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Chute MOBUTU]

Mobutu avec le président George Bush en 1989.

Fin 1989, la guerre froide approche de sa fin avec la chute du mur de Berlin. Ce contexte favorise
la fin du régime19. Privé de ses soutiens extérieurs au titre de « rempart contre le communisme »,
Mobutu se retrouve seul face à son pays et surtout face à l'opposition intérieure. Il publie Dignité
pour l'Afrique ?, un livre à base d'entretiens avec Jean-Louis Remilleux, grand reporter
du Figaro20, dans le cadre d'une fort onéreuse campagne de communication.
En 1990, comme dans de nombreux autres pays d'Afrique centrale, le mécontentement populaire
est grandissant. En avril de la même année, Mobutu autorise toutefois le multipartisme, même si
l'opposition pourrait dès lors le pousser au départ. La Conférence nationale souveraine (CNS),
réunissant les délégués de toutes les couches de la population, toutes les régions et la diaspora
du Zaïre (Congo-Kinshasa), devient un véritable tribunal dénonçant les dérives flagrantes du
système mobutiste. Les interventions d'Étienne Tshisekedi et d'autres opposants politiques
marquent un tournant essentiel puisqu'elles ne sont pas suivies de répression. Aux yeux des
Zaïrois, le « seul Maréchal du Zaïre » n'avait ainsi plus le pouvoir d'opprimer son peuple pour
assurer son pouvoir. L'état désastreux des finances publiques du pays causé par l'impéritie des
politiques économiques mobutistes fait perdre petit à petit au système les moyens de s'alimenter
financièrement. Vilipendé à Kinshasa, Mobutu se retire dans son somptueux palais, au cœur de
la jungle tropicale à Kawele à proximité de son village natal. Sa solitude devient dès lors
évidente, aussi bien au Zaïre qu'à l'étranger. La maladie renforce sa faiblesse, incitant ses
opposants et ses ennemis extérieurs à intensifier leurs actions. À la suite d'affrontements entre
différentes unités militaires zaïroises dans la capitale, puis de l'assassinat de l'ambassadeur
français, Philippe Bernard, les conseillers militaires français, belges, israéliens et chinois quittent
le pays à partir de septembre 199121.
En 1994, malgré le partage du pouvoir avec le président du Parlement, le pays s'enfonce de
nouveau dans la crise. Celle-ci s'aggrave avec l'arrivée de réfugiés rwandais fuyant d'abord la
répression du génocide au Rwanda, puis à partir de 1996 la progression de l'Alliance de forces
démocratiques pour la libération du Congo, bras armé congolais du Front patriotique rwandais et
de l'Ouganda, emmenés par Laurent-Désiré Kabila. Ceux-ci entrent à Kinshasa le 17 mai 1997,
entraînant la chute définitive et la fuite de Mobutu Sese Seko, malgré une dernière tentative de
négociation pour le partage du pouvoir parrainée par Nelson Mandela sur le navire Outenika.

En exil[modifier | modifier le code]


Mobutu se réfugie dans un premier temps au Togo mais le président togolais Gnassingbé
Eyadéma insiste pour que Mobutu quitte le pays22. Après avoir été soigné pendant de longs mois
en Suisse et en France, Mobutu Sese Seko meurt d'un cancer de
la prostate le 7 septembre 1997 à l'hôpital militaire Mohammed V de Rabat23 et il est inhumé au
cimetière européen de la ville, quatre mois après l'accession au pouvoir de Laurent-Désiré
Kabila. Il laisse un pays économiquement exsangue, en conflit avec de nombreux pays voisins
pour ses richesses et son espace et en pleine guerre civile.

Fortune[modifier | modifier le code]


En 1993, les avoirs personnels à l'étranger de Mobutu sont estimés à environ 7 milliards de
dollars (soit 70 % de la dette extérieure du Zaïre) par la cellule africaine de l’Élysée. En 1997, à
sa mort, sa fortune personnelle est estimée par l'UNODC et Transparency International, entre 5
et 6 milliards de dollars (alors que la dette publique du pays est de 12,5 milliards). Mobutu
détenait notamment des propriétés en France, Belgique, Suisse, Italie, Espagne et au Portugal,
dont plusieurs châteaux (dont le château Fond'Roy à Uccle en région bruxelloise de 1973 à sa
mort). En Afrique, il aurait effectué des investissements au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Tchad et
en Afrique du Sud24,25.

Les héritiers[modifier | modifier le code]


Le maréchal Mobutu s'est marié deux fois. Après le décès de sa première femme, Marie-
Antoinette Gbiatibua Yetene, le 22 octobre 1977, il a épousé Bobi Ladawa le 1er mai 1980.
Quatre de ses fils issus de son premier mariage sont décédés : Nyiwa, Konga, Kongulu en
septembre 1998 et Manda le 27 novembre 2004. Un autre de ses fils, Mobutu Nzanga, né de son
deuxième mariage, a annoncé en décembre 2005 sa candidature à l'élection présidentielle de
juin 2006, alors que Giala se présente lui aux législatives et siège actuellement à l'Assemblée
nationale. Ce dernier est à la tête de l'Union des démocrates mobutistes (Udémo) et préside
également les Forces du Centre, le groupe parlementaire dont fait partie l'Udémo.
Au cours de la deuxième guerre du Congo, Jean-Pierre Bemba a accueilli au sein du Mouvement
de libération du Congo de nombreux anciens militaires et hauts dignitaires du régime mobutiste.
Une partie des biens de Mobutu gelés en Suisse depuis le 17 mai 1997 (8,3 millions de francs
suisses) devaient être remis à sa famille le 15 décembre 2008 car aucune solution n'avait été
trouvée avec le gouvernement kino-congolais ou auprès d'un des fils de Mobutu (numéro deux
du gouvernement congolais) pour qu'il renonce aux fonds26. Le Conseil fédéral a décidé le 12
décembre 2008 de prolonger le blocage des fonds jusqu'au 28 février 200927. Finalement, ces
fonds bloqués devront être remis aux membres de sa famille, selon une décision datée du 14
juillet 200928.

Surnoms[modifier | modifier le code]


Président aux multiples surnoms : « Léopard du Zaïre », « Léopard de Kinshasa », « Aigle de
Kawele » (Kawele étant sa résidence situé à Gbadolite, à l'intérieur de la forêt équatoriale),
« Papa Maréchal » (surnom découlant de son titre de Maréchal), « Roi du Zaïre », « Elombé
Sese » (pour indiquer sa vaillance à la guerre), et autres.
Dans son roman En attendant le vote des bêtes sauvages (1998), Ahmadou Kourouma le
dénomme « l'homme au totem léopard ».

Particularités[modifier | modifier le code]


• La toque en peau de léopard est une sorte de couronne bantoue, l'attribut des rois,
empereurs ou autres aristocrates. Dans la tradition bantou, le léopard est considéré
comme un animal rusé et sa peau est sacrée.
• la canne qui représente la royauté et le pouvoir

Bibliographie[modifier | modifier le code]


• (en) Peter Abbott, Modern African Wars (4) : The Congo 1960–2002, Osprey, 2014,
48 p. (ISBN 978-1-78200-076-1)
• Jules Chomé, L'Ascension de Mobutu, du sergent Joseph Désiré au général Sésé
Séko, Cahiers libres, 1974
• Colette Braeckman, Le Dinosaure : Le Zaïre de Mobutu, Paris, Fayard, 1991
• Emmanuel Dungia, Mobutu et l'argent du Zaïre : les révélations d'un diplomate, ex-
agent des Services secrets, Paris, L'Harmattan, 1992, 220 p. (ISBN 978-2-7384-1133-
4 et 2738411339, OCLC 25838514, lire en ligne [archive])
• Honoré N'Gbanda Nzambo Ko Atumba, Ainsi sonne le glas! : les derniers jours du
Maréchal Mobutu, Paris, Editions GIDEPPE, 1998, 447 p. (ISBN 978-2-9512000-2-
9 et 2951200021, OCLC 41507769)
• Ilunga Shamanga, La Chute de Mobutu et l'effondrement de son armée, 1998 (ISBN 0-
620-23325-7)
• Jean-Pierre Langellier, « Mobutu : la déroute du « Grand Léopard » », dans Diane
Ducret et Emmanuel Hecht (dir), Les derniers jours des dictateurs,
L'Express/Perrin, 2012, 340 p. (ISBN 978-2-2620-3943-1), p. 275-287.
• Jean-Pierre Langellier, Mobutu, Perrin, 2017 (ISBN 978-2-262-04953-9)
• Jean-Pierre Langellier, chap. 15 « Joseph-Désiré Mobutu, le prédateur du Zaïre »,
dans Olivier Guez (dir.), Le Siècle des dictateurs, Paris, Perrin, 2019

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