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Introduction
Cent douze ans après avoir proclamé son Indépendance, conquise sur l'armée du
beau-frère de Napoléon, la République d'Haïti fut soudain occupée par l'armée des
Etats-Unis, en juillet 1915. L'occupation dura 19 ans. Comment en est-on arrivé là ? Que
venaient faire les Américains racistes dans un pays pauvre et peuplé de descendants
d'esclaves africains ? Comment furent-ils accueillis ? Quelle furent les conséquences pour le
pays ?
1)Prélude à l'occupation
1.1)Contexte interne
1.2)Contexte externe
-États-Unis et Haïti
Les États-Unis voyaient d'un mauvais œil le chaos haïtien. Il fallait que l'ordre régnait dans
ce pays dont les Américains désiraient le contrôle à plus d'un titre : 1)Haïti se trouvait sur le
passage des navires faisant le trajet entre l'océan Atlantique et l'océan Pacifique par le
canal de Panama. Les bateaux, à cette époque, étaient à vapeur et leurs moteurs alimentés
au charbon.
Le Môle Saint-Nicolas paraissait le lieu idéal pour une station d'approvisionnement en
énergie. 2)Haïti était une aubaine, car ce pays avait besoin de tout : routes, ponts, chemins
de fer, produits de consommation… 3) le commerce d'Haïti subissait la domination étrangère
à plus de 75%. Les entreprises étaient majoritairement allemandes, françaises ou anglaises.
Ainsi, les Américains visaient à établir leur suprématie sur ce marché et à réduire l'influence
de leurs rivaux, surtout celle des Allemands.
2)Prétexte à l'occupation
-La gendarmerie
Pour maintenir l'ordre et fortifier l'appareil d'occupation, la formation d'un corps indigène de
gendarmerie s'avéra indispensable pour seconder les efforts des marines et pacifier le
territoire national. Au début, la gendarmerie se caractérisa par son rôle essentiellement
répressif. Sa première tâche fut de réduire les cacos à Port-au-Prince, et pacifier le
territoire national. En outre, les gendarmes étaient entraînés dans l'idée qu'ils
devraient être les gardiens de l'ordre, amis des citoyens qui respectent la loi,
ennemis des bandits qui perturbaient la publique. De cette façon la gendarmerie parti
paix cipant au maintien de l'ordre établi par les marines.
-L'administration civile
Le Haut commissaire supervisait aussi les départements de Santé publique, des
Finances, de l'Agriculture et des Travaux Publics. La Convention prévoyait que chaque
ministre devait recevoir l'assistance d'un conseiller américain. Il existait même,
signalait-on, un expert en matière de rats. Un haut fonctionnaire de Dartiguenave, B.
Danache, observe: "Il nous vint aussi un expert en gazon, un spécialiste dont la tâche
consistait à entretenir l'herbe de nos jardins publics et privés".
L'histoire retient toutefois l'acte héroïque du soldat Pierre Sully qui refusa d'obéir aux
occupants par l'abandon de l'arsenal et de recevoir la mort aux champs d'honneur. Si
l'armée a failli à sa mission pour n'avoir pas défendu l'honneur et la dignité nationaux, tel
n'était pas le cas de certains groupes sociaux , d'écrivains, de journalistes et de paysans.
Ainsi, Georges Sylvain, Félix Viard, Constantin Dumervé critiquèrent sévèrement l'occupant
dans les colonnes de leurs journaux ou leurs écrits et appelaient les citoyens à la
désobéissance civile. La réaction des paysans de Marchaterre dans le sud contre la corvée,
les grèves des étudiants de Damien sont des expressions de la désobéissance civile.
Dans le Plateau Central, Charlemagne Péralte puis Benoît Batraville initièrent la lutte armée
contre l'occupant. Ils se sentaient humiliés par le fait que la patrie a été souillée et qu'il fallait
laver cette souillure et redonner au peuple sa fierté. Ainsi, ils s'organisèrent en guérilla et
armèrent des centaines de paysans contre les forces de l'occupation. Malgré leur faiblesse
numérique, combattant avec une certaine disproportion, ils inquiétaient sérieusement les
occupants à tel point qu'un détachement dirigé par le major Butler était affecté uniquement à
les combattre.