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Son élection
Le 1er Mars 1847, le sénat se réunissait pour combler la vacance présidentielle. Deux
hommes politiques, recommandables à divers titres, les généraux Jean Paul et Alphonse
Souffrant, briguaient l'honneur de remplacer Riché. Chacun d'eux avait au Sénat des
partisans décidés. Huit tours de scrutin ne donnèrent pas de majorité. Le président du
Sénat, Beaubrun Ardouin, recommanda alors la candidature de l'homme qui, à chaque vote,
n'avait obtenu qu'une voix. Le projet réel de la bourgeoisie mulâtre en hissant Soulouque au
pouvoir fut de pérenniser la politique de doublure et de manier à sa guise, sous prétexte que
le président était un illetré privé d'expérience dans la gestion des affaires de l'État.
Son administration
Pour calmer les esprits, il laissa à leur poste les ministres de Riché, et garda une position de
neutralité face aux dissensions internes, juste le temps de trouver une issue.
Il fallait redresser l'économie du pays qui était en chute libre par suite de bouleversements
de toutes sortes qui ont marqué le pays depuis Boyer. Ainsi, Soulouque nommait Lysius
Félicité Salomon comme ministre des finances.
Pour faire face aux commerçants qui diminuaient le volume des exportations, Salomon
venait avec la loi de contingentement, c'est-à-dire qu'on ne pouvait importer qu'une quantité
égale à l'exportation. Donc plus vous diminuez vos exportations, moins vous avez la
possibilité d'importer.
Salomon pour répondre aux commerçants qui recouraient au marché noir en raréfiant les
produits de première nécessité, venait avec cette loi. Ainsi, l'État fixe les prix de ces
produits. Et malheur à un commerçant qui oserait vendre à un prix plus cher sous peine
d'amende ou d'emprisonnement.
-L 'impôt du cinquième
Quant aux masses, si elles ne béneficiaient pas d'une quelconque amélioration de leurs
conditions de vie, elles ne restèrent pas indifférentes aux mesures extrêmes prises par
Soulouque. Elles estimaient que ce régime anti-bourgeois leur rendait justice d'une certaine
façon pour avoir décidé de frapper très durement les tenants de la bourgeoisie traditionnelle
qui les avaient toujours refoulées dans l'ostracisme la plus total depuis environ quarante
ans.
Haïti et la France
Avec la France , tout n'allait pas bon train, vu l'intention de l'ancienne métropole de
reconnaître l'indépendance de la République-Dominicaine, convoitée par Soulouque. Ce
dernier refusa de poursuire l'acquittement de la dette de l'indépendance. Et n'était-ce le
fair-play de Napoléon III, tout finirait mal entre Haïti et la France.
Les relations n'allaient pas bon train, à cause de la Navase (île haïtienne) , convoitée par les
États-Unis. Malheureusement, la déchéance de Soulouque ne lui a pas permis d'expulser
définitivement les Américains de cette portion de terre.
Haïti et la Rép-Dominicaine
En ce qui a trait à l'Est, il s'agissait tout simplement pour Soulouque de faire rentrer de droit
cette partie de l'île sous le giron d'Haïti. Cette initiative s'était révélée ambitieuse compte
tenu des résultats obtenus.
Le général Geffrard, après avoir été suspecté par l'Empereur, s'embarquait clandestinement
sur un canot et se transporta aux Gonaïves où , de concert avec Aimé Legros, il proclama la
révolution. Le Nord et l'Artibonite adhérèrent au mouvement. Soulouque voulut enrayer la
révolution naissante mais son armée se dispersa au premier choc.
Avec le prestige militaire, la crainte qu'il inspirait, disparut. Réfugié au Palais, il ne put
empêcher les révolutionnaires d'occuper les postes importants de la capitale. Il se réfugia
enfin au consulat français.