l'action. Pour restaurer la confiance, le Président, «grand
communicateur», parle : il explique les principes de sa politique, notamment lors de ses
conférences de presse bihebdomadaires, et utilise habilement la radio.
Pour réamorcer une relance, il réorganise l’économie : l'Etat fédéral subventionne les
agriculteurs qui réduiront leur production. II instaure pour les ouvriers un horaire
maximal qui vise à favoriser l'embauche. Roosevelt propose un programme de grands
travaux, ponts, routes, barrages, bâtiments publics, assurant ainsi du travail a des centaines de
milliers de chômeurs (doc. 3). Pour relancer les expectations et les investissements,
Roosevelt dévalue le dollar.
Pour secourir les plus démunis, le gouvernement aide le prog ramme d'assistance des
différents Etats, crée une première ébauche de «sécurité sociale», sous forme d'assurance
vieillesse et d'aide au chômage. Enfin, peu avant la guerre, il fixe un salaire minimum. Ainsi,
progressivement, un Etat-providence* se substitue a «l’Etat gendarme" du temps de la
prospérité.

C. Un bilan mitige
1. Dans le domaine économique, l'œuvre du New Deal reste un semi-échec : on ne revient
pas vraiment à la prospérité et le nombre de chômeurs reste impressionnant.
2. Sur le plan social, la misère ne disparaît pas (doc. 5 et 6). En revanche, le succès est
total sur le plan politique ou le président réussit à préserver la démocratie, que la crise
affecte dans de nombreux pays.

Travail d’Elève

En référence au thème d’étude, évaluer les faits marquants qui ce sont produits au cours des
années 1930 par rapport à la notion de crise.

Définir les concepts suivants : crise, dépression, inflation, bourse, actions.

Produire un texte de douze lignes qui résume les causes et conséquences de la crise de 1929.

Thème :
Le fascisme
Compétence terminale 
Mettre en évidence les implications de la crise sociale mondiale dans la mise de la dictature
en Italie.

Compétences spécifiques :
Montrer comment la crise sociale a entrainé l’installation de la dictature en Italie
Saisir les moyens mis en œuvre par le fascisme pour s’imposer dans tous les domaines de la
vie des Italiens.

L’Italie EN CRISE

La guerre entraine misères et révoltes


La participation de 1'Italie a la guerre n'a pas apporte aux nationalistes tous les territoires
revendiques et promis par les Allies: Istrie, Dalmatie, Fiume; c'est pour eux une «victoire
mutilée». Mais cette guerre a coute aux Italiens 670000 morts, un million de blesses, la
dévastation de l'Etat et l'effondrement de sa monnaie, une inflation* de 600 %, des centaines de
milliers de chômeurs et une paupérisation de la classe moyenne*.
La misère des classes populaires, paysanne et ouvrière, provoque leur révolte: les paysans sans
terres occupent les grands domaines inexploités pour imposer la reforme agraire promise
pendant la guerre; les ouvriers prennent eux-mêmes en main leurs usines. Cette situation
révolutionnaire, comparable a celle de la Russie en 1917, inquiète les possédants et la classe
moyenne qui désirent le retour à 1'ordre social et économique d'avant-guerre. Les dirigeants
politiques ne maitrisent pas la situation, les fascistes* en profitent.

1.2 Les possédants soutiennent les fascistes


Mussolini organise, en mars 1919, les premiers «faisceaux de combat» (fasci) avec d'anciens
combattants et des jeunes gens de la classe moyenne. Financées par les grands propriétaires
fonciers et les grands industriels, ces bandes armées combattent par le terrorisme les
mouvements révolutionnaires dans les campagnes et dans les usines.
A droite et au centre, tous ceux qui veulent éviter une révolution et restaurer leurs privilèges leur
sont favorables. C'est pourquoi les fascistes bénéficient souvent de la complicité de 1'armée, de
la police et de la justice.

1.3 Les fascistes imposent leur dictature


Quand les fascistes, soutenus par une partie du pays, réclament le pouvoir en «marchant sur
Rome* le 29 octobre 1922, le roi cède et charge Mussolini de former le gouvernement. Les
violences, organisées par les fascistes lors des élections de 1924, entrainent un reflexe de peur qui
leur apporte 65 % des voix; quand le député socialiste Matteotti dénonce les crimes des fascistes,
il est assassine.
Mussolini fait voter par la Chambre ainsi élue les lois « fascistis simes» (1925-1926) qui
organisent sa dictature*: partis et syndicats sont interdits; seul le parti fasciste est autorise. Le
Duce, chef et guide de la Nation, dispose du pouvoir législatif en plus de l’Exécutif. II chasse
du Parlement les députés de gauche, déporte les démocrates antifascistes dans les camps des
iles Lipari

Travail d’Elève

Préciser dans un texte de dix lignes les conditions favorables à la montée du fascisme en Italie.

Rédiger un texte décrivant les méfaits des idéologies fascistes dans la vie sociétale en Europe au
XXe siècle.

Thème :
Le nazisme en Allemagne

Compétence terminale 
Faire ressortir l’incapacité de la République Weimar à résister à la crise des années 30.

Compétences spécifiques :
Démontrer l’audace d’Hitler dans son exploitation de la situation économique au regard de
la fragilité de l’Allemagne.
Faire ressortir les liens existant le nazisme et les mutations de la société allemande au 20e
siècle.

L’ALLEMAGNE, DE LA REPUBLIQUE A HITLER

L'Allemagne: de la République a Hitler


La guerre de 1914-1918 a abattu l'Empire allemand. Dans une Allemagne vaincue, mais non
envahie par les Allies, le nouveau régime, la République de Weimar, dirigée par des socialistes
modérés, surmonte pendant une dizaine d'années de nombreuses difficultés, mais elle ne peut
résister à la crise des années 30.

A. Une République fragile


1. De 1919 à 1924, un climat de violence règne dans le pays. La nouvelle république suscite
l'opposition des partisans de l'ancienne monarchie et des socialistes révolutionnaires. Ces
derniers, les Spartakistes, s'inspirant du modèle bolchevik, passent à l'insurrection. L'armée
écrase la révolution à Berlin et a Munich (doc. 4 et 5). Endettée, l'Allemagne connait une inflation
de plus en plus galopante. La monnaie se déprécie : en 1923, le dollar atteint 4 200 millions de
marks I (doc. 1). Les classes moyennes constituent les principales victimes. L'opinion reproche à
la République I humiliation du diktat de Versailles.
A Munich, Adolf Hitler, chef véhément du petit Parti national-socialiste ouvrier (doc. 9), soutient une
tentative de putsch qui échoue (1923) : il se retrouve en prison ou il écrit Mein Kampf (Mon
combat).
2. Mais, à partir de 1924, l'Allemagne sort de ses difficultés.
La coalition de Weimar, formée des sociaux-démocrates et des partis du centre, gouverne. Les partis
extrémistes reculent et l'ordre règne dans la rue. Le docteur Schacht stabilise la monnaie : un
nouveau mark est défini par rapport à Tor. Un remarquable essor industriel témoigne du
redressement économique.
Cependant, des signes inquiétants persistent: la force des formations paramilitaires et la dépendance
de l'économie a regard des capitaux étrangers, surtout américains.
B. Le choc de la crise économique
L'Allemagne est un des premiers pays d'Europe atteints par la crise née aux Etats-Unis en 1929
(voir pp. 40-43). Des 1930, la production s'effondre. Le retrait des capitaux américains entraine de
multiples faillites et la disparition d'entreprises. L'agriculture perd ses débouchés. En 1932, le pays
compte 6 millions de chômeurs. Les ouvriers et les classes moyennes sont les plus touches (doc. 6
et 7).

C. Hitler exploite la situation


Le mécontentement de la population s'exprime par un rejet du capitalisme et par la montée des
extrémismes. Le Parti communiste et le Parti national-socialiste remportent des succès électoraux
(doc. 2 et 3). La coalition de Weimar s'effrite. Le pays devient ingouvernable. Pour éviter une
révolution, les industriels et les financiers accordent leur soutien au Parti nazi* afin que l'ordre
soit rétabli. Hitler leur propose un programme rassurant (doc. 8).
En 1932, Hitler, chef des nazis, est candidat à la présidence de la République centre Hindenburg,
président sortant. Hitler est battu mais obtient 13 millions de voix. Sous la pression des milieux
capitalistes et des conservateurs, Hindenburg fait appel à Hitler qu'il nomme chancelier, le 30
Janvier 1933. Comme celle de Mussolini en Italie, l’arrivée au pouvoir d'Hitler est légale.

Le Troisième Reich
Parvenu au pouvoir légalement, Hitler installa en quelques mois une dictature totalitaire* fondée
sur une doctrine pangermaniste et raciste.

A. L'Allemagne nazie
1. L'Allemagne est rapidement mise au pas et nazifiée. Le 27 février 1933, le Reichstag, la
Chambre des Députés, symbole1 de la République, est la proie des flammes (cf. p. 55). Get
événement sert de prétexte à Hitler pour éliminer les communistes et obtenir les pleins pouvoirs. II
instaure le parti unique et supprime les syndicats. Au cours d'une purge sanglante, dite «Nuit des
longs couteaux», il liquide les chefs des S.A. qui défendaient des idées anticapitalistes. A la mode
du président Hindenburg, en aout 1934, Hitler ajoute au litre de chancelier celui de Reichsfiihrer.
Tout le pouvoir appartient désormais au Führer, chef unique (doc. 1). Par le salut «Heil
Hitler», chaque Allemand proclame sa confiance absolue dans le Führer (doc. 2 et 3).
L'Allemagne devient un Etat unifie et centralise : chaque Land est gouverne par un représentant
direct du Führer. Le Parti nazi, forte près de 5 millions d'adhérents, contrôle ('administration locale.

B. Un système totalitaire
1. Le régime nazi nie les libertés fondamentales. La société allemande est solidement
encadrée et militarisée. Etudiants, médecins, enseignants, travailleurs... sont regroupes en
associations nazies, réunies dans un Front du Travail obligatoire a partir de 1935. Les mouvements
de jeunesse embrigadent les jeunes pour en faire des sujets fanatises, entraines physiquement et
militairement.
L'appareil policier, dirige par Himmler, est redoutable. Les S.S.* et la Gestapo (créée en 1933 par
Goering) pratiquent les méthodes les plus brutales. Entre 1933 et 1939, un million d'Allemands sont
envoyés en camps de concentration. La propagande, magistralement orchestrée par Goebbels,
utilise tous les moyens d'information, presse, radio, cinéma, pour mobiliser le peuple allemand (doc.
4 et 5).
2. Les hitlériens sont convaincus de l'inégalité des races et de la supériorité de la race aryenne*
dont les Allemands seraient les meilleurs représentants. II faut la préserver des éléments
corrupteurs, juifs, marxistes, Chrétiens..., et I ‘améliorer par la stérilisation des individus tarés.
Les Juifs sont les premières victimes de I ‘application des idées racistes* hitlériennes (doc. 6 et 7).
Exclus de la société par les lois de Nuremberg en 1935 (doc. 9), ils sont persécutés à partir de
1938 («Nuil de cristal», 9-10 novembre 1938) et éliminés à partir de 1941 : c'est la solution finale*
(voir p. 81).

C. Une économie orientée vers la guerre


En 1933, il s'agit de remettre au travail six ou sept millions de chômeurs. Dans ce but, le
gouvernement lance une politique de grands travaux autoroutiers et urbains. Le régime déclare
permettre à chaque Allemand d'avoir sa voiture particulière (doc. 8).
Mais à partir de 1936, Goering oriente l'économie sur un vaste programme militaire. L'autarcie*
devient I ‘objectif prioritaire (doc. 10). En quatre ans, l'Allemagne doit être complètement
indépendante de I ‘étranger.

Travail d’Elève

Identifier les différents facteurs favorables à la montée du nazisme en Allemagne.

Établir les liens existant entre l’Italie et l’Allemagne dans le cadre des idéologies fascistes et
nazistes de l’époque.
Elaborer un texte de quinze lignes pour faire ressortir les points de ressemblance et de
dissemblance entre le fascisme et le nazisme quant à leurs fondements.

Thème :
La marche vers La deuxième guerre mondiale

Compétence terminale 
Mettre en valeur les facteurs qui ont mis le monde sur le chemin de l’inévitable guerre, la
deuxième guerre mondiale

Compétences spécifiques :
Mettre en évidence l’incapacité de la Société Des Nations à maintenir la « sécurité
collective »
Décrire l’état de l’insécurité et la panique mondiales à la veille de la deuxième guerre
mondiale.
Apprécier la spécificité de l’impérialisme hitlérien en Allemagne, puis dans le monde.

LA PAIX EBRANLEE
2.1 Une crise qui devient guerre civile
L'Espagne devient une république quand le roi Alphonse XIII abdique en 1931. Elle compte
2 millions de paysans sans terre alors que 20 000 personnes seulement sont propriétaires de la
moitie des terres. L'agitation sociale fait peur aux possédants qui n'admettent ni les grèves, ni
les occupations des grands domaines agricoles.
Les élections législatives de 1936 sont gagnées par les forces de gauche, réunies en un « front
populaire».
Un groupe d'officiers monarchistes se rebelle centre la République. Soutenu par les possédants, le
clergé et une grande partie de 1'armée, le général Franco conduit la guerre civile comme une
croisade. Franco prend le titre de caudillo*. La République est défendue par de nombreux
soldats, la Marine, la petite bourgeoisie et surtout les masses populaires organisées en
«milices».

2.2 Un premier affrontement entre démocraties et dictatures


La guerre civile est violente, avec ses atrocités de part et d'autre. Les appels a 1'aide de la
République espagnole restent souvent vains. Pour conserver sa majorité parlementaire, Léon
Blum propose, en aout 1936, un accord de « non-intervention», signe par vingt-cinq Etats.
L'Allemagne et l’Italie sont signataires mais ne respectent pas leur engagement.
L'aide des Brigades internationales* et de 1'U.R.S.S. aux républicains espagnols est insuffisante,
face aux 90 000 Italiens et Allemands qui, puissamment armes, donnent 1'avantage a Franco.
Par leur soutien aux fascistes d'Espagne, les dictateurs défient les démocraties en imposant le
fait accompli par la force. Totalement silencieuse, la S.D.N. se discrédite aux yeux de tous.
2.3 Une victoire des dictatures
Avec la chute de Madrid et de Barcelone, en 1939, la défaite des républicains est suivie d'une
terrible répression (100000 morts) et de l’exil de 50 000 Espagnols. Deux millions de
prisonniers s'ajoutent au million de victimes de la guerre et de la sous-alimentation. Le pays est
quadrille par une armée de 600 000 hommes. Chef unique, le caudillo Franco, impose le
catholicisme comme religion d'Etat, rend leurs terres aux grands propriétaires et a 1'Eglise, et
prend modèle sur le fascisme italien.
Les dictatures encerclent la France. Les dictateurs soulignent la «faiblesse» des démocraties
qui ne s'engagent pas pour défendre le droit; ils donnent à leurs peuples le gout de la victoire en
réussissant leurs coups de force.

L’impérialisme hitlérien
Les agressions d'Hitler
Pendant que le Japon poursuit ses conquêtes en Asie, Hitler lance ses agressions en Europe: en
mars 1938, il annexe 1'Autriche, Etat indépendant et souverain, en imposant la présence de
nazis autrichiens au gouvernement de Vienne. Le pays est aussitôt occupe par 1'armée
allemande, la Wehrmacht*, les opposants sont arrêtés et 1'Anschluss* ratifie a 97 % ; en
septembre 1938, Hitler exige le territoire de Sudètes, province frontalière et germanophone de
Tchécoslovaquie. Cette république parlementaire avait signe une alliance défensive avec la
France (1925) «U.R.S.S. (1935).
A la conférence de Munich (30 septembre 1938), ni la Tchécoslovaquie, ni U.R.S.S ne sont
invitées. La France et le Royaume-Uni y acceptent 1'annexion des Sudètes par le Reich. La
France trahit ainsi son alliée qui se trouve contrainte de céder aux exigences hitlériennes.

3.2 Les hésitations des démocraties


Les Français et les Britanniques n'approuvent pas tous la capitulation de la conférence de
Munich. Leurs gouvernements sont sensibles à la majorité pacifiste de 1'opinion publique. Le
Royaume-Uni pense éviter la guerre en satisfaisant Hitler sur certains points. En France, la
majorité de la droite se réjouit que les régimes fascistes affaiblissent la gauche et espère qu'Hitler
débarrassera 1'Europe du bolchevisme en écrasant 1'U.R.S.S. Le slogan de la droite française
est alors: «Plutôt Hitler que le Front populaire».
Hitler profite de cette passivité des démocraties pour occuper le reste de la Tchécoslovaquie
(mars 1939).
13.3 La guerre toute proche
Un mois après la conférence de Munich, Hitler revendique la ville libre de Dantzig. France et
Royaume-Uni décident, cette fois, de remplir leurs engagements en cas d'agression.
Hitler signe avec 1'U.R.S.S. un pacte de non-agression réciproque (23 aout 1939). Staline,
depuis la conférence de Munich, suspecte les démocraties d'encourager Hitler à tourner ses
ambitions vers 1'Est. Cet accord permet a 1'U.R.S.S. de repousser vers 1'Ouest sa frontière de
1918 et a Hitler de ne pas avoir à mener la guerre sur deux fronts.
Quand Hitler attaque la Pologne, le l er septembre, le Royaume-Uni et la France déclarent la
guerre à l’Allemagne, mais sans prendre d'initiatives militaires capables d'aider la Pologne;
celle-ci est écrasée par les armées allemandes, puis soviétiques le 17 septembre.

Travail d’Elève

Produire un texte argumenté de quinze lignes, présentant la mission et les structures de la Société
Des Nations.

Expliquer en quoi la guerre civile en Espagne et l’impérialisme Hitlérien constituent des préludes
à la deuxième guerre mondiale.

Par groupe de cinq, les élèves présentent des exposés sur le chapitre à l’étude en référence à la
répartition des sujets spécifiques donnés.

Thème :
La deuxième guerre mondiale

Compétence terminale 
Enoncer les différents paramètres qui entourent la deuxième mondiale en passant par les
causes, les faits jusqu’aux conséquences de cette guerre.
Compétences spécifiques :
Enumérer les principaux faits marquants des débuts de la grande guerre dite deuxième
guerre mondiale, en mentionnant diverses provocations des rivalités.
Mettre en évidence les différentes étapes de la deuxième guerre mondiale
Faire ressortir le poids des acteurs de la guerre
Réaliser un fichier complet sur la deuxième guerre mondiale en considérant ses paramètres
sociopolitique et économique.

UNE GUERRE ECLAIRE QUI SURPREND L’EUROPE


La crise mondiale

2.1 Un mécanisme général...


De 1929 à 1933, seuls le Japon et l’Union soviétique paraissent protégés de la dépression
économique. Baisse d'activité et chômage marquent dans le monde les «années noires».
Cette extension de la crise révèle 1'interdépendance des Etats et l'économie-monde dont les
Etats-Unis sont le cœur. La baisse des achats américains en matières premières limite les
revenus des pays vendeurs. Le retrait des capitaux américains investis en Europe ruine des
banques et des entreprises.
La prolongation de la récession incite certains pays à dévaluer leur monnaie pour tenter de vendre
à 1'étranger mais ils provoquent ainsi une extension de la crise. Si les exportations sont
favorisées par la dévaluation, celle-ci fait par contre monter le prix des produits importés. Tout
le commerce international est déréglé.
2.2 ... qui touche l'Europe industrielle...
La crise touche d'abord 1'Autriche et l'Allemagne qui sont les plus dépendantes des capitaux
américains. Le retrait des fonds américains entraine une baisse de la production industrielle
parallèle à celle des Etats-Unis. La situation s'aggrave en 1931 à cause des difficulr.es politiques
allemandes. Krach boursier et faillite des banques ont des effets sur toute l'Europe centrale.
Le Royaume-Uni est le troisième pays à être touché, en 1931. Tires vite les Anglais réagissent en
dévaluant la livre, pourtant monnaie internationale. Tout le système monétaire mondial est des
lors perturbe. La France entre plus tardivement dans la dépression car son économie, plus
traditionnelle, est moins liée au capitalisme international.

Et le monde domine
En 1930, 1,4 milliard d'hommes vivent sous la dépendance politique ou économique des Etats
industrialises occidentaux. Bien qu'ils ne soient pas concernés par les problèmes de la société de
consommation, 1'économie-monde leur fait subir pourtant les effets de la crise. Très spécialisés
dans la production de matières premières, ils ne parviennent plus à les vendre aux pays
industriels. Les exportations de l’Amérique latine et de 1'Asie baissent de 70% entre 1928 et
1939, celles de 1'Afrique de 50%. De plus, les pays riches en difficulté ne leur prêtent plus
d'argent.
Les colonies subissent aussi le contrecoup des difficultés des métropoles. Les métropoles
affaiblies cherchent à en tirer des ressources supplémentaires: cultures commerciales nouvelles
imposées, journées de travail force, impôts en augmentation. La baisse des revenus des paysans
les pousse vers les villes oïl se développent les bidonvilles*.
La dépression des années 30 donne ainsi naissance à une difficulté majeure du XXe siècle: le
sous-développement.

La guerre devient mondiale (1942-1943)


Parallèlement à la guerre européenne, une autre guerre en Extrême-Orient enflamme les mers et les
rivages du Pacifique.

A. Les Etats-Unis entrent en guerre


Le président des Etats-Unis, Roosevelt, face à une opinion publique favorable aux Allies mais hostile a
une intervention armée, promulgue, en mai 1941, la loi prêts-bails : les Américains ne vendent
plus mais prêtent le matériel militaire a la Grande-Bretagne. En aout de la même année, Roosevelt
rencontre Churchill au large de Terre-Neuve : ils élaborent la Charte de l‘Atlantique pu ils évoquent
la destruction finale de la dictature nazie (doc. 1). Les Etats-Unis ont pris position.
En juillet 1941, le Japon occupe l'Indochine française. Roosevelt, tout en cherchant à négocier,
décrète l'embargo sur les ventes d'acier et de pétrole. Le Japon riposte par la force et détruit la
flotte américaine le 7 décembre 1941, à Pearl Harbor dans les Ties Hawaii (doc. 3). La guerre est
ouverte entre les deux Etats ; le 11 décembre, l'Allemagne déclare la guerre aux Etats-Unis.

B. Le «Blitz» japonais
En quelques mois, la progression des Japonais dans le Pacifique est foudroyante. Ils s'emparent de
Hong Kong et de Singapour.
En juin 1942, ils sont aux portes de l’Inde et de l'Australie.
Ils s'étaient présentés comme des libérateurs et avaient promis de créer une «sphère de
coprospérité asiatique», mais la réalité est différente : ils imposent ou contrôlent les
gouvernements et surexploitent par la terreur les territoires conquis. La guerre est devenue
planétaire.

C. 1942 : le tournant de la guerre


Dans cette guerre totale, les Allies fournissent un effort de guerre considérable (doc. 6). La science
est mobilisée pour trouver de nouvelles armes : au programme allemand de fusées, répond le "Victory
Program» américain (doc. 2). L'avance des Etats totalitaires est contenue.
Dans le Pacifique, les Américains remportent leur première victoire aéronavale, en mai 1942, dans
la mer de Corail. Les batailles de
Midway, en juin, et de Guadalcanal, d'aout à décembre, confirment leur supériorité. Les Japonais
doivent renoncer à l'Australie.
En Afrique, a EI-Alamein, en octobre 1942, les Britanniques contraignent l'Afrika Korps de
Rommel à battre en retraite. Le 8 novembre, les Anglo-américains, sous le commandement du
général Eisenhower, débarquent en Afrique du Nord. Les troupes de l'Axe, prises en étau entre les
Allies et les Forces Franchises Libres du général Leclerc capitulent en Tunisie en mai 1 943.
A Stalingrad, le 2 février 1943, après cinq mois de siège et de combats acharnes centre I
‘Armée rouge et les populations civiles, les troupes de Von Paulus, affamées et décimées, se
rendent (doc. 4 et 5). Hitler n'était plus invincible.
La bataille de l'Atlantique est remportée par les Alliés au prin temps 1943, grâce à la
supériorité technique de la flotte américaine
(doc. 7), équipée de radars et de sonars.

L’Europe sous la domination allemande

Les nazis pillent


Du cap Nord en Norvège a la Méditerranée, de la Bretagne au Caucase, les pays vaincus sent
occupes par les armées allemandes.
Partout le pillage économique permet de sauvegarder le niveau de vie des Allemands en faisant
payer 1'économie de guerre par les populations vaincues ou «alliées». Pour satisfaire ses
besoins de main-d’œuvre, 1'Allemagne utilise les prisonniers de guerre et déporte 7 millions de
travailleurs, volontaires ou non; 7 autres millions travaillent dans leur propre pays pour
satisfaire les commandes allemandes.
En Europe occidentale, la majorité de la population se refugie dans 1'attentisme, sans se rebeller.
Son principal souci est la nourriture. Le rationnement n'assure plus que 1 200 calories par jour,
en moyenne, au lieu de 3 000 avant guerre. Seul le «marche noir* » permet de manger à sa faim,
quand on en a les moyens.
En Europe orientale, 1'Allemagne étend son «espace vital» aux dépens des populations slaves
parmi lesquelles elle puise sans limites ouvriers, matières premières et produits agricoles.

2.2 Les nazis tuent


Pour maintenir les vaincus sous leur joug, les nazis les terrorisent. Tout opposant ou résistant
risque la torture, le peloton d'exécution ou la déportation dans les camps d'Allemagne,
depuis le décret «Nacht und Nebel* » de décembre 1941. A la déportation s'ajoute surtout le
génocide*. Hitler enferme d'abord les Juifs d'Europe orientale dans des ghettos* ou ils
meurent de faim; quand les habitants du ghetto de Varsovie se révoltent, en Janvier 1943, les
nazis les anéantissent impitoyablement. Hitler décide la «solution finale*, c'est-a-dire
1'extermination totale des Juifs d'Europe dans les « camps de la mort»; ils y sont asphyxies puis
brulés dans des fours crématoires, avec les autres «races inferieures» et les ennemis de «l'ordre
nouveau». Au total, 11 millions d'êtres humains périssent: 5 millions de détenus politiques,
résistants, «asociaux», et 6 millions de Juifs sur les 8300000 vivant en Europe en 1939.

2.3 L'oppression engendre des résistances


Dans tous les pays occupés se développent des mouvements de résistance. Peu nombreux, ces
«combattants de l'ombre» choisissent librement de combattre l’ordre nouveau par lequel la
«race des seigneurs » asservit les peuples conquis.
En Yougoslavie, les nombreux groupes de partisans*, organises par les communistes que dirige
Tito, sont armes par les Anglo-américains. Ils résistent à sept offensives allemandes,
immobilisent quinze divisions ennemies, constituent une véritable armée nationale qui libère
seule son pays et porte les communistes au pouvoir, en 1945.

Les résistances en Europe


Partout en Europe se lèvent des hommes qui, isolement d'abord, refusent 1'humiliation de la
défaite et sont décidés à lutter contre les occupants. Progressivement, ils s'organisent en réseaux,
puis ils constituent des maquis. En Allemagne même, ou résister veut dire trahir sa patrie, de petits
groupes se tourment contre Hitler. Une résistance du désespoir vit également le jour dans les,
camps ; mais les tentatives de révolte furent impitoyablement liquidées.

A. Les deux pôles de la résistance


Les résistants bénéficient plus ou moins vite, selon les pays, de la sympathie ou du soutien des
populations occupées.
La résistance occidentale s'organise a Londres, ou sont refugies la plupart des gouvernements
libres d'Europe. Les Britanniques
constituent des réseaux de renseignements et d'évasion, soutiennent la presse clandestine, puis
organisent des parachutages d'armes et de matériel de transmission, en vue d'opération de
sabotages et d'embuscades.
En Europe orientale et méridionale, la situation est plus complexe. II faut attendre l'invasion de
l’Union soviétique, en juin 1941, pour que la Resistance donne lieu à d'importantes opérations
(doc. 1, 2 et 6). Mais Staline n'accorde son aide qu'à la résistance communiste. Dans certains pays,
comme en Pologne, en Grèce ou en Yougoslavie, la division entre résistants communistes ou non
conduisit a une lutte séparée et inconciliable.
Organisés en maquis, les groupes armés harcèlent les armées d'occupation. Malgré la férocité
de la répression allemande (torture, exécutions d'otages) et en dépit de pertes élevées, les
résistants contribuèrent efficacement à la libération de leur patrie (voir p. 88).

B. La France libre et la Resistance intérieure


Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lance de Londres le premier appel à la résistance (doc. 3 et
4). Autour de lui, se constituent
les Forces Françaises Libres. Les volontaires, peu nombreux au début, sont 70 000 à I
‘automne 1941. Sous le commandement du
général Leclerc, ces troupes mènent aux cotés des Alliés des combats victorieux en Afrique.
Sur le sol national, comme dans le reste de l'Europe, les premiers résistants font surtout œuvre de
propagande et fournissent des renseignements à Londres par radio. Le ralliement du Parti
communiste en 1941, le refus du S.T.O. et l'invasion de la zone Sud en 1942 gonflent les effectifs
des réseaux et des maquis (Vercors, Limousin...). La diversité des courants politiques est grande,
ce qui engendre méfiance et tensions. Jean Moulin (voir p. 88), envoyé par le général de Gaulle,
parvient en mai 1943 à unifier les mouvements au sein du Conseil National de la Resistance
(C.N.R.) dont la mission est de libérer la France et de préparer des reformes politiques,
économiques et sociales.
En 1944, les différents groupes armés sont assembles dans les Forces Françaises de l'intérieur
(F.F.I.), commandées par le général Koenig ; elles participent à la Libération aux cotés des Alliés.
Le général Eisenhower estimera leur concours égal à celui de 15 divisions

Les défaites de l’Axe


Les Alliés à la conquête de l’Europe
La libération de la France
Vers la victoire des Alliés
L'Allemagne hitlérienne dispose encore, en 1943, de moyens énormes. Mais la supériorité
des Allies et des Soviétiques change rapidement le cours de la guerre (doc. 1). Les
bombardements massifs des villes allemandes désorganisent moins l'économie de guerre hitlérienne
qu'ils ne brisent le moral des populations. L'Allemagne résiste jusqu'en mai 1945 ; le Japon jusqu'en
septembre de la même année.

A. Les débarquements et les offensives alliées


Sur le front de l'Est, en juillet 1943,1'Armée rouge passe à l'attaque et chasse la Wehrmacht des
territoires soviétiques. Le «rouleau compresseur» russe poursuit ensuite son avance en Pologne,
dans les Balkans, en Roumanie et en Bulgarie.
A partir de 1943, les Allies, qui ont repris la maîtrise de l’Atlantique, ouvrent de nouveaux fronts.

En Italie, en juillet 1943, les Allies débarquent en Sicile. Le 3 septembre, l’Italie capitule, mais
Hitler vole au secours de Mussolini, crée une République fasciste dans le Nord de la péninsule,
tandis que pendant tout l'hiver les troupes allemandes bloquent la progression des Allies. Ceux-ci
ne pénètrent dans Rome qu'en juin 1944.
Le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie, sous la conduite du général américain
Eisenhower. Six semaines de combats sont nécessaires pour que les blindés américains percent le
front allemand à Avranches et marchent sur Paris. Le 25 aout, la 2e D.B.* du général Leclerc entre dans
la capitale insurgée.
Le 15 aout, Français et Américains ont débarqué en Provence et progressent dans la vallée du
Rhône. Avec l'aide des F.F.I., la libération de la France commence.

B.- L'effondrement de l'Allemagne : 8 mai 1945


Hitler tente une dernière offensive dans les Ardennes, en décembre. Elle échoue. L'Allemagne est
submergée à l'Ouest et à l'Est. Les armées américaines et soviétiques font leur jonction sur l'Elbe.
Dans Berlin assiégée par les Soviétiques, Hitler se suicide le 30 avril. Le 7 et 8 mai, à Reims et à
Berlin, l’Allemagne capitule sans conditions.

C. La capitulation japonaise: 2 septembre 1945


Dans le Pacifique comme en Europe, les Américains imposent à l'ennemi une guerre de matériel:
après les grandes batailles aéronavales de 1942 menées à partir de porte-avions, la stratégie
américaine consiste à isoler les forces japonaises dispersées dans les iles du Pacifique, à pilonner
les poches de résistance et à sauter d'un archipel à l'autre. Les Japonais répliquent par les raids
des Kamikazes*, avions-suicides bourres d'explosifs.
En juin 1945, l'Ile d'Okinawa passe sous contrôle américain après de terribles combats (110 000
Japonais tues). L'aviation américaine menace directement le Japon.
Pour accélérer l’issue de cette guerre sanglante, le nouveau président des Etats-Unis, Truman, décide
d'utiliser une nouvelle arme : la bombe atomique. La première sur Hiroshima, le 6 aout 1945
(doc. 9), et la seconde, le 9 aout, sur Nagasaki font 150 000 victimes. Le 2 septembre, le Japon
capitule. La Deuxième Guerre mondiale est terminée.

Travail d’Elève
Dessiner la carte géographique de la deuxième mondiale qui permettra d’identifier les divers
parcours et les champs de batailles utilisées durant la deuxième guerre mondiale.

Exposé en classe sur les principaux faits marquant de la guerre du début à la fin et leurs impacts
immédiats sur le milieu direct.

Elaborer un texte de vingt lignes pour expliquer les circonstances qui ont impliqué Haïti
directement dans la deuxième guerre mondiale.

Thème :
Le monde après 1945 : la guerre froide et les conflits qui en découlent

Compétence terminale 
Apprécier le nouvel ordre international après 1945.

Compétences spécifiques :
Présenter le tableau du lourd bilan de la deuxième guerre mondiale.
Placer la fin de la Grande Alliance (1945-1947) dans le cadre des grandes conséquences de
la guerre.
Présenter la formation des deux grands blocs du monde d’après la deuxième en tant
l’élément central de la froide.
Montrer les circonstances entrainant la création des nations unies pour remplacer la
Société Des Nations, après la deuxième guerre mondiale.

LE LOURD BILAN DE LA GUERRE

1.1 Un désastre humain et matériel


La Seconde Guerre mondiale a été le conflit le plus meurtrier de 1'histoire du XXe siècle: 55
millions de morts, soit cinq fois plus qu'en 14-18. La moitie sont des civils, victimes des
bombardements, de la répression, de la déportation et de 1'extermination dans les camps.
Avec près de 40 millions de morts, Europe paie le plus lourd tribut. La guerre perturbe aussi la
démographie : augmentation de la mortalité à cause de la sous-alimentation, déficit des
naissances, déséquilibre entre les sexes.
La Seconde Guerre mondiale fut une guerre totale. Les objectifs n'étaient pas seulement
militaires, mais visaient aussi à détruire les capacités économiques des États. Les destructions
matérielles sont considérables : villes et villages rases, équipement industriel, routier et
ferroviaire parfois anéanti. L'Europe est encore une fois la plus touchée, en particulier 1'U.R.S.S.,
la Pologne, 1'Allemagne, la Yougoslavie et la France.

1.2 Un choc moral


La Seconde Guerre mondiale a des conséquences morales. La révélation des atrocités commises
par les nazis ou les Japonais cheque les consciences: massacres, tortures, traitements inhumains
dans les camps de concentration, organisation «scientifique » du génocide des Juifs et des
Tziganes. Le procès de Nuremberg (1945-1946) qui juge les hauts responsables nazis dresse un «
bilan de l’horreur » et définit la notion de « crimes centre 1'humanité» que le temps ne peut
effacer. La science et la technique furent mises au service de la terreur et de la mort. La puissance
destructrice de la bombe atomique, révélée a Hiroshima et a Nagasaki, engendre crainte et
angoisse collective pour l’avenir.

1.3 Deux nouveaux Grands


La Seconde Guerre mondiale confirme le déclin de l'Europe. Son potentiel économique est
réduit au moins de moitié. La ruine financière est complète. Partout règnent la pénurie et
I ‘inflation. L'influence de l'Europe recule dans les relations Internationales et sa puissance
coloniale est contestée.
En revanche, les Etats-Unis sont les grands bénéficiaires du conflit. Us n'ont pas connu la
guerre sur leur territoire. Us ont accru leurs capacités de production, et tous les alliés dépendent
économiquement d'eux. La mise au point de la bombe atomique prouve leur suprématie
technologique et militaire. L'U.R.S.S., malgré des destructions considérables, fait figure de
grande puissance. Elle a résisté au nazisme. Elle a libéré et occupé l'Europe centrale et orientale.

La fin de la Grande Alliance (1945-1947

2.1 L'entente
Avant même la fin des combats, les trois partenaires de la Grande Alliance (Etats-Unis,
U.R.S.S., Royaume-Uni) pensent à organiser la paix future. En février 1945, Roosevelt, Staline
et Churchill se rencontrent à la conférence de Yalta en U.R.S.S. Us envisagent de dénazifier
l’Allemagne après sa défaite et de la diviser provisoirement en quatre zones d'occupation. Us
prévoient dans les pays libérés la mise en place de gouvernements issus d'élections libres. Us
confirment le projet d'une Organisation des Nations Unies devant œuvrer pour la paix et la
coopération. L'O.N.U. nait à la conférence de San Francisco en juin 1945.
A Yalta, puis à la conférence de Potsdam (juillet-aout 1945), les Alliés abordent aussi la
question des futures frontières en Europe, des modifications territoriales ont lieu entre 1945 et
1947. L'U.R.S.S. en est la principale bénéficiaire.

2.2 La méfiance
Dès 1946,1'entente entre les vainqueurs se dégrade. Staline impose aux Alliés la plupart des
modifications de frontières de I'U.R.S.S. De plus, sa volonté de construire en Europe
orientale une zone d'influence soviétique devient évidente. Les Occidentaux contestent la
façon dont se déroulent les élections en Pologne, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, ou 1'armée
Rouge est présentée. Partout des gouvernements communistes se mettent en place.
Inversement, I'U.R.S.S. s'inquiète du monopole atomique des Etats-Unis. Elle critique
l’attitude clémente à 1'égard des Allemands des Américains et des Britanniques qui mettent fin
rapidement dans leurs zones au démantèlement industriel et à la dénazification. Alors que les
traites de paix sont signes en 1947 avec les anciens allies des nazis, les vainqueurs ne parviennent
a aucun accord sur le sort de l’Allemagne.

2.3 La rupture
Les inquiétudes américaines face à la progression du communisme se font plus vives en 1947.
C'est «l'année terrible »: la pénurie alimentaire règne partout. Les Etats-Unis craignent que le
mécontentement des populations ne soit exploite par les partis communistes occidentaux.
En mars 1947, le président Truman annonce que les Etats-Unis aideront tout pays favorable à
la liberté. En juin 1947, il propose a 1'Europe 1'aide économique américaine pour son
redressement: c'est le plan Marshall*, accepté par les pays de 1'ouest de 1'Europe.
L'U.R.S.S. et les pays sous son influence refusent cette aide destinée à «endiguer» le
communisme. Staline réplique par la création du Kominform* et la doctrine Jdanov* qui
dénonce «l'impérialisme américain». L'Europe se divise en deux camps.

3. Au cœur de la guerre froide: 1948-1953

3.1 Le bloc américain


Un « rideau de fer » sépare désormais deux blocs en Europe. Le bloc américain regroupe les pays
de l’Europe de l'Ouest derrière les Etats-Unis. C'est le «monde libre» selon les Américains, celui
des démocraties libérales* et du capitalisme. Tous les pays du bloc sont anti-communistes. Aux
Etats-Unis, le sénateur McCarthy anime de 1950 à 1954 une «chasse aux sorcières» contre
les personnes suspectes de complicité avec 1'U.R.S.S. Les Etats-Unis consolident les liens entre
les Etats de leur camp. Ceux qui bénéficient du plan Marshall forment en 1948 1'O.E.C.E.
En 1949, 1'Europe occidentale forme un bloc militaire avec les Etats-Unis par la signature
du Pacte atlantique et la création de 1'O.T.A.N. Dans le monde entier, les Etats-Unis tissent
un réseau d'alliances encerclant le bloc soviétique.

3.2 Le bloc soviétique


Le bloc soviétique regroupe derrière 1'U.R.S.S. toute 1'Europe de 1'Est, après que les
communistes ont pris le pouvoir en Tchécoslovaquie par le «coup de Prague» (1948). Seule la
Yougoslavie échappe à l’influence de 1'U.R.S.S. C'est le bloc des démocraties populaires* qui
suivent le modèle soviétique. Un parti unique dirige le pays et applique le socialisme.
Les dirigeants suspects d'indépendance à l’égard de 1'U.R.S.S. sont éliminés à la suite de
procès politiques.
Pour développer les liens économiques entre «pays frères», 1'U.R.S.S. crée, en 1949, le
C.A.E.M.*. Le bloc de 1'Est inclut aussi la Chine après la victoire du communiste Mao Zedong
en 1949 et se renforce d'une alliance militaire en 1955, le pacte de Varsovie.

3.3 L'affrontement des blocs


Les deux blocs s'affrontent dans une «guerre froide». La première crise grave se déroule à
Berlin, divisée depuis 1945 en quatre zones d'occupation par les vainqueurs de la guerre. Pour
protester contre 1'unification progressive des trois zones occidentales de 1'Allemagne, Staline
déclenche en juin 1948 le blocus de Berlin-Ouest. Truman riposte par un pont aérien qui
ravitaille la ville. Staline lève le blocus après onze mois de tension, mais la coupure de
1'Allemagne en deux Etats est désormais achevée: la R.F.A., a 1'ouest, la R.D.A., a Test,
naissent en 1949.
En 1950, la guerre froide gagne 1'Asie, lorsque la Corée du Nord, communiste, envahit la
Corée du Sud, proaméricaine. Les troupes américaines, sous couvert de l’O.N.U.,
interviennent dans la guerre de Corée pour refouler l’invasion communiste, tandis que la Corée
du Nord est soutenue par 1'U.R.S.S. et reçoit 1'aide militaire de la Chine. Une troisième Guerre
mondiale menace.
La coexistence pacifique :(1953-1962)
4.1 Un décret des relations
La mort de Staline en 1953 se traduit par un dégel immédiat des relations entre les deux blocs:
un armistice est signe en Corée la même année. En 1956, au XXe Congres du parti communiste
soviétique, Khrouchtchev dénonce les crimes de Staline et propose la « coexistence pacifique
» avec 1'Occident. Les deux Grands y ont intérêt pour deux raisons principales :
- un nouvel acteur vient troubler le jeu bipolaire des relations internationales: le tiers-monde. Les
nouveaux Etats nés de la décolonisation refusent d'appartenir a 1'un ou 1'autre des deux blocs;
- 1'équilibre de la terreur nucléaire est atteint en 1953, lorsqu'un an après les Etats-Unis, l’U.R.S.S.
dispose de la bombe H. Le lancement par les Soviétiques en 1957 du premier satellite artificiel,
Spoutnik*, déclenche la course à la possession de missiles intercontinentaux. Les deux Grands
peuvent s'anéantir mutuellement.

Une nouvelle attitude


Deux événements de I ‘année 1956 démontrent la nouvelle attitude de 1'U.R.S.S. et des Etats-Unis.
En Hongrie, une insurrection populaire chasse en octobre 1956 les dirigeants staliniens du
pouvoir. Le nouveau gouvernement engage des réformes libérales et dénonce le pacte de
Varsovie. L'U.R.S.S. refuse que la Hongrie sorte du bloc. Son armée entre a. Budapest et noie
dans le sang la révolution hongroise. Malgré des appels à l’aide, les Etats-Unis laissent faire
estimant que chacun est maitre de son camp.
Au même moment, la France, le Royaume-Uni et Israël lancent une intervention armée contre
1'Egypte où Nasser vient de nationaliser la Compagnie du canal de Suez. L'U.R.S.S. soutient
1'Egypte et menace les agresseurs de ses fusées atomiques, mais les Etats-Unis condamnent aussi
1'opération. Us font pression sur leurs alliés pour que cessent les combats.
4.3 Les dernières crises de la guerre froide
Entre 1957 et 1962, la détente alterne avec la tension. En 1959, Khrouchtchev rencontre le
président Eisenhower aux Etats-Unis, puis en 1961, le président Kennedy a Vienne. Mais en aout
1961, le climat se dégrade. La R.D.A. construit un mur entre Berlin-Est et Berlin-ouest pour
arrêter 1'exode de milliers d'Allemands de 1'Est.
En octobre 1962, la tension culmine dans la crise de Cuba. Fidel Castro, qui a pris le pouvoir dans
1'ile en 1959, se rapproche de I'U.R.S.S. Les Soviétiques installent à Cuba des fusées nucléaires
menaçant le territoire des Etats-Unis. Le président Kennedy en exige le retrait et entreprend le
blocus de File. On est au bord de 1'affrontement direct entre les deux Grands. Khrouchtchev finit
par accepter de retirer les fusées.

Présentation de l’ONU

L'O.N.U.
L'expression "Nations Unies» apparait le 1er Janvier 1942 et designs les Nations coalisées contre
l'Allemagne, l'Italie et le Japon. Roosevelt tenait à ce que cette coalition de guerre devient une
organisation de paix. L'Organisation des Nations Unies voit le jour en avril-juin 1945, a la
conférence de San Francisco.
Son objectif primordial est d'établir un système de sécurité internationale. La Charte de I'O.N.U.,
signée en 1945 par 51 Bats, tient compte des échecs de la S.D.N.
NOUS, PEUPLES DES NATIONS UNIES, RESOLUS à préserver les générations futures du fléau de la
guerre qui deux fois en 1'espace d'une vie humaine a infligé à l'humanité d'indicibles souffrances...

NATIONS UNIES
La création de ('Organisation des Nations Unies, figurée par un arbre de la paix aux 55 feuilles
représentant les États membres a la fin de 1946.
4 B Le Préambule de la Charte des Nations Unies.
A. [/organisation de I'O.N.U.
L'O.N.U. comprend trois organes principaux: -

Assemblée générale qui fait des recommandations ;


Le Conseil de Sécurité : 15 membres, dont cinq permanents qui ont droit de véto* (Etats-Unis,
Union soviétique, Grande-Bretagne, France, Chine); un Secrétariat général, administrateur
permanent.
La Charte des Nations Unies : 1945"Nous, Peuples des Nations Unies, sommes résolus :
A proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la
valeur de la personne humaine, dans 1'égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des
Nations, grandes et petites ;
A créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées
des traites et
autres sources du droit international ;
A favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus
grande.
Et a ces fins :
— a pratiquer la tolérance, a vivre en paix Fun avec 1'autre dans un esprit de bon voisinage ;
A unir nos forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales ;
A accepter des principes et a instituer des méthodes garantissant qu'il ne sera pas fait usage de
la force des
armes, sauf dans 1'intérêt commun ;
À recourir aux institutions internationales pour favoriser le progrès économique et social de tous
les peuples.

Nous avons décidé d'associer nos efforts pour réaliser ces desseins.
San Francisco, 26 juin 1945 Et L'organisation des Nations Unies.

Nouveaux enjeux internationaux: 1945-1962

2. Les idées essentielles

A. Les relations Internationales de 1945 à 1962


Elles sont dominées par l'action des deux puissances victorieuses de la Seconde Guerre
mondiale : les États-Unis et l'U.R.S.S.
A la conférence de Yalta, en février 1945, Américains et Soviétiques s'entendent pour prolonger
leur alliance et
organiser la paix. L'Allemagne est divisée en quatre zones d'occupation ; I'O.N.U. est fondée en
avril-juin 1945.
La rupture de 1947 : la doctrine Truman lance la politique d'endiguement du communisme ;
l'aide Marshall est refusée par I'U.R.S.S. ; I ‘Europe est divisée en deux. La guerre froide
commence. Elle atteint son paroxysme dans les années cinquante, au moment de la guerre de
Corée. Elle s'attenue entre 1953 et 1962, en dépit de la forte tension provoquée par la crise des
fusées de Cuba.

B. Les caractéristiques de la guerre froide


Un affrontement sous forme de «bras de fer», ou chacun des deux adversaires pousse le plus
loin possible ses
menaces centre I’ autre, en évitant toutefois de déclencher le conflit arme direct ; la guerre
chaude risquerait en effet d'être fatale pour tous, chacun des deux Super-grands disposant de I’
arme nucléaire.
Elle crée un monde «bipolaire», c'est-a-dire partage en deux blocs. Les deux blocs se constituent
en :

Travail d’Elève

Décrire dans un tableau le bilan de la deuxième guerre mondiale sur les plans : humain, matériel,
politique, économique et social.

Placer la guerre froide dans son contexte en tant que l’une des conséquences de la deuxième
guerre mondiale.

Comparer la société des nations et l’organisation des nations unies quant à leur but, leurs
fonctions et leurs structures.
GEOGRAPHIE

Thème :
Le Canada

Compétence terminale 
Expliquer la situation des Etats-Unis et du Canada dans le monde
Compétences spécifiques :
Faire la comparaison de certaines caractéristiques du Canada avec celles des Etats-Unis.
Caractériser l’organisation politique et territoriale du Canada.

LE CANADA
La situation géographique et géopolitique du Canada
Le Canada est l’un des pays les plus étendus du globe. Ses frontières sont reconnues
internationalement. Il occupe un espace géographique particulier, qu’on peut délimiter au moyen
de sa position mondiale ou continentale, de ses coordonnées géographiques, de ses frontières et
de même de ses fuseaux horaires.
Il est dirigé par un chef d’Etat élu démocratiquement et appelé premier ministre fédéral. Ottawa
est la capitale nationale du Canada; c’est la que siège le gouvernement central charge des
dossiers telles la défense, les relations internationales et les postes. Le Canada imprime sa
monnaie et possède son armée.

La situation géographique du Canada dans le monde


Le globe terrestre et la mappemonde se divisent en deux hémisphères. L’équateur partage la
Terre en hémisphères Nord et sud et le méridien d’origine (Greenwich) la partage en
hémisphères Est et Ouest. Il en résulte quatre quadrants distincts : l’ouest de l’hémisphère Nord,
l’est de l’hémisphère Nord, l’ouest de l’hémisphère Sud et l’est de l’hémisphère Sud.
Parce qu’il est situé au nord de l’équateur et à l’ouest du méridien d’origine, le Canada est donc
situé dans l’ouest de l’hémisphère Nord.
Le démembrement de l’URSS a fait croire a plusieurs que le Canada passerait du second au
premier rang mondial quant a la superficie. Il n’en est rien, car la Russie demeure le pays le plus
étendu du monde. Le Canada occupe toujours le deuxième rang avec superficie totale de 9 970
610 kilomètre carre.

La situation du Canada en Amérique du Nord


Le Canada occupe la partie septentrionale de l’Amérique du Nord. Il est d’ailleurs le plus
nordique des pays du continent américain. Il s’étend bien au-delà du cercle polaire arctique. En
outre, le pole Nord magnétique est en territoire canadien. Il n’y a que le Groenland, possession
du Danemark, qui s’étire plus au que le Canada.

Les coordonnées géographiques du Canada


La situation du Canada dans l’ouest de l’hémisphère Nord a pour conséquence que tout endroit
de son territoire a une position géographique de latitude nord et de longitude ouest.
D’est en oust, le pays s’étend du point de longitude 52degre 37’ ouest situé a Cape Fear (Terre -
Neuve), jusqu’a la frontière du Yukon et de l’Alaska, a la longitude 141degre oust. En fait, le
Canada s’étire sur plus de 89 degré de longitude entre ces deux extrémités, soit 5 514 km.
Le cap Columbia, situé dans l’ile Ellesmere, constitue le point le plus nordique du pays, a la
latitude 83 degré 07’ nord. Sise a 4 634 km et 41 degré plus au sud, dans le lac Erie, l’ile du
Milieu avec une latitude de 41 degré 41’ nord.

Les frontières du Canada


Malgré le fait qu’il soit le deuxième pays du globe par sa superficie, le Canada ne compte qu’un
seul voisin contigu, les Etats-Unis. Ces deux pays partagent une frontière de 8 900 km.
Au Canada, la majeure partie de cette limite territoriale est situé au sud, ou elle côtoie 13 Etats
américains. Les Grands Lacs sont partages d’une façon à peu près égale entre le Canada et les
Etats-Unis, l’exception du lac Michigan, qui appartient en totalité à nos voisins du sud. Une
seconde frontière avec les Etats-Unis, le Canada est entoure d’eau : ce sont les océans
Atlantique, Pacifique et Arctique.

Les fuseaux horaires du Canada


Le Canada compte six fuseaux horaires. Le plus oriental* se trouve a Terre – Neuve, ou l’heure
normale retarde de trois heures et demie sur le temps universel coordonne (TUC ou heure de
Greenwich). Lorsqu’il est 00 h 00 à Greenwich, en Angleterre, les fuseaux horaires canadiens
indiquent les heures suivantes:
Fuseaux horaires du Canada
Heure
Heure de Terre-Neuve……..20h30
Heure de l’Atlantique……...20h00
Heure de l’Est……………...19h00
Heure du Centre……………18h00
Heure des Rocheuses………17h00
Heure du Pacifique…………16h00

La participation du Canada s’engage activement sur la scène internationale. Même s’il n’est pas
reconnu comme une grande puissance, il est membre de plusieurs organismes internationaux
notamment l’ONU, le Commonwealth et la Francophonie.

L’Organisation des Nations Unies (l’ONU)


Fondée en 1945, à la suite de la Deuxième Guerre mondiale, l’ONU a pour but fondamental de
veiller au maintien de la paix dans le monde et de favoriser la coopération entre les Etats.
Presque tous les pays du plan été en sont membres. Le Canada adhère a cette organisation depuis
sa création et l’appuie énergétique. Le Canada a d’ailleurs participé, par l’envoi de ses casques
bleus, aux missions de paix de l’ONU.

Le Commonwealth
Le Commonwealth est une association de 48 Etats qui étaient autrefois des colonies du
Royaume-Uni. Ces pays industrialises ou en voie de développement forment une grande alliance
qui regroupe plus d’un milliard d’individus et qui couvre environ le quart de la superficie du
globe. Ses objectifs, en accord avec ceux de l’ONU, sont de favoriser la paix mondiale et de
contribuer au progrès international en tant qu’instrument de consultation et de coopération.

L’OTAN
Le Canada est membre de l’organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Fonde après la
deuxième guerre mondiale, cet organisme avait pour but de lutter contre l’expansion du
communisme. Il compte 16 pays dont les Etats-Unis, le Canada, la France et la plupart des pays
d’Europe.
Malgré la dissolution du bloc soviétique, qui en était l’ennemi principal, cet organisme continue
d’exister.

La Francophonie
La Francophonie comprend une collectivité de peoples, partageant à divers degrés la langue et la
culture françaises. Ce regroupement réunit 30 Etats membres, dont le Canada, sept Etats associes
ainsi que deux gouvernements participants : le Québec et le Nouveau-Brunswick.
La Francophonie vise surtout à promouvoir la culture française et à trouver des solutions aux
problèmes internationaux. Le dialogue entre pays industrialisés et pays en voie de
développement débouche souvent sur des projets de coopération internationale qui engagent les
Etats membres de cet organisme

L’Agence canadienne de développement international (ACDI)


Contrairement aux organisations précédentes, l’ACDI est un organisme exclusivement canadien,
qui administre 75 % du programme national d’aide publique au développement international.
L’agence a été mise sur pied par le programme fédéral en 1968.
L’ACDI s’engage auprès des pays en voie de développement en tenant de les aider à devenir
économiquement et socialement autonomes : l’énergie, l’agriculture (y compris les pèches et
l’exploitation des forets) et le développement des ressources humaines, c’est-a-dire la formation
d’une main-d’œuvre locale qualifiée.
Le budget de l’ACDI se chiffrait à plus de 2 milliards en 1990-1991. Il a été réduit de 10 % en
1992-1993 a cause de compressions budgétaires. En avril 1992, 314 membres de la fonction
publique canadienne travaillaient à l’étranger dans le cadre des différents programmes de
l’agence.

Les ensembles régionaux du Canada


Politiquement, le Canada se divise présentement en dix provinces et en deux territoires. Chacune
de ces divisions possède une capitale, ville ou siège le gouvernement.
Le gouvernement de chaque province se compose d’un premier ministre et de ministres choisis
parmi des députés élus. Ce gouvernement est responsable de dossiers comme l’éducation, la
sante et les routes. Quant aux territoires, chacun est administre par un commissaire nomme par le
gouvernement du Canada et assiste par un conseil élu. Les pouvoirs des gouvernements
territoriaux sont plus limites que ceux des provinces.
Les provinces et les territoires utilisent la monnaie canadienne et sont sous la protection de
l’armée du Canada.
En raison de certaines similitudes historiques, économiques, culturelles, physiques et humaines,
il est possible de regrouper les provinces et les territoires canadiens en cinq grands ensembles
régionaux :

o l’ensemble régional de l’Atlantique;


o l’ensemble régional du Saint-Laurent et des Grands Lacs;
o l’ensemble régional des Prairies;
o l’ensemble du Pacifique;
o l’ensemble régional du Nord.

La situation géographique du Québec


Pour bien situer le Québec dans l’espace géographique, il importe de considérer trois aspects
fondamentaux : sa position, son étendue et ses frontières.
L’étude de ces variables permet de situer concrètement la place occupe par le Québec a l’échelle
canadienne, continentale et mondiale. Il est utile de se pencher aussi sur l’engagement de la
province dans les différents organismes internationaux.

La position géographique du Québec


Il existe au moins trois façons de repérer la position du Québec lorsqu’on observe la carte du
monde. Il est impossible de déterminer cette position par rapport au Canada, par rapport à
l’Amérique du Nord ou par ses coordonnées géographiques.

La position du Québec par rapport au Canada


Le Québec est situé dans la partie orientale du Canada, près du golfe Saint-Laurent.
Historiquement, cela lui a permis d’entretenir d’importantes relations avec la France et la
Grande Bretagne. Aujourd’hui, le Québec conserve des liens commerciaux et culturels avec des
l’Union européen (anciennement la communauté économique européenne) et notamment avec
certains pays comme la France, par l’entremise des nombreux programmes d’échange franco-
québécois.

La position du Québec par rapport à l’Amérique du Nord


Plusieurs certaines de milliers de Québécois profitent de la proximité géographique pour passer
leurs vacances d’été comme d’hiver sur les plages de la cote Est des Etats-Unis, depuis le Maine
jusqu’à la Floride. Enfin avec l’adoption récente de l’Alena*, le Québec et le Canada, peuvent
augmenter leurs échanges économiques avec l’ensemble des Etats-Unis et du Mexique.

Les coordonnes géographiques du Québec


La position de la province peut également être établie par ses coordonnées géographiques. Le
Québec s’étend sur plus de 17 degré de latitude. Le cap Saint-Louis, a 62 degré 30’ nord, est son
point le plus septentrional, tandis que le parallèle 44 degré 59’ nord forme sa limite méridionale.
En ce qui concerne la longitude, le territoire québécois débute au méridien 56 degré 55’ oust et
s’étend jusqu’au point 79 degré 30’ oust. Plus de 22 degrés de longitude séparent les limites
orientale et occidental* du Québec.

L’étendue du Québec
L’étendue de l’espace québécois est immense, comparativement à celle des autres provinces
canadiennes; le Québec est d’ailleurs la plus vaste des provinces. Il occupe un territoire de 1 540
680 kilomètres carre, ce qui constitue 15,5 % de la superficie totale du Canada. L’Ontario, qui
occupe le second rang, représente 10, 7 % du territoire canadien.
Quelques pays ont une superficie comparable a celle du Québec, notamment la Mongolie (1 565
000 kilomètres carre), l’Indonésie (1 491 564 kilomètres carre) et l’Iran (1 648 000 kilomètres
carre). L’Etat américain de l’Alaska (1 540 180 kilomètres carre) occupe un territoire aux
dimensions sensiblement identiques a celles du Québec.
D’autres pays, par contre, sont beaucoup moins étendus que le Québec. La France est presque
trois fois plus petite, alors que le Royaume-Uni est six fois plus petit que le Québec.

Travail d’Elève
Situer le Canada et les Etats-Unis dans le monde en mettant en relief leur étendue avec des
précisions comme leurs coordonnées géographiques, leur superficie et leur rang dans le monde et
les fondements de leur puissance.

Réaliser un tableau qui unit les provinces du Canada en ensembles régionaux, préciser la capitale
pour chaque province ou territoire et indiquer le pourcentage de la population canadienne et celui
du territoire canadien pour chaque ensemble régional et pour chaque province ou territoire.

Thème :
Les fondements de l’Union Européenne.

Compétence terminale 
Présenter les différents paramètres qui constituent les bases de la construction de l’Union
Européenne.

Compétences spécifiques :
Expliquer les étapes de la construction de l’Union Européenne.
Analyser les facteurs territoriaux, économiques, sociaux, politiques et cultuels de la
construction de l’UE.
Expliquer l’organisation territoriale, politique et institutionnelle de l’Union Européenne.
Montrer que les institutions européennes constituent des piliers pour la survie de l’Union
Européenne.

L ‘UNION EUROPEENNE

Une construction progressive


Depuis le départ, deux conceptions de l’Europe se sont trouvées en conflit; certains voulant
conserver un maximum de prérogatives aux différents Etats membres, d’autres souhaitant au
contraire transférer le plus grand nombre de décisions possible au niveau communautaire.

Unis dans la paix et la prospérité


Le processus d’intégration européenne a été marqué par des progrès et des changements
constants depuis que la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) fut fondée en
1952. La CECA a été conçue pour servir de base à une paix et une prospérité durables dans un
continent divisé par sa diversité et ses différents systèmes politiques et économiques.

L’UE est le résultat d’un processus de coopération et d’intégration régionale profonde qui a
commence en 195. Après presque 50 ans de coopération politique, économique et sociale, l’UE
s’est élargie à 27 Etats membres.

Le marché unique européen se base sur quatre libertés : la libre circulation des personnes, des
marchandises, des services et des capitaux. Elles sont le fondement de la construction d’une
force économique, d’une cohérence politique et d’une cohérence sociale à travers la région.
Aujourd’hui, le commerce extérieur, l’agriculture, la pêche, les transports et d’autres secteurs de
l’économique sont régis par les politiques communes. Les objectifs principaux sont :
- la promotion du progrès économique et sociale dans un contexte régional ;
- l’affirmation de l’identité de l’UE sur la scène internationale (par le biais de
l’aide humanitaire européenne aux pays non membres de l’Union Européenne,
la politique étrangère et de sécurité commune, l’action dans les crises
internationales, les positions communes au sein des organisations
internationales) ;
- l’instauration d’une citoyenneté européenne (qui ne remplace pas la
citoyenneté nationale mais la complète par des droits civils et politiques pour
les citoyens européens) ;
- le développement d’un espace de liberté, de sécurité et de justice (lié au
fonctionnement du marché intérieur et plus particulièrement à la libre
circulation des personnes) ;
- le maintien et le développement du droit de l’UE (toute la législation adoptée
par les institutions européennes, ainsi que les traités fondateurs).

Au départ de la C.E.E: la C.EC.A.

Six Etats sont regroupes en 1952 au sein de la communauté Européenne du Charbon et de


l’Acier (C.E.C.A) : a la R.F.A, et a la France se sont joint la Belgique, le Luxembourg, les Pays-
Bas et l’Italie. Une marche unique du charbon, du minerai de fer et de l’acier fut progressivement
mise en place entre ces pays par suppression des contingents et des droits de douane.

Le traité de Rome

Le traiter de Rome de mars 1957 a pose les bases d’une intégration économique globale.
Son objectif est la mise en place d’un Marche Commun à l’intérieur duquel non seulement
l’ensemble des marchandises, mais aussi les hommes et les capitaux pourraient circuler
librement. Des juillet 1968, les droits de douane portant sur les produits agricoles et industriels
avaient complètement disparu entre les six : il en est résulte un important accroissement des
échanges.

Les élargissements successifs

Cet accroissement des échanges et le développement économique qu’il a entraine ont incite
d’autres pays européens à venir se joindre aux 6 membres fondateurs.
Ce fut le cas du Royaume-Uni, du Danemark, de l’Irlande en 1973; de la Grèce en 1981; puis de
l’Espagne et du Portugal en 1986. On est ainsi passé l’Europe des 6 à l’Europe des 12.

L’horizon 1992

L’ « Acte Unique » européen de 1985 a pour objectif de relancer et d’approfondir la


construction européenne. Il prévoit une harmonisation des politiques sociales et une
harmonisation des systèmes fiscaux. Il met en place une meilleure coordination de la recherche.

LES INSTITUTIONS DE L’UE


L’UE est régie par cinq institutions qui renforcent les quatre libertés et se basent sur les principes
fondateurs. Les institutions sont l’expression de la volonté de créer une union sans cesse plus
étroite des peuples d’Europe basée sur des responsabilités politiques partagées. La Commission
propose, le Parlement Conseille, le Conseil des Ministres décide, la Cour de Justice statue et la
Cour des Comptes garantit la transparence. Les responsabilités de l’UE s’étant étendues, les
institutions sont devenues plus grandes et plus nombreuses.
Les institutions coopèrent étroitement et de façon constructive au profit de tous les citoyens et
sont soutenues par : le Comité
Economique et Social, le Comité des Régions, la Banque Centrale Européenne, le Médiateur
Européen et la Banque Européenne d’Investissement (BEI).

La nécessite d’harmoniser intérêts nationaux et intérêts communautaires se trouve à l’ origine de


biens des difficultés.
Les institutions européennes ont pour objectif de faire fonctionner la communauté dans son
ensemble tout en respectant les intérêts vitaux des différents Etats.

La répartition des pouvoirs


La Commission Européenne ou Commission de Bruxelles a pour fonction de représenter
les intérêts de l’ensemble de la Communauté.
Elle est composée de 17 <<commissaires>> désignes pour 4 ans par accord commun des
différents Etats membres. Les cinq pays les plus importants (R.F.A., France, Italie, Royaume-
Uni et Espagne) proposent chacun deux de leurs nationaux; les sept autres pays chacun un.
Les commissaires européens s’engagent à agir de façon tout a fait indépendante vis-à-vis des
gouvernements de leurs pays d’origine.
La commission dispose:
 d’un pouvoir exécutif: Elle met en application les décisions du Conseil des Ministres.
 d’un pouvoir de proposition de mesures ou d’actions.
 d’un pouvoir de représentation auprès des pays tiers et des organisations internationales.
Le conseil des Ministres représente les intérêts de chacun des 12 Etats membres.
En fonction des domaines abordes, il est forme par la réunion des 12 ministres de l’Agriculture,
des 12 ministres des Transports… Lui seul dispose du pouvoir de décision.
Lorsque les Chefs d’Etat ou de gouvernement des 12 Etats membres se réunissent, on parle de
Conseil Européen ou de <<sommet européen>>. Les orientations les plus importantes sont
définies à l’ occasion de ces sommets qui ont lieu en principe trois fois par an.
Pour les questions les plus importantes, l’unanimité est nécessaire, mais elle souvent difficile a
trouver. Les auteurs de l’Acte Unique voulu limiter cette obligation en prévoyant qu’un nombre
croissant de décision puisse être pris à la majorité qualifie.
Le Parlement Européen ou Assemblée Européenne, Strasbourg est compose de 518 députés
élus pour 5 ans.
Il pose des questions à la Commission ou au Conseil des Ministres, émet des avis et dispose d’un
certain pouvoir de contrôle dans le domaine budgétaire.
Le parlement fixe le montant et la répartition des dépenses de la politique sociale ainsi que des
politiques régionales et l’environnement.
Les députés européens cherchent à accroitre les pouvoirs de l’Assemblée, mais ne peut rien
contre le Conseil et pour censurer la Commission une majorité des 2/3 est nécessaire.

Les organismes de contrôle


Le Comite Economique et Social européen, compose de 189 membres siégeant a Bruxelles, a
une fonction seulement consultative. Il donne son avis sur les mesures envisagées a l’égard des
différentes catégories socioprofessionnelles qu’il représente.
La cour de justice européenne, compose de 13 juges, siège à Luxembourg. Elle veille à la
bonne interprétation et a la bonne application du droit communautaire.
La cour des comptes européenne siège également à Luxembourg. Elle a pour mission de
contrôler l’utilisation des moyens financiers mis à la disposition des différentes institutions
européennes.

LA POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE


L’agriculture est le secteur dans lequel les Etats se sont le plus dessaisis de leurs pouvoirs au
profit des instances communautaires.
Grace à la Politique Agricole Commune (P.A.C.), la C.E.E. est devenue la seconde puissance
agricole du monde derrière les Etats-Unis, mais ces succès posent aujourd’hui bien des
problèmes.
1. Une agriculture désormais fortement exportatrice
Les pays européens étaient devenus au cours du XIX siècle de grands importateurs de produits
agricoles. Grace a la politique de prix garantis mise en place dans le cadre la P.C.A. et a une
modernisation importante et continue des techniques de culture et d’élevage, la production
agricole a rapidement augmente a partir des années 1960. Elle dépasse la consommation
intérieure européenne dans la seconde moitie des années 1970.
Actuellement, la C.E.E. dispose d’importants excédents exportables de différents produits : blé,
sucre, produits laitiers, viande…
Les pays européens présentent aujourd’hui une agriculture très productive et très compétitive,
même si des contrastes importants subsistent entre exploitations et entre régions.

2. La P.C.A., d’abord une politique de prix


Les objectifs de la Politique Agricole Commune ont été définis des 1957 par le traité de Rome.
Afin de les atteindre, quatre principes ont été mis en œuvre:
 Libre circulation des produits a l’intérieur de la C.E.E.
 Tarifs douaniers uniformes aux frontières de la C.E.E.
 Garantie et soutien de prix minimum uniques grâce au système de
l’intervention sur le marche intérieur et a celui des restitutions pour les
exportations.
 Solidarité financière des pays de la C.E.E.
La gestion du financement de la P.C.A., a été confiée au F.E.O.G.A., (Fonds Européen
d’Orientation et de Garantie Agricole).
Depuis les débuts de la P.A.C., l’essentiel des dépenses de cet organisme (85 a 90 %) a été
absorbe par la section <<Garantie>>, c’est-à-dire par le soutien des prix des produits agricoles.
La section <<Orientation>> qui a pour objectif de favoriser la modernisation et
l’agrandissement des exploitations agricoles a toujours occupe une place secondaire dans le
budget du F.E.O.G.A.

La P.C.A. en question
Depuis le début des années 1980, certains revers des incontestables succès de la P.A.C.
apparaissent de plus en plus nettement.
Dans la mesure où les ¾ de la production agricole européenne se trouvent réalises par seulement
¼ des exploitations, on peut estime que ce sont surtout les exploitations les plus grandes qui ont
tire profit de la P.A.C.
Avec la chute des cours mondiaux de la plupart des denrées agricoles et devant l’accroissement
des surplus, le soutien des prix et des marches organises au sein de la C.E.E. coute de plus en
plus cher.
La limitation des volumes de production est à l’ordre du jour.
Un système de quotas existe pour le sucre depuis de nombreuses années. Depuis 1984 une
organisation de même nature a été mise en place pour le lait, non sans difficultés.
Un encadrement et des limitations de la production pourraient être a l’avenir étendus à d’autres
produits grâce a des quotas, à des politiques de <<gel>> des terres ou de limitation de
l’utilisation des engrais.
Les agriculteurs des régions de montagne et des autres zones défavorisées continueront à
recevoir des aides spécifiques.

POLITIQUE INDUSTRIELLE ET FINANCIERE

A la différence de la politique Agricole Commune, les politiques industrielle et financière


continuent à dépendre très largement de décisions prises niveau des différents Etats.
L’élan que souhaitent donner à la construction européenne les auteurs de l’Acte Unique pourrait
toutefois favoriser la définition et l’application de stratégies communes dans ces domaines.

Puissance industrielle et dépendance énergétique.


La C.E.E. est, derrière les Etats-Unis, la seconde puissance industrielle du monde. Elle
réalise entre 17 et 18 % des productions mondiales de fonte et d’acier et produit 36 % des
automobiles construites dans le monde.
Toutefois, les pays du Marche Commun demeurent globalement déficitaires dans le domaine
énergétique: 45 % de l’énergie consommée doivent être importes.

La politique énergétique
Les bases d’une action commune dans ce domaine existent depuis la création de la C.E.C.A. en
1952 puis de la Communauté Européenne de l’Energie Atomique (EURATO) en 1957. Elle n’a
cependant pris une certaine ampleur qu’après le premier choc pétrolier (1973).
La Communauté est intervenue en fixant des programmes communs de recherches dans la
mondaine des économies d’énergie et en participant au financement de centraux nucléaires ou
d’installations de transport d’hydrocarbures. Elle a également aidé à la modernisation de
l’équipement de mines et de ports charbonniers ainsi qu’au renforcement et a l’interconnexion
des réseaux de transport de l’électricité.
En une dizaine d’années, les pays de la C.E.E. ont pu réduire de moitié leurs importations de
pétrole.

Politique industrielle
Elle fondée sur la libre circulation des produits industriels a l’intérieur de la C.E.E. et sur les
accords de libre échange passes avec différents pays.
Actuellement des efforts sont faits pour harmoniser les politiques fiscales et pour mettre en place
des programmes de recherché commun dans le domaine des technologies nouvelles. Citons en
exemples le programme ESPRIT concernant la micro-électronique, le programme RACE portent
sur les télécommunications ou les programmes intéressant les biotechnologies. Quant au
programme EUREKA concernant les technologies du futur, il associe les pays de la C.E.E. et
ceux de l’A.E.L.E., soit 18 pays européens.

Travail d’Elève

Construire un tableau chronologique des faits qui ont conduit à l’Union européenne
d’aujourd’hui.
Placer les facteurs territoriaux, économiques, sociaux, politiques et cultuels dans leur contexte
dans le cadre du renforcement et de l’épanouissement de l’Europe au regard de la
communautaire internationale.

Présenter à l’aide d’un tableau l’ensemble des institutions formant le corps visible de l’union
européenne tout en mettant l’accent sur leur rôle en tant que telles et dans la communauté-
Europe.
Thème : Le rôle de l’Union Européenne dans le monde d’aujourd’hui.

Compétence terminale 
Analyser les relations de l’Union Européenne avec le reste du monde.
Compétences spécifiques :
Montrer le niveau de la participation de L’UE au dans la coopération internationale sur les
plans sociopolitique et économique.
Analyser les implications de l’union européenne dans les affaires des pays de la caraïbes.
Analyser les perspectives de l’Union Européenne pour le vingt-et-unième siècle.
Mettre en relief les raisons fondamentales qui sont à la de l’accord UE-ACP-Cotonou

L’UNION EUROPEENNE SUR LA SCENE INTERNATIONALE

Les relations extérieures de I'UE


L'UE a démontré que ('intégration régionale favorise la répartition équitable des richesses et la stabilité régionale. Elle est
peut-être l'instrument ie plus efficace que les pays peuvent utiliser pour relever les défis économiques et sociaux de la
mondialisation. Dans ses relations avec les autres pays, I'UE cherche à encourager le commerce mondial durable et le
développement économique équitable des pays pauvres.

L'UE se concentre sur l'objectif de réduction et, à terme, d'éradication de la pauvreté. Les aides et l'aide au développement
catalysent fortement le changement et participent a la création des conditions permettant aux pauvres d'augmenter leurs
revenus, de vivre plus longtemps, en meilleure sante et de manière plus productive. Au cœur de ce processus, on trouve
l'intégration positive des pays en développement dans l'économie mondiale.

Les 50 dernières années ont été marquées par quelques réussites remarquables ainsi que par des échecs en matière d'aide
au développement. L'UE est déterminée à s'appuyer sur ces réussites et reconnait que l'aide est beaucoup plus efficace
quand les pays bénéficiaires sont les acteurs de leur propre reforme et de leur propre développement institutionnel.

Une voix globale puissante pour le changement

L'Europe a atteint un tournant dans ses relations avec le reste du monde et est, par conséquent, déterminée à réaliser son
potentiel de force réelle pour un changement positif à l'échelle mondiale. A cette tin, I'UE est également décidée à créer un
environnement dans lequel la société civile peut prospérer. Cela implique de collaborer avec la société civile et les acteurs
sociaux et économiques dans tous les secteurs de la coopération externe afin de réaliser les objectifs en matière de
développement.

Appropriation, partenariat et responsabilité sont au cœur de son programme de développement. Elle aide les
gouvernements dans ('élaboration des stratégies de réduction de la pauvreté et renforce la voix des pays en développement
dans les institutions internationales.

La Commission européenne joue un rôle-clé dans la mise en œuvre de la politique étrangère de I'UE et de ses autres
politiques, agissant par le biais de ses 128 délégations et bureaux dans le monde entier. Us sont graduellement renforces afin
que l'aide extérieure de I'UE puisse être prestee plus efficacement.
Les gouvernements nationaux de I'UE sont de puissants acteurs dans Ie G8, ('Organisation mondiale du commerce (OMC), Ie
Fonds monetaire international (FMI), la Banque mondiale et I'Organisation des Nations unies (ONU).

Travail en partenariat

En additionnant les programmes multilateraux geres par laCommission europeenne et les programmes bilateraux des Etats
membres, on constate que I'UE fournit 60% de I'aide mondiale. L'UE est Ie deuxieme bailleur de fonds multilateral, consacrant
annuellement 6,8 milliards € au litre de I'aide. Elle est egalement la plus importante source d'aide humanitaire dans Ie
monde. Nombreux, cas, I'UE est Ie principal partenaire commercial des developpement. Elle represente Ie plus grand marche
unique importations et les exportations, avec plus de deux fois Ie des echanges entre les pays en dfjveloppement et les
£tats-Unis, to Japan et Ie Canada mis ensemble..

L'equite au centre

-.En piasant 1'equite defense deslnteret;

Dans I'architecture de la Commission en matiere de relations exterieures, la direction generate en charge du


Developpement coopere etroitement avec d'autres services de la Commission, notamment la direction generale des Relations
exterieures, I'Office de cooperation (EuropeAid) et I'Office d'aide bumanitaire (ECHO). Elle entretient egalement des liens
tres etroits avec la direction generale du Commerce. La cooperation communautaire en matiere de developpement est
coordonnee avec les politiques des flats membres et, dans la mesure. du possible, avec les principaux bailleurs de fonds
internationaux.

Les conventions ACP-UE sont un modele innovateur de cooperation internationale base sur une collaboration d'egal a egal et
une relation contractuelle, I'aide et Ie commerce, des obligations mutuelles et des institutions conjointes pour assurer un
dialogue permanent.

Relati ons commerciales

Avec les politiques de developpement, la cooperation economique et la politique commerciale constituent Ie pilier principal
des relations de I'UE avec Ie reste du monde, prevoyant une approcbe globale et integree pour permettre aux pays en
developpement de s'integrer dans I'economie mondiale.

Aide humanitaire

L'Office d'aide humanitaire de I'UE (ECHO) a ete cree en 1992 avec pour mandat de fournir assistance et secours d'urgence
aux victimes des catastrophes naturelles ou de conflits armes en dehors de I'UE. En collaboration avec des partenaires
nationaux et regionaux, la reaction initiale consiste a fournir des secours essentiels tels qu'une aide alimentaire, des colis non
alimentaires d'urgence, des soins medicaux, des abris temporaires, la remise en etat des systemes hydraulique et sanitaire
ainsi qu'une surveillance epidemiologique.

Securite alimentaire
La Commission europeenne redouble ses efforts de lutte coritre la faim dans Ie cadre de sa politique globale de
developpement. Precedemment, la politique se concentrait sur I'augmentation des approvisionnements aiimentaires par Ie
biais d'une aide alimentaire et d'un soutien a la production locale. Aujourd'hui, II est reconnu que I'insecurite alimentaire est
causee par I'indisponibilite des produits alimentaires ainsi que par Ie manque d'acces economique et physique a ces menies
produits, en raison du pouvoir d'achat faible des menages pauvres et ruraux. ')

Les strategies de lutte centre la pauvrete et I'insecurite alimentaire se-concentrent sur I'aide aux'groupes pauvres et
vulnerables. La CE a'1 revise sa politique de securite alimentaire pour I'integrer aux objectifs de developpement durable et de
lutte centre la pauvrete. Un montant de 500 millions € est alloue a la ligne budgetaire de securite alimentaire de la CE.

L'accord de partenariat UE-ACP -Cotonou


Acres 25 ars et quatre conventions de Lome successives (la quatrieme mec <JHK protocotes financiers), I'accord de Cotonou,
signe en juin 2000 pour une duree de 20 ans, est un cadre innovateur pour un partenariat pfcis etroit en vue de resoudre -
ensemble - les problemes majeurs que represented la pauvrete, les conflits et les guerres, les menaces
environnementales et les risques de marginalisation economique et technologique.

L'accord marque un toumant dans les objectifs, les voies adoptees et les moyens mis en ceuvre pour les realiser ainsi que
dans la nature du partenariat. II etablit un lien evident entre la dimension politique, le commerce et le developpement et le
partenariat, sur base de criteres de performance clairement definis. Dans ce cadre, via le Foods europeen de
developpement (FED), I'lJE fournit une aide a 77 pays d'Afrique, des Caraibes et du Pacifique (ACP) et aux pays et territoires
d'outre-mer (PTOM).

La cooperation au developpement est poursuivie suivant des strategies integrees qui combinent les composantes
economiques, sociales, culturelles, environnementales et institutionnelies du developpement et qui doivent etre appropriees
au niveau local. Elle fournit ainsi un cadre coherent d'appui aux strategies de developpement des pays ACP, assurant la
complementarite et I'interaction entre les differentes composantes.

Le nouveau regime commercial envisage par I'accord de Cotonou constitue une perspective radicalement differente pour
les partenaires ACP. Afin de promouvoir le developpement durable et ['eradication de la pauvrete, les ACP et I'UE ont
convenu de conclure des accords commerciaux compatibles avec les regies de I'OMC qui supprimeront progressivement les
entraves aux echanges entre eux et amelioreront la cooperation dans tous les secteurs concernant le commerce. Get
engagement prendra la forme.de negotiations sur des accords de partenariat economique (APE) qui debuteront en
septembre 2002 et devront s'achever d'ici decembre 2007.

Réduction et, à terme, éradication de la pauvreté

Le partenariat ACP-UE est centre sur I'objectif de reduction et, a terme, o" eradication de la pauvrete, conformement aux
objectifs de developpement durable et d'integration progressive des pays ACP dans I'economie mondiale.
Fonde er, 1975 avec la signature de I'accord c d'Afrique, des Caraibes et du
Pacifique

Insti tuti ons


'Le Conseil des ministres: I'organe supreme disposant du pouvoir.de decision. Les fiats membres sont represenfes au
niveau ministeriel. Le Conseil definit les grandes orientations politiques'"du gfoupe .et suit ia cooperation ACP-UE ainsi que
les questions intra-AC
Le groupe ACP
Le Comite des ambassadeurs: compose des ambassadeurs ACP aupres de |'UE 6u de le'urs representants, il assiste ie
Conseil des ministres et.veiile a ['application de I'accord de Cotonou,
Le Dialogue politique et participation renforcee

Le dialogue joue un role-cle dans la reussite des activites de cooperation au developpement et est au cceur des relations
ACP-UE. II est conduit, selon les besoins, a I'interieur et en dehors du cadre institutionnel, au niveau national, regional ou du
groupe ACP, en vue de favoriser la participation de toutes les couches de la societe, du secteur prive et des organisations de
la societe civile a la vie politique, economique et sociale.

Le respect de tous les droits de I'homme et des libertes fondamentales, les principes democratiques, la bonne gestion des
affaires publiques et I'Etat de droit sont des elements essentiels du partenariat et la gestion transparente et responsable des
affaires publiques fait partie integrante du developpement durable. Une approche participative, qui inclut la societe civile et
les acteurs economiques et sociaux au partenariat ACP-UE, aidera a definir des strategies et des priorites qui relevaient
precedemment de la competence exclusive des gouvernements.

Un nouvel esprit de cooperation au developpement

L'accord de Cotonou definit un cadre strategique general refletant les engagements internationaux et tenant compte
simultanement des composantes politiques, economiques, sociales, culturelles et environnementales du developpement.
Les strategies de cooperation refleteront les engagements internationaux, notamment les conclusions des conferences des
NU et la strategic du comite d'aide au developpement de I'OCDE (Organisation de cooperation et de developpement
economiques). Les priorites sont etablies pour chaque pays et se concentrent sur ia reduction de la pauvrete. Les strategies
de developpement reposent sur le principe de I'appropriation locale des reformes economiques et sociales.

Dans les conventions de Lome precedentes, la cooperation commerciale etait basee sur des tarifs preferentiels genereux. Le
nouvel accord ACP-UE vise a soutenir les effete de renforcement mutuels de la cooperation economique et commerciale et de
I'aide au developpement. L'objectif d'integration des pays ACP dans I'economie mondiale requiert ('augmentation des
capacites de production, d'approvisionnement et de commerce ainsi que I'accroissement de la capacite des ACP a attirer les
investissements, afin de pouvoir etablir, in line, des politiques commerciales et d'investissement fortes, et de pouvoir
trailer toutes les questions relatives au commerce. Les accords de partenariat economique (APE), integres a I'aide au
developpement comprenant I'assistance technique liee au commerce, supprimeront progressivement les entraves aux
echanges entre les ACP et I'UE et amelioreront la cooperation dans un grand nombre de domaines lies au commerce,

La cooperation au developpement de I'UE accorde une grande importance a ('integration et a la cooperation regionales. Elle
est basee sur le principe selon lequel cette approche stimule le developpement econdmique et social, favorise et stabilise
une meilleure gestion des affaires publiques et encourage des relations stables et pacifiques entre les nations. Elle permet
egalement aux differents pays de resoudre plus faciiement les problemes transfrontaliers, particulierement dans le domaine
de I'environnement et de la gestion des ressources naturelles.

Le poids politique et financier de I'UE lui permet de participer a 1'amelioration du cadre macroeconomique des pays ACP
partenaires. Cela se fait par la mise en rjeuvre d'un cadre institutionnel et de politiques appropriees destines a garantir
I'equllibre budgetalre, la "soutenabilite" de la dette et I'equilibre economique et commercial exterieur. L'objectif est
egalement d'encourager le developpement de la concurrence et du secteur prive.
e Secretariat ge"ne>al ACP: ccordonne
Des systemes efficaces de transport sont essentials au developpement economique el social et a I'acces aux-services sociaux de base.
Ces efforts ne seront "durables" que si les pays partenaires y participant.

L'eamination de la famine et de la malnutrition est une pierre angulaire Ai destoppement durable. La pauvrete demeure le defi
principal qui fait obstacle a une nutrition correcte et durable de la population mondiale. La searteaHmentaire et le developpement
rural durable sont fondamentaux dans les strategies de lutte centre la pauvrete mises en oeuvre par I'UE et conrtiuent a reduire la
pauvrete, tandis que I'aide alimentaire reste un risirument d'aide humanitalre.

La cooperation accordera une attention systematique aux aspects institutionnels et appuiera les efforts des Etats ACP pour
developper et renforcer les structures, les institutions et les procedures. L'objectif est de contribuer a promouvoir et a soutenir la
democratic, la dignite humaine, la justice sociale et le pluralisme, le respect integral des droits de I'homme et des libertes
fondamentales, a developper et a renforcer I'Etat de droit et le professionnalisme et I'independance du judiciaire et a assurer une
gestion et une administration transparentes et responsables dans toutes les institutions publiques.

Aide aux Etats ACP les moins avances, enclaves et insulaires

Des dispositions et des mesures specifiques ont ete prevues pour aider les Etats ACP les moins avances, enclaves et insulaires. En ce
qui concerne plus particullerement les Etats ACP insulaires, ces dispositions et mesures visent a les aider dans leurs efforts pour
surmonter les difficultes naturelles et geographiques entravant leur developpement.
Les instruments
L'accord de Cotonou a rationalise le large eventail d'instruments qui existait en vertu des conventions de Lome precedentes. Les
ressources financieres accordees pour soutenir le developpement a long terme sont canalisees par les programmes indicatifs nationaux
et regionaux (PIN/PIR) et par la facilite d'investissement, un credit renouvelable visant à stimuler I'investissement et a renforcer la
capacity d'etablissements financiers locaux, et qui est gere par la Banque europeenne d'investissement.

La cooperation pour le financement du developpement est mise en oeuvre sur la base des objectifs, des strategies et des priorites
etablis par les partenaires ACP aux niveaux national et regional. Cette cooperation entend promouvoir I'appropriation locale et un
partenariat base sur des droits et obligations reciproques. Elle reconnait I'importance de la previsibilite et de la securite dans le
financement et fait preuve de flexibilite pour repondre aux situations de maniere individuelle.
Chaque pays et region ACP recoil une indication de la Communaute europeenne quant au volume des ressources disponibles pour une
periode de cinq ans afin de financer des activites reprises dans les programmes indicatifs nationaux ou regionaux. L'acces des
acteurs non gouvernementaux a ces fonds s'est ameliore avec Cotonou. Les •ressources a la disposition des acteurs non
gouvernementHux font partie de ('attribution accordee a chaque region ou Etat ACP.

Une fois qu'un cadre de strategie national (ou regional) a ete accepte en consultation avec les acteurs concernes, les Etats membres de
I'UE et les bailleurs de fonds bilateraux et multilateral, il est elabore et mis en ceuvre par le biais d'un programme de travail. Ce
programme sert de modele a toutes les activites de la CE en cours et en projet dans le pays ou la region en question, suivant une
ventilation par secteur et par instrument et selon une cnronologie definie.

Pour aider a alleger la charge de la dette des pays ACP et attenuer leurs difficultes de balance des paiements, des ressources sont
prevues pour contribuer a des initiatives de reduction de la dette approuvees au niveau international. Une aide est fournie aux
reformes macroeconomiques et sectorielles. Dans ce cadre, les parties veillent a ce que I'ajustement soil economiquement viable ainsi
que socialement et politiquement possible.
L'accord sur le soutien additionnel en cas de fluctuations des recettes d'exportation reconnait la vulnerabilite d'un partenaire
resultant d'une grande dependence vis-a-vis des recettes d'exportation provenant des secteurs agricole et/ou minier. L'eligibilite est
liee a la question de savoir si la perte compromet la stabilite macroeconomique globale et servira en principe de base pour financer le
budget national.

La cooperation se concentre sur:


•les politiques et reformes sectorielles, sociales et economiques;
•les mesures visant a ameliorer I'activite du secteur productif et sa competitivite en matiere d'exportation;
•les mesures visant a developper les services sociaux sectoriels;
•les questions thematiques ou a caractere transversal.

Le soutien est apporte au moyen de programmes sectoriels, d'appui budgetaire, d'investissements, d'activites de rehabilitation, de
mesures de formation, d'assistance technique et d'appui institutionnel.

Un cadre politique redefini sur la cooperation decentralisee place les acteurs au cceur de la cooperation au developpement et
soutient les programmes introduits par les acteurs non gouvernementaux. Cette approche finance les programmes qui soutiennent la
decentralisation pour stimuler Emergence de systemes efficaces de gestion locale des affaires publiques, d'initiatives locales de
developpement et d'un dialogue politique et social.

Reconnaissant le role important des marches et du secteur prive comme moteurs de croissance economique, I'accord de Cotonou
prevoit une approche integree qui comprend la participation du secteur prive dans la plupart des domaines de la cooperation ACP-UE.
L'accent est mis sur developpement de la capacite d'organisations representatives du secteur Drive a s'engager dans ce dialogue. Les
investissements nationaux et etrangers sont favorises par un paquet d'aide contenant des formes liees d'investissement: promotion
aux niveaux national et regional, financement et appui, garanties et protection.

La cooperation technique aide les partenaires ACP a developper leurs ressources humaines natipnales et regionales et a
developper durablement les institutions indispensables a la reussite de leur developpement.
Coopération économique et commerciale
La cooperation economique et commerciale se fonde sur les initiatives regionales d'integration des pays ACP et prend en
consideration leurs differents besoins et niveaux de developpement. L'accord de Cotonou vise a integrer sans a-coups les Etats ACP
dans I'economie mondiale en renforgant leurs capacites de production, d'approvisionnement et de commerce. Cela necessite une
capacite croissante a attirer I'investissement, a etablir des politiques fortes en matiere de commerce et d'investissement et a
trailer toutes les questions relatives au commerce.

Accords de partenariat economique (APE)

Dans le cadre des efforts pour realiser ces objectifs, les preferences commerciales non reciproques seront remplacees par des
accords commerciaux compatibles avec les regies de I'OMC. Les accords de partenariat economique se basent sur trois principes:
liberalisation des echanges (des deux cotes; les partenaires ACP ouvriront progressivement leurs marches aux produits europeens d'une
maniere flexible), integration regionale (les accords de partenariat economique se fonderont sur des initiatives regionales
d'integration ACP et les approfondiront) et

UE-ALU - un nouveau partenanat pour un nouveau siecle


Madrid- relever les defis du 21e siecle
Reaffirmant leur votonte de perseverer pour faire progresser les processus OemaamtJBS. la justice et requite sociales, les
efforts de modernisation, la ttafoton des echanges, les reformes structurelles, le developpement am*, to panage equitable des
avantages decoulant de la mondialisation ecnw*)jeeides nouvelles technologies, ainsi que pour soutenir i'avancee des
pracessus d'integration dans les deux regions, le deuxieme Sommet UE-A.C qui s'est tenu a Madrid au mois de mai 2002 a donne
('occasion : _ i..•: et de goiivernement a travws I'engagement de Madrid de donner une nouvelle impulsion aux relations entre
les deux regions et de determiner les mesures prioritaires a prendre pour les annees a venir:

De Madrid en 2002 a Mexico en 2004 Dans le domains politique:


• Renforcer le systeme multilateral sur la base des objectifs et des principes de la Charte des Nations unies et du droit international.
• Renforcer les institutions democratiques et I'Etat de droit, en renforgant les systemes judiciaires afin de garantir I'egalite de
traitement devant la loi et de promouvoir et proteger le respect des droits de I'homme.
• Saluer la mise en place imminente et le fonctionnement de la Cour penale Internationale et s'efforcer de parvenir a une adhesion
universelle au statut de Rome.
• Combattre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, conformement a la Charte des Nations unies et en
respectant pleinement le droit international, y compris les droits de I'homme et les dispositions du droit humanitaire.
• Renforcer la cooperation dans la lutte contre les f!6aux que sont les drogues illicites et la criminalite liee aux drogues, la
corruption et la criminalite organisee.
• Eradiquer le racisme, la discrimination raciale, la xenophobie et ('intolerance qui y est associee et (Euvrer ensemble a la mise en ceuvre
des engagements de la declaration de Durban et du programme d'action de 2001.
• Promouvoir I'egalite des sexes et I'autonomisation des femmes, de meme que le bien-6tre de chaque enfant, conformement au
document "Un monde digne des enfants" adopts par les Nations unies.
• Renforcer le dialogue politique entre nos deux regions dans les enceintes internationales ainsi que dans les consultations menees
dans le cadre du systeme des Nations unies et dans les principals conferences des Nations unies sur les principales questions de
I'actualite Internationale.> Dans le domaine economique:
• Favoriser la croissance economique pour lutter contre la pauvrete, grace, notamment, au renforcement des institutions
democratiques, a la stabilite macroeconomique, a la reduction de I'ecart technologique, a un acces plus large a I'education et a une
meilleure qualite de cette derniere, des soins de sante et de la protection sociale pour tous.
• Promouvoir les flux d'echanges et d'investissements pour assurer une croissance economique durable et une repartition
equitable des avantages. Travailler promptement sur le programme de travail de Doha pour le developpement afin de
poursuivre la liberalisation des echanges ainsi que la clarification, ('amelioration et le renforcement des regies multilaterales.
• Conjuguer nos efforts pour contribuer au succes du Sommet mondial sur le developpement durable de 2002. Proteger
I'environnement en mettant I'accent sur la modification des modes de production et de consommation intenables, la preservation
de la diversite biologique, I'ecosysteme mondial et 1'utilisation durable des ressources naturelles, en ceuvrant afin que le protocole
de Kyoto soil ratifie et entre en vigueur le plus tot possible
• Agir en ce qui concerns les engagements de la conference de Monterrey sur le financement du developpement, notamment en
mobilisant les ressources Internationales' et nationales, en mettant en place, aux niveaux interne et international, des
environnements propices a la reduction de la pauvrete, en renforgant considerablement la cooperation au developpement et en
mettant en ceuvre des mesures d'allegement pour faire face au probleme de I'endettement exterieur insoutenable des pays
en developpement. Promouvoir dans ce cadre une mise en ceuvre rapide et efficace de ('initiative renforcee en faveur des pays
pauvres looourdement endettes.
•Relever les defis auxquels sont confrontees les petites economies et en particulier les petits Etats insulaires.
•Ameliorer le fonctionnement du systeme financier mondial en tenant compte des preoccupations des pays en
developpement et participer activement aux efforts actuellement deployes au niveau international pour reformer le systeme
financier international. Saluer I'introduction de I'euro, dont la contribution a une amelioration de la transparence des relations
fconomiques et pour stimuler davantage les echanges et la croissance des investissements entre les deux regions est pleinement
reconnue.
•Rejeter fermement toutes les mesures presentant un caractere unilateral et un effet extraterritorial, contraires au droit
international et aux regies de libre-echange communement admises, et qui representent une serieuse menace pour le
multilateralisme.
•CEuvrer ensemble au developpement de la societe de I'lnformation, en ameliorant I'acces aux technologies de
('information et de la communication dans tous les domaines prioritaires, notamment dans les services gouvernementaux.

Cooperation dans les domaines culturel, educatif, scientifique, technologique, social et des
droits de I'homme:
•Preserver les capacites de developper, promouvoir et respecter la diversite culturelle, creer davantage de possibilites en faveur de
I'education, de la culture et de I'acces a la connaissance en tant qu'elements-cles du succes au 21'siecle.
•Creer un espace commun Union europeenne - Amerique latine et Caraibes pour I'enseignement superieur.
•Proceder a une analyse integree afin de mettre en oeuvre des solutions et de garantir les droits des travailleurs migrants et de
leurs families, conformement au droit international et a la legislation nationale.
•Lutter contre le VIH/SIDA grace a des programmes de prevention, de traitement et de soutien, en particulier dans les pays plus
touches, compte tenu du droit a un niveau de soins de sante adequat et de la necessite de favoriser un meilleur acces aux
medicaments.
•Cooperer en vue de promouvoir la planification prealable des secours en prevision des catastrophes naturelles et d'attenuer leurs
effets.

Dimensions commerciales et economiques


Un grand potenti el dans les relati ons commerciales

Les exportations de I'UE vers les pays ALC sont passees d'approximativement 17.000 millions € en 1999 a 54.000 millions € en 2000,
tandis que les importations de I'UE en provenance des pays ALC ont augmente, passant d'approximativement 27.000 millions € en
1999 a 48.000 millions € en 2000.' Neanmoins, malgre une expansion continue, les echanges commerciaux entre I'UE et les pays ALC
ne representent toujours qu'un peu plus de 5% du commerce exterieur de I'UE.

II existe un potentiel d'augmentation des echanges commerciaux. Les pays ALC representent un marche de 500 millions de
consommateurs avec un revenu moyen par habitant de 6.880 US$ (7.568 €) en parite de pouvoir d'achat (PPA). La region est
riche en ressources naturelles. Avec une meilleure gestion des affaires publiques et un calendrier commercial positif, les pays ALC
beneficieront d'un meilleur resultat economique. Cela aura un effet multiplicateur.

Une desti nati on importante pour les investi ssements directs etrangers
Depuis le milieu des annees 1990, la region est devenue une destination importante pour les investissements directs etrangers de
I'UE. Au cours de cette periode, I'UE a detrone les Etats-Unis comme principal investisseur direct dans les pays ALC, representant
une moyenne de 23.614 millions € contre 12.127 millions € pour les Etats-Unis. A la fin de 1998, les investissements de I'UE
dans les actions des pays ALC s'eievaient a 115.524 millions € contre 113.150 millions € pour les Etats-Unis.
L’UE ET LES CARAIBES un partenariat regional fort
Une region caracterisee par la diversite
Les Carabes couvrent 4.000 km d'est en ouest et 3.000 km du nord au sud. Bes constituent un melange varie d'F.tats
continentaux et risjares d'Amerique du Sud et d'Amerique centrale radicalement orfferents sur le plan de la superficie, de
la langue, de la population et du dnetappement economique.

La HSpubllque dominicaine, avec ses 6,5 millions d'habitants, Haiti, 8.3 millions et Cuba, 11 millions, ont des populations
enormes par rapport a leurs voisins, qui comptent de 44.000 habitants pour Saint-QiristoQhe-et-Nevis a 2,6 millions pour la
Jamaique. Mais ils sont egatement differents du point de vue de la geographic et des ressources naturelles.

Quatre pays (Cuba, la Republique dominicaine, Haiti et la Jamaique) represented la majeur? partie du PIB du groups, tandis que
la PPA par habitant varie considerablement au sein du groupe allant de niveaux de revenus eleves pour les Bahamas, Antigua,
la Barbade, Saint-Christophe-et-Nevis et Trinite-et-Tobago, a de faibles niveaux de revenus pour Haiti et la Guyana.

Les Etats membres vulnerables

La plupart des pays ACP des Caraibes ont en commun des caracteristiques qui les rendent vulnerables:

•Ce sont de petites economies ouvertes avec un eventail non diversifie de ressources nationales.
•Ils dependent des importations pour soutenir la production locale et des exportations pour soutenir la croissance
economique.
•Ils ont une base d'exportation restreinte fortement de'pendante, principalement des matieres premieres agricoles et/ou
du tourisme.
•Ils subissent une certaine volatilite, due a des facteurs economiques ou financiers et a des catastrophes naturelles
frequentes.
•La principale source de recettes publiques est constitute des taxes sur le commerce.
•Une dependence de tongue date existe vis-a-vis des preferences commerciales des Etats-Unis, de I'UE et du
Canada, qui contrebalancent des conditions exterieures d6favorables mais decouragent la diversification des
exportations.

Oes ouragans et des tempetes tropicales balayent souvent la region, il y a de tongues periodes de secheresse et les pluies sont
souvent irregulieres. Le changement climatique aggrave la vulnerabilite de la region face aux catastrophes naturelles. Des
ecosystemes fragiles risquent de souffrir de la presence de I'homme, du developpement Industrie! et du tourisme,
Au moyen d'instruments appropries, I'UE a sans cesse aide a compenser les dommages causes par les catastrophes
naturelles et les pertes de recettes generees par I'exportation des produits agricoles et miniers.
Dialogue politique UE-Caraibes
Les systemes politiques de L'UE et de la plupart des Etats des Caraibes sont bases sur la democratic pluraliste, les droits
fondamentaux et I'Etat de droit. La cooperation politique est tres active dans de nombreux domaines et a aide les Caraibes a
se diversifier sur le plan des relations politiques, economiques et commerciales. Les deux regions agissent souvent ensemble
pour resoudre - par le biais d'approches multilaterales - les nouvelles difficulty's que pose la mondialisation.
Quinze pays independants de la region des Caraibes ont signe" les conventions ACP-UE, apres avoir etabli en octobre 1992 le
Forum des Etats ACP des Caraibes (CARIFORUM) qui vise a inciter les membres de la Communaute des Caraibes (CARICOM) a
agir de concert et a poursuivre des objectifs comrnuns avec Haiti, la Republique dominicaine et le Suriname, ainsi qu'a ameliorer
la coordination de I'aide du FED a la cooperation regionale. Dep^s lors, le Suriname et Haiti sont devenus des membres du
CARICOM tandis que la Republique dominicaine a signe en 1998 un accord de libre-echange (ALE) avec le CARICOM, accord
qui est entre en vigueur en 2001.

Avant la creation du CARIFORUM, les principaux partenaires de la cooperation regionale UE-Caraibes etaient le CARICOM et
d'autres institutions regionales et sous-regionales, telles que ('Organisation des F_tats des Caraibes orientates (Organisation
of Eastern Caribbean States - DECS), I'Universite des Indes occidentales (University of the West Indies - UWI) et I'Agence des
Caraibes pour le developpement des exportations (Caribbean Export Development Agency - CEDA).

Un dialogue regional a lieu chaque annee au niveau ministeriel entre le CARIFORUM et la Commission.

Travail d’Eleve

Rédiger un texte de vingt lignes sur le fonctionnement des organisations internationales et le


poids de l’UE au sein de ces organisations.
Construire, par groupe de cinq, de carte de representativite de l’Union Européenne dans le
monde dans le cadre de la cooperation internaternationale.

Mesurer les programmes et actions de coopération de l’UE en se référant aux bilans sur la
coopération avec Haïti.
Thème :
Le Japon, une puissance économique confirmée.

Compétence terminale 
Mettre en relation les caractéristiques physiques du milieu naturel et la division territoriale
et administrative, la dynamique et le développement économique au Japon.
Compétences spécifiques :
Expliquer les particularités des caractères du milieu naturel japonais.
Expliquer l’organisation efficace et variée de l’espace japonais.
Analyser la dynamique et le développement industriel du Japon.
Analyser les facteurs do domination de l’économie japonaise dans le monde aujourd’hui,

LE JAPON
La géographie du Japon exprime avant tout le plus remarquable cpntraste qui soit au monde
entre un milieu naturel eminemment ingrat et n'offrant a ses occupants qu'une superficie
cultivable de moins de 80 000 kilometres carres (sur 378 000 km2 de superficie totale) et la
presence, en 1993, de 124,6 millions d'habitants dont le P.N.B. par habitant depasse celui des
Americains et celui des Aliemands, tandis que 1'economie qu'ils ont edifice sur cette modeste
surface place leur pays au deuxieme rang parmi tes grandes nations industrielles. C'est qu'une
situation insulaire classique, fe-condee a maintes reprises par 1'accueil judicieux d'idees et de
techniques etran-geres, a developjie sur ces quatre blocs montagneux jetes au large du continent
asiatique une civilisation originate, ou des techniques de la vie materielle et sociale ont, de
bonne heure, permis d'exercer sur le milieu une emprise efficace et de vaincre la hantise
seculaire du surpeuplement.

Le probleme demographique peut en effet etre pris ici comme la pierre de touche de tous les
comportements nationaux. D'abord simplement interieur, il est devenu asiatique puis planetaire
depuis cent ans. Pour faire vivre sa population, le Jappn a entrepris une mise en valeur raisonnee
et savante de ses lies. Une fois arme des moyens elabores en Occident, il a tente d'asseoir par la
force dans les pays voisins les bases economiques devenues necessaires a son existence. Enfin, a
partir de 1945, refoule brutalement chez lui, il y a edifie avec une vigueur exceptionnelle un
appareil de production qui permet a ses habitants de vivre dans des conditions de plus en plus
semblables a celles des nations les plus favorisees. Si done 1'emprise geo-graphique des hommes
sur leur pays y est bien 1'osuvre des generations, elle a recju depuis plus d'un siecle ses stimulants
les plus irresistibles, ses moyens les plus spectaculaires.
Ce prodigieux effort s'observe dans les transformations quasi continues du paysage rural et
surtout urbain et dans Fapplication systematise de 1'ap-pareil d'Etat a cet amenagement,
l'economie restant toutefois dominee par le grand capitalisme. II importe d'agir vite dans un pays
que menacent presque toutes les calamites naturelles et oil, jusqu'a ces dernieres annees, la
crois-sance demographique surprenait les experts eux-memes. Dans tous les minis-teres et dans
les laboratoires d'Etat disperses a travers le pays, un corps de fonctionnaires formes a cet effet
etudie aussi bien les glissements de terrain ou les seismes que les modalites d'asseche-ment des
baies et marecages pour y installer de nouvelles rizieres, les techniques de peche ou d'elevage
marin les plus rentables ou les conditions opti-males d'installation des pionniers dans les terres
neuves du Nord-Est. Une tres grande partie des notions qu'on peut acquerir sur la geographie
physique et humaine du pays provient directement de ces travaux, entrepris sous la pression du
besoin.
II importe ainsi d'avoir au depart une vue distincte du lourd handicap qu'im-pose aux entrepjises
humaines une nature inhospitaliere, dont le relief et la tectonique issus d'une histoire geologi-que
mouvementee sont les elements determinants. On doit ensuite considerer la collectivite humaine qui
s'est develop1 pee sur ces rivages : sa masse, ses modes habituels d'installation et ses techniques de
vie en groupe, condition de son effort; Cet effort lui-meme sera brievement decrit sous son
quadruple aspect rural) maritime, manufacturier et commercial: On presentera enfm les disparites
entre regions et les perspectives qui s'offrent dans les quinze annees a venir.

LE MILIEU NATUREL
Le Japon se trpuve dans la zone des arcs montagneux qui constituent la facade orientale de 1'Asie.
Relativetnent recent par rapport au continent, il correspond en fait a la rencontre de cinq de
ces arcs et se compose d'un materiel secondaire et tertiaire plisse puis metamorphise en plusieurs
etapes.
Une dislocation essentielle, fa Fossa magna, orientee sensiblement du nord au sud, tra verse
Honshu, Tile principale, dans sa partie la plus large. Le relief actuel resulte essentiel- lement d'un
quadrillage de fractures qui font du pays un vaste ensemble de blocs et de fosses dont le jeu relatif
n'est pas encore achevé.

RELIEF
Le relief est caracterise par trois fails : 1'abondance des montagnes; le caractere subprdpnne des
plaines, presque toujoufs peripheriques ; la variete des contacts entfi la terre et la mer.
Les pentes superieures a 15 p. 100 forment les trois quarts du pays ; toutefois, a part les volcans -
notamment ceux qui jalonnent la Fossa magna : Fuji (3 776 m), Asama; Myoko - et la chaine
des Alpes japonaises ou une trentaine de sommets depassent.
En outre la coopération économique était subordonnee à la possibilité des transports entre la
metropole japonaise et les regions conquises. Or, les convois japonais etaient : croissant,
depuis 1942. L’archipel japonais allait etre bientot complètement isolé. L’appauvrissement y
devenait extreme, en hommes valides, d’abord : l’age mobilisable fut abaissé jusqu'à dix-sept
ans ; les etudiants etaient envoyes au front, les lyceens dans les usines. L'alimentation était
rationé : a Tokyo, en mars 1944, un habitant recevait trpis poireaux pour un jour, une tranche
de poisson pour cinq jours. Le Japon etait deja dans un grand etat d’epuisement. Lorsque les
Americains débarquérent à Saipan (Mariannes) le 15 juin 1944 : de cette base, les B-29
purent bombarder Tokyo des la fin de 1'annee. Les Americains reprirent les Philippines, pccupe-
rent lojima (fevr. 1945) et debarquerent_ le 1" avnl 1945 a Okinawa (Ryukyu). Tojo avait
abandonne le pouvoir depuis huit mois ; ses successeurs etaient impuissants a relever la situation.
Lorsque le Japon perdit Okinawa (23 juin 1945), la quasi-totalite de sa marine de guerre avait
ete detruite.
De Potsdam, le 26 juillet 1945, les Allies lancaient une declaration commune, invitant le Japon a
se rendre sans conditions. L'arrnee imperiale pronait encore la bataille decisive sur le terntoire de
la metropole. 11 fallut les bombes atomiques - la premiere larguee sur Hiroshima (6 aout), la
secpnde sur Nagasaki (9 aout) - et la declaration de guerre de 1'Union sovietique (8 aout) pour
que le Japon capitulat. Par mesure extraordinaire. 1'empe-reur fit diffuser par radio, le 15 aout
1945 a midi, le « rescrit mettant fin a la guerre » qu'il avait lui-meme lu et fait enregistrer

D- L'ECONOMIE CONTEMPORAINE

Le decollage industriel

Le dynamisms japonais

Le Japan dans la crise de l’economie mondiale


L'economie japonaise s'est affirmee, depuis les annees 1980, comrne la plus dynamique des pays
industrialises tnais aussi comme la deuxieme plus puissante_ du monde. Ruinee en 1945, elle
totalise aujourd'hui pres de 3 400 milliards de dollars de produit national brut (environ )
milliards en parite de pouvoir (fachat), soil 1'equivalent de 60 p. 100 N B. Jes Etats-Unis ou
encore la somme de ceux de I'Allemagne, de la France et du Rpyaume-Uni. En termes de produit
interieur brut par habitant, exprime en parite de pouvoir d'achat, le Japon (17645 dollars en
1991) a depasse la France en 1985, rattrape I'Allemagne en 1988 et largement reduit 1'ecart qui
le separait des Etats-Unis. Si le Japon realisait seulement 3 p, 100 de 1'activite economique
mondiale en 1960 (selon le P.I.B.), il en represente au-jourd'hui,15 p. 100, contre 23 p. 100 pour
les Etats-Unis.
L'archipel se classe desormais au premier rang dans la hierarchic des pays les plus
industrialises et se pose comme 1'un des trois poles dominants, des relations Internationales,
avec les Etats-Unis et la Communaute europeenne.
Cette reduction de 1'ecart de develop-pement avec 1'Occident n'a ete possible que parce que
1'economie japonaise a connu, dans le cadre d'une economic de marche stimulee en permanence
par 1'Etat et par la haute administration, un mouvement de croissance tres soutenu, obstinement
poursuivi a un rythme deux fois superieur en moyenne annuelle a celui des pays industrialises,
depuis 1960, et notamment a celui des Etats-Unis. E'evplution montre que, apres une phase
extremement rapide de 9,5 p. 100 en volume et par an de 1965 a 1973, justiflant le concept de «
miracle economique », la croissance s'est prpgressive-ment ralentie, accreditant 1'idee que le
Japon avait atteint la maturite economique dans la decennie 1990, non sans connaitre un boom
conjoncturel de 1986 a 1990 pour son entree dans 1'ere Heisei (« Paix et Concorde »).
Si depuis lors 1'economie a connu des difficultes, si le systeme financier s'est trouve
serieusement fragilise, il n'en reste pas moins que les performances japonaises, appreciees sur le
long terme, apparaissent exceptionnelles.

La prosperite economique semble avoir pour fondement un mode de developpement choisi


pragmatiquement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Modele d'industrialisation par
j'exportation, il a mis 1'industrie, consideree a juste litre comme capable de conduire a la
creation d'emplois et a 1'amelioration indispensable du niveau de vie, au service de la croissance.
Les autorites nippones, guidant les entre-prises vers les secteurs les mieux adaptes a la demande
mondiale et vers la remontee efficace des filieres de production, ont fait de 1'industrie le fer de
lance des echanges exterieurs. Dans le cadre d'une ouverture d'abord limitee de 1'economie,
progressivement accentuee, elles ont su, sous la pression occidental ou sous celle de la crise,
donner la priorite soit a la demande domestique, soil a la demande mondiale pour tirer la
croissance. La question de savoir sile « modele japonais » est transferable quel que spit
1'environnement economique et social est au centre des debats occidentaux depuis les annees
1980. Gertaines de ses composantes interessent de plus en plus les pays du Sud-Est asiatique : ce
sont, outre les avantagescomparatifs de main-d'oeuvre durant les annees 1960, 1'eftbrt
permanent d'inves-tissement productif et un mode de gestion efficace de la production, tout
particulierement pour des industries engagees a 1'exportation.
Si la fluidite de 1'economie (adaptation de 1'offre et de la demande sans blocages durables de
fpnctionnement) a ete possible, sans eviter toutefois une certaine instabilite de court terme,
c'est que le Japon, compte tenu de 1'importance de son marche interieur, a su operer une «
revolution de la consommation ». Celle-ci souffre cependant d'une redistribution insuffisante,
qui explique partiel-lement la seduction qu'exerce sur les Japonais le modele de
consommation occidental (tabl. 1).
De la dynamique japonaise, il resulte que le pays apparait comme un parte-naire et un
concurrent tres serieux. Troisieine exportateur mondial, il ac-cumule d'enormes excedents
structurels de balance commerciale qui garantissent la securite vitale de ses importations,
compte tenu de la faiblesse de ses ressources naturelles. Dans la decennie de 1980, il fait
triompher la competiti-vite de ses exportations, desormais pres-que inegalable dans plusieurs
branches des technologies de ppinte, ainsi qu'une specialisation industrielle ou les points
forts traduisent 1'adaptation a la demande mondiale. Les desequilibres commerciaux
suscitent des tensions avec ses partenaires. Les Etats-Unis et 1'Eu-rope critiquent un
protectionnisme de-guise, non tarifaire, debouchant ainsi sur la mise en cause de certaines
des structures economiques japonaises.
Face aux pressions accrues des pays industrialises forts de leur solvabilite, le Japon se
montre soucieux de preserver ses parts de marche et de garantir sa securite.

Conscient du seuil d'interdependance economique a accepter, il est conduit a proceder, a la


suite de 1'accord du Plaza, a une reevaluation massive du yen et a une relance de son
marche interieur, dans la seconde moitie des annees 1980, ainsi qu'a discuter de
changements structurels menant a la liberalisation partielle de son economic, non sans
affirmer sa pugnacite et une certaine prise d'autonomie. Riche de ses capa-cites d'epargne
et de ses excedents courants, beneficiant de Vendaku (appreciation du yen) depuis 1985,
il accelere le recyclage mondial de ses capitaux - flux d'investissements directs, de
portefeuilles et immobiliers -, accueil-lis contradictoirement par 1'Occident comme
benefiques et menagants tout a la fois.
Avec les partenaires asiatiques, voisins proches, dotes en matieres premieres comme en
main-d'ceuvre abondante et faiblement remuneree, les firmes nip-pones intensifient les
echanges financiers et commerciaux • ces derniers sont par-tiellement nourris des biens issus
des delocalisations industrielles japonaises accueillies avec interet mais prudem-ment. II en
resulte, pour le Japon, 1'affirmation de son role integrateur et de sa nouvelle puissance
regionale. Celle-ci, naguere freinee par de lourds contentieux historicjues et technologi- ques,
se trouve portee par la disparition des anciennes fractures ideologiques dans cette zone
asiatique.
Reste a remarquer que, pour prospe-rer, le Japon a bespin du monde. Soucieux de
gagner en legitimite intema-tionale et de donner un sens a sa croissance, il se pose, depuis
le sommel de Toronto de 1988, comme 1'un des principaux donateurs d'aide au develop-
pement des Tiers Mondes et comme un acteur de choix dans la lutte pour la defense de
1'environnement. II tente de depasser le concept d'internationalisa-tion, qui a servi la
construction de sa puissance economique, pour developper celui de kyosei ou symbiose,
appuyam sur 1'idee de cooperation, et pour insister sur son role de contributeur a la
croissance mondiale.
Son pragmatisme se trouve au-jourd'hui mis a 1'epreuye, puisque le Japon doit se livrer
a de dimciles arbitrages : promouvoir la croissance du marche interieur et une meilleure
redistribution nationale des richesses, sans nuire aux exportations, afin de preserver pour les
entreprises 1'acces aux marches les plus solvables du monde (Etats-Unis, Europe occidentale)
ou en tres fort essor (Asie de 1'Est). II prend au serieux les revendications occidentales pour
une reduction de ses excedents courants, consideree comme une condition de la stabilite des
relations internationales.

Sa puissance financiere, aujourd'hui considerable, autoentretenue par les re-venus


annuels des placements a 1'etran-ger qui pourraient faire du Japon le rentier du
monde, assure au pays une plus grande autonomie ainsi que des potentialites enormes
de developpement, auxquelles le monde entier ne peut manquer de s'interesser.

L’extraordinaire croissance economique du pays s'enracine dans les pre-de son decollage indus-Les
structures specifiques de son economie ou ses partenaires recher-t anjounrhui les cles de ses
succes : et un exemple dont il serait possible de r, out demontre leur capacite a • des richesses. Au
regard des Btes internes et externes issues de l’evolution et de la crise mondiale, le Japon est appele a
prouver son adaptabilité et 1'efficacite de son ajustement.

1 Le decollage industriel
Un grand npmbre de traits specifiques du capitalisme japonais contemporain remon-tent a la
periode d'industrialisation, recente puisque son debut coincide avec la revolution de Meiji (1868),
inspiree par le desir de batir une puissance militaire et economique capable de faire piece aux
Occidentaux en Extreme-Orient.
Le mecanisme fondamental qui a perrnis la creation d'une infrastructure industrielle fut,
conformement au modele general de developpement economique, I'utihsation des excedents de
^productivite potentials dans 1'agriculture. A 1'encontre de ce qui s'etait passe en Grande-
Bretagne, par exemple, les hausses de productivite agricole n'ont pas coincide avec un exode
rural important, mais ont permis de faire vivre une population croissante dans le secteur
industriel naissant. Ainsi, 1'elevage de vers a soie, le travail du textile dans de petits ateliers
etaient des operations marginales pour les paysans, et leur organisation ne detournait aucune
res-source nouvelle. On assiste done a la creation d'une Industrie sans investissement important.
Cela explique que la croissance ait ete relativement rapide, alors que le taux d'inves-tissement n'a
pas depasse 12 p. 100 du P.N.B. (H. Rosovsky).
L'Etat a donne au « decollage » de 1'economie une impulsion particulierement vive et
coherente dans le secteur de 1'industrie legere et de 1'agriculture; il a importe des techniques et
organise la diffusion des innovations (envoi de missions techniques en Europe, selection des
semences, achat de metiers a tisser). Dans 1'industrie lourde, il a pris 1'initiative de creer lui-
metne les entreprises les plus necessaires au developpement du potentiel economique et militaire.
Enfin, il a mis en place un systeme de financement, fonde essentiellement sur un tres lourd
impot foncier : ainsi etait organise le transfer! du surplus cree dans 1'agriculture vers les
activites secondaires.
Le degagement de 1'epargne necessaire au financement des investissements nouveaux S'est
fait, d'une part, grace au maintien de niveaux de vie tres bas parmi les paysans et les premiers
effectifs de la main-d'oeuvre industrielle; d'autre part, I'impot foncier a pratiquement preleve
tous les excedents fourms par la croissance de la productivite agricole. Dans 1'industrie,
I'abondance de la main-d'ceuvre potentielle, I'interdiction du syndicalisme, les coutumes
feodales, la concurrence Internationale et les bas prix des produits exportables ont pratiquement
empe-che toute elevation des salaires au-dessus du niveau de subsistence. L'isolement culturel
et linguistique ainsi que Fhabitude d'une extreme pauvrete ont permis de maintenir de telles
conditions sans que surgissent de reactions sociales trop violentes.
La croissance de la population a egalement joue dans le meme sens : elle a fait baisser le prix
du travail, ce qui a permis d'accroitre les surplus d'exportations plus vite que les besoins
d’importations.

Cette periode d'industrialisation permit a 1'economie du Japon de commencer son


developpement avec un taux de croissance tres appreciable (environ 4 p. 100 par an de 1878 a
1940). De plus, la creation d'une main-d'oeuvre industrielle et, par suite, d'un marche du travail
unifie, ou les travailleurs auraient pu connaitre une certaine mobilite de remploi, fut rendue tres
difficile du fait de rattachement des premiers travailleurs a la campagne et de leurs retours
periodiques a rexplpitation familiale; telle est 1'origine des institutions specifiques que le
capitalisme japonais a du developper, comme l'emploj permanent et le salaire de I'anciennetd, qui
existent encore aujourd'hui.

Le dynamisme japonais
Structures demographiques
On ne peut ignorer, tant les consequences en sont nombreuses, a quel point les donnees
demographiques ont, au Japon, conditionné1'economie. La population commenca a croi-tre
lorsque les Tokugawa mirent fin a 1'isolement du pays. Elle comptait 35 millions d'habitants en
1874, 51 millions en 1912, 71 millions en 1937. Pendant cette periode, son taux d'accroissement
nature! fut particulierement eleve (16 p. 1 000 entre 1925 et 1935). Apres la guerre du Pacifique,
le Japon dut faire face a la fois au reflux d'une population emigree dispersee en Mandchourie, en
Chine et en divers pays occupes (au total 6 millions de nersonnes) et a un accroissement conside-
rable du taux de natalite, qui atteignit jusqu'a 34 p. 1 000. Aussi le gouvernement decreta-t-il, en
1948, une loi dite « eugenique » destinee a diminuer le nombre de naissances, notamment en
propageant 1'usage de la contraception. Aujourd'hui, I'elTondretnent spectaculaire de 1'indicateur
conjoncturel de fecondite (4,54 en 1947; 1,53 en 1991) explique prioritairement que le taux de
natalite sott tombe a 10 p. 1 000, alors que le taux de mortalite general est remonte a 6,7 p. 1
000. II en resulte un tres faible taux d'accroissement nature! (0,33 p. 100), sou-tenu par le solde
net migratoire et une situation de maturite demographique. En 1992, la population etait estimee a
pres de 124,5 minions d'habitants, sqit une densite (a completer avec lap ge 939)

(…)Marginalisés comme les descendants d'immigrés coreens ou les burakumin) sont exclus de
l’emploi à vie. Leur nombre est difficile à fixer, mais tous les specialistes conviennent que les
salariés à vie sont nettement minoritaires. Ce phenomene a contribue pour sa part à la
croissance economique generale. L’existenced’une masse considerable de maind’oeuvre mal
payee a joue le role d'une armee industrielle de reserve : frein a la ausse des salaires, elle a
retarde la syndicalisation des travaiileurs et donc permis le maintien prolonge d'un ecart
positif entre productivite du travail et salaire ; en meme temps, elle evitait les difficultes
sociales que n'aurait pas manque de faire naitre un niveau de chomage eleve.
Enfin, 1'mtegration d'un nombre important de petites et moyennes entreprises a 1'activite
productrice des grandes firmes, notamment par la voie de la sous-traitance, comporte des
avantages considerables. Elle contribue a abaisser les couts de production en integrant dans les
processus de fabrication moderne des elements realises a bas prix. Surtout, elle donne a la
gestion des grandes entreprises une souplesse que parait leur interdire a priori le systeme de
1'emploi a vie. Les petites entreprises jouent done un role d'amortis-seurs des fluctuations
economiques : elles permettent aux grandes affaires d'echapper en partie aux consequences
defavorables que pourraient avoir sur elles les recessions, en en transmettant les effets vers les
secteurs archai'ques de 1'economie. Ainsi le systeme economique japonais beneficie-t-il a la fois
des avantages ue la technique la plus avancee et de ceux que presente le travail a bon marche.

Facteurs historiques
La rapidite d'un relevement qu'on pourrait appeler « de recuperation » est un pheno-mene
commun a tous les pays ayant subi des destructions de guerre. Ce phenomene a joue autant pour
1'Italie et I'Allemagne federate que pour le Japon. L'existence d'installations industrielles et de
circuits d'organisation economique aises a remettre en action a facilite les premiers
accroissements de la production apres la guerre. On peut conside-rer que ce mouvement
explique jusqu'en 1955, pour 1'essentiel, le redressement japonais.
Ce redressement fut aide par des facteurs historiques : le Japon dut abandonner ses anciennes
colonies a un moment ou, sans doute, etant donne le mouvement mondial de decolonisation,
elles auraient constitue une charge. La demilitarisation rigoureuse du pays, sanctionnee par
1'article 9 de la Constitution, faisait contraste avec les impor-tantes depenses militaires que le
Japon avail du faire avant la guerre (meme pendant la periode relativement normale et pacifique
de 1934-1936, oii elles atteignaient 7 p. 100 du revenu national). En ,outre, le traite de securite
signe avec les Etats-Unis permit de reduire les depenses de defense. II en resulta, d'apres les
experts de FAgence de planifica-tion, un gain en croissance que Ton peut evaluer a 2 p. 100
1'an. Depuis 1976., le seuil de 1 p. 100 du P.N.B. retenu par 1'Etat pour les depenses militaires est
reste effectif (meme s'il fut depasse par le gouvernement Naka-sone). Des facteurs tels que
1'augmentation tres forte du produit national brut ainsi que la detente Internationale dans la
seconde moitie de la decennie 1980 ne furent pas etrangers a cette relative stabilite. Celle-ci,
pour beaucoup d'experts. a compte favorable-ment dans la reussite economique japonaise.

Enfin, les reformes imposees par 1'oc-cupant americain contribuerent vigoureuse-ment a briser
le modele traditionnel de la croissance japonaise : la reforme agraire incita les agriculteurs a
rechercher ['amelioration de leur productivite, la creation de syndicats developpa 1'esprit
revendicatif et exerca un effet stimulant sur la demande de consommation et sur I'incitation au
travail. II n'est pas jusqu'a la dissolution des zaibatsu qui, chassant les anciens dirigeants des
principals industries (banto*), ne permit d'y developper un esprit neuf et une veritable revolution
dans 1'organisation et la gestion des entreprises.
Ajoutons que la rupture brutale de tous les liens avec les ideologies du passe incita les
Japonais a se lancer dans la voie economique, ou pouvait se concretiser leur extraordinaire
appetit de competition avec les pays industrialises du monde occidental.

LE BOOM DES INVESTISSEMENTS


Le premier element de la croissance economique japonaise est evidemment le niveau
particutierement eleve des investissements. En 1990, le taux de formation brute de capital fixe,
qui atteint encore 32 p. 100 du P.I.B. (deux fois celui des Etats-Unis), demeure le plus fort taux
d'investissement productif des sept pays les plus industrialises du monde.
L'explication essentielle de ce boom des investissements n'est autre que le rattrapage
technologique auquel le Japon a du se hvrer depuis la guerre : 1'importation des techniques
etrangeres commenca des 1950 et atteignit son plus haut point vers 1964. Le Japon comblait
ainsi le fosse qui separait ses methodes de production des precedes en usage dans les pays les
plus avances. II economisait de la sorte des tatonnements, les couts de la recherche, et, grace a
la qualite de sa main-d'oeuvre et a la capacite d'adapta-tion de ses chefs d'entreprise, il
reussissait a assimiler les technologies les plus perfec-tionnees. Bien plus, il leur apportait les
adaptations necessaires et de constantes ameliorations, reduisant souvent de facon notable les
couts de production.
La demande d'investissement correspon-dait pour une part a Paccroissement de la demande de
consommation : 1'elevation des niveaux de vie sollicitait la creation de 1'industrie d'equipement
necessaire a la production des biens de consommation. Pour une autre part, elje decoulait de
cette creation meme, dans un processus cumulatif ininter-rompu que les Japonais appellent le «
cercle vertueux ». Enfin, la demande sur le marche mondial contribua elle aussi a nourrir le
processus. Elle fut opportunement utilisee par le Japon. Ce dernier accrut fortement ses
exportations industrielles, tirant parti de la liberalisation tarifaire des echanges de produits
manufactures, issue de 1'accord du Tokyo Round, et d'une permeabilite reelle bien qu'inegale
des marches les plus solvables du monde, qui furent a nouveau en croissance a partk de 1984. Le
redeploiement sectoriel rapide face a la crise et aux mutations de la demande mondiale, le pay?
Gardant « une longueur d'avance » sur ses partenaires, rend compte de la souplesse d'adaptation
des entreprises et de leur efficacite a conquerir les parts de marches (tabl. 3 et 4).

L'efFort d'investissement des grandes firmes (notamment celles qui etaient engagees a
1'exportation), oriente, dans les annees 1950-1965, vers les secteurs du textile et des industries
lourdes puis vers ceux de 1'auto-mobile et de 1'electronique grand public, dans les annees 1965-
1975, s'est ensuite deploye en direction du secteur des « puces », a 1'amont (remontee de la
filiere de production electronique). Depuis le milieu des annees 1980, le secteur des industries
intensives en matiere grise (logiciels, ingenierie financiere) emerge, indiquant les nouvelles
ambitions technologiques japonaises.
On ne peut done s'etonner que la structure industrielle japonaise en soit aujourd'hui profondement
transformee. La part des industries legeres (et particulierement textiles) dans le total du produit de
1'industrie a considerablement baisse. En revanche, celle des industries lourdes et d'equipernent
(produits chimiques, produits metalliques, machines, composants) atteignait a la fin des annees
1980 le chiffre de 65,9 p. 100 (centre 56,4 p. 100 en 1960 et 62 p. 100 en 1967), selon la
repartition effectuee par le Census of Manufacturers japonais,
L'expansion economique doit done tee mise en relation non seulement avec le niveau eleve des
investissements, mais encore avec leur distribution, caracterisee par une tres faible proportion de
fonds investis dans la construction de logements et les equipements collectifs ; ainsi, tous les
capitaux disponibles ont ete concentres sur Fequipement de 1'industrie privee.
Reste a savoir comment a ete rendu possible le financement de ces investissements. Plusieurs
phenomenes ont concouru a augmenter 1'ecart entre le revenu et la consommation. puis a fournir
aux entreprises un systeme de financement correspondant ii leurs besoins.

Les investissements et le perfectionnement OHUnt des techniques ont provoque une Melioration
rapide de la productivite globale th travail et du capital. En revanche, le modele de
consommation n'a change que tres leatement et seulement a partir des annees 1960. La
combinaison de ces deux mouve-roents a cree une conjoncture favorable a Fepargne, qui, a son
tour, a fourni les capitaux necessaires. Dans ces conditions, lout progres de la productivite a
entraine un progres parallele de 1'epargne. Une illustration de ce mecanisme est donnee par la
relation entre les salaires et la productivite du travail (tabl. 5). Dans la plupart des branches, en
eft'et, la productivite s'est accrue plus rapidement que les salaires, ce qui a permis a la fois la
reduction des couts de production et 1'accroissement des marges beneficiaires, source de
reinvestissements im-portants. De ce fait aussi, les exportations japonaises ont vu leur
competitivite renfor-cee, car, dans la plupart des pays industriels, la situation etait inverse, du
moins pendant la phase des Trente Glorieuses, et les salaires augmentaient plus vite que la
productivite. Reste a remarquer que le financement des investissements des entreprises a ete tres
facilite par un recours massif aux concours bancaires a faible taux d'interet, surtout durant la
periode de la haute croissance, alors que les marches de capitaux japonais se trouvaient encore peu
developpes. En revanche, ceux-ci ont offert de nouvelles opportunites aux entreprises a partir du
milieu des annees 1970 et surtout 1980 en raison de leur rapide essor, consecutif a la
liberalisationfinanciere progressivement engagee par 1'Etat et liee a 1'affirmation du role du Japon dans
les echanges mondiaux.

Facteurs structurels

Le prix du travail et son evolution

Si le prix du travail n'a pas augmente plus vite, c'est d'abord en raison de 1'abondance de la
main-d'oeuvre, elle-meme liee au sur-peuplement et au sous-emploi dans le secteur agricole (cf.
figure). II est vrai que cette surabondance s'est a peu pres reduite depuis 1960, mais il n'en
demeure pas moins que la main-d'oeuvre n'a pas constitue un facteur limitatif de la croissance,
a la difference de ce qui s'est passe dans d'autres pays industriels ; la comparaison avec
1'Altemagne de 1'Ouest est, a cet egard, pleinement probante. L'une des sources de 1'afflux
regulier de la main-d'ceuvre dans 1'industrie japonaise fut evidemment le secteur agricole
surpeuple, chaque famille paysanne ne disposant que de 80 ares de terre environ. Apres des
decennies de stabilite, la population agricole a connu une diminution massive : enregistrant un
exode particulierement marque entre 1960 et 1980, elle a vu passer ses eifectifs de 6,18 millions
en 1950 a 3,8 millions en 1990, parallelement a un vieillissement accelere. Pour environ 31 p.
100 d'entre eux, les agriculteurs envisagent encore de quitter la terre, d'apres un sondage de
1992. Par ailleurs, 1'Etat, dans le cadre de sa nouvelle politique agricole et alimentaire (1992),
sou haite une stabilisation a 2,5 ou 3 millions a 1'entree dans le xxi e siecle. C'est done de moins
en moins dans le monde agricole et dans le monde rural (46 p. 100 de ruraux dans la
population en 1950, 16 p. 100 en 1988) que 1'economie peut satisfaire ses besoins en main-
d'ceuvre peu chere.
Si la structure par age fut longtemps favorable a 1'augmentation rapide de la population en age
de travailler et au renou-vellement de ses effectifs a 1'entree sur k marche du travail, elle le
devient de moins en moins, du fait du vieillissement accelere de la population. Aussi les
entreprises, particulieremeiit dans le secteur des industries engagees a 1'exportation, se preoc-
cupent-eries de 1'augmentation du cout du travail, qui devrait s'accelerer au regard de
1'evolution naturelle. En revanche, la reduction prevue par la loi de la duree hebdoma-daire du
travail pourrait etre compensee par de nouveaux gains de productivite du capital (par la
robptisation).
Neanmoins, la question des reserves de population active presentant encore un avan-tage
comparatif se trouve posee. La population feminine semble offrir des oppprtunites. Selon
certains, les femmes japonaises, arri-vees plus tardivement que les hommes sur le marche du
travail, risquent de se voir confinees, et durablement, dans des postes mal ou sous-remuneres,
principalement dans les petites et moyennes entreprises. Concou-rant aujourd'hui fortement a
1'accroissement du taux d'activite, elles desirent non seulement disposer de ressources
personnelles propres a favoriser leur epanouissement mais aussi vivre en ville, surtout dans les
plus grandes, mais ou la vie est tres chere. II reste que les femmes peuvent difficilement s'inte-
grer dans le systeme de 1'emploi a vie des grands groupes puisque, sous la pression
vraisemblable du consensus social, elles s'eclipsent du marche du travail durant toute la periode
d'education des enfants.
L'immigration represente un flux en lente augmentation et surtout clandestin dont 1'origine se
situe essentiellement en Asie du Sud-Est et de 1'Est, tant sont grands les ecarts de developrjement
avec le Japon. Les immi-gres, moitie moins remuneres que les Japonais, sont employes dans les
petites et moyennes entreprises; leur nombre devrait s'accroitre au regard des tensions
previsibles sur 1'emploi.
Des palliatifs se mettent en place au sein des entreprises, tels que 1'emploi des retraites, une
prise en consideration du merite et le recul de 1'age de depart a la retraite (aujourd'hui, ce
sont les deux tiers des entreprises qui fixent ce dernier a soixante ans, au lieu de cinquante-
cinq ans dix ans plus tot).
Le financement spécifique de 1'économie
Si les mouvements divergents de la productivite et des salaires expliquent pour r essential
1'importance du surplus a investir, il faul rappeler egalement que 1'epargne au Japon est
extremement elevee par rapport a 1'avant-guerre et par rapport a d'autres pays. L'epargne des
menages, marquee depuis 1975 par une tendance a la baisse (taux egal a 20-22 p. 100 en 1975)
reduisant 1'ecart avec les pays europeens occidentaux, represente 1'equivalent de 15,2 p. 100 du
revenu net disponible en 1992 (contre 14,6 p. 100 en 1991). Elle demeure cependant la plus
elevee parmi les pays industrialises.
Quant à l'epargne nationale, son taux est toujours reste superieur à 30p. 100 du P.N.B. dans la
decennie de 1980 (34,6p. 100 en 1990), soit le double de celui des Etats-Unis.
Aux causes deja enoncees, il faut ajouter 1'insuffisance des formes collectives d'epargne.
(Notamment de la securite sociale), qui pousse les menages à constituer des reserves en vue
de la vieillesse ou de la maladie, et le sentiment subjectif d'insecurite. Dans le meme sens
joue la crise du logement, les divers systemes coutumiers de versement de salaires (primes
importants deux fois par an) ou de retraites.
Le système bancaire a mis les depots qu'il a pu collecter au service des besoins financiers. Cette «
transformation des epargnes » s’est faite avec un grand liberalisme : les banques
commerciales se sachant soutenues par la Banque du Japon, ont souvent depassé leur propre
capacite de pret. Il en est resulté une situation de surendettement qui a été soluvent critiqué
par les economistes etrangers, la gestion des banques et des entreprises japonaises paraissant
risquée et peu orthodoxe.
Les banques commerciales, continuant à vivre au dessus de leurs moyens, ont, durant le boom
Hesei, cherché à profiter des plus-values boursieres rendues possibles pal A surcote des titres
prèté des masses énormes de capitaux. En effet la speculation effreinée qui a caractérisé cette
periode, soutenue par la politique d’abondance monetaire et de bas taux d’interet destinée à
contrebalancer la forte appreciation du yen, a fait flamber bien au-delà de leur valeur reelle les
cours des actions, les prix du foncier et de l’immobilier.
Au début de la decennie de 1990, les banques japonaises se sont trouvees frappees de plein
fouet par la politique d'austerite monetaire destiné à degonfler la bulle speculative et à casser
les tensions inflationistes de leurs bilans s'est révélée. Non seulement elles de leurs fonds
pro-a la devalorisation de leurs titles en situation de decote, victimes aussi des pertes de leurs
debiteurs, societes immobilieres et entreprises qu’elles ont aidees a speculer. Le système
baincaire doit ainsi faire face a une double difficulté : celle de mettre au point des reponses a
la masse des creances douteuses correspondant aux prets enormes distribués durant la
speculation, alors que la bourse a chuté, et celle d'atteindre le « ratio Cooke » de sorvabilite
mis en place en 1991 par la Banque des reglements internationaux.
Les consequences economiques de la fragilisation d’une des composantes majeures du
système financier du pays paraissent non negligeables. Compte tenu de la reduction previsible
des credits bancaires et d'un rencherissement des couts de financement, les entreprises vont
devoir reviser leurs resultats financiers à la baisse. Les industriels se montrent particulierement
critiques à l’egard des banques. Celles-ci s'engagent dans des restructurations massives par
fusions afin d'assainir leur position et d'atteindre la faille critique, sous raiguillon aussi de la
concurrence qui se voit stimulee par le decloisonne-ment bancaire depuis 1992 et par la liberalisa-
tion des marches de capitaux japonais.
Au demeurant, ni les banques, ni les maisons de litres, ni les compagnies d'assu-rances,
malgre les difficultes, ne se trouvent dans une situation desastreuse. Elles restent, pour les plus
importantes, en tete des classements internationaux. Neanmoins, le systeme bancaire risque de
voir son role de financement de 1'economie nationale dimi-nuer, au profit des marches de
capitaux japonais de court et de long terme, tout en devenant plus transparent et plus fort.
Le mode de gestion de la production
Le mode de gestion de la production des entreprises s'est progressivement de'veloppe' au Japon.
Tout d abqrd ponctuellement mis en place a 1'usine principal^ de Toyota, au debut des annees
1960, il est issu de 1'invention de 1'ingenieur Taiichi Ohnoe pour depasser la productivite
americaine dans 1'industrie automobile. II s'est ensuite generalise au sein de 1'appareil productif,
notam-ment dans les branches des industries expor-tatrices, tandis que son efficacite prenait
valeur de modele aux yeux des partenaires occidentaux, remettant en cause le mode americain de
gestion de la production que le Japon avail integre apres la Seconde Guerre mondiale.
Le « systeme de Toyota » se trouve commande par deux objectifs majeurs : celui de lutter centre
tous les gaspillages, aussi bien de produits, de temps que de capital, ce qui doit de'boucher sur la
suppresssion des stocks, et celui, lie au precedent, d'abaisser en permanence les couts de
production - un objectif juge d'autant plus necessaire que le yen, fortement apprecie depuis 1985,
peut nuire aux flux d'exportations. Le resultat recherche concerne 1'accroissement de la
productivite du capital et du travail, de bas prix de vente et des supplements de profits pour les
entreprises.
Le toyotisme se donne pour moyens de produire « juste à temps » et en « flux tendus », ceux-ci
etant guides par 1'aval. L'avantage en est que I'ofTre s'adapte rapide-ment a la demande. La qualite
des produits activement recherchee dans le cadre des cercles de qualite inspires des propositions
de rAmericain Demmg apres la Seconde Guerre mondiale, temoigne d'un souci de rigueur et de
competitivite.
Au-dela de 1'organisation technique de la production, oil le decloisonnement des ateliers est une
nouveaute par rapport au modele americain, le systeme japonais, qui a trans-forme le taylorisme, se
presente plus encore comme une forme specifiquement japonaise de rapport salarial. II incite a une
mobilisation intense des individus, qui se trouvent soumis a des cadences de travail tres rapides. a
une pression pregnante des superieurs hierarchiques pour « faire toujours mieux » (tabl. 6). En
contrepartie, le systeme laisse esperer des promotions salariales grace auxquelles les interets de la
communaute de travail sont susceptibles d'etre respectes.
Des phenomenes d'exclusion - que 1'on rencontre aussi en Europe et aux Etats-Unis-resultent de ce
management a la japonaise pour les cadres moyens ou superieurs comme pour les sous-traitants
eux-memes qui ne peuvenl supporter trop longtemps le stress des cadences, des ordres, des
pressions, avec le risque de karoshi, c'est-a-dire de mort par surmenage au travail.
La transposition du « modele japonais » de gestion de la production, meme si le Japon ne pretend
pas etre imite, fait 1'objet de debats contradictoires en Occident. Une etude du M.I.T. sur
1'industrie automobile, The Machine that Changed the World, insiste sur la transferable, sous
condition de pouvoir respecter la rigueur, dans la gestion de 1'espace comme du temps, et de
rnobiliser les hommes en permanence (tabl, 7).

La nouvelle ambition technologique


C'est bien aujourd'hui le Japon qui, parmi les pays industrialises, enregistre la plus forte
croissance des depots de brevets, a 1'etranger, notamment sur le marche des Etats-Unis et a un
rythme plus rapide que les Americains sur leur propre territoire, signe de 1'engage-ment japonais
dans la competition technologique, pour la conquete des marches exte-rieurs et domestiques.
L'effort de recherche, finance a 80 p. 100 par les groupes, s'intensi-fie, atteignant 3 p. 100 du
P.I.B. en 1992 (centre 1,5 p. 100 vingt ans plus tot). Longtemps concentre sur la recherche
appli-quee, il mise sur la science et sur la recherche fondamentale, ou le Japon accuse un net
retard vis-a-vis des Etats-Unis. La mobilisation des acteurs est totale pour une nouvelle fuite en
avant ou se distinguent les secteurs de 1'energie, des nouveaux materiaux, des biotechnologies,
de 1'aeronautique.

3 LE JAPON DANS LA CRISE DE I'ECONOMIE MONDIALE


Le comportement de I'economie japonaise depuis la crise nous fournit un nouvel ecmirage sur
ses mecanismes profonds. Le premier choc petrolier marqua la fin de cette periode euphorique.
L'activite freina profondement en 1974 et 1975 (taux de croissance de - 1,5 p. 100 et - 2 p.
100), alors que 1'inflation se developpait.
Cependant, la croissance devait reprendre des 1976, a un rythme reduit de moitie (5 p. 100
centre 10 p. 100). En meme temps, ['inflation se resorbait et la productivity retrouvait son trend
a la hausse dans 1'industrie. On peut se demander comment s'est opere rajustement de
I'economie japonaise devant faire face a la fois a la hausse des prix du petrole et a la recession
mondiale.
Une fois de plus, c'est I'ensemble du systeme d'emploi et de negotiations salariales qui permet
1'ajustement a la baisse, comme il 1'a facilite a la hausse. On observe, en effet, une baisse des
effectifs industriels, particulie-rement rapide dans les grandes entreprises (par le moyen du
ralentissement de 1'embau-che, de departs anticipes a la retraite, de mutations dans les
entreprises sous-trai-tantes). Alors que le chomage ne progresse que de maniere tres limitee
(passant de 1,1 p. 100 en 1970 a 2,2 p. 100 en 1981), les heures supplementaires s'abaissent
forte-ment, tandis que les salaires nominaux eux-memes connaissent une diminution. Mais,
surtout, on enregistre une tres forte pression sur les travailleurs independents dont le revenu
moyen n'a pas cesse de baisser (ce revenu moyen representait 85 p. 100 du salaire moyen en
1970 ; il n'etait plus que de 65 p. 100 en 1979). 11 y a done une grande souplesse dans la
regulation de la masse salariale qui a permis dans une conjoncture difficile la reconstitution des
marges de profit de grandes societes, et done de npuvelles avancees en matiere de competitivite
Internationale.

Lors du second choc petrolier (1979), la voie est tracee pour ainsi dire et les memes resultats
seront atteints beaucoup plus rapi-dement : la restauration de 1'equilibre de la balance des
paiements n'aura demande que dix-huit mois. Une legere baisse du pouvoir d'achat des salaires
renforcee par la segmentation du marche du travail, accompagnee par une depreciation des
termes de 1'echange, profitera à nouveau aux entreprises expor-tatrices et leur permettra
d'eliminer rapide-ment le deficit cree par la hausse des produits petroliers.
C'est done une rigoureuse politique des revenus qui est a 1'origine du redressement de
I'economie japonaise. On constate nean-moins que la croissance depend, avant tout, des succes
remportes sur les marches exte-rieurs, et cela donne la mesure de la fragilite de la situation
japonaise, car, pour maintenir la croissance, il faut maintenir un fort taux d'accroissement des
exportations, ce qui se heurte a la reaction des Etats-Unis et des pays de la C.E.E. qui connaissent
deja de forts deficits commerciaux avec le Japon et qui sont tentes par le renforcement des
mesures protectionnistes.
Des deux chocs petroliers, les autorites japonaises ont tire les lecons necessaires pour mieux
assurer la securite energetique (le Japon ne peut negliger les risques lies a un taux de
dependance petroliere de 99,7 p. 100 en 1991). Sa reponse s'est orientee non settlement en
direction d'une lutte contre le gaspillage energetique, mais aussi vers une diversification de son
bilan de production et de consommation. Aux mesures visant a promouvoir 1'energie nucleaire
s'ajoutent les decisions de faire regresser la part du charbon national, polluant, et de renforcer
['utilisation du gaz naturel, energie « propre », dont 1'archipel est, sous la forme liquefiee, le
premier importateur mondial. Le souci de t'environnement reste a 1'ordre du jour.
L'entree dans la decennie de 1990 paratt bouleversee par un ralentissernent de la croissance
economique, nettement marque a partir du printemps de 1991 (le taux de 2,4 p. 100 en 1992 est
proche de la moyenne de 1'O.C.D.E., 2,2 p. 100). L'economie japonaise enregistre une stagnation
de la demande, un ralentissement de rinvestissement prive, deux moteurs qui avaient ete
puissants. II s'ensuit une diminution de la production industrielle dans les branches jusque-la
dynamiques (automobile, electronique) et des faillites d'entreprises, dans un contexte de
morosite boursiere et bancaire.
II est clair que des facteurs de ralentissement se sont installes dans le systeme economique, ce
qui pose la question de savoir s'il s'agit d'une crise nouvelle d'ajustement ou d'une crise de «
modele ». Des explications mettent 1'accent sur les eflfets^ de la politique de relevement des taux
d'interet, de type deflationniste, et sur la contraction des credits bancaires.
Les reponses des entreprises s'orientent, une fois de plus, vers la reduction des heures
supplementaires et des primes, et vers la baisse de la remuneration des heures supplementaires
(pour la premiere fois depuis cinq ans), ce qui accentue la faiblesse de la demande de
consommation, alors que les couts unitaires de la main-d'oeuvre augmen-tent. Les solutions de
1'Etat passent, depuis la mise en ceuvre, en aout 1992, d'un plan de relance, par des depenses
budgetaires d'un enorme montant, equivalent a 2,3 p. 100 du P.N.B., destinees a de grands
travaux d'inves-tissement public dans le domaine des infrastructures de transport,
d'enseignement, d'aide aux collectivites locales et de recherche. La croissance devrait s'en
trouver stimulee, ainsi que le bien-etre de la population. L'Etat n'est pas limite dans sa marge
de manoeuvre budgetaire. Neanmoins, le recentrage de la croissance sur le marche interieur,
qui se heurte a la stagnation actuelle de la demande, n'est pas suffisant aujourd'hui pour
entrainer I'economie japonaise. Les enormes excedents de balance commerciale et de balance
courante (tabl. 8), sources de desequilibres economiques avec les partenaires - et de plus en plus
mal ressentis par ceux-ci -, mais indispensables a la fluidite du marche domestique, poussent le
Japon a plus de cooperation. Le pays va vers une internationalisation financiere accrue (Koku-
saf Ka), jouant comme facteur d'integration regionale de la zone asiatique.
Le Japon a peut-etre quelques chances de parvenir a cet objectif un peu avant les autres, etant
donne la remarquable souplesse de son amenagement institutionnel, industriel et commercial, et
les qualites exceptionnelles de sa main-d'osuvre et de son « management ».

Travail d’Eleve

Produire un texte de quinze à vingt lignes sur l’expansion japonaise tout en mettant l’accent sur
les facteurs démographiques, économiques, Stratégiques, psychologiques.

Faire ressortir les faits qui ont marqué les débuts de l’impérialisme japonais.
Thème :
Les Etats-Unis d’Amérique
Compétence terminale 
Analyser les fondements de la puissance américaine.

Compétences spécifiques :
Mettre en relief la superficie de l’espace américain et la disponibilité de ses ressources
naturelles.
Etablir la relation existant entre le système américain et son hégémonie dans le monde.
Analyser le caractère numérique et dynamique de la population américaine.
Mettre en relief la puissance des multinationales et l’avance technologie aux Etats-Unis.
Expliquer le rôle des Américains dans les décisions géostratégiques mondiales aujourd’hui.

LES ETATS-UNIS, ESPACE ET PEUPLEMENT

1. L'espace americain et sa conquete


1.1 Le « paradis » et la «frontiere »
Pour les premiers colons venus d'Angleterre à partir de 1620 1'Amerique representait une
nouvelle « Terre promise », terre de liberte et de richesses. Les colons 1'exploiterent au detriment
des populations indigenes, les Amerindiens*.
Cet esprit de conquete ou esprit pionnier a conduit les Americains à repousser la frontiere jusqu'a
1'ocean Pacifique au detriment des Amerindiens et des Espagnols. On retrouve encore
aujourd'hui cet esprit pionnier dans la conquete spatiale.

Le relief a guidé la conquete


Allonges sur 2 000 km du nord au sud, proches de FAtlantique, les Appalaches ont forme un
premier obstacle a la conquete du territoire americain, souvent contourne par le sud. Au debouche
d'un systeme de vallees qui traverse ces montagnes, New York est devenue ainsi la plus grande ville
des Etats-Unis. Au-dela, les affluents du Mississippi ouvrent sur les Grandes Plaines.
Relevees dans leur partie occidentale ces plaines buttent contre 1'ensemble montagneux - les
Rocheuses — qui occupe le tiers occidental des Etats-Unis. Deux chaines meridiennes encadrent
des hauts plateaux et des bassins, parfois entailles de vallees profondes comme celle du Colorado.
Sur la facade Pacifique, trois plaines ont attire 1'essentiel du peuplement.

1.3 Les climats accentuent l'opposition entre I'Est et I'Ouest


Les montagnes occidentales influent fortement sur les climats et accentuent de ce fait les handicaps
de I'Ouest. Us empechent en effet 1'air maritime venu du Pacifique de se repandre sur les Etats-
Unis comme en Europe. Dans les grandes plaines centrales I'air froid polaire venu du nord et
I'air tropical chaud s'affrontent. Presque par-tout, de ce fait, les etes sont chauds, les hivers tres
rigoureux, accentues par les vents froids comme le blizzard* et les tempetes de neige au nord.
Mais grace a leur etendue les Etats-Unis connaissent des climats varies. La principale opposition
est celle qui differencie une partie occidentale, seche — sauf sur le littoral septentrional du
Pacifique - et une partie-orientale plus humide oil les cultures n'exigent pas d'irrigation. Les regions
meridionales sont plus chaudes; on y trouve aussi bien des regions arides a Fouest que des regions
subtropicales à l’est .

1. LA MAITRISE DU TERRITOIRE

2.1 L'appropriation des terres


Des l’independance, acquise a la fin du XVIIIe siecle, FEtat federal decide, afin de faciliter la
colonisation de I'Ouest, de diviser le territoire pris aux Amerindiens en damiers carres de 6
miles de cote, les townships, eux-memes decoupes en lots vendus ou attribues aux
pionniers. Ce systeme de grille marque les paysages ruraux qui pre-sentent, sauf a I'Est, un
aspect geometrique et regulier.
Toutes ces terres n'ont pas etc attributes. C'est pourquoi FEtat federal possede un immense
patrimoine foncier, principalement a I'Ouest; il est souvent constitue de forets ou de pares
nationaux. Les Amerindiens, en revanche ne detiennent plus que quelques « réserves ».

2.2 Les reseaux de communications


La mise en valeur de cet immense territoire resulte de 1'installation d'un reseau de
communications dense et moderne.
Le reseau ferre, le premier - des 1876 - relia, sous forme de trans-continentaux les deux grandes
facades maritimes. II est aujourd'hui supplante par le reseau des autoroutes. Ces deux reseaux
opposent une partie orientale, plus peuplee et mieux desservie et une partie occi- dentale, de
peuplement plus recent, plus lache. Les conduites (oleo-ducs et gazoducs) et le reseau aerien,
tous deux tres etendus, les com-pletent.
Tous ces reseaux sont animes de flux intenses. Les transports rou-tiers precedent les autres
moyens pour le trafic de merchandises. Pour les passagers la route est surtout en concurrence
avec 1'avion.
Ce trafic interieur est egalement assure pour partie par la voie maritime, qui assure surtout le
trafic international. La facade nord-atlan-tique - la plus proche de FEurope et qui offre des abris
portuaires — reste la plus active, mais celle du Pacifique est en plein essor.
2.3 L’exploitation et la protection des ressources

La recherche du profit immediat a pousse autrefois les Americains a exploiter leur territoire et ses
richesses, celles du sol et du sous-sol, sans grand management. La degradation des sols, les
risques d'epuisement des ressources du sous-sol ont suscite des mesures de protection et
d'economie. Elles se presentent sous des formes tres diverses: multiplication des pares
nationaux dont le premier, celui de Yellowstone, date de 1872 ; developpement de techniques
culturales* qui protegent les sols; importations massives d'energie et de matieres premieres afin
de preserver des reserves nationales pour l’avenir.

3. UN ESPACE DIVERSEMENT PEUPLE

3.1 Une dissymetrie Est/Ouest


Les Etats-Unis comptent 255 millions d'habitants, ce qui les situe au quatrieme rang mondial. Ce
sont, pour 1'essentiel, les descendants des 55 millions d'immigres qui, depuis le debut du XIX e, se
sont ins-talles dans le pays. L'Europe a fourni les contingents des premiers arri-vants. La repartition
de la population reflete encore cette histoire.
L'est du territoire concentre les fortes densites; plus de 60 % de la population vit a Test du
Mississippi. La densite de la megalopole* depasse 300 hab. /km2, alors que la moyenne se situe
globalement autour de 27 hab./km 2. Elle est meme inferieure a 10 hab./km 2 a 1'ouest du
meridien 100°, en dehors de la Californie et de quelques oasis (Phoenix, Salt Lake City...).

3.2- Une migration vers les facades maritimes

Les Americains changent environ treize fois de domicile dans leur vie. Cinquante pour cent
d'entre eux demenagent meme, en moyenne, tous les cinq ans. Comme dans tous les pays
postindustriels, ces migrations profitent surtout aux facades maritimes. Le Nord-Est, anciennement
industrialise, en a longtemps etc le principal benefi-ciaire. Mais la crise que traversent les
industries traditionnelles en fait aujourd'hui une zone de depart.
Desormais, c'est le sud du littoral Atlantique et la cote Pacifique qui profitent de la mondialisation
de 1'economie et de 1'essor des technologies nouvelles. Deja plus de 100 millions d'individus, soit
quatre Americains sur dix, habitent la « ceinture du soleil* » (Sunbelt) devenue tres attractive.

3.3 Une nation de citadins


Quatre-vingts pour cent des Americains vivent aujourd'hui dans une ville, contre 25% en 1870.
Ce phenomene, qui s'explique par 1'exode rural et Installation des nouveaux immigrants,
s'accompagne de la multiplication des grandes metropoles. A cote de la megalopolis, qui regroupe
50 millions de personnes, le pays compte trente-deux villes depassant le million d'habitants.
La situation n'est toutefois pas identique sur 1'ensemble du territoire : 57 % seulement des
habitants des Grandes Plaines resident en ville, tandis que les Etats du Pacifique recensent 90%
de citadins. L'urbanisation s'accelere au sud et a 1'ouest mais stagne dans le Nord-Est. II n'y a plus
que 7 millions de New Yorkais, alors que la ville en comptait 8 millions en 1950. Comme dans tout
le pays la croissance urbaine profile surtout aux banlieues dans lesquelles resident les classes
moyennes.

4. UNE POPULATION BIGARREE

4.1 Une population en voie de vieillissement


Comme dans tous les pays industrialises riches, le rythme d'accroissement naturel de la
population se ralentit en raison du fle-chissement de la natalite. Sans etre tombe aussi bas qu'en
Europe il est devenu inferieur a 1 %, puisque le taux de natalite se situe autour de I6, 5%o et que
celui de mortalite avoisine 8,5%o. En consequence la population vieillit: 12% des Americains ont
plus de 65 ans, et un quart seulement moins de 18 ans. L'esperance de vie atteint 72 ans pour les
hommes, 79 ans pour les femmes.
II existe cependant des differences ethniques et spatiales. L'esperance de vie des Noirs —
descendants des Africains depones comme esclaves dans le Sud-Est americain — ne depasse pas 65
ans, mais leur natalite, 21 %o, est superieure a celle des Blancs; il en va de meme pour les
Hispaniques*. Les regions ou ces minorites ethniques et culturelles sont importantes possedent
done des taux de natalite plus eleves.

4.2 Une mosaique humaine


La nation americaine est le resultat du brassage de millions d'immi-gres venus d'outre-mer. Les
apports europeens, longtemps predomi-nants, ont impose une nation blanche.
Mais le « creuset» (melting-pot) dans lequel devaient se fondre tous les immigrants laisse subsister
des communautes plus ou moins inte-grees. Deux millions d'Amerindiens, spolies de leurs
territoires, sont la « mauvaise conscience » du pays. Trente millions de Noirs, en forte croissance
demographique sont surtout presents dans tout 1'Est du pays. D'autres groupes minoritaires sont
egalement en essor: les Hispaniques, dans le Sud, les Asiatiques, dans 1'Ouest

4.3 Une tradition maintenue d'immigration


Les Etats-Unis sont, depuis pres de deux siecles, le premier pays d'accueil au monde. Avec environ
un million d'entrees legales par an, I'immigration represente pres du tiers de la croissance
demographique.
Mais 1'origine des immigrants s'est profondement modifiee. Les Europeens sont de moins en
moins nombreux; ce sont surtout des personnes hautement qualifiees — des « cerveaux » — recrutes
par les entreprises et les universites, ainsi que des refugies venus d'Europe centrale et orientale. Les
Latino-Americains sont desormais les plus nombreux et, pour moitie, viennent du Mexique.
L'immigration asia-tique, longtemps interdite, est celle qui progresse le plus, en provenance surtout
des Philippines et de Coree. Cette immigration contri-bue a renforcer 1'importance de la facade
Pacifique.

LES ETATS-UNIS, PREMIERE PUISSANCE MONDIALE

1. La premiere agriculture du monde

1.1 Des productions colossales et variees


L'agriculture americaine presente le privilege d'offrir un eventail exceptionnellernent large de
cultures, et de les produire en grandes quantites. Elle fournit ainsi 60 % du soja mondial, 40 %
du mai's, 30 % du beurre, 25 % de la viande, mais aussi le tiers des agrumes, 20 % du coton, sans
compter la canne a Sucre ou le riz...
Cette situation s'explique a la fois par une grande variete de climats liee a 1'extension du pays en
latitude, et aussi par 1'etendue du terri-toire. Les terres cultivees ne couvrent que 20 % environ de
Fespace, mais ces 170 millions d'hectares representent plus que toute la S.A.U. (surface agricole
utile) de la Communaute europeenne.
1.2 Des agriculteurs rares et performants
Les Etats-Unis comptaient 25 millions d'agriculteurs en 1950, ils ne sont plus que 2,5 millions dans
les annees 90. Le manque de main-d'ceuvre est un probleme constant de 1'agriculture americaine, et
il a necessite le recours precoce a la mecanisation qui a permis des gains de productivite*. En 1945,
il fallait par exemple 90heures de travail par acre* de coton; aujourd'hui 5heures suffisent. Si les
rendements restent inferieurs a ceux de 1'Europe du nord-ouest, les couts de production sont en
revanche plus avantageux.
La superficie moyenne d'une exploitation depasse 200 hectares, mais la realite agricole
americaine est diverse: d'un cote, une agriculture familiale lourdement endettee et marginale qui
represents 70 % des fermes; de Fautre environ 600 000 grands domaines, comme ces feed-lots* ou
sont parfois eleves 100 000 bovins, mais qui assurent plus de 80 % des ventes agricoles.

1.3 Une agriculture intégrée


Des 1'origine, les agriculteurs americains ont pris en compte les lois du marche. Ainsi s'explique la
mise en place de zones specialisees, les belts*, qui sont encore identifiables a 1'Est, meme si la
culture domi-nante est desormais associee a d'autres productions. Les facteurs eco-nomiques autant
que les facteurs naturels expliquent la repartition des productions.
Aujourd'hui, 1'agriculture n'est plus que le maillon central d'un vaste complexe agroalimentaire
qui emploie 20 millions de personnes, contribue pour 18% au P.N.B. et fait des Etats-Unis le
premier exportateur mondial de produits agroalimentaires. C'est, pour eux une richesse et,
souvent, une source de conflit avec la C.E.E., accusee d'entraver ou de concurrencer les exportations
americaines.
3. UNE ECONOMIE DE SERVICES

3.1 Le secteur le plus dynamique


Depuis les annees 70, 95 % des nouveaux emplois relevant du secteur tertiaire. La restauration
cree, a elle seule, par exemple, plus d'emplois que I'ensemble des industries de haute
technologic. Ce sont done 85 millions de personnes qui travaillent aujourd'hui dans les services.
Cela represents environ 72 % de la population active, contre 60% en 1960. Cette progression
s'est accompagnee d'une feminisa-tion tres importante.
Get essor s'explique a la fois par le transfer! a des societes speciali-sees de taches effectuees
jusque-la au sein des entreprises industrielles, mais aussi par les transformations des modes de vie
et de travail.
Grace au developpement des loisirs, le tourisme qui fait deja tra-vailler 8 millions de
personnes, cree un emploi sur cinq. Dans treize Etats sur cinquante il est meme le premier
employeur.

3.2 Un secteur tres divers


Ce secteur des services comprend un eventail tres large d'activites, depuis les activites les plus
humbles - comme les services domesti-ques — jusqu'a la recherche, pour laquelle les Etats-Unis
beneficient encore de 1'apport d'immigrants scientifiques et intellectuels, venus d'Europe
comme des pays pauvres.
Cette diversite s'accompagne d'une faible concentration des entreprises, bien plus faible que
dans le secteur industriel. II existe pour-tant de tres grosses entreprises qui symbolisent la
puissance de cer-taines activites. La fonction publique — emplois federaux, des Etats et comtes
— occupe une place importante; avec 19millions d'emplois elle depasse les emplois industriels.
Parmi les services prives les plus significatifs, sont les services financiers, ceux lies a la
communication, et enfm aux loisirs. Des firmes comme American Express, N.B.C., Walt
Disney Co. ont une importance mondiale, apportant aux Etats-Unis des devises.

3.3 Une activite essentiellement urbaine


Le tertiaire superieur et le tertiaire banal occupent dans la ville des espaces differents. De
nombreuses activites comme le commerce ou 1'hotellerie ont en effet deserte les centres
urbains et accompagne la population vers la peripherie.
Inversement, les services de haut niveau et les sieges sociaux des entreprises restent
concentres au coeur des villes sous forme de C.B.D.*. Le prestige attache a certaines
localisations freine meme la dispersion a travers le pays.

4. LA PREMIERE PUISSANCE MONDIALE

4.1 Une puissance economique emoussee ?


Les Etats-Unis effectuent encore, malgre la concurrence, 13 % du commerce mondial. Us occupent
ainsi une premiere place, qu'ils doi-vent au volume considerable de leurs importations. En effet,
depuis une dizaine d'annees, leur balance commerciale est regulierement de'ficitaire, et
1'Allemagne leur a ravi le titre de premier exportateur mondial.
Les exportations americaines se composent de materiels de haute technologic, mais aussi pour 25
%, de produits d'origine miniere ou agricole. Les produits manufacturés representent 75 % des
importations du pays. Cela fait des Etats-Unis le premier importateur de ce type de produits,
mais revele son recul industriel dans plusieurs secteurs.
Le flechissement apparair aussi au plan financier. Au cours des annees 80 le pays est devenu
debiteur, alors qu'il etait continuelle-ment crediteur depuis la guerre de 1914-1918.

14.2 Le gendarme du monde ?


Avec 1'effacement de 1'ex-U.R.S.S. de la scene internationale, tout contrepoids a 1'hegemonie
militaire americaine paralt avoir disparu. Meme si les operations ont etc menees au nom des
Nations-Unies, la puissance americaine a etc decisive en 1991 dans la guerre du Golfe, tout comme
dans I'intervention humanitaire en Somalie, en decembre 1992. Mais la puissance militaire coute
cher...
Cette domination s'exerce aussi au plan economique et financier. Depuis 1945 en effet, le dollar
sert de monnaie de reference dans la majorite des echanges internationaux et de monnaie de
reserve dans beaucoup de pays. De meme sa puissance agricole permet aux Etats-L'nis d'influer sur
les cours mondiaux, ou encore d'utiliser I'aide ali-mentaire comme moyen de pression sur les
pays du tiers-monde. Cspendant les difficiles negociations du G.A.T.T. temoignent de
Finquietude americaine face a 1'agriculture de la C.E.E.
14.3 Un modele culture! ?
Les Etats-Unis et l’American way of life fascinent. Aucun pays n'exerce une influence aussi
forte sur les cultures etrangeres. Cette ination prend des formes multiples. Par leur presence
dans le monde entier, les multinationals participent par exemple a 1'anierica-orion du mode de vie
des differents continents: Coca-Cola, McDonoald, Disney... font partie des vecteurs les plus
connus. D'autres sup- E, comme la chanson, le cinema, ou plus simplement la langue, i les valeurs
americaines.

Thème :
La mondialisation

Compétence terminale 
Mettre en relation des phénomènes complexes pour en expliquer les mécanismes et les
interactions, de l’échelle mondiale à l’échelle d’un Etat.

Compétences spécifiques :
Caractériser les cartes de la puissance dans le monde d’aujourd’hui.
Différencier les grands groupes de pays qui constituent le Tiers Monde jusqu’à la chute du
mur de Berlin.
Expliquer la substitution des interdépendances accrues aux relations entre pays dominants
et pays dominés.
Expliquer dans quelle mesure la recherche des meilleurs coûts et la conquête des marchées
sont à la base de l’internationalisation de l’économie.
Analyser le rôle de la montée des nationalismes dans la fragmentation territoires.
Montrer l’importance des enjeux transnationaux et la nécessite de la sécurité collective
dans le renforcement du droit international et du rôle fondamental de l’ONU.
Mettre en relief la contradiction existant entre l’application du droit international et le
respect de la souveraineté des Etats.

MONDIALISATION

I- LES CENTRES DE LA PUISSANCE

Le systeme monde est en recomposition. Le role majeur des Etats-Unis, la division entre pays
avances et pays pauvres sont herites du passe mais les evolutions actuelles sont essentielles:
effondrement du bloc communiste, affirmation du Japon, renouveau europeen et emergence
de nouvellespuissances issues de I'ancien Tiers-Monde.

La concentration de la puissance
1. Aucun Etat ne dispose d'une puissance totale
Pour etre une superpuissance mondiale, il faut des capacites economiques considerables, une
armee forte, une influence diplomatique importante et un grand rayonnement culturel,
technique et scientifique.
Aucune puissance ne cumule completement tous ces atouts : elle aurait une situation de
monopole* et exercerait son hegemonic* sur le monde. Seuls les Etats-Unis se rapprochent de
ce modele.
Avant sa decomposition, 1'URSS etait percue comme une superpuissance, en rai-son de son
poids militaire et diplomatique, mais ses faiblesses economiques et cul-turelles etaient
manifestes. Il manque au Japon et aux Etats europeens la puissance militaire et diplomatique.
L'Europe n'est pas assez unie politiquement pour appa-raitre, a court terme, comme une
puissance a part entiere sur la scene internationale.

2. Le groupe des Sept determine l’ordre economique mondial


Le G7, groupe des sept premieres economies mondiales, comprend les Etats- Unis, le Japon,
I'Allemagne, la France, 1'Italie, le Royaume-Uni et le Canada. Leur P.N.B. global represente plus
de 60% de celui de la planete (doc. 1). La puissance de cet ensemble se reflete dans ses grandes
metropoles, veritables centres d'impulsion du monde, dont le poids economique est souvent
superieur a celui de tres grands Etats (doc. 3). Le G7 n'est pas une institution mais, lors des
sommets qui reunissent ses chefs d'Etat, se decident les grandes orientations economiques e» j
diplomatiques du monde.

3- La notion de Tiers monde est aujourd'hui depassee


De 1945 a 1975, le Tiers monde est apparu comme un ensemble de pays pauvres^ fortement
dependants des puissances capitalistes ou socialistes, et ayant des inte-rets communs. Bien que
des voies de developpement differentes aient etc choi-sies, le Sud a fait figure de force
importante sur la scene internationale, pon defendre son independance politique, ses
ressources, et revendiquer 1'aide technologique et financiere du Nord.
La decennie 1980-1990 a marqué 1'eclatement du Tiers monde. Les Etats liers ont beneficie de
rentrees financieres massives et les N.P.I.* (nouveaux pays industriels) ont confirme leur
decollage economique. Certains, comme le Bresfl < le Mexique, concurrencent parfois les
puissances du Nord et les quatre d'Asie - Coree du Sud, Hong Kong, Singapour et Taiwan - ont
accede au rang < nations industrialists. La definition que Ton donnait du Tiers monde il y a 20 i
ne s'applique plus guere en 1993 qu'aux P.M.A.*, pays les moins avancés.

II- L 'ORGANISATION DU SYSTEME-MONDE


1. La complex ite des relations de domination et de dependance
Le systeme-monde des annees 1950 etait relativement simple. Les pays industriels, detenteurs de
capitaux et de technologic, exploitaient les matieres premieres du Tiers monde. Us lui
fournissaient des produits manufactures simples, creant aussi des usines sur place pour utiliser
une main-d'oeuvre bon marche.
II subsiste des heritages d'un tel schema, mais celui-ci est devenu plus complexe. Bien que tres
inegale, 1'industrialisation du Sud est une realite et represents aujourd'hui pres de 20 % de la
production mondiale. Le marche de consommation interieure de quelques grands pays en
developpement est aussi devenu tres attrac-tif : les multinationales du Nord s'y implantent
maintenant pour le desservir. Par exemple, les 7 % de Chinois qui ont une consommation
proche de la moyenne occidentale represented 80 millions de clients. Les pays du Sud se sont
certes lour-dement endettes pour financer leur developpement. Mais 1'ampleur meme de cette
dette, 1350 milliards de dollars, en fait des interlocuteurs de poids : 1'arret des rem-boursements
mettrait en peril le systeme financier international.

2. Centres et peripheries s'organisent en un veritable reseau


Le schema centre-peripherie s'est lui aussi modifié. On ne peut plus considerer le Sud, dans sa
totalite, comme une peripherie et les puissances du Nord comme des centres de domination
absolue. Des sous-centres de commandement ont emerge dans 1'ancien Tiers monde. Us
deviennent ainsi des poles qui dirigent et organisent un territoire plus ou moins vaste, depassant
parfois leurs frontieres politiques. Certains, comme Taiwan et la Coree du Sud, sont meme
suffisamment puissants pour investir dans les Etats les plus riches et y creer des activites. Seuls
les pays les plus pauvres restent tres largement domines. Ces liens de plus en plus nombreux,
instaurent desormais des interdependances* plus que des dependences. Les centres sont relies
directement par des flux de marchandises, de capitaux, d'informations et constituent ainsi un
veritable reseau planetaire a la tete duquel on trouve les grandes metropoles de l’oligopole*.

3. Les puissances regionales jouent un role accru


Le phenomene qui a sans doute le plus contribue a faire evoluer le systeme- monde depuis
deux decennies est la montee des puissances regionales*. Ces Etats ont tendance a devenir le
centre principal de leur zone et peuvent avoir un role essentiel dans la diffusion du
developpement aux pays proches. A partir d'une puissance regionale peut ainsi s'amorcer un
processus d'integration qui va dyna-miser les peripheries.
Toutes les puissances regionales n'ont pas un role aussi actif. Celles qui sont entourees de pays
beaucoup plus pauvres et plus faibles, s'imposent assez facile-ment: c'est le cas pour le Bresil et
1'Afrique du Sud. Celles qui sont proches des puissances du Nord, comme le Mexique face aux
Etats-Unis, la Turquie face a 1'Europe et les dragons d'Asie face au Japon, restent dans 1'ombre
de leur grand voisin. Quant a la Chine et a 1'Inde, veritables geants demographiques et geogra-
phiques, les rivalites qu'elles entretiennent et leurs retards de developpement ne leur permettent
guere de jouer le role de locomotives economiques en Asie.
Le monde est aujourd'hui domine par les Etats-Unis, les pays de la Communaute europeenne et
le Japon, mais I'emergence de puissances regionales remet en cause les rapports Nord-Sud et
fait evoluer le dispositif'centres-peripheries. Le renforcement des interde-pendances
accompagne la mondialisation de l’economie.

LA MONDIALISATION DE L’ECONOMIE

Aujourd’hui, la realisation d'unproduit se concoitpour I'ensemble de laplanete. Les


investissements, les usines, la main d'oeuvre neces-saires a sa fabrication, les transports qui
vontpermettre de le distri-buer s'organisent a, I'echelle du globe. L’economie s'est mondialisee.

I. UN MARCHE PLANETAIRE
1.- Des echanges en croissance tres rapide
En 1990, la valeur du commerce international de marchandises a approche 3 500 I milliards de
dollars, centre un peu plus de 300 en 1970. Sauf en 1975, et en 1981- j 82, les echanges
intemationaux n'ont cesse de s'accroitre, augmentant en moyenne I une fois et demie plus vite
que la production. Les pays developpes captent pres de 75% des flux marchands*, 1'Europe
s'imposant comme le premier pole commercial du monde.
Ces progres tiennent en partie a 1'explosion demographique mondiale et a b I hausse du
niveau de vie, qui ont agrandi les marches. Le decollage economique de divers pays en
developpement, devenus exportateurs et importateurs de produits. et 1'implantation de filiales
de firmes multinationales dans de nombreuses regions 1 de la planete, sont aussi des elements de
cette croissance. Enfin, les accords com-1 merciaux et la reduction des tarifs douaniers
negocies dans le cadre du GATT*, ainsi que la multiplication de zones de libre-echange a
1'interieur d'organisations I regionales, ont beaucoup contribue a 1'essor du commerce mondial.
La croissance des echanges de marchandises enframe d'une circulation accrue 1 des capitaux.
Ces, flux financiers* servent a regler les importations et les services intemationaux comme les
transports, le tourisme et les assurances. Enfin, 1'intew nationalisation des activites s'est
traduite par la croissance des investissements i 1'etranger, un nombre limite de pays jouant un
role cle en ce domaine.

2. La revolution des communications apermis la, mondialisation des


echanges
Apres 1945, les transports ont connu une veritable revolution. Les navires petroliers et
mineraliers ont atteint une capacite de 300000 a 500000 tonnes. Cela permet de reduire
massivement le cout dufret* maritime. L'amelioration des reseain et du materiel, la
specialisation des fonctions ont accru la rapidite des transp continentaux. La generalisation des
conteneurs permet aussi des gains consic rabies, la meme charge passant du bateau au train ou
au camion, avec des manipulations reduites. Les progres des transports aeriens, 1'essor des
telecommutions, en particulier par satellites, permettent enfin une circulation rapide
hommes et de I'lnformation.
Un systeme de transport doit etre aujourd'hui multimodal*, done connecter I voie d'eau, la
route et le rail par exemple. II doit aussi disposer d'un grand ae port international et d'un
reseau de telecommunications modernes. Les situatk sont en fait ties contrastees (doc. 3).
Beaucoup de regions souffrent de leur is ment ou de n'etre desservies que par un systeme
incomplet. Les grands nceuds < reseau terrestre d'echanges correspondent aux grandes
metropoles internation

II. L'INTERNATIONALISATION DE LA PRODUCTION

1. La division Internationale du travail estfondee sur les avantages economiques


de chaque Etat
De meme que les taches sont divisees a 1'interieur des entreprises et des pays, elles le sont
aujourd'hui entre les Etats : c'est la division Internationale du travail*. Pendant longtemps les pays
pauvres ont fourni les matieres premieres ; ils ne dis-posaient que de quelques fabrications simples,
alors que les pays riches concen-traient une gamme complete d'activites ainsi que les fonctions de
direction.
Dans un deuxieme temps, surtout a partir des annees I960, les pays en develop-pement ont diversifie
leurs productions. Les pays riches leur ont peu a peu aban-donne les fabrications necessitant une
main-d'ceuvre importante et non qualifiee : textile, travail du cuir (doc. 5), jouets, materiel menager,
montage d'appareils elec-triquesr La recherche d'un salariat bon marche etait alors le facteur
determinant de localisation de ces industries et a beaucoup profile aux -pays ateliers- d'Asie.
Ces facteurs de developpement de 1'activite n'ont pas disparu mais ils ne sont plus aussi
determinants, alors que d'autres jouent un role croissant. Aujourd'hui, on s'implante a 1'etranger pour
conquerir un marche prometteur, meme si les couts de main-d'ceuvre ont beaucoup augmente : les
Japonais, les Coreens et les Euro-peens qui creent des etablissements au Nord du Mexique, dans la
region frontiere des maquiladoms (doc. 4) ne le font pas uniquement pour trouver de bas salaires,
mais pour se positionner sur le grand marche nord-americain, fort de 360 millions de
consommateurs. La recherche de la securite des investissements est aussi deve-nue un critere
important, ce qui explique que les regions en proie a des troubles politiques frequents soient
delaissees.

2. La mondialisation de I'economie a d'importants effets geographiques


La mondialisation de 1'economie, la nouvelle division internationale du travail, la delocalisation de la
production industrielle, la montee de nouveaux concurrents, ont de profondes consequences
geographiques. Les vieilles regions industrielles d'Europe et des Etats-Unis, qui s'etaient developpees
sur des gisements de charbon ou de fer ou grace a la presence d'une abondante main-d'ceuvre, ont
perdu leurs atouts. Les activites qui avaient fonde leur richesse - charbonnages, siderurgie, textile -
se sont effondrees; la reconversion economique, amorcee il y a trente ans, est difficile. Au contraire,
dans les pays en developpement et les nouveaux pays industriels, le decollage de nouvelles bases
productives accelere 1'urbanisation, polarise les migrations interieures et accentue les desequilibres
territoriaux.
L'aspect majeur de ces evolutions est la maritimisation*. La croissance des echanges a donne aux
littoraux des avantages importants : 1'importation de matieres premieres a faible cout est facilitee,
de meme que 1'exportation des pro-duits finis. Le phenomene s'est amorce dans les annees I960
avec la creation des zones industrialo-portuaires. Il se rehforce aujourd'hui. Beaucoup de zones
tranches du monde sont cotieres et les poles majeurs du dynamisme actuel sont souvent littoraux :
Singapour en est un bel exemple. Cependant, etre au bord de la mer ne suffit pas : seuls les littoraux
bien places par rapport aux grands courants d'echanges planetaires, peuvent profiter de cette
nouvelle dynamique.
L'accroissement des flux marchands et financiers caracterise la mondialisation de
I'economie. Ces evolutions integrent de nouveaux Etats au groupe des pays developpes, mais
ont tendance a accroitre la marginalisation des plus pauvres.

UN MONDE EN RECOMPOSITION

Depuis I'éclatement de I'URSS, le systeme-monde se recompose sur de nouvelles bases, avec, d'un
cote, la possibilite d'un role international accru pour I'Europe et le Japan, del'autre, la montee
d'organisations regionales.
I. DE NOUVEAUX RISQUES GEOPOLITIQUES

1. L'ancien ordre planétaire s'est effrondré


Entre 1989 et 1991, le monde bipolaire* fonde sur la confrontation des Etats-Unis et de 1'URSS,
s'est effrondre. La fin du communisme en Europe de 1'Est, la chute du mur de Berlin et la
reunification de PAllemagne, la dislocation de 1'Union sovietique, ont fait eclater I'organisation du
monde issue de la Seconde Guerre mondiale.
Tous les Etats n'etaient pourtant pas ranges sous la bannière du Pacte de Varsovie* ou sous celle
de I'OTAN*. La Suisse et la Suede sont restees neutres ; 1'Egypte s'est degagee de 1'influence
sovietique pour se rapprocher du camp occidental. Dans le meme temps, I'URSS s'alliait au
Vietnam, au Nicaragua, a PEthiopie... Ces avancees et ces reculs n'etaient rien d'autre que la
gigantesque partie d'echecs que se livraient les deux Grands pour le controle du monde. Des pays
cornme la France et la Chine ont manifeste une certaine independance, mais leur influence est
res-tee limitee, les superpuissances determinant seules 1'ordre mondial.
Le monde a alors vecu une -paix armee». Les conflits regionaux ont ete nombreux, mais aucun n'a
tourne a I'affrontement mondial. L'ONU estime qu'entre 1950 et 1989, les guerres entre Etats ont
fait 7,3 millions de morts, contre 39,3 millions pour la decennie 1940-1949. -L'equilibre de la
terreur» a evite que les tensions ne degenerent : URSS et Etats-Unis avaient concentre un
prodigieux stock d'armes nucleates, si destructrices que les deux camps pouvaient s'aneantir
mutuellemeni La menace etait telle qu'aucune des deux superpuissances n'a couru le risque de
declencher un conflit majeur: la dissuasion* nucleaire a fonctionne.

2. La montee des nationalismes menace I'existence des Etats


Quand un Etat exerce sa souverainete sur un territoire borne par des fronti stables et ou vivent
des habitants qui ont conscience d'etre un seul peuple, on est en presence d'un Etat-nation*. La
France et PAllemagne peuvent etre consic comme des Etats-nations. Cette situation est pourtant
assez rare. Beaucoup dl d'Europe centrale et orientale, d'Asie et d'Afrique ont ete delimites plus
recen a Pissue des deux guerres mondiales et de la decolonisation.
La plupart de ces Etats abritent plusieurs etbnies* ou nationalites*. Jusqu'ahl des annees 1980,
dans certains Etats, comme I'URSS, des regimes forts i la paix interieure par un controle militaire
et policier, une limitation striae i libertes. L'effondrement de ces dictatures s'est souvent traduit
par un retour I aux affrontements ethniques. La Yougoslavie s'est disloquee (doc.l), divers :
d'Afrique comme le Soudan, le Tchad, le Liberia sont depuis longtemps en ; aux memes
violences, ainsi que 1'Afghanistan malgre le retrait des Sovie Pour la Tchecoslovaquie, le
partage a ete negocie mais, dans certaines Repu de Pex-URSS, la guerre civile fait rage. Ainsi, le
reveil des nationalismes < souvent a I'eclatement des Etats.

II- VERS UN MONDE MULTIPOLAIRE


1. La geopolitique mondiale tend à s'ordonner autour des Etats-Unis, de
l’Europe et du Japon
La disparition de 1'URSS favorise le renforcement de nouvelles puissances. La Russie reste certes
1'Etat le plus etendu du monde, conserve d'immenses richesses naturelles et un potentiel militaire
important, mais elle est en proie au chaos eco-nomique et aux incertitudes politiques. Elle ne peut
assumer, dans un avenir proche, le role de puissance mondiale qu'avait 1'URSS.
Les Etats-Unis sont devenus le principal pivot de la geopolitique mondiale. Leur puissance
economique et militaire reste considerable, mais leurs difficultes inte-rieures sont importantes. La
concurrence economique severe dujapon, les proble-mes sociaux et ceux poses par les minorites,
I'insecurite croissante preoccupent de plus en plus 1'opinion publique. De plus, le pays connait des
problemes financiers enormes avec, notamment, une dette colossale.
Dans un tel contexte, la Communaute europeenne et le Japon ont des atouts pour accroitre leur role
international. Prise dans son ensemble, 1'Europe des Douze est la premiere puissance economique du
monde, renforcee de surcroit par son association avec 1'AELE (doc. 4). Elle n'apparait toutefois pas
comme un ensemble capable de parler d'une seule voix. Seule une union politique plus solide entre
les pays membres pourrait augmenter son poids. Quant au Japon, il est incontesta-blement un geant
sur le plan economique et financier mais reste encore un nain sur le plan militaire et diplomatique. Le
pays renforce pourtant ces positions.

2. La montee des organisations regionales peut etre a la source d'un nouvel equilibre
Les organisations regionales associent plusieurs Etats, geographiquement proches et ayant des
interets communs (doc. 4). La Communaute europeenne, creee en 1957 est la plus originate et la
plus elaboree car elle comprend quatre des membres du G7 et elle a pousse 1'union tres loin. Les
politiques communes cherchent a favo-riser 1'integration des economies et des territoires. Beaucoup
d'organisations regionales sont anciennes, par exemple le Marche commun d'Amerique centrale*
date de 1951,1'Association des Nations de 1'Asie du Sud-Est (ASEAN*) de 1967, le Pacte Andin" de
1969, le Marche commun des Cami'bes* de 1973, la Conference de coordination pour le
developpement de I'Afrique australe* de 1980.
Pourtant, a la difference de la Communaute europeenne, ces associations n'ont eu qu'un role tres
limite pendant la periode de tension Est-Ouest. La nouvelle situation mondiale leur donne un
deuxieme souffle et la plupart d'entre elles se ren-forcent. D'autres viennent de naitre, comme le
Mercosur*, cree en 1991 et \ALENA*, grand marche commun nord-americain qui a vu le jour en
1992. Des associations encore embryonnaires apparaissent ailleurs, comme la Cooperation
economique regionale de la mer Noire* et la Zone de cooperation baltique*.
L’evolution semble se faire vers un mbnde forme d'ensembles regionaux. Trois centres
domineraient au sommet: les Etats-Unis, dont la sphere d'influence serait 1'Amerique; la
Communaute europeenne, qui s'imposerait en Europe et dans une partie de I'Afrique; le Japon,
centre moteur en Asie. Un tel schema reste cependant une projection hypothetique.
La fin de I'organisation bipolaire du monde ouvre une periode d'incertitude geopolitique.
Deux tendances contradictoires coexistent : celle du morcellement des Etats et celle de leur
regroupement dans des associations regionales.

DE NOUVELLES SOLIDARITES PLANETAIRES


La période actuelle, qui suit la Guerre froide, est marquee par Vacceleration du desarmement et
par le renforcement du droit international. Les Nations-Unies apparaissent de plus en plus comme
garantes de la securite collective du monde.

I. VERS UN NOUVEL ORDRE INTERNATIONAL ?


1. La fin du xx* siecle voit un renforcement du droit international
L'Assemblee generate de I'ONU du 17 novembre 1989 a proclame la periode 1990-1999,
-decennie des Nations-Unies pour le droit international-. Le monde actuel se trouve dans une
periode de transition. Pendant plus de 40 ans, les deux grands ont controle 1'ordre mondial et la
dissuasion nucleaire a evite tout conflit majeur. On pourrait penser que 1'effacement de 1'URSS a
laisse aux seuls Etats-Unis le role de -gendarme du monde». II est vrai que seuls les Americains
possedent aujourd'hui un dispositif militaire complet et deploye sur toute la planete (doc. 1).
Cependant, cette force edifice centre la menace sovietique s'avere aujourd'hui d'un cout demesure.
C'est ainsi que les Americains ont du faire appel a PAllemagne, au Japon et aux
petromonarchies* pour financer 1'intervention centre 1'Irak en 1991.
Certaines menaces sont aujourd'hui levees et le desarmement s'accelere chez la plupart des
grandes puissances, mais d'autres risques sont apparus. La multiplication des guerres ethniques
et nationalistes conduit a la proliferation locale des armements. Pays du Sud et peuples en
conflit achetent a bas prix d'enormes stocks d'armes conventionnelles, cherchant aussi a se
procurer des armes nucleaires, ce qui pourrait menacer la paix globale. II est plus que jamais
necessaire de garantir la securite collective'. Aussi, sous 1'impulsion des grandes puissances,
assiste-t-on a un renforcement des principes du droit international" et des moyens de les faire
respecter. L'intervention militaire centre 1'Irak en 1991 a etc ainsi presentee comme une -guerre du
droit», conduite sous 1'egide et le controle des Nations-Unies.

2. L'ONU revient sur le devant de la scene Internationale


L'organisation des Nations-Unies a vu le jour en 1945, avec pour objectif le main-tien de la paix
dans le monde. Cette fonction incombe au Conseil de securite, constitue de 15 membres, dont 5
permanents : les Etats-Unis, 1'URSS, le Royaume-Uni, la Chine et la France. Les membres
permanents disposent chacun d'un droit de veto leur permettant de bloquer toute decision.
Pendant la Guerre froide, 1'Est, et 1'Ouest se sont bloques mutuellement utilisant 279 fois leur
droit de veto, au point que I'ONU est apparue comme totalement inutile et inefficace.
Les conditions ont aujourd'hui bien change; la Russie a herite du siege de 1'URSS et la
cooperation a remplace la confrontation, meme si les Nations-Unies ne sont pas encore un arbitre
inconteste. Les interventions directes consistent en 1'envoi de forces d'interposition composees
de Casques bleus, soldats fournis par les Etats membres. Ces actions sont souvent delicates et
restent d'une efficacite discutable. Elles sont aussi couteuses et 1'organisation manque
cruellement de moyens. Elle est financee a 25% par les Etats-Unis; les autres grands bailleurs de
fonds sont le Japon et 1'Allemagne qui participent pour 12,5 et 9%. Ces deux pays revendiquent
aujourd'hui un siege de membre permanent au Conseil de securite.

II. LES PROGRES DE FACTION COLLECTIVE


1. Une cooperation transnationale accrue
De nombreux gouvernements ont pris conscience que certains problemes concer-naient
1'ensemble de la communaute Internationale et ne pouvaient etre regies dans le seul cadre des
Etats. Les domaines concernes sont nombreux : preservation de 1'environnement et prevention
des risques majeurs, problemes de developpe-ment, d'education et de sante, lutte centre la
drogue, le crime organise et «l'argent sale-. La question des refugies a aussi une dimension
planetaire (doc. 3); ils sont aujourd'hui une vingtaine de millions, qui ont quitte leur terre natale
pour fuir la guerre. Une minorite a ete accueillie dans les pays riches, au titre de Faction huma-
nitaire. La grande majorite, cependant, campe dans des conditions souvent tres precaires, pres
des frontieres de la region de depart.
Diverses institutions specialisees des Nations-Unies ont vocation a traiter ces problemes. C'est le
cas, par exemple, de 1'OMS, Organisation mondiale de la sante; de la FAO, Organisation pour
Palimentation et 1'agriculture ; de 1'UNESCO, Organisation des Nations-Unies pour 1'education,
la science et la culture ; de la CNUCED, Conference des Nations-Unies pour le commerce et le
developpement. On trouve aussi des institutions aux competences tres precises, comme
1'UNICEF, Fonds des Nations-Unies pour 1'enfance et le HCR, Haul commissariat aux refugies.
Elles peu-vent decider de programmes et d'actions specifiques qui concernent, pour la plu-part,
les pays en developpement. D'autres organisations interviennerit aussi, comme ['Organisation
de cooperation et de developpement economique, I'OCDE, dont le Comite d'aide au
developpement, qui regroupe les 18 pays les plus riches, gere I'aide annuelle attribuee aux pays
en developpement.

2. Le renouveau des droits d'intervention et d'ingerence


L'un des principes de base du droit international est la «non-intervention- dans les affaires
interieures des Etats. On ne peut done organiser aucune action collective officielle centre un coup
d'Etat ou les exactions d'un regime dictatorial, dans la mesure ou ces actions ne sortent pas des
frontieres du pays concerne. L’intervention* est prevue dans le cas ou il y a agression exterieure
menacant la paix inter-nationale. Differentes actions sont alors possibles : ultimatum decide par le
Conseil de securite, mise en place d'un embargo, intervention armee comme contre 1'Irak.
De telles mesures sont efficaces pour retablir le droit. Encore faut-il parvenir a un accord
international, souvent difficile a obtenir. Intervenk contre un Etat, c'est en effet remettre en cause
la souverainete qu'il exerce sur son territoire, principe sacre des relations Internationales. De
plus, rien ne peut aboutir sans 1'accord des Grands, et des Etats-Unis en particulier, souvent
accuses d'exercer un droit d'intervention a "geometric variable-.
Il en va de meme pour le droit d'ingerence'. Il est surtout mis en oeuvre par des institutions
humanitaires, comme la Croix-Rouge ou Medecins sans frontieres. Les instances officielles
n'interviennent que rarement. Elles craignent d'etre accusees d'atteinte a la souverainete de 1'Etat
concerne, alors que la paix Internationale n'est pas menacee. Pourtant, peut-on laisser mourir
des refugies ou des populations menacées de famine? Ces carences du droit international
justifient que les ONG*, organisations non gouvernementales, soient aujourd'hui les principaux
instruments de I'aide humanitaire.
Les regies de vie entre les hommes se sont progressivement elaborees pour des groupes deplus en
plus importants: d'abord dans le cadre de la famille, du village ou de la tribu, plus tard dans celui
de I'Etat. On cherche aujourd'hui à les definir pour l'ensemble du monde.

Travail d’Eleve

Mettre en évidence les liens entre pays dominants et pays dominés, les différents éléments du
paysage mondial et l’accroissement des interdépendance.
Présenter à l‘aide d’une carte l’organisation du système-monde : Les grandes puissanes, Le tiers-
monde.

Dresser un tableau graphique pour expliquer l’evolution du marché economique mondiale de


2000 à 2010.

Dans un texte de trente lignes, expliquer certains facteurs qui seraient à la base de la crise
économique du marché mondial au cours des années 2008 et 2009.

Expliquer l’ordre géopolitique autour des Etats-Unis, du Japon et de l’Europe et de rechercher


des facteurs d’un nouvel équilibre dans la montée des organisations régionales.

Elaborer un texte de vingt pour expliquer l’effondrement de l’ancien ordre planétaire tout en
mettant en relation la montée des nationalismes et l’existence des Etats.

Elaborer un texte sur la présence militaire des Etats-Unis et les missions des Nations Unis dans le
monde tout en mettant l’emphase sur leurs rapports interdiplomatiques.

Présenter sous forme les différentes structures des l’organisation des Nations Unies ainsi que leur
role sur la scène sociopolitique et économique internationale.

Mettre en relief l’accroissement de la coopération transnationales et les droits d’intervention et


d’ingérence.
Thème :
La Russie : une puissance décadente.

Compétence terminale 
Mettre en relief la force et les faiblesses de la Russie durant ces dernières années.
Compétences spécifiques :
Expliquer les facteurs géographiques, politiques et économiques de la puissance russe.
Analyser la situation de la Russie dans le monde aujourd’hui.

L'EX-UNION SOVIETIQUE, ESPACE EN CRISE

1. L'empire éclate
1.1 La Russie et les autres
Du xvie siecle au debut du XXe siecle, les Russes avaient constitué un empire immense, continu,
integrant plus d'une centaine de peuples. Dans le cadre de I'Union sovietique, heritiere de cet
empire, ils formaient un peu plus de la moitie de la population, disperses inegalement entre les
quinze Republiques federees.
Devenues independantes, ces quinze Republiques forment des Etats d'importance fort inegale,
parmi lesquels la Russie reste le seul geant, a cheval sur I'Europe et I'Asie, de la Mer baltique a
I'Ocean pacifique. Avec plus de 17 millions de km2 - les trois quarts de 1'ex-Union sovietique — elle
est le plus vaste Etat au monde.
Par sa taille, sa situation, la Russie est ou sera confronted a de nom-breuses difficultes: son territoire
n'est plus continu; il comprend de nombreuses minorites nationales dont certaines aspirent a
1'indepen-dance; enfin 25 millions de Russes vivent hors de Russie, dans les autres Etats ou ils
forment une minorite souvent mal acceptee.

1.2- La croissance des peuples islamiques


Depuis les annees 60 la croissance demographique de ces Etats oppose les peuples slaves et les
peuples islamiques.
Les premiers, dont les Russes, se rapprochent en apparence des comportements de I'Europe
occidentale: faible fecondite, faible accroissement naturel, vieillissement. Mais I'esperance de vie y
est plus faible, la mortalite infantile encore elevee; et surtout le relevement de la mortalite traduit la
crise de ces societes, minees par Tabus d'alcool, les accidents, mal servies par un service medical
defaillant.
Plus ruraux les peuples islamises du Caucase et d'Asie centrale se comportent comme les pays
moins developpes: forte fecondite, population jeune, faible mortalite, forte croissance.

1.3 La repartition de la population


Un peuplement tres contraste, des immensites vides d'hommes: la repartition de la population
s'explique par 1'histoire du peuplement et les fortes contraintes du milieu: le froid au nord et a Test,
1'aridite au sud. La partie europeenne, qui ne couvre que 20% de 1'espace, porte 70% de la
population.
Cette repartition cree des problemes, notamment a la Russie et aux Etats musulmans. Riche en
ressources minieres et energetiques, la Russie asiatique manque d'hommes. En revanche les Etats
musulmans souffrent d'une plethore de main-d'oeuvre, mais leur population n'a pas de tradition
migratoire

2. DES ESPACES MAL MAITRISES

2.1 Un reseau de communications inadapte


Insuffisants dans le cadre de 1'Union sovietique, les reseaux de communications, organises en
fonction d'un territoire unique, le sont encore plus dans le cadre des nouveaux Etats. Ceux-ci
heritent de situations diverses; alors que la partie europeenne de cet espace dispose de reseaux
relativement denses et complets centres sur Moscou, les terri-toires asiatiques sont desservis par
des reseaux laches, incomplets.
Les reamenagements sont d'autant plus necessaires que les nouveaux Etats cherchent a reduire
leurs relations vis-a-vis de la Russie, au profit des pays etrangers et que, dans le cadre
d'economies de marche, ils souhaitent reduire les couts de transport, actuellement trop elevés.
Quant à la Russie elle restera confrontee aux problemes des distances demesurees et des
rigueurs climatiques qui alourdissent les couts des realisations et de leur entretien.

2.2 Des reseaux saturés


Ces reseaux assurent un trafic de marchandises et de personnes enorme, a la mesure des
distances qui separent les ressources des lieux de consommation. Mais ils sont satures, parce
qu'ils sont insuffisants et surtout parce qu'ils sont de pietre qualite.
Vetustes dans Fensemble, mal entretenus pour les equipements comme pour le materiel, les
chemins de fer assurent le plus fort trafic mondial, plus de 50 % du total mondial pour les
marchandises, plus de 25 % pour les voyageurs. Mais ils le font lentement; la vitesse des trains
de marchandises depasse de peu 30 km/h. Ils jouent un role pionnier vers la Siberie et le Grand
Nord.
Le reseau routier et autoroutier est plus etendu mais d'interet surtout regional. A cause des
rigueurs climatiques leur maintenance (deneigement, reparations apres le gel) est couteuse et
insuffisante. Le materiel presente les memes carences que les chemins de fer en vehi-cules
adaptes, notamment pour les produits alimentaires.
Alors que les voies d'eau sont penalisees par le gel hivernal et la debacle* printaniere, les
conduites souterraines pour les hydrocarbures et les reseaux aeriens assurent une part croissante
des trafics, notamment dans les regions pionnieres de Russie.

2.3 Des consequences economiques nefastes


L'insuffisante fluidite du trafic de marchandises a d'enormes repercussions economiques.
Faute de pouvoir etre evacues a temps, une partie des produits agricoles et industriels
pourrissent ou rouillent pres des lieux de production, alors que des villes et des usines souffrent
de penurie. La lenteur des convois augmente les prix de revient.
L'espace de ces Etats apparait ainsi cloisonne, et non maitrise. Ce handicap est d'autant plus
grave que Teconomie de Fex-Union, fondee sur la complementarite des productions exigeait des
echanges massifs

3. LA CRISE DES INDUSTRIES

3.1 L'energie: de la plethore à la penurie


L'Union sovietique a dispose, jusqu'a la fin des annees 80 de capa-cites energetiques enormes,
permettant des exportations de petrole et surtout de gaz. Le declin recent de la production, le
rationnement de la consommation sont le signe d'une crise grave.
Certains gisements, exploited depuis longtemps, s'epuisent. Mais il y a d'autres raisons, plus
importantes: une exploitation desordonnee, la faiblesse de la prospection de nouveaux
gisements, le gaspillage de la consommation. L'insuffisante maitrise des centrales nucleaires
dramatiquement illustree par la catastrophe de Tchernobyl en 1986 -reduit les possibilites de
production de cette forme d'energie.
L'avenir des nouveaux Etats est fort divers. La Russie dispose de possibilites immenses mais
elle doit trouver les capitaux et les techniques pour moderniser ses installations et les etendre en
Siberia. Pour la plupart des Etats, habitues a recevoir dans le cadre de FUnion une energie a bon
marche, la situation est encore plus delicate.

3.2 Les contrastes de l'Industrie


Le tableau de la production industrielle de 1'U.R.S.S. offrait des contrastes stupefiants. Aux
productions massives d'acier, de ciment et de quelques autres produits « de base» s'opposait
la penurie de biens de consommation courants; aux reussites spatiales s'opposait la mediocrite
des biens d'usage courant, la penurie de pieces de rechange.
De tels contrastes s'expliquaient par les choix du regime sovietique qui avait privilegie les
industries«de base» et celles liees a la Defense nationale. Le « complexe militaro-industriel»
formait un monde privilegie, disposant en priorite des hommes les mieux formes, des res-
sources et des capitaux, fournissant les produits les plus modernes.
Mais les reussites, parfois illusoires, s'etaient effectuees au detriment des industries civiles de
biens d'equipement familial et des biens de consommation.
3.3 Les mutations en cours
Le tableau industriel des pays de 1'ex-U.R.S.S. evolue rapidement, sauf pour les localisations.
La decision majeure est 1'abandon du sys-teme economique etatique au profit d'une
economic de marche. Autrefois detenues en totalite par 1'Etat, les entreprises sont progressi-
vement privatisees; les capitaux etrangers sont d'autant plus recher-ches que les habitants
manquent de moyens financiers suffisants.
Nombre d'entreprises actuelles ne peuvent et ne pourront s'adapter a ces nouvelles conditions;
faute de debouches, de moyens financiers pour s'adapter, elles risquent de disparaitre. Le
chomage, masque jusqu'ici par la faible intensite de travail, se developpe.

4. «L'EMPIRE DE LA FAIM»

4.1 Une crise alimentaire


Les longues files d'attente aux magasins alimentaires des grandes villes forment depuis
longtemps un spectacle habituel de I'ex-U.R.S.S. La penurie alimentaire y est mal compensee par
les productions per-sonnelles fournies par les jardins individuels.
D'autres signes attestent la realite de la crise agricole: des rende- ments has, pour les cultures
comme pour I'elevage; une croissance tres faible et irreguliere des productions ; la perte d'une
partie des recoltes par manque de main-d'oeuvre, de moyens de transport et de stockage.
Pour faire face aux besoins, I'Union sovietique etait devenue depuis le debut des annees 70
le premier importateur mondial de cereales, achetees aux Etats-Unis, au Canada, a la France...
Les nou-veaux Etats, la Russie en tete, sont confrontes aux memes difficultes, aux memes
obligations.

4.2 Une carte agricole relativement simple


Fortement lié aux conditions physiques, I'espace agricole de I'ex-U.R.S.S. se caracterise par son
ampleur - 6 millions de km2 sont cultivables, soit 600 millions d'hectares — et sa faiblesse
relative, environ le quart de I'espace. Limite par le froid siberien et arctique, par I'ari- dite
meridionale, il forme grossierement un triangle effile d'ouest en est, s'appuyant sur Saint-
Petersbourg en Russie, Odessa en Moldavie, et Novossibirsk en Siberie russe. Ailleurs, I'espace
cultive forme des oasis en Asie centrale, des centres isoles en Asie russe.
Trois grands systèmes agricoles marquent cet espace. La plus grande partie, liee au climat
continental, associe cereales et elevages bovin et porcin; c'est pratiquement le seul systeme russe.
Les marges meridio-nales de I'Europe et du Caucase (Moldavie, Georgie) y ajoutent des cultures
mediterraneennes comme la vigne ou subtropicales comme le the, les agrumes. Dans les
republiques musulmanes d'Asie centrale, le coton forme pratiquement une monoculture de type
colonial.

4.3 Un avenir incertain


Le tableau de 1'agriculture de ces Etats resulte plus de la politique menee par I'ex-Union
sovietique que par les conditions physiques, meme si celles-ci sont tres rigoureuses sur une
grande partie du terri-toire. La faiblesse des prix agricoles, fixes par I'Etat, l'abolition de la
propriete privee au profit d'immenses exploitations collectives (les sovkhozes, proprietes de
I'Etat et les kolkhozes, proprietes collectives paysannes) avaient demotive les agriculteurs et
n'avaient pas permis a 1'agriculture de disposer de moyens financiers et techniques adaptes aux
besoins. Le dynamisme de 1'agriculture pratiquee sur les petits «lopins individuels »,
minuscules proprietes personnelles des agriculteurs, permettait, et permet encore, de compenser
certaines carences.

DE I'U.R.S.S. / AUX NOUVEAUX ETATS

1. LA RUSSIE
1.1 L'heritier principal de I'ex-Union sovietique
Parmi les Etats nes de 1'eclatement de I'ex-Union sovietique, la Russie occupe une place a part.
Sa puissance apparente repose d'abord sur sa superficie et sa population. Elle est devenue, avec
plus de 17 millions de km2,1'Etat le plus vaste au monde, situe a des latitudes qui rappellent
celles du Canada. Le froid qui sevit sur une large partie du territoire, au Nord et a FEst, explique
la faiblesse relative de la population; elle approche 150 millions d'habitants mais la densite est
inferieure a 9. Toutefois ce territoire possede des ressources abondantes, energetiques et
minieres. Les exportations d'hydrocarbures representent la principale source d'exportations
et un atout dans ses relations avec les autres pays.
Par ailleurs, 1'avenir des autres Etats de I'ex-Union est etroitement lie a celui de la Russie. Elle en
etait le fournisseur d'energie et le principal marche agricole et industriel. Les relations humaines
s'etaient intensifiees: 25 millions de Russes vivent dans ces pays; en contrepar-tie la Russie
assurait la formation d'une large partie des dirigeants politiques et economiques.
1.2 Un pays « en transition de regime »
Comme tous les autres pays de I'ex-Union, la Russie est en «transition de regime »: elle a
abandonne le systeme ancien marque par la puissance de I'Etat et du parti communiste, elle
cherche a devenir un Etat democratique, liberal a economic de marche. Progressivement I'Etat
reduit son role economique: il vend une partie de ses biens de production, terres, usines,
banques; il cesse de fixer les prix des pro-duits qui dependent du jeu de I'offre et de la demande.
Une telle evolution ne se fait pas sans anarchic. Le prix des produits de base - alimentation, loyers
- augmente brusquement; une partie de la population en profite en s'enrichissant rapidement..

1.3 Les problemes territoriaux de la Russie


La stabilite economique retro uvee,i la Russie restera confronted a deux problemes interieurs,
lies a son immensite et son histoire.
D'une part la Russie est un pays tres contraste, sans commune mesure avec la France ou les
Etats-Unis. L'opposition entre la partie europeenne et asiatique est vive et preocuppante. En effet
alors que la population vit a 1'Ouest, dans le berceau de la nation russe, la plupart des reserves
minieres et energetiques sont en Asie, dans des regions presque desertes, froides et inaccessibles.
D'autre part, dans sa conquete de la partie asiatique, la Russie a integre de nombreux peuples
dont certains veulent leur autonomie ou leur independance.

2. LES ETATS OCCIDENTAUX

2.1 Les pays Baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie)


Annexes par Staline en 1940 ces trois petits Etats appartiennent, par leur culture, leur haut
niveau de formation professionnelle, plus au monde nordique qu'au monde slave.
Mais leur economic est depuis plusieurs siecles liee a celle de la Rus-sie. Celle-ci leur apporte
1'essentiel de leur energie, leur a fourni une large partie des techniciens de Findustrie. Par leur
position les Etats bakes assurent le transit par les ports de Ventspils et Klaipeda d'une partie du
commerce exterieur de la Russie.

2.2 L'Ukraine
Avec plus de 600000 km 2 1'Ukraine est le plus vaste pays d'Europe, le cinquieme par sa
population, 52 millions d'habitants.
Exploitee par la Russie tsariste puis sovietique 1'Ukraine presente un visage double: son
potentiel agricole est enorme grace aux des terres noires*, tres fertiles, qui en ont fait le grenier
a grains de 1'ex-Union; ses industries paraissent puissantes. Mais cette Industrie est menacee:
sa base energetique est fragile, car le vieux bassin charbon-nier du Donbass est peu rentable, les
hydrocarbures manquent, 1'ener-gie nucleaire est mal maitrisee; les industries sont anciennes,
trop orientees vers les productions militaires. Leur modernisation, leur reconversion exigent
des capitaux enormes alors que le pays est deja surendette.
Par ailleurs 1'Ukraine devra regler ses litiges avec la Russie; 15 millions de Russes vivent en
Ukraine, a Test et en Crimee.

2.3 La Bielorussie
Etat continental, sans facade maritime, s'etendant sur 207 000 km 2 a travers une plaine presque
parfaite la Bielorussie apparait comme un Etat « flou», a la langue proche du russe. .
Cette faible personnalite se retrouve dans son economic, tres liee a celle de la Russie et a celle
des autres pays de Fex-Union: elle en recoit 1'energie et elle leur fournit plus des deux tiers de sa
production indus-trielle, production de haute technologic.

2.4 La Moldavie

Ancienne province roumaine annexee par Staline la Moldavie, devenue le plus petit Etat de
1'ex-Union est depuis son independance, confronted a des tensions ethniques. Les minorites
forment en effet plus du tiers de la population; deux d'entre elles, les Russes a Test du Dniestr et
les Gagaouzes (turcophones de religion orthodoxe) reven-diquent leur independance.

3. LES ETATS ASIATIQUES

3.1 Les Etats du Caucase


Ayant souvent servi, dans le passe, de refuge, les montagnes du Caucase et leur piemont sont
occupes par une trentaine de peuples. Leur repartition, trop complexe, defie les frontieres
etablies a 1'epoque sovietique et suscite les plus fortes tensions ethniques au sein de 1'ex-Union.
En Georgie, Etat « pontique* », les tensions sont liees a la presence de deux minorites, les
Ossetes - partages entre la Russie et la Georgie - et les Abkhazes.
Les relations entre les deux autres Etats - 1'Armenie et 1'Azerbaid-jan - sont envenimees par
1'existence, au sein de chacun de ces Etats, d'un territoire autonome peuple majoritairement par
des peuples de 1'autre Etat. Petite, montagneuse, approvisionnee partiellement en energie par
1'Azerbaidjan, 1'Armenie apparait comme un Etat fragile.

3.2 Les Etats d'Asie centrale


L'ancien Turkestan russe a etc divise, par les dirigeants de 1'Union sovietique, en cinq
Republiques dont quatre, les plus meridionales, appartiennent a la « diagonale aride du Vieux
Monde ». Arides, froids en hiver, ces Etats dependent de 1'eau dispensee par les fleuves issus des
hautes montagnes peripheriques. Mais la culture du coton, stimu-lee a la demande des
Sovietiques, se revele pour eux un handicap tres lourd.
D'autres faiblesses touchent ces pays: les sentiments nationaux y sont faibles; les elites
intellectuelles et sociales sont rares, et surtout russes; le sous-emploi est frequent alors que la
croissance demogra-phique est tres forte. Enfin les tensions entre Etats peuvent
s'accroitre d'autant que les frontieres y sont imbriquees, que chaque Etat ne peut maitriser a lui
seul les ressources en eau. Peuple de plus de 20 millions d'habitants 1'Ouzbekistan apparait,
pour les trois autres Etats, comme un « geant» et une menace.

3.3 Le Kazakhstan
Avec une superficie de 2,7 millions de km 2 et une population de 20 millions d'habitants le
Kazakhstan est un Etat important. Mais, de tous les pays de 1'ex-Union sovietique c'est le
moins homogene.
Le Nord prolonge la Russie; peuple surtout de Russes il est devenu, depuis 1954, une region de
cerealiculture extensive; grace a ses ressources minieres et energetiques il comprend plusieurs
regions indus-trielles.
Le Sud rappelle les autres Republiques d'Asie moyenne. Entre le dé sert et la montagne les
oasis sont terres de coton et de riz.
A l’ouest la region de la mer Caspienne recele de riches ressources pétrolieres.

4. DE NOUVEAUX RAPPORTS AVEC LE MONDE

4.1 La fin d'un role mondial


La disparition de 1'Union sovietique s'est accompagnee de la dispa-rition du role mondial qu'elle
assurait cornrne premiere « puissance communiste » et comme « puissance anti-imperialiste ».
A 1'ouest de l'ex-U.R.S.S. les anciennes « democraties populaires» de 1'Europe de 1'Est ont, en
abandonnant le systeme communiste, res-treint les liens avec 1'ex-Union sovietique. Les
troupes de Tarniee Rouge retournent en Russie depuis la disparition du pacte de Varso-vie,
les liens commerciaux se relachent depuis 1'abandon du C.A.E.M.* Mais ces pays
continuent a recevoir de la Russie des hydro-carbures en grosses quantites.
Le meme desengagement de 1'ex-Union, commence avec le retour des troupes sovietiques
d'Afghanistan, s'effectue ailleurs; les liens pri-vilegies avec les Etats « socialistes » comme le
Viet-nam, Cuba, dispa-raissent.
4.2 Le desarmement
Le role mondial de 1'ex-Union sovietique s'accompagnait d'une armee ainsi que d'une
Industrie militaire puissantes. Les nouveaux Etats ne peuvent continuer cette politique, trop
couteuse. Mais la reconversion de ce secteur militaire s'effectue lentement. D'ailleurs les
ventes d'armes representent, pour certains de ces pays, une des rares sources de devises.
Cela n'est pas sans danger car ces Etats possedent des armes devenues inutiles mais très
dangereuses, notamment les armes nucléaires, et ils pourraient ètre tentés de les vendre à
1'etranger.

4.3 L'aide des pays occidentaux


Comme 1'Europe de 1'Est les pays de 1'ex-Union sovietique ont besoin des pays riches pour
reussir leur mutation. De nouveaux rapports s'etablissent desormais avec ces Etats, anciens
adversaires ideolo-giques.
Alors que les besoins financiers sont enormes, les sources de devises sont limitees d'autant que la
crise de 1'energie limite les exportations. Reussites techniques, les industries militaires et
spatiales doivent trou-ver desormais des clients.
Aussi 1'aide des pays riches, tous d'economie liberate, est-elle necessaire. Elle revêt des
formes multiples, allant des dons a des prises de participation dans 1'économie. A coté des firmes
capitalistes et des Etats, une banque spécialisée, la B.E.R.D. (Banque européenne pour la
reconstruction et le développement de 1'Europe de 1'Est), doit favoriser la mutation de ces pays.
Leur intégration dans le Fonds monétaire international (EM.I.*) leur permettra de bénéficier
des prêts de cet organisme et symbolise la fin de leur originalité économique.

Travail d’Elève

Expliquer les facteurs economiques, geographiques, et politiques de la decadence de la puissance


russe.

Mettre en évidence le role de la Russie dans le concert international d’aujourd’hui avec l’accent
sur son rang dans les organisations internationales comme l’ONU, l’OMC.

Présenteront des exposés en groupe sur les facteurs de la puissance russe avec des cartes, des
graphiques à l’appui tout en comparant la Russie avec d’autres pays.

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