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Plan
1. Son Accession au pouvoir
2. La nature de son gouvernement
3. La politique gouvernementale de Vincent de 1930-1934
4. La politique gouvernementale de Vincent après l’occupation américaine 1934-1941
4.1- Les principales réalisations du gouvernement de Vincent
4.2- Relations diplomatiques Haïti et la République Dominicaine sous Vincent
5- Chute du Régime de Vincent.
I- Accession au pouvoir
À la fin de 1929, se produiront dans le pays certains événements qui vont fragiliser la présence
des américains sur le sol national. Parmi ces événements, on en retient les trois plus importants :
Le drame du Machaterre, où des soldats américains ouvrent le feu sur des paysans
manifestant le 6 décembre 1929.
Le mouvement nationaliste (Réclamation des élections législatives pour 1930).
Tous ces événements ont suscité l’envoie d’une commission par le président américain Herbert
Hoover le 28 février 1930, ayant à sa tête Mr Forbes, d’où le nom de « commissions Forbes ».
Cette commission avait pour mission d’organiser des élections législatives et présidentielles.
C’est dans cette conjoncture que le sénateur Sténio Vincent est élu président de la république
pour 6 ans par l’assemblée nationale, le 18 novembre 1930.
Son régime se caractérisa par une dictature féroce, le président, maitre des vies et des biens,
concentrant entre ses mains tous les pouvoirs. Leader nationaliste et progressiste, adulé des
masses urbaines et rurales, il donnera à son pouvoir un caractère nettement populiste. Il
s’attachera à créer un semblant d’Etat providence, en distribuant le bouillon dans les quartiers
populaires. Le prolétariat acclamait le nouveau pouvoir, en même temps que se renforçait et se
consolidait la dictature.
III- La politique gouvernementale de Vincent de 1930-1934
Signature, le 5 aout 1931, d’un accord entre Haïti et les Etats-Unis pour la remise sous
contrôle haïtien des services suivants : Travaux Publics, Hygiène Publique,
Agriculture et Enseignement Professionnel.
Signature, le 7 aout 1933, d’un accord entre Haïti et les Etats-Unis pour mettre fin à
l’occupation du pays.
Départ, le 22 mars 1934, du président Vincent pour les Etats-Unis en vue de négocier
le retrait des troupes américaines du territoire national.
Le 24 juillet 1934, un accord fut signé entre Haïti et les Etats-Unis pour le départ des
troupes américaines, après la visite en Haïti du président américain Franklin Delanot
Roosevelt le 5 juillet 1934.
Haïtianisation, le 1er aout 1934, de la Garde d’Haïti et départ officiel des troupes
américaines.
IV- La politique de Vincent après l’occupation américaine : 22 aout 1934- 15 mai 1941
A partir de 1935, une nouvelle constitution fut votée, elle permet au président Vincent de garder
le pouvoir cinq ans de plus, ce qui mécontenta amèrement l’opposition parlementaire. Soutenu
par les forces de l’ordre, le gouvernement réprima les moindres velléités de contestation.
Pour avoir le plein pouvoir, le 10 février 1935 le président Vincent mettra sur pied un
référendum, révoquant tous ses opposants parlementaire et ordonna la mise en place d’une
nouvelle constitution. Celle du 2 juin 1935, ce qui mécontenta amèrement l’opposition
parlementaire.
4.1- Les principales Réalisations du gouvernement de Vincent de 1934 à 1941
4.2- Les relations extérieures de Vincent avec les Etats-Unis et la République Dominicaine
(1934-1941)
Les Etats-Unis
Les Etats-Unis continuent à imposer ses lois en matière économique. Désormais Haïti est
devenu un pays dépendant financièrement des capitaux américains. La nationale Citibank se
consacre comme l’organe régulateur des affaires économiques de l’Etat. En dépit des efforts
des sénateurs de l’opposition pour essayer de soustraire le pays de ce handicap, le président de
la République ne voyait pas l’avenir économique sans l’acceptation des diktats du Département
d’Etat américain.
La République Dominicaine
Les relations haitiano-dominicaines sont dominées par les éléments suivants : le problème de
de la main-d’œuvre haïtienne qui travaillait dans les plantations sucrières dominicaines et les
dernières tracées frontalières issues de l’occupation américaine. Les dirigeants haïtiens se
montrent de plus en plus incapables à défendre les intérêts des travailleurs des plantations
sucrières. La frontière de son côté est bien protégée par l’armée dominicaine qui affirme de plus
en plus sa présence dans la zone frontalière comme garantie des avancées dominicaines au
détriment de la République d’Haïti.
Le dictateur dominicain de l’époque Leonidas Trujillo profita de ces faiblesses pour assassiner
lâchement plusieurs milliers d’haïtiens (20 000) sous prétexte d’avoir violée les lignes de
démarcation du territoire dominicain en contribuant au vol de volailles et a l’insécurité.
Malheureusement Vincent et l’armée n’ont rien fait pour protéger et défendre l’honneur
national.
Décrié par tous les secteurs de la vie nationale et incapable de se faire réélire une troisième fois,
le président Vincent profita du début de la deuxième guerre mondiale en Europe et l’état d’esprit
créé par cet évènement à travers le monde pour se donner un successeur, le président Elie
Lescot, il avait préparée minutieusement ce coup politique de concert avec Washington et le
dictateur dominicain de l’époque Trujillo. Vincent quitte le pouvoir le 14 Avril 1941.
Document
Entre le 2 et 4 octobre, les haïtiens qui résidaient en République Dominicaine furent recherchés,
dénoncés, poursuivis, traqués et assassinés. Le fait de ne pas pouvoir prononcer correctement
le mot « perejil » et « cotorrito » constituait alors le plus grand crime. Cette incapacité trahissait
celui qui était haïtien et signifiait sa condamnation à mort.
Le génocide prit des formes diverses. A Dajabon, par exemple, un important bataillon de soldats
dominicains encercla la partie sud de la ville bordée par le fleuve Massacre et obligea toute la
population haïtienne, hommes, femmes et enfants, à avancer comme s’il s’agissait de bétail.
Beaucoup d’entre eux périrent noyés, les autres furent assassinés individuellement ou en
groupe.
Dans la région de Monte Cristi, des centaines d’haïtiens furent jetés a la mer en pâtures aux
requins, d’autres enfermés dans des cachots, furent exécutés par leur geôliers. Dans d’autres
régions, on frappa la tête des enfants contre les murs, jusqu’à leur mort, les femmes furent
violées avant d’être assassinées et on n’épargna même pas celles d’entre elles qui étaient
enceintes. D’après le témoignage du père Robert, de la paroisse de Ouanaminthe, de nombreux
cadavres ont été carbonisés après avoir été arrosés d’essence, ou jetés dans des fosses creusées
a cet effet, d’autres furent abandonnes a l’air libre jusqu’à leur décomposition.
Ceux qui réussirent à s’enfuir font des récits pathétiques de la terreur et de l’impuissance
éprouvée par tous les émigrés pendant ces journées tragiques.
Question
1- Identifiez les arguments émis par les autorités dominicaines pour justifier le massacre.
Accession au pouvoir
Elie Lescot était ancien ambassadeur d’Haïti à Washington et à Santo Domingo, il occupait
aussi les postes de ministre de l’intérieur des affaires étrangères dans le cabinet de Vincent. Il
fut nommé sénateur le 18 janvier 1941 avant d’être élu président de la République par
l’assemblée nationale le 14 avril 1941 pour une durée de cinq ans. Il rentra en fonction le 15
Mai de la même année (1941).
Sur le plan politique : Lescot s’appuyait sur la constitution de 1935, élaborée par le
gouvernement de Vincent, il concentra tous les pouvoirs entre ses mains, il ne tardera pas à
sombrer dans la dictature la plus féroce. Il collabora étroitement avec les américains et s’associa
à leur politique. Le 17 décembre 1941 il déclara la guerre aux puissances de l’axe (Japon,
Allemagne, l’Italie), et séquestrés tous les biens des ressortissants allemands et italiens.
Profitant des circonstances de la seconde guerre mondiale (1939-1945) pour renforcer son
pouvoir dictatorial, en janvier 1942 il mit fin à la constitution et dirigea par décret, à partir de
ce moment le pouvoir totalitaire de Lescot n’avait plus de limites : la presse fut bâillonnée, les
journaux sont fermés. Aucune critique n’était tolérée par le gouvernement.
Sur le plan social : il pratiqua une politique sectaire, la couleur de la peau constitua l’un des
critères déterminant pour accéder aux fonctions publiques. Son gouvernement était composé de
mulâtres pendant que 95% de la population étaient des noirs. Cette pratique favorisa le retour à
l’instabilité politique et suscita la montée de l’idéologie « noiriste » dans le pays pour faire face
au « mulâtrisme ».
Sur le plan économique : Lescot encouragea la culture du café, en faisant construire des glacis,
destinés aux paysans et en leur distribuant des semences, en vue d’accroitre la production
caféière. Cependant, il eut la maladresse de prendre deux mesures jugées inopportunes et
catastrophiques pour le pays :
Par les décrets lois des 4 mai et 24 septembre 1942, fut décidé un salaire minimum pour
les ouvriers.
Par le décret-loi du 24 septembre 1943, des cités ouvrières furent créées.
Par le décret-loi du 17 juin 1942, obligations aux jeunes diplômés de médecine de
consacrer les deux premières années de leur carrière au service des populations rurales.
À la fin du mandat de Lescot, son gouvernement a dû faire face à toute une série de
revendications populaires :
La chute du Régime de Lescot s’explique par sa politique autoritaire qui consistait à contraindre
la liberté d’expression dans le Pays par la fermeture des journaux. Puis, par une situation de
misère dont se trouvait la masse populaire. Cette situation résultait de la mauvaise gestion des
finances publiques durant la seconde guerre mondiale ; augmentée d’une politique exclusiviste
et raciste appliquée par Lescot qui favorisait la promotion sociale, économique, politique des
minorités de sa classe (mulâtres) à travers toutes institutions publiques. Des grèves des lycéens
et des universitaires allaient s’étendre dans le Pays et gagnaient toute l’administration publique
et le secteur commercial. Lescot, après avoir échoué dans sa carte de répression et dans sa
tentative de formation d’un nouveau gouvernement, fut renversé du pouvoir par un coup d’état
militaire le 11 Janvier 1946.
Pour porter une solution à la crise, le haut Etat-Major de l’armée destitue le président de ses
fonctions le 11 janvier 1946. M Lescot et sa famille partirent en exile le 14 janvier 1946 à
Miami. Son gouvernement fut remplacé par une COMITÉ EXÉCUTIF MILITAIRE constituée
de : Colonel Franck Lavaud, les Majors Paul Eugène Magloire et Antoine Levelt.
Document
Le peuple n’avait pas voix au chapitre. On doit se rappeler que Lescot était une créature de
Trujillo qui l’avait imposé à Vincent par l’intermédiaire de Summer Wells sous-secrétaire au
département d’Etat américain, mais homme de Trujillo. Elie Lescot, homme de province, ébloui
par une certaine façade mondaine pensait que l’Elite mondaine était tout. Le régime n’avait
aucun rapport avec le peuple haïtien. C’était aussi la politique de la dépossession sociale au
profit de la SHADA. Jamais barrières aussi étanches n’avaient été ériges entre les deux classes
sociales haïtiennes. Comme témoignage la pièce « Barrières » jouée a la salle comble au Rex
théâtre pour la première fois le 4 janvier 1946 ainsi que la publication de « Lettres aux hommes
clairs » de Roger H. Dorsainville.
En gros, les couches au pouvoir étaient : la bourgeoisie alliée aux étrangers principalement des
Syriens (ex. les frères Bouez.) Les porte-paroles du gouvernement sont : Jean-Elie, Clément
Magloire, Maurice Datigue, Gontrand Rouzier, Abel Lacroix.
Aux alentours du pouvoir on y trouvait très peu d’intellectuels en dehors des gars qui écrivaient
pour vivre. Vely Thebaud, secrétaire d’Etat de l’intérieur, de la justice puis de la défense
nationale et Gérard Lescot, fils du président et secrétaire d’Etat de relations extérieures et des
Cultes étaient des personnages de premier plan. Je l’ai déjà mentionné le seul grand
fonctionnaire du gouvernement de Lescot était Antoine Vieux qui occupa de 1944 à 1946 la
fonction du sous-secrétaire d’Etat à la justice. La question de couleur imprégnait tout et a tous
les niveaux.
Interview d’Emile Saint Lot, in Daniel Supplice, Quand Emile Saint Lot nous parle de 46, p. 48-49
Question
1- Pourquoi l’auteur affirmait-il que le régime de Lescot n’avait rien à voir avec le peuple ?
2- Dans un texte de dix lignes, présentez la classe dominante qui constituait l’administration de
Lescot ?
Le mouvement socio politique de 1946
La chute du régime de Lescot et le début du mouvement sociopolitique de 1946
Contexte du mouvement de 1946
Causes
Les idéologies dominantes du mouvement de 1946
Le mouvement sociopolitique de 1946 : Révolution (Réalité ou Mythe)
Le 7 janvier 1946, une grève générale fut organisée, par des étudiants et les grands organes de
la presse nationale pour dénoncer les manœuvres dictatoriales du président Lescot contre la
presse. Cette grève fut le début d’une série de manifestation qui conduit à la révocation de
Lescot par le haut Etat-major de l’armée d’Haïti le 11 janvier 1946, il fut remplacé par un comité
exécutif militaire.
La période qui s’étend de 1930 à 1945 est caractérisée par la montée des régimes totalitaires
comme le Nazisme et le Fascisme, avec la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945, l’année
de 1946 apparait en Europe comme une année de libération des peuples opprimés par le nazisme
et le fascisme, les peuples ont retrouvé leur liberté. En Haïti, ce vent de liberté soufflait aussi et
les organisations de la société civile, les partis politiques, les organisations estudiantines vont
en profiter pour renverser le régime dictatorial de Lescot.
2.2- Au niveau National
Les hommes de 1946 avaient voulu terminer avec les pratiques de caste et de classes qui
régnaient dans l’administration publique haïtienne depuis l’arrivée des occupants en 1915. Les
mulâtres remplissaient les couloirs des ministères et les institutions les plus importantes. La
classe moyenne noire qui émergeait au cours des quatre premières décennies du vingtième
siècle était reléguée au second rang. Cette bataille pour un nouveau dynamisme au sein de la
société fut la base du mouvement sociopolitique de 1946.
Les causes du mouvement socio-politique de 1946 ont été puisées dans la caractéristique de la
politique d’Elit Lescot qui est marquée par la dictature et l’exclusion des noirs. Les noirs qui
constituèrent plus de 90 % de la population avaient leur propre revendication contre un système
mis en place depuis le début de l’occupation américaine et qui a tendance à perdurer. En effet,
les mulâtres occupèrent toujours la magistrature suprême de l’Etat depuis l’arrivée des
occupants de 1915 à 1946, mais on avait négligé les noirs en les écartant des postes ministériels
et les autres fonctions prestigieuses au sein de l’Etat. Le régime de Lescot représentait un cas
d’espèce, pour la première fois dans l’histoire de ce pays le cabinet ministériel n’avait aucun
noir. Cette politique discriminatoire du président Lescot portait les leaders de l’élite noire à
engager la bataille non seulement pour le renversement du gouvernement, mais aussi pour la
conquête du pouvoir au nom de la majorité nationale.
Les groupes politiques étaient divisés par deux problèmes essentiels : la couleur de la peau et
la politique sociale. La coalition qui contribuait à la chute de Lescot se composait de plusieurs
tendances idéologiques : 1) le mouvement nationaliste qui existait depuis l’occupation
américaine et qui avait donné naissance au mouvement indigéniste.
2) Les tendances de gauche qui visaient une bataille beaucoup plus large contre l’exploitation,
ces regroupements de gauche estimaient que la bataille contre les forces traditionnelles était la
seule voie qui pouvait maintenir le peuple unit vers la même direction.
3) La tendance noiriste qui visait une rupture dans l’équilibre des forces en faveur de la majorité
nationale, les noirs, pour terminer avec cette injustice dont était victimes les noirs.
Avec l’élection de Dumarsais Estime, c’est une tendance modérée qui a accédée au pouvoir. Sa
présidence fera tout pour intégrer les diverses tendances politiques de l’époque. Il ne voulait
pas tout renverser pour instaurer la suprématie noiriste en Haïti. Mais avec lui, les noirs
retournaient au timon des affaires et y resteront.
Le mouvement sociopolitique de 1946 ne peut être considéré comme une révolution, puisqu’il
n’y pas eu de modifications radicales au niveau des structures du pays. Les rapports sociaux de
production n’avaient pas changé et une nouvelle bourgeoisie, issue des classes moyennes,
s’était juxtaposée à la bourgeoisie traditionnelle, La situation du lumpenprolétariat n’avait guère
changé et les paysans démunis demeuraient taillables et corvéables à merci. Cependant il s’est
produit une certaine évolution sociale au bénéfice des classes moyennes noires, marginalisées
et victime d’ostracisme sous le gouvernement sectaire d’Elie Lescot.
Avec le mouvement de 1946, le pays connaissait une nouvelle orientation au point de vue
politique, social et culturel. La jeunesse avide de changement et animée d’idées progressistes
fit son apparition sur la scène politique, réservée, jusque-là a des politiciens traditionnels. Les
jeunes des classes moyennes et des couches sociales défavorisées ont pu avoir accès aux études
secondaires, supérieures et bénéficier de bourses d’études a l’étranger. L’ouverture d’un espace
démocratique réel avec l’émergence du syndicalisme et le fonctionnement des partis politiques.
Mais il faut souligner que le mouvement de 1946 n’avait pas changée la mentalité de la nouvelle
classe dirigeante. Le comportement des classes dirigeantes au lendemain de 1946 montre que
« les oppresseurs sont de toutes les classes et de toutes les couleurs. »
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L’année 1946 représente pour l’élite noire l’aboutissement d’une étape dans la lutte contre les
discriminations sociales imposées par les occupants en 1915. La libération territoriale de 1934
n’apportait aucune amélioration dans le sort des noirs en Haïti. Le clan mulâtre hissé au timon
des affaires par les occupants continuent d’imposer ses lois. L’administration publique était leur
domaine privilégié et les noirs étaient relégués au second plan. De 1915 à 1946 aucun noir fut
élu président de la République, on les retrouve parfois dans des postes de secrétaire d’Etat ou
sous-secrétaire d’état, là encore ils étaient toujours en minorité.
Le mouvement sociopolitique de 1946 avait pour objectif de corriger cette injustice qui a été
faite à la majorité nationale. Il ne s’agit pas de placer des noirs dans des positions de doublure
comme en 1844, mais plutôt de remettre le pouvoir au plus capable parmi les noirs.
Cependant, la prise par l’élite noire ne pouvait pas être qualifiée de révolution parce que les
structures économiques et sociales n’ont pas changé, le véritable changement se trouve
seulement au palais national, mais les relations sociales de production restent les mêmes,
l’éducation, la santé, les conditions des ouvriers et des paysans n’ont pas été améliorées parce
que les deux élites noires et mulâtres ne sont pas vraiment différentes dans leur relation avec le
pouvoir.
Question
3- Montrez que le mouvement de 1946 n’a pas changé la mentalité des politiciens haïtiens ? (10
lignes minimum)
Le gouvernement de Dumarsais Estimé (16 aout 1946 – 10 mai 1950)
Son accession au pouvoir
Nature du gouvernement
Les réalisations d’Estime
L’affaire de la figue banane et les paysans.
La fin du gouvernement d’Estime
Le 16 aout 1946, après deux tours de scrutins l’assemblée nationale élut le député de la
circonscription de Verrettes, Dumarsais Estimé, président d’Haïti pour un mandat de six ans.
Cette élection a mis fin à l’ensemble des tergiversations qui ont pollué l’environnement
politique haïtien depuis la chute de Lescot. On avait voulu une révolution.
Nature du gouvernement
Le gouvernement d’Estimé, contrairement à celui d’Elie Lescot, fit appel aux jeunes
intellectuels noirs des classes moyennes pour occuper de hautes fonctions dans l’administration
publique. On peut citer l’éminent professeur Daniel Fignolé qui fit construire de nombreuses
écoles dans le pays, parmi lesquels trois lycées. Mais le régime ne tarda pas à sombrer dans le
favoritisme et la recherche du gain facile.
Pour plaire à la droite et aux américains, Estimé fit promulguer en 1947, soit un an après son
accession au pouvoir, une loi anticommuniste. Puis, il interdit le fonctionnement du MOP et
monopolisa la presse parlée. Les syndicats fuyaient les foudres du pouvoir et de nombreux
dirigeants furent assassinés.
« Estimé tué figue-banane » ! Tel est le cri, souvent, lancé en Haïti, pour dénoncer la politique
agricole de ce gouvernement.
La fin du gouvernement d’Estimé
En 1950, la chambre des députés s’approchaient de la fin de son mandat, veulent amender la
constitution en vue de corriger les anomalies rencontrées dans la charte fondamentale au cours
de la législature. Le président Estimé profita de la situation pour modifier les articles de la
constitution qui lui interdisaient de briguer un second mandat. Ce projet d’amendement recevait
l’approbation de la chambre des députés, mais il fut rejeté au sénat de la République. En
réaction, les habitants des quartiers populaires de Port-au-Prince mécontentaient contre le
comportement des sénateurs, envahirent le sénat de la République et chassent les sénateurs. Le
colonel Paul Eugene Magloire profita de cette situation pour mobiliser les membres du haut
Etat-Major contre le président. Sous prétexte de sauver le pays de l’anarchie, les membres du
haut Etat-major de l’armée le 10 mai 1950 déposa le président Estimé après 3 ans et 9 mois de
présidence. Une junte militaire composée des mêmes généraux de 1946 assura le pouvoir
jusqu’à l’élection du nouveau président de la République. Malgré les erreurs du gouvernement
d’Estimé, il est considéré par plus d’un, pour ces réalisations durant les 3 ans et 9 mois au
pouvoir, comme un président progressiste et visionnaire. Il marqua profondément son époque.
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Cependant, son administration s’inscrit dans une logique de rupture avec ses prédécesseurs. Il
a su pencher sur la situation des ouvriers en prenant des mesures pour améliorer leur condition
sociopolitique. Il a créé le bureau du travail pour les assister et résoudre les conflits entre les
syndicats et le patronat.
Question
Accession au pouvoir
Nature du gouvernement
I- Accession au pouvoir
Apres le coup d’Etat militaire qui destitua le président Dumarsais Estimé, cinq mois plus tard
soit le 8 octobre 1950, des élections présidentielles et législatives furent organisées au suffrage
universel direct. Le colonel Paul Eugene, membre démissionnaire de la junte militaire, fut élu
Président d’Haïti pour un mandat de six ans.
Le président Magloire pratiqua, comme Vincent l’avait fait, avant lui, une politique d’équilibre
entre les élites noire et mulâtre. Il s’appliqua résolument à consolider les privilèges de
l’oligarchie. Il eut, toutefois, le mérite de jeter les bases du développement national, en faisant
preuve d’une vision stratégique qui lui permit d’élaborer un plan quinquennal (octobre 1951 –
Septembre 1956), en mettant l’accent sur les grands travaux d’infrastructures, sur les
programmes de développement communautaire, sur la promotion touristique et sur les secteurs
sociaux.
Malgré le climat de paix qu’il a instauré et la reprise des affaires qu’il a favorisées, le
gouvernement sombra dans l’arbitraire et le despotisme pour tenter de se maintenir au pouvoir.
Les cas d’abus de pouvoir (bâillonnement de la presse), de corruption, de tortures policières,
d’arrestations illégales (Prof. Daniel Fignolé, Sénateur Louis Déjoie) et d’assassinat de
quelques opposants politiques, contribuèrent à ternir l’image de ce gouvernement qui était,
pourtant, bien parti.
III- Les Réalisations de Paul Eugene Magloire
A la fin de son mandat, le 12 décembre 1956, le président Magloire qui s’était fait accorder le
grade de général de division voulait reprendre ses fonctions dans l’armée et mettait en marche
les mêmes scenarios de junte militaire qui lui permettra de garder le pouvoir. Mais l’opposition
et la société civile étaient fatiguées des exactions de Kanso fè au pouvoir et réclamaient son
départ sans condition. Une grève générale fut décrétée et paralysa le grand commerce et les
activités professionnelles. La bourgeoisie de Port-au-Prince qui jouissait de la largesse du
pouvoir de Magloire ne veut plus s’associer avec le chef parce qu’elle voyait déjà en Louis
Déjoie le sénateur du Sud, le digne successeur de Magloire.
Lâché par ses fidèles et alliés, le président remet le pouvoir au président de la cour de cassation,
Maitre Nemours Pierre-Louis et pris le chemin de l’exil le 12 décembre 1956.
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Le 8 octobre 1950, les élections législatives et présidentielles furent organisées aux suffrages
universels directs. Le colonel Paul Eugene Magloire qui avait démissionné de la junte militaire
pour se porter candidat à la présidence fut élu président d’Haïti pour un mandat de 6 ans.
La présidence de Magloire fut un retour à la tradition du pouvoir autocratique qui régnait depuis
la fin de l’occupation américaine avec l’omniprésence du chef de l’Etat comme le personnage
centrale de l’Etat. Il a tout fait pour ruiner les efforts de l’opposition et les organisations de la
société civile. Sa manière particulière de réprimer les opposants lui a valu le surnom de Kanso
fè. Grace à cette méthode traditionnelle et son influence sur le haut Etat-Major de l’armée il a
pu terminer son mandat de six ans.
Questions
2- Dans un texte de 25 lignes, montrez que la corruption et les abus de pouvoir s’etaient
transformés en politique gouvernementale de Vincent a Magloire ?
La période de décembre 1956 à octobre 1957 fut encore plus instable que d’habitude, les
présidents par intérim se succédèrent parfois pour quelques semaines ou quelques jours, comme
le juge Joseph Nemours Pierre-Louis (12 décembre 1956 – 3 février) qui voulait organiser une
élection présidentielle pour le printemps 1957, le juge Franck Sylvain (7 février 1957 - 2 avril
1957), renversé par le général Léon Cantave. Apres la destitution du président Franck Sylvain,
Daniel Fignole accepta de prendre en charge la présidence provisoire dans un contexte
extrêmement difficile ou la guerre entre deux fractions de l’armée était sur le point d’être
éclatée. Le professeur Fignolé misait beaucoup sur sa popularité dans les quartiers populaires
de la capitale et la confiance qu’il gagnait dans la base de l’armée pour redresser la situation.
Cependant Daniel Fignolé ignorait encore le poids du sénateur Déjoie qui menait la danse dans
le grand commerce de la capitale et les villes de province. Ses grèves avaient contribué à la
détérioration de la situation sociale pendant les présidences de Nemours Pierre-Louis et Franck
Sylvain. Autre facteur qui échappait a Fignolé était l’influence de Duvalier et ses entourages
sur les cadres intermédiaires de l’armée. La présence du Major Pressoir Pierre au Palais
National lui permettrait de prendre connaissance de toutes les grandes décisions de l’armée et
d’anticiper les évènements, s’il le faut. Le dernier chef d’Etat, le général Kébreau qui
contribuait à l’élection de Fignole était un général acquis à la cause de Duvalier. Les manœuvres
de ce dernier aboutirent a un coup d’Etat militaire de Kébreau contre Fignolé le 14 juin 1957
après 19 jours de présidence provisoire. Le général Kébreau saisit le pouvoir au nom de l’armée
et organisa les élections du 22 septembre avec Duvalier comme le nouveau président de la
République.