Vous êtes sur la page 1sur 4

Dans les autres pays européens COMMUNISTE

Emblème du Parti communiste italien.

En Europe de l'Ouest et en Europe du Nord, les PC déclinent rapidement au début de la guerre


froide : ils ne demeurent des forces de premier plan que dans trois des principaux pays
européens, la France, l'Italie et la Finlande396. Le Parti communiste français réalise une percée
historique lors des élections de 1945 et atteint son apogée avec celles de novembre 1946, avec
28,3 % des suffrages. Le PCF devient le premier parti de France en nombre de voix : il s'implante
très fortement en milieux ouvrier et rural, mais aussi dans le monde intellectuel où les
communistes gagnent de nombreux « compagnons de route » prestigieux397. Le PCF participe au
gouvernement de coalition mais la situation intérieure française se tend, notamment du fait du
contexte international et en particulier de la guerre d'Indochine : en octobre 1947, les
communistes sont exclus du gouvernement Ramadier. Tout en restant très implanté sur le plan
électoral, le PCF se trouve désormais dans l'opposition pour plusieurs décennies. Les
communistes français usent par ailleurs de l'argument pacifiste en lançant en 1950 le Mouvement
de la paix : l'« appel de Stockholm », pétition lancée par le Conseil mondial de la paix pour
réclamer l'interdiction de l'arme atomique, leur permet de s'approprier en partie, en France et
ailleurs, la thématique pacifiste398. Le culte de la personnalité de Maurice Thorez atteint son
apogée à la fin des années 1940, tandis que le PCF connaît plusieurs purges de son appareil.
En 1952, alors que Thorez, malade, est soigné à Moscou, son entourage évince de la direction
du PCF ses rivaux André Marty et Charles Tillon399,396.
Le Parti communiste italien, dirigé par Palmiro Togliatti, tire un grand prestige de sa participation
à la résistance contre l'occupant allemand et les fascistes. En 1946, le nombre de ses adhérents
dépasse deux millions, en comptant les Jeunesses communistes. Le PCI participe jusqu'en
mai 1947 au gouvernement de coalition d'après-guerre, mais en est ensuite évincé sous la
pression des États-Unis400. Le Front démocratique populaire, coalition du PCI et du PSI, remporte
plus de 30 % des voix lors des élections de 1948, mais est nettement battu par la Démocratie
chrétienne. Rejeté dans l'opposition sur le plan national, le PCI conserve néanmoins une position
dominante au sein de la gauche italienne et reste implanté dans tout le pays401.
Le Parti communiste de Finlande participe au gouvernement de coalition jusqu'en 1948. Battu
aux élections législatives et relégué dans l'opposition, il entretient une culture politique ouvriériste
qui lui permet de conserver de nombreux électeurs : en 1958, la coalition qu'il dirige, la Ligue
démocratique du peuple finlandais, remporte 23,3 % des suffrages aux élections législatives et
constitue le groupe parlementaire le plus important à la Diète nationale396.
La Grèce représente en Europe un cas particulier : la situation politique, déjà explosive à la fin de
la guerre mondiale, débouche en 1946 sur une guerre civile qui dure jusqu'en 1949. Staline, qui
juge que l'insurrection en Grèce n'a aucune chance de réussir et souhaite éviter un conflit direct
avec les pays occidentaux, n'accorde pas d'aide aux insurgés grecs, s'irritant même du soutien
logistique que leur apporte la Yougoslavie jusqu'à la rupture de 1948402,403. Les communistes
grecs, qui réalisent en leur propre sein des épurations sanglantes, sont finalement défaits par
l'armée régulière : entre 80 000 et 100 000 d'entre eux doivent se réfugier dans les pays du bloc
de l'Est, où une partie sont ensuite victimes des purges mises en œuvre soit par les pays qui les
accueillent, soit par l'appareil du Parti communiste de Grèce exilé404.
L'anticommunisme aux États-Unis[modifier | modifier le code]
Article connexe : Maccarthysme.
Aux États-Unis, le début de la guerre froide suscite une vaste campagne anticommuniste, nouvel
avatar de la « peur rouge » qui avait suivi la révolution d'Octobre. Le parti communiste
américain est presque réduit à néant : ses dirigeants sont arrêtés en 1948 et condamnés à des
peines de prison pour « conspiration » contre le gouvernement. À la même époque, le
sénateur Joseph McCarthy dénonce avec outrance les infiltrations communistes au sein du
gouvernement, des médias et des milieux culturels : de nombreuses personnalités sont
interrogées à ce titre par le Comité des activités anti-américaines de la Chambre des
représentants. La période dite du maccarthysme s'accompagne de certaines affaires
retentissantes comme la condamnation à mort des époux Rosenberg pour espionnage au profit
de l'URSS. McCarthy lui-même est finalement discrédité du fait de ses abus de pouvoir, mais sa
campagne contribue à marginaliser totalement les idées communistes aux États-Unis405,406.
Le cas du trotskisme[modifier | modifier le code]
En dehors du camp stalinien, le trotskisme, privé de son chef assassiné en 1940, est très affaibli
au sortir de la guerre mondiale407. Le courant continue néanmoins d'exister, tout en ayant de
grandes difficultés à rester uni. Le militant d'origine grecque Michel Pablo entreprend de
rassembler la majorité des trotskistes français au sein du Parti communiste internationaliste408.
En 1946, une conférence se tient à Paris pour reconstituer la Quatrième Internationale dispersée
durant la guerre. L'Internationale trotskiste connaît avec le temps de très nombreux départs et
dissensions, dus aux querelles d'idéologie et de personnes comme aux désillusions des militants.
En 1952, le trotskisme se scinde entre le courant « pabliste » (du nom de Pablo) qui prône la fin
de l'opposition systématique envers l'URSS, et le courant lambertiste (du nom de Pierre Boussel
alias « Lambert ») : les groupes du monde entier se divisent ou scissionnent. Malgré une aura
parfois mythique, due en partie à l'idéalisation de la figure de Trotski mais aussi au culte du
secret pratiqué par beaucoup de ses organisations, le trotskisme reste divisé et
marginal409,410,411,412. Ce n'est qu'en 1963, après plus de dix ans de déchirements, qu'est fondé
le Secrétariat unifié de la Quatrième Internationale, sans que le courant trotskiste ne soit
durablement réunifié413.
Progrès du communisme en Extrême-Orient[modifier | modifier le code]
La naissance de la Chine communiste[modifier | modifier le code]
Article connexe : Histoire de la République populaire de Chine.
Portrait de Mao Zedong, fondateur de la République populaire de Chine.

Hors d'Europe, le communisme connaît notamment une progression spectaculaire en Extrême-


Orient, ce qui donne par la suite naissance à l'expression « rideau de bambou », équivalent
asiatique du rideau de fer. Au sortir de la guerre mondiale, la tension entre les nationalistes
du Kuomintang et le Parti communiste chinois est à nouveau à son maximum : les États-
Unis tentent en vain une médiation. Le régime de Tchang Kaï-chek gère l'économie du pays -
ruinée par le conflit - de manière désastreuse, ce qui profite aux communistes. Dès 1946,
la guerre civile chinoise reprend. En promettant une réforme agraire, les communistes obtiennent
l'appui crucial des campagnes. En janvier 1949, l'Armée populaire de libération des communistes
encercle Pékin : le gouvernement nationaliste se réfugie sur l'île de Taïwan - où il maintient un
État appelé République de Chine - et conserve le siège de la Chine à l'ONU414.
Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame la République populaire de Chine, dont il est le
président et Zhou Enlai le premier ministre415.
Les Soviétiques sont circonspects face à ce nouvel allié ; ce n'est que le 14 février 1950 que
le pacte sino-soviétique est signé416. Mao, qui apprécie peu l'attitude de Staline à l'égard de son
pays, a néanmoins besoin de l'appui des Soviétiques pour rebâtir la Chine. Par ailleurs, dès
octobre 1950, le Tibet, qui échappait au contrôle chinois depuis 1912, est envahi par l'armée de
Mao : en mai 1951, le 14e dalaï-lama doit signer l'accord en 17 points sur la libération pacifique
du Tibet qui reconnaît la souveraineté chinoise. La Chine populaire s'emploie à purger les cadres
et partisans du Kuomintang, puis met en œuvre une réforme agraire qui détruit les élites
villageoises : des millions d'« ennemis du peuple » sont envoyés dans des camps. Après avoir,
par des campagnes répressives, réussi à restaurer l'ordre et à rendre à l'économie un cours
normal, le régime de Mao s'emploie à « soviétiser » la Chine en renforçant le pouvoir du Parti, en
collectivisant l'agriculture et en développant l'industrialisation417.
La naissance de la République populaire de Chine a de profondes répercussions : en faisant
basculer le pays le plus peuplé du monde dans le camp communiste, elle bouleverse les
équilibres géopolitiques et influe sur d'autres conflits en cours en Asie, que ce soit en Indochine
française ou en Corée418,419.
La Guerre de Corée[modifier | modifier le code]
Article connexe : Guerre de Corée.

Offensive des communistes durant la guerre de Corée, au printemps 1951.

Dans le nord de la Corée libérée des Japonais, les occupants soviétiques soutiennent en
février 1946 la formation d'un gouvernement provisoire dirigé par le jeune chef communiste Kim
Il-sung - tout juste revenu de son exil en URSS - qui crée le Parti du travail de Corée420. En 1948,
Kim Il-sung proclame la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) qui
dispute aussitôt la souveraineté à la République de Corée (Corée du Sud). Kim parvient à
convaincre Staline de l'opportunité d'une attaque contre le Sud, afin de réunifier toute la Corée
sous sa bannière421 : en juin 1950, l'attaque du Nord contre le Sud déclenche la guerre de Corée.
L'ONU autorise alors l'intervention d'une force militaire - principalement américaine - pour
défendre le Sud356. L'avancée des troupes nord-coréennes est arrêtée net par les Américains, qui
les repoussent vers le Nord. Staline convainc alors Mao d'intervenir en Corée : trois millions de
soldats chinois viennent soutenir Kim Il-sung. L'URSS n'intervient pas officiellement, mais équipe
les troupes chinoises et nord-coréennes421.
La Chine paie un lourd tribut au conflit — plus de 800 000 soldats tués, dont le fils de Mao —
mais elle modernise son armée tandis que le Parti communiste chinois renforce son unité dans la
lutte contre l'« ennemi numéro un du peuple chinois ». La Chine y gagne également le maintien
d'un régime ami à sa frontière. Après une contre-attaque américaine en 1951, le front se
stabilise. L'armistice de Panmunjeom, en juillet 1953, met un terme au conflit, scellant la division
de la Coréen, séparée par une zone coréenne démilitarisée422. Ce conflit marque un tournant
dans la guerre froide, le président américain Harry S. Truman ayant refusé de recourir à l'arme
nucléaire, dont l'emploi lui semblait trop risqué et qui aurait pu conduire à une Troisième Guerre
mondiale. Elle renforce également la cohésion du monde occidental et de l'atlantisme423,424.

Vous aimerez peut-être aussi