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Introduction :
Phèdre de Racine est une pièce qui obéit bien à toutes les règles de la tragédie classique : unité de
lieu, unité de temps, unité d’action, fatalité tragique poursuivant le personnage principal, et bienséance.
L’extrait soumis à notre étude est la troisième scène du premier acte voit formulé le premier aveu de la
pièce. Toute la scène est tendue vers la révélation de l’amour incestueux qu’elle éprouve pour Hippolyte,
le fils de son mari. Dans sa tirade, Phèdre considère son amour comme un crime, mais elle plaide en
montrant combien elle lutte contre la fatalité. On se demande ainsi en quoi cette tirade de Phèdre inspire
terreur et pitié. Pour répondre à ceci, nous allons d’abord analyser les manifestations physiques de la
passion amoureuse. Ensuite, nous étudierons le passage du culte de Vénus au culte d’Hippolyte. Enfin,
nous aborderons les conséquences violentes d’une passion dévastatrice.
Par des vœux assidus je crus les détourner : les = les feux de l’amour, les tourments
Lexique religieux : essaie de s’attirer les grâces de la déesse en s’attachant à son culte.
De victimes moi-même à toute heure entourée : victimes = sacrifices animaux. Phèdre apparaît elle-même
comme une victime sacrificielle avec le pronom tonique moi-même à la césure. Phèdre = proie = victime.
Destin de Phèdre tracé : condamnée à mort = suscite la pitié
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée : quête de soi. Rime : raison égarée = thème de la folie,
passion contraire à la raison, aux lois humaines = aimer son beau fils = inceste. Classicisme : raison >
passion. Condamnation de l’amour passion par le janséniste Racine. Adjectif : incurable : passion
amoureuse présentée comme une maladie : amour = mal,
Terreur et pitié : hyperbolique et redondant
D'un incurable amour remèdes impuissants ! adjectifs à préfixe négatif : impossibilité d’échapper à cet
amour coupable
Ma main/ma bouche : aliénation, Phèdre semble absente à elle-même. Dédoublement
Quand implorait le nom de la déesse,/J'adorais Hippolyte : enjambement : prénom de l’être aimé rejeté à
la césure du vers suivant : obsession, verbe hyperbolique « adorer » : confère à Hippolyte la place d’une
divinité, se substitue au culte de la déesse Vénus
J'offrais tout à ce dieu que je n'osais nommer : posture sacrificielle, soumission absolue à l’être aimé,
conscience de la faute, ne peut exprimer, avouer cet amour, verbaliser
Conclusion :
À travers cette tirade, le personnage de Phèdre concentre les exigences de la tragédie classique :
poursuivi par la vengeance de Vénus, la passion qu’elle ressent pour Hippolyte en fait à la fois une
victime, innocente, mais aussi une criminelle au coeur coupable, et une idolâtre. Le récit qu’elle fait de
ses souffrances inspire à la fois la pitié et la terreur. Le spectateur est terrifié par la violence des
sentiments mais il ne peut s’empêcher de compatir en voyant les tentatives désespérées de Phèdre pour
apaiser la colère de Vénus. Après avoir longtemps dissimulé les élans de son cœur, Phèdre laisse aller sa
confidence jusqu’à montrer toute la violence et toute la douleur du sentiment qu’elle éprouve pour son
beau-fils. Dans sa bouche, alors qu’on entend la voix d’une femme au bord de la folie, la naissance de son
amour pour Hippolyte est racontée comme un coup de foudre, en dépit des luttes constantes qu’elle a
menées pour éloigner l’objet de son affection de ses pensées et de son obsession.